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Full text of "Correspondance d'Hermite et de Stieltjes"

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in  2009  with  funding  from 

University  of  Ottawa 


http://www.archive.org/details/correspondancedh01herm 


CORRESPONDANCE 

D'HERMITE  ET  DE  STIELTJES. 


2S4'7  PARIS.    —     IMPRIMERIE     G  A  l  T  H  I  E  R -V  I  I.  L  A  R  S 

Quai  des  Grands-Angustins,  55. 


1851 


CORRESPONDANCE 


D'HERMITE  ET  DE  STIELTJES 


PUBLIÉE  PAR  LES  SOINS 


B.  BAILLAUD, 

Doyen  honoraire  do  la  Faculté 

des  Sciences, 

Directeur  de  l'Observatoire  de  Toulouse. 


H.  BOUBGET, 

Maître  de  Conférences  à  l'Université, 

Astronome  adjoint 
à  l'Observatoire  de  Toulouse. 


Avec  une  préface  de  Emile  PICARD, 

Membre  de  l'Institut. 

TOME   I. 

(8  NOVEMBRE   1882  —  22  JUILLET   1889.) 


PARIS, 
GAUTHIER-VILLARS,  IMPRIMEUR-LIBRAIRE 

DU     BL'REAl      DES     LONGITUDES,     DE     L'ÉCOLE     POLYTECHNIQUE, 
Quai  des  Grands-Augustins,  55. 

1905 

(Tous  droits  réservé- 


Engineering  & 

Mathernatical 

Sciences 


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3 


INTRODUCTION. 


On  sait  quelle  place  tint  dans  la   vie  scientifique 

d'Hennite  sa  correspondance  avec  des  savants  français 

et  étrangers.  C'était  pour  lui  un  délassement  que  de 

co  se  livrer  en  toute  confiance  à  de  longues  causeries 

en  ° 

épistolaires,  heureux  tout  à  la  fois  de  faire  profiter 
o  ses  amis  et  ses  élèves  des  remarques  suggestives  aux- 
quelles l'avaient  conduit  ses  réflexions,  et  de  solliciter 
des  éclaircissements  en  se  faisant  écolier.  D'ailleurs, 
même  pour  les  Mémoires  publiés  dans  les  journaux 
scientifiques,  la  forme  épistolaire  avait  toujours  eu 
sa  prédilection.  Ses  travaux  ont  souvent  paru  sous 
forme  de  lettres,  rappelant  le  nom  de  ses  nombreux 
correspondants;  il  trouvait  ainsi  moyen  d'associer  la 


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science  et  l'amitié. 


Aucune  correspondance  d'il  ermite  ne  fut  plus 
suivie  ni  plus  abondante  que  celle  qu'il  avait  com- 
mencée en  1 88'2  avec  un  astronome  adjoint  de  l'Obser- 
vatoire   de  Leyde,   Thomas  Slieltjes.   Le    souci   des 


«  :■ 


87219 


>  |  INTRODUCTION. 

mêmes  problèmes  el  une  même  tournure  d'esprit  atti- 
rèrent Hermite  vers  Stieltjes,  et  une  vive  sympathie 
s'établil  vite  entre  le  jeune  débutant  et  le  vétéran  de 
hi  Science.  La  mort  de  Stieltjes,  arrivée  prématu- 
rément en  1894,  |>"'  seule  interrompre  cette  corres- 
pondance, unique  peut-être  dans  l'histoire  de  la 
Science.  Relisant,  après  ce  triste  événement,  la  longue 
série  de  lettres  du  géomètre  éminent  pour  qui  il  avait 
nue  si  affectueuse  estime,  Il  ermite  pensa  qu'il  impor- 
tait a  la  mémoire  de  Stieltjes  que  ce  témoignage  de 
son  activité  et  de  son  génie  mathématiques  ne 
disparût  point.  Il  était  impossible  de  publier  les 
lettres  de  Stieltjes  sans  publier  celles  d'Hermite, 
tant  leur  collaboration  avait  été  intime;  les  amis 
de  Stieltjes  eurent  iei  à  vaincre  quelque  résistance 
d'Hermite.  qui  finit  cependant  par  se  décider  à 
laisser  paraître  l'ensemble  de  la  Correspondance. 
M.  Gauthier- Villars  voulut  bien  se  charger  de  cette 
publication. 

ML  Baillaud  et  M.  H.  Bourget,  qui  avaient  beau- 
coup connu  et  beaucoup  aimé  leur  collègue  de  la 
Faculté  des  Sciences  de  Toulouse,  entreprirent  tout 
d'abord  la  collation  des  lettres  et  firent  quelques 
coupures  nécessaires.  Prenant  à  cœur  la  perfection 
de  cette  édition,  ils  reprirent  ensuite  les  calculs,  là 
où  il  leur  parut  nécessaire,  et  ajoutèrent  des  Notes 


INTRODUCTION.  Vil 

et  des  éclaircissements.  Le  manuscrit  était  presque 
entièrement  prêt  à  la  mort  d'Hermite,  qui  avait  sui\i 
le  travail  de  révision.  Tous  les  amis  et  les  admirateurs 
d'Hermite  et  de  Slielijes  remercieront  MM.  Baillaud 
et  Bourget  du  soin  et  du  dévouement  (ju'ils  ont 
apportés  à  cette  œuvre,  qui  comptera  deux.  Volumes. 
11  manque,  hélas!  une  chose  au  Volume  qui  va 
paraître.  Hermite  avait  promis  d'écrire  une  Intro- 
duction, où  il  eût  mis  sans  doute  en  pleine  lumière 
l'originalité  du  talent  de  Stieltjes.  Il  n'appartient  à 
personne  de  tenir  aujourd'hui  la  plume  à  sa  place. 
L'affinité  mathématique  était  complète  entre  ces  deux 
grands  esprits.  Vue  grande  partie  de  la  Correspon- 
dance a  un  caractère  arithmétique;  c'est  le  vir 
arithmeticus ,  comme  aurait  dit  Jacobi,  qu'Hermite 
affectionnait  surtout  en  Stieltjes.  Cet  arithméticien 
ne  reste  pas  seulement  sur  les  sommets  à  contempler 
les  choses  de  loin  et  de  haut;  il  descend  dans  le  fond 
des  vallées  et  y  recueille  des  applications  numériques 
d'où  il  sait  ensuite  tirer  des  remarques  générales. 
Quelle  joie  ce  fut  pour  Hermite  que  de  rencontrer 
un  correspondant  si  perspicace  s'intéressant  aux  ques- 
tions d'approximations,  auxquelles  il  avait  lui-même 
consacré  une  grande  partie  de  son  labeur  scienti- 
fique, en  particulier  aux  quadratures  approchées  et 
aux  fractions  continues  algébriques.  On  retrouve  chez 


VIII  IMliUDl  Cl  ION. 

Stieltjes,  à  l'apogée  de  son  talent,  le  calculateur  qu'il 
avait  été  jadis  à  l'Observatoire  de  Leyde;  c'est  un  des 
côtés  de  son  originalité. 

On  est  émerveillé  aussi  de  la  rapidité  avec  laquelle 
il  répond  aux  questions  que  lui  pose  Hermite  et 
trouve  des  démonstrations  ingénieuses  et  profondes 
aux  théorèmes  qui  lui  sont  énoncés.  Nous  voyons 
en  même  temps  le  champ  de  ses  études  s'agrandir 
peu  à  peu  ;  ses  recherches  sur  une  transcendante 
envisagée  par  Riemann  le  font  pénétrer  profondément 
dans  la  théorie  des  fonctions.  Que  de  beaux  travaux 
il  eût  faits  encore  en  portant  dans  cette  voie  ses 
préoccupations  arithmétiques  et  algébriques,  si  sa 
carrière  n'avait  pas  été  si  prématurément  brisée! 
(Test  ce  dont  témoigne  assez  son  dernier  Mémoire, 
sur  les  fractions  continues  algébriques,  qui  est  assu- 
rément un  chef-d'œuvre. 

La  Correspondance  d'Jlermite  et  de  Stieltjes 
n'intéressera  pas  seulement  les  analystes.  En  même 
temps  que  deux  géomètres  de  premier  ordre,  on  y 
voit  deux  beaux  caractères.  Quelle  simplicité  et 
quelle  franchise  entre  le  maître  et  le  disciple,  ou 
plutôt  entre  les  deux  amis!  Quelle  confiance  affec- 
tueuse chez  l'un  et  chez  l'autre!  On  est  réconforté 
par  la  lecture  de  ces  pages,  où.  ne  se  mêle  aucune 
préoccupation  personnelle,  et  où  chacun  va  jusqu'au 


INTRODUCTION.  IX 

bout  de  sa  pensée.  Il  semble  aussi,  et  c'est  une 
curieuse  impression  laissée  par  ces  lettres,  que  sous 
cette  forme  plus  personnelle  le  langage  abstrait  de 
l'Analyse  perde  de  sa  sécheresse  et  que  la  Mathé- 
matique y  devienne  plus  humaine.  On  n'oubliera 
pas  enfin  que  c'est  à  l'amitié  développée  par  cette 
correspondance  que  nous  devons  de  pouvoir  compter 
Thomas  Stieltjes  parmi  les  géomètres  français  les  plus 
éminents  de  la  seconde  moitié  du  xix.e  siècle. 

Emile    PICARD. 


NOTICE  SUR  STIELTJES 


Thomas-Jean  Stieltjes  naquit  en  Hollande,  dans  la  petite 
ville  de  Zwolle,  le  29  décembre  i8j6. 

Son  père,  Thomas -Jean  Stieltjes,  était  un  homme  de 
haute  valeur.  D'esprit  libre  et  indépendant,  d'une  volonté 
inflexible,  il  avait  une  remarquable  grandeur  de  vues.  A 
vingt-quatre  ans,  lieutenant  du  génie  dans  l'armée  hollan- 
daise, il  publia,  sous  le  couvert  de  l'anonymat,  des  conseils 
touchant  la  défense  stratégique  des  Pays-bas.  La  maturité 
de  ces  conseils  les  fit  attribuer  à  quelque  clief  de  corps. 
Stieltjes  ne  s'en  déclara  Fauteur  que  beaucoup  plus  lard, 
dix-huit  mois  avant  sa  mort.  Plus  tard,  ingénieur  civil,  il 
fut  chargé  d'organiser  la  canalisation  de  la  partie  orientale 
de  la  Hollande,  puis  d'une  mission  de  deux  ans  et  demi  à 
Java,  pour  étudier  les  moyens  de  transport  et  dresser  le  plan 
du  réseau  des  chemins  de  fer  de  l'île,  plan  entièrement 
exécuté  aujourd'hui.  Sa  forte  personnalité  s'accommoda  mal 


(')  Je  dois  les  éléments  de  cette  Notice  à  l'extrême  obligeance  de 
I\J""'  Stieltjes. 

Je  tiens  à  remercier  aussi  M.  E.  F.  van  de  Sande  Bakhuyzen,  qui  lui  l'ami 
et  le  collègue  de  Stieltjes  à  l'Observatoire  de  Leyde,  des  renseignements 
précieux  qu'il  m'a  donnés. 

Dans  les  pages  qui  suivent,  j'ai  systématiquement  laissé  de  côté  l'analyse 
des  travaux  de  Stieltjes,  renvoyant  le  lecteur  à  l'excellente  Notice  publiée 
sur  ce  sujet  par  M.  E.  Gosserat  dans  les  Annales  de  la  Faculté  ries 
Sciences  de  Toulouse,  t.  1\.  i8g5. 


\H  NOTICE    SUR    STIELTJES. 

avec  sa  situation  de  fonctionnaire.  Des  intrigues  politiques, 
suscitées  par  son  excès  d'honnêteté,  le  firent  tomber  en 
disgrâce  el  rappeler  en  Hollande,  six  mois  avant  la  fin  de 
sa   mission. 

Les  fonctions  de  député  que  lui  confièrent  successivement 
les  \  [lies  de  Zwolle  et  d'Amsterdam  n'entravèrent  en  rien  son 
activité  d'ingénieur.  11  fit,  à  cette  époque,  pour  l'Allemagne, 
un  plan  du  canal  reliant  actuellement  la  mer  du  Nord  à  la 
Baltique.  II  s'occupa  d'un  projet  de  dessèchement  d'une 
partie  du  Zuydersee  et  construisit,  à  Rotterdam,  le  beau  port 
de  la  rive  gauche  de  la  Meuse.  Cette  œuvre  difficile  et  pleine 
de  hardiesse  lui  permit  de  donner  toute  la  mesure  de  son 
talenl  d'ingénieur.  Il  mourut  en  [878.  On  peut  voir  dans  la 
Noordereiland,  sur  la  Burgemeester  Hoffman-Plein,  au 
centre  du  quartier  qu'il  a  créé,  le  monument  que  lui  ont 
élevé  ses  amis  et  ses  admirateurs.  Il  fut  un  type  accompli  de 
la  forte  race  hollandaise  et  son  fils  hérita  de  sa  hauteur 
d'espril  et  de  ses  principes  inflexibles  de  droiture. 

Thomas-Jean  Stieltjes,  junior  (comme  il  signait  ses 
premiers  Mémoires),  passa  ses  années  d'enfance  avec  ses 
parents  dans  les  villes  où  son  père,  alors  ingénieur,  fut  obligé 
de  séjourner.  Il  acheva  ses  études  au  lycée  de  Delft  et  entra 
en  [873  à  l'Ecole  Polytechnique  de  cette  ville.  Malgré  sa 
supériorité,  déjà  reconnue  par  ses  maîtres  et  ses  condis- 
ciples,  il  en  sortit  sans  son  diplôme  d'ingénieur.  Il  n'avait 
pu,  à  deux  reprises  (1870,  1876),  surmonter  l'aversion  que 
lui  inspirèrent,  toute  sa  vie,  les  concours. 

M.  H.-G.  van  de  Sande  Bakhuyzen,  directeur  de  l'Obser- 
vatoire  de  Leyde,  ami  de  son  père,  le  fit  entrer  à  l'Obser- 
vatoire  en    avril    18--.    Il    fut    attaché   officiellement   à   cet 


NOTICE   SDK    STIELTJES.  XIII 

établissement  comme  «  aide  aux  calculs  astronomiques  »  le 
ier  décembre  de  la  même  année.  Au  mois  de  février  1878, 
après  le  départ  de  M.  J.-C.  Kapteyn  pour  Groningue,  il 
fut  convenu  qu'il  prendrait  part  aux  observations.  Stieltjes 
enl ra  donc  au  service  méridien  et  collabora  avec  M  VI.  E.  F. 
van  de  Sandc  Bakbuyzen  et  Wilterdinkaux  travaux  entrepris 
par  l'Observatoire  à  cette  époque,  à  savoir  :  un  catalogue 
d'étoiles  voisines  du  pôle,  l'observation  d'étoiles  fondamen- 
tales des  zones  sud  et  l'étude  des  erreurs  systématiques  du 
cercle  méridien.  Il  aidait,  en  même  temps,  à  la  réduction  des 
déclinaisons  des  étoiles  fondamentales,  observées  de  1 864  a 
1874?  et  prenait  pari,  en  un  mot,  au  travail  général  de  l'Ob- 
servatoire. 

Tout  d'abord  il  se  sentit  dans  un  milieu  qui  convenait 
à  son  esprit,  naturellement  porté  aux  études  particulières  et 
minutieuses  qu'exige  l'Astronomie.  L'étonnante  intensité  de 
travail  dont  il  était  capable  le  rendit  bien  vite  maître  des 
procédés  de  calcul  et  des  métbodes  d'observations.  L'étude 
de  la  Mécanique  céleste  et  des  Matbématiques  pures  occupait 
ses  moments  de  liberté.  Mais,  à  mesure  que  ses  recberebes 
personnelles  se  développaient,  Stieltjes  prenait  de  plus  en 
plus  conscience  de  sa  vocation  exclusive  pour  les  travaux 
théoriques.  L'Astronomie,  qu'il  avait  jusqu'alors  regardée 
comme  l'objet  de  sa  vie  scientifique,  lui  apparut  insensible- 
ment comme  un  obstacle  au  complet  développement  de  ses 
études  préférées. 

La  nécessité  pour  son  esprit  de  prendre  une  décision  et 
l'impossibilité  où  il  était,  sans  doute,  delà  prendre  conforme 
à  ses  goûts,  lui  fit  traverser  une  sorte  de  crise  de  réserve 
extrême  et  d'inquiétude,  hésitant  sur  ce  qu'il  devait  faire, 


\i\  VOTK  l     SI  II    STIELTJES. 

parlanl  même  à  ses  collègues  d'aller  vivre  pauvrement  en 
Amérique,  pour  étudier  aux  eûtes  de  Sylvester. 

L'heureux  événement  de  ses  fiançailles  avec  Ml,e  Elisabeth 
[ntveld  lii  cesser  ses  hésitations,  en  ouvrant  pour  lui  une 
période  de  bonheur.  Ses  idées  originales  se  développent  et 
1rs  travaux  se  succèdent  rapidement.  L'Académie  d'Am- 
sterdam imprime,  dans  ses  Mémoires,  son  étude  sur  la  for- 
mule d'interpolation  de  Lagrange;  nos  Comptes  rendus 
insèrent  sa  démonstration,  si  intéressante  pour  nous,  des 
propriétés  des  polynômes  Hansen-  Tisserand  :  Les  proposi- 
tions découvertes  par  Tisserand  étaient  cachées;  il  en  a  été 
donné  depuis  des  démonstrations  simples;  aucune  n'est  plus 
ingénieuse  que  celle  de  Stielljes  montrant  le  lien  qui  rattache 
cette  question  à  la  théorie  du  potentiel  dans  un  espace  à 
quatre  dimensions.  Cette  démonstration  le  mit  en  rapport 
avec  Hermite,  et  la  correspondance  que  nous  publions, 
\1.  Baillaud  et  moi,  montre  mieux  que  je  ne  saurais  le  dire 
quelle  affinité  mathématique  ces  deux  esprits  avaient  l'un 
pour  l'autre.  Ces  relations  furent  l'origine  d'une  commune 
amitié,  très  chère  des  deux  côtés. 

Le  Ier  janvier  1 883,  son  directeur,  qui  connaissait  toute 
sa  valeur,  le  dispensa,  sur  sa  demande,  des  observations.  Il 
s'occupa,  chez  lui,  de  la  réduction  des  observations  de  la 
différence  de  longitude  Leyde-Greenwich,  et  commença 
même  la  réduction  de  ses  propres  observations.  De  sep- 
tembre  à  décembre  i883,  il  suppléa  van  den  Berg  à  l'École 
Polytechnique  de  Délit.  Enfin,  le  1"'  décembre  1 883,  il 
donna  sa  démission  d'astronome  à  l'(  observatoire. 

Il  était  désormais  tout  aux  Mathématiques. 

I.<'s  études   qu'il   fil  pendant   ce   séjour   de  six  années  à 


NOTICE    SUR    8TIELTJES.  XV 

l'Observatoire  semblent  avoir  exercé  une  influence  prépon- 
dérante sur  la  formation  de  son  esprit.  Il  \  puisa  cel  attrait 
pour  l'examen  approfondi  des  questions  particulières,  cette 
habileté  dans  le  maniement  des  formules  algébriques  et  leur 
adaptation  au  calcul  numérique  et  l'art  même  de  ce  calcul 
qui  se  manifestent  dans  tous  ses  travaux.  Il  prit  l'habitude  de 
contrôler  ses  inductions  par  de  nombreux  exemples,  déve- 
loppés à  fond,  poussant  parfois  très  loin  et  comme  avec 
amour  les  calculs  numériques.  Cette  méthode  de  recherche, 
que  nous  admirons  chez  Gauss,  est  d'une  singulière  puis- 
sance quand  celui  qui  l'emploie  est  assez  clairvoyant  pour 
démêler  les  lois  générales  à  travers  les  particularités  de 
l'exemple.  Elle  semble  avoir  été,  chez  Stieltjes,  le  nerf  de  la 
découverte.  On  peut  dire,  sans  exagération  je  crois,  que 
toutes  les  vérités  analytiques  qu'il  a  fait  connaître  ont  été 
découvertes  avant  d'être  démontrées.  Une  démonstration 
rigoureuse  de  la  vérité,  ainsi  révélée  par  l'expérience,  est  le 
complément  nécessaire  d'une  telle  méthode  :  Stieltjes  ne  l'a 
jamais  oublié.  Son  esprit  si  iin  et  si  perspicace  dans  l'inven- 
tion ne  l'était  pas  moins  dans  l'examen  de  la  rigueur  d'une 
démonstration.  Maints  passages  des  lettres  à  Hermite  mon- 
trent quels  étaient  ses  scrupules  et  ses  exigences  en  ces  ma- 
tières. Ses  conversations  faisaient  deviner  le  grand  nombre 
des  phénomènes  mathématiques  intéressants  qu'avaient  mis 
en  lumière  ses  patients  calculs.  Ne  possédant  pas  de  démons- 
tration rigoureuse,  mais  seulement  la  conviction  morale  de 
leur  généralité,  il  ne  les  publiait  pas.  Il  les  conservait,  cepen- 
dant, soigneusement  annotés.  Cette  réserve  laisse  soupçonner 
les  richesses  contenues  dans  les  papiers  qu'il  a  laissés. 

Cette  méthode,  qui  implique  un  labeur  éndrme,  a  imprimé 


XVI  Milieu    SUR    STIELTJES. 

aux  travaux  de  Stieltjes  le  cachet  qui  leur  est  propre.  On 
a,  en  le>  lisanl.  l'impression  qu'on  arrive,  sans  grand  appareil 
de  formules  e1  comme  par  le  seul  effort  de  la  pensée,  par  la 
voie  la  plus  simple,  à  des  propositions  cachées. 

Marié  depuis  le  mois  de  mai  [883  à  une  femme  digne  de 
lui,  stimulé  par  l'appui  et  les  conseils  d'Hermite,  tout  à  ses 
études  favorites,  son  activité  durant  les  années  r 883,  t 884/ 
t885  fut  considérable.  Les  conceptions  ingénieuses  et  les 
idées  neuves,  germes  des  travaux  qu'il  aurait  achevés  sans  sa 
mort  prématurée,  se  multiplient.  Ses  belles  recherches  sur 
sidus  cubiques  et  biquadratiques,  sur  la  décomposition 
d'un  nombre  en  cinq  carrés,  sur  la  densité  intérieure  de  la 
Terre  et  le  commencement  de  >c>  études  sur  les  quadratures 
mécaniques  et  les  fractions  continues  algébriques  datent  de 
cette  époque.  Os  travaux  lui  font  conférer  le  grade  de 
docteur,  honoris  causa,  de  l'Université  de  Leyde.  L'Aca- 
démie d'Amsterdam  lui  ouvre  ses  portes. 

Présenté  en  première  ligne  pour  la  chaire  de  calcul  infi- 
nitésimal de  Groningue,  il  n'est  cependant  pas  nommé.  Avec 
sa  modestie  extrême,  il  écrit  à  Hermite  qu'il  n'avait  peut- 
être  pas  les  grades  nécessaires.  Il  sentit  pourtant  très  vive- 
ment cet  échec.  La  décision  de  son  caractère  lui  fit  prendre, 
non  sans  quelque  peine  sans  doute,  le  parti  de  quitter  la 
Hollande  où  tant  de  liens,  cependant,  le  retenaient.  Il  vint 
s  installer  à  Paris  au  mois  d'avril  [885. 

Devons-nous  déplorer  cet  échec,  malgré  ce  que  nous  en 
pouvons  penser"?  Il  nous  a  donné  Stieltjes  et  contribué  ainsi 
<i  I  honneur  de  la  science  française  de  notre  époque. 

A  Paris,  il  commence,  en  vue  d'une  thèse,  l'élude  de  la 
fonction  -<  s  i  de  Riemann,  puis,  sans  en  donner  les  motifs, 


NOTICE    SUR    STIELTJES. 


l'abandonne,  malgré  l'importance  des  résultats  obtenus. 
Quelques  points  pestaient-ils  dans  l'ombre  ou  sans  démons- 
tration rigoureuse?  Etait-ce  plutôt  la  conséquence  de  l'opi- 
nion qu'il  me  corrimuniqua  un  jour  :  Qu'en  admettant  même 
l'exactitude  de  tous  les  résultats  énoncés  par  Riemann,  on 
ne  pouvait  conclure  de  son  Mémoire  rien  de  définitif  sur  la 
distribution  des  nombres  premiers. 

Il  fut  reçu  docteur  en  juin  [886  avec  une  thèse  remar- 
quable sur  les  séries  semi-convergentes  (  de  la  nature  de  la 
série  de  Stirling),  puis  chargé  de  cours,  la  même  année,  à 
l'Université  de  Toulouse  et  nommé  titulaire  trois  ans  après. 

A  la  Faculté  des  sciences,  Stieltjes  fut  chargé  du  cours  de 
Calcul  différentiel  et  intégral,  succédant  dans  ces  fonctions 
à  MM.  Picard,  Goursat  et  Kcenigs.  Un  peu  gêné  au  début 
par  la  langue,  il  se  montra  vite  professeur  éminent.  Ses 
cours  possédaient  les  qualités  de  ses  mémoires.  Une  grande 
clarté,  reflet  de  sa  lucidité  d'esprit,  lui  permettait  d'exposer 
simplement  les  théories  difficiles.  Des  exemples  nombreux, 
très  instructifs,  ayant  toujours  de  la  portée,  faisaient  péné- 
trer dans  l'esprit  de  ses  auditeurs,  presque  à  leur  insu,  les 
notions  les  plus  délicates.  On  sortait  de  ses  leçons  étonné 
de  la  facilité  d'acquisition  des  méthodes  générales,  émer- 
veillé de  leur  fécondité  et  avec  le  sentiment  que  l'art  consis- 
tait plus  à  les  bien  appliquer  qu'à  les  comprendre.  Je  n'ai 
jamais  connu  de  professeur  donnant,  autant  que  lui,  à  ses 
élèves,  conscience  de  la  puissance  des  instruments  qu'il  leur 
mettait  en  mains.  Ce  penchant  à  toujours  faire  comprendre 
les  théories  par  leurs  usages,  n'excluait  pas  chez  lui  la 
rigueur,  dont  il  avait  Je  plus  scrupuleux  souci.  Mais  il  savait 
admirablement  distinguer  ce  qu'on  devait  enseigner,  de  ce 
qu'on  pouvait  seulement  signaler. 


\\lll  NOTICE    SLR    STIELTJES. 

Chargé  également  de  faire  des  conférences  aux  candidats 
à  l'agrégation,  il  pul  \  déployer  plus  librement  sa  science.  Je 
me  souviens  notamment  de  deux  de  ces  cours  :  l'un  eut  pour 
objel  la  théorie  des  fonctions  de  variables  Imaginaires.  Il 
m- ultra  commenl  les  deux  voies  suivies  par  M.  Méraj  el 
Weierstrass  d'une  part,  par  Riemann  d'autre  pari,  abou- 
tissenl  au  même  point.  Dans  l'autre,  il  exposa  la  théorie 
des  fonctions  elliptiques.  11  suivit,  dans  ses  détails,  une  idée 
ingénieuse  de  Riemann,  consistant  à  étudier  d'abord,  etindé- 
pendamment,  les  intégrales  elliptiques  et  les  fonctions  thêta, 
el  à  montrer  ensuite  qu'en  remplaçant  l'argument  de  la  fonc- 
tion thêta  par  l'intégrale  on  obtient  une  fonction  algébrique. 
L'inversion  esl  ainsi  effectuée. 

Ses  devoirs  de  professeur  n'absorbaient  pas  tout  son 
temps.  Les  mémoires  sur  les  fonctions  sphériques  et  les  poly- 
nomes  de  Legendre,  la  fonction  gamma  et  l'équation  d'Euler, 
les  soins  pieux  qu'il  apporta  à  l'étude  extraordinairement 
difficile  des  fragments  du  troisième  Volume  du  Traité  des 
fonctions  elliptiques  d'Halphen,  sont  la  preuve  de  son 
infatigable  activité.  Elle  se  manifeste  encore  mieux  dans  la 
promptitude  de  ses  réponses  aux  difficultés  que  lui  signalait 
Hermite,  dont  les  questions  et  les  réflexions  suggestives 
provoquaient  ses  recherches.  Mais  déjà,  à  cette  époque,  le 
principal  sujet  de  ses  méditations  fut  les  fractions  continues. 
Frappé,  dès  iSS,.  en  étudiant  la  méthode  de  quadrature  de 
Gauss,  de  l'étrange  identité  d'une  intégrale  définie  et  d'un 
type  spécial  de  fractions  continues,  il  chercha  pendant 
dix  ans  à  mettre  en  pleine  lumière  la  généralité  de  ce  fait. 
I-'1  résultat  de  ses  efforts  fut  le  très  beau  mémoire  qu'il 
donna  en  r8g4,  peu  de  temps  avant  sa  mort. 

An   mois  d'octobre    [890,   il  sentit  s'aggraver  les  symp- 


NOTICE    SUR    STIELTJES.  MX 

tomes,  tout  d'abord  anodins,  du  mal  qui  devait  l'emporter. 
Les  fatigues  du  travail  excessif  et  incessant  qu'il  s'était 
imposé  depuis  1 883  en  précipitèrent  les  progrès.  Ni  les  soins 
affectueux  dont  l'entouraient  les  siens,  ni  les  facilités  de 
repos  et  de  bien-être  que  lui  procurèrent  ses  amis  et  ses 
collègues  ne  purent  enrayer  la  marche  de  la  maladie.  Sur 
les  conseils  d'Hermite,  il  passa  en  Algérie  les  hivers  de  rS<).> 
et  de  1893.  Pendant  son  dernier  séjour,  il  trouva  la  solution 
de  la  difficulté  qui  arrêtait  depuis  si  longtemps  l'achèvement 
de  ses  recherches  sur  les  fractions  continues.  Il  découvrit  un 
théorème  remarquable  lui  permettant  d'effectuer  la  conti- 
nuation analytique  de  sa  fraction  continue  dans  tout  le  plan. 
La  joie  qu'il  en  ressentit  lui  donna  pour  quelques  mois  des 
forces  nouvelles.  La  sollicitude  d'Hermite  durant  sa  maladie 
fut  admirable.  Elle  le  suivit  jusqu'à  la  fin,  veillant  sur  lui  et 
sur  son  repos,  pleine  de  délicates  attentions.  Stieltjes  le  sen- 
tait. Le  prix  qu'il  attachait  à  ses  lettres,  le  soin  avec  lequel 
il  les  avait  conservées  et  classées  montrent  bien  qu'elles 
étaient,  à  ses  yeux,  une  partie  de  son  bonheur  et  de  sa  vie.  Il 
lutta  quatre  ans.  Il  se  savait  perdu.  11  attendit  sa  fin  avec  la 
liberté  d'esprit  et  de  pensées,  avec  la  fermeté  de  cœur  qu'il 
avait  montrées  dans  les  circonstances  difficiles  de  sa  vie.  Par 
un  effort  de  volonté  que  peuvent  seuls  comprendre  ceux  qui 
l'ont  vu  à  cette  époque,  il  trouva  la  force  de  rédiger,  quelques 
mois  avant  sa  mort,  son  mémoire  sur  les  fractions  continues, 
avec  une  hâte  désolante  pour  ses  amis,  qui  en  voyaient, 
hélas!  bien  la  cause.  Il  mourut  le  3t  décembre  1894. 

Les  honneurs  que  lui  réservait  l'avenir  étaient  déjà  venus 
le  trouver.  L'Académie  des  Sciences,  en  1892,  le  porta  sur 
la  liste  des  candidats  au  fauteuil  d'Ossian  Bonnet;  en  1893, 


XX  NOTICE    SI  K    STIELTJKS. 

elle  lui  décerna  le  prix  Petit  d'Ormoy.  Le  rapport  élogieux 
de  M.  Poincaré  sur  son  dernier  mémoire  présenté  pour  le 
prix  Lecomte  montre  bien  l'admiration  que  le  monde  savant 
avait  pour  ses  travaux.  L'Académie  de  Saint-Pétersbourg 
l'avait  Qommé  son  correspondant. 

Ses  élèves  et  ses  amis  connaissaient  son  empressement  à 
rendre  service  et  sa  libéralité  à  les  faire  profiter  de  sa  science 
si  vaste  et  de  son  érudition  si  sûre.  Très  exigeanl  pour  lui- 
même,  il  jugeait  librement  les  travaux  des  autres,  aussi 
joyeux  de  leurs  découvertes  que  modeste  vis-à-vis  des 
siennes.  Ses  jugements,  sévères  quelquefois,  n'ont  jamais 
blessé,  sa  bonté  s'efïbrçant  toujours  de  trouver  quelque 
excuse  aux  faiblesses  et  aux  erreurs.  11  exécutai I  avec  une 
volonté  inflexible  les  décisions  que  lui  dictait  sa  droiture. 
A  la  fois  très  ferme  et  très  doux,  personne  ne  sut.  au  même 
degré  que  lui,  conformer  sa  conduite  à  ses  principes. 

Ceux  qui  Font  connu  et  aimé,  devinant  sous  sa  réserve 
naturelle  cette  réunion,  chose  rare!  des  qualités  du  cœur, 
du  caractère  et  de  l'esprit,  ne  l'oublieront  jamais! 

C'est  sur  le  désir  même  d'Hermite  que  nous  publions  cette 
correspondance.  Elle  montre  l'affectueuse  bonté  d'Hermite 
et  son  amour  profond  de  la  science,  en  même  temps  que 
toute  la  dignité  de  la  vie  et  le  rare  talent  de  Stieltjes. 
Puissent  ses  amis  y  retrouver  un  peu  la  douceur  et  le 
charme  de  cette  nature  d'élite  que  la  mort  a  si  prématuré- 
ment anéantie! 

Henry    BOURGET. 


i:  h  hâta. 


Nous  avons  oubli»'  d'indiquer  par  une  ligne  de  points  quelques-unes  des 
coupures  que  nous  avons  dû  faire.  Le  lecteur  est  prié  de  rétablir  cette 
indication  aux  passages  suivants  : 


Page 


208   entre  les  li 

214 

» 

•210' 

» 

2IT 

» 

219 

» 

•2 '21 

» 

221 

» 

226 

» 

248 

» 

253 

» 

260 

» 

261 

» 

261 

» 

266 

» 

268 

» 

270 

» 

278 

» 

281 

» 

I  1 

4 
2 

y 
15 

3 


et  1  >. 

»  j . 

»  3 

»  10. 

»  i(>. 

»  4- 


en  bas. 


2  »       3     en  bas. 

3  avant  les  mots  «  Vous  lui  ferez,  etc.  ». 

3  »       4. 
16  avant  les  mots  «  Je  dois  aussi,  etc.  ». 

9       »       4     en  bas. 
10       »      11. 
lettre  137,  au  début,  après  «   Mon  cher 

a  m  i   » . 
10     et     11     en  bas. 
10       »      11  » 

i3       »     14  » 

10       »      11. 

4  entre  les    mots  «  sur  vos  intérêts  » 

et  «   et  dans  l'espérance,  etc.   ». 
Par  contre  il  faut,  page  220,  ligne  7,  supprimer  les  points  au  début 
de  la  phrase. 


CORRESPONDANCE 

D'HERMITE  ET  DE  STIELTJES. 


1.  _  HERMITE    1  STIELTJES. 

Taris,  8  novembre  iss.». 

MoJSSIEl  R  . 

Je  m'empresse  de  vous  accuser  réception  de  La  lettre  que  vous 
m'avez  fait  l'honneur  de  m'adresser  (')  cl  de  \ous  témoigner  toul 
le  plaisir  que  j'ai  eu  en  prenant  connaissance  des  beaux  résultats 
auxquels  vous  êtes  parvenu.  Mes  études  ne  m'ont  point  conduit 
jusqu'à  présent  ;iuv  questions  d'analyse  concernant  les  fonctions 
de  Legendre  d'ordre  supérieur,  mais  j'ai  été  lié  avec  l'illustre  géo- 
mètre (-)  dont  \ous  avez  suivi  la  trace,  et  je  saisavec  quelleadmi- 
ration  il  a  accueilli  la  belle  découverte  de  M.  Tisserand  dont  vous 
vous  êtes  inspiré.  Je  ne  puis  douter.  Monsieur,  qu'au  retour  du 
voyage  qu'il  fait  pour  l'observation  aux  Antilles  du  passage  de 
Vénus,  M.  Tisserand  ne  lise  avec  le  plus  grand  intérêt,  dans  les 
Comptes  rendus,  votre  lettre  dont  je  donnerai  communication  à 
l'Académie  dans  sa  prochaine  séance  (3).  En  attendant  que  son  opi- 
nion sur  votre  travail,  à  laquelle  vous  devez,  surtout  tenir,  vous 
parvienne,  permettez-moi,  Monsieur,  de  vous  offrir  en  témoignage 
de  mes  sentiments  de  haute  estime  quelques  opuscules  qui  vous 
parviendront  avec  cette  lettre,  et  d'y  joindre  l'expression  de  toute 
ma  sympathie  et  de  ma  considération  la  plus  distinguée. 


(')  La  première  lettre  de  Stielljes  à  Henni  te  manque. 

(:)  M.  Heine,  probablement. 

(-1)  Celte  lettre  a  été  communiquée  à  l'Académie  le  i3  novembre  1882.  Elle  se 
trouve  dans  les  Comptes  rendus,  t.  XCV,  p.  901-903,  sous  le  titre  :  Sur  un 
théorème  de  M.  Tisserand.  Stieltjes  y  donne  la  démonstration  d'une  propriété 
trouvée  par  Tisserand  et  relative  à  la  forme  analytique  des  coefficients  du  déve- 
loppement de  la  fonction  perturbatrice  lorsque  l'inclinaison  mutuelle  des  orbites 
est  considérable. 


2  CORRESPONDANCE    D HERMITE    I.T    DE    S  11  Kl.  1 .1 1  S. 

2.  _  STIELTJES     I   HERMITE. 

Leyde,  io  novembre  1882. 

M  «  1  \  s  1 1  1  1; . 

Je  vous  mh>  très  reconnaissant  pour  La  manière  trop  bienveil- 
lante avec  laquelle  vous  avez  bien  voulu  prendre  connaissance  de 
ma  lettre  précédente,  el  de  l'envoi  de  vos  opuscules,  qui  sonl  pour 
moi  d'un   pris   inestimable.  Je  ne  peux  que  vous  exprimer  mon 

chagrin  que,  pour  le  moment,  mon  peu  de  loisir  ne  permettra 

pas  < I < -  les  étudier  comme  je  voudrais  les  étudier,  car  je  suis  très 
convaincu  de  l'importance  fondamentale  de  ces  belles  recherches 
qui  pénètrenl  >i  profondémenl  dans  la  théorie  générale  des  fonc- 
tions. 

J'aurais  certainemenl  fail  communication  de  mes  résultats  à 
M.  Tisserand,  mais  je  savais  qu'il  est  allé  observer  le  passage  de 
\  (''[111--. 

Je  hasarde  encore  à  vous  envoyer  avec  cette  lettre  une  petite 
Noir  1  '  1  sur  un  sujet  bien  élémentaire  qui  aura  besoin  de  toute 
votre  indulgence.  Étant  écrite  en  hollandais,  je  veux  en  exposer 
l'esprit  en  quelques  lignes. 

\  1  >  1 1  >  avez  fait  connaître,  dans  le  Tome  Si  du  Journal  de 
Borchardt  (2),  l'expression  analytique  du  reste  de  la  formule 
d'interpolation  de  Lagrange.  J'avais  pensé  qu'il  serait  possible 
d'arriver  d'une  manière  élémentaire  à  une  expression  de  ce  reste, 
analogue  à  celle  de  la  formule  de  Taylor,  donnée  par  Lagrange. 
\  oici  comme  j  \  arrn  e  : 

Si  la  fonction  Q[  z  |  s'annule  pour  c-  -  x  el  z  ./•,  i  x  x{  . 
mi  aura 

(,"(;l  =  0,  X<1         ./■,. 

Si    maintenant     Q{z)  s'annule    encore   pour    z  =  x.>>xt,    on 

aura  <le  même 

(1,'(;,)=o,  .r,<;,<x2. 

Li   Mémoire  de  Stieltjes  a  p ■  titre  :  Over  Lagrange' s  interpolatie-formule 

1  Verslagen  en  Mededeelingen  der  Koninklijke  Akademie  van  Wetenschappen 
!<•    Imsterdam,    ■    série,  1.  X.VII,  p.    i3g  r>\:  iv~ 

Le  M  moire  d'Hermile  esl  intitulé  :  Sur  la  formule  d'interpolation  de 
Lagrange  (Extrait  d'une  lettre  de  M.  Ch.   H  ermite  à  M.  Borchardt). 


LETTRE   2.  5 

Donc 

17(75)=  o,         x<r,  </•,. 

En  général,  si  ()'(r.  )  s'annule  pour  5  =  x,  xl}  x-2,  ■  ■  -,  xn 
yx  <C  x  1  <d  •£;>  •  •  •   <C  ^«  J) 

(|"(-r))=o,  x<n<x„, 

à  la  condition  que,  pour  toutes  les  valeurs  de  z  entremet  xn,  les 
fondions  (/'(s),  Çff(z),  •  ■■-  ()'("_1)(^)  soienl  finies  el  continues, 
et  que,  pour  les  mêmes  valeurs  de  s,  [\'"~l)(z-)  admette  une  déri- 
vée $ln)(z). 

Soit  maintenant  #  (^)le  polynôme  de  Lagrange,  qui  pour  a:  =  x{ , 
x2,  •  •  -,  x„  prend  des  valeurs /Y .-e,  ),  f(x2),  .  .  .,  f(xn),  et  posons 

f(x)=3<(x)-h(x  —  .rl)(.r  —  T2)...(x  —  xn  )  \\  ; 

comme  il  s'agit  d'obtenir  une  expression  simple  de  /(x) —  -"ï(.r'). 
nous  pouvons  supposera  différent  de  xt,  x2,  •  ■  •■>Xn,  etalors  la  va- 
leurde  II  est  parfaitement  déterminée  par  l'expression  précédente. 
Si  l'on  envisage  maintenant  la  fonction 

Ç(  z  )  =  _/(*)+  #(  z  H-(s  —  ay,  I  {z  —  :r,)..  .(z  —  x,,)  H. 

il  est  évident  qu'on  a 

(](x)=o,         (j(.ri)=o,  ...,         (,'(.<•„  1  =  0, 

donc 

(,'  "'(  ï)  1  =  o, 

où  7)  a  une  valeur  entre  la  plus  grande  et  la  plus  petite  des  quan- 
tités x,  xt,  .  .  .,  xn.  Mais  $(z)  étant  au  plus  du  degré  n —  1.  on  a 

G<"'(-s  )  =  —  /("' (  s)+ 1 . -2.3 . . .  n R, 
donc 

R  =  --^     • 
1 . 2 . 3 .. . .  n 

Il  est  facile  d'étendre  ce  raisonnement  au  cas  que  plusieurs  des 
quantités x{,  .  .  .,  xn  sont  égales.  La  forme  du  reste,  ainsi  obtenue, 
est  aussi  une  conséquence  immédiate  de  la  belle  formule  que  vous 
avez  fait  connaître. 

C'est  avec  le  plus  profond  respect,  Monsieur,  que  je  signe  votre 
très  reconnaissant. 


I  CORRESPONDANCE    D  HERMITE    ET    DE    STIELTJES. 

3.  —  HERMITE  A  STIELTJES. 

I'iiri?,  i  >  Dovembre  1882. 
Monsieur, 

Recevez  tous  mes  remercîments  pour  la  bonté  que  vous  avez  eue 
de  m'exposer  !<•  point  principal  de  votre  travail  sur  la  formule 
d'interpolation  de  Lagrange.  L'extrême  simplicité  el  l'élégance  de 
votre  méthode  m'ayanl  fait  penser  qu'elle  devait  trouver  place  dans 
l'enseignemenl  des  Mathématiques  spéciales  de  nos  lycées,  je  l'ai 
communiquée  dans  cette  intention  à  l'un  de  mes  élèves,  directeur 
des  «Inde-  à  l'école  préparatoire  du  collège  Stanislas.  J'ai  eu,  Mon- 
sieur, la  surprise  et  le  regret  d'apprendre  que  vous  avez  été  de- 
vancé, et  que  dans  son  Traité  élémentaire  d'Algèbre,  destiné 
aux  candidats  à  l'Ecole  Polytechnique,  M.  Laurent  propose  comme 
exercice  de  démontrer  la  proposition  à  laquelle  vous  êtes  parvenu  : 

une  fonction  Q(z)  s'annulant  pour  z  =  x,  xl: ru,  l'équation 

l)'.'(|'(;)  =  o  admet  une  racine  s  =  7)  comprise  entre  X  et  Xn.  Je 
n'.ii  point  le  traité  de  M.  Laurent,  el  me  trouvanl  comme  vous, 
Monsieur,  surchargé  de  travail,  je  n'ai  pu  encore  vérifier  ce  dont 
j'ai  été  informé,  mais  qui  ne  me  laisse  pas  de  doute. 

aujourd'hui  même  je  donnerai  communication  à  1"  académie  de 
votre  beau  travail,  et  je  ne  pense  pas  avoir  été  contre  vos  inten- 
tions en  lui  donnant  pour  titre  Sur  une  formule  de  M.  Tisserand. 

\  euillez  agréer,  Monsieur,  la  nouvelle  assurance  de  ma  haute 
estime  et  de  mes  sentiments  dévoués. 

4.  —  STIELTJES  A    HERMITE. 

i3  novembre  1882. 
MONSIEI   R  . 

I.n  lisant  votre  dernière  lettre,  je  n'ai  pu  m'empêcher  dem'ima- 
giner  que,  peut-être,  vous  n'avez  pas  lu  dans  ma  dernière  lettre 
V application  de  ce  théorème  1  \ 

gi»)(i,)=0l 
si 

11' (>)="•         (i  '■■'•i'-o,         Ç(xn)=o, 

à  la  détermination  du  reste  de  la  formule  de  Lagrange,  que 


LI'TTIii:    .). 


j'obtiens  sous  la  forme 

<\(x)  =  (x  —  Xx)(x  —  X%).  .  .(x  —  X„  |, 

JK        jLà{x  —  xp)y(xpy     ''  1.7....// 

Je  n'écris  ceci  que  pour  m'excusçr,  car  il  ne  me  sérail  jamais  venu 
dans  l'esprit  d'abuser  de  voire  temps  pour  nous  annoncer  seule- 
ment ce  théorème  (A). 

Mais  aussi,  si  cette  supposition  est  erronée,  la  chose  est  de  trop 
peu  d'importance  pour  en  parler  plus. 

Veuillez   accepter  l'assurance   de    mon    profond  respect  et  de 
toute  ma  reconnaissance. 


Monsieur, 


HERM1TE  A  STIELTJES. 

Paris,  17  novembre  1882. 


Je  n'avais  pas  été  renseigné  d'une  manière  suffisamment  com- 
plète lorsque  j'ai  eu  l'honneur  de  vous  écrire  au  sujet  du  point  de 
l' Algèbre  de  M.  Laurent,  q\ii  se  rapporte  aux  recherches  dont  vous 
avez  eu  la  bonté  de  me  donner  communication.  Ayant  maintenant 
cette  Algèbre  sous  les  jeux,  j'extrais  des  Exercices  et  Notes  qui 
font  suite  au  Chapitre  VII,  à  la  page  222,  ces  énoncés  que  je 
transcris  textuellement. 

16.  Démontrer  que,  si  f(x)  s'annule  pour  x  =  a,  b,  . . . ,  /,  les 
quantités  a,  b,  . .  .  ,  l  étant  au  nombre  de  7?,  on  a 

fin)(X) 
f(x)  =  {x  —  a)(x  —  b)...(x  —  l)J—  ±— '-, 

*  I  .  2  ...  71 

X  désignant  une  quantité  comprise  entre  lapins  grande  et  lapins 
petite  des  quantités  a,  b,  ...,/. 

17.  Si  l'on  pose 


X  —  «! 

f(ai,x)  —  f(ai,  a.j) 

x  —  a-i 
/(ai,  a2,x)  —  f(al,ai,  a3) 


x  —  a3 


=  f(aux), 

f{aua,,  x), 

=  /(«,,  ai,  a3,  x)..., 


6  CORRESPONDANCE    D BERM1TE    ET    DE    STIELTJES. 

(ill   a 

f(x)  =  /(a{  i      (x  —  «j  l/(«i,  a2)-l-(a?  — ai)(a?  — a»)/i  a,,  a*,a3  <  — ... 

-+-f>  —  «i)  (x  —  a2).  ■  .(x  —  aw)/"(X), 

\  élanl  compris  cuire  la  plus  grande  el  la  plus  petite  des  quan- 
tités a:,  a,,  a-2 (in  (Ampère).  (On  s'appuiera  sur  l'exercice 

précédent.) 

J'ignorais  absolument  le  résultat  qui  est  attribué  à  Ampère,  el 
je  regrette  que  M.  Laurent  n'ait  point  indiqué  dans  <|uel  Mémoire 
mi  pourrait  en  lire  la  démonstration  (').  Autant  que  je  puis  le 
présumer,  c'esl  sans  doute  dans  \e  Journal  de  V Ecole  Polytech- 
nique qu'on  aurait  eliauee  de   le   trouver. 

Je  ne  sais,  Monsieur,  si.  sous  différentes  latitudes,  à  Leyde 
comme  à  Paris,  ce  sont  les  mêmes  devoirs  universitaires  qui 
surchargenl  les  pauvres  géomètres  et  entravenl  leurs  recherches. 
\  la  Sorbonne,  nous  avons  maintenant  une  session  d  examens  de 
baccalauréat,  et  j'ai  le  regret  de  passer  bien  du  temps  à  lire  des 
compositions  et  à  interroger  sur  l'Arithmétique,  la  Géométrie  élé- 
mentaire, etc.  Je  revois  cependant  les  épreuves  d'un  second  tirage 
lithographie  de  mon  cours  de  cette  année,  dont  la  rédaction  a  été 
faite  par  un  de  mes  élèves,  et  qui  a  pour  objel  les  intégrales 
prises  entre  les  limites  imaginaires,  puis  quelques  points  de  l'étude 
des  fonctions  en  général,  et  des  fonctions  elliptiques,  .le  me  per- 
mets, Monsieur,  de  vous  annoncer  l'envoi  d'un  exemplaire  de  ces 
Leçons  aussitôt  qu'elles  seront  parues,  et  je  saisis  cette  occasion 
pour  vous  renouveler  l'expression  de  ma  haute  estime  et  de  mes 
sent iments  dé> oués. 


(')  Le  Mémoire  d'Ampère  où  se  trouve  la  proposition  citée  par  M.  Laurent  esl 
dans  le  Tome  XVI  des  Annales  de  Gergonne,  p.  829;  1826,  ci  a  pour  titre  :  Essai 
sur  un  nouveau  mode,  d'exposition  des  principes  du  calcul  différentiel,  du 
calcul  aux  différences  et  de  l'interpolation  des  suites,  considérées  comme 
dérivant  d'une  source  commune. 


Mojvsieuiï, 


LETTRE   (i. 

STIELTJES  A   HERMITE. 

Leyde,  >.!\  novembre  1882. 


Je  vous  prie  encore  de  vouloir  bien  faire  insérer  La  Note  ci- 
jointe  dans  les  Comptes  rendus  ('). 

Dès  que  j'avais  trouvé  la  formule  que  je  vous  ai  communiquée 
dans  ma  première  lettre,  je  soupçonnais  qu'il  devait  exister  une 
généralisation,  que  je  suis  heureux  d'avoir  obtenue  maintenant, 
après  bien  d'inutiles  efforts. 

Vous  savez  que  M.  Tisserand  avait  originairement  à  développer 
cos/iy,  et  c'est  seulement  plus   lard   qu'il  a  reconnu  qu'il  fallail 

chercher  le  développement  de : — •    Ma   formule   générale 

montre  qu'on   peut,   en  effet,   développer  cos/?y  d'une    manière 
analogue,  mais  la  série  procède  alors  suivant  les  P^(o,  x)  qui  se 

réduisent  aux  fonctions  (1  —  x-)  -j-  (\/_(). 

Je  suis  bien  aise  d'en  être  quitte,  maintenant,  avec  celte  for- 
mule de  M.  Tisserand,  et  je  veux  laisser  reposer  quelque  temps 
d'autres  recherches  qui  se  rattachent  encore  à  cette  question. 

Je  vous  remercie  d'avance  beaucoup  du  précieux  présent  que 
vous  m'avez  annoncé,  et  je  me  promets  beaucoup  de  fruit  de 
l'étude  dé  votre  Cours,  à  laquelle  je  veux  consacrer  les  instants 
que  mes  autres  devoirs  me  laissent.  Je  suis  astronome  adjoint  à 
l'Observatoire  ici  :  jusqu'ici  je  pris  part  aux  observations,  mais 
l'année  suivante  je  ne  m'occuperai  qu'aux  calculs  de  réductions 
qui  sont  beaucoup  en  arrière.  Outre  cela  j'ai  encore  à  calculer  des 
observations  astronomiques  et  météorologiques  qu'un  voyageur 
hollandais,  M.  Ryckevorsel,  a  faites  et  fait  encore  dans  le  Brésil. 
Maintenant  vous  pourrez  vous  bien  imaginer  que  je  n'ai  pas  beau- 
coup de  loisir  pour  mes  éludes  favorites. 

J'ai  beaucoup  de  regret,  Monsieur,  de  n'avoir  pas  eu  à  ma  dis- 
position V Algèbre  de   M.  Laurent,  ce  qui  vous  aurait  épargné  la 


(')  Sur  un  théorème  de  M.  Tisserand  (Comptes  rendus  du    37  novembre). 
Note  de  M.  Stieltjes  présentée  par  M.  Ilermite. 


S  CORRESPONDANCE    D  HERMITK    ET    DE    STIELTJES. 

peine  de  copier  pour  moi  le  passage  dans  votre  dernière  lettre. 
Je  n'ai  pas  encore  cherché  dans  Le  Journal  de  l'Ecole  Poly- 
technique pour  la  pièce  <l  ampère. 

\  euillez  bien  accepter.  Monsieur,  I  expression  de  La  reconnais- 
sance que  vos  bontés  m'inspirent,  h  de  mou  plus  profond  respect. 

7.  —  HERMITE  A  STIELTJES. 

Paris;   !8  novembre  1882. 
MONSIET   R, 

En  venant  \011s  informer  que  votre  seconde  Note  sur  le  théorème 
de  M.  Tisserand  a  été  présentée  hier  à  l'Académie,  el  qu'elle  pa- 
raîtra,  par  suite,  dans  Le  Compte  rendu  delà  séance,  j'ai  une  occa- 
sion dont  je  m'empresse  de  profiter  pour  nous  remercier  de  m'avoir 
appris  que  vous  êtes  astronome  adjoint  à  l'Observatoire  de  Lejde. 
Je  comprends  bien,  ainsi,  que  les  découvertes  de  M.  Tisserand, 
dans  lesquelles  je  n'ai  vu  que  de  l'analyse,  aient  attiré  votre  atten- 
tion comme  s'appliquanl  en  outre  à  d  importantes  questions  de 
Mécanique  céleste.  Pour  moi,  Monsieur,  je  ne  suis  qu'algébriste  et 
jamais  je  n'ai  quitté  la  sphère  des  Mathématiques  subjectives.  Je 
suis,  toutefois,  bien  convaincu  qu'aux  spéculations  les  plus  abs- 
traites de  L'Analyse  correspondent  des  réalités  qui  existent  en 
dehors  de  nous  et  parviendront  quelque  jour  a  notre  connaissance. 
Je  crois  même  que  les  efforts  des  géomètres  purs  reçoivent,  à  leur 
insu,  une  direction  qui  les  fait  tendre  vers  un  tel  but,  et  l'histoire 
de  la  Science  me  parait  prouver  qu'une  découverte  analytique  sur- 
vient au  moment  nécessaire  pour  rendre  possible  chaque  nouveau 
progrès  dans  L'étudedes  phénomènes  du  monde  réel  qui  sont  acces- 
sibles au  calcul.  Un  de  mes  élè\  es,  qui  e>i  aussi  l'élève  de  M .  \\  eier- 
strass,  \|.  Mittag-Leffler,  a  ainsi  communiqué  à  M.  Gylden  des 
vues  profondes  du  grand  géomètre  qui  semblent  annoncer  une  pro- 
chaine transformation  de  la  Mécanique  céleste,  en  établissant  que 
les  bases  mêmes  de  l'édifice  de  Laplace  sont  bien  chancelantes.  Mais 
je  ne  sais  si  nous  verrons  se  réaliser  cette  transformation  à  laquelle 
auront  part,  sans  doute,  les  découvertes  analytiques  de  notre  époque. 
\  ous  trouvère/..  Monsieur,  exposées  à  ma  manière,  quelques-unes 
de  ces  découvertes,  celles  précisément  auxquelles  M.  Weierstrass 


LIÏTTRE   i).  9 

a  attaché  son  nom,  rhnis  les  leçons  de  mon  Cours  de  la  Sorbonne, 
dont  je  revois  en  ce  moment  le  texte,  el  <|ui  s'adressenl  aux  candi- 
dais  à  la  licence  es  Sciences  mathématiques.  J'ai  tenté,  et  vous  ju- 
gerez dans  quelle  mesure  j'aurai  réussi  à  introduire  dans  l'ensei 
gnement  quelques-unes  des  nolions  les  plus  essentielles  qui  sont 
dues  à  Cauchy,  à  Riemann,  à  M.  Weierstrass  lui-même. 

Veuillez  agréer,  Monsieur,  la  nouvelle  assurance  de  ma  plus  lia  nie 
estime  et  de  mes  sentiments  dévoués. 

8.  —  STIELTJES    I   11  ERMITE. 

Leyde,  G  janvier  i883. 
Monsieur, 

En  vous  donnant  dans  ma  dernière  lettre  (  '  )  la  nouvelle  propriété 
de  cette  fonction  B(/î),  j'aurais  dû  mentionner  la  propriété  corres- 
pondante de  la  fonction  F(/i)  de  M.  Kronecker.  Soit/)  un  nombre 
premier  impair,  n  non  divisible  par/?2;  alors 


F( /»/>**)  = 


/>'•'  -+-  //•'-'  4-  p'<--  -+-... -h  p  -h  I 


\    1> 


)(p*-i  +  p*- 


l''(  n  I, 


lorsque  n  est  divisible  par/?, 


T 


De  plus,  comme  on  sait, 

F(4n)=  2F(/i). 
Ces  deux  formules  correspondent  aux  propriétés  de  B(/i). 


9 


Monsieur, 


Il ERMITE  A   STIELTJES. 

Paris,  g  mars  [883. 


Voire  lettre  me  donne  une  occasion  que  je  suis  heureux  de  mettre 
à  profit  pour  vous  faire  savoir  que  mon  cher  confrère  M.  Tisserand 


(')  Entre  la  lettre  (7)  de  Hermite  et  la  lettre  (8)  de  Stieltjes,  il  y  a  évidem- 
ment une  lacune.  Il  manque  au  moins  une  lettre  de  Stieltjes  donnant  une  pro- 
priété de  la  fonction  B(n). 


lO  CORRESPONDANCE    D  HERHITE    KT    DE   STIELTJES. 

m  ,i  entretenu  de  la  Communication  que  vous  avez  faite  à  I  Aca- 
démie  en  m'en  faisant  le  plus  grand  éloge.  Je  vois  aussi,  Monsieur, 
que  \tuis  (Mes  un  ami  de  l'Arithmétique,  et  que  vous  partagez  mon 
admiration  pour  Gauss  e1  Eisenstein;  permettez-moi,  si  vous  ne 
me  faites  poinl  parvenir  un  avis  contraire,  de  donner  à  M .  Darboux, 
pour  qu'il  la  publie  dans  le  prochain  numéro  de  son  Bulletin,  votre 

méthode  élégante  ('  )  pour  obtenir  la  valeur  de  (  (    M     )  )  •  Elle  me 

rappelle  d'anciens  souvenirs  qui  rem  on  le  ni  à  plus  de  i  rente  ans,  et 
des  lciilali\cs  que  j'ai  laites  alors  pour  obtenir  le  caractère  de  2, 
dans  la  théorie  des  résidus  de  cinquième  puissance. 

Veuillez  agréer,  Monsieur,   la   nouvelle  assurance  de  ma  haute 
estime  el  de  mes  sentiments  dévoués. 


10.  —  STIELTJES  A  II ERMITE. 

Leyde,   i<>  mars  i883. 
Monsieur, 

Je  me  s u i >  aperçu   qu'il  s'est   glissé   une   faute  dans  ma  lettre 
d'hier  (2).  On  a,  pour  n  =  oo  : 


V  ' n  f 

jimÊi       ma  — p  -t-  i)       J      i  — 


/•  dx        . 


X  '/.r  ,  )  I 


/*'  ./■  dx  3 

/„        \—X~         °2 


H  {Il  —p-hl)  J         \—X  °  2  3 


-■(i 


I 


x  dx        .      /j         i 

=  loi:  - 


mzmL      n{  n  —  p  -+- 1)       J0     i       ./  s  3        4 

-*(=)  +  ■ 


(')  Bulletin  des  Se.  mathématiques  et  astronomiques.  ■>,'  série,  t.  VII,  i883, 
p.  i.,j>()-i  j  i -,  Sur  la  théorie  des  résidus  biquadratiques,  par  M.  T.-J.  Stiekjes 
(  Extrait  d'une  lettre  adressée  à  M.  Hermite). 

(-)  La  lettre  du  i5  mars  manque,  t  a  extrait  est  inséré  aux  Comptes  rendus 
du  19  mais  :  Su/-  le  nombre  des  diviseurs  d'un  nombre  entier. 


LETTRE    10.  Il 

Je  dois  avoir  indiqué  fautivement  les  limites  dans  ces  sommations 
partielles,  et  je  vous  prie  de  vouloir  bien  corriger  celle  erreur,  due 
à  cette  circonstance,  sans  doute,  que  j'avais  auparavant  nommé  //,. 
ce  que  je  désigne  maintenant  par  /'«_*+< . 

Si  l'on  prend  seulement  A  de  ces  séries  partielles,  la  somme  des 
termes  négligés 


reste  inférieure  à  -    '      -A  l'aide  de  cette  remarque,  il  serait  1res 

facile  de  donner  à  ma  démonstration  une  forme  toul  à  fait  rigou- 
reuse en  laissant  d'abord  k  constant,  mais  arbitraire.  —  Les 
valeurs  de  /(  1)4-/(2)  + ...  +/(")  ont  été  calculées  dans  le 
temps  (en  18^6);  ainsi  : 

Soit  p  un  nombre  arbitraire  ^  n  et  posons 


11 


Mors 
/(i)  +  /(  ■,)  +  ...  +/<»-       E(t)+E(^)+-+E 


/' 


»Mt)-*->M^) +•■■+'<(  -)-/"/■ 


1  /  \  -i 


Pour  /?  =  100 000,  par  exemple,   j'ai  [)ris 

p  =  3 1 6 ,         7  =  3 1 5 , 
et  la  somme  devient 

»["(")-»(?)-•  — (^)]+E(sf.)-«- 

J'avais  calculé  la  somme/(i)  +  .  .  .+/(/?)  pour /i  =  1000,  1 00000 
pour  avoir  une  idée  de  la  rapidité  avec  laquelle  le  rapport 

s'approche  de  l'unité;  les  valeurs  numériques  obtenues  m'avaient 

<■  • ,  /"(  0  -+- . . .  -+-  /(  n  )        1  s  1         p 

tait    soupçonner    que  - —  — —   -  — log/>    s  approche    dune 

limite  fixe,  ce  qui  se  confirmait,  comme  vous  l'avez  vu. 


12  CORRESPONDANCE    D  HEKMITE    ET    1>K    STIBLTJES. 

J'espère,  Monsieur,  que,  s  il  arrivait  qu:il  vous  serait  néces- 
saire quelque  calcul  numérique,  vous  voudrez  bien  m'en  honorer. 
\  présent,  je  ne  peux  poinl  faire  une  chose  plus  utile  et  je  serai 
toujours  heureux  si  je  pourrai  vous  rendre  quelque  service. 

Veuillez  accepter,  de  nouveau,  l'assurance  de  mes  sentiments 
dévoués. 

11.  —  HERMITE  A   STIELTJES. 

l'iiris.   ni  niiirs   iSS3. 

Monsieur, 

Recevez  mon  complimenl  pour  voire  Note  sur  le  nombre  «les 
diviseurs  il  un  nombre  entier  que  j'ai  lue  avec  grand  plaisir  et  qui 
sera  présentée  à  la  séance  d'aujourd'hui,  avec  les  corrections  indi- 
quées dans  votre  seconde  lettre.  J'accepte  bien  volontiers  votre 
offre  de  me  \  enir  en  aide  lorsque  je  serai  amené  à  des  calculs  numé- 
riques qui  sont  toujours  pour  moi  une  grande  difficulté;  permettez- 
moi,  en  retour,  de  me  mettre  à  voire  entière  disposition  dans  le 
cas  où  vous  désireriez  entrer  en  relation  avec  les  astronomes  de 
l'Observatoire  de  Paris.  M.  Tisserand,  que  j'ai  eu  pour  élève,  esl  un 
de  mes  amis  et  j'ai  avec  tous  de  lions  et  excellents  rapports.  Je 
serais  heureux.  Monsieur,  que  vous  me  donniez  ainsi  l'occasion  de 
vous  être  utile,  el  dans  cette  espérance  je  vous  renouvelle  I  expres- 
sion de  ma  haute  estime  et  de  mes  sentiments  bien  dévoués. 


12.  -  HERMITE    I   STIELTJES. 

Paris,  i-  mai  i883. 
Monsieur, 

Je  sciai  extrêmement  heureux  de  profiter  de  votre  présence  à 
Paris  pour  faire  votre  connaissance  personnelle,  et  je  viens  vous 
pner.  ne  pouvant  point  disposer  de  ma  journée  pour  me  présenter 
chez  \oiis.  de  nous  faire  l'honneur  de  venir  dîner  chez  moi,  avec 
mon  gendre  Emile  Picard,  mardi,  à  6h3om. 

Je  suis.  Monsieur,  avec  les  sentiments  de  la  plus  haute  estime. 
votre  bien  sincèrement  dévoué. 


MOK! 


LETTRE    13.  l3 

13.  —  STIELTJES  A   HERMITE. 

Lfeyde,  !\  aug.   188  \. 


Je  hasarde  à  vous  présenter  le  développement  plus  complel  de 
la  remarque  que  je  \<>us  ai  déjà  communiquée  (').  J'ai  étendu  ma 
démonstration  au  cas  que  la  fonction  Q(oc)  dans  L'intégrale 


/ 


/'1  x  )  {)'(■''  1  dx 


n'est  assujettie  qu'à  la  restriction  d'être  continue  et  de  ne  présenter 
<|ii  un  nombre  fini  de  maxima  el  minima. 

Ensuite  j'ai  ajouté  quelques  conséquences  concernant  le  déve- 
loppement en  fraction  continue  : 


I 


"^^c/,  = *•. 


On  peut  affirmer  que),0,  Xl5  X2,  .  .  .  sont  lous  positifs  el  que  /,,, 
a,,  ou,  .  .  .  sont  tous  compris  entre  a  et  b. 

.le  ne  sais  si  cela  était  connu,  mais  je  ne  le  trouve  pas  dans  le 
Mémoire  de  M.  Heine  {Monatsber.  der  Berl.  Akacl.,  (866). 
M.  Heine,  dans  son  Traité  des  fonctions  sphériques  (t.  I,  p.  206 
2e  édition),  cite  encore  des  travaux  de  MM.  Christoffel  et  Tche- 
bychef  sans  donner  une  indication  précise  où  on  peut  les  trouver. 
Je  n'ai  pu  consulter  que  le  Mémoire  de  Christoffel  sur  les  quadra- 
tures mécaniques  (Borchardt,  55),  que  vous  citez  aussi  dans 
votre  Cours  de  l'Ecole  Polytechnique,  et  le  Mémoire  de  M.  Tche- 
bychef  dans  le  Journal  de  Liouville,  2e  série,  t.  III. 

Je   suis,   Monsieur,  avec  le  plus    profond   respect,   votre   bien 
dévoué. 


(')  Nous  n'avons  pas  la  trace  de  cette  précédente  Communication.  La  présente 
lettre  accompagnait  évidemment  l'envoi  d'une  Note  insérée  aux  Comptes  rendit* 
des  1"  et  8  octobre  sous  le  titre  :  Sur  l'évaluation  approchée  des  intégrales. 
(Note  de  M.  Stieltjes,  présentée  par  M.  Hermite. ) 


VI< 


CORRESPONDANCE    D  HERMITE    ET    DE    ST1ELTJES. 

14.  —  HERMITE  A  STIELTJES. 

Fouras  (Charente-Inférieure),  -  aoùl   i^s'>. 


Je  serai  absent  de  Paris  el  en  voyage  pendant  La  durée  des  va- 
cances, c'est-à-dire  jusque  dans  le  courant  du  mois  d'octobre,  de 
sorte  qu'il  ne  me  sera  point  possible  de  présenter  à  I"  académie, 
avant  cette  époque,  le  travail  extrêmement  remarquable  que  vous 
m'avez  fait  l'honneur  de  m  adresser.  Les  propriétés  que  vous  avez 
découvertes  des  polyi les  Pn(x)  el  Qn(^)  m'ont  vivement  inté- 
ressé, el  les  conséquences  que  vous  en  avez  déduites,  sur  les  quan- 
tités '/.  el  x,  ajoutenl  des  résultats  htni  nouveaux  à  la  belle  théorie 
de  développement  en  fraction  continue  de  I  intégrale 


S. 


Je  vous  félicite,  Monsieur,  bien  vivement  du  succès  de  vos  efforts, 
et  je  me  promets  de  mettre  votre  beau  travail  à  profit  1  année  pro- 
chaine pour  mes  leçons  de  la  Sorbonne.  Il  me  rappelle  une  remarque 
que  j 'ai  faite  autrefois  el  que  je  prends  la  liberté  de  vous  commu- 
niquer, en  \  joignant  une  question  à  laquelle  vous  serez,  mieux 
que  moi,  en  mesure  de  répondre.  Soit 

\)'[.\(x  —  a)"+*(x  —  b  >■'  ■  >  |  =0  —  «.)a(.r  —  b'ft  ï\(x), 

de  sorte  que  Q  (x)  soit  un  pol  \  nome  en  lier  de  degré  n .  et  suppo- 
sons que  at  — | —  p  soil  un  nombre  entier  /, .  On  pourra  écrire,  en 
désignant  par<o(#)la  partie  entière. 

l  x  _  a  )ii  *-«  (>  _  6)«-i-p  =  o(x)  -+---+-  —  -+-... 
'  X         a?2 

puis 

D'il  I  x  —  a  )«-»  «  (x  —  b)  "  -'>  I  ---  '!> ,  ./■  i  - 

•*  IA  /  J  \       /  X,l~*~  '  X"  ' 

où  'I'i  ./■)  est  un  polynôme  de  degré  n  -f-  /. '.  Nous  avons  donc  ainsi  : 
_  a  |  /.  i  x  —  l>  ■'>  II  |  X  i  =  *  l  X  I  H —,  -i — -  -+-... 

/•/;  -1  X"+- 

de  sorte  que  la  fraction  est  la  /«"'"'c  réduite  du  développement 

1  <|>i  X)  l   ' 


LETTRE    IV.  l5 

en  fraction  continue  de  La  quantité  (x  —  a)a(x  —  b)$.  Cela  étant, 
je  demande  si,  en   supposant  a  el  l>  réels,  l'équation  Il(.r)     -<>  ;i 

ses  racines  réelles.  Pour  a  = ,  3= >  on  se  trouve  dans  le 

■i    '  ■'. 

cas  de  vos  théorèmes,  mais  pour  d'autres  valeurs,  en  supposanl 
par  exemple  A'  =  —  i,  le  polynôme  II ( ./■  )  aurait-il  encore  Les  pro- 
priétés de  la  dérivée  du  dénominateur  <!>(./•)? 

Permettez-moi,  puisque  \<ms  ries  un  ami  de  l'Arithmétique,  de 

\oiis   duc    un    mol    dune   reclierelie   qm    m  OCCUpe  en  ce    moment. 

En  supposant  n  =  5  mod  8,  et  désignant  pai- /'(/<)  le  nombre  des 
décompositions  de  n  en  cinq  carrés  impairs  dont  les  racines  sont 
positives,  j'obtiens  la  relation  suivante  où  E(.r)  désigne  l'entier 
contenu  dans  x  : 

/(5)+/(ii)  +  ...+/(ft)=2«El —       -J, 

le  signe  ^  «'appliquant  à  tous  les  entiers  impairs  a  et  a',  tels  qu'on 
ail  n^>  \acé '.  Soit  ensuite  E|(.r)  une  nouvelle  fonction  égale  à 
zéro  ou  à  l'unité, 

H,  (./•)=  E  (  x  h —  )  —  E(.r)        ou  bien      E(2a?) —  2E(a?). 

En  désignant  par  F(/*)  le  nombre  total  des  décompositions  de  /i 
en  cinq  cariés,  on  a 

i.',u+F(.,)+...-f-F(«)=^'V«)+82[al'(î;)  +  '2cEl(^)] 

-+-  iG  \  [c?  E(/«  —  ««') —  a( —  iKcE(\//i  —  /j  cc')J. 

Dans  celle  formule  a  et  a!  sont  tous  les  entiers  impairs,  c,  c'  les 
entiers  quelconques  tels  que  n  >  aa',  n  >  4CC'- 

Les  formules  analogues  pour  trois  carrés  sont  plus  simples;  j'ai 
vérifié  le  premier  théorème  pour/i  =  2i,  mais  je  me  trompe  si 
facilement  dans  les  calculs  numériques  qu'à  mon  grand  regret  je 
ne  me  suis  pas  risqué  à  aller  plus  loin. 

En  vous  renouvelant,  Monsieur,  mes  félicitations  et  mes  remer- 
ciments  pour  votre  Communication,  veuillez  recevoir  l'assurance 
de  mon  meilleur  souvenir  et  de  mes  sentiments  tout  dévoués. 


l6  CORRESPONDANCE    D  HERMITE    ET    DE    STIELTJES. 

15.  —  STIELTJES  A   HERMITE. 

Leyde,  9  août  i883. 
MONSI]  1  R . 

Je  n'ai  pu  résister  au  plaisir  de  vérifier  les  belles  formules  arith- 
métiques que  vous  avez  bien  voulu  me  communiquer  el  qui  me 
semblaienl  d'autant  plus  mystérieuses,  parce  qu'il  n"\  entre  point 
[e  nombre  des  résidus  quadratiques  au-dessus  d'une  certaine  11- 
mite,  mais  je  dois  vous  avouer  qu'en  ce  moment  je  suis  à  peu  près 
étranger  à  cette  belle  el  profonde  matière.  Pour  le  calcul  numé- 
rique j'ai  mis  votre  formule 


/(5)      /(i3)      ...     /(«)=2aE 
sous  la  forme 


yn        \aa 


f  //i  —  4 


ou 


.•I 


/1  >)  h/(i3)      ...      f(n    =^às,(p)li\  v 


p         j  p  =  i,  3,  5,7,  ■•• 


r(p  1  =  somme  des  diviseurs  de  />. 


/'       1 


< .  e^i  ain^i  que  j'ai  poussé  les  calculs  jusqu'à  11  =  101 . 

J'ai  encore  calculé  le  second  membre  de  votre  formule  pour 
/i  =  i.~>j,  1 65 ;  la  différence  des  nombres  obtenus,  1698  et  1918, 
-  ",.  es1  bien  égale  kf  [65  |.  En  effet  on  a 

|65  =     Si   +  4g  +  •_»">  —      g  —   1  (l20)(1)    \ 

=    81  -4-8l  -+-      I  —      I  -4-  I  I      lui         / 

=    Ni         >\        >',  .  -  25 -t- g  (   20)  220 

i1.)       i'.i  —  il)--    9  +  9  ""       \ 

=  12 1  -r-  2  ">  -l-    g  —    9  -+-  1  (60)        I 


1')  Celle  colonne  indique  le  nombre    des    décompositions  en    cinq   carrés  ne 
différant  que  par  l'ordre  îles  carrés  de  ceux  écrits  sur  la  même  ligne. 


i  ; 


n  =  29 . 


n  =  45. 


n  =  53 . 


LETTRE    15.  !" 

y.  z. 


llWx).     e(Z±±)-      g(p).  zg{p). 


1 

9 

j 

•>. 

1 

2 

3 

1 

1 

1 

4 
Somme.  . 

i 

fi 

1 

'7 

4 

2 

r 

2 

3 

9 

3 

2 

4 

8 

5 

1 

1 

1 

G 
Somme.  .  . 

G 
16 

1 

i5 

5 

3 

1 

3 

3 

17 

4 

2 

4 

8 

5 

9 

3 

2 

6 

12 

7 

1 

1 

1 

8 
Somme. . . 

8 
3i 

1 

33 

5 

3 

1 

3 

3 

a5 

5 

3 

4 

12 

5 

17 

4 

2 

0 

12 

7 

9 

3 

2 

8 

jG 

9 

1 

1 

1 

i3 

Somme.  . 

i3 

.     5G 

1 

4» 

6 

3 

1 

3 

3 

33 

5 

3 

4 

12 

5 

25 

5 

3 

G 

18 

7 

17 

4 

2 

8 

iG 

9 

9 

3 

2 

i3 

2  G 

1 1 

1 

1 

1 

12 

Somme    . 

12 

•     87 

1 

49 

7 

4 

1 

4 

3 

4i 

6 

3 

4 

[2 

5 

33 

5 

3 

G 

18 

7 

25 

5 

3 

8 

24 

9 

17 

4 

2 

i3 

26 

1  1 

9 

3 

2 

12 

24 

i3 

1 

1 

1 

i4 
Somme .  .  . 

14 
122 

(  '  )  Nous  reproduisons  les  Tableaux  tels  que  les  a  formés  Stieltjes  pour  le  calcul 
du  second  membre  de  la  formule  à  vérifier.  Les  valeurs  des  premiers  membres 
sont  données  ensuite. 


l8  CORRESPONDANCE    d'hERMITE    ET    DE    STIELTJES. 


61 


n  =  69, 


n  =  85. 


/'• 

»  —  1/ 

V     2     y 

1          SU'/- 

-Si/' 

1 

'7 

7 

4 

i 

4 

3 

.'-.) 

7 

i 

4 

[6 

5 

etc. 

etc. 

3 

(i 

18 

7 
9 

( 

comme     1 

3 

8 

24 

1 

pour 
n  —  53.      ' 

3 

.  ; 

39 

1 1 

2 

12 

24 

i3 

2 

14 

28 

i5 

1 

24 

Somme.  . 

24 

177 

1 

65 

8 

4 

, 

4 

3 

57 

7 

4 

4 

ni 

5 

etc. 

etc. 

4 

C) 

24 

7 

3 

8 

'i 

9 

3 

[3 

39 

1 1 

3 

12 

36 

i3 

2 

•i 

28 

i5 

2 

24 

18 

'7 

1 

18 

Somme. . 

18 
.     237 

1 

73 

s 

4 

1 

4 

3 

65 

8 

4 

4 

16 

5 

etc. 

etc. 

i 

G 

24 

7 

4 

8 

32 

9 

3 

i3 

39 

1 1 

3 

\x 

36 

i3 

3 

i4 

i-'. 

i5 

2 

24 

48 

'7 

2 

18 

36 

Ml 

1 

20 
Somme.  . 

20 

■      297 

1 

81 

9 

5 

1 

5 

3 

etc. 

etc. 

4 

4 

16 

5 

4 

6 

24 

7 

4 

8 

32 

9 

4 

i3 

52 

1 1 

3 

12 

36 

i3 

3 

•i 

42 

i5 

3 

'i 

72 

17 

1 

18 

36 

2 

i 

20 

32 

4<> 

32 

Somme.  .  .     387 


LETTRE    15. 


'9 


n  —  4/>-        E(y.r).     E 


'(/>)• 


Sg(P)- 


n=93 


[ 

89 

9 

5 

1 

5 

3 

elc. 

etc. 

5 

4 

20 

5 

4  ' 

6 

'i 

7 

4 

8 

32 

9 

4 

i3 

52 

1 1 

4 

12 

48 

i3 

3 

14 

\>- 

i5 

3 

>'\ 

72 

'7 

3 

18 

54 

'9 

2 

20 

40 

21 

2 

32 

64 

9.3 

1 

24 

Somme.  . . 

24 

■  477 

I 

97 

9 

5 

1 

5 

3 

etc. 

etc. 

5 

4 

20 

5 

5 

6 

3o 

7 

4 

8 

32 

9 

4 

i3 

52 

i  r 

4 

12 

48 

i3 

4 

il 

56 

i5 

3 

24 

72 

17 

3 

18 

54 

»9 

3 

20 

60 

21 

2 

32 

64 

23 

2 

24 

48 

25 

1 

3i 
Somme.  . 

3i 
572 

I 

iJ3 

12 

6 

1 

6 

3 

i43 

12 

6 

4 

24 

5 

i37 

1 1 

6 

6 

36 

7 

129 

1 1 

6 

8 

{8 

9 

121 

1 1 

6 

i3 

78 

1 1 

u3 

10 

5 

12 

60 

i3 

[o"> 

10 

5 

i4 

70 

i5 

97 

9 

5 

24 

120 

17 

89 

9 

5 

18 

9° 

19 

81 

9 

5 

20 

100 

•21 

73 

8 

4 

32 

128 

23 

65 

8 

4 

24 

96 

25 

57 

7 

4 

3i 

124 

CORRESPONDANCE    D  II  ERMITE    ET    DE    S  TIF.I.ï  .1 1.S. 


n  =  nia. 


29 
3i 

53 
S5 


3 

■» 

9 

1 1 


19 

■>.  1 

23 

'") 
*7 
29 
3i 
:  ; 
35 
37 
39 
i' 


X. 

r- 

5. 

-  \p. 

B(v/£). 

1  ^> 

£(/>)• 

*g<J 

49 

7 

i 

4o 

160 

il 

(') 

3 

3o 

9° 

33 

') 

3 

3». 

96 

25 

"» 

J 

1* 

•  44 

17 

î 

2 

[8 

96 

9 

3 

2 

1 

38 

56 

Somme.  . 

76 
56 

.   1698 

161 

r». 

6 

1 

6 

6 

4 

>\ 

(i 

6 

36 

6 

8 

|8 

6 

i3 

78 

G 

i  2 

72 

5 

•i 

70 

5 

'i 

I20 

5 

18 

9° 

5 

20 

100 

5 

3  2 

160 

4 

24 

96 

4 

3i 

"i 

4 

jo 

160 

4 

3o 

120 

3 

32 

96 

3 

48 

144 

3 

48 

1  ii 

2 

38 

76 

2 

1 

".6 
42 
Somme.  .  . 

1 12 

i> 
1918 
1698 

/(>65) 


[.RIT  RE    1 

5. 

Nombre 

cl 

!S 

décom- 

|l(isi 

ions 

n  =  5 . . . 

1 

1 

1 

l         I 

ii  =  1 3 . . 

'.) 

1 

1 

1         5 

n  =  1 1 . . 

9 

9 

1 

1        10 

n  =  29. . 

9 
2  5 

9 
1 

9 
1 

:  "• 

i5 

n  =  37.. 

9 
25 

9 

9 

1 

:  il 

2  5 

n  =45.. 

9 

9 

9 

!) 
9 

y           I    { 

1       3o  ' 

3i 

n  =  53. . 

49 

25 

>.5 

1 

2  » 

9 

1 
1 
9 

1       20  ) 

33 

n  =  61.. 

Î9 

9 

1 

1       20  ' 

2  » 

9 

9 

9        5 

55 

25 

2  5 

9 

1       3o  , 

/z  =  69. . 

25 

9 

2  ") 

9 
9 

9 

,       3o  ) 
■       Soi 

60 

n  =  77.. 

i9 

9 

9 

9 

1       20  , 

25 

(9 

20 
25 

9 

1 

9 

9       >o  f 
.       20  i 

60 

25 

25 

2  5 

1 

1        .0  ) 

«  =  85.. 

81 

I 

1 

1 

,         5  j 

Î9 
49 

9 

25 

9 
9 

9 

i 

9         5J 
1       60  ( 

9° 

25 

2  3 

25 

9 

■       20) 

n  =  93.. 

81 

9 

1 

1 

1       20  ) 

49 

25 

9 

9 

1       60 

90 

25 

25 

2  » 

9 

9       10  ) 

«  =  1 0 1 . 

81 

Î9 

9 
49 

9 
1 

1 
i 

1        3o 
1        10  j 

49 

25 

•) .') 

1 

1       3o 

95 

19 

2  5 

9 

9 

9      20 

25 

25 

2  5 

■>.  5 

1         5  , 

».  f(n).  S/(n 

1  1 

i3  5  G 

21  10  1  (i 

29  i5  3i 

37  25  Ï6 

45  3i  87 

53  35  122 

Gi  55  177 

69  60  237 

77  60  297 

85  90  387 

93  9°  477 

loi  g5  ">7  >. 


•22  CORRESPONDANCE    d'bERHITE   ET    DE   ST1ELTJF.S. 

Quanl  à  votre  seconde  formule,  dans  votre  seconde  lettre,  elle 
se  1 1 <>n\ e  ainsi  : 

F(/>)  le  nombre  total  des  décompositions  en  cinq  carrés 

E,i  i    (x+i)  —  E(a?)  =  E(2a:)  —  ïE(«), 

Fui  +  FùH  ...-K(n) 

-.«(•=)-hsi:[.k(=)+„e1(jl)] 

>   [oE^/f  —  ««')  —  2(—  r)c'cE(v/»  —  4cc')J, 

a  el  a' sont  ions  les  nombres  entiers  impairs,  n ':    un',  c  et  c'  les 
entiers  quelconques  tels  que  n  T     îcc'. 
J'ai  supposé  que  dans 


2[ 


aE 


""•(f.)] 


il  fallart  poser 
et 


a  =  i,  3.  >.....  a  ~n 

c  =  i ,  2 ,  3 ,  .  . . ,  4  c  <  ii , 
(  )n  aura,  par  une  transformation  analogue  à  celle  déjà  employée, 

ïr/E<V"  —  aa')  =  ^g(  p)  E(y/n  —  />)         (/*-  i,  3,5,  ...,^n) 
—  S(-    [)c'cE(v  n  -     î<c\)  =  -a/('7)e(v/«  —  4?)     ('/  =  « ,  2,  3,  ...,<  ^J; 

en  posant 

g'(q)  -   -V(_,)c'C)  cc'=gr, 

on  voil  facilement  que  pour 

q  impair g'(q)  =  g(q), 
q  =  î'r,  r  impair g'{ q)  =  g(r). 

Mais  en  faisant  \c>  calculs  pour  n  =  5,  i3,  .  .  .,  je  trouve  la  for- 
mule fautive  ;  je  ne  puis  donc  que  conclure  que  je  ne  l'ai  pas  bien 
comprise  ou  qu'elle  est  yàtée  par  quelque  erreur  que  je  n'ai  pu 
deviner.    Voici  cependant  les  valeurs  de  F(i) -K  .  .-+- F(«)   que 


LETTRE    10. 


23 


j  ai  trouvées 


Il  —  1 . . . 

m 

n  =  6 . 

'.;■' 

n      m.. 

2462 

//        »... 

")0 

//  =  7 . 

892 

n  =  i> . . 

2862 

n  =  3 . . . 

i  3<» 

n       8. 

[092 

n      il.. 

3422 

n  -■-  4 . . . 

220 

»       '.)  • 

..     [34a 

/*  =  5 . . . 

.     332 

«  =   10 

•  •     |(.)0> 

Je  crois  que  ces  valeurs sout  exactes;  je  les  vérifierai  par  un  calcul 
indépendant  et  contrôlerai  votre  formule  avec  plaisir,  si  cel;i  vous 
paraît  intéressant,  dès  que  je  connaîtrai  la  forme  exacte.  J'espère 
pouvoir  revenir  plus  lard  sur  une  autre  question  que  vous  avez 
posée  dans  votre  lettre. 

\  millez  bien  me  croire,  Monsieur,  votre  très  dévoue. 

P. -S.  — ■  En  adressant  celle  lettre  à  Paris,  j'espère  qu'elle  vous 
parviendra  en  bon  ordre.  J'ai  une  copie  de  tous  les  calculs. 

16.  -  STIELTJES  A  II ERMITE. 

Leyde,  12  août  i883. 
Monsieur, 

Lorsque,  hier  soir,  j'apercevais  la  transformation  dont  votre  for- 
mule est  susceptible  ('),  j'ai  voulu  vous  en  donner  connaissance  le 
plus  tôt  cpie  possible  et  le  temps  m'a  manqué  à  indiquer  comment 
j'y  suis  arrivé. 

Prenons  n  =  3-  ;  en  jetant  les  yeux  sur  le  calcul 


X. 

y- 

z. 

p- 

1 

n  - 

-\P- 
33 

e(v//I^"47)- 
5 

1: 

m 

3 

g(p) 

zg(P)- 
3 

3 

25 

5 

3 

4 

12 

5 

'7 

4 

2 

6 

12 

7 

9 

3 

2 

8 

16 

9 

1 

1 

1 

i3 

i3 

que  dans 

la  colonne  r 

+') 

mi 

56 

j'observe 

E/7*- 

-4/> 

trouve  les 

\ 

/ 

(')  Le  début  de  la   lettre  semble  indiquer  qu'il  existe  une  lettre  du   11  août. 
Elle  manque. 


'I  CORRESPONDANCE    D'flERMITE    ET    DE    ST1ELTJES. 

nombres    en  renversanl  l'ordre)  i .  2,  2,  3,  3.  On  s'assure  aisément 
que,  dans  le  cas  général,  ces  nombres  sont 

1  •  -  3      3      3  i       4       i     i  etc. 

,  deux  foi-  .  (mis  fuis  quatre  fuis 

en  sorte  que  le  second  membre  de  votre  formule  peul  s'écrire 

§    p  *[g(p—    2)-t-^CP-    4)] 

-  i[g  p        6)-hg(p-  8)4-^(^  —  10)] 
\[g(p  — 12)  -+-g{p  — 14)  h-  g(p      16)       ?{p  — 18)] 

En  remplaçant  //  par  n  —  8,  p  par/?  —  2  on  a  de  même 

<?(/>  —  2)-t-2[^(Jp—    4) +  <?(/>—    6)] 

■+-  3[^(/j  —   8  )  -+-  g{  p  -  10)  +  £-(/>  -  1-2 )J 

\[g(j>      n        ?(/>  — 16) -t-^0»  — 18) +  *(/>  — aoj] 
-1- : 

la  différence  est 

g(p  •  —g(p  -   2  i 

-h2\g(p—  2  \  —  g(p~  6)] 
+  3  [£■(/>  —  <■■'  —  A'O—  12)] 
+  il  >(/'  —  12  1  -Ar'/'   -  20)] 

ou 

A-  1  p  )  __  o  (  ;,  —  2)  -H  A"'/'  -  6  >  —  g(p  —  1  2  )  -;- .  .  . , 

c  est-à-dire 

\-i-on  jamais  vu  une  formule  plus  belle!  Je  n'aurais  jamais 
pensé  qu'une  expression  aussi  simple  pourrait  exister.  Et  que  celle 
formule  est  différente  de  celles  qu'a  données  Eisenstein  !  Je  ne  puis 
exprimer,  Monsieur,  que  mon  admiration  pour  des  recherches  qui 
\011s  oui  mené  à  nue  vérité  aussi  belle.  J'espère  être  assez  heureux 
pour  connaître  un  jour  les  principes  que  vous  avez  suivis  dans 
celle  investigation. 

\  otre  très  dévoué. 


LETTRE    17.  25 

17.  —  STIELTJES  A   HERMITE. 

Lej de,  i3  août  1 883. 
Monsieur, 

En  réfléchissant  de  nouveau  sur  voire  première  formule,  je  me 
suis  aperçu  qu'on  peut  l'obtenir  1res  simplement  comme  il  suii  : 

Attribuons  à  ûc,  y,  z,  t,  u  seulement  des  valeurs  positives  impaires, 
n  =  8 k  +  5  et  considérons  !<•  nombre  des  solutions  de  l'inégalité 

■'■- -h  y'1 -h  z2 -h  ï2  +  tf-     n  : 

ce  nombre  sera  évidemment  égal  à 

/(5)+/(i3) -+-...  +-/(«). 

Mais  le  nombre  des  solutions  pour  lesquelles  x  =  i  est,  d'après  l<- 
théorème  de  Jacobi  (  Crelle,  t.  3,  p.  191),  égala  :  [g(r)  somme  des 
di\  iseurs  de  ri, 

(n  —  \\  [  n  —  u \  / n  —  1 7 \  / n  —  20 \ 

Le  nombre  des  solutions  pour  lesquelles  x  =  3,  5,  ...  est  respec- 
tivement 

/ n  —  q\  / n  -   \-  ( n  —  25 \  / «  —  33 \ 


En  sommant,  on  obtient  pour  le  nombre  total 


c'est  bien  là  votre  formule. 

Il  est  difficile  à  croire  qu'on  puisse  avoir  une  démonstration  plus 
simple.  Du  reste,  il  va  sans  dire  que  je  n'aurais  jamais  fait  le  rai- 


26  CORRESPONDANCE    D'HERMITÉ    BT    DE    STIELTJES. 

sonnemenl  plus  baul  sans  votre  Communication.  \  euillez  bien  me 
croire  toujours  \  otre  très  dévoué. 


18.  —  111  II  Mil 7/     I    S 77 E I. TJES . 

Fouras  (Charente-Inférieure),   >'i  août  i883. 

MoNSl  El   B  . 

\  (i-  Communications  sur  la  propriété  arithmétique  donl  je  \<>us 
avais  donné  bien  succinctement  1  énoncé  m  onl  extrêmemenl  inté- 
ressé, en  ajoutanl  encore  à  1  estime  que  m'avail  inspirée  >  otre  | > « '■  m '■  - 
tration  el  votre  beau  talent  en  Analyse.  Je  n'ai   point  sui\i  tout  à 

laii  la  \ que  vous  avez  découverte,  et,  toul  en  arrivanl  au  même 

résultat,  j  \  ai  été  conduit  par  une  autre  méthode.  Je  m  étais  pro- 
posé,  Monsieur,  d'entrer  avec  vous  dans  des  développements 
étendus  sur  ce  sujet,  et  c'est  dans  cette  espérance  que  j'ai  ajourné 
ma  réponse  à  votre  dernière  lettre;  mais  un  état  d'indisposition 
m'a  contraint  de  mettre  les  vacances  à  profit,  non  pour  travailler 
comme  je  l'aurais  voulu,  mais  pour  prendre  le  repos  dontj  avais 
besoin.  En  attendant  que  je  me  remette  à  I'oua  rage,  permettez-moi 
cependant  de  vous  élire,  en  peu  de  mots,  comment  j'ai  été  amené 
au\  décompositions  d'un  entier  en  cinq  carrés.  Dans  le  principe, 
je  n  avais  en  vue  que  les  formes  quadratiques  de  déterminant  né- 
gatif et,  en  désignant  par  F (D)  le  nom  lire  des  classes  de  détermi- 
nant —  D,  j'avais  voulu  tenter  la  recherche  <le  la  valeur,  pour  D 

F(i)  +  F(,)+...+  F(D  i    ,r  ...     ,       •      . 

très  grand,  de — r— -  — •  Mais  mes  enorts  n  ont  pas 

eu  «le  succès,  ei  je  n'en  retiens  que  la  formule  suivante  dont  j'ai 
donné  communication  à  M.  Rronecker,  il  y  a  quelque  temps. 
Soit  D=  \n  — i,  et  désignant  par  I  (D)  le  nombre  des  classes 
proprement  primitives  de  déterminant  — D,  on  a 

Fi   I  Fi  7)+...+  F(4»-i) 

n  —  v'2  —  2  k 


2  v  4-  1  h  — 
les  diverses  sommes  étant  prises  en  supposant  v       o.  1.  ■>. jus- 


LETTRE    IH.  "?.-] 

<iu'à  ce  que  les  quantités  sons  le  signe  E,  assujetties  à  la  condition 
d'être  positives,  deviennent  moindres  que  l'unité. 

Cette  expression  de  la  fonction  sommatoire  de  F(D)  ne  m  ayant 
point  servi  pour  l'objet  que  j'avais  en  vue,  j'ai  cherché  dans  le 
voisinage.  J'ai  supposé  n  impair  et  considéré  les  décompositions 
d'un  entier  en  trois  carrés  impairs,  puis  m  trois  carrés  quelconques, 
puis  en  cinq.  C'est  alors  que  j'ai  entrevu,  comme  consolation  de 
mon  insuccès,  quelques  remarques  qui  ne  m,' ont  point  pain  sans 
intérêt,  et,  m  ce  qui  concerne  la  décomposition  en  cinq  carrés 
impairs,  l'introduction  d'une  fonction  numérique  qui  s'offre  tout 
naturellemenl  <i  d'elle-même.  Cette  fonction  est  la  somme  <l<> 
diviseurs  o  d'un  nombre  impair,  tels  qu'en  faisant  //  =  oo',  on 
ait  S  h;  o'  mo<l  {  el  o.<.!o'.  La  fonction  correspondante  au  cas 
de  la  décomposition  en  trois  carrés  impairs  est  la  somme  des  divi- 
seurs tels  que  l'on  ait  8<28'.  Mais  ces  recherches  demandent 
plus  d'efforts  que  je  ne  puis  en  faire  en  ce  moment,  et  je  dois,  en 
me  proposant  de  vous  communiquer  mes  résultats,  attendit'  que 
j'aie  repris  courage  à  l'ouvrage,  afin  de  ne  point  m'exposera  vous 
envoyer  encore  des  formules  inexactes. 

Je  pense  aussi,  Monsieur,  à  vos  belles  recherches  sur  le  déve- 
loppement en  fraction  continue  de  l'intégrale  de  TcliebichefF  et  de 
Heine,  et,  comme  l'Algèbre  est  chose  plus  facile  que  l'Arithmétique, 
j'ai  vu,  sans  avoir  à  travailler  pour  cela,  ce  que  sans  doute  vous 
avez  remarqué  vous-même  :  qu'on  a  sous  la  même  forme  le  numé- 
rateur et  le  dénominateur  des  réduites  de  (x  —  <7)a(#  —  b)?  où 
y.  -+-  [3  =  un   entier  k.    Supposons  k  positif;  dans  une  réduite  de 

i  B      *  i  . 

rang  quelconque  — ,  A  se  détermine  en  posant 

D"  [O  —  «)"+a  O  —  b )»+P  ]  =  (x  —  a)*(x  —  b  y  \ . 
et  B  par  la  relation  semblable 

D£+*[(3r  —  a)«+*-a(a?  _  6)*+A-p]  _  (^_rt)-a(.r  _  6)-PB; 

et,  en  écrivant  ceci,  il  me  semble  voir  que  le  résultat  subsiste,  que 
k  soit  positif  ou  négatif. 

Je  dois,  dans  quelques  jours,  partir  pour  la  Bretagne,  d'où  j  es- 
père pouvoir  vous  écrire  en  traitant  les  questions  plus  à  fond  qu'au- 
jourd'hui; veuillez  en  attendant,   Monsieur,  recevoir  l'expression 


28 


CORRESPONDANCE     D  HERMITE    ET    DE    ST1ELTJES. 


de  mes  sentiments  de  bien  sincère  sympathie  et  l'assurance  de  ma 
plus  haute  estime. 


19. 


HER  MITE    I   STIELTJES. 


Paris,  6  octobre  i883. 


Monsiet  i; . 

\  i»n  recherches  sur  l'évaluation  approchée  des  intégrales  I  '  »  ont 
été  présentées  à  la  dernière  séance  de  I  Vcadémie  et  paraîtront  dans 
les(  'omptes  ri- m  lu  s  de  cette  séance.  Mais,  votre  rédaction  dépassant 
en  étendue  la  I  uni  le  réglementaire  de  trois  pages  d  impression,  j'ai 
*  dû  la  diviser  en  deux  parties,  de  sorte  que  la  fin  de  votre  Note  pa- 
raîtra seulement  dans  les  Comptes  rend  a  s  de  la  prochaine  semaine. 

Permettez-moi,  Monsieur,  de  profiter  de  celle  occasion  pour  rec- 
tifier  l'erreur  (  -  \  que  vous  avez  reconnue  et  signalée  dans  I  énoncé 
de  ma  formule,  concernant  le  nombre  des  solutions  de  l'équation 
./  -  ■+- y2  +  z-  +  l-  -f-  u'2  =  n.  Si  l'on  désigne  ce  nombre  par  f\  n  >, 
la  somme  f{\)  -hf(i)  -4-.  .  .-\-/(n)  =  F(w)  s'obtienl  comme  il 
suit  : 

Désignons  par  a  les  entiers  impairs   i,   3,   > et  par  c  et  c' 

les  entiers  quelconques  i.  2,3,...;  on  a 

F(»)  =  2E  (/«)  +  82[  a  E  (f))  +  2CE,  (fy 

—  i6  7  \  n  E\yn  —  a  c  I  —  •>.  i'—  i  \c'  cE(\  n  —  >  ce  )]  • 
Dans  cette  expression,  E(#)  est  l'entier  contenu  dans  ,r. 

E,  i  ce)  =  E  (  ./•  h —  j  —  E  (x)  =  E(:>,x)  —  -).\i{x), 

de  sorte  qu'on  a  toujours  E,(o:)  =  o  ou  =  i ,  suivant  que  la  diffé- 
rence entre  x  et  le  (dus  grand  entier  qui  y  est  contenu  est  infé- 
neure  a->  ou  bien  égale  ou  supérieure  a  -• 

\  oiei,  dans  cet  ordre  de  recherches,  les  formules  que  je  viens  d'ob- 
tenir, pour  le  nombre  des  solutions  de  l'équation  x2-\-y2=  n.  En 


(')  Les  recherches  présentées  à  l'Académie  et  mentionnées  au  début  de  cette 
lettre  sont  celles  dont  il  est  question  dans  la  lettre  13. 

(')  La  formule  rectiliée  est  la  seconde  formule  de  la  lettre  14. 


LETTRE   '20.  M) 

désignant  ce  nombre  par  f(n),  vous  savez  qu'Eisenstein  ;i  donné, 
le  premier,  pour  la  somme  /(i) +/(2)  +  •  •  • +/('*)  —  '' "(  "  '• 
celle  expression  bien  remarquable  : 

*[-(t)-«(ï)— (5) — ]• 

J'ai  remarqué  qu'en  posanl 

x  _  E  /  '  -  v/87T 


S  =E     -     -E  l'Z    -+-... ±E 


^)+E,(^)+...+  E,(»-^ 


on  a  aussi 


F {n )  =  4  (  S  -+-  Sj  —  X  sin2  — 

J'obtiens  encore  pour  la  somme  suivante, 

/(  i  )  +/(  2 . 5  )  -+-/(  2  .<))+•••  + ./'(  2  n  ), 
OÙ  /?  =  i ,  mod  4?  l'expression  que  voici  : 

en  désignant  par  [i.  l'entier  impair  immédiatement  au-dessous  de 
\Jn  ou  égal  à  y//?. 

Je  me  ferai,  Monsieur,  un  plaisir,  quand  je  publierai  ces  résul- 
tats, de  donner  la  méthode  si  élégante  que  vous  m'avez  commu- 
niquée au  sujet  de  la  décomposition  en  cinq  carrés  impairs  des 
nombres  =  5  mod  8,  en  insérant  dans  mon  travail  la  lettre  que 
vous  m'avez  adressée  sur  cette  question.  Veuillez,  en  attendant, 
recevoir  la  nouvelle  assurance  de  ma  plus  haute  estime  et  de  mes 
sentiments  bien  dévoués. 


Monj 


20.   -  STIELTJES  A  HE  H  MI  TE. 

Leydc,  io  octobre  i8S3. 


Vous  m'avez  fait  un  très  grand  plaisir  en  m'écrivant  votre  der- 
nière lettre,  et  encore  une  fois  vous  m'avez  fait  votre  débiteur  en 


CORRESPONDANCE    li'llll!  Mil  E    ET    DE    STIELTJES. 

présentanl  mon  travail  à  L'Académie.   Nous  ne  dites  rien  de  votre 
santé  :  j'espère  bien  sincèremenl  qu'elle  soil  complètement  rétablie. 
Maintenant  que  j'ai  sous  mes  yeux  votre  formule  pour 

F(n)  =/(i)+/(a)  +...+/(»), 

je  vois  bien  que  seulemenl  quelques  légères  erreurs  «I  écriture  dans 
votre  premier  énoncé  m'avaienl  empêché  de  la  bien  comprendre. 
\li ;s  efforts  pour  découvrir  ces  erreurs  moi-même  oui  éié  inutiles. 
Voici  comment  j'avais  tâché  de  retrouver  votre  formule  : 

Le  nombre  des  représentations  de  />  par  or2H-^2  +  s2 -H  t2  e>t 

8[a+(—  i)'l]g'(n), 

où  je  désigne  par  £•'(«)  La  somme  des  diviseurs  impairs  de  n.  C'est 
ce  qu'on  peut  déduire  de  la  dernière  foi-mule  des  Fundamenta 
nova  (GE livres  de  Jacobi,  t.  I.  p.  23o,) 

7  '  ''"  >7"  i  7' 


mn^ 


\l  —  q         l-^q-         l  —  q*         l  -  >/ ' 

\  L'aide  de  ce  résultat,  on  trouve  facilement 

J\n)=  \(>{g'(n)^--±g'(n  —  i2)-f- 2^'(n  —  tf)-h-2g' (n  —  32)-f-  ...| 

+(_i)"8[^'(n)-2^'(ft— i*)  +  2^'(n  —  a*)-t-2S-'(n-3*H  ...], 

«m  d  faut  continuer  les  séries  jusqu'à  ce  que  les  arguments  devien- 
nent négatifs.  Si  n  est  un  carré,  il  faut  prendre  £''(0)  =  — • 
Partant  de  celte  expression,  on  trouve,  pour 

F(n)=/(n)-i-/(n  —  i)-f-.  ... 
F(«)  =  i6P+(—  i)"8Q  —  1, 


+  3g'(n  —  i)±$g'{n  — 5)-f-... 
±3g'(n-3)-T-5g'ui  —  6) 

±5^'(n  — 7) 

+  5^(n  — 8). 
(Pour  avoir  P,  prendre  le  signe  supérieur  ;  pour  Q,  le  signe  inférieur). 

.1  avais  pensé,  par  analogie  à  ce  qui  se  passait  dans  le  cas  de  la 
décomposition  d'un  nombre  8Â -h  5  en  5  carrés  impairs,  que  cette 


LETTRE    20.  il 

formule  résulterait  aussi,  par  une  transformation  facile,  de  celle  que 
vous  avez  donnée.  Mais  en  hïcliani  de  transformer  votre  formule  je 
n'ai  point  vu  se  confirmer  celle  prévision,  de  sorte  que  j<'  n'ai 
point  trouvé  une  méthode  pour  arrivera  votre  formule.  Cependant 
je  n'ai  pas  encore  pu  faire  le  calculavec  le  soin  nécessaire  etje  me 
propose  d'y  revenir. 

Comme  je  trouve  toujours  un  plaisir  à  accompagner  des 
recherches  abstraites  par  des  calculs  numériques,  j'ai  élé  \  ivemenl 
frappé  par  l;i  transformation  que  vous  m'avez  indiquée  de  celle 
expression 

e(t)-e(?H(?)-e 

Votre  transformation,  en  effet,  permet  de  calculer  celte  somme 
pour  des  valeurs  de  n  pour  lesquelles  le  calcul  direct  sérail  rebu- 
tant, quoique  je  vois  bien  qu'on  ne  doit  point  envisager  cette  trans- 
formation seulement  sous  ce  point  de  vue.  En  effet,  je  me  rappelle 
d'avoir  vu  dans  le  second  Volume  des  Œuvres  de  Gauss  (  '  )  d'autres 
formules  encore  plus  faciles  pour  ce  calcul,  déduites  de  cette  con- 
sidération que 

■-«[■GHGMï)--] 

est  le  nombre  des  points  dont  les  deux  coordonnées  rectangulaires 
x,  y  sont  des  nombres  entiers,  situés  à  l'intérieur  d'un  cercle  décrit 

de  l'origine  avec  le  rayon  \Jn. 

Quoi  qu'il  en  soit,  j'ai  voulu  appliquer  votre  transformation  à 
d'autres  cas  pour  en  bien  comprendre  le  sens.  J'ai  considéré  à  cet 
effet  le  nombre  /(n)  des  représentations  de  n  par  x-  -+-  iy-  ;  on  a 

/( n)  =  2 (  </]  -H  d3  —  d:>  —  d-), 

où  c/,,  d3,  d5,  cl-,  signifient  les  nombres  des  diviseurs  de  n  qui  sont 
compris  dans  les  formes  8  À •  -f-  i,  8 A:  -f-  3,  8k  +  5,  8  A ■  -f-  7.  C'est 
ce  que  j'ai  trouvé  par  la  considération  du  développement  de 


22 


,fi*+-ir-- 


(')  Cf.  Gauss,  Werke,  t.  II,  p.  270,  279,  292. 


CORRESPONDANCE    d'hERMITE    ET    W.    STIELTJES. 

mi  en  conclul 
/(i)+/(2)+/(3)+...  +  /(n) 

-[«(2)    .(5)    E(2)    ■(=)-«(=)    "(£)—]■ 

En  faisant  usage  d'une  transformation  analogue  à  celle  que  vous 
avez  donnée,  j'obtiens  les  formules  suivantes  : 

Soil  sol  '  i  une  fonction  numérique  définie  pour  des  valeurs  en- 
tières de  x  par 

?(4* +  *)=*.  ,     ,  .   .  wa: 

m  !./•)  =  isin2  — —      (  '  |, 

o  (  4  h :  +  3  )  -  i .  i 


«p(  i*) 


=  o, 


c'est-à-dire  œ(#)  esi  égale  ;'■  La  somme  des  ./■  premiers  termes  delà 
série 

I    — = —    I    I    I-T-I-i-I       -    I    [+1+1-1-1+1   +   ]    .... 

l'osons  maintenant 


À  =  E 


i  +  \/S  n  +  i  N' 


8  n  +  i  \ 

S=.(=)+B(2)_,(5)_,(=)  + 
...t[.(--±i)]+t[.(^)] 


zhE 


K^=r): 


K^)> 


alors 


/(i)      ...    -/(«)  =  2[S  +  S,-a?(X)]. 


Il  est    évident   que  i  -h/(i)  +/(2)  +.  .  .-{-/(n)   est   égal   au 
nombre  des  points  à  coordonnées  rectangulaires  entières  situés  à 

l'intérieur  d'une  ellipse  dont  les  demi-axes  sont  égaux  à  \fn  et  i/-* 

L'aire  de  celle  ellipse  étant  — >   ce   sera   l'expression    approchée 

V/2 


,   T.X 


(  '  )  La  formule  o{x)  =  i  sin-  -^-  a  été  ajoutée  par  Mermitc. 


LETTRE   21.  3c 

de  /(i)  +  f  {'-'■)  4--  •  ■  +  /("  )  pour  n  très  grand.  On  en  déduit 
JL  _  ,  /  £  .  i  _  j      i      £      1 

v/a  \  i        3        5        7        9        i  ' 

Je    lie  vois  pas    encore  la   raison   de   celle  autre    formule  <|ne    VOUS 
m'avez  communiquée,  mais  je  veux  y  penser. 

Ces  derniers  mois  ne  m'ont  point  été  favorables  pour  les  élu»  les. . . 
je  vais  quitter  L'observatoire  vers  la  fin  de  ce  mois  el  je  suis  main- 
tenant chargé  provisoirement,  pendant  la  maladie  d'un  des  proie-, 
senrs  ('  ),  de  leçons  de  Géométrie  anal  \  i  ique  el  descriptive  à  L'Ecole 

Polytechnique  de  Delft J'aurais  cependant  à  dire  quelque  chose 

sur  les  intégrales  définies,  mais  je  dois  finir  cette  lettre  déjà  trop 
longue. 

Croyez-moi  toujours  votre  très  reconnaissant. 

21.  —  STIELTJES  A  HERMITE. 

Leyde,  i5  octobre  i883. 
Moin  sieur, 

En  reprenant  le  calcul,  j'ai,  en  effet,  trouvé  que  ces  deux. formules 

lA)     F(«)  =  2EV«)+  82[aE(2)+a«Bi(^)] 

-+-  iG2^[«E(/ft  —  ac)  — 2( —  i)c'cE(i/«  —  cc')J, 

!  F(n)  =  i6P-+-(— i)»8Q  — i, 
i  n 

P=y[i  +  aE(v^)]^(n-jp)> 

(B)  (  o 

Q  =2("  0'^[  ~*~  aE^)]  êfin  -p) 

0 

peuvent  aisément  se  réduire  l'une  à  l'autre. 
(')  M.  le  professeur  Van  den  Berg. 


3/j  CORRESPONDANCE    d'HERMITE    KT    DE    STIELTJES. 

Comme  on  a   ?'((>         — >  la  formule  I  l>  i  peut  se  mettre  aussi 
sous  la  forme 

n      1 

I  ;        F  i  «     -  2  E  (  \  //     -  i  f.^ 1 1  -*■  >.  K (\/7)]  5-' ( n  —  p) 

o 

n-  1 

1  '"  82  (~  ' }''  t  '  "^  2  E  ^^  *  '  '  "         r 
o 

D'un  autre  côté,  on  trouve  facilement 

VCE,^J        §     •     h(f'(4)+...4-^(r)     i  i), 

/■  étant  égal  à  ,■/  ou  à  /?  —  i,  selon  que  n  est  pair  ou  impair. 

El  |uii^. 

^  r/  E  (t  '/i  —  «c )  =2  «^ (/>  )  E  (/«T=  /'  ' 

=  2  E  ^  '  ë  '  "  —P]           (p  =  i,  a,  . . . ,  »  —  i), 
5!— (-    t)c'cÉ(y//z  —  2  ce')  =^  £•'(/?)  E(/n  —  2jp)         (/>=  i,2,3 

^zli  E(/y)^(/ï  —  ç)  (?  =  «  — 2,  n  —  4,  re  — 6, 


(  '  )  En  effet 

E,f  x)  —  E(2a?)  —  2E(o;). 
Donc 

2-.(f.)=2:-(îî)-2»"(s)— (t)î"(5)  +  ^U 

Celte  somme  est  é^ile  à 

S''(0+o-'(3)+---+S''(e" 
ou  bien  à 

g'{*)  +  g'(l)+-.'  +  6'(r)'>       /-=2E(- 


LETTRE   22.  35 

\  l'aide  de  ces  transformations,  la  formule  (  V.)  se  met  sous  la  forme 
suivante  : 

(A';  F(/i)  =  aE(Vrt)  +    8 [$-'(0      £-'(a)  -h.  .  .-4-  ^'(«.i] 

H-  i6|>'(a)   (-£■'(  ()+.%.+  $-'(/•)] 

"  l,;_2  k(v'/')a-'(/'    -/>) 

(  /'      ^  I,  2,  3,    .  .  .,  »  —  l), 

(   (n  pair       gr  =  2,  4,  6,  .  .    ,  » 

(  (  il  impair  g  =  i,  3,  5,  . . . ,  n  —  i  ). 

En  distinguant  les  deux  cas  :  n  pair,  //  impair,  on  reconnaîl  de  suite 
l'identité  des  formules  A'  et  B'. 

En  vous  communiquant  ce  calcul,  j'espère  ne  vous  point  impor- 
luiMT.  I)n  reste,  les  remarques  que  j'ai  faites  à  l'occasion  des  for- 
mules que  vous  avez  bien  voulu  me  communiquer  ne  méritenl 
point  de  figurer  dans  un  Mémoire  que  vous  vous  propose/,  de  faire 
para  lire. 

Le  peu  de  temps  que  je  peux  consacrer  à  l'étude  ne  me  permet 
point  de  faire  quelque  chose  qui  vaut  la  peine  et  parfois  je  crois 
que  ce  serait  plus  sage  d'y  renoncer  tout  à  fait. 

Cependant  j'éprouverai  toujours  un  vif  sentiment  de  reconnais- 
sance en  me  rappelant  l'accueil  si  bienveillant  que  vous  avez  bien 
\oulu  faire  à   votre  très  dévoué. 


Mon 


22.  —  H  ERMITE  A  STIELTJES. 

Paris,  i5  octobre  iS83. 
SIEUR, 


En  vous  informant  que  la  suite  et  la  fin  de  votre  Note  sur  l'éva- 
luation approchée  des  intégrales  sont  dans  le  numéro  des  Comptes 
rendus  que  je  viens  de  recevoir,  je  prends  la  liberté  de  vous  de- 
mander une  nouvelle  Communication  pour  l'Académie.  C'est  à 
mon  tour  de  ne  pas  réussir  à  deviner  certaines  combinaisons  ana- 
lytiques; il  ne  m'a  pas  été  possible  de  voir  comment  vous  êtes  par- 
venu à  l'expression  de  la  somme  f(x)  -{-f(i)  -(-.  .  .-\-f(n)  où 
f(n)    désigne  le  nombre  des   représentations  de   n    par  la   forme 


36  CORRESPONDANCE     P  HERMITE    ET    DE    STIELTJES. 

/  ■-'  -M'-'.  Mais  votre  résultat  ni  intéresse  exl  reniement  el  mé 
semble  si  remarquable  que,  dans  l'intention  d'être  agréable  aux 
amis  de  l'Arithmétique,  je  viens  vous  prier  de  publier  dans  les 
Comptes  rendus  la  Note  extraite  de  votre  dernière  lettre,  que  j'ai 
transcrite  sur  une  feuille  détachée  afin  < j i m •  vous  puissiez  \  faire 
les  changements  qui  vous  conviendront.  Et,  puisque  les  mêmes 
questions  qous  plaisent  également,  je  prends  la  liberté  de  vous 
communiquer  mu-  la  fonction  que  vous  appelez  g'(x),  el  qui  esl 
désignée  par  '^(n)  dans  les  F  un  damenta,  une  transformation  sem- 
blable à  celle  qui  concerne  E(-)  — E(-]-f-E(-) — .  ..  el 
permettant  de  calculer  rapidement  la  somme 

•lM 'il)  =  ç(l)-|-(f(2)+...-H  Epi  n  I, 

c'est-à-dire 

_,  /  n  -+-  i  \        „  „  /  n  —  3  \        .  _  /  n  —  ">  \ 
•  (»)  =  B(-ï-)+ïK(-3-)+5B(-7j-;-H.... 

J'introduis,     dans    ce    but,    en    outre    des     fonctions    E('.r)     et 
E(  '  c  I        El '  >x)  —  2E(#),  la  fonction  suivante,  à  savoir  : 

Elle  donne  d'abord,  en  effet,  cette  expression  : 
•  <»)=       Un-±±)+EJ^)+E3 


6 


,«,(-=i).^(»^l) 


3  \        v   f  n  —  5 


où  nous  voyez  que,  dans  la  première  ligne,  le  nombre  des  termes 

n  —  i  ,  ,  in-  -i  n  -+-  3     T     , 

est -et,   dans  la  seconde,    1  entier  compris  dans  — ; —  Je  le 

2  l  b 

réduis  à  l'entier  contenu  dans\//i  en  distinguant  deux  cas,  suivant 
qu'il  s'agit  de  la  somme 

p(3)-+-?(7)-4-?(ii)h-...+  T(4»-i) 

ou  bien 

cp( i)-t-<p(5)-t-o(/i)  -+-... -H  «p (4 n-\ri). 

C'est  la  première  qui  donne  la  formule  la  plus  simple  ;  j'obtiens. 


LETTRE  22.  '■'>- 

en  effet,  pour  cette  somme,  la  quantité  suivante  : 

H><("-E'(^-M-5-H'(^)--l 

Vous  avez,   Monsieur,  très  heureusement  exprimé  par  la  formule 

8  [a  -+-(— i)»]  <p(n), 

dont  l'idée  ne  m'était  jamais  venue,  le  nombre  des  représentations 

de  11  par  une  somme  de  quatre  carres,  et  je  mettrai  à  profit  votre 
expression  dans  mes  recherches.  La  fonction  sommaloire  m'a  con- 
duit à  introduire  la  quantité  ainsi  définie  (')  : 

E3(a?)  =  E(a?)E, 

et  je  trouve  en  faisant  pour  abréger  <l  (n)  =  [3  -(-( —  •)"]?  (  " 
les  équations  suivantes  : 

<|/(i)  -+-  d/(2>-H. .  ,-4-(J;(n) 

=.w+.i(;)+»(î)+... 

..,,(=)  ^(?)+]îi(? 

+  b,/îUe,/?Ue 


mais  bien  des  calculs  me  restent  encore  à  faire  pour  arriver  à  trans- 
former la  somme  <i(i)  +  ^(2)  +•  •  • +~  'K'O  de  la  même  manière 
que  <?(3)  +  <f  (;)  4-.  .  .+  cp(4n  —  i). 

Je  ne  puis  douter  que  vous  n'arriviez  à  démontrer  mes  formules 
pour  la  somme  f(i)  -h /'(a)  -f-,  .  .-\-f(n)  en  suivant  la  voie  que 
vous  m'avez  indiquée.  Beaucoup  d'autres  doivent  s'y  ajouter,  et 
je  m'occupe  de  les  réunir,  mais,  chemin  faisant,  je  suis  revenu  à  la 
fonction  F(/i)  exprimant  le  nombre  des  représentations  de  n  par 
une  somme  de  trois  carrés.  On  a  alors 

F(i)  +  F(2)-H...-HF(n)  =  2E(v/«)-f-Z<p(c)[i  -f- E(v/«  —  c)], 
(  '  )  Voir  la  note  de  la  page  44- 


28?219 


3S 


CORRESPONDANCE    IUIEUMITE    ET    DE    STIELTJES. 


en  supposant  que  cp  (c)  soil  le  nombre  des  représentations  de  c  par 

une  somme  de  deux  carrés  el  qu'on   prenne  c  =  i,  2,  3 //. 

C'esl  sous  une  forme  toute  pareille  que  peul  se  mettre  la  fonction 
sommatoire  du  nombre  des  décompositions  en  cinq  carrés. 

Je  souhaite  vivement.  Monsieur,  que  les  devoirs  d'enseignement 
auquel  vous  êtes  appelé  vous  laissent  assez  de  loisirs  pour  songer 
à  l'Arithmétique.  Permettez-moi  de  vous  demander,  lorsque  vous 
me  retournerez  votre  Note  ci-jointe,  si  l'Ecole  Polytechnique  de 
Délit  est  ù  la  fois  civile  el  militaire,  comme  notre  Ecole  Poljr 
technique,  quelle  est  la  durée  des  études  et  quelles  sont  les  matières 
de  l'enseignement.  En  vous  remercianl  de  vôtre  intérêt  pour  ma 
>mié  qui.  suis  être  parfaite,  ne  met  cependanl  pas  obstacle  à  mon 
travail,  je  vous  prie,  Monsieur,  de  recevoir  la  nouvelle  assurance  de 
ma  haute  estime  et  de  mes  sentiments  bien  sincèremenl  dévoués. 

23.  —  STIELTJES  A  HERMITE. 

La  Haye,  17  octobre  1  Sv  ; 
Monsieur, 

Il  semble  bien  «[im  la  manière  que  j'ai  suivie  pour  arrivera  votre 
1  ransformal  ion  de 


t=«(=)-.(»)+B(?)_E(5; 

diffère  de  celle  que  vous  avez  employée.  Je  forme  le  Tableau 


\ 


I  '  .        J .        4 ,         )  j        (  i . 

1.    2,     ;.     j.    "),    6,    7. 

I .     ■>.      ! 


I.      '.      i, 


r,  1,   ....    Ë 

'•  ' 


2/7  —  1 


...    n 


*")• 


::.":• 


LETTRE    '2'.).  ', 

La  somme  de  ions  les  nombres  de  ce  Tableau  sera  égalée  .e  si 
l'on  a  eu  soin  de  changer  1rs  nombres  de  la  première,  troisième  el 
cinquième  ligne  horizontale  en  -\  i,  ceux  de  ta  deuxième,  < ) 1 1 ;i - 
trième  el  sixième  ligne  horizon  lu  le  en        i .  I  >e  pins,  si  l'on  désigne 

par  c(/  )  -    E(       —  j  le  nombre  des  nombres  impairs  i .  3,  5,  - .  . .  . 


qui  ne  surpassenl  pas  t  (iétanl  entier  ou  non),  on  voil  facilement  que 
la  première  ligne  verticale  contient  e(--)  =E(—        ]  nbres, 

la  seconde  ligne  verticale  en  contient  e(— )  =E(  — - —  )i  la  troi 

sième  e  (  ^  )  —  E(      .      )*   etc.    Soit   encore  f(x)  la  somme  des 


.  3  /  \     6 

x  premiers  termes  de  cette  série 

I  —  I  -H  I  —  I  — f—  I  —  l  +  i  —  H- .  .  . , 

en  sorte  que  la  somme  des  nombres  de  la  y/,n"    ligne  verticale  est 

Considérons  maintenant  votre  nombre  A  : 

«.  y/8/t  -+- 1  -t-  i  ^ 

A  -+-  e  =  -      — - —  —  >  o  S  e  <  i , 

4 


2  A  -+- 1  e  —  i  = 


-\ 


d'e 


donc 


'2  X  —  2  £  —  i 

À  +  £    2ï    X, 

X  -+-  E  <  X  - 


2X  —  r 

n 

2X  -+- 1 


Efe)^ 

v2À  +  l/ 


c'est-à-dire  la  Xième  ligne  horizontale  contient),  nombres  au  moins, 
laÀ+  iièrae  en  contient  A  au  plus.  Maintenant  on  pourra  obtenir  la 
somme  de  tous  les  nombres  de  (A)  (après  le  changement  indiqué 
en  ±1)  en  prenant  d'abord  les  À  premières  lignes  horizontales; 
cela  donne 

=  e^)_e(!)+...±e(^ 


4o  CORRESPONDANCE    D  HERHITE    ET    DE    ST1ELTJES. 

puis  on  prendra  les  X  premières  lignes  verticales  :  cela  donne 

*.f[.(-±i)]....+,[.(-i)]. 

(  )n  aura  maintenant  compté  deux,  fois  les  nombres  qui  sonl  écrits 
dans  un  carré  avec  If  côté  '/.  ;  il  faut  encore  retrancher  leur  somme 
qui  esl  égale  à 7.cp(X);  donc 

J/_=S  —  S,-    Xo(X). 

Cela   no  diffère  pas  essentiellement  de  la  formule  que  vous  avez 
obtenue. 

Le  même  raisonnement  s  applique  pour  transformer  l'expression 


«(îH(s)-b(S)-e(S 


avec  cette  seule  différence  que  v(x)  sera    maintenant  la  somme 
des  x  premiers  termes  de  la  série 


i—i — i — i 


\  ous  voyez  donc  bien.  Monsieur,  combien  fut  simple  l'applica- 
tion de  votre  transformation  à  ce  nouvel  exemple 


"(tK«(ï)-«G)-«(7> 


dès  que  j'avais  trouvé  la  démonstration  que  vous  venez  de  lire  de 
votre  formule. 

Je  suis  trop  pressé,  en  ce  moment,  pour  ajouter  encore  d'autres 
développements.  L'Ecole  Polytechnique  de  Delft  est  une  école 
civile;  tous  nos  ingénieurs  civils,  des  mines,  etc.,  sortent  de  cette 
école.  Dans  les  deux  premières  années,  les  élèves  ont  à  suivre  des 
cours  d'  analyse,  de  Géométrie  analytique  et  descriptive.  La  Méca- 
nique fait  partie  du  cours  des  deux  dernières  années,  le  cours 
complel  comprenant  quatre  années.  En  arrivant,  les  élèves  pos- 
sèdenl  les  éléments  de  la  Géométrie  descriptive,  mais  ils  n'ont 
point  de  notion  encore  de  la  Géométrie  analytique  et  de  l'Analyse. 

Je  ne  trouve  rien  à  changer  à  la  Note  que  vous  avez  bien  voulu 
transcrire,  et  qui  pourra  paraître  dans  les  Comptes  rendus  si  cela 
vous  parait  utile.  \  euillez,  encore  cette  fois,  recevoir  les  remercî- 
ments  de  \  otre  très  dévoué. 


LETTRE   24.  41 

P.  S.  —  Veuille/,  bien  adresser  mes  Lettres  encore  ;'i  Leyde; 

ordinairement    elles    nie    parviendront    ;nnsi    |  »  1 1 1  s   tôt.    Vous   aurez 

bien  remarqué  que  je  n'avais  point  encore  reçu  votre  dernière  lettre 
quand  je  \<uis  adressais  ma  Lettre  du  [5  octobre. 

24.  —  Il  ERMITE  A  STIELTJES. 

Paris,  ni  octobre  1 883 . 

MONSIEUK  , 

La  démonstration  que  vous  venez  de  me  communiquer  de  ma 
transformation  de  la  somme 


t="(")-«(s)+" 


m'a  fait  le  plus  grand  plaisir,  et  mon  intention,  qui,  j'espère,  ne  vous 
contrariera  pas,  sera  d'insérer  votre  lettre  du  17  octobre  dans  mon 
travail,  en  disant  que  vous  me  l'avez  adressée  en  réponse  à  la 
communication  de  l'énoncé  de  ma  proposition.  Les  méthodes  en 
Arithmétique  sont  loin  de  se  présenter  aussi  variées  et  aussi  nom- 
breuses qu'en  Analyse,  et  je  ne  puis  m'empêcher  de  croire  qu'il 
sera  utile  de  donner  pour  parvenir  aux  mêmes  conclusions,  deux 
procédés  très  différents,  surtout  Lorsque  Le  vôtre  s'applique  à  des 
questions  que,  par  le  mien,  je  ne  puis  aborder.  En  effet,  Monsieur, 
je  suis  moins  que  vous,  vir  arithmeticus,  comme  dit  Jacobi  :  je 
ne  fais  que  recueillir  chemin  faisant,  dans  le  champ  des  fonctions 
elliptiques,  quelques  résultats  faisant  suite  au  n"  40,  p.  io3  des 
Fondainenta,  et  mon  travail  s'intitulera  par  conséquent  :  Sur 
quelques  nouvelles  applications  à  V Arithmétique  de  la  théorie 
des  fonctions  elliptiques.  Je  compléterai,  si  vous  voulez  bien,  en 
ce  qui  concerne  les  nombres  l\n  4-  1 ,  ce  que  je  vous  ai  précédem- 
ment dit  sur  la  somme  des  valeurs  de  la  fonction  ©(5?)  où  o[x)  est 
la  somme  des  diviseurs  impairs  de  x,  en  considérant  les  nombres 
in  -+-  3. 
Soit 

V ' \n  ■+-  H- 


je  distinguerai   deux  cas  suivant  que  4^-!-5   est  différent  d'un 


I<  CORRESPONDANCE    d'hERMITE    ET    DE    STIELTJES. 

carré,  ou  bien  égal  à  un  carré.  <  )n  a  dans  le  premier,  La  formule 

i .    '.  3 À  —  i)  ; 

dans  le  second  cas,  le  terme  algébrique  se  modifie,  el    j'obtiens 
alors 


.ii.       v ,  -,        ...      -r    | j  /,       i  )  -  -^ 


i: 


; 


), 


Mais  \<>>  devoirs  à  I  École  Polytechnique  \<mi  réclamer  toul 
votre  temps  e't,  comme  je  le  fais  moi-même,  vous  allez,  Monsieur, 
renoncer  aux  recherches  pour  ue  songer  qu'à  mis  leçons.  Je  vois 
que  l'Ecole  de  Delfl  ressemble  bien  pins  à  notre  École  Centrale 
<|n  à  I  Ecole  Polytechnique,  pour  son  objet,  comme  pour  I  ensei- 
gnement (|ni  \  est  donné,  el  c'esl  en  vous  remercianl  des  détails 
que  \nih  avez  eu  la  bonté  de  me  donner  pour  satisfaire  à  ma 
curiosité  que  je  vous  renouvelle  l'expression  de  ma  pins  haute 
estime  el  de  mes  sentiments  bien  dévoués. 


25.   -   ff ERMITE  A  STIELTJES. 

Paris,  2  '|  octobre  i883  . 


M.» 


sur  i; . 


Les  théorèmes  que  vous  venez  de  me  communiquer  sur  la 
somme  des  valeurs  il»'  la  fonction  /'•  n  i  pour  les  valeurs  de  //  qui 
sonl  i  ou  =  5  mod8,  m'onl  pain  >i  intéressants  que  je  n'ai  pu 
m'empêcher  de  donner  à  l'Académie  les  résultats  auxquels  vous 
»dcs  parvenu,  ainsi  (pic  ceux  qui  concernenl  la  fonction  o\  ri).  \  ous 
ne  serez  point  mécontent,  je  l'espère,  de  trouver  dans  le  prochain 
numéro  des  Comptes  rendus  les  énoncés  de  vos  théorèmes  con- 
tenus dans  votre  lettre  du  20  octobre,  en  même  temps  que  votre 
proposition  sur  la  somme  des  nombres  de  représentation  de  n  par 
la  forme  x- -  ',)'"•  "  me  paraîl  hors  de  doute  que  vos  méthodes. 
qui  permettenl  de  démontrer  les  résultats  tirés  des  formules  de  la 
théorie  des  fonctions  elliptiques,  vonl  plus  loin  et  donnent  des 
résultats  entièrement  nouveaux.  Les  deux  points  de  vue  auront 
donc,  à  La  fois,  un  domaine  commun  et  des  domaines  distincts,  par 


LETTRE    25.  43 

exemple,  en  ce  qui  concerne  la  théorie  des  formes  quadratiques  de 
déterminants  négatifs.  En  particulier,  pour  les  déterminants  —  D, 
lorsque  I)  3  mod8,  la  théorie  des  fonctions  elliptiques  con- 
duit à  introduire  la  fonction  numérique  qui,  à  L'égard  d'un 
nombre  »~3mod  {,  représente  l'excès  du  nombre  de  ses  divi- 
seurs 1  sur  le  nombre  des  diviseurs  3  mod  \  sous  la  condition 
que  ces  diviseurs,  d'une  espèce  et  de  l'autre,  soienl  inférieurs  à  ^  n. 
l'osant  donc 

«!>(»)  =  S(— 1)   » 

où  a?  représente  tous  les  diviseurs  de  n  moindres  que  sa  racine 
barrée,  et  désignant  par  F(N)  le  nombre  des  classes  proprement 
primitives  de  déterminant  — N,  on  a  [tour  La  somme 

F(3)~F(ii)-h...--F(n) 
où  n  =  3  mod 8,  la  valeur 

4»(3)-+-4<(ii)-H...-t-«l;(n) 

+  a2^(*)E(ii/iT=r*)-aV4'(OE(i^^:=rï+i)- 

Il  faut  prendre,  dans  les  sommes,  pour  k  et  /,  les  valeurs  : 
k=  3,  1 1 71;  /=  7,  ià,  ...,/?  —  4  ct?  relativement  à  la  fonc- 
tion '}/(«)  je  trouve  ces  formules 


2C  1 


<K3)-«K7)+...±«K4N  +  3)=2 


E, 


N  -f-  2C  —  c2 
4C  —  2 


Pour  ce  qui  concerne  la  somme  des  diviseurs  d'un  entier  impair, 
j'entrevois  dès  à  présent  que  les  formules  elliptiques  donnent  les 
théorèmes  que  vous  avez  découverts,  où  l'on  distingue  entre  les 
diverses  formes  de  n,  par  rapport  au  module  8.  Mais  déjà  sur- 
viennent des  devoirs  qui  m'obligent  d'aller  à  la  Sorbonne,  faire  des 
examens  de  baccalauréat,  et  il  faut  m'arracher  à  mes  réflexions  et 
à  mes  calculs. 

Recevez,  Monsieur,  la  nouvelle  assurance  de  ma  vive  sympathie 
et  de  mes  sentiments  de  haute  estime. 

Je  crains  de  vous  avoir  inexactement  donné  la  définition  dune 


',.',  CORRESPONDANCE    d'hERMITE    ET    DE    STIF.LTJES. 

des  fonctions  que  je  aomme  E2(#)  el  E3(#   :   permettez-moi  de 
vous  indiquer  les  expressions  exactes  qui  >«>nt 

E2(a7)    -  \\  E«(ar)     -  K(.n]  =  |E(a?)E(a7H    i 
(  '.e^  expressions  me  servent  dans  l'étude  de  la  fonction  cpi  //  1 1  '  i. 

26.  -  STIELTJES  A  HERMITE. 

Leyde,  j*  octobre  iS83. 
MONSIEI   11, 

Certainement  je  ne  suis  point  mécontent  de  ce  que  nous  avez 
communiqué  à  L'Académie  quelques  formules  que  j'ai  rencontrées 
enméditanl  sur  les  résultats  que  vous  avez  bien  voulu  me  commu- 
niquer. Mais,  comme  je  l'ai  déjà  dit,  tout  cela  est  facile;  toutefois, 
cela  met  sur  la  \oie  de  déduire  d'autres  formules  plus  difficiles. 

J'ai  consulté  de  nouveau  vos  beaux  Mémoires  dans  les  Tomes  ^  Il 
et  l\  i  2e  série)  du  Journal  de  Mathématiques,  et  je  crois  main- 
tenant être  sur  de  pouvoir  démontrer  à  ma  manière  arithmétique 
les  formules  de  M.  Rronecker  et  d'autres  qui  résultent  de  la 
théorie  des  fonctions  elliptiques.  Toutefois,  dans  mes  recherches. 
je  fais  usage  de  votre  manière  d'introduire  la  notion  de  classe, 
c'est-à-dire,  elle  est  remplacée  parcelle  du  nombre  des  formes  d'un 
système  complet  de  formes  réduites.  Pour  moi,  je  n'ai  point  de 
doute  que  ma  méthode  n'ait  pas  une  grande  analogie  (ou  peut-être 
ne  diffère  pas  essentiellement)  de  celle  que  M.  Liouville  a  suivie 
dans  ses  recherches.  Mais,  pour  le  moment,  je  n'ai  pu  consulter 
encore  que  les  deux  volumes  précités  du  Journal  de  Mathéma- 
tiques, et  je  ne  sais  pas  encore  si  M.  Liouville  n'a  pas  exposé  sa 
méthode  dans  un  autre  endroit.  Vous  m'obligerez  infiniment  en 


I  La  Note  aux  Comptes  rendus  mentionnée  au  début  de  cette  lettre  est 
insérée  dans  le  numéro  du  22  octobre  et  intitulée  :  Sur  quelques  théorèmes 
arithmétiques  (extrait  d'une  lettre  adressée  à  Hermite).  Cette  i\ote  a  trois 
pages  donl  la  troisième  contient,  avec  de  légers  changements  de  rédaction,  la 
seconde  moitié  de  la  lettre  20  du  10  octobre.  Les  deux  premières  pages  devaient 
se  trouver  dans  la  lettre  du  20  octobre,  qui  manque. 

L'expression  de  1    <  .c)  donnée  à  la  fin  du  post-scriptum  diffère  de  celle  donnée 
dans  la  lettre  22. 


LETTRE    'H>.  \:> 

me  renseignant  sur  ce  point.  En  ce  moment,  j'ai  en  effel  reconnu 
ta  source  de  plusieurs  des  ihéorèmes  de  M.  Liouville.  Mais,  en  tout 
|as,  pour  pouvoir  dire  quelque  chose  de  plus  certain  surcel  objet, 
le  devrai  Caire  une  étude  sérieuse  des  résultats  de  \l.  Liouville 
dans  leur  ensemble,  ce  que  je  n'ai  pu  faire  encore  ei  ce  que  je  ne 
pourrai  faire  dans  les  premiers  mois. 

Je  veux  ajouter  quelques  remarques  sur  vos  dernières  formules. 
En  premier  lieu,  n       3  modH.  Alors 

F(3)-4-F(ii)+...+  F(») 
=  <K3)-t-«l*(u)-+-..i-+-<K») 

+  ^^(0^(1/^^  +  !)        (1  =  7,  '5,  ....  n-  i  ,: 
clans  votre  lettre,  vous  avez  écrit,  par  une  inadvertance 

Cette  formule  est  équivalente  à  celle-ci  : 

Y(n  )  —  <b(n)  -+-  :i<\i(  n  —  4- l2)  -+-  '-*<];(  «    -  4.2.2)  -+- %ty(n  —  4-32)  -t-.  . .. 

en  ce  sens  que  l'on  déduit  immédiatement  l'une  de  ces  formules 
de  l'autre.  Mais  cette  dernière  formule  se  trouve,  sous  une  forme 
un  peu  différente,  dans  la  lettre  que  M.  Liouville  vous  a  adressée 
(t.  VII  du  Journal,  p.  43,  44)-  H  dit  :  «  Or,  je  trouve  que  ce 
nombre  (des  solutions  m  =  i2 -\-  i'2 -+•  î"2  où  i,  /',  î"  sont  impairs 
et  positifs)  s'exprime  aussi  au  moyen  de  p'(/i)[  =  <];(/*)],  par 

p'(m)  -i-  '2p'(m  —  4- l2  )  -+■  2p'(/ra  —  4  -22)  -+-  •  •  •  •  » 

M.  Liouville  dit  lui-même,  du  reste,  que  cette  formule  se  tire  aussi 
de  vos  formules. 

Quant  à  vos  formules  pour  les  sommes 

<I»(3)±<1/(7)-i-«Kii)±...±»K4N-h3), 
j'ai  reconnu  qu'on  peut  les  déduire  directement  de  la  définition 
même  de  la  fonction  fy.  Il  y  a  encore  d'autres  formules  du  même 
genre,  par  exemple, 


J6  CORRESPONDANCE    d'hERMITE    ET    DE    STIELTJES. 

(  )n  doit  avoir  des  formules  analogues  pour  la  fonction 

rf-l 

X         I)   «     d, 

tandis  que 

>/— i 

i}/(  re  )  =  2  (—  j      •    . 
par  exemple, 

ï     ;  :    "         ■     •        -     i  N  ; 

^  \        2  c  —  1 


(c  =  ï.  -.  S.  . ..), 


mais  tout  cela  esl  très  facile. 

\  mis  êtes  tellement  au  courant  dans  cet  ordre  de  recherches  que 
j'ose  vous  prier  (sans  que  cria  doive  vous  coûter  de  la  peine)  de 
vouloir  bien  tn'indiquer  si  les  formules  de  M.  Rronecker  onl  été 
l'objel  d'autres  recherches,  que  je  ne  connais  pas  encore.  Mais  il 
n'\  ,i  pas  de  bâte  :  dans  ces  premiers  mois  je  ne  puis  songer  à  des 
études  sérieuses. 

Je  vous  prie  Monsieur,  d'agréer  l'expression  de  mon  respecl 
el  de  mon  entier  dévouement. 


27.     -  H  ERMITE  A   STIELTJES. 

Paris,  5  novembre  i883. 


MON! 


Recevez  tous  mes  compliments  pour  le  beau  théorème  con- 
cernant la  décomposition  en  cinq  carres  des  nombres  N  =  5  modS. 
que  vous  m'avez  communiqué  et  que  je  présenterai  aujourd'hui 
à  l'Académie  pour  qu  il  soit  publié  dans  le  prochain  numéro  des 
Comptes  rendusi  '  I.  \  votre  lettre  j'ajoute  une  courte  Note  dans 
laquelle  je  donne  pour  le  même  objet  que  vous  avez  eu  en  vue,  la 
propriété  suivante,  qui  se  tire  des  formules  de  la  théorie  des 
fonctions   elliptiques.    Décomposons   de    toutes   les    manières  un 


(')  Entre  la  lettre  26  et  la  lettre  27,  il  existe  une  lettre  de  Slicltjes  à  Her- 
mite  cuntth.iiii  la  Noie  :  Sur  la  décomposition  d'un  nombre  en  cinq  carrés, 
publiée  aux  Comptes  rendus  du  5  novembre.  Celte  lettre  manque. 


LETTRE    27.  ^7 

entier  n       i  tnod  \  en  deux  facteurs  '/  <'i  '/'  assujetl  is  à  la  condi- 
tion  suivante  :  d'^>3d:  et  posons 

Le   nombre  des  décompositions  de   N   (en   cinq   carrés  impairs, 

à   racines   positif  es  )   sera 

|x(N)^X(N~  22)  +  X^N  —  42)      )t(N     -62)      .... 

Je  saisis  cette  occasion  pour  vous  donner  L'assurance  que 
M.  Liouville  n'a  rien  publié  sur  L'Arithmétique  en  dehors  des  nom- 
breuses Notices  contenues  dans  les  derniers  \  olumes  de  son 
Wournal  de  Mathématiques.  J'aurais  bien  préféré,  au  lieu  de 
fragments .disjecti  membra  poëtœ,  un  seul  et  unique  Mémoire 
bien  condensé,  où  le  lecteur  aurait  à  la  lois  Le  principe  et  les 
Biverses  applications  de  la  méthode.  Mais  M.  Liouville,  à  qui  j'ai 
exprimé  ce  désir,  n'a  point  voulu  le  satisfaire,  sans  doute  pour  se 
réserver  à  lui  seul  la  récolle  plus  complète  de  toutes  les  consé- 
quences de  sa  découverte  première.  Sur  ce  même  sujet,  vous  trou- 
verez dans  les  Comptes  rendus  une  ou  deux  Notes  du  P.  Joubert, 
entre  1860  et  18-0;  mais  c'est  un  géomètre  allemand  extrêmement 
distingué,  M.  J.  Gierster,  dont  les  recherches  vous  intéresseront  par 
leur  importance.  M.  Gierster  a  suivi  la  voie  ouverte  par  M.  Kro- 
necker,  et  ce  m'est  un  regret  de  n'avoir  pu,  à  cause  de  l'allemand, 
lire  et  étudier  ses  travaux  qui  me  semblent  extrêmement  remar- 
quables. Cette  difficulté  n'existant  pas  pour  vous,  permettez-moi, 
Monsieur,  de  vous  adresser  un  exemplaire,  que  l'auteur  a  eu  la 
bonté  de  m'envoyer,  de  l'un  de  ses  Mémoires,  et  que  vous  pourrez 
conserver  aussi  longtemps  qu'il  vous  sera  utile.  Vous  trouverez,  en 
consultant  la  table  des  matières  des  Mathematisehe  Annalen, 
ses  autres  publications  sur  ce  sujet;  mais  j'ai  lieu  de  penser  que 
c'est  celle  que  je  joins  à  ma  lettre  qui  est  La  plus  étendue  et  la  plus 
importante. 

En  vous  souhaitant,  avec  la  continuation  de  vos  succès,  un  bon 
courage  pour  mener  de  front  le  travail  de  recherches  avec  les 
leçons  et  les  devoirs  d'enseignement,  je  vous  prie,  Monsieur,  de 
recevoir  la  nouvelle  assurance  de  ma  plus  haute  estime  et  de  mes 
sentiments  bien  sincèrement  dévoués. 


CORRESPONDANCE    d'HERMITE    ET    UE    STIELTJES. 

28.        STIELTJES  A   III  .11  Ml  II  . 

Leyde,  6  novembre  i883. 

MONSIET   l;. 

\  ous  m'avez  fail  un  très  grand  plaisir  par  La  communication  de 
votre  formule  pour  la  décomposition  d'un  nombre  8 k  -h  5  en  cinq 
carrés,  formule  beaucoup  plus  cachée  <pir  celle  que  j'ai  donnée. 
En  effet,  le  raisonnement  qui  m'avail  donné  ma  formule  était  assez 
compliqué  et  curieux,  ce  qui  m'avail  empêché  «le  reconnaître  le 
véritable  caractère  de  ma  formule.  Maintenant,  j'ai  reconnu  que 
cette  formule  peut  se  démontrer  d'une  manière  assez  simple,  <i  l'on 
peut  établir  un  grand  nombre  de  formules  analogues  pour  La 
décomposition  en  '>.  5,  -  carrés  impairs;  mais  dans  toutes  ces  for- 
mules  entrent  seulement  les  fonctions 


^>=2(VH      +.(»>=2(-r)*. 


m  impair,  <l  parcourant  les  diviseurs  de  m. 

Ces  fonctions  jouissent  toutes  de  la  propriété  exprimée  par 

F|  m)F(n)  =  F( mu  ), 


m  et  //  étant   premiers  entre  eux.  Mais  elles  ne  sont  point  de  la 

ure  s 
velle  y. 


nature  singulière  de  votre  fonction  6  et  de  cette  fonction  non 


/.  '  "  '  =  y  i  <  »  d  —  (?'<■         d'  >  3  d.         n  =  dd' 

que  \ <m>  a\ i7,  introduite. 

Parmi  les  résultats  auxquels  je  suis  parvenu  il  y  a  quelque  temps 
il  en  reste  cependanl   un  qui   me  parait  avoir  plus  d'intérêt.  Le 

\<iiei   : 

Soil  n  :  S/.-  ±  3,  F(/i)  le  nombre  des  classes  pour  le  détermi- 
nant //.  excluant  les  formes  avec  les  coefficients  extrêmes  pairs 
tous  les  deux.  Mors 

2F(n  —  8r*)  =  —  %&(n)        (r  =  o,±i,±  2,  ...),• 


LETTRE    29.  49 

$'(«)  est  la  fonction  de  M.  Kronecker 


«,.„,  2(1)". 


cl  parcourant  les  diviseurs  de  n. 

Cette  formule,  en  effet,  no  semble  point  rentrer  dans  les  formules 
données  par  M.  Kronecker,  tandis  que  la  sommation  s'effectue 
encore  par  cette  fonction  simple  <ï>'(/i).  Dans  les  Monatsberichte 
de  187;"),  p.  2a3-236,  M.  Kronecker  a  donné  de  nouvelles  relations; 
mais,  comme  il  le  remarque,  dans  ces  nouvelles  formules  il  entre 
des  fonctions  arithmétiques  plus  compliquées,  en  sorte  qu'il  reste 
toujours  encore  possible  que  ses  anciennes  formules  soient  les 
seules  où  entrent  seulement  ces  simples  fonctions  arithmétiques, 
qui  ne  dépendent  que  de  la  totalité  des  diviseurs  d'un  nombre. 

J'ai  communiqué  cette  formule,  il  y  a  quelques  jours,  à  M.  Kro- 
necker, mais  je  ne  sais  pas  encore  son  opinion  là-dessus. 

Je  vous  suis  extrêmement  reconnaissant  pour  l'envoi  du  Mémoire 
de  M.  Gierster  qui  ne  m'était  point  connu.  Mais  je  ne  pourrai  l'étu- 
dier, comme  il  le  mérite,  dans  le  premier  temps,  en  sorte  que  je 
devrai  faire  usage  de  votre  permission  de  le  conserver  assez  long- 
temps. 

Veuillez  bien  agréer,  Monsieur,  l'expression  de  mon  profond 
respect  et  de  mon  entier  dévouement. 


29.    -  II ERMITE  A   STIELTJES. 

Paris,  9  novembre  i883. 
Monsieur, 

Un  deuil  de  famille  m'oblige  de  quitter  Paris;  permettez-moi, 
avant  de  partir,  de  vous  demander  si  vous  voudriez  bien  rédiger, 
pour  les  Comptes  rendus,  une  Note  contenant  les  résultats  que 
vous  venez  de  découvrir,  pour  la  décomposition  en  3,  5  et  7  carrés 
impairs.  Je  ne  puis,  par  mes  moyens,  d'aucune  façon  aborder  le 
cas  de  7  carrés,  et  ma  méthode  ne  me  conduit  aucunement  à  vos 
fonctions  '!>„,  à , ,  <b.,-  vous  rendrez  donc  service  à  ceux  qui  aiment 
l'Arithmétique,  en  annonçantdes  théorèmes  entièrement  nouveaux 
et   d'un    grand   intérêt.    Joignez-y,    Monsieur,   cette    proposition 

4 


DO  CORRESPONDANCE    D  IIERMITE    ET    DE    STIELTJES. 

SF(/J  S/-  — j$'(/i  I  qui  tient  aussi  à  des  principes  différents 
de  ceux  que  j'ai  employés,  el  qui  doivent  avoir  une  grande  puis- 
sance. A  mon  retour,  j'ajouterai  quelques  remarques  à  ce  que  je 
vous  ai  déjà  dil  de  La  fonction  %(n);  en  l'employant  pour  toutes  les 
valeurs  impaires,  el  les  valeurs  paires  divisibles  par  \,  de  n,  elle 
donne  le  nombre  des  décompositions  d'un  entier  quelconque  en 
'.  .  ,11  rés. 

Croyez.  Monsieur,  à  mes  meilleurs  sentiments  d'affection  et  de 
haute  estime. 

30.  —  STIELTJES  A   IIERMITE. 

Le) de,  12  novembre  i883. 
Monsieur, 

En  réponse  à  votre  dernière  lettre,  je  vous  adresse  ci-joint  une 
Note  contenant  un  théorème  que  je  crois  nouveau.  Ce  théorème 
s'est  offert  à  moi,  il  y  a  quelques  jours,  sans  que  cela  m'ait  coûté 
la  moindre  peine.  En  effet,  c'est  une  conséquence  si  facile  des  ré- 
sultats que  j'ai  obtenus  auparavant,  que  je  m'étonne  de  ne  l'avoir 
point  \  u  immédiatement. 

Je  n'ai  pas  encore  eu  le  .loisir  nécessaire  pour  voir  par  quelle 
formule  ce  théorème  s'exprime  dans  la  théorie  des  fonctions  ellip- 
tiques. Il  serait  intéressant  de  déduire  encore  ce  théorème  de  cette 
théorie. 

Vous  trouverez  plus  bas  les  formules  que  j'ai  obtenues  concer- 
nant les  décompositions  en  cinq  et  sept  carrés  ;  mais  peut-être  il  en 
existe  encore  d'autres,  et  je  crois  qu'il  sera  sage  d'ajourner  la 
publie  ilion  jusqu'à  ce  que  j'aurai  eu  l'occasion  de  revenir  à  cette 
recherche.  Dans  ce  moment,  d'autres  devoirs  ne  me  laissent  pas 
le  loisir  nécessaire. 

J'attends  avec  impatience,  Monsieur,  les  observations  que  vous 
m'avez  promises  concernant  votre  fonction  y(n). 

.1  espère  bien  retrouver  vos  résultats  à  l'aide  de  considérations 
arithmétiques;  cela  sera  le  premier  travail  que  je  me  propose  d'en- 
tamer. 

Croyez-moi,  Monsieur,  toujours  votre  très  reconnaissant  et 
dévoué. 


LETTRE   30.  5l 

m  impair,  m  =  dd'  : 

?î(-)=2(^)^    ♦.o»)=2(=r)*. 

F,(»  ) «  =  8 A ■  -h  5,  nombre  des  solutions  de 

n  =  a?2  -+-  jk2  -H  z"-  -+-  * 2  H-  m2  ; 

F2(n) re  =  8/  h-  7,  nombre  des  solutions  de 

ft  =  x2  +  j2+i2+  £2  _+_   M2  _|_  p?  H_  ,^2. 

#,  jk,  -2?  *>  u-i  v-,  w  positifs  impairs  : 

In  —  i2\             /n  —  32\  /«  — 52 

F,(«)  =  ?i     — ; +-  <?i     ■ — -, I  -+-  <pi 


i       /  \       ^ 


,'n —  i2\  /«  —  32\  (n —  V 

8F2(/i)  =  cp2    ___-+- <p2f 


8Fi(«)  =  cp1(n)-+-2cpi(n  —  22) -f- 2<p1(>  —  42)-!--  •  -, 
6jF-,(«)  =  <p2(/l)  H-  2cp2(/l  —  22)  +  2cp2(n  —  42)-i-. .., 

4  Ft  (  n)  —  ^i  (  «  )  -+-  2  <];i  (  n  —  8 .  i 2  )  -+-  2  ^i  (  n  —  8 .  22  )  -+-  . . . , 
48F2(rc)  =  <bi(n)-h2<\>i(n  —  8.i2)  -+-  2^2(n  —  8.22)  -t-,  .  ., 

2Fi(n)  =  <\>i  (n  —  2.  i2)  -h  ^i  (n  —  2.32)  -+-  tyi(n  —  2.52)  -+-. . . , 
24F2(«)  =  ^2(«-  —  2.12)  -i-({;.2("  — 2.32)m-^î(«  — 2-52)  + 

aSm/1  *m  nouveau  théorème  d'arithmétique. 

On  connaît  le  beau  théorème,  trouvé  par  Legendre  et  démontré 
par  Gauss,  qui  établit  une  relation  si  simple  entre  le  nombre  des 
décompositions  d'un  nombre  entier  n  =  Sk  -4-3  en  trois  carrés 
impairs  et  le  nombre  des  classes  de  formes  quadratiques  de  déter- 
minant —  n. 

J'ai  trouvé  qu'il  existe  tin  théorème  analogue  pour  tout  nombre 
entier  de  la  forme  &k  +  5. 

Désignons  généralement  par  F(/?)  le  nombre  des  classes  de 
formes  quadratiques  de  déterminant  — n,  les  coefficients  extrêmes 
étant  positifs,  et  excluant  dans  le  cas  n  =  8A"-|-3  les  formes  qui 
ont  ces  coefficients  pairs  tous  les  deux.  Alors,  n  étant  =5  (modS  ) 


CORRESPONDANCE    D  IIERMITE    ET    DE    STIELTJES. 

le  Dombre  des  solutions  de  l'équation 

n  =  x-  -+-  iyl  -+-  2  -s'2 . 

m  admettant  pour#,  r.  r  seulement  des  valeurs  positives  cl  im- 
paires., esl  égal  à  '  Fi  //  I. 

Voici  encore  deux  vérités  qui  sont  intimement  liées  à  ce 
théorème. 

Posons  pour  un  nombre  impair  quelconque  // 


?<»> =2  (£)«*, 


d  parcourant  tous  les  diviseurs  de  n.  d'  étant  le  diviseur  complé- 
mentaire, en  sorte  que  dd '  =  n. 
Uors  on  a 

Y    n  2F(n        8.1-       -  ïTi  «  —  8.22  i  +  2F1  //  —  8.3^  I       ..  .=  £©i  »  >, 

pour  n     .8k  -  -3  ou  w  =  8  A"  -f-  5  ;  el  puis 

F  (n  —  •> .  i  -  i  —  F  i [n  —  i .  3-  )  —  F  |  //  —  ■?. .  'y-  )  — .  .  .  =  l  cp  |  n), 

pour  n       8/f  •     5  ou  n  =  S/,     -  -. 

31.  —  STIELTJES  A   II ERMITE. 

Leyde,  ij  novembre  [883. 
YIoNS]  Et  R  . 

Depuis  que  je  vous  ai  adressé  ma  dernière  lettre,  j'ai  pu  consulter 
les  Disqu.  Arithm.  J'ai  vu  alors  que  le  théorème  auquel  j'ai  été 
conduil  par  des  considérations  d'une  autre  nature  est  encore  un 
simple  corollaire  de  ce  que  Legendre  a  trouvé  par  induction  el  de 
ce  que  Gauss  a  prouvé  dans  son  Vit .  292  (je  n'ai  à  ma  disposition 
que  la  traduction  par  Pouillet-Delisle,  p.  34o,-35o).  J'aurais  donc 
dû  mentionner  celle  circonstance.  Pour  le  moment,  je  ne  puis  que 
vous  prier  de  retirer  ma  Noie  et  de  ne  la  point  présentera  l'Aca- 
démie. En  effet,  Monsieur,  je  sens  bien  qu'il  faudra  attendre 
jusqu  à  ce  que  j'aurai  la  tête  libre  et  pourrai  approfondir  plus 
à  mou  aise  toutes  ces  choses,  avant  que  de  publier  mes  études. 
Voici  encore  quelques  formules  (si  vous  voulez  bien  en  prendre 
connaissance    qui  pourront  se  déduire,  sans  douté,  toutes  de  la 


LETTRE   31.  53 

même  source,  c'est-à-dire  (Je  la  relation  découverte  par  Legendre 

entre  F(n)  et  la  représentation  de  n  par  trois  carrés,. 

■i    i 

Soit  w(n)  =  S( — ■  i)  a  ,  cl  parcouranl  ions  les  diviseurs  impairs 
de  //  (n  pair  ou  impair)  et  prenons  F(/?)  toujours  dans  le  sens  de 
M.  Kroneckcr.  Convenons  encore  que,  dans  les  sommations,  il 
faudra  prendre  s  =  i ,  3,  5,  ...  el  r  —  o,  ±  i ,  ±2,  ±3,  .... 

Alors  on  aura 

n  =  i   (  mod  8  )     F(n)  =  2  Nçp  (  ■         '     )  5 
si  /?  est  un  carré,  il  faudra  continuer  jusqu'à  cp(o)=  '  ; 
n       3  (  mod8)     F(n)=     Y'f 
n  =  5  (mod8)     F(/i)  =  a^g>(  — 


/ï  —  5- 


V     4 
Encore,  «  étant  le  double  d'un  nombre  impair 

n  =  %  (mod  |)     F(«  )  =   Vo(n  —  s-  i  =  \  cp  ( —  I. 

En  distinguant,  dans  cette  dernière  formule,  les  cas  n  =  8k-\-2, 
8 A-  H-  6  et  faisant  attention  que  ®(/\k  -+-  3)  =  o,  on  pourra  écrire 


n  =  i  (mod 8)     F(»)=      // 


n  — 16/"2 


«  —  /!  s2 


»  =  6  (  mod 8 )     F(n)  =  2^tp  (  — - 

Comme  on  a  généralement 

Fi  •v-/w»  )  —  a*F(  /»  i, 

les  formules  précédentes  donnent  toujours  une  expression  de  F(«) 
excepté  seulement  dans  le  cas  n  =  /\k(Sr  -\-  ^).  Ces  nombres 
4*(8/'  +  7)  étant  précisément  ceux  qu'on  ne  peut  représenter 
par  x-  -+-j-  -\-  z2. 

A  l'égard  de  ces  déterminants  8À -(- 7,  j'ai  encore   trouvé  la 
relation 

SF(«— 16/-2)  =  {*(«)  —  *'("), 

®(n)  désignant  la  somme  des  diviseurs  de  n,  Q>'(n)  la  somme  des 
diviseurs  inférieurs  à  \/n. 


."»',  CORRESPONDANCE    d'hERMITE    ET    DE    STIELTJES. 

La  formule  VII  de  M.  Kxonecker  fait  connaître  la  somme 
2< — i)rF(n  —  i6r2),         n  =  8  A       7. 

Celte  somme  esl  une  fonction  arithmétique  de  n  un  peu  moins 
simple  que  celle  pins  haut. 

I  ..s  théorèmes  de  Legendre  doivent  donner  facilement  les  expres- 
sion- asvmptotiques  de 

F(i)  +  F(9)  +  F(i7)H-...-{-F(n)) 
F(a)  +  F(io)  +  F(i8)-t-...-HF(n  i, 
F(3)-f-F(u)  +  F(i9)+...4-F(iO, 
F(5)  +  F(i3)H-  F(ai  )-+-... -t-F(»), 

F(6)-+-F(i4)  +  F(22) -+-...+ Fi  n  . 


Ces  expressions  sont  égales  à  y^n-,  tandis  que  la  valeur  appro- 
cher de 

F(i)  +  F(2)H-...-i-F(7i) 

- 
est  huit  fois  plus  grande  et  égale  à  -Kir . 

Mais  il  ne  semble  pas  qu'on  puisse  obtenir  cette  dernière  valeur 
aussi  facilement. 

Je  suis,   Monsieur,   avec    le    plus    profond    respect,    votre   très 
dévoué. 


32. 


Monsieur, 


STIELTJES  A  HE R  M) TE. 

Leyde,  24  novembre  i883. 


Permettez-moi  de  compléter  les  formules  que  je  vous  ai  déjà 
communiquées,  et  d'indiquer,  en  même  temps,  comment  j'ai  pu 
vérifier  partiellement  ces  formules  à  l'aide  de  la  théorie  des 
fonctions  elliptiques. 

Soit,  d  parcourant  les  diviseurs  impairs  de  //. 

*(n)=2(!0rf'        dd'=n, 

^>  =  2(=^)' 
en  sorte  que  •AW(n)  est  le  nombre  total  des  représentations  de  n 


LETTRE    32.  55 

par  x2-\-  "iy--  On  a  alors  [F(/i)  toujours  dans  le  sons  de  M.  kro- 
necker] 

(À)  re=i(mod8)         2F(n  — 8r«)  =i*(n)     ■•[?(«) 

(/•  =  o,  ±i,  ±  ■?.,  ±  3,  ...), 
(B)  n  =  3,  5  (mod8)         X  F(  «  —  8/-2)  =  \  *(n) 

(/-  =  o,  ±i,  dba,  ±3,  ...'), 

(G)         n  =  3,  5,  7  (mofl8  )         SF(n  —  2s2)  =  £*(/i)-+-  {V(n) 
0  =  i,  ■'!,  5,  7,  . .  .)• 

D'ailleurs  *P(n)  —  o  lorsque  n  =  5,  7  (mod8). 
Parlons  maintenant  du  développement 

^  /         2  K  a? 

sns  =  4   >  — sinsa? 

71  *di  —  q'  (s  =  i,  3,  5,  7,  ...), 

en  différentiant  et  posant  après  x  =  -/>  on  trouvera,  à  cause  de 

en  —  =  4  / r, ,  dn  —  =  \/k  , 

2        \    1  -+-  k  2 

S"-—\         s 

À-'K2    / jy-       -ST1  (—  i)~*~sq*  „     r 

(.,    -rS/2{1-k')=2à   ^qsq     (,  =  ,,3,5,7, •••)• 

Soit,  comme  à  l'ordinaire 

8 (g )  =  1  —  27  -+-  2  y v  —  2  </9  -+-... , 

A  9  M 

%t(q  )  =  iq'*  ^  iq'*  ^  iq  k   -4- . . . 

GsCsO  =  '  +  'icH  "+"  2<?4+  2</9-h.  . .. 
on  a 

et,  changeant  ^  en  çr2. 


de  plus. 


V/^  =  9S(?), 


V/^TK 


«(?)> 


56  CORRESPONDANCE    d'HERMITE    ET    DE    STIT.LTJES. 

en  sorte  que  le  premier  membre  de  l'équation  (i)  devient 

M*(?)8î(S'«)e,(sr)1 

ou  bien,  à  cause  de 

e«(gr)   =8K?2)-61(g'2), 


(2)  [^(f-^iy^l')^^^'^^ 


—  1       .« 
(— i)     8     sq- 


J'emprunte  maintenant  les  formules  suivantes  à  M.  Kronecker 
(Monatsberichte  dér  Berliner  Akademie,  1870,  p.  229) 

(3)  j^FUn-n?"^*    =62(?)6l(gr)) 

0 

«  3 

(4)  s^F(8^'n?'"  +  ^'i]ivi. 

0 

La  formule  (4)  est  du  reste  la  même  que  celle  que  vous  avez 
donnée  dans  le  Journal  de  Liouville,  2e  série,  t.  \  II,  1862,  p.  38. 

Dans  ces  formules,  on  a  généralement 

F(n)  =  Fi  n  1; 

seulement  >i  n  est  un  cari*''  impair 

F(/i)  =  F(n )  —  {        (n  =  1,  9,  a5 ,  49i  •  •  •  )• 

Comme  on  a 

ej(jr)  =  05(gr«)  +  e*(gr»)> 

on  voit  facilement  que  la  formule  (3)  se  décompose  d'elle-même 
dans  les  deux  suivantes  : 

*  1 

0 

4V  F|  Sn  -r--jic/"  +  l  =  6S<  7  1  8|  >  72). 
0 

A  l'aide  des  formules  (3  .  1   j  ),  nous  trouverons 

^V<4«-  ny~T~_  •>2F(8n^3)7^_ 

-2^S^  (.-..3,;5,...,. 


LETTRE    32.  ~>7 

En  posant  maintenant,  avec  M.  Kronecker, 

4»'(/i)  =  2( — i)    K    d        (d  diviseur  de  n), 
le  développement  du  second  membre  de  <  5)  donnera 

.Ç 

S  *'(.<?) 72        (s  =  i,  3,  5,  ;,  .  ..)• 

La   comparaison  avec  le  développement  du  premier   membre 
donne 

n=i(mod8)  *'(/?)=       aSF(  n  —  8  r1  >, 

n  =  3  (mod8)  *'(>)  =  —  42F(n—  8/-2>  ■+-  42F(n  — 2SS), 

n  =  5(mod8)  *'(«)=       a  2  F(  «  —  8r*)  —  82  F( n  —  zs*), 

«  =  7  (mod8)  *'(«)=      42F(ra  — as2) 

(r  =  o,  ±i,  ±a,  ±3,  ...;  *  =  i,  3,  5,  7,  .  ..)■ 

Il  est  facile,  maintenant  d'introduire  la  fonction  F(n)  au  lieu 
de  F(/i);  on  trouve 

rc==i(mod8)  *'(n)  -H  V(n)  =      2SF(b-  8r2), 

>i  =  3  (mod8)  *'mi+  tf(n)  =  —  42JF(/i  —  8r2)  -h  4 l.F(n  —  a*»), 
n  =  5(mod8)  *'(n)  =      a2F(re  —  8r2)  —  82F(/i  —  a*2), 

71  =  7  (mod8)  *'(»)=       4SF(/i  —  as'). 

Ces  relations  résultent  aussi  directement  des  formules  (A),  (B), 
(G)  en  remarquant  que 

<ï>(/i)=       *'(«)         lorsque         ra=±i     (mod8.), 
«ï>(n)=  —  *'(«)         lorsque         re=±3     (mod8). 

Mais  pour  retrouver  les  formules  (A),  (B),  (G)  elles-mêmes,  il 
serait  nécessaire  de  recourir  à  d'autres  formules  de  la  théorie  des 
fonctions  elliptiques,  formules  que  je  n'ai  pas  encore  cherchées. 
Toutefois,  cela  ne  sera  pas  difficile,  probablement. 

J'ai  encore  retrouvé  quelques  relations  dans  lesquelles  les  dé- 
terminants sont  compris  dans  la  suite  3Â2 — n  ;  voici  les  plus  simples 

»-5(modnO     SF(n-  3.*)  =  ,(»)  =  "  ±  ^  _ 

«  =  7  (modia)     ïF(b  —  3/-8)  =  |ij(») 

Yi(n)  signifiant  la  somme  des  diviseurs  de  n  de  la  forme  izk  ±  5, 
diminuée    de  la   somme   des    diviseurs    compris    dans    la    forme 


58  CORRESPONDANCE    n'ilERMITE    ET    DE    STIELTJES. 

i  / /,  i.  Peut-être  <>n  pourra  obtenir  ces  formules  encore  au 
1 1 1 . •  \ < ■  1 1  île  h  théorie  des  fonctions  elliptiques,  «mi  faisanl  usage  de 
la  transformation  du  troisième  ordre  des  fondions  0;  c'est  ce  que 
je  me  propose  d'étudier.  . ..  Dans  une  de  ses  nombreuses  Notices, 
M.  Liouville  a  donné  la  relation 


**.—».■) -i  [»- (?)]2@)* 


m 

inrifl  i; 

/»  I  I  ... 

(S  —    I  ,     ).    .). 


dd 


C'est  une  formule  qui  appartienl  évidemment  à  la  même  caté- 
gorie, et  qu'il  faudra  retrou\ er. 

Voici  une  question,  Monsieur,  qui  s'est  présentée  à  moi,  à  l'occa- 
sion de  ces  études.  En  posant 

I  1  25 

Bi(x,  q  >i/'-\\\.r  —  iqK  sin3a?  -t-  iq  4  ?in5r- — ... 

on  sait  que 

0',  (o,  q )  =  2  (q *  —  3  y*  -+-  5  r/^"  —  ...)  =  8(o)  0, (o)  03  (o). 

Maintenant,  je  crois  voir  qu'il  sérail  uiile  de  connaître  de  même 

une  expression  de 

Zn'-c/"2 

en  fonction  des  8.  Quelques  formules  que  j'ai  obtenues  d'une  ma- 
nière arithmétique  nie  font  soupçonner  qu'il  existe  une  telle 
expression  de  -/t-cj"*  par  les  fonctions  f).  Mais  je  n'ai  pas  encore 
tâché  d'étudier  celle  question.  Peut-être  une  telle  expression  est- 
elle  déjà  donnée  sans  que  j'en  aie  connaissance.  Dans  ce  cas,  si  une 
telle  formule  vous  serait  connue,  vous  m'obligeriez  beaucoup  de 
m'en  avertir  quand  cela  vous  conviendra. 

Croyez-moi  toujours,  avec  le  plus  grand  respect,  votre  très 
dévoué. 

P.  S .  —  En  parcourant,  dans  ces  derniers  jours,  le  beau  Rapport 
de  M.  Smith  sur  les  progrès  de  la  théorie  des  nombres,  spéciale- 
ment dans  le  Rapport  de  1 865,  ce  qui  a  rapport  aux  formules  de 
M.  Kronecker.  j'y  ai  rencontré  cette  expression  8[2  +(—  i)w]X(«) 
pour  le  nombre  des  représentations  de  n  par  x-  -^ y-  +  -S2H-  t2. 
De  même,  la  relation 

n       7  (mod8)     2F(n  —  i6r*)  =  IÇ(n)  —  Ç(n) 


LETTRE    33. 


•>9 


que  je  vous  ai  communiquée  [(j(/&)  somme  des  diviseurs,  Ç'(n) 
somme  des  diviseurs  «<  \Jn  \  es1  une  conséquence  directe  de  deux 
formules  données  par  \l.  Smith.  Mais  probablement  celte  formule 
rentre  dans  celles  1-VIIJ  de  M.  Kronecker. 


33.  -  STIELTJES  A   HERMITE. 

Leyde,  7.5  novembre  i883. 
Monsieur, 

Permettez-moi    encore   d'ajouter  à   ma   lettre   d'hier   quelques 
remarques  sur  ces  séries  Hn-q'1'. 
En  posant 


i  —  k-  sin2cp  do, 


les  formules  de  Jacobi  ayant  rapport  aux  fonctions  de  seconde 
espèce  donnent  d'abord 


10 


—  ( k  -  e )  =  8  y  — 4g4+9y9— '6g16+--- # 

7T2  i  —  iq-\-iq'* — 2^9 —  ... 


4KE  qk->r  9^4-H  25^r  '* 

q'*^-q'*  +  q  '*  +... 
Par  le  changement  de  </  en  y4,  la  formule  (a)  donne 


=  P  =  Ss«gr*% 


(3)  g' -+- 9y9-+- 25gr25-+- 49?49  +  - •  • 

=  ILi/ï  f  ■  —  y/Â77 12  ;   y/F(i-AVF)  K 

-2  y      21T   [_  2  2 

et,  ensuite,  à  l'aide  de  (ï) 

(4)  2(4<74+  i6gr16-+-36gr36_!-.  .  .  , 

=  I  i/24[(l  +  /F)  E-  v//7(,  +  AV^)K]  =  Q  =  S^'l 
Ici,  et  dans  la  suite,  dans  les  sommations  il  faudra  prendre 


S  —  I,       o,       3,       7j        •••• 

t  =  o,     ±1,     ±4.     ±6.      


60  CORRESPONDANCE    d'hERMITE    ET    DE    STIELTJES. 

Maintenant,  on  a  encore 


(6)  Q,=  S^l=  (iH-/A')i/ 


K 


Comme  vous  voyez,  la  fonction  de  seconde  espèce  E  est  éliminée 
dans  cette  combinaison 

PQi-QP.=  -^A-V/7 
que  Ton  peut  écrire  aussi 

(7)  i622(s*-  n)qw=  ^!/v2//7=  ee|63, 

en  posant 


•  î     .«- 


0  =  1  —  iq  -\-  iq** —  2^9  — ...=  4  /  — - — 

t  T  ¥  ,  /â*K 

o2=  iq*  ->r-  iq*  -^  iq  *  -4-  .  .  .  =  4/   ^^  > 

/âK 

03=  i-i-  2#  -+-  -2q*-\-  ay9-^-.  .  .=  4  /  —  • 

Mais  on  a 

ee2e3=  ■^.('7V  —  3^*h-  )^"r>  — ...)  =  ij.(—i)~sqT 

r\ 

8»=  8  Y  F(8/i-t-  3)q~T~ 

0 

en  sorte  qu'on  obtient 

s  —  1        s-      *  8h  +  3 

o 

La  comparaison  du  développement  des  deux  membres  suivant 
les  puissances  de  q  donne  cette  relation  singulière  que  l'on  doit 
encore  à  M.  Liouville  et  dans  laquelle  N  signifie  un  nombre  impair 

(9)  ^(-i)~5F(4N-5*-j=2(s2-r2)- 

Dans  le  second  membre,  la  sommation  s'étend  à  toutes  les  repré- 
sentations de  N  par  s2-j-  t2,  ce  second  membre  s'évanouissant  si  N 


LETTRE   34.  6l 

ne  peut  pas  être  représenté  pur  la  somme  de  deux  carrés. 
Prenons  par  exemple  N  =  25,  on  a 

N  =  32      i     :4)ï=5*-f-o!, 
donc 

2(52—  f1)  =  2(9  —  16)  4-  25  =  II. 

En  effet,  on  trouve 

lF(99)  -  3F(gi)4-  ■"»  F  ( 7  3  ,  —  7F(5i) -t- yFOg), 
=  1.9  —  3.64-5-7  —  7.64-9.J  —  11. 

Pour   N         ••>.-.  on  troiiN  e 

1  Fi  ro7  i  -  3F(99)  +  5F(83)  —  7.F(59)  4- 9F(27), 
=  1.9—  3.9  +  5.9  —  7.94-9.  j  =  o. 

En  effet,  2-  n'est  pas  la  somme  de  deux  carrés. 

Comme  vous  voyez,  le  théorème  arithmétique  exprimé  par 
la  formule  (9)  est  équivalent  à  la  formule  (8);  cette  dernière 
formule  revenant  à  (-)  comme  on  le  voit  à  l'aide  de  votre  relation 


Veuillez  m'excuser  si  j'ai  demandé  trop  de  votre  attention,  mais 
je  craignais  ne  pas  m'ètre  exprimé  assez  clairement  sur  ce  que  je 
me  proposais  en  parlant  des  séries  Hn2qn*.  La  formule  (7)  est  une 
de  celles  dont  j'avais  pressenti  l'existence.  Croyez-moi  toujours, 
avec  le  plus  profond  respect  votre  très  dévoué. 

34.  —  H  ERMITE  A  ST1ELTJES. 

Paris,  27  novembre  i883. 

Monsieur, 

Je  m'empresse,  en  revenant  à  Paris,  de  vous  accuser  réception 
<lc  nos  communications  du  24  et  du  20  novembre,  dont  j'ai  fait 
l'étude  avec  le  plus  grand  soin  et  avec  le  plus  grand  plaisir.  Les 
théorèmes  contenus  dans  les  relations  (A),  (B),  (C)  sont  extrême- 
ment intéressants  et  l'analyse  par  laquelle  vous  établissez  en  partie 
ces  relations  au  moyen  des  développements  de  la  théorie  des 
fonctions  elliptiques  me  prouve  que  les  méthodes  dont  j'ai  fait 


Q2  CORRESPONDANCE    D  HERMITE    ET    DE    STIELTJES. 

dans  mes  recherches  sur  ces  questions  vous  sont  bien  fami- 
lières. \  ous  allez  même  bien  an  delà,  car  il  ne  m'est  jamais  arrivé 
de  rencontrer  des  déterminants  de  la  forme  '■>/,  -  —  n,  ni  la  fonction 
numérique  r\(n)  auxquels  vous  avez  été  amené.  Mais  les  détermi- 
nants compris  dans  la  formule  n —  8/-2  que  vous  considérez  si 
souvent  s'offrent  continuellement  aussi,  sous  mon  point  de  vue. 
Je  vienSj  par  exemple,  de  remarquer  qu'en  désignant  par  F(/i)  le 
nombre  des  solutions  «le  l'équation  x'2-  v-  z-  n,  lorsqu'on 
suppose  ./■  impair,  y  divisible  par  deux,  et  s  par  quatre,  si  l'on 

<!  —  \ 

continue  de  représenter  par  cpi  n  <  la  somme  1  [)  2  ,  où  d  par- 
court tous  les  diviseurs  de  /?,  qui  actuellement  est  impair  et 
=  i  (mod  j ),  on  a  la  formule  suivante 

n-  l  (n  — S) 


F(n')  =  (— i)       3-        a2(—  iYf(n  —  8r*)        (r  =  o,  d=i,  ±  i,  . .  .). 

Votre  méthode  pour  parvenir  à  la  relation 

K3         ,— 
PQl_QP1=  —  k*fk 

17Z6 

d'où  \  ous  concluez 

i622(s2—  **)gr*'+*s=  00:  8  . 

est  forl  belle,  et  c'est  également  un  excellent  résultat  que  d'avoir 
rattaché  à  la  théorie  des  fonctions  elliptiques  le  théorème  si  remar- 
quable découvert  par  M.  Liouville.  Mais  je  ne  puis  en  rien 
satisfaire  à  votre  demande  relativement  aux  quantités  Hn2qn*]  j'ai 
remarqué  seulement  que  l'on  a 

S»'g"'=e»(g)^(lHf'a)i  '"       1,3,5,...), 

S2a»gT=  6,(g)  [i  +  8  y]  (i  _J*  6)2]  '>=■>■  1,6,  ...). 

\  euillez,  Monsieur,  m'excuser  de  ne  vous  rien  dire  sur  la 
fonction  '/(/?)?  inon  travail  arithmétique  ayant  été  interrompu  par 
les  circonstances  qui  m'ont  appelé  dans  ma  famille  de  Lorraine, 
mais  vous  ne  perdrez  rien,  j'espère,  pour  attendre  un  peu.  En  vous 
priant  de  vouloir  bien  me  faire  savoir  s'il  vous  convient  que 
la  partie  essentielle  de  vos  deux  lettres  soit  publiée  dans  les 
Comptes   rendus,   comme   les   précédentes,  je   vous  renouvelle. 


LETTRE   35.  63 

Monsieur,  avec  l'expression  de  ma  plus  haute  estime  pour  votre 
beau  talent,  l'assurance  de  mes  sentiments  bien  dévoués. 


Mo  Ni 


35.  —  ST1ELTJES  A  HERMITE. 

Lcyde,  27  novembre  i883 


Comme  les  remarques  suivantes  concernent  encore  l'appli- 
cation de  la  théorie  des  fonctions  elliptiques  à  la  théorie  des 
nombres,  j'espère  que  vous  voudrez  bien  les  considérer  avec  indul- 
gence. 

En  premier  lieu,  je  trouve,  par  un  calcul  qui  n'offre  point  de 
difficulté, 

V\?  /    .  .        ....  1       &Vk'K* 

en  2d2ti{  —  ^y^x'xy)(ixy"=  — —3 — 

(x,y  =  0,  ±i,±a,  ±3,  ±4,  ..  .  1 
ou  bien 


Mais  on  a  : 


S  —  1  .ï5 


0(7s)8ï(y2)03(grî)  =  *2(—  l)  '  sqi         (s  =  1,  3,  5,  7,  9,  . . .  ), 

°°  1 

0 
donc 

2S  —  \         £_2      "  \ 

(—1)   2    i?2YF(/}n  +  2)r/"+2 

0 

=  \]  'V(—  ()->'(>2—  1  y2)  gr**+«r*. 

On  en  tire  ce  théorème,  dans  lequel  N  désigne  un  nombre  entier 
(positif)  quelconque  : 

s  — 1  NIN  — 1| 

(3)  a2|(-i)"*F(4N—  a*»)=(— 1)     2      2(ar"~vl) 

(s  =  i,3,5,  7,  ...), 

la  sommation,  dans  le  second  membre,  ayant  rapport  à  toutes  1rs 
solutions  de 

N  =  x%-\-  iy-,        x,y  =  o,  ±1,  ±2,  ±  3,  . . .; 


64  CORRESPONDANCE    d'hERMITE    ET    DE    STIELTJES. 

le  second  membre  étant  égal  à  zéro  s'il  n'existe  point  de  représen- 
tation de  N  par  x2  +  iy2.  Par  exemple. 

N  ■  N  -  1 1 

N=a5,        l'y  =  (±  5)*-4-2.  o2:        i  — n     2     S(;r2—  27*)  =  2.25, 
2[F(98)  —  3F(82  H-  >F|  5o)  — 7F(a)l  =  2(9  — 3.4  4-  3.;  —  7. 1)  =  2. 25. 

•  \         ii.         pas  de  représentation  par  cc2-+-  iy'2, 

F(ioa  1—  .1'  86         )Fi  m  1  -  7F(6)  =  .j  —  3. 10  4-  5.8  —  7.2  =  o. 

N       27,         27  =  (±3)"-Ha(±3)«  =  f±  5(2  —  21  ±  D2: 

(— 1)     2     s(a?2—  2JK2)  =—  i[9  —  18  —  25  —  2]  =  —  56, 
2|  Fi  ro6  1  —  3  F  90         ï  F    58    -  7F1  10)] 

=  2(6  —  3.io-t-  5.2  —  7.2)  =  2( —  28)  =  —  56. 

J'avais  d'abord  obtenu  la  relation  (3)  par  des  considérations 
arithmétiques;  c'est  en  réfléchissant  sur  cette  formule  que  j'ai  eu 
l'idée  d'introduire  ces  séries  Hn2qn>.  Voici  encore  une  autre  for- 
um le  du  même  genre  : 

N  =  3  (mod8),     aVl-i     -  â~sF("  ~S    )  =  1  —  1 i~~*~  V  (x-  —  -îj2) 

(s  =  i,3,  5,  7,  ...), 

la  sommation,  dans  le  second  membre,  ayant  rapport  à  toutes  les 
solutions  de  N        /'- —  ay2,  x  et  y  étant  positifs  et  impairs. 
Par  exemple, 

\       99,         99  =  i2-t-2.72=72+2.52  =  92+-2.32; 
donc 

N-H5 

i-ii    s    S  (a?2 — 2^2)=  — (1  —  98-1-49  —  5o-^8i  —  18)  =-+-35, 
2F1  }9)   •<>!'<  }5)-ioF(37)  — i4F(a5)  +  i8F(9) 

0  5  5 

=  2-4-6.6  — 10.2  —  14 .  -  -+•  18 .  -  =  9  -4-  36  —  20  —  35  +  45  =  -4-  35. 
2  22 

Le  second    membre   devient   o   quand  il  n'y  a  point  de  solution 
de  \        x-    -  >}'-■  Par  exemple,  N  =  35,  pas  de  solution 

F 1  1 7     h-  3  F  (1 3  ;  —  "1  F 1  ">     =44-3. 2  —  5 .  ■>.  =  o. 

Ce  théorème  est  une  conséquence  du  développement  en  série  que 
voici  : 


•/    h(g)    =^***'2K3=-224(*2-'2^?" 


LETTRE    35.  65 

où  il  faut  attribuer  à  x  et  y  seulement  les  valeurs  i .  3,  V  j,  .  .  .. 
En  effet,  on  a 


ei 


o Wq )  ea Wq )  Bi (\/y )  =  aS(—  0  »  ^ B 

*(\/q)h{\/q)^{q)  =  W{q)*i(q). 
Maintenant,  j'observe  que  la  formule  de  M.  Kronecker, 

i ^T  F  (  i  n  -+-  i  i  q"  +  ''  =  02( q)  6|  (  gr ), 

0 

donne,  à  cause  de 

eî(y)  =  eî(gr«)-f-6«(Sr*), 

i 
,1  V  Fi  8»  +  i)  gr  n  +  4=  02(  q)bl(q*  l, 


42F(8»  +  5)/"  +  '  =  °2(^)^Wi^ 


n  2  n  H —         ^"ï  2  «  -I-  ■ 

gF(8/n-i)g     +'.->^F(S«h-5)^ 

l.o  .0 

\  laide  de  ces  formules,  nous  aurons 


92|  q  i62(gr 


.v  —  1  .«2 

\  (  —  I)    2    sy8 


i     -  n 

^F(8m-i)gp        >—  ^F(8n-f-5)? 

.    o  «  J 


'  - 


La  comparaison   des   développements  des    deux    nombres    donne 
notre  formule 


i  i) 


»2<- 


N  =  3     (mod8), 

N  —  s-2\ 
8    sF  )=(—  n    8     X'-7'2—  27"2 


(5  =  1,  3,  5,  7,  . . .,         N  =  J?2-^  -2J2,         a?,^  =  r,  3,  5,  7.  . .  .)• 

Comme  vous  le  voyez,  ces  deux  formules  se  mettent  à  côté  de  celle 
donnée  par  M.  Liouville  {Journal  de  Mathém.,  2e  série,  t.  \l\  . 

5 


66  CORRESPONDANCE    DHERM1TE    ET    DE    STIELTJES. 

année  i 869  ;  p.  i    • 

N       1      1 Iv   .  ^j[~  n   "    *^(4N  —  s»)£=V(a?»— y*) 

(s  =  t,3,5,  7,         N        '';    -r-,         x  =  1,  3,  5,  7,  . . ., 

y  =  o,  ±  2,  ±  4,  ±  6,  ...  1. 

Dans  la  formule  !  les  arguments  des  fondions  F  sont  de  la 
forme  [/  s;  dans  la  formule  (ji  ces  arguments  sont  de  la 
forme  \k  1;  enfin,  dans  |  5  1  ils  sont  de  la  forme  8 Â~  H-  3.  Dans 
toul  ce  qui  précède3  F(n  1  désigne  le  nombre  des  classes  du  déter- 
minant n  pour  lesquelles  un  au  moins  des  coefficients  extrêmes 
est  pair.  Seulement  si//  est  un  carré  impair  [ce  qui  peut  seulemenl 
arriver  dans  la  formule  (  {)]  il  faut  retrancher  \  du  nombre  de  ee> 
classes. 

Dans  la  démonstration  à  l'aide  de  la  théorie  des  fonctions  ellip- 
tiques de  la  formule  donnée  par  M.  Liouville,  j'ai  fait  usage  de 
cette  formule  : 

**£!*!/£       0    q  i8|i  7  )6SI  q  I  =  4  [0 ,  y8)82($r2)e3(gr*)]2 

I  IrJ     ?!  I2 

=  161    7  ( —  1 J    2    57  2       =  16  #[(1  —  (/'*  11  1  —  7S  1  '  1  —  ql%).  •  -l6 


—  ni  7 
«  impair, 


V<—  I  ,nrl>;:i'—»n  =   ,  (;  ^  V  ,  A-2  _ /2  ,  ,y.v--/':  =  l6V/    /,     y  < 


/   //  ■  —  Xi  .V2—  U2  |,  rt  —  .s'2  4-  /- 

1 .  ■;.  ">....  ;     t  =  o,  ±  2,  ±  î,  ...  1, 
8K- 


—  < 


/.-•N  A        161  7  —  iW/5-  -  97!'—  10713—  J0717—  1 1  72" 

j  !  y'2'-* —  ;o7:i7  +i8j"-  54  71"'—  19  7"—  90  gss.  .  . 


ou  bien,  par  le  changement  de  q  en  y-2. 


'     s     y  -  .9  =  1,3, 


J'ai    observé  que  cette  fonction  arithmétique  f(s)  jouit  de  celle 

propriété 

/1  m  f\  n    -  f\  mn  1. 

Par  exemple, 

/  5  /(9)=  — 6.9=— 54  =r/(45), 


LETTRE    35.  67 

m  et  n  étant  premiers  entre  eux.  Soit  maintenant  rj  un  nombre 
premier  de  la  forme  4Â"  +  3,  on  aura 

/(  (/-"  '  -'  1    =  0,         /(  y'"  1  =  y-". 

En  désignant  par  p  un  nombre  premier  de  la  forme  \k  ~\-  1,  ou 
pourra  calculer  les  valeurs  successives  de 

/(/>*),  71  =  0,  1,2,3.  •••!  /(i)  =  i, 

à  l'aide  de  la  relation 

/</>"  H)  =  _/'(  p  )  f\  p»  1  —  p*f\  />"-' )  ; 

mais  il  faut  déjà  connaître  f(p)  =  2(ai — ■  b2),  p  =  a2-+-b*, 
a  impair. 

Mais  la  valeur  générale  de  f{pn)  se  met  sous  une  forme  élégante 
en  introduisant  les  facteurs  complexes  de  /;.  Soit 

w  =  a  ■+■  bi,         m'  —  a  —  ùi,         p  =  777*3', 
on  a 

fyp)    —  m2-+-  m'2  —  (tttv — TO'4):(nr2 — ttj'2  ), 

/(yo2)  =  nr4--!-  ra27n'2+  nr"*  =  (ttt6 —  ra'6  ):i  m'2  —  ttï'2  i, 

/(jo3  )  =  gt6-I-  Tu^îTr'2  — i—  T7T2nj'v  -+-  et'6  =  (  77is —  m'8  )'.(tts- —  rrr'2  t . 

,      ,         sin(2A:-h2)a    „,       sin(2#  -+-  2)a 

tu  =  /■( cosa  h-  i  sina  ),         /(»«)=-   — : — r2/f  = -^ />*". 

si  112  x  sinaa  ' 

Cette  fonction  arithmétique  présente  donc  une  certaine  analogie 
avec  la  fonction  Q(«)  que  M.  Kronecker  a  introduite  dans  son 
Mémoire  dans  les  Comptes  rendus  de  V Académie  de  Berlin 
(avril  1876)  où  l'on  trouve  ces  formules  : 

0  TV/  0 

En  posant  de  toutes  les  manières 

n  =  x*  -+■ y"1 ,         7  =  1,3,5,7,...,         x  =  o,  ±  1,  :ir  2,  ±  3,  . . ., 

on  a 

y-i 
Q(/i)  =  2( — 1)   2   y         [on  suppose  /i  =3  1  ou  n  =  2  (mod4)]- 

Veuillez  bien  excuser  la  longueur  de  cette  lettre  5  mais  je  croyais 


68  CORRESPONDANCE    D'HERMITE    ET    DE    STIELTJES. 

devoir  vous  indiquer  commenl  on  peut  arriver  à  ces  relations  (3), 
I  i     (5). 

Croyez-moi  toujours  votre  entièrement  dévoué. 

36.  —  STIELTJES  A  II ERMITE. 

I.r\ile,  3o  novembre  i883. 
MoNSIEl  R, 

Vous  poussez  votre  bonté  trop  loin  en  m'offrant  de  faire  paraître 
dans  \c<  Comptes  rendus  la  partie  essentielle  de  mes  lettres 
du  :>.\  et  du  25  novembre.  En  effet,  il  ne  m'est  jamais  venu  dans 
l'espril  que  ma  correspondance  vô'us  causerait  de  la  peine  decette 
façon  et  j'espère  nous  pouvoir  donner  bientôt  une  Note  contenanl 
la  démonstration  du  théorème  de  M.  Liouville,  à  laquelle  je  crois 
pouvoir  joindre  les  deux  théorèmes  que  j'ai  obtenus.  -  .le  dois 
vous  avouer  que  je  ne  suis  pas  bien  contenl  de-,  calculs  à  l'aide 
desquels  j'ai  démontré  en  partie  ces  théorèmes  i  \  .  B),  i  C)  de 
ma  lettre  du  :>.\  novembre  et  que  j'espère  trouver  un  autre  chemin 
<|ui  mènera  d'une  manière  plus  complète  au  but.  Si  je  nejoin>  pas 
ici  la  Note  sur  le  théorème  de  M.  Liouville,  c'esl  qu'une  indisposi- 
tion m'oblige  de  m'abstenir  de  tout  travail;  —  vous  voudrez  bien 
m'excuser  aussi,  dans  ces  circonstances,  de  vous  écrire  une  lettre 
où  il  n'entre  pas  d'arithmétique  el  de  vous  remercier  simplement 
pour  la  communication  des  formules  contenues  dans  votre  dernière 
lettre. 

Croyez-moi  toujours,  avec  le  plus  profond  respect,  voire  très 
dévoué. 

37.  -  STIELTJES  A   HÈRMITE. 

Leyde,  8  décembre  iS83 
MoNsiEi  a, 

.le  VOUS  piie  de  \onloii'  bien  présenterai  Académie  la  Note  ci- 
jointe  '  '  i.  L'espace  m'a  manqué  pour  indiquer  commenl  la  théorie 
des  fonctions  elliptiques  conduit  à  ces  formules;  mais  il  n  \  aura 
pas  d'inconvenance,  je  l'espère,  si  je  donne  la  démonstration  du 

(')  Sur  un  th<:, ri  nie  de  Liouville.  Note  de  M.  Stieltjes,  présentée  par  M.  Iler- 
niitc  {Comptes  rendus,  io  décembre  i883). 


LETTRE    37.  69 

théorème  de  AI.  Liouville  dans  une  autre  Note.  Je  pourrai  alors 
encore  indiquer  les  formules  qui  donnent  les  trois  autres 
théorèmes. 

J'ai  été,  d'abord,   un  peu  effrayé  des  calculs  que  demandait  la 
vérification  du  théorème  IV.  Posons 


s  —  1  .s'2  «  8/H-S 


£=Y(—  1)   2   sq    8x^Kl,s„    ,    5)q    8  (s      1,3,5,7,...). 

0 

Le  théorème  IV  fait  voir  que  dans  le  développement 

(^  =  rtj  q  -t-  a>q*  -h  a3q3  -+-  a>tq''  -■   .  .  . 
la  partie  paire 


a-2q2  -H  Cl;  q*  H-  as  </b 


est  égale  à 


Vy(.f2  ■-  3  )  2)gra< .'■■•+3r*)     (.r,  j  =  o,  ±1,  =fca,  ±3,  .  . .)     (a?-t-  j  impair) 
ou  bien  qu'on  a 

(^  étant  ce  que  devient  !^  par  le  changement  de  q  en  —  q. 
Or,  je  trouve 

p  2K3     .,,,,      sina|  /  l\  îK\ 

J    =        — —  k- k  3  — —  -       ,  a!  —  am— •>  ou  =  atn  —— 

3 1/3  tc3  sina'ï  Aa^  \  1  3    / 

d'où 

(J,  2K3  ,       si  11  -y.:; 


3  /3  tt 


■  in  a?  A;:., 


Après  quelques  réductions  on  obtient 

•C-4--T         K'3*1 

— =  — — — sinaj  cosa!  sinar,. 

2  3/3 -n:3 

C'est  la  même  valeur  que  je  trouve  pour 

J'ai  calculé  d'abord  la  somme 

Z_^yXx'1' — 3y2)ql'~  +  3y~         (toujours  x-\-y  impair) 


JO  CORRESPONDANCE    D  HERMITE    ET    DE    STIELTJES. 

qui  s'exprime  par 

\  \\   /.  -    -in  a.2  COS 
3v/3ir3         sinai 

Le  changement  de  7  en  <y2  donne  la  valeur  déjà  écrite  de 


22(^-s^)^ 


ir>    _ 


Pour  a\ oir  la  somme 
j'ai  pris  comme  point  de  dépari   les  sommations  des  séries 

où  j'ai  remplacé  y  par  q3,  etc.  Les  fonctions  de  seconde  espèce 
sont  éliminées  dans  le  résultat,  mais  elles  entraînent  bien  des  lon- 
i;  11  *mi rs  dans  le  calcul  qui.  par  là,  a  seulement  le  caractère  d'une 
vérification.  Mais,  d'autre  part,  les  démonstrations  arithmétiques 
demandent  aussi  quelques  développements.  Le  théorème  III  a  été 
obtenu  seulement  en  suivant  la  voie  que  je  vous  ai  indiquée;  je 
n'en  ai  pas  encore  une  démonstration  arithmétique  comme  des 
autres  théorèmes. 

Agréez,  Monsieur,  l'assurance  des  sentiments  respectueux  de 
votre  serviteur  dévoué. 

38.  —  STIELTJES  A  HERMITE. 

Leyde,  14  décembre  1 883. 
Monsieur. 

Je  prends  la  liberté  de  vous  adresser  en  même  temps  la  suite  de 
ma  Note  sur  le  théorème  de  M.  Liou ville  (  ').  J'y  ai  ajouté  encore 
trois  théorèmes  du  même  genre.  Vous  avez  bien  remarqué  que  dans 


(')  Sur  un   théorème  de  M.  Liouville.   Note   de   M.   Stieltjes,  présentée  par 
M.  Hermite  (Comptes  rendus,  17  décembre  i883). 


LETTRE   39.  71 

toutes  les  relations  de  ce  genre  que  j'ai  rencontrées  il  n'entre  point 
des  valeurs  de  F(8k  -+-  y).  Je  me  propose  de  tâcher  de  combler 
cette  lacune  et  j'ai  quelque  espérance  de  réussir,  mais  je  dois 
encore  ajourner  un  peu  celte  recherche  parce  que  ma  santé  ne 
me  permet  pas  encore  de  m'appliqucr  trop  à  ces  études.  Certaine- 
ment, si  elle  réussit,  la  démonstration  analytique  sera  un  peu  plus 
difficile  parce  que  la  fonction  génératrice 

ou  bien 

VFi  4«  •+-  3)<y'"'  <  3 

que  vous  avez  donnée,  est  d'une  nature  plus  compliquée  que  dans 
les  autres  cas. 

Agréez,  Monsieur,  l'assurance  des  sentiments  respectueux  de 
votre  serviteur  dévoué. 

39.  —  HERMITE  A  ST1ELTJES. 

Paris,  i5  décembre  i883. 
Monsieur, 

Votre  Note  sur  un  théorème  de  Liouville  a  été  présentée  à  la 
séance  de  l'Académie  de  lundi  dernier  et  paraîtra  dans  les  Comptes 
rendus  de  cette  séance.  Je  me  rends  compte,  par  les  indications 
contenues  dans  votre  dernière  lettre,  des  difficultés  qu'il  vous  a 
fallu  surmonter,  et  aussi  de  la  joie  que  vous  avez  dû  éprouver  eu 
voyant  les  fonctions  de  seconde  espèce  disparaître  dans  le  calcul 
de  la  somme  £S(.r2  —  3y2)qr°~+3-y'~.  Vous  aurez  certainement  donné 
le  premier  exemple  de  l'emploi,  pour  l'arithmétique,  de  la  transfor- 
mation du  troisième  ordre,  et  je  suis  bien  sûr  que  M.  Kroneckcr 
et  d'autres  s'intéresseront  vivement  à  vos  résultats.  En  tout  cas, 
vous  travaillez  avec  une  telle  activité  que  je  ne  puis  vous  suivre 
que  de  loin.  J'en  suis  encore  aux  formules  (A),  (B),  (G)  de  M.  Kro- 
necker  qui  ont  été  mentionnées  dans  votre  lettre  du  24  novembre 
et  qui  m'ont  rappelé,  en  réveillant  d'anciens  souvenirs,  une 
recherche  à  laquelle  je  suis  revenu.  M.  Lipschitz,  avec  qui  je  suis 
depuis  longtemps  lié,  m'y  a  encouragé,  et,  en  me  bornant  à  la  pre- 


CORRESPONDANCE    D'IIERMITE    ET    DE    STIELTJKS. 

mière  i  p.  2  u»  des  Monatsberichte)  voici  mon  procédé  de  démon- 
stration : 

Je  remarque  d'abord  que,  pour  un  déterminant 

\(;_B2=2        (mod4), 

toutes  les  formes,  el  en  particulier  les  formes  réduites,  peuvent  se 
répartir  en  trois  catégories,  représentées  «le  cette  manière  : 

(a,  a',  a") y     (a,  b,  2a'),     (2a,  è,  a'), 

où  r/,  a',  a"  sont  des  nombres  impairs  et  A  un  nombre  pair.  Ceci 
excluons  les  formes  ambiguës,  qui,  dans  le  cas  actuel,  sont 
toutes  données  en  supposant  b  <  >  :  supposons  de  plus  le  coefficient 
moyen  positif;  il  est  clair  qu  il  suffira  de  changer  b  en  —  b  pour 
obtenir  la  totalité  des  formes  réduites  non  ambiguës.  Maintenant. 
je  ramène  ces  formes  à  un  seul  type,  le  premier,  représenté  par 
i<7.  a',  a!')\  mais,  au  lieu  de  limiter  le  coefficient  moyen  par  la 
condition  ia    d  ci,  j'admettrai  qu'il  reçoive  la  série  des  valeurs 

a'  -  1,    !.    5,    .  . . ,  a  —  2. 

Considérez,  en  effet,  les  réduites  (cr,  b,  ia');  elles  deviennent 
par  la  substitution  x  =  X  -  -  \  ,  y  -  —  Y,  au  déterminant  —  1  : 
(#,  a  —  b.  a  >'/' —  >.b)  et  rentrent  par  conséquent  dans  le  pre- 
mier 1  ype,  le  coefficient  a  —  b  ayant  pour  Limite  supérieure  a  —  2, 
et  le  coe  cient  a  ■-  ia  —  >.b  étant  supérieur  à  a  d'après  la  con- 
dition 2  l>       2  a'. 

Envisagez,  en  second  lieu,  les  réduites  représentées  par 
|  sa,  b,  a  ;  elles  sont  improprement  équivalentes  à  («',  b,  ■>.</  i  et 
ers  dernières  formes  sont  elles-mêmes,  comme  nous  venons  <le 
voir,  improprement  équivalentes  à  («'.  à1 — b,  a1 — ia  —  ib). 
Or,  on  retrouve  encore  par  le  coefficient  a' — b  la  limite  supé- 
rieure a1 —  ■>.  et  la  condition  a'-\-ia — ib~^>a'.  De  là  je  conclus 
que  les  formes  réduites  de  ces  deux  types  (a,  b,  2^'),  (2a>  ^>  a') 
sont  équivalentes,  les  premières  improprement,  et  les  secondes 
proprement,  aux  formes  (a,  a',  a")  dans  lesquelles  nous  suppo- 
sons a' =  1 ,  3,  5,  ...,  a — 2  et  d' ~^>  a' .  Ces  dernières  formes 
peuvent  donc  être  employées  à  représenter  la  totalité  des  classes 
non  ambiguës,  en  leur  joignant  celles  qui  n'en  diffèrent  que  par 
le  signe  du  coefficient  moyen  :  (a,  —  a',  a 


LETTRE   W).  73 

Ce  point  établi,  je  fais  le  produit  des  séries  suivantes  : 

V      tc      /  V    i  '/  J  si  11  a  .1 

'  /ïkj\        ^      1  —  7" 

\    «    / 
/  ?.  K  .r  \  „    /  2  K  a; N 

e   —    0 


:;aK* 


(a'=  J,  !i,  7.  ...). 

J'intègre  ensuite  entre  les  limites  zéro  et  -•  Si  l'on  remarque 
que  l'on  a 

f  -  sin  ax    .  - 

I        — : — —  ax  —   -  , 
I  S I  II  X  >. 


on  trouve  ainsi 


u«8, 


^■d  1       7         ^«i        1 


7"  ae!  I  —   7" 

où  a"  passe  par  la  suite  des  valeurs 

a"  =  i ,   3 ,  5 ,    .  .  . ,  r/  —  2 . 

Développons  maintenant  le  second  membre  suivant  les  puis- 
sances croissantes  de  q  et  il  viendra  immédiatement 


(tll  II'  ill 


«"  prenant,  comme  a,  les  valeurs  impaires  1,  3,  5 

Des  deux  séries  auxquelles  nous  sommes  ainsi  amenés  la  pre- 
mière est  évidemment 

2,4?(N)72  (N  =  i,  3,  5,  ...). 

Soit  ensuite 

a'2  -+-  2  ad  —  a"2  =  2 N, 

il  est  clair  que  2N  est  le  déterminant  changé  de  signe  de  la  forme 
(a,  a",  a  +  ici').  Sous  la  condition  relative  à  a",  cette  expression, 
comme  nous  l'avons  vu,  fournit  la  moitié  du  nombre  des  classes 


~4  CORRESPONDANCE    d'hERMITE    KT    DE    STIELTJES. 

non  ambiguës;  d'ailleurs,  le  nombre  des  classes  ambiguës  est  pré- 
cisément o  (IN  ,  comme  Gauss  l'a  établi  :  désignant  donc  par  F(2N) 
lr  nombre  lotal  des  ela--e>  de  formes  quadratiques  de  déter- 
minant -     2N,  on  trouve  le  beau  résultat  de  M.  Kronecker 


v.Ot 


f^F^N)^*, 


et  l'on  obtient  pareillement  les  équations  (B)  et  C)  «le  l'illustre 
géomètre.  Ma  dernière  lettre  -  ')  eontient  une  erreur  qui  tient  à  ce 
que  j'ai  écrit  83  au  lieu  de  0.  et  ma  formule  obtient  par  là  une 
autre  signification  que  celle  que  j'ai  indiquée;  une  autre  fois  j'y 
reviendrai.  Ton-  mes  vœux,  Monsieur,  pour  le  succès  de  votre 
travail  et  la  nouvelle  assurance  de  ma  plus  haute  estime  et  de  mes 
sentiments  bien  dévoués. 


40.  —  HERMITE    1  STIELTJES. 

Paris.  3o  décembre  i^.'!. 
MoNSIKl  l;  . 

\  o>  propositions  concernant  [es  fondions  que  vous  nommez 
\  //  et  l!  a  me  semblent  extrêmement  belles,  et  j'étais  bien  loin 
de  m'attendre  que  ma  relation  (a)  pût  avoir  d'aussi  importantes 
conséquences.  Je  ne  puis  pas  garder  pour  moi  seul  les  beaux  théo- 
rèmes contenus  dans  les  équations  (5)  et  j'en  donnerai  communi- 
cation à  l'Académie,  pour  qu'ils  paraissent  dans  les  Comptes 
rendus  -  .  étant  bien  certain  qu'ils  seront  accueillis  avec  l'intérêt 
qu'ils  m'ont  inspiré.  Je  supprimerai  toutefois  la  fin  de  votre  lettre, 
non  parce  qu'elle  ne  serait  pas  assez  intéressante,  mais  uniquement 
pour  ne  point  dépasser  l'étendue  réglementaire  des  Commu- 
nications insérées  dan-   les  Comptes   rendus  par  les  auteurs  qui 


(')  Il  s'agit  probablement  de  la  lettre  34,  mais  nous  ne  voyons  pas  à  quelle 
erreur  M.  Hermile  fait  allusion,  ni  quelle  est  la  signification  qui  a  été  indiquée. 

(:)  Les  Comptes  rendus  du  3i  décembre  i883  contiennent  une  Note  de 
Stieltjes,  extrait  d'une  lettre  adressée  à  M.  Hermite  :  Sur  le  nombre  de  décom- 
positions d'un  entier  en  cinq  carrés.  La  lettre  dont  il  est  question  ici  nous 
manque.  Il  y  a  lieu  de  signaler  que  la  table  du  Volume  des  Comptes  rendus,  par 
noms  d'auteurs,  ne  mentionne  pas  cette  Note. 


LETTRE    40.  75 

n'appartiennent  pas  à  l'Académie.  Un  jour  viendra  j'espère,  et  mon 
confrère  M.  Tisserand  a  en  la  même  pensée  que  moi,  où  vous  aurez 
droit  à  un  nombre  de  pages  moins  restreint,  et  alors  je  me  félicite- 
rai pleinement  de  vous  avoir  engagé  plus  complètement  que  vous  ne 
l'étiez  dans  la  voie  arithmétique.  Mais  ménagez,  Monsieur,  votre 
santé;  je  n'étais  point  sans  un  peu  d'inquiétude  en  apprenant  de  vous, 
précédemment,  (pie  le  travail  vous  avait  été  défendu  ;  je  me  rappelle 
ce  qui  m'est  arrivé  à  moi-même  lorsque  je  me  suis  occupé  de  l'in- 
variant du  18e  ordre  des  formes  binaires  du  5e  degré  qui  était  alors 
le  premier  exemple  d'un  invariant  gauche,  et  je  m'autoriserai  de 
mon  expérience  pour  vous  mettre  en  garde  contre  l'excès  du  tra- 
vail. Votre  intention  doit  être  de  réunir  et  de  coordonner  les  nom- 
breux résultats  auxquels  vous  êtes  parvenu  et  ceux  que  vous  décou- 
vrirez encore.  Je  me  permettrai,  s'il  en  est  ainsi,  de  vous  recom- 
mander, pour  les  publier,  le  journal  de  Stockholm,  Acta  mathe- 
matica.  L'éditeur,  M.  Mittag-Leffler,  fera  à  vos  recherches  un 
bon  et  cordial  accueil  :  c'est  dans  son  journal  que  paraîtra  une 
seconde  fois,  à  cause  de  sa  publicité  plus  étendue,  un  article  que 
j'ai  adressé  au  Bulletin  de  V Académie  des  Sciences  de  Saint- 
Pétersbourg,  à  la  demande  de  M.  Bouniakowsky  et  qui  contiendra 
les  démonstrations  des  équations  (A),  (B),  (C)  avec  quelques 
remarques  (  '  ).  Je  compte  faire  suivre  cet  article  de  plusieurs  autres 
sur  les  points  que  je  vous  ai  communiqués,  suivant  la  possibilité 
que  j'aurai  de  travailler,  et  ce  me  sera  extrêmement  agréable  d'être 
réuni  dansée  Recueil  avec  vous  et  M.  Lipschitz. 

Veuillez,  Monsieur,  pour  la  nouvelle  année,  recevoir  mes  vœux 
bien  sincères  pour  le  succès  de  vos  travaux  et  pour  votre  bonheur, 
et  croire  à  tous  mes  sentiments  de  sympathie  et  de  haute  estime. 


(  '  )  Le  Mémoire  dont  parle  M.  Hermite  est,  en  effet,  inséré  au  Tome  V  des  Acta 
mathematica,  p.  297-330,  sous  le  titre  :  Sur  quelques  conséquences  arithmé- 
tiques des  formules  de  la  théorie  des  fonctions  elliptiques. 


76  CORRESPONDANCE    d'hERMITE    ET    DE    STIELTJES. 

41.  —  STIELTJES  A  HE  MUTE. 

Leyde,  \  janvier  188^. 

Monsieur, 

J'avais  bien  remarqué  que  la  première  de  vos  deux  formules 

(a)    7        1'/'      nv"      H".<71G  +  ... 

7  <73  V 

'  '  '  [    (|    H-  7    .-'  (    I  7  ■'    .'  Il         -7   '    |ï 

I  9  S5 

(6)    7  '  "!»'/'      '*'7'      ••• 

1         ?         -'■  872'  Sqk  87e 

=  (7''  -+■  7'  +  7  v  —  •■■  >  L1  ~  (  1  —  tji  |2  ~  (7+-'  7^-  —  (  1  —  7«  >2       "| 

suffit  pour  établir  la  plupart  des  relations  entre  V//)  etB(/i)  que 
j'ai  rencontrées;  mais  il  n'est  pas  possible  de  les  établir  toutes  de 
cette  façon.  En  réfléchissant  sur  cet  objet,  j'ai  éprouvé  une  vive 
satisfaction  en  voyant  que  les  deux  formules  (a)  et  (b)  ensemble 
contiennent  en  effet,  en  germe,  toutes  ces  relations.  L'intérêt  que 
vous  avez  bien  voulu  montrer  pour  ces  relations  me  fait  espérer 
qu'il  me  sera  permis  d'entrer  là-dessus  dans  quelques  détails.  En 
désignant  par  f(n)  la  somme  de  ces  diviseurs  de  n  qui  sont  divi- 
sibles par  la  même  (plus  haut»')  puissance  de  2  que  n,  par  g(n)  la 
somme  des  diviseurs  impairs  diminuée  de  la  somme  (les  diviseurs 
pairs.  On  a  : 

+  ...=/(i)7-/(a)Sr«-+-/(3)gr>-... 


(i+y)2       m    -  </-'  >'       '  1  ■  -  '/■'  i- 


\q*  87^ 


q>y 


-ii"-'/i  «i</». 
?{i)q'i  +  g(ï)qk-+-g{$)qi 


>V  g-(nJgri 


Pour  plus  grande  conformité,  faisons 

/(o)  =  0. 
g(°)  ~-   h 


LETTRE    4-1.  -- 

alors  les  deux  séries  seronl 

^  (—  i )»-»/(  /i)  g"'        el         ^A'i/'iy"'. 
o  o 

et  vos  deux  formules  donnent  ces  relations 
(eJU)     /(n)  — 2/(n  — j2) 

-t-  -2/(/i  —  2!  )  —  •'./(  n  —  33)  ■+- . . .  =  o         ou         =  (—  i  )"■  '  /i, 


<  iib 


)-:-A'(~ g-*-)  +«-(--j   ■    )       •■•]       o,   ou   =«; 


n  —  i 

•s 

n  =  i  (  iikii]  8 


la  seconde  valeur  a  lieu  seulement  quand  n  est  un  carré. 

Ces  deux  relations  donnenl,  en  effet,  toutes  les  formules  de  ma 
lettre  précédente.  Soit,  comme  autrefois,  <p(/>)  la  somme  i\<><.  divi- 
seurs  impairs  de  n  el  supposons  n  =  ?.k m,  m  étant  impair.  On  a 
évidemment 

/<  //  |  =  /(  ll(m  i  =  :>.'•  o(  //;  )  =  •>/'/<  /«), 

g{n)  =  g{ik  m  )  =(\  —  2  —  22  — ...  —  2*)<p(m)=(3  —  2X  hl  ;  o  (  /«  ), 

o|  /m  =  tp|  ■>/•'///  i        çp (m  i, 

d'où 

(i)  2/(  re)  -î-  z(n\  -  '!o(  «  i, 

et   si  nous  prenons,   comme  autrefois,  <p(o)  =  — .  cette  relation 
peste  encore  vraie  pour  «  =  o. 

Rappelons  maintenant  les  définitions  de  A  (/m.  I>   //     : 

A(«)  =  cp(n)H    2 o ( «  —  •.'. 2  )    h  2 cf  ( «     -  j  -  i 
B  (n )  =  tp(«  ■     i  -  »  ~  g  i  ii  —  V-  \  — . . . 

et  posons,  de  plus, 

A'(  «  )  =/(n  i  -+-  2/(  /?  —  22  .        ».  /'i  /*  —  j2)    - .  .  . 
B'CO  =/(n  —  i2)-t-/(n  -  !-  >-+-... 

n  ^  i   (  mod  8)         B'(/»)  =  8  ïg  (— ~  '  "  )  -h  g  (  - -^-  ■--"  )  H  ...  I 

[  B"  (  »  )  =  o  o  a  n  J , 
on  a  évidemment 

(2) 


l   Ai  4«)  =  A(  n  i  -+-  2B(n  ), 
/  k\,\n)  =  4  A'<  n)  -h  8B'i  n 


^8  CORRESPONDANCE    d'HERMITE    ET    DE    STIELTJES. 

Je  vais  maintenant  déduire  Les  formules  relatives  au  cas  où  I  ar- 
gument h  est  de  la  forme  [km,  m       i    mod8). 

Posons  d'abord  n  =  m  dans  {A  I  et  (Hb).  La  première  qui  s'écrit 

V'i  /;  i  —  2  l!'i  n)     ■■  0  OU  t  —  I  )"-'/* 

donne,  //  étant  impair  et  par  conséquent  A'(n)  =   \f  n  i, 

Mais  mi  a  évidemment 

2b'(m)    h. |./i— 8—  j-y(— g— )+-•■  • 

et  la  formule  -  ni.  )  donne 

f      .  «?  —  i  -  ,            /  m  —  ">- 
,;     m       =»[^(— g" )"*-^( 8— ;-H'--J  =°         CM'         "'• 

I  (mut.  à  cause  de  i  i  i, 

2  B'i  m  i  -+-  l!"i  m  i  =  2.4  Bi  /»  1. 

En  retranchant  donc  B"(m)  des  deux  membres  de  (3).  le  second 
membre  devient  toujours  égal  à  zéro,  el  nous  trouvons  : 

\in        ■>  \\\\  m  k        m       1   (mod8  ). 

I  ne  application  réitérée  de 

\     [n)       jA'i//'       8B'(/i) 
donne 

\     j'  m  1       j  ••  \    m  1 

■a[4*B'(m)       i7'    lB'(4/n) -+-... -i-4B'(4*-im)]     1 /.■  .  1  . 

I  >'après  (<Jt     et  i  itb  1,  le  premier  membre  esl  égal  à 

tB  1  |*/h  1        f*B'(  m  i. 

En  ajoutant  donc  des  deux  côtés  \h  lï "<  in  >  et  observant  que 

2  B'i  ///  ■       B"(m)       -  i  lîi  w), 

on  obtient  : 

B    \>-  m  1       (*.24  Bi  ///  1  4-[4*-iB'i  4/?/  1  +..  .-f-  $B'(4*-»/n  1 1 


LETTRE    'i  I  .  79 

ou  bien,  parce  que  pour  n  pair  B'(/>  )  =  B(rt), 

B(4w  )    =  4.24  B(  m  1, 

B(/,2/» .  i  =  42.9.4  B(/><  1   i-4B(  im), 

B(43tm  1  =  4s.a4  B(m)  -4-  j2B(4w  1   i  -  4  B  (  \*m  >, 

B(4*w>  =  4*.a4B(»i)-+-43B*(4m)-f-4*B(4s/?i  1  4-  f  B<4:,//n, 

Donc 

B(4m  t  =96B(#«), 

B(42m)=    8B(4m), 

B(  i»m)  =    8B(4*/h  ), 

Bl  ilm)  =    8B(4*m), 


et  ces  relations  jointes  à  A(4n)  —  ^-(n)  ~+~  aB(//)  donnent  immé- 
diatement les  formules  que  j'ai  données  pour  le  cas  d'un  argument 
de  la  forme  ^km,  m  =  1  (mod8).  Les  autres  cas  peuvent  être 
traités  d'une  manière  analogue;  mais  alors  la  relation  (X)  suffit  el 
il  n'est  pas  nécessaire  de  connaître  cette  seconde  relation  (ill>). 

Mais  voici,  Monsieur,  une  nouvelle  propriété  de  cette  fonc- 
tion B(n)  qui  entraîne  immédiatement  une  propriété  semblable 
de  la  fonction  $(n). 

Soit/?  un  nombre  premier  impair,  n  un  nombre  quelconque  non 
divisible  par  p2.  Alors  : 

B(n/>2/.)  =  [p**—  f-\p**-*-hp**-*—  (-  )/)3*-s  -+- jt?3*-6  -4-...-+- 1]  B(n  1 

où  (  -  \  est  le  symbole  de  Legendre  et  où  il  faut  prendre  (—)  =  o, 
lorsque  n  est  divisible  par/?.  Le  facteur  de  B(/?)  est 

pli.  _|_  p3/t-3  _j_  ^3*-6  _(_..,_)_!  |   _    W,  (  pSk-l  _|_  p3*-6  _)_..,_,_,) 


i8A+3_,  /,(>    p3A    _ 


/>3 1  \/J  /    />3 I 

Mais  je  n'ai  pu  établir  cette  formule  que  très  péniblement  pour  le 
cas  de  k  =  1  seulement,  et  il  faudra  trouver  une  autre  méthode  pour 
traiter  le  cas  général.  Vous  trouverez  donc,  peut-être,  que  je  suis 
trop  hardi  à  donner  déjà  la  formule  générale;  mais  quelques  ana- 
logies m'ont  guidé  et,  ayant  confirmé  cette  relation  dans  plusieurs 
cas,  À"  étant  égala  2,  3,  4 j'ai  une  entière  confiance  dans  l'exac- 
titude de  cette  relation. 


So  CORRESPONDANCE    d'hKRMITE    ET    DE    STIELÏJES. 

Comme  une  conséquence,  voici,  par  exemple,  la  valeur  expli- 
cite de  §{  n),  ii  étant  an  carré, 

8a^!p;-2Y  ...      "     IO   S'^~'   PQR.  .  .  . 

p        p3a—p3<x-i^.p3ct-^—pSa-B      ...-+-i} 

Q  =  7  v       >/■■''  7  v    3—  <73?-5-  .  ..-4-1, 


/,  étanl  un  cuit'  très  grand,  on  a  donc  sensiblement 


ri, 43. . .         "ii         10. 


n  impair 


C'esl  un  peu  moindre  que  la  valeur  moyenne 

'    "  '         i  ,     c 

-  =  ---=   1  > .  1(1 

u- 

Mais.  Monsieur,  permettez-moi  cette  demande  :  la  réduction  de. 
§(np*  k§  n  ne  se  trouve-t-elle  pas  dans  les  Mémoires  couronnés 
par  1  académie  l'année  passée  :  Sur  la  décomposition  d'un 
nombre  en  cinq  carrés?  En  effet,  dans  le  Mémoire  de  Dirichlel 
(|ui  servira  pour  toujours  comme  exemple  dans  ces  recherches,  les 
relations  analogues  oui  été  déduites  des  séries  infinies  qui  servenl 
,1  exprimer  !<•  aombre  des  classes. 

Sojez  hit'u  remercié.  Monsieur,  pour  les  bons  vœux  que  vous 
avez  exprimés  à  mon  égard;  certainement  je  vous  souhaite  le  même 
bonheur. 

\  olre  très  dévoué. 

P.  S.  — -  J'ai  remarqué  une  erreur  dan-  le  théorème  V  de  ma 
Vote  sur  un  théorème  de  M.  Liouville  :  l'expression  exacte  est 


h 


8^  <  —  ■  )   -    *  F  f  N        » *a )  =2  (a?2  ~  ?* } 
5     mod8)3  '\       r«       k2,         X\~  '  (mod  16 

y--  9 


L'expression  donnée  dans  les  Comptes  rendus,  t.  XCVII,  p.  i4i5,  était 

c        I 

[\        -,  MnodS),         aN  =  a?»+vS>         ^      "  '  """l  '"    I 
l.  v'-       1  1  mod    8)J' 


LETTRE    42.  8l 

42.  —  HERMITE  A  STŒLTJES. 

Paris,  i  \  jan\  ier  i  ss'|. 
Monsieur, 

J'étais  tout  occupé  de  votre  lettre  du  \  janvier  et  des  beau?  résul- 
I  ils  qu'elle  contient,  lorsque  j'ai  été  frappé  d'un  nouveau  malheur 
de  famille.  Ma  belle-mère,  après  une  courte  maladie,  nous  a  été 
enlevée  à  l'âge  de  85  ans  et  j'ai  du  quitter  Paris  pour  me  rendre  à 
Bain-de-Bretagne  assister  à  ses  obsèques.  Je  m'empresse,  Monsieur, 
dès  mon  retour,  de  vous  exprimer  mon  intérêt  le  plus  vif  pour 
votre  analyse  extrêmement  ingénieuse  concernait!  les  fonc- 
tions A(/î)  et  B(/i)  et  aussi  pour  vous  dire  que  je  me  proposais 
d'appeler  votre  attention  sur  la  fonction  F(/&)  de  M.  Kronecker 
lorsque  m'est  parvenue  votre  carte  postale  du  6  janvier  (')  el  le 
beau  théorème  contenu  dans  l'équation 

F(np*)  =  ^•  +  /,/.-i  +  ...)-.(^)(/>/-M-/>^  +  ...)]f(/o. 

L'introduction  du  symbole  de  Legendre  a  la  plus  grande  impor- 
tance à  mes  yeux;  c'est  un  point  qui  vous  appartient  absolument, 
el  je  ne  vois  aucunement  de  quelle  manière  vous  y  parvenez.  En 
attendant  de  connaître  la  méthode  qui  vous  y  a  conduit,  je  réponds 
autant  que  possible  à  voire  demande  relative  aux  Mémoires  cou- 
ronnés par  l'Académie,  sur  la  décomposition  d'un  nombre  en  cinq 
carrés,  en  vous  indiquant  deux  articles  de  M.  Smith  publiés  dans 
les  Volumes  XIII  et  XVI  des  Proceedings  of  the  Royal  Society 
intitulés  :  On  the  orders  and  gênera  of  quadratics  forms,  contai- 
ning  more  than  three  indeterminates,  qui  sont  le  fondement  du 
Mémoire  adressé  à  l'Académie.  La  comparaison  entre  les  nombres 
de  décomposition  en  cinq  carrés,  pour  les  entiers  n  et  /\~n,  nous 
y  a  paru  implicitement  contenue.  Son  travail  et  celui  de  M.  Min- 
kowski  sont  livrés  à  l'impression  et  par  conséquent  ne  tarderont 
pas  à  paraître  (-). 


(')  Cette  carte  postale  manque  clans  le  Recueil  des  lettres. 
(2)  Les  deux  Mémoires  de  M.  S.  Smith  et  de  M.   Minkowski  ont  paru  dans  le 
Tome  XXIX  de  la  2e  série  des  Mémoires  des  Savants  étrangers  (18S7). 

6 


CORRESPONDANCE    d'bERMITE    ET    DE    STIELTJES. 

Veuillez,  Monsieur,  recevoir  la  nouvelle  assurance  de  ma  plus 
haute  estime  el  de  mes  sentiments  dévoués. 

43.  —  STIELTJES  A   H ERMITE. 

Leyde,  i5  janvier  i88'|. 

Monsieur, 
Je  \<mis  ai  communiqué,  il  y  a  quelque  temps,  les  sommes  de 
ces  séries 

V  F   n  —  S/-5  i         i  /■  =  o.  ±  i.       >....» 

V  p(/i  —  as5  i         (*  =  i,  3,  5,  ...) 

en  supposant,  dans  la  première,  n=i,3, 5,  dans  la  seconde, 
n  '».  5,  -  (mod8).  J'ai  enfin  réussi  à  combler  la  lacune  qui  se 
montre  ici,  el  à  sommer  la  première  série  encore  dans  le  cas  n=  7, 
la  seconde,  dans  le  cas  //  =  I    (mod8). 

Je  vais  rapporter  les  formules  générales  qui  supposent  seulement 
que  n  est  impair.  Prenons  toujours  Fi  //  |  dans  le  sens  de  M.  K.ro- 
necker  [en  sorte  qu'on  a  sans  exception  F(4«)=  2F(/i)]  et  posons 

de  plus 

■l,  n)  =  \  (— 1)    »     d        (ddl=  n), 


la  sommation  ayant  rapporl  à  imites  les  solutions  de 

n  =  xi—iy*, 

./■  étant  positif,  y  positif,  nul  ou  négatif,  mais  inférieur  en  valeur 
absolue  à  -x  (ou,  ce  qui  revient  au  même,  iy-<^ru  ou  encore 
X-<C  2  n).  S'il  n'y  a  pas  de  relation  de  cette  (façon)  sorte,  il  faut 
prendre  y  <  //  )  =  o;  c'e>l  ce  qui  a  lieu  toujours  quand  n  est  ==  3  ou 
mod8),  mais  encore  en  d'autres  cas.  Cela  posé,  on  a  les  rela- 
tions Minantes  : 

H  — 1 

1   1  ->.\  (—  1  >'Fi  n-?.r!)=(-i)   -    /i  //  i         (n  =  o,  ±1,  ±  2,  . ..) 
db  ,  ■>.  V  Fi  //       •/      =  24/(7?  1  —  /_,  n). 


LETTRE    4-3.  83 

Considérons  encore  les  solutions  de  n  =  x2 — iy'1  ;  mais,  cette 
fois,  prenons  y  positif,  x  positif  ou  négatif  et  (railleurs,  comme 

précédemment,  en  valeur  absolue,  y  <  —  et  posons 

Alors  on  a  les  deux  formules  suivantes  dans  lesquelles  n  est  toujours 
impair, 

(8)  *£(—  iy¥(in  ~  2r*)  =  x(n)  —  xi(n), 

(CD)  2]F(2»-^)  =  2^(n)-X(/l)  +  Xl(n). 

L'intérêt  principal  de  ces  nouvelles  relations  me  paraît  consister 
dans  l'introduction  de  ces  fonctions  %(n),'/ \  (n)  qui  dépendent  de  la 
représentation  de  n  parla  forme  d'un  déterminant  positif  a;2 —  iy- 
avec  cette  limitation  2  val.  abs.  y<C  val.  abs.  x.  11  me  semble 
en  effet  que  cette  circonstance  sera  la  source  de  très  grandes  diffi- 
cultés si  l'on  (voudra)  veut  entreprendre  de  retrouver  ces  formules 
par  l'analyse  des  fonctions  elliptiques  ou,  du  moins,  par  des  déve- 
loppements analogues.  Je  ne  crois  pas  qu'on  ait  jamais  vu  s'intro- 
duire, dans  ces  calculs,  des  formes  d'un  déterminant  positif  tel 
que  x- —  iy- ' . 

Comme  un  exemple  plus  simple,  j'ai,  maintes  fois,  tâché,  mais 
toujours  sans  succès,  de  démontrer  par  l'analyse  seule  cette  formule 


►^ 

£**■"**■ 

y     _ 

i  —  q- 

q*          cr     ,      ff     , 

9» 

i  —  q6         i  —  q10         i  —  qVt         i 

-q" 

x  impair,     2.r>3^î?o 

qui  exprime  ce  théorème  connu  que  le  nombre  k  des  solutions  de 

n  =  x'1 — 'zy^,     n  impair,     x  impair,     i \x  >»  3y^.o 

est  égal  au  nombre  des  diviseurs  de  n  compris  dans  la  forme  8/'  zh  i 
moins  (minus)  le  nombre  des  autres  diviseurs  8/'dz3.  Et,  avant 
moi,  M.  Heine  n'a  pas  été  plus  heureux,  comme  il  le  dit  dans  son 
Traité  des  fonctions  sphériques  (>.e  édition,  t.  I,  p.  112). 


v,  CORRESPONDANCE    d'hERMITE    ET    DE    STIELTJES. 

I'.ii  prenanl  successivement  x       \ ,  3,  5 on  a 

Ij      o  -^-79  (i  -h  y-21; 

v..,,  y     2.1_f.5,-2.4_|_gr-2.9_Hg,-2.16) 

g,81(]  g     2.1  H     y-2.  i  _ -  g,-2-9  _  y-2.1  r,  ^  ^-2.25  ) 

Mais  la  condition  ix~^>Zy .  o  donne  dans  le  second  m  cm  lire  une  loi 
un  peu  compliquée.  J'ai  remarqué,  toutefois,  que  celle  expression 
est  susceptible  d'une  transformation  élégante.  En  effet,  je  trouve 
que  le  nombre  des  solutions  de  n  =  .r-  —  2  )-.  x  >  iy^o  est  égal 

à  '  ou  à  -    -    selon  que  k  esl  pair  ou  impair.  (  )n  aura  donc 


11 


'/      ^-^^T^2^?1 


.r  >  iy     o         2  /'  "  •  3  y     o 
parce  que  /.  es!  seulement  impair  quand  n  est  un  carré.  Or  on  a 


—  ~- 


i(l_(_  gr-2.1-4-  g-2-*) 


donc 

22*"-"'=  ?- 

2 a-  >  3  r     i  '  -    7:;':  (  i  -:    2  y- iA*  ) 

'/:i(i  -i-  2<7_ 2-15-t-  ig— 2-2*) 


1  "I  I  —  2<7-2'15-}-  ■?.<]---*-+-.  .  .—  2CJ--n°-). 

Le  second  membre  rappelle  bien,  de  loin,  les  développements 
que  vous  avez  rencontrés  dans  vos  recherches  sur  les  théorèmes  de 
M.  Kronecker;    mais  je  n'ai  pu  prouver  par  l'analyse  l'égalité  de 

ce  second  membre  à  — ^— ,  -'■    -1 — ;  -|-.  .  ..  Or  il  me  semble  crue  La 

i  —  y  -  i  —  (]"  i 

démonstration  analytique  des  relations  (JU),  .  .  .,  ((D)  sera  difficile  à 


LETTRE   43.  85 

pins  forte  raison  et  je  ne  (me)  ha  sa  nierai  pas  à  L'entreprendre  après 
mon  insuccès  dans  la  question  plus  simple  dont  je  viens  de  parler. 
La  formule  (X)  par  exemple  revient  à  celle  identité 

2  V  (—  i)"q2"-X  V  F('2/i-H  i)qi"+l 


-4-  3*7°<  1  —  27-2-1) 

-h  5<725(i  —  iq-ÎA  -t-  2^/-2-4) 

-4-(2«  -+-l)gr(2n  +  1)*(X  —  2  ^— 2-1  -H  2  gr— 2.4  H-  .  .  .  -+-  2  (—  \)n  q-în* 
H- 

Je  prévois  déjà  que  les  formules  données  par  M.  Liouville,  dans 
lesquelles  la  série  des  déterminants  est  —  (n  —  3/-2),  ne  forment  que 
les  cas  les  plus  simples;  pour  avoir  des  formules  plus  générales  il 
faudra  des  fonctions  analogues  à  ^  et  qui  dépendront  des  solutions 
de  n  =  x- —  ày'x  et  n  =  x2 -\-  3y2.  J'espère  aussi  que  je  pourrai 
maintenant  compléter  le  système  des  relations  données  dans  ma 
Note  sur  le  théorème  de  M.  Liouville,  et  je  me  propose  de  pré- 
senter alors  ces  formules  à  l'Académie. 

On  m'a  offert,  il  y  a  quelques  jours,  un  professorat  d'Analyse 
[Calcul  différentiel  et  intégral)  à  l'Université  de  Groningue. 
J'ai  accepté  cette  offre  et  je  crois  que  cette  position  me  permettra 
d'être  plus  utile.  Je  dois  beaucoup,  dans  cette  circonstance,  à  l'ex- 
trême bienveillance  de  mon  ancien  chef  M.  Bakhuyzen,  le  direc 
teur  de  l'observatoire.  Un  de  ces  jours,  ma  nomination  définitive 
arrivera.  Mais  vous  comprendrez  bien  que  ce  changement  entraîne 
pour  moi  des  distractions  qui  m'éloigneront  de  l'étude  dans  les 
premiers  mois  à  venir. 

Agréez,  je  vous  prie,  Monsieur,  l'assurance  des  sentiments  res 
pectueux  de  votre  serviteur  dévoué. 

P.  S.  —  Je  viens  de  recevoir  votre  lettre  qui  me  fait  une  impres- 
sion pénible  en  me  portant  la  nouvelle  du  deuil  de  famille  qui  vient 
de  nouveau  vous  frapper. 

Acceptez  mes  remercîments  pour  vos  renseignements  précieux 
sur  les  Mémoires  de    M.  Smith.  Je  me  propose,  dès  que  j'aurai 


CORRESPONDANCE    d'hERMITE    ET    DE    STIELTJF.S. 

|(.  [oisir,  el  ce  sera,  j'espère,  dans  les  vacances  de  l'été  prochain. 
(|(.  faire  une  étude  sérieuse  de  ces  théories.  Peut-être  aussi,  alors, 
les  Mémoires  couronnés  par  l'  académie  auront  paru.  Je  ne  doute 
poinl  que  la  relation  entre  F(np2k)et  F(/i),  comme  celles  entre 
F(/t.4*)el  I  '  a  •  ne  soienl  (seront)  contenues  dans  les  résultats  de 
M.  Smith  el  je  me  promets  beaucoup  de  satisfaction  à  voir  comme 
cela  découle  de  ses  théories  si  belles  et  si  importantes.  Quant  à  la 
formule 


F(»/>»*)  =  j/»*+[i-(-^) 


(Z»*-1 -+-... -t-i)F(n), 


elle  es)  une  conséquence  facile  des  résultats  de  Gauss (Disq.  A rith., 
art.  253-256)  retrouvés  el  complétés  plus  lard  par  Dirichlet.  La 
recherche  de  Gauss  est  une  application  de  sa  théorie  de  la  compo- 
sition des  lui  nie-  quadratiques;  ses  résultats  ont  été  démontrés 
aussi  d'une  manière  très  belle  el  très  simple  par  M.  Lipschitz  (Journ  . 
de  Barrit .,  t.  LUI.  p.  ■< i38- 2 i5o,  >  qui  se  fonde  sur  l'étude  dc>  sub- 
stitutions linéaires  de  déterminant/?  qui  transforment  directement 
une  forme  quadratique  d'un  déterminant  n  en  une  autre  de  déter- 
ra inanl  ////-. 

Nommons  H  (n)  le  nombre  des  classes  proprement  primitives 
de  déterminant  —  n  ;  alors 

(a)  H(n/>«*)=  [//-(^^y-']  H(n); 

seulement,  lorsque  «  =  i,  il  faut  prendre  la  moitié  du  second 
membre.  Et,  de  plus, 

(P)  FinJ^Ui^ 

si  I  on  prend  pour  d  tous  les  diviseurs  de  //  qui  sont  des  carrés 
impairs.  Seulement,  lorsque  n  est  un  carré  impair,  il  faudra  retran- 
cher -  du  second  membre.  Mais,  comme,  dans  ce  cas,  il  y  aura  an 
diviseur  d  =  n,  on  voit  que  les  deux  formules  (a)  et  (3)  sont  vraies 
sans  exception,  si  Ton  convienl  seulement  de  prendre  H(i)  =- au 
lieu  de  H(i)  =  i.  En  supposant  maintenant  que  n  n'est  pas  divi- 
sible par/?2,  vous  trouverez  sans  difficulté  que  les  équations  (a) 
et  :  donnent  ce  théorème  :  F(np'2k)  =  ...  etc.  L'équation  (a),  du 
reste,  ne  suppose  point  cette  restriction  que  n  doit  être  divisible 


LETTRE    kk. 

par/?2.  En  effet.  L'équation  (a)  donne 
de  aie  me 

2''(-'-^>k-'-(: 


87 


*-(t)'"W5)-[>'-(:t)'"]'™ 


A-l  _       -    \    nie 

'       P 


F(/i), 


2  "(5)      ='<»' 


F(n), 


et  l'addition  donne  la  formule  voulue  par  une  nouvelle  application 
dc(P). 

44.  —  HE  RM  ITE  A  STIELTJES. 


Paris,  2S  février  i884- 


Monsieur, 


Une  élection  qui  doit  se  faire  lundi  prochain  à  l'Académie  pour 
remplacer  M.  Puiseux  que  nous  avons  eu  le  malheur  de  perdre 
l'année  dernière,  au  mois  d'octobre,  m'a  imposé  une  lourde  tâche 
dont  je  viens  seulement  d'être  délivré.  En  me  consacrant  aux  tra- 
vaux des  autres,  il  m'a  bien  fallu  renoncer  aux  miens,  et  j'ai  quelque 
peine  maintenant,  après  une  interruption  de  plusieurs  semaines,  à 
ressaisir  mes  idées  et  à  reprendre  la  trame  de  mes  calculs.  Je  reviens 
à  l'Arithmétique  en  vous  remerciant,  Monsieur,  de  votre  dernière 
lettre  et  vous  exprimant  tous  mes  vœux  pour  que  vous  trouviez  à 
l'Université  de  Groningue  une  situation  entièrement  favorable  et 
qui  vous  permette  de  donner  à  la  Science  ce  qu'elle  attend  de  votre 
beau  talent.  Vos  recherches  publiées  dans  les  Comptes  rendus  ont 
attiré  l'attention,  et  je  viens  vous  apprendre  que  vous  avez  un 
émule  digne  de  vous  d  tas  M.  Hurvvitz,  privat-docent  à  l'Université 
de  Gottingue.  Son  nom  ne  doit  point  vous  être  inconnu  si  vous 
lise/,  les  Malhematische  Annale n  où  il  a  publié  récemment  une 
extension  à  de  nouvelles  transcendantes  de  la  méthode  exposée  à 
ses  élèves  par  M.  Weierstrass  pour  établir  plus  simplement  que  ne 


CORRESPONDANCE    d'hERMITE    ET    DE    STIELTJES. 

l'a  I  ail  Lindemann  <pi<'  le  rapporl  de  la  circonférence  au  diamèlre 
o'esl  pas  un  Dombre  algébrique.  En  ce  moment,  ce  sonl  vos  résul- 
tats sur  la  décomposition  d'un  nombre  en  cinq  carrés  el  les  for- 
mules extrêmement  remarquables  que  vous  annoncez  avoir  obtenues 
par  induction  : 

F(jD5  \n    /,  /,  -       |     .  F(/>i)  =  I0\j>(p2 t)(/)3-+-l)  +  l] 

que  M.  Hurwitz  démontre  en  confirmant  votre  prévision,  et  il  les 
généralise  de  la  manière  suivante  : 

Le  nombre  des  décompositions  du  carré  d'un  entier  quelconque  m 
«ii  cinq  carrés  s'exprime  par 

F(m*  1  =  10  -  '  ..    '- -1 '—^ 1 ...: 

23 I  p3—l  (]* I 

on  suppose 

m  _  ikpy.q$ 

'■/>■  y.  étant  des  nombres  premiers  différents. 

La  démonstration  que  vous  verrez  dans  le  prochain  numéro  des 
Comptes  rendus  et  qui  se  déduit  de  cette  formule 

'•-1  aussi  simple  el  élégante  que  profonde;  je  suis  sûr  qu'elle  vous 
1  atéressera  \  i\ emenl . 

En  attendant  que  je  puisse  revenir  sur  ce  sujet,  en  le  prenant 
sous  le  poinl  de  vue  <pi<'  je  vous  ai  indiqué,  je  rédige  pour  le  Bul- 
letin de  V Académie  de  Saint-Pétersbourg,  afin  de  répondre  à 
une  bienveillante  demande  de  M.  Bouniakowsky,  la  démonstration 
des  théorèmes  (A),  (B),  (C)  de  M.  Rronecker,  avec  quelques 
remarques  auxquelles  ils  donnenl  lieu.  Ainsi  le  théorème  (A)  con- 
tenu dans  l'égalité 

»2F|  '"       '   '/"     s"'  %l '/>%.:•>/  1 
conduit  à  exprimer  la  somme 

l     !         r  6  1    -  F  io)+...+  F(4/n-a) 
par  la  formule  suivante. 


LETTRE    45.  89 

Considérez  ions  les  entiers  positifs  Impairs,  aela',  qui  satisfont 

à  la  condition 

a-  -+■  n' -    i  //  -+-  2 


.■I  soil 


puis 


on  a 


s=]£(-o>1 


a  —  \ 


-^- ,-,  /  4  11  -f-  2  —  a2 
i  rt 


F(2)  +  F(6)+...+  F(4n  +  2) 


(hic  de  choses  j'aurais  à  vous  dire,  Monsieur,  sur  celle  question  ; 
niais  il  me  tarde  que  cette  lettre  parle  et  vous  porte  le  motif  du 
retard  que  j'ai  misa  vous  répondre,  en  même  temps  que  mon  vif 
désir  de  recevoir  bientôt  de  vos  nouvelles.  La  liste  des  candidats  à 
la  place  vacante,  dans  la  Section  de  Géométrie,  a  été  arrêtée  comme 
il  suit  :  i°  M.  Darboux;  20  M.  Laguerre;  3°  M.  Halphen;  4°  cx- 
œquo  et  par  ordre  alphabétique  :  MM.  Appell,  Picard,  Poincaré ; 
l'âge  el  l'ancienneté  des  services  rendus  à  la  Science  ont  été  pris 
en  considération,  comme  le  mérite  scientifique;  mais,  sans  doute, 
à  une  autre  occasion  et  quand  je  céderai,  à  mon  tour  la  place 
que  j'occupe,  cette  liste  pourra  être  bien  changée.  Je  suis  toujours, 
avec  les  sentiments  de  la  plus  haute  estime,  votre  bien  sincère- 
ment dévoué. 

45.  —  STIELTJES  A  HERMITE. 

Leyde,  ier  mars  1884. 
Monsieur, 

En  rentrant  en  ville  hier  soir,  j'ai  trouvé  votre  lettre  qui  m'est 
bien  précieuse. 

J'avais  réussi,  de  mon  côté,  à  démontrer  les  formules  trouvées 
par  induction,  mais  ma  démonstration  arithmétique  ne  pouvait  se 
résumer  en  peu  de  mots.  Votre  lettre  m'a  fait  penser  de  nouveau 
sur  ce  sujet;  voici  comment  je  crois  que  l'on  peut  arriver  à  mes 
résultats  assez  simplement  en  partant  de 

8A+1 1 

F(m2)   =  IO [o(/i2)  +  '>.C3(/i2_22)-H  2Ci(«2—  42)  +..     ]. 

7 


go  CORRESPONDANCE    d'hERMITE    ET    DE    STIELTJES. 

Soil  d'abord  n=p  un  nombre  premier  :  il  s"at;i i  d'évaluer 

■C  —  ? (  P2  )  ■+■ 2  ?  '  /'2  -  ',/2  )-+-■•• 
ou  liirn.  à  cause  de 

-  I  /M      "        /-    —  I  , 
<_-!-/>  =   pCp)<?(/0-H2<p(/>»—  22)-t-2op(i02—  42)+... 

ou  encore 

/.  3    p)o(p)-\-  1  o(p  '    Z>(p  -+-  2)  -1-  2©(/>  —  4)<?(/>  -*"4)-J- 

Ce  sonl  deus  formules  elliptiques  qui  mènent  au  but;  en  effet, 
on  a  (Œuvres  de  Jacob  i,  nouvelle  édition,  1.  I.  p.  162,  1 6-) 

(1)  x(4r)    ^4^?'""/2         (#1  =  1,3,5,7,...)! 

/•M— Y  =  .6' 


-  q-         1  -     y  ■         1  —  y" 

«6[x(i)?  +  X /'      /    ;"/;     ■•■]' 

y(#i)  représentant  la  somme  des  cubes  de  ceux  des  diviseurs  de  n 
dont  les  diviseurs  sonl  impairs. 

Or.  «-11  élevant  au  carré  la  formule  (1),  on  voit  aussitôt  que 
le  coefficient  de  qP  devient 

e>(i)  cp (2jd  —  i )  ■+-  a>  1  3  ;  œ (  ip  —  3;  -+-...-+-  ©(/>)  <p (p)       ...  +  tp ( 2/»  —  1)  <p (  1) 
=  «(/>)  »(/>  i  -r-  ïs(/;  —  2  ;  ©(  />  +  2)  -+-...=  •£,+  />; 

donc 

£  -+-/>  =  "/.(/»)  =/>3+  I  C.  O.   F.   1). 

(  >n  peut  traiter  d'une  manière  analogue  le  cas  où  n  est  composé  . 
(  lela  nécessite  encore  quelques  considérations  supplémentaires  qui, 
toutefois,  n'offrenl  point  de  difficulté. 

\  oici  comment  j'avais  auparavant  traité  le  cas  de  la  décomposi- 
tion d'un  carré  en  trois  carrés. 

Soit 

d—\ 
'i'  "  )  ^^(^  "    * 

pour  un  uombre  quelconque  n,  d  parcourant  les  diviseurs  impairs 
de  n  et  -!/(o)  =  i;  alors  : 

F(#i      =  %[^(n  —  i«)  +  ^(/l  —  3»)-t-<J»(/i  —  5»)  +  ...], 


LETTRE    45.  91 

11  étant  un  nombre  de  la  forme  Sk-\-i,  elF(n)  la  fonction  de 
M.  Kxonecker.  Si  l'on  considère  i2F(/i)  comme  représentanl 
le  nombre  des  représentations  de  //  par  x2  +  y2  +  z- ,  on  peul 
obtenir  celte  expression  à  l'aide  des  considérations  les  plus  élémen- 
taires. Maintenant  on  a 

0(/7K<V?)-0(ry)2. 
Donc 


6(^)6 


(v^)o3(v/v)      2(-l}  2    ^ 


ou  bien,  en  changeant  q  en  —  ry, 

*  —  1         .«5  —  1  .s'2 

V(_,)~2  8~  Sql 

(h(gï2= wmr* —  =42'K".>'/"- 

En  posant  donc,  pour  un  nombre  =  1  (mod8), 

w  gc)=4[+('^ '.y^y^y^y.] 

on  aura,  lorsque  /i  n'est  pas  un  carré, 
(c)  G(/i)  =  o 

et  lorsque  //  est  un  carré 

k  —  1      A2-  1 
G(Mj  =  (— 1)  2    "      s     £. 

Les  formules  (a)  et  (b)  donnent  maintenant 

[  F(n)+~G(n)  =  /i\^(n-ti)  (t=i,7,    9,  i5,  ...), 

(rf)  *  ^ 

(  F(»)-  lG(«)  =  42'î;(n-M2)        ("  =  3,  5,  ii,  i3,  ...). 

Ce  sont  ces  formules  (<:/)  qui  donnent,  par  une  discussion  facile,  la 
valeur  de  F(/«)  lorsque  n  est  un  carré  impair  quelconque. 

Soit,  pour  considérer  seulement  le  cas  le  plus  simple,  n  =.p-k, 
p  étant  un  nombre  premier  =  1  (mod8).  Alors  la  seconde  des 


92  C0RRESP0NDAKC1     d'hEBMITE    ET    DE    ST1ELTJES. 

équations  l  d  i  donne,  en  faisant  attention  aux  valeurs  (c), 

I    pï*)  —  -jt>*=4  V^Qo2*—  »2)        (w  =  3,  5,  il,  ...)■ 
(  lonsidérons  un  terme  quelconque 

el  supposons 

«  =  p>u,        o    /•      / . 

//  n'. 'tant  point  divisible  parjo;  alors 

■L    p2*— «')=  iJ/(/>2*  —  p*ru'î)=  ty(pir)ty(pZk-tr^  u2  , 

(  )r,  oA  r  est  =  i  et  u!  esl  =  rh  3  i  mod  8  :  donc  un  des  nombres 
ph  '■://' r-i       6  (mod8),  el  par  conséquent 

«!»(/»«*—  a2)  =  o        et        F(/>2*)=Ip*. 

En  supposanl 

n  =  ikpl^p'*..  .  p'f  '/'['■'/'!,'-. .  .  qf; 

/>,./>..  ...  étant  des  nombres  premiers  =  i  (mod  {),  qiyq2j  ...  étanl 
des  nombres  premiers  =  3  i  mod  j  i,  on  trouve  que  le  nombre  des 
représentations  de  n-  par  x-  +  )-  —  ;J  esl  égal  à 

</',".-'  —  //"'!  —  2         tf'"s+1  H-  q'"-  —  2                 ^'»s  +  '  -+-  q™*  —  -i 
OP\Pi...p,-X  — — x  — = X...X  — 

q  i  —  i  qt—i  '/  —  ' 

Probablement  on  pourra  aussi  arrivera  ce  résultat  en  suivant  un 
chemin  analogue  à  celui  (celle)  qui  m'a  conduit  plus  haut  au 
nombre  <\f^  décompositions  en  cinq  carrés;   mais  le   temps    me 

manque  en  ce  ment   pour  vérifier  cela.   Je  suis  très   intéressé 

•  i  voir  la  démonstration  de  M.  Hurwitz,  qui  certainement  ne  m'est 
point  connu)  inconnu,  parce  que,  en  voulant  étudier  les  Mémoires 
de  M.  Gierster,  j  ai  dû  recourir  à  un  beau  Mémoire  de  M.  Hurwitz 
intitulé  :  Fondements  d' une  théorie  indépendante  de  la  théorie 
des  fonctions  modulain  s. 

Lorsque  j  étais  engagé  dans  ces  recherches,  j'ai  aussi  considéré 
la  décomposition  c\i  sept  carrés.  On  a,  dans  ce  cas  encore,  des 
formules  entièrement  analogues;  l'analogie  est  plus  grande  avec  la 
décomposition    en     trois    carrés    qu'avec    la    décomposition    en 


LETTRE    V").  93 

cinq  carrés.  Mais  je  n'ai  poinl  mené  à  lin  ces  recherches,  el  aussi 
je  n'avais  poinl  encore  trouvé  une  méthode  pour  déduire  mes  for- 
mules de  la  théorie  des  fonctions  elliptiques. 

Peut-être    vous    trouverez    intéressante    celle    remarque,    que 
j'ai  faite  à  l'occasion  de  celle  relation 

F(  »/>»*)  =  L*+^-'  +  ...+  ]  —  (  — j^H-. .  .-t-i)l  F(n), 

qu'on  a  des  relations  analogues  pour  la  décomposition  en  2,  f, 
6,  . .  .  carres.  En  effet,  vous  verrez  aisément  que  l'on  a,  pour 
/■=2,  4,  6,  .... 


A  =  p(7-2)A  +  ^(r-2J(A-l)+^(/--2H£-2;+_.+^r-2  +  t) 

(/•  —  21  ( A—-  )  lr  —  2\(A—'-\  l>-2)- 


la  valeur  du  symbole   de  Legendre    l J   étant   ±1    ou  o 

lorsque  n  est  divisible  par/?  (mais  non  par/?2). 

$r(n)  est  le  nombre  des  solutions  de  «  =  x^  +  .r2  +  . . .  -f-  x2r. 
De  même,  on  a  pour  r  =  3,  5,  7,  ... 

*r(*V«*)  =  (A-  (  f~°   '    n)li^r(n), 
\         P         /      /' 

A  =  plr-2)k  -+-...-+-  pr-î  +  r  ( 

B  =  />  V        V      2  +  ...  +  /J  2       27 

mais  je  n'ai  démontré  cela,   dans  les   cas   /•=,>,   5,  -,  que  dans 
quelques   cas  particuliers. 

L'expression  de  &(n)  fournie  par  les  fonctions  elliptiques  est 

m  —  I      r  m  —  I  "1  rf  —  I 

&(n)  =  &(a*m)  =  (-  i)~*~4  Uk+i  ~  (-  i)~^~J  2(~  O"1"  ^ 

c/  parcourant  les  diviseurs  impairs  de  n;  il  est  facile,  d'après  cela, 
de  vérifier  la  relation  donnée  plus  haut. 

Mais,  dans  ces  derniers  temps,  j'ai  abandonné  ces  recherches 
parce  que  je  veux  étudier  d'abord  les  théories  de  M.  Smith;  or,  les 
Mémoires  que  vous  avez  bien  voulu  m'indiquer  manquent  dans  la 


M'(  CORRESPONDANCE    D  HERMITE    ET    DE    STIELTJES. 

bibliothèque  de  l'I  niversité,  en  sorte  que  je  dois  attendre  la  publi- 
cation de  votre  académie. 

J'aurais  encore  à  vous  dire  bien  des  choses  concernant  votre 
lettre;  mais  le  temps  me  manque  et  je  dois  finir  cette  lettre  déjà 
l  o  n  gu  e . 

Croyez-moi  toujours,  avec  le  plus  profond  respect,  votre  très 


46.  -  HERMITE  A   STIELTJES. 

l'aiis,  12  mars  1884. 

Monsieur, 

\  un  théorèmes  sur  la  décomposition  des  nombres  en  septcarrés, 
contenus  (Lins  les  équations 

¥-,(['•  m  i  =/./.  )¥1(m), 

sont  entièrement  nouveaux  el  extrêmement  beaux  et  je  viens  vous 
demander  l'autorisation  de  les  communiquer  à  L'Académie  en  pu- 
bliant  votre  lettre  du  8  dans  les  Comptes  rendus  (M.  Peut-être  en 
prendrai-je  occasion  pour  \  ajouter  quelques  remarques  concernanl 
votre  expression  de  la  fonction  F(/z)  de  M.  Kronecker  par  la 
formule 

Fi  //  1  -V  «J,,  n  —  8/'*) 

que  \uiis  tirez  sans  doute  du  développement 

•> /,  k       i\\:r        \\/q  s\nx        ^yq^sinSx 


en    supposant    ./•  =  — .    Le    premier    nombre   devient,    en    effet, 
4 

—  .   .   \.s  et  le  développement  de  la  quantité  rrQ(  conduit  préci- 

sèment  à  l'i  \n  -----  2).  Il  ne  nie  semble  pas  inutile  de  remarquer  que 
votre  résultai  est  d'une  autre  nature  que  ceux  qu'on  lire  immédia- 


te1) La  lettre  du  8  mars  manque.  Elle  constitue,  sans  doute,  la  Communica- 
tion insérée  aux  Comptes  rendus  :  Sur  quelques  applications  arithmétiques 
de  la  théorie  des  fonctions  elliptiques  (Comptes  rendus,  t.  XCVIII,  p.  663; 
\-  mars   1884  )• 


LETTRE    h6. 


95 


1  emenl  <  I  «  -s  théorèmes  A,  B,  C  de  M.  Kronecker  el  qui  dépendenl 

<lc  la  fonction  plus  élémentaire  f(n)  donnant  le  nombre  «lis  solu- 

lions  de  l'équation  x--\-y2=  m. 

(  )n  trouve  aisément 

1 
7,20,  =  V/(8n  4-  4  —  2a«)  7"  *"  *, 

1 

«  =  o,  i,  2,  3,  .  .  . , 

o  =  ±i,±3,  ±5,  ..., 

6  =  0, dbi,zh  ?.,...; 
puis  encore 

o?  =2 /(«  —  <?«)  7", 

c  =  o,  rfci,±2,  ±3,  ..., 

mais  ces  formules  ne  sont  point  les  seules  à  s'offrir. 
Désignez  par  g(n)  la  fonction  ainsi  définie  : 

g(n)=2à(-x)   *   , 

en  désignant  par  d  tous  les  diviseurs  de  n,  moindres  que  \J n  et 

supposant  n  =  3  (mod4);  vous  aurez 

3 
7l3=S2ig(Sn-h3  —  b*)qn+~\ 

b  =0,  ±2,  ±4,  ±6, 
Soit  ensuite  gK  (n)  une  fonction  relative  à  un  nombre  pair,  à  savoir  : 


*i(»)  =  (-0» 


2(-)-^-2(- 


0 


où  ^/  représente  tous  les  diviseurs  impairs  de  n,  moindres  que  \Jn 
el  fi?'  tous  les  diviseurs  impairs,  plus  grands  que  Jn,  on  a  : 

6  ?  =  «  -+-  4^  *  <  4  «  -  «2  )  y"  +  4^  ^  (  "  -  c2  )  (~  ?  )rt 
avec  la  condition  de  prendre  c  =  W  (moda). 


CORRESPONDANCE    D'HERMITE    ET    DE    STIELTJES. 

La  difficulté  est  de  reconnaître  de  quelle  manière  seramènenl  les 
unes  aux  autres  des  expressions  si  diverses;  n'ayanl  aucun  espoir 
de  la  surmonter,  je  me  résigne,  Monsieur,  à  interroger  les  formules 
elliptiques  de  diverses  catégories,  en  demandant  à  chacune  son 
secret  arithmétique,  el  à  recueillir  les  réponses  utiles  ou  inutiles 
avec  patience  et  persévérance  :  plus  laboris  quam  artis.  Mai-*  voici 
mes  leçons  qui  arrivent,  avec  les  examens  de  la  Sorbonne.  et. 
comme  vous,  il  me  faut  faire  la  paît  aux  devoirs  et  aux  obligations 
de  l'enseignement.  Non  mh>  regret,  je  m'arracherai  aux  formules 
suivantes  qui  m'ont  coûté  bien  des  efforts  ci  donl  je  ne  désespère 
point  d'obtenir  quelques  résultats.  Soit  toujours  a  =  i,  3,  5, .  .  .; 
on  a 

~~  2d  (i  —  7S«)«  ~^~ 2d        i  —  7 2« 
puis,  en  faisant  c  =  i,  •> .  3 

"^fi-rf!2     ''  Zd         l-hqc 

Permettez-moi,  Monsieur,  de  vous  demander  s  d  vous  conviendrait 
d'appartenir  à  la  Société  mathématique  de  France  :  le  règlemenl 
de  la  Société,  1)11!  impose  aux  membres  étrangers  la  même  cotisa- 
tion annuelle  de  'ii'1  qu  aux  Membres  nationaux,  et  un  droit  de  iofr 
pour  <  1  < •  1 1  x  rance  du  diplôme,  ne  me  permel  point .  sans  avoir  obtenu 
votre  consentement,  de  vous  proposer  au  chois  de  mes  confrères 
qui,  j'en  suis  assuré,  vous  accueilleront  avec  la  plus  grande  sym- 
pathie. 

Recevez,  Monsieur,  la  nouvelle  assurance  de  ma  plus  haute 
estime  el  de  mes  sentiments  bien  dévoués. 


47.  —  STIELTJES  A   II  EH  MITE. 


Leyde,  i3  mars  1884. 
MoNSIEt  il. 

Je  verrai  avec  le  plus  grand  plaisir  que  vous  lassiez  (ferez)  im- 
primer dan-  les  Comptes  ren  lus  ma  dernière  lettre;  seulement  je 


LETTItE    kl.  97 

uc  sais  pas  si  ce  que  je  dis  sur  celle  relation 

f(»/j»*)  =  [/^-t-j»*-'  ■+-...+ 1—  (— r)  (/>/i'-'+-  •  •  />-+-«)]  f(») 

sera  intelligible.  Aussi,  j'espère  avoir  (que  j'ai  )  exprimé  assez  clai- 
rement ma  satisfaction  sur  la  méthodede  M.  Ilurw  itz,  qui  est  beau- 
coup préférable  à  celle  que  j'avais  suivie  auparavant  dans  le  cas  de 
la  décomposition  en  trois  carrés. 

Enfin,  il  faut  supprimer  cette  relation 

(qli  •+-  q3'  -t-.  .  .)(i  —  2  g8-1'-)-...)  =  q1*—  q3*  +  g-5'(i  —  2?8'1')  —  ... 

parce  que  je  me  suis  aperçu  que  le  théorème  arithmétique  qu'elle 
exprime  a  été  donné  par  M.  Smith  sous  une  autre  forme,  et  il 
serait  nécessaire  d'y  ajouter  plusieurs  remarques.  Celle  découverte 
m'a  intéressé  beaucoup  parce  que  la  démonstration  indiquée  par 
M.  Smith  est  tout  à  fait  différente  de  la  mienne.  Ces  relations  appar- 
tiennent à  une  classe  dont  on  a  vu  le  premier  exemple  dans  le  pre- 
mier Mémoire  de  Gauss  sur  la  théorie  des  résidus  biquadratiques  : 
p  étant  un  nombre  premier  =  i  (mod  8)  et 

p  —  x-  -+-  $j--  =  t-  -H  16  «2, 

alors  si 

x  =  ±  1  (mod  8),         u  est  pair 
et  si 

x  =  ±  3(  mod  8),         «  est  impair, 

(Œuvres  de  Jacobi,  nouv.  édit.,  t.  II,  p.  218). 

M.  Smith,  en  parlant  de  ces  théorèmes,  remarque  qu'il  existe  des 
théorèmes  analogues  pour  la  représentation  d'un  nombre  par  deux 
formes  quadratiques,  l'un  des  déterminants  étant  positif,  l'autre 
négatif.  Et,  comme  un  exemple,  il  donne  un  théorème  qui  ne  diffère 
pas  essentiellement  de  celui  donné  plus  haut. 

Je  sens  bien,  Monsieur,  qu'il  vaudrait  mieux  que  je  publie  (si  je 
publiais)  in  extenso  les  recherches  auxquelles  je  me  suis  (m'ai) 
livré  d'après  vos  indications  et  encouragements;  mais  je  n'en  vois 
pas  encore  la  possibilité  prochaine. 

La  Faculté  de  Groningue  m'avait  bien  présenté  en  première  ligne 
pour  la  place  vacante,  mais  M.  le  Ministre  a  nommé  un  des  autres. 
Probablement  la  raison  aura  été  que  n'ayant  point  eu.  l'occasion  de 
suivre  le  chemin  ordinaire,  je  n'ai  point  obtenu  un  grade  à  l'Uni- 
versité. Je  suis  très  sensible  à  voire  proposition  honorable  à  la  lin 

7 


g8  CORRESPONDANCE    d'hERMITE    ET    DE    STIKLTJES. 

,1,.  votre  lettre;  mais  dans  mes  circonstances  un  peu  précaires,  je 
dois  vous  demander  d'en  ajourner  quelque  temps  I  exécution. 

Dans  le  commencement  de  la  semaine  suivante  je  serai  à  Paris 
pour  quelques  jours;  peut-être  aurai-je  alors  le  bonheur  de  vous 
voir.  Je  suis  toujours  votre  serviteur  bien  dévoué. 

48.  —  STIELTJES  A  HERMITE. 

Leyde,  20  avril  1884. 

MoNsn  1  r  , 

Permettez-moi  de  vous  communiquer  le  résultat  d'une  recherche 
que  j'avais  projetée  depuis  longtemps,  mais  que  je  n'ai  exécutée 
que  dans  ces  derniers  jours.  Le  résultat  simple  auquel  j'arrive, 
c'est  que  la  quadrature  de  Gauss 


L 


f(x)dx  =  A1/1  ./■,  1     -  A2/i  /-_,  M  .-.-+-  A„/i  /-,. 


s'applique  avec  une  approximation  indéfinie  (en  augmentant  n)  à 
toute  fonction  intégrable. 

Supposons  X\  <C  &2<l  •  •  •  <C  •*'//  :  on  sait  que 
\,       A.,     -...+  A„=2 

el  mon  résultat   est   une  conséquence  immédiate  de  la  définition 
d'une  intégrale  définie  et  des  inégalités  suivantes  dont  j'ai  vérifié 

la  justesse  : 

—  i     <  -''i<  —  1-+-  At, 
—  1    -f-  A 1    ; ./ 2 <  —  i  —  A , -+-  \;. 

—  1        A,        \  /■;       —  i-i-  A,  —  Ao—   \  ;. 


.1  ai  supposé  n  assez  grand  :  alors  on  peut  vérifier  ces  inégalités 
pour  celles  (ceux)  des  racines  ./•/,  qui  ne  sont  pas  proches  des 
limites  ±  1.  à  l'aide  des  valeurs  approchées  des  x^,  A/,  qu'on  ob- 
tient  sans  difficulté.  Toutefois  il  est  un  peu  pénible  d'obtenir  les  A* 
avec  une  approximation  suffisante. 

Ensuite,  j  ai  considéré  les  racines  extrêmes  qui  diffèrent  peu  de 
±  1  et  j'arrive  aux  formules  suivantes. 

Soient  »,.r, .r:j.  . ..,  les  racines  de 

'y  2  •y  3 

\-  .■!-  1-.  >.2.   )- 


LETTRE    48.  99 

rangées   dans  leur  ordre   naturel   <!<•  grandeur  (on  a  à  peu  près 

V/f=         r, lorsque  />'  est  grand;  cela  donne y\  =  1,387g... 

an  lieu  de  1 ,44^8 — 

Alors     on     obtient    les     plus     grandes     racines     de     X/i  =  o, 
xK  >»  a?2  >  ^s  •  ■  •  en  substituant  ^j,  ya,  ^3,  ...  au  lieu  de  jy  dans 

l'expression 

8/  8  a  8 1> 


-  -*-• 


(2/!  +  ll!  (  2  ft  •+■  l)4  (  2  71-4-  l)c 

1         ^    4       2 

i3  8     „       32     , 

Par  exemple,  on  trouvera  X\  par 

1 1 , 566386 ...        26, 1 523  ! . . .        20, 453 . . . 

1 1-  — —       ' -+- . . . . 

(■271  +  1)'-  (271-4-1)*  (27l  +  l)(' 

Pour  n  =  2,  l'erreur  restante  est  0,000046. 

Pour  77  =  3,  elle  est  o,ooooo4  ;  pour  de  plus  grandes  valeurs 
de  n  elle  devient  insensible  sur  les  six  premiers  chiffres. 

Je  développe  une  expression  analogue  pour  obtenir  les  cocfli- 
cients  correspondants  A(  A2A3  .  .  .  dont  je  n'écris  ici  que  le  pre- 
mier terme 

8 1 

y[¥\y)f  (271-4-  i)p  +  -"" 

La  vérification  des  inégalités  données  plus  haut  conduit  alors  à 
celles-ci  qui  ont  effectivement  lieu  : 

yï<y~xWïy^W<yi' 

1  1 

JVS'i[F'(ji)]2  +^IF'(^)J2  <r3: 

1  1 1 

Une  légère  indisposition  m'a  obligé  d'abandonner  l'Arithmétique 
pour  quelque  temps  ;  mais  maintenant  j'éprouve  de  nouveau  l'alliait 
de  ces  études;  toutefois  je  ne  pourrai  faire  beaucoup  faute  de  loisir. 

En  vous  souhaitant  un  sort  plus  heureux,  Monsieur,  je  (me) 
signe  votre  très  dévoué. 


100  CORRESPONDANCE    I)  UERMITE    ET    DE    STIELTJES. 

49.  -     UERMITE  A   STIELTJES. 

Paris,  a  mai  1884. 

Mo\  si  11   l;  . 

Votre  lettre  m'a  vivement  intéressé  pur  les  beaux  résultats 
qu'elle  contienl  :  •■11''  ajoute  encore,  s'il  e>t  possible,  à  mes  senti- 
ments de  haute  estime  et  de  sympathie  pour  vu  lie  beau  talent.  J'ai 
m  dernièrement  L'occasion,  que  j'ai  mise  à  profit,  il  exprimer  ces 
sentiments  à  votre  compatriote  M.  Bierens  de  Ha. m.  venu,  comme 
moi,  à  Edimbourg  pour  assister  aux  fêtes  du  cinquième  centenaire 
de  II  diversité,  cl  M.  Picard  qui  m'accompagnait  a  fail  de  même 
de  -ou  propre  mouvement.  Ce  me  serait  une  vive  satisfaction  si  le 
témoignage  de  mon  opinion  sur  votre  mérite  scientifique  pouvait 
srous  servir  eu  quelque  chose  et  cou  tri  huer  à  vous  faire  obtenir  une 
situation  digne  de  vous  cl  qui  vous  permît  de  vous  livrer  en  entier 
aux  recherches  que  vous  avez  entreprises.  Permettez-moi,  Mon- 
sieur, de  m  ni-  prier  de  disposer  de  moi.  si  vous  en  avez  l'occasion  : 
je  ne  puis  douter  que  mon  confrère  et  ami  M.  Tisserand  ne  s'em- 
pre--e.  a  nia  demande,  de  joindre  son  témoignage  d'astronome  el 
de  géomètre  au  mien.  La  publication,  dans  les  Comptes  rendus, 
des  résultats  de  vos  travaux,  pouvant  ne  pas  être  inutile  pour 
appeler  sur  vous  l'attention,  je  viens  vous  demander  >'il  vous  con- 
vient  (pie  je  présente  à  l'Académie  votre  Communication  du 
18  avril  et.  en  attendanl  votre  décision,  je  me  permets  une 
remarque  au  sujel  de  l'équation 

F  (y)  =  i  —  "' 


1  .  2     -  .1  .2.3  '- 


Si  vous  faites  y  =  (  —  1    vous  avez  la  fonction  de  Bessel  qui  joue 

un  si  grand  ride  dan-  la  théorie  de  la  chaleur  et  autres  applications 
physiques.  Or,  l'équation  dont  nous  obtenez  les  racines  par  la 
formule  approchée 


i .;  k 


a  été  I  objet  des  recherches  d'un  géomètre  extrêmement  distingué 


LETTRE    50.  10  I 

M.  Boussinesq,  qui  obtient  l'expression 


C'esi  dans  les  Comptes  rendus,  i.  LXXIJ,  p.  {80,  que  vous 
trouverez  l'exposé  de  ses  recherches  sur  ce  sujel .  <pii  a  longuemenl 
«occupe  M.  de  Sainl-Vcnanl  ;  ne  jugeriez-vous  |>;is  à  propos  d'en 
prendre  eonnaissanec  et  de  le  citer  en  le  rapprochant  des  vôtres? 

La  liaison  que  vous  avez  découverte,  liaison  cachée  el  <pii 
m'échappe  entièrement  entre  les  racines  de  l'équation  de  Bessel 
et  l'équation  Xw=o,  me  semble  on  ne  peut  plus  intéressante, 
ainsi  que  votre  expression  des  coefficients  A  par  la  formule 


Vous  avez  indiqué  trop  succinctement  volve  point  fonda- 
mental, que  l'extension  à  une  fonction  intégrablc  de  la  formule 
d'approximation  de  Gauss  est  une  conséquence  immédiate  des 
inégalités 

—  1  <«-!<  — 1  +  A,, 
— 1-4-  Aj<  a?2<  —  n-  Aj -+•  As,         

Plus  de  détails  ne  me  sembleraient  point  superflus  si  vous  devez 
publier  la  lettre  que  vous  m'avez  adressée,  et  il  vous  serait  facile, 
dans  ce  cas,  d'y  joindre  une  addition  qui  serait  mise  à  la  place 
convenable. 

En  remettant  l'Arithmétique  à  une  prochaine  lettre  et  attendant 
votre  réponse,  je  vous  renouvelle,  Monsieur,  avec  tous  mes  vœux 
pour  vous,  l'assurance  de  ma  plus  haute  estime  et  de  mes  senti- 
ments bien  dévoués. 


Mous 


50.  —  STIELTJES  A  II ERMITE. 

Leyde,  3  mai  1884. 


Je  viens  répondre  à  votre  lettre  pleine  de  bonté  par  quelques 
développements  sur  la  cpiestion  que  j'avais  agitée.  Ces  développe- 
ments sont  probablement  trop  étendus  pour  permettre  de  les 
publier  dans  les  Comptes  rendus.  Je  composerais  cependant  avec 


102  CORRESPONDANCE    I»  111KMITE    ET    DE    STIF.Ï.TJES. 

plaisir  une  rédaction  pour  quelque  Journal  cl  je  demande  voire 
conseil  sur  un  choix. 

Comme  vous  verrez,  La  manière  dont  je  traite  maintenant  la 
question  n'a  rien  de  commun  avec  (-elle  que  j'ai  décrite  succincte- 
menl  dans  ma  lettre  précédente.  Elle  est  infiniment  plus  simple. 

J'ai  toujours  été  frappé  par  celle  circonstance  que,  taudis  que  la 
définition  même  d'une  intégrale  définie 

\  /     G(*)^  =  lim[8,G(Ê,)-4-82G($s)-K..-4-8„G($„)] 

permel  toujours  de  calculer  sa  valeur  avec  une  approximation  indé- 
linie.  cela  n'était  point  du  tout  démontré  si.  en  appliquant  une 
quadrature  mécanique,  on  calcule 

B  \,<:  ■ ./-,  i   •    ^G(a?,) -+-•■■-+- A.»  G(a?„). 

Si  l'on  prend,  avec  New  ion  el  Cotes,  les^rl5  œ2, xn  en  pro- 
gression arithmétique,  les  \„  ne  sonl  pas  toujours  positifs  (comme 
on  le  voil  par  les  valeurs  calculées  par  Cotes  et  reproduites  dans 
le  Mémoire  de  Gauss),  et  cette  circonstance  m'a  fait  croire  qu'il  y  a 
bien  peu  d  espérance  d'arriver,  dans  ce  cas.  à  un  résultat  simple. 
[Toutefois  je  n'ai  pas  cherché  si,  peut-être  aussi  dans  ce  cas,  les  Ar 
ne  finissenl  pas  par  (de)  devenir  tous  positifs,  n  augmentant.] 

Mais,  dans  la  quadrature  de  Gauss,  les  Ar  sont  tous  positifs,  en 
sorte  qu'on  esl  porté  naturellement  à  chercher  si  l'expres- 
sion (B)  ne  rentre  pas  dans  celle  qui  figure  au  second 
membre  de  i  \>  en  prenant,  comme  il  est  permis  de  le  faire 
(en  effet  ^  -+-  A2  +  . . .  +  A„  =  b  —  a)  ùt  =  A,,  82  =  A2,  ..., 
8/1=  A„.    Mais,    pour   que   cette   identification   soit    possible,   on 

devra  avoir 

"    '  X\  <  a  —  A  i  <  a?2  <  a  -+-  Aj  ■+-  A2  < . . . 

inégalités  qui  exprimenl  que  x.  oc2 vn  sont  compris  dans  les 

intervalles  choisis. 

C'est  ce  qui  a  lieu,  en  effet,  el  ce  que  j'avais  vérifié  d'abord 
d  une  manière  forl  pénible  en  me  servant  d'expressions  approchées 
des  ./',  et  des   \r.  en  supposant  n  très  grand. 

Je  vais  établir  maintenant  une  proposition  plus  générale  : 
Soit/(#)  une  fonction  qui  reste  constamment  positive  dans  l'in- 
tervalle a  —  Il 


LETTRE    50.  103 

On  sait  qu'on  peut  déterminer  n  conslanlcs  x{,  x->,  . . .,  ccn 
#  <  xt  <C  x%  <  •  • .  <  x„  <  b 
et  n  autres  constantes  At,  A2,  .  • .,  A„  de  manière  que  l'on  ail 

rh 

(i)  /     f(x)G(x)dx  =  A,/(a;1)  +  Aj/(r,)+...+  A„/(a?„) 

toutes  les  fois  que  G(a?)  est  un  polynôme  en  #  du  degré  2  /<  —  i 
au  plus. 

L<?s  Aa  50/1/  tous  positifs  :  c'est  ce  que  l'on  voit  en  prenant 

_  (x  —  x^-.-.ix  —  xtly 

G(")= (*-**)' ' 

cela  donne 

i> 
/     f{x)G(x)dx  =  A/,  G(xk). 

Les  Ah  étant  positifs  et 

A,  + A.,  +  . . .+ A„=    /     f(x)dx, 

*) a 

on  pourra  déterminer  n —  i    constantes  y{,  y2,  ■  •  -,  fn-\   de   ma- 
nière que 


«  <  ri  <  y?.  <  •  •  •  <  jK"-i  <  * 
et 


/      f(x)dx,  A2  =    /      f{x)dx, 

=  I      f(x)dx,         ...,        A„_!=  ^         f(x) 


Aa=    /       f(x)dx,  A„_i  f(x)dx. 

On  aura  alors  aussi 

A«=  /      f{x)dx. 

Je  dis  maintenant,  et  c'est  ma  proposition  fondamentale  :  que 
ces  constantes  jTi,  jKa>  •  ..jJKn-i  séparent #<,  #2j  ...,#«.  Donc 

«  <  a?i  <ji  <  a?2  <  JK2  <  x-i  < . . .  <  yn-\  <  x»  <  b. 

Il  faut  remarquer  que  la  démonstration  que  les  Aa  sont  positifs 
se  fonde  seulement  sur  l'exactitude  de(i),  G(#)  étant  un  polynôme 
du  degré  in  —  i  au  plus  (et  non  in  —  i).  Aussi,  dans  la  démon- 
stration suivante  de  la  proposition  fondamentale  nous  ferons  usage 
de  (i)  seulement  dans  le  cas  que  G(x)  est  du  degré  in  —  2. 


ro4 


CORRESPONDANT!;    1)  HERMITE    ET    DE    STIELTJES. 


Je  détermine  un  polynôme  du  degré  m  —  i,  T(j-)  par  le>  con- 
ditions suivantes  : 


T    r,)  =  i, 

T(x 

T    /,    ,)=  i, 
)  =  i, 

T      r,       ,)  =  0, 

T    r 

,  I  =  o, 


T'(a?i)  =  o, 

T'i  ./'o  )  =  o, 

T'i  Xk-\  )  =  o, 

1"i  ./•/  hl)  =  o, 
T'(a7*+.j)  =  o, 

T'(.r„)  =  o. 


Ces  conditions  étanl  au  uombre  de  in —  i,  le  polynôme  T(#) 
esl  parfaitemenl  défini  par  cela,  et  l'on  aura 


/ 


l'i  ./*i  d.r  =  A,    -  A  , 

Les  racines  <le  l'équation 

T(x)  =  o 

son1  i  d'après  le  théorème  de  Rolle). 


Nombre. 


k 


'<    ;i.       En       ••  ,  ;x-i   *i<Si    '■'•■  ■■  .  ■:■■•< Ia-i<3?a-  *  —  i 

(C)   tfjfc+li   •''/,  .   • 'V/,  "  —  A" 

(rf)  7)A+2,  1A-+3 '<]"  Xk+i<TVc+2<&/c+2<--<vin    <  X  n   n  —  h  —  \ 

Le  uombre  total  de  ers  racines  esl  2/j  —  3;  T' (a;)  étant  du  degré 
•m —  I.  l'équation  ne  saurait  en  avoir  davantage,  et  toutes  ces 
racines  sonl  simples. 

Il  est  facile  d'après  cela  de  se  représenter  la  marche  de  la  l'onc- 
tion T(a?)  ou  de  la  lignejK  =  T(#).  Dans  la  figure  ci-dessous,  c'est 


'%iaÀ-ja»      J-itl'tTj 


la  ligne  en  trait  plein;  en  effet,  la  ligne  pointillée  ne  saurait  con- 
venir  parce  qu'il  en  résulterait  au  moins  une  racine  de  T'(#)  =  o 
pntre  .'  ■  el  .//, . ,.  qui  n'existe  pas. 


LETTRE    50.  I05 

On  voil  : 

i  °  Que  T(x)  est  toujours  |><>siiil'  dans  L'intervalle  a,  l>  ; 

2°  Que  i  estla  \n\vuv  minimum  de  T(#)  dans  l'intervalle  a —  X/,. 

De  l'équation 

rb 

At  +  Aa4-...+-  A/,=  /    f(x)T(x)dx 

nous  pouvons  donc  conclure 

Ai-hA«-f-...  +  A*>  /     /(a?)T(a?)fi?a?, 
•  ,; 
et  eniin 

(a)  A]-t-  As  +  .  ..-h  A*>   /      /(a?) 


f/.r. 


On  démontrera  d'une  manière  parfaitement  analogue,  en  consi- 
dérant l'autre  limite  b  de  l'intégrale 

kk+\  -+-  A/,+2  -H.  .  •  4-  A„  >   /     /(a?)  ûfo?  ; 


6 


donc 


AiH-Aj-K..-t-AB=  //( 

>'  a 


x)  dx, 


(P)  Ai +  A2 +  ...-+- AA-<  /        f(x)dx. 

Ces  deux  inégalités  (a)  et  ((3)  font  bien  voir  que  la  quantité  y* 
définie  par 

'     f{x)dx 

a 

reste  comprise  entre  Xu  et  #*+«•  C'est  la  proposition  qu'il  fallait 
démontrer. 

Avant  que  j'eusse  trouvé  cette  démonstration,  j'avais  constaté 
l'exactitude  dans  les  cas  suivants  : 

r'_gHL<to      =  «y  çf».  (»*—>«!, 

J_i     ^/y  —  x-i  nA*  '    L  2re         J 

r+1  / — 7,»/  x  ,        -  v1  •  ./  **  \ni     k^  \ 

I        v  i  —  x-  (i  (a?)  dx   =  -   —    >   sin2     Ci     cos ■    > 

J_i  n^i  Ad         \  n  -+-  i  /  d  \        «  -M  / 

« 

/*         .     /I  —  27,.,  ,  i-        V^      .  /i'~         ,,/  2/iTT 

/        4  /  ■  U(x)  dx  = >   sin- ti     cos 

«/_  !    V    i  -H  a?  d  2n  +  i^  2 n  -+- 1  d  \        2/1  +  1 

(/(#)  du  degré  in  —  i  au  plus. 


jo6  CORRESPONDANCE    DHERMITE    ET    DE    STIELTJES. 

Quand  j'étais,  dernièrement,  à  Paris  ('),  j'ai  été  votre  auditeur 
à  la  première  leçon  de  votre  cours  du  second  semestre,  et  c'est 
même  de  ce  temps  que  datent  mes  nouvelles  réflexions  sur  la  ques- 
i  [on  que  je  \  îens  de  résoudre  enfin. 

Si  mon  séjour  eûl  été  un  | >« •  n  plus  long,  j'aurais  certainement 
tâché  <l ":i\  oir  le  plaisir  de  \  ous  parler.  Mais  alors,  l'heure  du  dîner 
me  semblail  trop  proche  et  je  suis  parti  I»1  lendemain  matin. 

\  olre  1res  dévoué. 


51.  —  HERMITE     I   STlf-LTJES. 

Paris,  5  mai  188',. 

Monsieur, 

Ne  soyez  pas  fâché  si,  après  avoir  lu,  avec  toute  l'attention  dont 
je  suis  capable,  votre  dernière  lettre,  je  viens  de  nouveau  vous  faire 
part  de  difficultés  qui  n'en  sonl  certainement  pas.  dans  le  fond, 
et  que  quelques  développements  feront  évanouir.  On  sait,  dites- 
vous,  qu'en  désignant  par  G  (#)  un  polynôme  en  x  du  degré  in  —  i 
.m  plus,  on  peul  poser  : 


S. 


I, 
f(x)  G(x)  dx  =  A./C.r,  )  -  \2/-(.r2  ,-....       A„/(.r„), 


les  quantités  xi:  x$ r„  riant  comprises  entre  a  et  b.  Je  dois 

vous  avouer  que  celle  propriété  m'esl  complètement  inconnue,  si 
inconnue  que  je  ne  \ois  aucun  moyen  d'y  parvenir  et  de  l'établir. 
Je  ne  vois  pas  non  plus  pourquoi  ayant  trouvé,  en  supposant 

_  {x  —  Xt  <-.  .  .(./■  —  .r„  |S 

G(#)  =   ; > 

(X  —  Xf,)* 

une  valeur  positive  pour  A/,,  vous  concluez  immédiatement  que 
pour  tout  autre  polynôme  celte  constante  sera  la  même,  et,  par  cela 
seul,  sûrement  positive.  En  attendant  que,  par  quelques  mots 
il  explications,  vous  dissipiez  les  ténèbres  de  mon  esprit,  permettez- 
moi  de  vous  demander  s'il  vous  conviendrait  de  donner  aux  A  finales 

(')  Pendant  le  voyage  annoncé  à  la  fin  de  la  Lettre  47. 


LETTRE   52.  107 

de  l'École  normale  supérieure,  dont  M.  Tisserand  esi  le  rédac- 
leur  en  chef,  un  Mémoire  étendu  cl  bien  complet,  sur  celte  ques- 
tion des  quadratures  qui  a  clé  le  sujet  de  vos  dernières  lettres  ('). 
Aussitôt  que  je  connaîtrai  vos  intentions,  j'en  ferai  part  à  M.  Tis- 
serand qui  sera,  j'en  suis  certain  d'avance,  extrêmement  satisfait 
d'offrir  un  Mémoire  de  vous  à  ses  lecteurs.  Mais,  pour  nombre 
d'entre  eux,  il  est  d'une  absolue  nécessité  de  ne  supprimer,  dans 
les  développements,  aucun  intermédiaire;  je  me  range,  tout  le  pre- 
mier, dans  cette  catégorie  ;  la  peine  à  prendre  et  l'effort  à  faire  pour 
combler  les  solutions  de  continuité  que  je  trouve  dans  un  travail, 
sont  un  motif  suffisant  pour  me  détourner  d'en  faire  l'étude.  La 
question  de  l'intégration  par  approximation  est  de  la  plus  liante 
importance,  et  le  point  de  vue  auquel  vous  vous  êtes  placé  en  envi- 
sageant les  fonctions  intégrables  d'après  lliemann  est  entièrement 
neuf  et  intéressera  vivement  les  géomètres.  C'est  donc  une  occasion, 
Monsieur,  d'attacher  votre  nom  à  un  sujet  élémentaire  et  fondamen- 
tal en  Analyse;  je  n'ai  pas  besoin  de  vous  dire  combien  je  serais 
heureux  de  le  faire  connaître  en  exposant  vos  recherches  à  mes 
élèves  de  la  Sorbonne. 

En  vous  renouvelant,  Monsieur,  l'expression  de  ma  plus  haute 
estime  et  de  mes  sentiments  bien  dévoués. 


52.  —  STIELTJES  A  HERMITE. 

Leydc,  7  mai  1884. 
Monsieur, 

Je  suis  bien  fâché  que  mon  travail  vous  ait  causé  tant  d'ennui  et 
je  me  hâte  de  vous  donner  les  développements  demandés. 

Soit/^)  une  fonction  donnée,  qui  ne  devienne  pas  négative 
entre  a  et  b.  Il  n'est  pas  exclus  qu'elle  devienne  infinie  ;  seulement 

J'  f(x)  dx  doit  avoir  un  sens. 


(  '  )  Ce  travail  a  effectivement  paru  dans  les  Annales  de  l'École  Normale  supé- 
rieure :  «  Quelques  recherches  sur  les  quadralures  dites  mécaniques  »,  3e  série, 
t.  I,  p.  409-426;  1884. 


(2) 


I08  CORRESPONDANCE    d'HERMITE    ET    DE   STIELTJES. 

Problème.  —  Déterminer  un  polynôme 

\(.r)  =  x'1  -4-  aix"-1-^  a2x"-2^-.  .  .--  an 
d'un  degré  donné  />.  tel  que 

rb 

f    f(x)'S(x)xAdx  =  o 

•  ti 

pOUr  /,       :  O,  I,  2 //  —  I  • 

Ces    conditions    donDent,    pour  déterminer  les  inconnues  al; 
,/. art)  les  équations  linéaires  suivantes  : 

j     x"       f(  >■  l  dx       a,    I     x"~i  f\  ./■  i  dx 

•  ,/  •  « 

-+- a,   I    xn~i  f(x)dx-+-. .  .-+-  an  f    /(x)  dx  —  o, 

■    a  •-    a 

f    xn+i  /(x)  dx -4-  at    /    xn     f(x)dx 

-4-  «2   /    xn~l  f(x)  dx  -4-.  .  .  —  r/„    /    ■rf(x)  dx  —  o, 

/    r;i+2  f(x)dx-±-  ai   f    xn+lf(x)dx 

1    a  •    u 

I    x"      /(#)  dx  -+-...+  an   f     x-f(x)dx  =  o, 

*s  a  '-   a 

j    x-n-lf{x)  dx  -4-  <7,    /    .r2"--/i  ./■  )  <■/./• 

x-"--3/(x)  dx  -+- .  .  .  -4-  an   f    xn-l/(x)  dx  =  o. 

il  J  a 

Le  problème   est   donc  déterminé  en  général  et  at, «2 #« 

deviennenl  il<js  fonctions  rationnelles  dos  in  constantes 

Jl    ./■  f\  ./■  1  dx        1  A  =  o.  1,  1,  . .  . ,  1  n  —  1). 
a 

Mais,  si,  comme  uous  le  supposons,  la  fonction  f(x)  ne  change 
poinl  de  signe,  on  peul  démontrer  qu'aucune  contradiction  ou  in- 
détermination ne  peut  se  présenter  dans  la  solution  du  système  (2), 


LETTRE   52. 


IO9 


le  délerminanl  A  étant,  alors,  certainement  différent  <le  zéro. 
Iji  effet,  écrivons,  dans  les  intégrales  de  la  première  Ligne,  X\  an 
lien  de  x,  dans  celles  de  la  seconde  ligne,  #2,  etc.,  enfin  (Lus  celles 
de  la  dernière  ligne,  x„  an  lieu  de  x  ;  le  déterminant  A  peut  alors 
se  mettre  sons  la  forme  d'une  intégrale  n-uplc,  ainsi  : 


on  bien 


t   x\  x{ 

-v»        /y*  2    -v»  3 

xA  x3  x3 


dx\  dx2 . . .  dxn 


pb      ~b  „b 

3)     A=  /       /     ...  /    f(xi)f(x2). .  •f(Xii)x'%x\x\..  .x'/T1  n  dxi  dxt. .  .dxn, 

1  11     '-a  J a 


I        Xi 

x\      . 

.  .     x'l~l 

I       Xi 

x\      . 

.  .     x'*-*- 

I      xn 

Xjt 

La  notation  des  variables  étant  indifférente,  on  peut,  dans  l'ex- 
pression (3),  permuter  de  toutes  les  manières  (en  nombre  i.2.3.../i) 
les  indices  1,2,...,  n.  Par  ces  permutations,  II  ne  change  point, 
ou  change  seulement  de  signe  et,  faisant  la  somme  de  toutes  les 
équations  que  l'on  obtient  par  ces  permutations,  on  aura 


„b      „b  „b 

4)      1.2. 3. ..!»&=/      I      ...  f     f(xl)f(x2)...f(x,l)(Uy-dxidx2...dxn. 


ce  qui  fait  bien   voir   que,  dans  notre   supposition  concernant  la 
fonction  f(x),  A  est  positif  et  différent  de  zéro. 

Conclusion.  —  Le  problème  posé  conduit  à  un  polynôme  N(#) 
parfaitement  déterminé  pour  toute  valeur  de-n.  Désignons  ces 
polynômes  pour  n=  1,  2,  3,  ...  par  N,  (x),  N2(#),  N3(#),  .  .  . . 
Les  conditions  (1)  qui  ont  servi  à  déterminer  N(#)  font  voir  que 

(5)  f  /(a?)N(a?)T„_1(a7)<fo  =  o, 

T„_,(x)  étant  un  polynôme  de  degré  n  —  1   au  plus,   d'ailleurs 


HO  CORRESPONIUNCE    I)  IIEHMITE    ET    DE    STIELTJES. 

tout  à  fait  arbitraire.  On  a  donc  aussi 

r1, 

(6)  I     f(x)Nk(x)Nt(x)dx  =  o 

•  ,i 

lorsque  les  indices  /.'  et  /  sont  inégaux. 
Proposition.  —  Les  racines  de  l'équation 

\      r)   =  o 

sonl  réelles,  inégales,  comprises  entre  a  et  b. 

En  effet,  désignons  par  x,,  x2 r*  toutes  les  racines  réelles 

de  cette  équation  qui  sont   comprises  entre  a  et  b.      Nécessaire- 

iik'mi  /,  esl  au  moins  égal  à   i,  parce  que  N(#)  doit  changer  de 
signe  entre  a  el  h  à  cause  de 


f  f(x)N(x)dx  =  o  \ 


Posons 

\  i  ./ •  i  —    ./■  —  a?,  )(x  —  x%). .  .{x  —  x/c)  P(x)  ; 

P(x)  ne  change  point  de  signe  entre  a  et  b.  Or,  si  P(#)  n'était 
pas  simplement  égal  à  l'unité,  (x  —  xt)(x  —  x-2) . .  .(.r  —  Xk)  serait 
au  |)lus  du  degré  n  —  1   et,  d'après  (5),  on  aurait 


l 


b 
f\  x  i  N(x)(x  —  a?i)(  ./•  —  a?2). .  .(x  —  ./■;,  i  dx  =  o, 


ce  qui  est  impossible,  parce  que  la   fonction  sous  le  signe    /    ne 
change  point  de  signe. 

Toutes  les  racines  sont  donc  comprises  entre  a  elb.  Mais  aussi, 
il  ne  saurait  y  en  avoir  d!égales.  En  effet,  supposons 

N(a?)  =  (x—  XiY  Pur), 
P(#)  sera  du  degré  n  —  2;  par  conséquent 


X 


b 

f(x)  N(.r  1  l'i  ./■  \dx  =  0, 


ce  qui  est  aussi  impossible  (de  nouveau). 

[pplication  des  résultats  précédents  à  la  quadrature  méca- 
nique.  —  Désignons  par  xt,  x2,  ....  xn  les  racines  de  ]N(#)  =  o. 


LETTRE   52.  Ili 

Soit  0(x)  un   polynôme  de  degré   2/1  —  1   au    plus,  d'ailleurs 
parfaitement  arbitraire.  En  divisant  G(x)  par  N(a;)  on  aura 

(7)  G(a7)  =  Q(*)N(#)-Ml(a7), 

le    quotient    Q(~p)    et    le    reste   R(#)   étant    tous    les    deux    de 
degré  n  —  1  au  plus. 

Nous  aurons  donc,  d'après  (5), 


(8) 


!    J\x)G(x)dx  =   /    f(x)R(x)dx. 

J  a  va 


Maintenant,  R(a?)  étant  du  degré  n —  1 ,  on  a  identiquement, 
d'après  la  formule  d'interpolation 

»<■>-      (,-„)N-(„)R^) 


(x  —  Xi  ,1  N'(a?j)  (x  —  xn)  N\xn) 

En  posant  donc 

Aa    ne    dépendant   donc    en    aucune   façon   du   polynôme   G(#), 
l'équation  (8)  devient 


/ 


né 

/(a?)  G(a?)  dx  =  AiR(>i)  4-  A2R(a?2)  -+-...-+-  A„R(>ra), 


mais,  d'après  (7), 

R(x1)  =  G(xi),         ...; 

donc 

0°)        /    /(^)G(/)(/.r  =  A,G(^1)  +  A2G(3-2)+...  +  A,1G(^). 

Je  crois  qu'après  ces  développements  tirés  du  Traité  des  fonc- 
tions sphériques  de  M.  Heine,  ma  lettre  précédente  ne  présentera 
plus  d'obscurité.  M.  Heine  ne  nomme  pas  l'auteur  de  cette  démons- 
tration que  N(x')  =  o  a  toutes  ses  racines  réelles,  inégales,  comprises 
entre  a  et  b.  Je  crois  me  rappeler  (un  peu  confusément)  que 
Legendre  est  l'auteur  de  cette  démonstration  extrêmement  ingé- 
nieuse dans  le  cas  f(x)  =  i,  N(ar)  =  Xw.  Mais  j'aurai  soin  de 
m'en  assurer  (de  m'assurer  de  cela). 

J'ajoute   encore   la  remarque  suivante  qui,  certainement,  n'est 


112  CORRESPONDANCE    D  HERM1TB    ET    DE    STIELTJES. 

pas  nouvelle  pour  vous,  seulemenl  pour  indiquer  la  liaison  de  ces 
recherches   avec    la    Note   que   vous   avez    bien    voulu    présenter 
à  l'Académie  en  octobre  i883. 
(  Homme  on  a 

.    ,,  -a 

i    rb  i   cb 

H /     xf(x)dx /     x-f(x)dx 


-t- 


les  équations  (2)  expriment  aussi  que,  dans  le  développement  de 


\    -     /     ± dx 

!         Z  —  X 


suivanl  les  puissances  descendantes  de  z,  les  termes  en  -3 
— ,  •••,  —  manquent  (').  N(s)  esl  donc  le  dénominateur  de  la 
réduite  d'ordre  n  de  la  fraction  continue 

f" ! '■■-,,,  =  - 

.1       z  —  X 


y-j 


X, 


et  1  on  a 

N    =1, 

N  t  =  z  —  a  . 

N2=(s  —  a,  1N1  — XiN0> 

N,=  (*  — a,)Nj— X,N, 

L'équation 

(a)  Nk+X={z  —  xk)  N*—  XANA_, 

donne,   en    multiplianl    par   Nk(z)f(z)dz  et  intégrant  de  a  à  b, 
à  cause  de  1  6 

^*   *N*(*)N*(*)/(*)<k 

11  *k  = 


f   N*(*)Nj, 
«Ai 


{z)f{z)dz 


(')  7Vo<e  rfe  l'auteur.  —  C'est  ainsi  que  M.  Heine  a  posé  le  problème,  Tome  I, 
page  286,  et  qu'il  arriva  à  ces  équations  (2). 


LETTRE    52.  I  I  3 

d'où  l'on  voit  immédiatement   <|iic  a/,-  e^i    compris  entre   a  el    l>. 
De  même,  en  multipliant  (a)  pur  Na-_(  (z)f(z)  dz  el  intégrant 
de  ak  b,  on  trouvera,  à  cause  de  (6)  cl  de 

sN&-i(.z)  =  N>fc(.z)  -+-  polynôme  du  degré  k  —  i, 

f   Nk(z)Nk(z)f(z)dz 
(»)  ^=^f 


N/,_1(^)N/,_1r^)yU)^ 


Donc  X*  est  positif.  J'avais  démontré  ces  résultats  d'une  autre 
manière  dans  ma  Note  d'octobre  1 883 .  Du  reste,  la  fonction  /'(-) 
étant  donnée,  ces  équations  (i  i)  et  (12)  donnent  un  moyen  régu- 
lier pour  déterminer  de  proche  en  proche  toutes  les  constantes  a,  \ 
de  la  fraction  continue 

Xo 


x  —  at  — 
on  a  d'abord 

*«=  f  /(*)<**,        «0=  f  sf(x)ds=  f  f{z)dz. 

Ayant  trouvé   a0,    N{  (z)    est   connu,   et  les   équations  (11),  (12 
donnent  a,,  )H  qui  font  connaître  N2(-z),   .... 

La  théorie  de  M.  Heine  n'étant  peut-être  pas  connue  générale- 
ment en  France,  il  sera  bon  probablement  d'en  donner  un  aperçu 
comme  celui  plus  haut,  dans  mon  Travail,  quoique  ce  qui  me  reste 
propre  devienne  (devient)  de  cette  manière  peu  signifiant,  en 
regard  de  ce  que  j'emprunte  à  M.  Heine. 

J'avais  démontré,  dans  ma  Note  d'octobre  1 883,  que  la  quadra- 
ture mécanique 

AtGiO,)  -+-  A2  G,(a?,  )+...+  A„G„(>„) 
donne  avec  une  approximation  indéfinie 

.b 

f(x)G(x)  dx, 


l 


G(#)  étant  continue  et  présentant  un  nombre  fini  de  maxima  et 
de  minima.  Et  il  est  même  facile  de  voir  que  cette  dernière  res- 
triction est  superflue  et  qu'il  est  suffisant  que  G(x)  soit  continue. 


I  1 4  CORRESPONDANCE    D'hERMITE    ET    DE    STIELTJES. 

Pour  cela,  il  suffit  de  remarquer  que  G(x)  étant  continue,  et  s 
une  quantité  donnée  aussi  petite  que  l'on  veut,  il  existe  toujours 
une  fonction  continue  F(#)  qui  ae  présente  qu'un  nombre  fini 
de  maxima  et  minima,  el  tel  que  G(x)  —  F(.r)  reste  inférieure  à  e. 
|  (  !e  nombre  fini  de  maxima  ou  minima  de  F(#)  croît  au  delà  de 

toute  limite  avec  -  lorsque  G(x)  présente  une  infinité  de  maxima 

ou  minima.  mai>  cela  est  indifférent  pour  la  question.] 

Ce  résultai  d'octobre  [883,  que  la  quadrature  est  applicable  à 
toute  fonction  continue,  a  été  pour  moi  la  raison  principale  qui  m'a 
fait  croire  [avant  que  j'eusse  (j'avais)  trouvé  une  démonstration] 
à  la  vérité  de  la  proposition  fondamentale  de  ma  lettre  précédente, 
el  qui  m'a  fait  chercher  avec  un  peu  d'obstination  à  (d'en)  en 
obtenir  une  démonstration. 

Cette  lettre,  Monsieur,  est  devenue  trop  longue  pour  parler 
encore  de  mon  premier  Travail  el  des  (sur  les)  racines  de  l'équa- 
tion I    y      ;o  et  des  transcendantes  de  Bessel.... 

Croyez-moi,  avec  les  sentiments  de  profonde  reconnaissance, 
votre  très  dévoué. 

53.  -  HERMITE  A  STIELTJES. 

Paris,  i5  mai  1884. 

Monsieur, 

\  otre  lettre  est  parfaitement  claire  et  explicite;  elle  m'a  rappelé 
bien  des  choses  dont  le  souvenir,  s'il  n'avait  pas  été  en  grande  par- 
tic  effacé,  aurait  arrêté  les  demandes  d'explications  que  je  vous  ai 
faites.  \  olis  trouverez,  dans  les  Exercices  de  Calcul  intégral  de 
Legendre  et  j'ai,  moi-même,  donné  autrefois,   dans  le  cours  de 

sec le  année  de  l'École  Polytechnique,  la  méthode  si  élégante  et 

ingénieuse  par  laquelle  \otis  démontrez  que  l'équation  N(#)  =  o 
a  ses  racines  toutes  réelles  et  inégales.  J'ai  aussi  donné  dans  mes 
leçons  la  théorie  de  Heine  et  de  M.  Tchevicheff  du  développement 

rb  fi x) 
en  fraction  continue  de   l'intégrale    / dx  et,    si  je  ne   me 

^  a 

trompe  ces  choses  sont  assez  généralement  connues  pour  que  vous 
puissiez  nous  bornera  rappeler  les  résultats  en  renvoyant  le  lecteur 


LETTRE   53.  I 10 

au  Handbuchde  M.  Heine.  Je  vous  renouvelle  L'expression  de  mon 
vif  intérêt  pour  la  question  que  \nu.sa\ez  heureusement  el  habile- 
ment traitée  de  la  quadrature  mécanique,  avec  une  approximation 

indéfinie  de  l'intégrale    /   f(x)G(x)da;i  lorsque  G(.z)  est  con- 

J  a 

t i n tic,  même  en  admettant  un  nombre  infini  de  maxiina  et  de 
minima.  Mais  permettez-moi  de  vous  demander  de  ne  point  laisser 
de  côté  les  résultats  si  intéressants  que  vous  avez  découverts  sur  la 
valeur  approchée  des  racines  et  des  multiplicateurs  dans  la  formule 
de  Gauss.  Je  ne  vois  absolument  pas  par  quelle  voie  vous  êtes 
parvenu  à  établir  une  dépendance  entre  les  racines  de  l'équa- 
tion Xw  =  o  et  celles  de  la  transcendante  de  Bessel,  ni  surtout 
comment  vous  obtenez  la  valeur  approchée  des  racines  de  celle 
transcendante  qui  ont  été  l'objet  des  recherches  de  M.  Boussinesq. 
Toutes  ces  découvertes  portent  lémoignagede  la  rare  pénétration 
et  de  l'activité  de  votre  esprit,  et  ce  que  vous  voudrez  bien  en 
donner  pour  être  publié  dans  les  Annales  de  V Ecole  Normale 
sera  accueilli  avec  empressement.  En  attendant  que  vous  reveniez 
à  l'Arithmétique  à  laquelle,  moi  aussi,  je  ne  puis  consacrer  le  temps 
que  je  voudrais,  à  cause  de  mes  devoirs,  je  prends  la  liberté  de 
vous  énoncer  un  petit  résultat  recueilli  comme  d'aventure.  11  con- 
cerne le  nombre  m  des  points  dont  les  coordonnées  sont  des  entiers 
et  qui  sont  contenus  à  l'intérieur  ou  sur  la  circonférence  de  l'el- 
lipse Ax'2  -h  By2  =  M.  En  posant 


p  =  E 


j'obtiens  la  formule 


et  l'on  a 


puis 


4pq  -+-4S  +  4S1, 


S 


■m 


M  —  A  x- 


B 

a?=/>  +  i,/>-i-2,  . . . ,  P. 


M\ 


M  —  B  k2 


s.=  . 

y=  q  +  1,?-+-  2,  ...,  Q. 


Il6  CORRESPONDANCE    D'HERMITE   ET    DE    STIELTJES. 

On  est  ramené,  dans  le  cas  de  A  =  B,  à  un  théorème  de  Gauss 
donl  j'ai  trouvé  l'énoncé  dans  le  Tome  II  de  ses  œuvres  complètes. 

\\,.c  la  plus  haute  assurance  de  ma  |>lu>  liante  estime  el  de  mes 
sentiments  bien  dévoués. 

54.  —  STIELTJES  A   11 E R Ml TE. 

Leyde,  16  mai  iS84- 
MoNSlEl  R, 

Je  suis  complètement  enfoncé,  en  ce  moment,  dans  <lfs  calculs 
Dumériques  :  déterminations  du  temps,  azimuts  du  soleil,  réduc- 
tions d'observations  pour  déterminer  la  déclinaison  magnétique... 
et,  pour  quelques  mois,  il  m'est  défendu  de  m'arracher  à  (de)  ces 
calculs,  el  je  vais  répondre  seulemenl  à  un  point  nommé  dans 
votre  lettre.  J'ai  <léjà  envoyé  à  M.  Tisserand  tm  Mémoire  sur  les 
quadratures  mécaniques;  mais  il  m'aurail  élé  bien  difficile  de 
donner  là  mes  premières  recherches  sur  les  valeurs  approchées 
des  \/,  fie.  dans  la  quadrature  de  Gauss. 

\  oici  le  chemin  bien  simple  que  j  avais  suivi  pour  obtenir  les 
racines  des  transcendantes  de  Bessel, 


1     - 


1  =r- 


■>.-.  ,-.(>- 


>/.!„    z 


i         ''--j  '-.'|-.G         ■>- .  j-  .<>-.  8  c/: 

Hansen  a  donné  les  séries  semi-convereentes 


i     - 


I  - 

,32 

S 

-2- 

I  2 

.3* 

•  7"  _ 

8. 

[6 

8. 

iG. 

2  i  ■ 

32  " 

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2 

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I 

2.32. 

V' 

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8. 16.24  ~  8. 16.24.  3» .  fo 


3. 5. 7. q.i. 3. 5 

— : 3    *  ■  - 

.s.  16.24  •  '"- 


V^sin(*-I)(s 

t  /  2t        /  -\/3    _         3   r> .  -  .  i .  3    _3       3.  '>  .;■(>.  1  1  .  1  .i.').; 

+  V  w       V      4/\8'S       '    8.16.24"'  8.16.24.32.40      z 

Soit    t  =  (k —  -  j  7î   une    valeur    approchée    d'une   racine    de 


LETTRE    54.  117 

J0(^)  =  o;  alors  j'ai  supposé  celle  racine  développée  ;iinsi  : 

X,        X,        X, 

1    •     -    ,      ,     1      ..-       

L  /'  /' 

La  substitution  de  celle  expression  dans  celle  de  Jo(-z)  écrite  plu- 
haut  donnera,  en  développant  suivant  les  puissances  de  t.~',  le 
moven  de  déterminer  )M,  X;î,  .  .  .;  je  trouve 

1    _  T  •>  3i  ^    _  152917 

Ai  —  5'  a3-  —  —  : 


S  *         3Sj  •      3.5.217 

donc 

L'expression  de  M.  Boussinesq 

8**  =  (4/1   —  i)  1C  H-  /(4*  —  l)27T2+8 

devient,  par  l'introduction  de 

v4 


ou  bien 


/  _j_   _  /  — l  /— 3 

'+8*  64        ' 

elle  donne  donc  des  valeurs  trop  fortes,  comme  l'a  remarqué  aussi 
M.  Boussinesq. 

On  peut  suivre  la  même  méthode  pour  les  racines  de  J<  (z)  =  o 

(calculées   par    M.    de   Saint-Venant)   en  posant  t  =  ( k  -+-  -  )  t.; 
je  trouve 

je  n'ai  pas  calculé  le  terme  en  (avec)  t~5. 
L'expression  de  M.  Boussinesq 

8zk=  (4/1  -hi)Tc-f-  \/(Jk  -i-i)2tï2—  24 
devient,  par  l'introduction  de  l, 

1  .    A  „       3 


I[8  CORRESPONDANCE    DHERMITE    ET    DE    STIELTJES. 

ou  bien 

8  64 

elle  donne  donc  des  valeurs  trop  faibles. 

Mais  voici  qu'un  ami,  qui  s'intéresse  beaucoup  (de)  à  la  Pb/y- 
-i  me  mathématique  5  vientdem  informer,  un  de  ces  derniers  jours, 
que  ma  méthode  n'est  pas  aouvelle. 

lu.  en  eflfet,  dans  les  Comptes  rendus  de  l'Académie  de  Berlin 
>lii  26  avril  j883  (p.  322),  M.  Kirchhoflf  fait  usage  de  l'expression 
suivante  (  dans  ma  notation)  : 

1        o,i5iq82        o,oi53ç>9        o,a45835 

(  1  )       z-i  :  -  —  k  -+- -—. — ■ —. —. :  -f- . . . , 

i  ,'/.       1  ,/.  —  1  i(       rx4Ar  +  i)« 

ce  qui  n'est  autre  chose  que  la  formule  (2)  mise  en  nombres  et 
complétée  par  le  terme  en  /-;.  M.  Kirchhoflf  dit  que  c'est  une  for- 
mule due  a  M.  Stokes,  qu'il  a  empruntée  au  Theory  of  sound  de 
M.  Rayleigh,  vol.  I.  p.  273.  Peut-être  M.  Stokes  ne  l'a  pas  publiée 
ailleurs...:  je  n'ai  point  vu  le  livre  de  M.  Rayleigh. 

Je  vous  remercie  beaucoup.  Monsieur,  pour  votre  jolie  formule 
arithmétique;  mais,  pour  le  moment,  il  m'est  interdit  de  faire  de 
I'  arithmétique. 

C'est  avec  une  profonde  reconnaissance  que  je  suis  toujours 
votre  bien  dévoué. 

P.  S.  —  Dans  le  Tome  L\  I  du  Journal  de  Borchardl,  M.  Lip- 
schitz  a  donné  une  démonstration  rigoureuse  des  développements 
semi-convergents  de  Hansen. 


55.  —  II ERMITE  A   STIELTJES. 

Paris,  9  juin  1884. 
Monsieur, 

Je  viens  d'apprendre  que  vous  avez  été  honoré,  par  le  Sénat 
académique,  du  titre  de  Docteur  en  Mathématiques  et  en  Astrono- 
mie J'espère  que  cette  distinction  est  d'un  bon  augure  et  présage 
que,  bientôt,  vous  obtiendrez  une  situation  digne  de  votre  beau 
talent  et  de  vos  travaux.  A   mes  félicitations  je  joins  des  excuses 


LETTRE   50.  i  I<) 

de  vous  avoir  fait  attendre  ma  réponse  à  votre  dernière  lettre,  et  je 
vous  les  dois  d'autant  plus  que  vos  renseignements  au  sujet  de  la 
fonction  ${x)  de  Bessel m'ont  rendu  un  grand  service.  Le  Mémoire 
de  M.  Lipschitz,  que  vous  avez  eu  la  bonté  de  m'indiquer  dans 
le  Tome  50  au  Journal  de  Crelle,  est  très  important  et  très  beau 
Il  ressemble  à  ce  que  Gauchj  a  fait,  avec  tant  de  succès,  pour  le 
développement  de  logT(^)  en  série  semi-convergente,  et,  ayant  eu 
l'occasion  d'écrire,  à  propos  d'Arithmétique,  à  l'auteur,  je  me  suis 
donné  le  plaisir  de  lui  en  faire  mes  compliments.  Laissant  L'Arithmé- 
tique, à  laquelle  une  autre  fois  je  reviendrai,  quand  je  serai  dé- 
livré de  leçons  et  d'examens  à  la  Sorbonne,  je  viens  vous  demander 
si  votre  méthode,  qui  m'a  extrêmement  plu,  pour  développer  en 
série  les  racines  de  J(.r)  =  o,  s'appliquerait  encore  à  l'équa 
tion  Xw  =  o  en  partant  de  l'expression  de  Laplace 


x«  =  l/ V-7  cosfnO  H )) 

y     niz  suit)  \  9.         4/ 


où  x  —  cosO.  Je  suppose  que  non,  mais  avec  doute;  en  tout  cas, 
je  prends  la  liberté  de  vous  conseiller  de  faire  un  article  où  vous 
développeriez  ce  que  vous  m'avez  écrit  sur  la  détermination  appro- 
chée des  racines  de  cette  équation. 

Avec  mes  félicitations  pour  votre  nouveau  titre,  je  vous  renou- 
velle, Monsieur,  l'expression  de  ma  plus  haute  estime  et  celle  de 
mes  sentiments  bien  dévoués. 


56.  —  STIELTJES  A   HERMITE. 

Leyde,  27  juin  1884. 
Monsieur, 

Veuillez  bien  me  pardonner  d'avoir  ajourné  trop  longtemps  de 
vous  remercier  pour  votre  dernière  lettre,  ce  que  j'aurais  du  faire 
d'autant  plus  que  je  ne  doute  point  que  c'est  surtout  à  l'intérêt  que 
vous  avez  bien  voulu  montrer  pour  moi  que  je  dois  la  distinction 
que  le  Sénat  académique  m'a  accordée. 

Je  ne  suis  point  en  état  de  vous  donner  une  réponse  satisfaisante, 


120  CORRESPONDANCE   I)  IIERM1TE   ET    DE    STIELTJES. 

concernant  les  racines  deX«=  o  en  parlant  de 


x«-i/„Tko™5[(»*Orj-i]- 

J'avais  seulement   remarqué  que,  dans  la  valeur  approchée  de  la 
racine  qu'elle  donne 

(  4  k  —  i  )  iï 

Xfc  =  COS  ■ — +-  Z  (/.   =   !.) //   i. 

I  "  ' 

î   est   de   I  <»nlre  (de) —  En  tenant  compte  des   termes  en  — ->  on 
obtient  la  valeur  |>]us  approchée 

Xk=         I ; ; COS— -I-  e\ 

I  );nis  celte  expression,  on  a  n- 1'  =  o  pour  /*  =oo,  e/?  supposant 

toutefois  que  le  rapport  —reste  fini  et  différent  de  zéro  ou  de 

l'unité.  Mais  je   n'ai  pas   poussé   plus  loin   les    approximations; 
il  semble  que  les  termes  suivants  deviennent  assez  compliqués  ;  ils 

.    .                          .      .     (  i  /  ■  —  n  -                ;/_,,- 
doivent  contenir  sm —; ,  cos — Je  crois  entrevoir  que 

i  n  -+-  2  4  //  -i-  2  ' 

tous  ces  termes  deA  iennent  de  l'ordre  (de)  — ;  en  posant  k  =  i .  2 

en  sorte  que  la  formule  générale  serait 

F  .  i  2  ;;  —  i  )A     sin —  j 

L  4  «  +  2      | 

F/»         •              •           ,  i                  -,              s  i  n  (  4  k  —  i  )  t. 
étant   une  lonction  rationnelle  et  entière  en        — 

cos     4^—2 

Peut-être  je  reviendrai  encore  sur  ce  sujet  et,  s'il  m' arrive  (à) 
d'obtenir  quelque  résultat  net,  j'en  ferai  un  petit  article. 

En  étudiant,  autrefois,  le  Mémoire  de  Lagrange  :  Sur  V usage 
des  fractions  continues  dans  le  Calcul  intégral  {Œuvres, 
i.  I\  .  p.  3oi),  j'avais  remarqué  qu'en  appliquant  la  méthode  de 
Lagrange  à  l'équation  non  linéaire 

/  dy  /o  x  PC* —  Y) 

^~x^dx  ■+"Y^  +  (P  —  °-^xy  +      .,     xy-— y  =  °» 

c  est-à-dire  en  développant  une    solution  particulière  en  fraction 


LETTRE    56.  12  1 

continue,  on  esl  amène'  à  La  fraction  continue  que  Gauss  a  donnée 

pour 

jf(g,  p  -+- 1,  y  -f-  f ,  y) 

^(«,  P,  Y,*) 
lin  posant  jk  =  -  > 

_   _  J"(a,  p,  y,  x) 

£(a,  p  +  i,  y  +  i,  x) 

est  donc  une  solution  particulière  de 

dz  S  (  a  —  y  ) 

(.)         {P(i_a;)__Y«(i_(,)  +  (a--P)a?*-  C — —1^  =  0, 

el  l'on  trouve  encore  facilement  cette  autre  solution 

z,=  P^a~ï)a?^(l~3t>  »— P»  a  — y,  a?). 
Y(i  —  Y)       £(i  —  a,  —  P,  i  —  Y»  *) 

En  me  rappelant  celte  remarque,  j'ai  obtenu  maintenant  l'intégrale 
générale. 

Guidé  par  les  résultats  obtenus  par  Lagrange,  j'ai  supposé  que 
l'intégrale  générale  serait 

k§ (a,  p,  y,  g)  +  Bp(a-y)y«i(i-a,  i  —  P,  i  —  Y'  x) 
A#(a,  p-M,  y-M,  ^)-(-By(i—  Y)"cf(i— a,  —  p,   \  —  -[,x) 

avec  la  constante  arbitraire  A;B,   en  sorte  qu'on  obtient  zt  et  Sa 
en  posant  B  =  o  ou  A  =  o,  u  étant  une  fonction  de  x  qu'il  faut 
encore  déterminer. 
Or,  en  posant 

yt>  =  A^(a,  P,  y,  a?)  +  Bp(a  —  ^)xu§(i  —  a,  i  —  p,  2  —  y,  x), 

g  =  A,7(a,  p  +  i,  y  +  i,  x)  ■+-  By(i  —  y)  »  ^(l  —  a>  —  P.  '  —  Y>  x)> 

j'ai  trouvé  (')  qu'en  déterminant  u  par 

/  .   i  du  ON 

c'est-à-dire  en  prenant 

M  =  ar-Y(i  —  a?)Y-«-P, 


(*)  A  l'aide  des  relations  entre  les  formules  contiguës  de  Gauss.  (Arote  de  l'au- 
teur.) 


122  CORRESPONDANCE    I)  IIERMITE    ET    DE    STIELTJES. 

oll    ,| 


dp  ',      „       3(T 


"/' 


<l './•        i  —  ./■  y  1  —  x 

dq  _         T  _    Y  — «-g       , 

</.r        a-(i  —  a?)  a?(i  — a?) 


il  ou  I  on  lire 


qi\J  dx       J   dxj        x{l  —  ■x)li'/\         q)  9  T  J 

en  sorte  qu'on  trouve,  pour  —  =  z}  l'équation  (i)  dont  l'intégrale 
générale  est  par  conséquent 

A  .i(a,  3,  y.  -r)  -4-  B  3 1  x  —  -;  )  .g'-Y(i  —  a?)Y~*-p  J i  i  —  a,  i  —  3,  2  —  7,  a») 
\  '   v.  p       i .  y  ■+•  i ,  •'' )  -+■  B  •;  -  i  —  y  )  -r_r '  '  —  * )Y-:<~?  <?  (  [  —  a,  —  (3,  i  —  y,  ; 

En  remplaçant  .r  par-  et  prenant  a  =  oo,  on  trouve 

(2)  •'',-—"  sl  '  —  s)  +  ^^  —    -  X  =  O 

dx        '  y 

avec 

A'(  y..  P,Y,-)  +B^i-Te^fi-a,  1  -  3,  2  -  y,  -) 

12)     3  =   — 


I  3'  1   s  = 


A-T  (  a.  3-1,74-1.-  +Br(i  —  Y)3r-Ye*^  (  1  —  a,  —  6,  i- 

\  a/a-»  \  '    a/a  =  . 

En    remplaçant  j;   par  — -  »  en  prenant  a  =  x.  (3  =  oo,  on    trouvé 

encore 

'/-  ' 

(3)  a?  -, y-11  —  -) x  =  o, 

dx        '  y 

.i\  ec  l'intégrale 


A.^alpH-i,Y  +  i,4)+BY(i-Y)ar-T^(i-a,  -3,  1  — Y»5) 
Enfin,  remplaçons  .z  par-^  et  prenons  (3  =  00, 
<r/a?  Y 


(  a  =  a 
(8=« 


(2a)  ar-£  — y-(i  —  s)  —  a-- 


x  ~  (  *,  3>  Y.  ?  )  +B(a  —  y  )  .r>-Tt"  J  (1  —  x,   .  -  3,  2  —  Y,  %  ) 

(^*=  -7- ^\ 7 

\  ■  I  a,  3  +  1,  Y-i-i,  0  )  -r  By(i  — y)ar-Ye*#(i  — a,  —  p,  1  — y, 


LETTRE   57.  123 

Mais  ces  équations  ne  diffèrenl    pas  réellement  de  (2)  ci  de  (2') 
comme  on  le  voit  en  changeant  x  en  — x  cl  remarquant  que 

#(a,  p,  y,  a?)  =  (i  —  a?)Y-«-P#("r  —  «,  y  —  p,  7,  x) 
donne 

*(-,ftT.|)-W(— ,T-P,Ï,£) 

pour  TH  =  00. 

Veuillez  bien  agréer  de  nouveau,  Monsieur,   l'assurance  de  ma 
reconnaissance  cl  de  nus  sentiments  bien  dévoués. 


57.  —  ST1ELTJES  A  HERMITE. 

Leyde,  28  juin  1884. 


Moi 


Permettez-moi  de  compléter  encore  l'étude  de  l'équation  diffé- 
rentielle  de  ma  lettre  d'hier. 
En  posant 

<$  =  §(a,  p.  y,  x), 

s^=  P(«  _Y)a;i-Y(i  —  a?)T-«-Pâf(i  —  a,  1—  p,  2  —  7,  #); 

$1  =  #(a,  p  -+-  r ,  y  H-  1 ,  a?), 

^i  =  ï(i  — Y)^-Y(i  —  a?)Y-«-PJ(i  —  a,  —  p,  1  —  Y»  »)»  • 

l'équation  différentielle 

(1)  x(i  —  x)-£-  —  Y-s(i  —  *)  +  («—  P)a--g—  P(g~Y^  =  o 

admet  l'intégrale  générale 

(0  3"  Aff.  +  B^,' 

CP  et  ^  sont  deux  intégrales  particulières  de 

(a?  _  Xi)  S  +  [Y  ~"(a  "H  P  +  °  X]  dx  ~  ^r  =  °' 
tandis  que  <3?(   et  ^(  satisfont  à 

(a?  —  x*)-^  4-  [y  +  1  — (a  +  p  +  2)  x]-J^  —  «(P  +  i)j  =0. 


I  < ',  CORRESPONDANCE    D  HERMITE    ET    DE    STIELTJES. 

Les  valeurs  de  ^  el  ^   peuvenl  se  mettre  sous  la  forme 

^  =  p(a  — Y)*Mr£(a  —  Y-+-I,  3-V-i-  2  — Y,  *), 
^i       V"       V    ■' ■■-V-T<a  — y,  p  —  Y-hi,  i  —  y,  a:). 

Posons  maintenanl 

/    i  —  x  i  dw  I  -i- ■ 

— —  ou         (^  =  eJ  *U— ■»■!• 

L'équation  (i)  se  change  dans  l'équation  linéaire 

'  --r)'27777  -Mi-a-)[i—  Y  +  (a-?-2).r]^  -  13(a-T)^  =  o 

el  qous  arrn ons  à  cel te  c< inclusion  : 

L'intégrale  générale  de  l'équation  linéaire  (2)  esl  : 

el  cette  intégrale  peul  se  mettre  toujours  sous  la  forme 


'■      I:    > 


/'    ydx        AU  -f-li-^ 


i  ;  w  =  or 

Supposons  la    forme  (3),  c'est-à-dire  Z  el    0  connus  et  tâchons 
d  en  déduire  le  rapporl  ■=  • 
Soil 

r  Tg   to  /■  ^    ,/t. 

En  égalant  le  second  membre  de  1  ■  '>'  l  à  //  +  p,  différent  ianl  et  com- 
binanl  avec  (3    .  on  trouve  suis  peine 

,  ; ,  A  -  —  •  — . 

La  fonction  (qui  figure)  dans  le  second  membre  doit  donc  être 
une  constante,  ce  qui  exprime  une  propriété  des  deux  solutions 
particulières  u  <ï  v  facile  à  vérifier. 

La  différentielle  logarithmique  de  (4)  donne,  en  effet, 

9        3  \  _  9\       & 


(i-^)V^       ^,/       y?,       ^1 


x    :    -a:) 


LETTRE    57.  120 

4\    et  ^  étant  des  solutions  particulières  d'une  même  équation 
linéaire  du  second  ordre,  on  trouve 

tf;  s>,_  $,  ^;  =  Y  J7-i-y(i  _  <p)Y-*-p-t  Y(i  —  y) 

[6Ê'«f/'<?5  rfe  Gauss,   t.  III,  p.  222,  formule  (o,4)]- 
On  devra  donc  avoir  (avoir  donc)  : 

$  £,  —  tf,  £  =  y  ( i  —  Y)  tf-Y ( '  —  ^ )ï-«-P, 

ce  qui  revient  à 

(5)       ef(a,  p,  Y,  .r)i(i-a,  -  p,  i  -  T,  *) 

—  ^°~V^(a,  Bh-i,  y -4-t,  a?)#(i  —  a  i,—  3,  2  —  y,  a?)  =  i. 
Y(i  —  y) 

C'est  une  relation  qu'on  ne  trouve   point   explicitement    dans  le 
Mémoire  de  Gauss;  mais  la  formule  (99)  (p.  223) 

(1  —  x)  3(a,  B,  y.  #)«*('  —  a,  1—  S,  1  —  y>  x) 

donne,  en  transformant  les  quatre  fonctions  ^  à  l'aide  de 

#(a,  p,  y,  *)  =  (i  —  *)-«£(<*,  Y~P,  Y,  7),        7  =  —7^» 
1  =  £(«,  Y  —  P,  Y,  7)  £(1  —  «,  p  —  y,  1  —  Y>  7) 

■+■  (Y--g)(Y—p)7^(tt]  y  +  ,  _  p?  Y  +  ,  j  r)  3?  (l  _  a  t  +  g  _ ./}  2  _  Yj  yy 

lin  changeant  [3  en  y —  [3,  7  en  #,  on  trouve  la  relation  (5). 

Nous  avons  vérifié  ainsi  l'équivalence  de  ces  deux  formes  (3)  et 
(3')  de  l'intégrale  générale.  Cette  réduction  dépend  de  la  pro- 
priété (4)  [équivalente  à  (5)]  des  deux  solutions  particulières  u  et 
v.  Je  ne  sais  point  si  cette  intégration  de  l'équation  (  2  )  est  connue  ; 
j'ai  vu  seulement,  dans  le  livre  de  M.  Cayley  sur  les  fonctions  ellip- 
tiques (édition  italienne  de  Brioschi,  p.  228)  que  cet  auteur  a  con- 
sidéré les  équations 

3+^+0Q_Q2+3(i-**)^  =  o, 

Q=_3(i-*«)*~, 

j^&z         1  —  5  /. ■"-   clz  1 

3(I~ *->  d*»  +  — -  dk  ~  7=BZ  =  °- 


126  CORRESPONDANCE    u'iIERMITE   ET    DE    STIELTJES. 

Mais,  autant  que  je  puis  le  voir,  il  ne  semble  pas  avoir  rencontré 
l,i  forme  analytique  que  je  viens  de  trouver  pour  l'intégrale  géné- 
rale. Je  dois  ajouter  que  le  Messenger  of  Mathematics  n'est  pas 
;i  m, i  disposition. 

\  euillez  bien  accepter  de  nouveau  l'assurance  de  mes  sentiments 
dévoués. 

58.  —  STIELTJES  A  IIERMITE. 


Leyile,  3o  juin  1884. 

Monsieur, 

Permettez-moi  «le  revenir  encore,  pour  une  dernière  fois,  sur 
le  sujel  de  ma  dernière  lettre,  parce  que  je  viens  de  faire  une 
remarque  qui  éclaircit  une  circonstance  qui  semble  singulière. 

En  effet,  j'avais  trouvé  que  l'équation 

<7-  w       r  ont  dw        3<  y.  —  y  ) 

1        .'■  1  1  —  x  )  -=-—  -4-  [1  —  V  -+-  (a  —  3  —  2  )  x ]  -= *—  w  =  o 

il  1  -  ax  1  —  x 

admet  deux  intégrales  particulières  //  et  v  telles  que  le  rap- 
porl  :  —  est  constant,  'X\  et  ^  étant  deux  intégrales  particu- 
lière- de 

1 1  -  1  -                                                              (I  j  - 
1  2  I      ■"  1  —  •'•    -p-,  -r-  [Y  H-  l  —  (a+  p  -H  2  1  :r]  -^ a(P  -j-  1)^  =  o. 

La  raison  bien  simple  de  cette  circonstance  est  qu'on  passe  de  (1) 

à  (2)  par 

(r  =  .rît  1  -    :r  *'x-~iy  ; 

on  en  conclut  à  cause  de 

y  =  -A  ~<  x.  p  —  1.  y  —  1.  •'■  1  —  HÏ; r-".'-~i  2  —  7,  P  +  i  —  •■;,  i  —  '{.  x), 
w  =  Ao(i  —  x)  ^-Y^(a  —  y,  p  h-  1  —  y,  1  —  Y,  #) 

—  UÎ>a?Y(i  —  a:)a-ï#(a,   p  -+-  1 ,  -;  —  r .  x) 
mi  bien 

it>  =  ,l,(i  — a?)~P^(i  —  a,  —  3,  1  —  y,  ar) 

—  Hb^T(i  —  x)*-l$(%,  p  +  i,  Y-M,  a?). 


LETTRE   58.  127 

La  comparaison  avec  l'autre  forme  de  l'intégrale  <>l>lcnuc  donne  : 

(3)  (i-a?)-P^(i-«,  -P,  i-y,  x)  =  ZeJx'{l-}  ^, 

r  y.,-     J> 

/  0-(l—  X)     (0 

(/,)  arY(l  —  .r)^-Tj(a,  p+i,  y  +  '»  •r)  =  Se^  '• 

Les  seules  choses  que  j'aie  obtenues,  à  proprement  dire,  sont  donc 
ces  deux  identités  (3)  et  (4)  faciles  à  vérifier  d'ailleurs  pardifféren- 
tiation  logarithmique.  Je  rappelle 

<$   =  ri (a,  p,  Yi  *)> 

^  =  p(a  — Y)a?1-Y(i-a?)Y-«-P^(l-a,  i-p,  2—  Y,  *), 

Ç,  =£(«,  p  +  i,  y  +  i,  a?), 

0^,=  v(i  —  Y)^-y(1  —  -r)Y-*-PJ(i  —  2,  —  p,  1  — -,  a?), 

on  retombe  ainsi  sur  deux  relations  identiques  entre  trois  fonc- 
tions $.  En  considérant  le  cas  particulier  traité  par  M.  Cajley, 
j'ai  obtenu  cette  relation  : 

if1    5    5    ki 

2K        3  \b     b     3 

sin  am2  — -  - 


Donc 


sin  am 


3 
2K  4 


2 — 


2.4 


2. 16 


2.16 


/,- 


2.28 


1 k1 

2.28 


1 .21  ,„ 

1 A2 


2.40 


Posant  k-  =  ->  j'avais  trouvé  antérieurement 
2    J 

am  — —  =  64°  1 1  10  ,  09, 

logsin  =  9,954  352i,         logsin2  =  9,908  7042; 


o    o 


128  CORRESPONDANCE    d'hBRMITE   ET    DE   STIELTJES. 

I.i  fraction  continue  m'a  donné 

logsin2  =  9,908  7043. 

D'après  les  règles  de  M.  Schwarz, $(  x>  ^>  ^A'2)  ci^( -, 

■^ »  »  11 1  toutes  les  deux  fonctions  algébriques  de  A*.  Leur  rapport  l'est 

ilouc  aussi,  c ne  nous  le  voyons  aussi  par  la  valeur  sin-am  — —  • 

Je  crains  bien,  Monsieur,  d'avoir  demandé  trop  de  votre  indul- 
gence,  mais  ce  résultai  -  :  —  =  const.  me  sembla  bien  singulier 
avanl  que  j'en  aie  (avais)  aperçu  la  raison  si  simple. 

\  otre  liés  dévoué. 

P.  S.  —  \  oici  une  des  formules  les  plus  remarquables  auxquelles 
(à    laquelle)  j'ai    été  amené  (comme  expression   d'un    théorème 

d   \i  il lunéiiquc)  : 

=      '/' 
-q* 

_f.g,25:(I_2gr-8.1) 

—  C"    (  I  — 2ÇT-8.1) 

ysl   1  1        2  7    s-'    -  2  g-  v ■'•  ) 

—  7  ' 2  !  (  1  —  ?.  7_s  •  '  —  2  7 


7   '        )?î(l  — 2gr-8->'-+-  '.).7-8.2-  .  .  .±  2^-8"2) 


59.  —  H  ERMITE  A  STIELTJES. 

Flanville  (Lorraine),    !  juillet  1884. 

Monsieur, 


•I  entrevois  bien  des  difficultés  au  sujet  de  l'expression  appro- 
chée des  racines  de  \„  —  o  par  la  formule  Xh  =  cos  7 


k—  1 


I  II  -+-  2 

Je  n  ,d  poinl  réussi  à  voir  de  quelle  manière  vous  parvenez  à  la 
forme  élégante  xk=  (  1 — - )  cos  *  '  ~  '  7:,  et  je  crains  bien 

V  2(7.71  -+-  l)2/  |  Il  +  2  J 


LETTRE   59.  i:>.(j 

maintenant  de  vous  avoir  engagé,  en  vous  proposant  cette 
question,  dans  une  de  ces  voies  où  les  difficultés  son I  trop 
grandes  pour  le  but  à  atteindre.  Vous  aurez  plus  de  profit  à 
suivre  vos  inspirations;  les  recherches  que  vous  me  communiquez 
sur  l'équation 

x(\  —  x)y'  -+-  y,/  -I-  ( '  P  —  a)  xy  -\ '— i-  xy*  —  y  =  o 

sont  très  belles  et  je  viens  vous  demander  de  les  publier  soil  dans 
les  Comptes  rendus,  et,  en  deux  articles,  vos  lettres  du  27  et  du 
28  juin  dépasseraient  l'étendue  réglementaire,  soit  dans  les 
Annales  de  V Ecole  Normale  supérieure.  Peut-être  y  aurait-il 
quelque  avantage  pour  vous  à  paraître  dans  ce  Recueil,  d'un  accès 
beaucoup  moins  facile  que  les  Comptes  rendus,  et  qui  vous  donne 
droit  à  un  tirage  à  part.  M.  Tisserand,  à  qui  vous  ferez  grand 
plaisir  en  lui  envoyant  une  nouvelle  communication,  m'a  appris 
de  vous.  Monsieur,  une  circonstance  qui  m'a  rappelé  de  désolants 
souvenirs  de  mon  temps  d'écolier.  J'ai  eu  aussi  les  examens  en 
horreur,  et  j'ai  passé  une  année,  étant  élève  de  mathématiques 
spéciales,  à  lire  à  la  bibliothèque  Sainte-Geneviève  les  mémoires 
des  collections  académiques,  les  ouvrages  d'Euler,  etc.  au  lieu  de 
me  mettre  en  mesure  de  répondre  sur  les  questions  de  géométrie, 
de  statique,  etc.  M.  X...  m'avait  pris  en  aversion  cl  j'ai  expié  par 
un  humiliant  échec  mes  fantaisies  d'écolier  savant.  Plus  tard,  je  n'ai 
pu  prendre  sur  moi  de  subir  les  examens  de  licence  es  sciences 
mathématiques  lorsque  cela  eût  été  bien  nécessaire,  et  ces  examens 
que  je  vais  faire  dans  quelques  jours  en  revenant  à  Paris  et  inter- 
rogeant sur  mon  Cours,  je  les  passerais  fort  mal,  car  mes  leçons 
faites,  je  les  oublie.  Je  vous  renouvelle  mes  félicitations  au  sujet 
du  titre  que  vous  avez  vécu  du  Sénat  académique  et  qui  vous  dis- 
pense des  concours;  vous  avez  mieux  que  cela  à  faire;  au  besoin, 
M.  Tisserand  et  moi,  nous  nous  en  porterions  garants. 

En  attendant,  Monsieur,  un  mot  de  vous  sur  une  carte  postale, 
qui  me  fasse  connaître  vos  intentions  pour  la  publication  de  vos 
deux  dernières  lettres,  je  vous  offre  la  nouvelle  assurance  de  mes 
sentiments  de  haute  estime  et  d'amitié. 

Les  quatre  formules  données  parJacobi,  dans  ses  recherches  sur 
la  rotation  pour  les  développements  en  séries  simples  de  sinus  el 

9 


l3o  CORRESPONDANCE    D  HERMITE    F.T    DE    STIELTJES. 

cosinus  des  quantités-  "~ c >  ...  doivent  être  complétées  par 
douze  autres,  donl  mie  partie  appartient  à  un  type  analytique  diffé- 
rent, que  \  oici  : 

,k  H>)H(^a)=       ^     yr      ^  -K,        .1^ 

H<.r)H(a)  'K       £à\_       2K  J 

(  )n  suppose  dans  le  second  membre  «  =  o,  ±1 ,  ±2,  etc.,  et  quant 
à  ;.  on  ili.it  le  prendre  =  -4-  1 ,  o,  —  1  suivanl  que  //  est  positif,  nul 
(m  uégatif.  En  développant  ensuite  suivant  les  puissances  crois- 
santes de  q,  on  trouve 

—- —     1  —  cot  -p-  -H  cot  — r  +  >  '/'""sin - 

-        H  (a;)  H  (a)  2K  2K      £*  '  K 

(m  =  1,  2,  3 n  =  1,  2,  3,  ...  1. 


60.  -  STIELTJES  A   HERMITE. 

3  juillet  18S4. 

MONSIEI   R, 

\  otre  lettre  m'a  fait  bien  heureux,  et  en  réponse  je  vous  informe 
que  je  me  propose  de  composer  un  article  sur  l'équation  diffé- 
rentielle qui  admet  comme  intégrale  particulière  le  quotient  de 
dru\  fonctions 

Grand  merci  pour  votre  nouvelle  formule  elliptique.  J'ai  été 
frappé  surtout  par  le  résultat  élégant  que  vous  avez  obtenu  en 
développant  suivant  les  puissances  de  q. 

Un  de  ces  jours  j  espère  vous  présenter  une  petite  Note  qui 
aura  paru  dans  les  Astron.  Nachrichten .  A  celle  occasion  je  -eus 
encore  le  besoin  de  vous  dire  que  j'ai  beaucoup  profité  par  l  étude 
de  votre  cours  de  la  Sorbonne,  dont  vous  m'avez  fail  un  présent 
-1  précieux. 

\  otre  très  dévoué. 


LETTRE   01. 


i3 1 


61. 


HERMITE  A   STIELTJES. 


La  Bourboulc,  i"  septembre  1884. 
MONSIEUR, 

Un  commencement  de  diabète,  qui  n'a  pas  été  sans  quelque  in- 
fluence sur  mon  travail  depuis  l'année  dernière  el  que  je  soigne  en 
prenant  les  eaux,  n<'  me  mel  guère  en  disposition  de  faire  de  l'  Vna- 
lyse.  Cependant  j'ai  pris  le  plus  grand  plaisir  à  votre  théorème  •>! 
nouveau  sur  les  mineurs  du  déterminanl 


R  = 


A 
A' 

A"- 


B-hb     C-hc 


et,  si  j'étais  en  meilleure  santé,  j'essaierais  de  retrouver  votre  démon- 
stration. Permettez-moi,  au  moins,  d'appeler  votre  attention  sur 
une  remarque  très  belle  de  M.  Kosanes,  sur  les  transformations 
en  elles-mêmes  des  formes  quadratiques,  qui  conduit  immédiate- 
ment aux  expressions  des  substitutions  orthogonales  que  j'ai  don- 
nées autrefois.  Considérez  la  substitution  que  j'écris,  dans  le  cas 
de  Irois  variables  seulement, 

'/.r  -+-  a' y  -+-  a"  z  =  aX  H-  6  Y  4-cZ, 
bx  -4-  b'y  -4-  b" z  =  a'X  -4-  b'X  -4-  c'Z, 
ex  -+-  c'y  -4-  c" z  =  a"X  -+-  b"  Y  -1-  c"Z. 

\  (mis  vérifierez  sur-le-champ  qu'on  en  conclut 

x\  ax  -4-  a  y  -+-  a"  z)  -hy(bx  -4-  b'y  -+-  b" z)  -+-  z(cx  ■+■  c'y  -4-  c"  c-  | 

=  X(aX  +  a' Y  +  a"Z  )+Y(èX+  b'Y  +  i"Z)  +  Z(cX  +  c' Y  -+-  c'Z), 

c'est-à-dire  une  transformation  en  elle-même  de  la  forme 

a  b'  c" 

b"  -+-  c'      a" -4-  c      a'-h 

En  particulier,  les  relations 

x  — iy  -4-  jj. z  =  X  -+-  v  Y  —  fx Z, 
v  37  -4-  y  —  À  .3  =  —  v  X  -+-  Y  -4-  X  Z, 

—  [j.T-t-XjK-1-  z  =  |JiX  —  XY-t-Z, 


où  1,  * jt. ,  v  sont  les  indéterminées  d'Olinde  Rodrigues,   résultent, 


i   [a  CORRESPONDANCE    d'hERMITE    ET    DE    STIELTJES. 

comme  vous  voyez,  de  La  remarque  de  M.  Rosanes.  Je  ne  sais  si  ces 
expressions,  sous  forme  rationnelle  en  "k,  ;x,  v,  permettraient  de 
démontrer  votre  proposition  el  surtout  <lc  la  généraliser,  ce  qui 
sérail  extrêmement  important.  En  tout  cas,  permettez-moi  de  pu- 
blier dans  les  Actamathematica  (')  votre  lettre  que  mon  éloigne- 
menl  de  l'.ni^  m'empêche  de  donner  nus.  Comptes  rendus  et  qui 
intéressera  vivement,  indépendamment  de  son  application  méca- 
nique, el  veuillez,  en  même  temps,  recevoir  la  nouvelle  assurance 
de  mes  sentiments  de  liante  estime  el  «le  sincère  amitié. 


62. 


STIELTJES  A  H  ERMITE. 


Leyde,  6  septembre  i! 


M  0  \  s  i  e  l  R  . 


J'ai  appris  avec  (bien)  beaucoup  de  tristesse  celte  mauvaise 
nouvelle  de  votre  santé,  que  vous  me  donnez  dans  votre  dernière 
lettre.  \  euillez  accepter  mes  vœux  sincères  pour  votre  rétablisse- 
ment! Je  suis  sûr  que  partout,  dans  le  monde  mathématique,  on 
en  fera  de  même. 

Votre  lettre  m'a  fait  reprendre  l'étude  de  ce  théorème  sur  les 
substitutions  orthogonales  et  j'ai  réussi,  dans  le  cas  de  quatre  va- 
riables, par  un  calcul  qui  ne  laisse  pas  d'être  un  peu  pénible.  Le 
raisonnement  suivant  laisse  à  désirer  sur  un  point,  mais  il  s'applique 
à  un  nombre  quelconque,  pair,  de  variables. 

Soient 


d" 


\a 


A  A 


-+-  Ae       d  -+-  \d 


A« 


d"  -+-  Ld' 


les  coefficients   de   deux    substitutions  orthogonales  de    détermi- 


(')  La  lettre  de  Stieltjes  a  été  publiée  (par  extrait)  dans  le  Tome  VI,  p.  3io-32o 
des  Icta  mathematica,  sous  le  titre  :  Un  théorème  d'Algèbre.  —  On  peut  rap- 
procher  ce  travail  de  Stieltjes  d'un  travail  antérieur  :  Sur  le  déplacement  d'un 
système  invariable  dont  un  point  est  fixe  {Archives  néerlandaises  des  Sciences 
exactes  et  naturelles,  t.  XIX,  p.  072-390;  1S84 )- 


LETTRE   Gi2. 


i33 


nant  -4- 1,  <•!  de  plus 

:  +  ;  ic«     b  -h  iAô 


i; 


d'"  ■+■  l  \d" 


D  = 


Aa     \b     Ac      Ar/ 
Aa'"    .  .      .  .      Ac/'" 


En  multipliant,  il  vient 


R  x  D  =  S  = 


(aa)  (al>)  (ac)  (ad) 
(au)  (bb)  (bc)  (bd) 
(ca)      


(da) 


(dd) 


en  posant 


(aa)  = (a 

(ab)  = (a 


\  Aa) Aa 
^  Aa)  A6 


■  (a'- 


£  Aa')Aa'- 

|  la')  A/Z- 


en sorte  qu  on  a 


(aa)  =  (bb)  =  (ce)  =  (dd)  =  o, 
(ab)  = —  (6a),         (ac)  =  —  (c«), 


c'est-à-dire  le  déterminant  S  est  gauche. 

Supposons  R  =  o,  cela  entraîne  S  =  o.  Mais  S  étant  gauche,  la 
condition  S  =  o  entraîne  que  tous  les  mineurs  de  S  s'évanouissent 
[cette  remarque,  qui  s'applique  à  un  déterminant  gauche  d'un  ordre 
quelconque  pair,  n'a  peut-être  pas  encore  été  formulée  expressé- 
ment (peut-être)]. 

En  supposant  maintenant  que  D  n'est  pas  zéro,  on  en  conclut 
aisément  que  tous  les  mineurs  de  R  s'évanouissent  aussi.  En  effet, 
en  nommant  Da,  D/,,  . .  .,  les  mineurs  de  D,  on  aura 


R  = 


(aa)     (ab) 


(  da  ) 


(ad) 


(dd) 


D 

D6 
D 

D 

D 

va,„ 

D 

... 

IV» 
D 

et  les  mineurs  de  R  s'expriment  linéairement  par  les  mineurs  des 
deux  déterminants  à  gauche,  il  vient,  par  exemple, 

DR„  =  S(aa)\a  4-  S(„/,)A6  -+-  S(acAc  -+-  S^Ao", 

Rrt  étant  mineur  de  R,  S(rtaj,  S^„d)  étant  des  mineurs  de  S  qui  s*éva- 
nouissent  lorsque  S  =  o. 


i.: 


CORRESPONDANCE    d'hERMITB    ET    DE    STIELTJES. 


Il  reste  à  faire  voir  que,  lorsque  R=o,  on  n'a  pas  en  même 
lemps  I  »       o. 

Dans  le  cas  d'un  nombre  pair  de  variables,  ces  deux  détermi- 
nants M  el  I!  sonl  de  même  nature  parce  qu'il  esl  alors  permis  de 
changer  de  signe  tous  les  nombres  du  Tableau. 


A      c 
V      . 


d" 


Dans  le  cas  d'un  nombre  impair  de  variables.  I)  est  identique- 
ment zéro,  ci  la  démonstration  précédente  ne  peut  s'appliquer  ('  ). 

J'ai  été  vivement  frappé  par  cette  belle  remarque  de  M.  Rosanes, 
que  vous  avez  portée  à  ma  connaissance.  Que  c'est  simple  !  On  en 

n   n  —  1 1 


déduit  aussitôt  les  formules  générales  avec 


arbitraires  pour 


la  transformation  d'une  forme  quadratique  en  elle-même,  (pion 
vous  doit  (à  vous),  en  même  temps  que  l'expression  rationnelle 
d'une  substitution  orthogonale  due  à  Cayley  et  qui  a  coûté  tant  de 

peine  à  Huler. 

Si  vous  le  jugez  (cela)  convenable,  je  verrai  avec  plaisir  que  \mi> 
publiez  ce  que  bon  vous  semblera  i  semble)  de  ma  lettre.  Mais  tou- 
tefois, cela  ne  doit  pas  vous  coûter  (causer)  de  la  peine. 

Je  suis  toujours,  Monsieur,  votre  sincèrement  dévoué. 

/'.  S.  —  Il  \  a  quelques  jours,  ma  femme  est  accouchée  <l  un 
lils.  Heureusement  la  mère  el  l'enfant  se  portent  très  bien. 


63. 


Il  ERMITE  A  STIELTJES. 


Flanville  par  Melz  (Lorraine),  g  octobre  1884. 


Monsieur. 


Je  suis  bien  touché  et   bien  reconnaissant  de  l'intérêt  que  vous 
avez  eu  La  bonté  <\r  me  témoigner  au  sujet  de  ma  santé,  .le  viens 


(')  Après  la  publication  de  la  lettre  de  Stieltjes,  M.  Netto  a  publié  deux  .Notes 
dans  les  Acta  mathematica,  t.  IX,  p.  2q5-3oo;  1887;  et  t.  XIX,  p.  io5-n4;  1896, 
Sur  l'extension  des  résultats  de  Stieltjes  au  cas  d'un  nombre  quelconque  de 
variables. 


LETTRE    63.  I 35 

vous  remercier  et,  en  même  temps,  vous  Informer  que  j'ai  envoyé 
à  M.  Mittag-Leffler  votre  avant-dernière  lettre,  en  lui  demandant 
de  la  publier  dans  son  journal.  Ce  que  vous  m'avez  ensuite  commu- 
niqué dans  votre  lettre  <lu  6  septembrem'a  extrêmement  intéressé 
el  je  vous  lais  mon  sincère  compliment  de  votre  idée  ingénieuse  h 
originale  d'avoir  considéré  le  produit  lil)  qui  se  trouve,  mois  que 
rien  ail  pu  le  faire  soupçonner,  un  déterminant  gauche. 

C'est  là  un  résultat  on  ne  peut  plus  curieux,  el  votre  singulier 
théorème  se  trouve  ainsi  démontré  pour  les  déterminants  d'ordre 
pair  avec  beaucoup  de  simplicité  et  d'élégance.  Vous  réussirez  cer- 
tainement  à  traiter  aussi  le  cas  de  l'ordre  impair  et  je  me  permettrai 
de  vous  engagera  consacrer  à  celle  question,  qui  intéressera  vive- 
ment  les  amis  de  l'Algèbre,  un  article  suffisamment  développé  qu'il 
serait  naturel  de  publier  dans  les  Acta,  après  voire  lettre,  à  laquelle 
il  ferait  suite.  Je  ne  puis  vous  dire  si,  avant  vous,  il  a  été  remarqué 
qu'un  déterminant  gauche  ne  peut  s'évanouir  sans  qu'en  même 
temps  tous  les  mineurs  s'annulent;  mais  peut-être  trouverez- vous 
quelques  données  sur  ces  déterminants  dans  un  Mémoire  de 
M.  Cavlev  dont  je  ne  puis  vous  donner  l'indication  précise,  n'ayant 
pas  ici  le  Journal  de  C relie,  et  que  je  crois,  cependant,  avoir  été 
publié  vers  i85o,  dans  ce  Journal  (').  Vous  n'aurez  pas  de  peine, 
je  pense,  à  le  découvrir,  en  consultant  laTable  générale  du  Tome  50, 
par  noms  d'auteurs.  Dans  quelques  semaines,  je  vous  enverrai  un 
petit  article  elliptique  {-)  qui  paraîtra  dans  les  Annales  de  V Ecole 
Normale  etdont  je  m'occupe  en  attendant  que,  à  mon  grand  regret, 
je  sois  forcé  de  revenir  à  Paris  pour  les  examens  de  la  Sorbonne. 
J'espère  aussi  recevoir  bientôt  de  vous  le  Mémoire  sur  les  qua- 
dratures que  vous  avez  donné  à  ce  Recueil  et  que  j'étudierai  avec 
le  plus  grand  plaisir. 

En  vous  renouvelant  mes  félicitations  pour  vos  dernières  re- 
cherches, je  vous  prie,  Monsieur,  de  croire  à  mes  sentiments  de 
haute  estime  et  de  sincère  affection. 


(')  Les  travaux  de  M.  Cayley  sur  les  déterminants  gauches  se  trouvent  dans 
trois  Mémoires  insérés  dans  le  Journal  de   Crelle,  t.  32,  p.  119;  t.  38,  p.  3;  t.  5U, 

P-  299- 

(2)  Sur  une  application  de  la  théorie  des  fonctions  doublement  périodiques 
de  seconde  espèce  {Annales  de  l'École  Normale  supérieure,  3e  série,  t.  II,  iS85) . 


i    16  CORRESPONDANT    D'EBRUITE    ET    DE    STIKLTJES. 

64.  -  sti /:///://:  s  a  h  ermite. 

Leyde,  24  novembre  1884. 
Monsii  1  1:. 

\  euillez  bien  m'excuser  de  ne  m'être  I  m'avoir)  pas  appliqué 
encore  avec  succès  à  cette  question  sur  1rs  substitutions  orthogo- 
nales. 

En  réfléchissant  sur  certaines  < | u <^>( m >ns  qui  se  rapportenl  à  la 
théorie  de  la  figure  de  la  Terre,  j'ai  été  frappé  de  (par)  la  puissance 
de  cette  méthode  où  l'on  conclul  l'existence  d  une  fonction  qui  doil 

remplir  certaines  conditions  en  faisanl   voir  que  celle  fond se 

présente  comme  solution  d'un  certain  problème  de  maximum  ou 
(de)  minimum.  Si  l'on  peul  reprocher  à  celle  méthode,  dans 
beaucoup  'le  cas,  un  manque  de  l'extrême  rigueur  qui  esl  toujours 
désirable,  en  (par)  revanche,  il  me  semble  qu'on  peul  aborder 
ainsi,  quelquefois,  «le-  questions  qui  paraissent  inabordables  par 
il  autres  méthodes. 

Peut-être  la  Note  ci-jointe  en  don  ne  un  exemple  (').  J'ai  envoyé 
cette  Noie  à  M.  Mittag-Leffler  pour  ses  ,  icta.  Le  cas  p  =  1  donne 
immédiatement  un  polynôme  hypergéométrique  de  Jacobi  dont 
toutes  les  racines  sont  réelles. 

Dans  le  courant  de  décembre,  je  compte  me  rendre  à  Paris; 
j'espère  que,  vers  ce  temps,  j'aurai  résolu  la  question  des  substitu- 
tions 1  ni  hogonales. 

\  euillez  bien  agréer,  Monsieur,  l'expression  de  mes  sentiments 
dévoués. 

65.  -   II El! MITE  A   STIEETJES. 

Paris,  27  novembre  1884. 

Monsieur, 

Je  viens  vous  remercier  de  la  Communication  extrêmement  inté- 
ressante que  vous  m'avez  faite  de  l'article  que  vous  destinez  aux 
Acta  mathematica,  et  qui  concerne  la  généralisation  <\o>  poly- 

( l)  Sur  certains  pohnonws  qui  vérifient  une  équation  différentielle  linéaire 
du  second  ordre  et  sur  la  théorie  des  fonctions  de  Lamé  {Acta  mathematica. 
t.  VI,  p.  32i-3aG;  i8!S5). 


LETTRE    65.  I 37 

nomes  de  Lamé,  imaginée  par  M.  Heine.  Votre  analyse  qui  esl  si 
originale  est,  en  même  temps,  parfaitement  claire  el  je  ne  crois  pas 
que  jamais  personne  ail  en  L'idée  de  rattacher,  comme  \ons  l'avez 
fait,  à  une  considération  d'équilibre  la  démonstration  de  la  réalité 
et  des  propriétés  des  racines  d'équations  algébriques.  Permettez- 
moi,  Monsieur,  de  vous  engager  à  insister  toul  particulièrement  sur 
le  cas  le  plus  simple  el  qui  esl  aussi,  jusqu'à  présent,  le  plus  i  111  - 
portant,  celui  des  polynômes  même  de  I  jamé.  Si  mes  souvenirs  soirt 
fidèles,  il  me  semble  que  M.  Klein  sérail  déjà  parvenu  aux  résul- 
tats que  vous  avez  découverts,  dans  un  article  remontant  à  cinq 
ou  six  ans,  que  contiennent  les  Mathematische  Annalen.  Mais, 
M.  Klein  n'aurait  considéré  que  le  seul  cas  des  polynômes  de  Lamé, 
el  sa  méthode  n'a  rien  de  commun  avec  la  vôtre.  Je  ne  me  suis 
point  mis  sous  le  même  point  de  vue  en  m'occupanl  de  ces  quan- 
tités; en  prenant  l'équation  du  second  ordre  sous  la  forme 

(1  —  *»)(i  —  /r2*2)   .4 

dv 
—  [(i-f-  k*)x  —  i/c*x*]--jh  -f-[n(rt  -+-1)  A:2a?2-t-  l]jr  =  o, 

j'ai  surtout  considéré  les  quatre  polynômes  en  7,  P,  Q,  R,  S  qui 
déterminent,  lorsqu'on  les  égale  à  zéro,  les  valeurs  de  cette 
constante  auxquelles  correspondent  des  solutions  de  l'équation 
différentielle  qui  sont  des  polynômes  entiers  ou  bien  des  produits 
de  polynômes  entiers  multipliés  par  \/ 1 — x2,  y/i —  k'2x'2, 
y/(i  — x'2)  (1  —  k-x'1).  En  laissant  indéterminée  la  constante  /,  ces 
diverses  expressions  sont  des  solutions  de  l'équation  différentielle, 
avec  un  second  membre  de  la  forme 

P,     Q/i  —  ^2,     Ry/i  —  Z'1^,     S  v/(i  —  ^2)(i  —  l^x-1) 

ou  ces  mêmes  quantités  multipliées  para?,  suivant  les  cas. 

En  second  lieu,  et  considérant  toujours  /  comme  un  paramètre 
arbitraire,  on  a  cette  circonstance  analytique  bien  remarquable 
qu'en  développant^)'  suivant  les  puissances  descendantes  de  x, 
on  a  pour  n  pair  cette  expression 


i    18  CORRESPONDANCE    li'llEIOIITE    ET    DE    STIELTJES. 

|nii-.  pour  11  impair, 


/  S        8'  \ 


I  /•  el  l'i  i  ./■  )  sonl  des  polynômes  de  degré  n  el  dans  lesquels 
|r>  coefficients  x,  %' (3,  (3',  .  .  .  <l< :s  séries  infinies  sonl  fonc- 
tions entières  de  degrés  croissants  <».  i.  2,  ..  .  de  /.  Et  de 
même 


En  résumé,  c  est  moins  aux  solutions  algébriques  de  I  équation 
qu'à  ces  polynômes  en  /.  I'.  Q,  I».  S  que  je  me  suis  attaché  jus- 
qu'ici. 

Mais  vous  avez  embrassé,  dans  vos  dernières  recherches,  bien 
d'autres  belles  questions,  la  loi  de  la  variation  de  la  densité  de 
I  écorce  terrestre  i  '  >.  et,  en  dernier  hou.  une  généralisation  pro- 
fonde de  la  théorie  des  quadratures  mécaniques  (2),  dont  je  me 
lai>  un  plaisir  de  vous  apprendre  <[ue  mon  cher  confrère  .M.  Tisse- 
rand m'a  parlé  avec  les  plus  grands  éloges.  En  vous  exprimant. 
Monsieur,  le  désir  et  l'espérance  qu'à  votre  prochain  voyage  vous 
voudrez  bien  venir  chez  nous,  dîner  en  famille,  pour  que  nous  ayons 
ainsi  l'occasion  de  causer  de  i<»ui  ce  qui  nous  intéresse,  je  vous 
renouvelle,  avec  l'expression  de  ma  plus  haute  estime,  celle  de  mes 
sentiments  de  bien  sincère  affection. 


(')  Les  travaux  île  Stieltjes  sur  l;i  loi  de  la  variation  de  la  densité  de  la  Terre 
"ni  été  publiés  dans  trois  Notes  : 

r   Note  sur  la  densité  de  la  Terre  {Bulletin  astronom.,  t.  I,  p.  ^i5  ;  188^); 
Quelques  remarques  sur   la  variation   de  la  densité  dans  l'intérieur  de 
la   Terre  (Arch.  néerland.,  t.  XIX,  p.  435-46o;  i884); 

Réimpression  du  travail  précédent  dans  le  Tome  I,  3esérie,  p.  272-297;.  i885, 
des  Vei  slagen  en  Medeelingen  der  koninklijke  Akademie  van  Wetenschappen 
te  .  Imsterdam. 

('-)  Le  travail  auquel  M.  Ilerinile  fait  allusion  a  paru  dans  le  Tome  XCIV  des 
Comptes  rendus,  p.  85o,  17  nov.  1884,  50US  le  titre:  Sur  une  généralisation  de 
la  théorie  des  quadratures  mécaniques. 


LETTRE    G().  I  3g 

66.  —  HERMITE    I  STIELTJES. 

Paris,  i3  février  1 885. 
Monsieur, 

La  Note  manuscrite  jointe  à  L'exemplaire  publié  dans  les  A c ta 
m'intéresse  extrêmement.  Les  résultats  auxquels  vous  êtes  parvenu 
ajoutent,  s'il  est  possible,  à  mon  admiration  pour  votre  beau  talenl 
en  Analyse,  et  je  viens  vous  prier  de  m'autoriser  à  les  publierdans 
les  Comptes  rendus  avec  la  modification  suivante  qui  esl  chose 
bien  légère  et  <le  pure  forme,  mais  que  je  dois  vous  soumettre.  Je 

\ous  propose  (loue  tir  duc  (pic  les  racines  X\ ,  £C2,  •  ■  . ,  -t'n  de  XH  =  0 
font  acquérir  une  valeur  minimum  à  l'expression 

0  —  Sî)(i-Ê3).-.(i-Çi)n(Ç*-  \,r- 

en  faisant 

El,  «le  même,  pour  le  théorème  analogue  concernant  le  poly- 
nôme XJ/l  =  x" —  — — x"~'2-\-.  .  .   qui  ne  m'est  pas  inconnu, 

niais  auquel  je  n'ai  plus  songé  depuis  longtemps.  Mais  commenl 
avez-vous  découvert  ces  propositions  sur  les  minima;  commenl 
avez-vous  obtenu  les  discriminants  de  X,0  Uw  et  Yn  ? 

Pendant  que  vous  vous  livrez  avec  un  si  grand  succès  à  \os 
recherches  de  haute  Analyse,  je  fais,  par  suite  des  circonstances, 
des  leçons  à  la  Sorbonne,  et  je  dois  même  dire  que  je  suis  redevenu 
écolier.  Mon  cher  collègue  et  ami,  M.  Bouquet,  qui  fait  le  cours  de 
calcul  différentiel  et  de  calcul  intégral  aux  candidats  à  la  licence, 
a  eu  une  attaque  de  goutte,  et  je  l'ai  remplacé  pendant  qu'il  était 
malade,  en  croyant  cpie  ce  ne  serait  que  pour  une  semaine  ou  deux. 
Mais  son  médecin  lui  ayant  ordonné  le  repos,  il  a  renoncé  entière- 
ment à  son  cours;  on  m'a  demandé  de  continuer  à  le  remplacer 
jusqu'au  i5  mars,  c'est-à-dire  jusqu'à  l'époque  où  je  commence 
mes  leçons  pour  mon  propre  compte.  A  ce  moment,  ce  sera,  sans 
doute,  M.  Picard  que  la  Faculté  nommera  suppléant  de  M.  Bouquet, 
et  M.  Poincaré  qui  fera,  à  sa  place,  le  cours  de  Mécanique  expéri- 
mentale. 11  m'a  ainsi  fallu  rapprendre  des  choses,  comme  les  lignes 
de  courbure  des  surfaces,  les  lignes  asymptotiques  et  bien  d'autres 
du  même  genre,  dont  je  n'avais  plus  aucun  souci,  et  cpii  m'étaient 
presque  complètement  sorties  de  l'esprit.  M.  Picard  m'aide  beau- 


I  jO  CORRESPONDANCE    D'hERMITE    ET    DE    STIELTJES. 

coup  à  me  remémorer  ces  théories  de  calcul  différentiel.  Mais  j'ai 
un  effort  sérieux  à  faire  pour  apprendre  au  jour  le  jour  ce  que  je 
«loi ^  enseigner,  et  plusieurs  recherches  que  j'avais  commencées, 
entre  autres  sur  La  transformation  des  fonctions  elliptiques,  sont 
forcément  interrompues. 

En  vous  priant,  Monsieur,  d'avoir  la  bonté  de  m'en voyer  un  mot 
sur  une  carte  postale,  pour  m'informer  si  vous  consentez  à  la  pu- 
blication de  votre  Note  dans  les  Comptes  rendus,  je  saisis  celle 
occasion  pour  vous  renouveler  I  expression  de  ma  plus  haute  estime 
et  celle  de  ma  bien  sincère  affection. 

\  ou-*  convient-il  <le  donner  à  votre  Noie,  pour  l i ire  :  Sur 
quelques  théorèmes  d'  ilgèbre  (*)? 

67.   —  STIELTJES  A   II ERMITE. 

Leyde,  20  février  i885. 
Monsieur, 

La  Noie  ci-jointe  (2)  formera  peut-être  une  suite  naturelle  à  celle 
que  vous  avez  présentée  dernièrement.  J'avais  calculé,  il  v  a  déjà 
quelque  temps,  le  discriminant  de  \  =  o,  ce  qui  m'avait  montré 
< 1 1 1 1  ■  celle  équation  ne  peut  avoir  d'autres  racines  multiples  que  o 
et  1 .  Mais  c'est  seulement  après  \  otre  dernière  lettre  que  je  me  suis 
aperçu  que  le  calcul  des  fonctions  de  Sturm  peut  s'effectuer  sans 
difficulté. 

Je  irou\ e  : 

o(n,  a,  c)  —  a?cp(«  —  1 ,  a,  c)  =  —  A0œ(  n  —  1 ,  a  —  1 .  c  —  1  ) 

e  (  n  —  1 ,  a,  c)  o(  n  —  [ ,  a  —  1 ,  c  —  1  )  =  —  Bi  cp( n  —  1,  a  —  1 ,  c  —  1  ) 

cpl  n  —  1 .  a  —  1 ,  c  —  1  )  —  xv(n  —  >..  a  —  1 ,  c  —  2 )  =  —  Ai o(n  —  1.  a  —  ?..  c  —  3 ) 
01  n  —  2,  a  —  1.  e  —  2)  —  çp(fl  —  2.  a  —  2,  c  —  3)  =  —  B2  œ(«  —  3,  a  —  2,  c  —  4) 
tp(n  —  2.  a  —  2,  c  —  3)  —  £FO|  n  —  3,  <i  —  2,  c  —  4)  =  —  A2<s(  n  —  3,  a  —  3.  c  —  5) 
œ(n  —  3.  a  —  2.  c  —  4)  —  ç(n  —  3,  a  —  3,  c  —  5)  =  —  B3ç(/i  —  4-  a  ~  3,  c  —  6) 
0  //  —  3,  a  3,  c  —  5)  —  x  tpi  n  —  (,  a  —  3,  c  —  6)  =  —  A3o(«  —  4i  a  —  î-  c  —  7  I 
s  (  n  —  \.  et  —  3,  <        I  i    —     cp  (  n  —  \,  a  —  !\,  c  —  7  )  =  —  B4  <p  (  n  —  5 ,  a  —  4  ?  c  —  8  ) 


(  '  )  C'est  effectivement  le  titre  de  la  Note  de  Stieltjes  imprimée  dans  le  Tome  C 
■  le-,  Comptes  rendus,  p.  43c;-44o;   '6  février  i885. 

(2)  Cette  Note,  qui  est  la  suite  de  la  Note  indiquée  dans  la  dernière  lettre, 
a  paru  dans  le  Tome  C,  p.  G20-622,  2  mars  i885,  des  Comptes  rendus  avec  le 
titre  :  Sur  les  polynômes  de  Jacobi. 


[.KIT HH    67.  I  \  I 


OU 


( a  —  i )  b  (a  —  \)  (c  —  n) 


"'       c(c-i)' 

"'        (c-i)(c—  a)' 

B  _  (  n  —  2  )  (  b  —  i  ) 

(  «  —  ?.  )  (  c  —  n  —  i  ) 

3       (c  — a)(c-3)J 

(c  — 3)(c  — 4) 

(n-3)(6-2) 

B3=(C-4)(c-5)' 

%         (a — 3)(c  —  n  —  2) 

"-          (c_5)(c_(ij 

d'où 

ep(n,  a,  c)  —  (.r  —  A0)  <p(  «  —  i,  a,  c  )  =  —  A0 Bj  o(  n  —  2,  a  —  i ,  c  —  •>.  ), 
a(n  —  i ,  a,  c)  —  (se  —  B t  —  Ai )  © ( n  —  2 ,  a  —  1 ,  c  —  2 ) 

=  —  Ai  B2cp(/i  —  3,  a  —  2,  c  —  4  ), 
<p(/i  —  2,  a  —  1,  c  —  2)  —  (x  —  B2 —  A2)<p(/i  —  3,  a  --  2,  c  —  4) 

=  —  A2B3tp(n  —  4)  «  —  3,  c  —  G); 


X  =  <p(/t,  a,  c),         Xi=/icp(/i  —  i,«,  c), 

donc 

X2  =  AoBi«p(n  —  2,  a  —  1,  c  —  2), 

X3  =  n  Ai  B2œ( /*  —  3,  a  —  2,  c  —  4)> 

X4  =  A0  B]  A2B3œ(«  —  4>  rt  —  3,  c  —  (5), 

X3  =  «  Ai  B2  A3  B4tp(n  —  5,  «  —  4,  c  —  <s  >j 

et  les  fonctions  de  M.  Sylvester 

a'2  A0Bi cp (n  —  2,  a  —  1 ,  c  —  2 ). 

/i3(A0Bi)2AiB2cp(«  —  3,  «  —  2,  c  —  4), 

n*  (  A0  Bi  )3  (  A  !  B,  )»  A2  B3  œ  (n  —  4,  a  —  3,  c  —  6  ), 

»6(AoBi)i(A1Ba)3(A2B3)2A3B.v<p(rt  —  5,  a  — 4,  c  -8; 


C'est  le  résultat  que  j'ai  indiqué. 

J'espère  ne  pas  vous  importuner  avec  ces  remarques  bien  simples. 
\  euillez  bien  me  croire  votre  très  dévoué. 


i  \  !  CORRESPONDANCK    U  BERMITE    ET    DE    STIELTJES. 

68.  —  STIELTJES    1    HERMITE. 

Leyde,  1 1  mars  i885. 
Monsi  1.1  i;. 

Je  me  permets  de  vous  communiquer  le  théorème  suivant  auquel 
je  suis  arrivé  par  un  chemin  bien  détourné.  Si  je  ne  tne  trompe, 
il  esl  de  nature  à  vous  intéresser.  Je  le  crois  susceptible  il  une 
grande  généralisation. 

Soienl  sel  s' deux  variables  complexes 

Pour  des  modules  suffisamment  petits  de  A  et  /. .  les  équations 

(?.)  §\  Z,    Z')  =  0,  $i(z,   Z)  =  0, 

admettent  une  solution  ;  =  «,  z'  =  v,  voisine  de  ;  =:  a,  z'  =  b. 
Cela  posé,  je  considère  l'intégrale  double 

J  J    #(z,  Z  )$i(X,   Z  ) 

le  chemin  d  intégration  relatii  à  c  étant  un  contour  fermé  envelop- 
pant z  =  a,  parcouru  dans  le  sens  direct;  de  même  celui  relatif  à 
s'  un  contour  fermé  enveloppant  z'=b.  Alors  la  valeur  de  l'inté- 
grale est 

(B)  fai»j'        -    JitttlK 

dz  c/z'         dz'    ôz  /  z  — „ 


Il  me  semble  extrêmement  probable  qu'il  existe  un  théorème 
analogue  pour  une  forme  moins  particulière  des  fondions  -~  et  -", 
el  comprenant  le  cas  où  (que)  les  chemins  d'intégration  renferment 
plusieurs  solutions  du  système  i  :  mais,  pour  le  moment,  je  ne  me 
hasarderai  point  à  celle  généralisation  qui  devra  présenter  encore 
des  circonstances  singulières  dont  je  me  contente  de  signaler  l'ori- 
gine. En  effet,  l'expression  (A)  ne  change  pas  en  permutantles 
deux  fonctions  #et  .",  tandis  que  l'expression  (B)  change  de  signe. 


LETTRE   C>8. 


i43 


Mais  M.  Kronecker,  dans  son  Mémoire  Ueber  Système  vonFunc- 
tionen  mehrer  l  ariabeln  (Monalsberichte  der  Kônigl.Akad.d. 
Wissensch.  1869),  a  déjà  introduit  des  considérations  qui  s'appli- 
queronl  probablement  avec  certaines  modifications  dans  le  cas 
actuel. 

\  oici,   maintenant,  commenl  je  suis  arrivé  à  ce  théorème. 

On  a 


JJ  ${MtM')$t{M,J)      JJ   «'  ^M* 


h»'k"o>»(z,z')<!(,"(z,  z') 
a)"l+i(z  —  b)"+1' 


ou  bien,  d'après  les  formules  de  Cauchy, 

.  2YV        h"1  kn        d'"+"(J(a,  b)'i>»(a,  b)$"(a,  l>  ) 

'■7Zl>     Z-,ZL,7~2  ~,    ~  7,    ~  (la,n  rlfjn 


******  1 . 
0      0 


or,  Ja  série 


h'" 


AmàAmi   \  .  >  .  .  .  /))     ].>.... /l 

0        0 


/»"        dm+n  Ç(a,  b )  <p »»( a .  b  )  <b» (a.  b 


damdbn 


est  égale  à 


Cj(u,  v): 


1  de?\  (        1  ^ 
X-htz)V-kdï> 


h  h 


dt'  dz~ 


d'après  une  généralisation  de  la  série  de  Lagrange  donnée  par 
M.  Darboux  (Comptes  rendus,  t.  LXVIII).  J'ai  envoyé  dernière- 
ment une  démonstration  de  celle  formule  à  M.  Tisserand  ('),  en 
la   généralisant  en  même   temps  pour   un  nombre  quelconque  <le 

variables.  Aussi,  le  théorème  ('nonce  peut  être  énoncé  de  cette 
manière. 

L'intérêt  qui  me  semble  s'attacher  à  cette  généralisation  du  théo- 
rème de  Cauchy  m'a  déterminé  à  vous  la  communiquer.  Certaine- 
ment, si  je  ne  me  suis  pas  trompé,  le  théorème  en  question  doit 
être  démontré  d'une  manière  plus  directe  et  moins  particulière, 
quant  à  la  forme  des  fonctions  §  et  «•?, .  Mais  je  suis,  en  ce  moment, 
trop  occupé  pour  songer  sur  cela.  Je  ne  nie  pas,  cependant,  que 
j'aurais  Lien  volontiers  votre  opinion  et  celle  de  M.   Picard  (sur 


(')  Cette  généralisation  de  la  série  de  Lagrange  a  été  publiée  dans  les  Annales 
de  l'Ecole  Normale  supérieure,  3e  série,  t.  II,  p.  g3-g8;  i885. 


,',',  CORRESPONDANCE    D  BERMITE    KT    DE    STIELTJKS. 

i  ela)  à  ce  sujet.  ^  a-t-il,  après  m  ml.  une  erreur,  dans  le  raisonne- 
ment? je  ne  vois  pas  ('). 

\  otre  bien  dévoué. 


69.  —  STIELTJES  A   HERMITE. 

Leyde,   i3  mars  18SÔ. 


Moi 


Quoique  pressé  par  des  calculs  numériques,  je  n'ai  pu  résister  au 
désir  de  songer  sur  les  intégrales 


II 


(|'i  s.  z'tchdz' 

g(Z,   *')&(*,   Z') 


•  ■  x <  i i ( '■  surtout  par  le  paradoxe  apparent  dont  j'ai  parlé  dans  ma 
dernière  lettre.  Pour  en  savoir  la  cause,  j  ai  envisagé  directement 
des  contours  infiniment  petits  autour  d'un  système  //.  v 

§{u,  v)  =  o,        ài(u,  v)  =  o. 

Soil  s  =  u  +  t ,  z'=v  -\-t'>  et  négligeant  des  quantités  d'ordres 
su  périeurs, 

(J  (  u  -4-  t,  V  —  t')  =  Ç(u,  v), 
§  1  //  -t-  t,  v  ■+- 1)  =  at  -t-  bt', 
$1(11  —  /.  r  —  t')  =  et  -+-  (//'. 

Dans  les  intégrations,  les  modules  infiniment  petits  de  t  et  /'  restenl 
constants.  Il  faut  distinguer  quatre  cas  : 

\  \at\        '•' '■     ■>•     .                 1     .    .  /       -,  l)("-  '"' 
il)  <  1  intégrale  est  eiiale  a  (■2-1)'2  ^-= ; — , 

i   \ct  |<  \dt'\  K         }   ad-bc 

[  J  at  |<  |  bt'  | 

II  1  l'intégrale  est  égale  à  zéro, 

\\ct\<\  df  |  , 

1  I  "'         '  '''  I  -     , 

III  <  I  intégrale  est  égale  a  zei  0, 

(   \ct  1  >  I  '7/' 

(  |«<  I  <  |6*'|     , ,     .  .      (,'.  u.  v  1 

l\  l  l  intégrale  est  égale  a  (2irf)2-r ,• 

I  et  dt'  -  6c  -  ad 


(')  M.    Poincaré,  dans  son   Mémoire  sur  les   résidas  des  intégrales  doubles 
Icta  mathematica,  t.  IX),  a  montré  (§5,  p.  357)  l'origine  de  la  contradiction 
du  résultat  de  Stieltjes. 


LETTRE    GO.  l45 

11  faudra  certainement  trouver  une  interprétation  naturelle  de  la 
différence  <|ni  existe  cuire  I  cl  IV.  Je  n'ai  qu'une  idée  imparfaite  de 
la  méthode  qu'il  faudrait  suivre  pour  arriver  à  une  théorie  com- 
plète de  ces  intégrales. 

Naturellement,  pour    que  l'intégrale  ail   un   sens,    les  chemins 

d'intégration  ne  peuvent  être  choisis  tout  à  fait  arbitraires,  coi e 

dans  le  cas  d'une  seule  variable. 

Je  remarque  que,  lorsque  la  théorie  de  ces  intégrales  sera  c - 

plète,  on  en  déduira  la  formule  de  M.  Darboux  : 

^  —  a  —  h  o(  z,  z' )  =  o, 
-'_  b  —  kty(z,z')  =  0, 

«  ,   _  'V'V        ll"1  ^"        dm+n§ (a,  b)  o"l(a,  b)  <b'l(/t.  I>  | 

&{z,z).     =  2_,  2-,  .   n       »-,,..       t,  ~  da»ldb'1 

0     0 

précisément  comme  vous  ave/,  déduit  la  formule  de  Lagrange  du 
théorème  de  Cauchy.  Et  de  même  pour  un  plus  grand  nombre  de 
variables.  Gomme  vous  voyez,  j'ai  suivi  un  chemin  inverse,  en  adop- 
tant la  formule  de  M.  Darboux.  J'ai  été  amené,  grâce  à  voire  mé- 
thode de  démonstration  de  la  série  de  Lagrange,  à  la  considération 

de  ces  intégrales  : 

Ç(z,  z')dzdz 


II 


§(Z,    Z)Jy(Z,z') 


Aussi,  si  je  n'avais  eu  connaissance  de  cette  démonstration  si 
simple  exposée  dans  votre  Cours  professé  à  la  Sorbonne,  sans 
aucun  doute  je  n'aurais  jamais  été  conduit  à  la  considération  de 
ces  intégrales.  Mais  je  dois  borner  ici  mes  recherches.  Initié  à  la 
théorie  de  Cauchy  principalement  par  votre  Cours,  j'en  suis  un 
admirateur  plutôt  qu'un  cultivateur,  et  (je  dois)  restreindre  mes 
efforts  aux  applications  des  mathématiques  aux  phénomènes  na- 
turels. 

Comme  vous  le  voyez,  la  remarque  accidentelle  que  j'ai  faite  1  au- 
rait pu  être  depuis  bien  longtemps. 

Votre  élève  bien  dévoué. 


I  ',ti  CORRESPONDANCE    D'hERMITE    ET    DE    STIELTJES. 

70.  —  HERMITE  A  STIELTJES. 

l'aiis,  l'i  mars  i885. 
MoNSIEl   R3 

Nous  avons  lu,   M.   Picard  el  moi3  avec  le  plus  grand  intérêt, 
votre  résultai  concernant  l'intégrale 

Q(z,  z')dzdz' 


JJ    ,7i  s,  s' 


- 

mais  la  circonstance  signalée  par  vous-même  que  l'expression  ob- 
tenue change  de  signe  en  permutant  -~-  <■(  ~ {  nous  parait  bien  grave. 
M.  Picard  s'esl  demandé  s'il  était  bien  sûr  qu'on  pût  aussi,  comme 
vous  le  supposiez,  obtenir  pour  s  un  contour  d'intégration  conte- 
nant à  son  intérieur  le  point  z  =  a,  puis  pour  s'  un  contour  com- 
prenant z'  -----  b  et  tels  que  jamais  le  long  de  ees  chemins  on  n'ait 

~   z,  z')  =  o,        §x(z,  z')=  o? 

J'attendrai,  Monsieur,  un  mot  devons  avant  de  communiquer  à 
I'  académie  votre  résultat  qui  touche  à  di ■>  questions  du  plus  haut 
intérêt  el  qui  ont  certainement  préoccupé  bien  des  analystes. 
M.  Picard  croit  se  rappeler  que  les  Annales  de  l'Ecole  Normale, 
dans  les  environs  de  l'année  1869,  contiennent  une  Note  de  Didon 
(mais  je  n'ai  pu  encore  la  rechercher  dans  ce  Recueil)  qui  se  rap- 
porte au  même  sujet  ( ' ). 

\\ci-  la  nouvelle  assurance  de  ma  plus  haute  estime  et  de  mes 
sentiments  bien  dévoués. 


71.  —  STIELTJES  A   HERMITE 

Paris,  18  juin  iS85.  120,  avenue  d'Orléans. 
Monsieur, 

Par  la  Note  ci-jointe  (2)  nous  verre/,  que  je  suis  encore  fidèle  à 
I'  analyse.  Dans  le  cas  où  (que)  cela  ne  vous  paraîtrait  (parait)  pas 

(  '  )  La  Note  de  Didon,  qui  a  pour  titre  :  Sur  une  formule  de  Calcul  intégral, 
esl  insérée  dans  les  Annales  de  l'École  Xormale  supérieure,  2'  série,  t.  I, 
p.  3i-48;  1873. 

(3)  Sur  une  fonction  uni/orme  (Comptes  rendus,  t.  Cl,  p.   i53-i54,  i3  juillet 

i885). 


LETTRE    72.  1^7 

trop  indigne,  je  vous  serais  très  reconnaissant  si  vous  \  ouliez  |  von 
driez)  la  présenter  à  l'  V.cadémie  afin  d'être  insérée  dans  lis  Comptes 
rendus. 

Je  me  propose  de  calculer  lo  premiers  coefficients  C0,  C, ,  Co 

mais  je  n'ai  lait  le  calcul  jusqu'à  présent  que  pour  (i|  seulement, 
la  valeur  «le  Co  étant  bien  connue.  Ou  a 

Ci  = — -0,07281  )5'2o.... 
Donc 

Çl  c  -+-  1  )  =  — ho,  37721  5665  . .  .  -+-  0,07281  552o. . .  z  -+-. .  .  . 

Ces  trois  termes  donnent,  pour  z=±i, 

£(2)  =-!-  1 ,65oo3  au  lieu  de  i,(>ii',i>. 
Ç(o)  =  —  0,  {9560  au  lieu  de  —  o,5. 

D'après  cela,  il  semble  que  déjà  les  premiers  coefficients  diminuent 
assez  rapidement  et  le  terme  suivant  doit  être,  à  peu  près, 
—  o. 00  \- z-. 

Quand  je  suis  allé  visiter  M.  Picard,  il  y  a  quelques  semaines, 
j'ai  été  bien  aise  d'obtenir  de  bonnes  nouvelles  de  votre  santé.  J'ai 
voulu  aussi  aller  vous  voir,  mais  j'ai  mal  choisi  mou  temps  el  vous 
étiez  sorti. 

Je  suis  déjà  (depuis)  quelque  temps  à  Paris,  où  je  pense  rester, 
du  moins  en  France,  et  j'ai  déjà  fait  le  premier  pas  pour  me  (aire 
naturaliser  français  en  demandant  l'admission  à  domicile,  que  j'es- 
père obtenir  bientôt. 

\  euillez  bien  agréer,  Monsieur,  l'expression  de  profond  respect 
de  votre  très  dévoué  serviteur. 


72.  —  HERMITE  A  STIELTJES. 

Paris,  19  juin  i885. 
Monsieur, 

Permettez-moi,  sauf  avis  de  votre  pari,  de  supprimer  après  l'équa- 
tion du  commencement  de  votre  Note, 

ÇO  -1-  1)  =  -  -+■  a0  ■+■  ax  z  -+- . . . 


k',8  correspondance  d'hermite  et  de  stieltjes. 

les  mots  o  convergent  dans  tout  le  plan  »,  puisque  vous  avez  soin 
vous-même  de  dire  un  peu  plus  loin  que  La  série 

Ç(s)  =  i-=-f-2-z-l_... 

définil  seulement  la  fonction  lorsque  la  partie  réelle  de  c  surpasse 
l'unité.  Je  regrette  aussi  que  vous  n'ayez  point  rappelé  que  c'esl  à 
Dirichlet  qu'est  due  la  valeur       i  du  résidu  correspondant  :'i  ;  =  i  ; 

mais  j'espère  que  vous  développerez  |ilu>  c plètement  vos  idées 

sur  ce  sujet  dans  un  travail  suffisamment  étendu  et  que  votre  pré- 
sente Note  est  surtout  pour  prendre  date. 

Non-  qous  félicitons,  M.  Picard  et  moi,  que  les  circonstances 
vous  amènent  à  devenir  noire  concitoyen,  <i  c'est  en  vous  expri- 
mant tous  mes  regrets  il  avoir  perdu  I  honneur  de  votre  visite  que 
je  vous  prie.  Monsieur,  <le  recevoir  la  nouvelle  assurance  de  ma 
plus  haute  estime  et  celle  <le  mes  sentiments  bien  dévoués. 

73.   -  H ERMITE  A  STIELTJES. 

Pari?,  21  juin   i^v"i. 
Mo_\siiu  r. . 

Vous  avez  mille  fois  raison,  et  j'ai  grandement  fait  erreur  en 
croyant  que  la  partie  entière  dan-  votre  équation 

Ç(s  -f-  [)  =  -  -+-  a„  -+-  ai z  -+- . . . 

u'étail  pas  convergente  dans  tout  le  plan.  C'est  ce  quej'ai  reconnu 
au  moyen  de  l'expression  dont  Riemann  fait  usage,  à  savoir  : 

„  .  .  i        f°°  xsdx 

hl)=   =; "     /        

Écrivant,  en  efTel . 

xs  dx  C  xs  dx  rx  xs  il  ' 


/'  xsdx  r  xsdx  r    xs  dci 

~~J0    e*-i     V,      e->-  — 


on  voit  d'abord  que  la  seconde  intégrale,  <pii  n'est  plus  infinie  pour 

.  détermine  une  fonction  holomorphe  de  cette  variable,  -i  Ion 

convient  de  prendre  parmi  les  diverses  déterminations  de  .r*  ce  que 

JC  '  vs  dx 
~ ' 


LETTRE    7:5.  l49 

j'observe  qu'en  supposant  mod x  <  2-rc  et  a  fortiori  x  <  i,  on  a, 
en  série  convergente, 


<r<>ù 


i 

i 

1 

ex- 

-  i 

X 

2 

a?- 

dx 

i 

I 

I 

ex 

—  i 

s 

2 

S  4-  I 

.■y 

B, B2 


i .  •>.  1.2.3, 


B,  B, 


1  .2  (S  -H  2)  2.3.41  S  -I-  4  ) 


11  en  résulte  facilement  que  le  second  membre  représente  une 
fonction  analytique  de  s  dans  toute  l'étendue  du  plan,  fonction 
méromorphe,    admettant    pour   pôles  s  =  o, — r, — 2,  ....  Mais 

-  est  la  fonction  holomorphe 


r(j-M) 

e«D    (1-+-- 
de  sorte  que  le  produit 


r  (  5  -+- 1  )  \  s      2  s  -f- 1 

a  perdu  tous  ses  pôles,  à  l'exception  du  seul  pôle  5  =  0  et,  en  même 
temps,  on  voit  que  le  résidu  correspondant  à  ce  pôle  esl  bien  égal 
à  l'unité. 

En  m'excusant  de  vous  avoir  fait  un  reproche  si  mal  fondé,  je 
m'en  permettrai  un  nouveau.  Pourquoi,  Monsieur,  dans  votre  beau 
résultat,  et  qui  ma  on  ne  peut  plus  intéressé, 

(logi)*  ,    (log/Q*        (logn)*+i 

<•'*  = h... H j— (/ï  =  ce), 

1  /ï  A :  -t-  I 

écrivez-vous  le  premier  terme  et  ne  commencez-vous  pas  par  le 

,   (log2)A"o    11/  .-i 

second  - — - —  :  Le  cas  de  a :  =  o  ne  sera  pas  exceptionnel,  avec 
cette  minime  précaution. 

En  vous  renouvelant,  Monsieur,  l'expression  de  ma  plus  haute 
estime  et  de  toute  ma  sympathie. 


l5o  CORRESPONDANCE    PIIERMITE    ET    DE    STIELTJES. 

74.         Il  ERMITE  A   STIELTJES. 

Paris,  20  juin   i885. 

Monsieur, 

En  m'occupant,  pendant  la  séance  de  l'Académie,  de  la  relation 
que  \  ous  avez  obtenue  sous  la  forme  suivante  : 

Ç(*-t-i)=  -  +  C0— C^-t-C,— — ..., 

Z  1.2 

(III 

G/  —  >  2 — ?■ — (  n  —  i ,  2,  .  . . ,  n  ), 

je  rencontre  une  difficulté  que  je  prends  la  liberté  de  vous  soumettre. 

(  )n  trouve,  en  effet,  au  moyen  de  vos  coefficients  C*  que  "Ç(z  +  i) 
esl  l.i  limite,  pour  n  infini,  de 

ii  ii 

•2-+»        o;+1       "  "~  nz+l  ~  T/ï~-' 

C'est  certainement  exact  pour  s  positif,  mais  non  lorsque  z  -f-  i  est 
négatif. 

La  quantité  à  retrancher  de 

i  i 


pour  obtenir  un  résultat  fini,  lorsqu'on  suppose  n  infini,  étant  beau- 
coup plus  compliquée  que  ^r—_- 

Dans  quelques  jours,  je  vous  enverrai  la  rédaction  plus  correcte 
de  ma  démonstration  <!<■  l'égalité 

ç(*h-0=  4 +  £(*)• 


\  euillez,  en  attendant,  Monsieur,  recevoir  la  nouvelle  expres- 
sion de  mes  sentiments  les  meilleurs  et  les  plus  dévoués. 


LETTRE   7.').  101 

75.  —  STIELTJES  A   HERMITE. 

Monsieur, 

Je  ne  crois  pouvoir  mieux  répondre  à  votre  lettre  qu'en  vous 
envoyant  une  démonstration  <le  ma  série  -  +C  — C|S-K  •  •  qui 
me  semble  à  l'abri  de  toute  objection  (  '  ). 

L'idée  de  considérer  Ç(.s  +  î)  comme  définie  par 

I  T  '  /  S 

h — rr;-*-----1 — rzr  H ;        O  =  0°), 

îi+s  ni+i        sns 

est  bien  naturellement   indiquée  par  la  forme  des  coefficients  C. 

Toutefois,  ce  n'est  pas  ainsi  que  j'ai  trouvé  d'abord  ces  coefficients. 
Mais  on  peut  aussi,  avec  certaines  précautions,  obtenir  le  dévelop- 
pement de  cette  façon  et  détruire  tous  les  doutes. 
L'équation  dont  je  fais  usage, 

Ç(*-H)  =  -  -4-  — —    f     l-p- -\xse-*dx 

'        s        ll(s)JQ       \ex—i        x) 

est  valable  pour  partie  réelle  de  s  >>  —  i ,  et  étend  ainsi  déjà  la  défi- 
nition originelle  (originale). 

Mais  on  a 

e^  î         i         B,  B2 

x  — 


ex  —  i        x        2        1.2  1.2.3.4 

et  l'on  peut  écrire  ainsi  : 

;(S_HI)=I_HI_H      *       Ç'l-f- l--L)xse-xd3C  (PR*>—0, 

s        2        IK*)J0      \ex  —  i        x        2/ 


l  (  s  ■+■  I  )  = 1 1 —  (5-Hl) 

S  2  1.2 


n(*U 


/— I  — I  -  ll.*W«<<fc  (PRs>-4), 

\  ex  —  1        x        2        1.2/ 


s        2        1.2  1.2.0.4 


n(*)i 


-—  i -a;  -\ -^- x3  )  x*  e~x  dx     (PRs>—  G), 


ex  —  1       x      2       1.2  2.3.. 


(!)   FoiV  à  la  fin  de  cette  lettre. 


I    I  '  COKRESPO.NDANCE    1)  I1EIIMITE    ET    DE    STIELTJES. 

i  ;  U(s)  étant  holomorphe  dans  tout  le  plan,  on  reconnaît  aussi,  en 

procédant  ainsi,  !<■  caractère  analytiq le  la  fonction  Z  ('). 

J'avais  cru,  un  moment,  que  ce  procédé  ne  différerai  1  pas  au  fond 
de  votre  méthode;  mais  cela  ne  me  semble  pas  vrai  et,  lundis  que 
votre  méthode  donne  aussitôt  les  valeurs  de  ^(o),  Ç(—  i  >,  Ç(- —  ••'•)..., 
les  expressions  précédentes  donnent 


Ç(o)      =-[, 

B< 

r  i ■  —  i  i  = > 

C(-a)=-J  + 

I 
2 

I  .  2 

Ç(— 3)=— |h- 

I 
2 

l  .2 

;       i)  =  -j  + 

1 
2 

-4^ 

I  .  ' 

«-»)  — s  + 

I 
2 

_5A 

'  ■  I  •  ' 


5.4.3.2. i 


i . a .3.4*5.6 


et  ce  n'est  qu'après  avoir  profité  de  ces  relations 


\ 


3 

-T- 

1 
2 

—  2 

Jii 

I  .2 

=  o. 

i 
4 

+ 

I 
2 

—  3 

11 
1  .  2 

=  o, 

"> 

H- 

I 
2 

-4 

l  .2 

-+-  4  •  3 . 2  - 

B, 

—  (i 

+ 

I 
2 

—  5 

11 
1  .2 

5.4.3  - 

B, 

.2.3.4 

qu'on  trouve  les  valeurs  définitives. 

Ces  relations  (A),  du  reste,  découlent  de 


ex  = 


B, 


Cette  fonction  Ç  présente  pour  moi  encore  bien  des  difficultés; 
par  exemple,  jusqu'à  présent,  je  ne  vois  aucun  moyen  sûr  d'évaluer 


(')  Dans  ces  formules,  II (s)  désigne,  suivant  les  notations  de  Gauss,  la  fonc- 
tion eulérienne  r(s  +  i),  et  PRs  la  partie  réelle  de  la  variable  imaginaire  s. 


LETTRE   75.  [53 

à  peu  près  l'ordre  de  grandeur  de  C*  lorsque  /.  rsi  grand.  Je  penche 
un  peu  pour  croire  que  les  C*  eux-mêmes  (sans  être  divisés  pai 
1.2. .  .A")  diminuent  rapidement;  mais  je  ne  vois  pas  clair  el  peux 
me  tromper. 

Je  vous  remercie  encore  d'avance,  Monsieur,  pour  ht  rédaction  <!<• 

votre  démonstration  de  Ç(z  +  i)  =  — h  Ç(z)  el  suis  avec  le  plus 

profond  respect  votre  serviteur  bien  dévoué. 

Développement  de  (j(.s-h-i). 
Je  pars  de  la  relation 

Ci  (  S  -+-  I  )  =  77——     /         dx, 

que  j'écris  d'abord  sous  la  forme 

G(s-hi)=  -  -+-  — ï—    /      ( — l—  —  l—)&dx. 

J  s        n<>)J0      Ve-1  — i  x   ) 

ce  qui  met  en  évidence  déjà  que 

Çj(s-l-i) =  G      .  (pour  s  =  o), 

C  étant  la  constante  bien  connue  d'Euler. 

En  développant  l'intégrale  suivant  les  puissances  de  s,  il  vient 

(f)  Ç(,  +  i)  =  I 


«o-l-  <*\S  H s 


n(s)V  1.2        1.2.3 

OÙ 

«.asjf"(ïJ_-Çl)(logar)-<fe. 

Je  vais  calculer  maintenant  la  valeur  de  an. 
Pour  cela,  je  rappelle  que 

Ll(s)=    /     x^e~xdx, 
d'où,  en  différentiant  «  fois, 

n<">(o)=    /     (loga?)" e~xdx  =  k    l     (logx -¥-logk)nerkx  dx, 

(2)  /      (loga?-t-  \ogk)ne-kx  dx  =  -^Tl"(o)        (A>o). 


I    ,  j  CORRESPONDANCE    d'hERMITE    ET    DE    STIELTJES. 

En  posant,  pour  abréger,  log.r  -j-  log/.  =  T,  on  aura 

f    (log.r )" e~kx  dx  =    J      (  T  —  logÀ)" e~kx  dx, 

<-'o 

et  développant  la  formule  du  binôme,  on  trouve,  à  l'aide  de  (2), 

(3)      /      (\o%x)ne-kxdx 

'  /,         i  A  1.2  k 

Kn  prenant  successivement  /.  :  =  1,  2,  3,  .  .  .,  /•,  et  faisant  l'addition 


,1         1         1 


/»(/>-on<t_i)|nirnoir2^  ,  (iog3)'  ,_,  (iog/-)2i 

Le  premier  membre  peut  se  mettre  sous  la  forme 


e- 


>—X 


e~x         x 
'0 


-    (log.r)"  dx 


fx  ç—.i  g—  r—\\c 

-t-     1       (logx)'1  dx 

—    f     ( ! )  e-iw-»>*(loffa?)«  dx. 

J0      \i-e-*       xj 

La  première  intégrale  est  précisément  an,  la  troisième  tend  évidem- 
ment vers  zéro;  quant  à  la  seconde,  en  la  désignant  par/(/*),  il  vient 

f'(r)—    f      e-{r+i)x(\ogx)"  dx 
c'est-à-dire,  d'après  (3), 

/'(r)  =  —  n«(o)  -  * n*-i(oj log(r  +  ° 

+  n<n~^ nc-«(o) [l0^/,  +  l)]2  -. . ., 


LETTRE    /O. 

donc,  /(/')  s'évanouissant  avec  /•, 

/(/•)  =  n»(o)log(r-Hi)-  "iI-Ho)^ 

ni ii  —  i  ) 

H — 

I . 

Il  vienl  donc 


II«-*(o) 


i 

riog(/--Hi)3» 

3 


a»-  f    (,_'g-r  ~  5)  «-'"-"'(logar)»  r/.r 

=  n»(o)[j  +  ^  -+-...+  i-iog(#-  h-  i)J 


!,,-■. 


o"r        i 


_n«-'(o)   -rJ-H-...+  _5__-[log(r+i)]« 


B(n-)n^(o)'(1° 


(log/-)2         I 


ï[log(r  +  i)]« 


et,  pour  r—  co,  en  posant 


G    =-■+--■+■...+  - — log(/--+-i)         (7'  =  00), 

c        (Iog^+  _+(logr)*_      t 

a  /•  A  -t-  t 

(/•  =  oc,         A-  =  i,  2,  3,  ...), 

«„=n«(o)G—  -n«-i(o)Ci-+-  "(n~l)n«-s(o)C2... 


Cette  valeur  de  an  montre  bien  que  la  série 

a  ■■>    .                      a„ 
«o-t-  aiH 55  +  .  .  .H 


est  le  produit  des  deux  séries 


D(o)  +  nd)(o)H — —s'-- 


n»(o) 


et 


G„ 


C  —  Cjs-t-— s2— ...± 

[ .  2  1 .  2  .  .  .  /£ 


Or  la  première  série  étant  le  développement  de  n(^),  l'équation  (i) 
donne 

C(s-hi)=  --h  G-  G,s-f-  —  s2 ^rS3  +  .... 

0  v  5  1.2  1.2.3 


1 56  CORRESPONDANCE    d'hERMITE    ET    DE   STIELTJES. 

76.  -  STIELTJES    I   HERMITE. 

Paris,  >8  juin  i885. 
M  on  si  11  R3 

En  réfléchissant  sur  cette  question  de  la  continuation  analytique 
de  fonctions  définies  par  des  intégrales  définies  dans  une  partie  du 
plan  seulementj  j'ai  fail  cette  observation  bien  simple  que 

r(a)=  /      x*-*  {er*-i  +  x-—±...±  x  ^      n)dx, 

tant  que  La  partie  réelle  de  a  reste  comprise  entre  —  n  et  —  (n  —  i). 
\  l'aide  de  cette  remarque,  on  trouve  facilemenl  que  la  conti- 
nuation anal  \  tique  de 

f*    r.  '  —  '  ri 7' 
Wt1      «<pr«) 

(••>i  donnée  par  les  formules 
<p(a)=  f    X*-*  (eJ_i  ~^)dx  (o<PRa<il 

<t>(a)=f    .r«-»  f—r1 --h- -a?)  (- 3  <  PR«  <  —  i 

v     7        /  (  ■  '  —  i        a?        2         î .  >      ' 

*(«)=/      .r'-1  ( — —   —  -  — '-^h 4— jxAdx       (—  5<PR«<  —  3 

v     '        7  \  e-r  —  i         x        i         î  .  2  i .  2 . o . 4      / 

Ces  formules  sont  d'un  caractère  bien  différent  de  celles  que  je 
vous  ai  d  abord  communiquées. 

Comme  (une)  autre  application,  j'ai  considéré  la  fonction 

xa~x  dx 


définie  d'abord  pour  o  <^ PRa  <C  i   seulement. 
L  équation 

/(«)  — r(a)=y    i«-i|^- e~*j«te 


LETTKK    77.  I.')- 

donnc  déjà  la  continuation  de /(a)  dans  la  bande  trois  lois  |>| u> 

large 

—  2<  PR«  <-t-r, 

et  l'on  voil  que,  dans  celle  ha  m  le,  f(a)  a  deux  pôles,  savoir  a  =  o 
et  a  =  -+- 1  avec  les  résidus  +  i  ci  —  i .  Or,  nous  avons  vu  que 

T(a)=f    x«-i(e-x—\)dx        (— i<  PRa  <  o). 
«/o 
Donc 

c'est-à-dire 

f(a)  =—/(«-+-  i). 

Cette  relation,  démontrée  d'abord  seulemenl  pour  les  valeurs  «le  n 
dont  la  partie  réelle  est  comprise  entre  —  i  et  o,  peut  s'étendre 
ensuite  à  loul   le   plan. 

Ce  raisonnement  bien  simple,  qui  suppose  toutefois  la  notion  de 
la  fonction  T,  a  donné  ainsi  les  propriétés  les  pins  caractéristiques 
de  la  fonction  f(a)  et  l'on  peut  déjà  conclure  que 

/(«)sin«-         et        /(«) : 


sont holomorphes  dans  tout  le  plan.  On  sait  bien  que 

J       '       sina  - 

J'espère,  Monsieur,  que  vous  voudrez  bien  recevoir  avec  votre 
bienveillance  habituelle  ces  remarques  qui  sont,  je  le  reconnais 
bien,  d'une  simplicité  peut-être  trop  grande. 

^  euillez  bien  agréer,  Monsieur,  l'expression  de  mon  profond 
respect  et  de  mes  sentiments  tout  dévoués. 

77.  —  STŒLTJES  A  HERMITE. 

Monsieur, 

En  continuant  à  creuser  dans  la  nature  de  la  fonction  'Cj  :■),  je 
vois  enfin  la  route  ouverte  pour  arriver  à  tous  les  résultats  annoncés 
par  Riemann.  Cependant  j'ai  dû  prendre  un  chemin  bien  différenl 
que  lui  n'a  indiqué,  et  le  passage  où  il  dit  avoir  obtenu  le  nombre 


1 58  CORRESPONDANCE    d'hERMITE    ET    DK    STIELTJES. 

approché  des  racines  de  2;  t)  o  à  l'aide  de  l'intégrale  /  <YlngH(/) 
me  reste  absolument  incompréhensible;  je  ne  vois  aucun  moyen 
pour  évaluer  cette  intégrale.  J'ai  été  pourtanl  assez  heureux  (à) 
pour  éviter  cel  écueil  en  démontranl  celle  propriété  annoncée 
ci  nu  me  très  probable  par  Riemann,  que  toutes  les  racines  deÇl  t)  —  o 
sont  réelles.  Par  là.  la  question  esl  ramenée  à  La  discussion  d'une 
fonction  réelle  pour  des  valeurs  réelles  de  la  variable  et  cela  esl  fai- 
sable, du  moins,  el  j'ai  fait  assez  dans  celte  direction  pourêtre  sûr 
d'atteindre  mon  but. 

Mais  toutes  ces  recherches  demanderont  encore  beaucoup   de 
temps;  je  dois,  en  outre,  vérifier  mes  calculs  des  constantes  <-,- 

(  ]_, (  '. ,  el  je  me  propose  <l  \  joindre  les  valeurs  des  coefficients 

I).  I),.  I), M,  : 

3  —  I  1.2  [.2.3 

i  r" 

D*  =  (loga)*  +  (log3)*+...+  [log(/i  —  i )]*-+-  -(logn)*—  /     (log «)* dn 

( k  —  i,  a,  3,  ...)         D,  =  -log(2ir)  —  i . 

Gomme  je  ne  puis  pas  pousser,  en  ce  moment,  activement  ce  travail 
,i  cause  d'autres  devoirs,  je  me  propose  de  prendre  an  peu  haleine 
el  de  laisser  tout  cela  pendant  quelques  mois.  Mais  il  n'y  aura  pas 
d'inconvénient,  je  l'espère,  à  publier  dan-  les  Comptes  rendus  la 
Note  ci-jointe  qui,  ce  me  semble,  doil  intéresser  les  géomètres  qui 
ont  étudié  le  Mémoire  de  Riemann.  La  fonction  Ç(-s)  est  intimement 
liée  a  bien  de-  recherches  arithmétiques  sur  certaines  lois  asymp- 
totiques  relatives  à  la  suite  des  nombres  premiers,  etc.  Par  exemple, 
quoique  je  ue  I  aie  pas  démontrée  encore  d  une  manière  rigoureuse, 
je  n'ai  aucun  don  le  sur  l'exactitude  de  cette  proposition  que 
*\>  '  ./•  —  log  log x  converge  pour  x  =  oo  vers  une  limite  finie  dont 
l'expression  est  un  peu  compliquée,  Q>(x)  indiquant  la  somme 
-•••    relative    a    tous    les    nombres    premiers    mle- 

rieurs  à  ./■    .  M.  Halphen,  du  reste,  dans  les  Comptes  rendus  du 

à  mars  [883,  a  indiqué  l'intervention  de  la  fonction  Ç(s)  dans  ces 
questions. 

Je  m'estime  heureux  qu  en  vous  demandant  de  me  rendre  léser- 


LETTRE  78.  [5g 

\  [ce  de  (aire  insérer  dans  les  Comptes  rendus  la  Noie  ci-jointe  (  '  ), 
je  pourrai  maintenant  moi-même  corriger  les  épreuves,  quoique 
naturellement,  j'accepterai  avec  reconnaissance  les  corrections 
dans  le  langage  <|ui  pourraient  vous  sembler  nécessaires  dans  le 
cas  que  nous  parcourrez  ma  Noie 

Je  suis  avec  un  profond  respect,  Monsieur,  votre  bien  dévoué. 


78.         Il  ERMITE  A  STIELTJES. 

Paris,  o  juillet  [885. 


Moi 


Votre  belle  découverte  au  sujet  de  la  proposition  de  Riemann 
sur  l'équation  ç(i)  =  o  m'intéresse  au  plus  haut  point,  <i  pour  la 
grande  importa  née  du  résultai  d'avoir  mis  hors  de  (h  m  le  celle  pro- 
position et  aussi  par  la  méthode  que  \ous  avez  employée.  Rien  ne 
me  fera  plus  plaisir  que  de  connaître  par  quelle  voie  vous  avez  opéré 

l'extension  analytique  du  produit  En  i j   à  partir  de  z  >>  -; 

cette  voie  est  hors  de  ma  portée  et  je  ne  puis  m'en  faire  aucune 
idée.  Lundi  prochain  votre  Note  sera  présentée  à  la  séance  de  l'Aca- 
démie; je  n'ai  rien  trouvé  à  changer  à  votre  rédaction  cpii  est  extrê- 
mement claire  et  correcte,  si  ce  n'est  que  d'écrire  c(z)  au  lieu  de 
Ç(.s)  afin  d'employer  la  notation  dont  Riemann  s'est  servi  dans  son 
travail.  Si  vous  voulez,  je  tiens  à  votre  disposition  pour  y  être  inter- 
calée, dans  le  cas  où  ce  sçrait  encore  à  votre  convenance,  la  démon- 
stration de  la  formule  %(z)  = ■  +(j(c)5  en  allant  corriger  les 

épreuves  mercredi,  à  l'imprimerie  Gauthier- Villars,  vous  l'ajoute- 
riez à  votre  texte  ('-). 

Avec  mes  bien  sincères  et  bien  vives  félicitations,  je  vous  renou- 
velle, Monsieur,  l'assurance  de  ma  plus  haute  estime  et  celle  de  mes 
sentiments  dévoués. 


(')  Voir  Comptes  rendus,  Sur  une  fonction  uniforme,  t.  CI,  i3  juillet  i885, 
p.  i53. 
(-)  Voir,  Comptes  rendus,  la  Note  de  M.  Hermite,  t.  CI,  i3  juillet  t885,  p.  112. 


160  CORRESPONDANCE    D'hERMITE    ET    DE    STIELTJES. 

79.  _  STIELTJES  A   HERMITE. 

Paris,   1 1  juillet  i885. 

Monsieur, 

Recevez  mes  remercîments  sincères  pour  la  rédacti léfînitive 

de  votre  démonstratioo  de  Ci  s)  =  — ^ — f-  §(%),  cette  marque  de 

votre  bienveillance  m'esl  bien  chère.  Mais  permettez-moi,  main- 
tenant, de  remarquer  que  dans  ma  Note  je  me  >uis  tout  à  fait 
conformé  à  la  notation  de  Riemann. 

Riemann  pose  «(5)=   ?,~ '  Après  avoir  trouvé  que 

n(s-.)-_î«') 

ne  change  pas  en  remplaçant  s  par  1  — s,  il  considère  la  fonction 
obtenue  en  multipliant  par  -  s(s  —  1), 


qui  aura  la  même  propriété.  Ce  qui  revient  à  dire,  qu'en  posant 


1 

S      -   -      -  II. 
■1 


n 


<>  — 1)-   -:>. 


sera  une  fonction  paire  de  t  qu'il  désigne  par  \{t). 

L'expression  qu'il  trouve  directement  pour  z(t).  quifail  voir  en 
ellet  ipie  celte  foncti -,t  paire,  fournil  < loue  une  seconde  démon- 
stration de  la  relation  entre  Zts)  et  Ç(i — s)  obtenue  d'abord. 
Quanl  à  la  fonction  :<  /  >.  vous  voyez  qu'elle  a  perdu  le  pôle  s  =  1 
el   les  zéros  s  =  —  2,      -  (.  —  6 Or,  la  relation 


■:««>=n('-?) 


montre  que  Ç(s)   n'a   point  de  zéro  dans  la    partie    du   plan    où 
partie  réelle  s  >  1 .  La  relation  entre  Ç(s)  el  Ç(i  —s)  montre  en- 


LETTRE    7!(.  iGi 

suite  que,  dans  La  partie  du  plan  où  la  partie  réelle  de  s  esl  néga 
tive,  s  = —  »,  —  \,  —  <>,  •  •  •  sonl  des  zéros,  el  les  seuls  zéros. 

La  fonction  ç(£)  ne  peut  donc  avoir  de  zéros  que  dans  la  bande 
où  la  paihc  réelle  de  s  esl  comprise  entre  o  et  i,  ou,  ce  qui  revienl 

au  même,  si  l'on  a  ç(«   j-  bi)    =  o,  A  doil  être  comprise  entre 

et  +  -  •  Eliemann  dit,  maintenant,  qu'il  est  très  probable  que  tous 

les  zéros  de  la  fonction  ç(V)  sont  réels  (b    =o).  Or,   ayanl    posé 

s  = — (-  ti\  cela  revient  à  dire  que  toutes  les  racines  imaginaires 

de  Ç(s)  sont  de  la  forme  -  -{-ai,  a  réel.  C'est  sous  celle  lui  nie. 

légèrement  différente,  que  j'ai  exprimé  la  proposition  deRiemann, 
n'ayant  pas  voulu  introduire  la  fonction  ç(<f)  qui  n'esl  pas  l'objel 
principal  de  la  recherche  el  s'introduit  plutôt  comme  auxiliaire 
dans  l'étude  de  la  fonction  Zis).  C'est,  du  moins,  ainsi  que  j'ai 
envisagé  la  chose.  11  est  vrai  que  celte  fonction  £(/)  réunit  en  soi 
toutes  les  difficultés  si  l'on  tâche  d'obtenir  la  décomposition  en 
lac  leurs  primaires  de 

s 

(*  — i)Ç(s)»=it» 


En  considérant  l'expression  obtenue  par  Riemann  pour  £(£),  on 
trouve  bien  qu'elle  a  des  racines  réelles;  mais  j'ai  inutilement 
cherché  à  déduire  de  cette  expression,  par  intégrale  définie,  qu'elle 
a  toutes  ses  racines  réelles,  et  j'avais  désespéré  de  démontrer  cette 
proposition  encore  un  peu  douteuse,  lorsque  j'ai  aperçu  qu'on  ob- 
tient cette  proposition  en  modifiant  légèrement  le  raisonnement 
de  Riemann  pour  obtenir  les  zéros  de  Ç(s)  en  dehors  de  cette 
bande  mystérieuse  où  la  partie   réelle  de  s  est  comprise  entre  o 

et  i.  En   effet,   si,  au  lieu  de   1  :  Ç(s)  —  I  I  (  •  — '  ~  )'  je    <olls'- 


Ps  I 


dère   i  :  Ç(,)  =  i  -  1  -  L  _  <  +  ±  +  .  . .  =  V  Zi 


il 


cette  différence  capitale,  entre  le  produit  infini  et  la  série,  que  la 
dernière  est  convergente  pour  s>  ->  tandis  que,  dans  le  produit, 
il  faut  supposer  s  ^>  i .  Voici  comment  je  le  démontre  :  La  fonc- 
tion f{n)  est  égale  à  zéro  lorsque  n  est  divisible  par  un  carré  el 


162  CORRESPONDANCE    DHEKMITK    ET    DE    STIELTJES. 

pour  les  autres  valeurs  de  n .  égale  à  ( —  i  i*,  /."  étanl  le  nombre  des 
facteurs  premiers  de  />.  Or.  je  trouve  que  dans  la  somme 

£-(7l)=/(l)-h/(a)  -*-...+/(  71  i. 

les  termes  —  i  se  compensent  assez  bien  pour  <pie     -,_-  reste  tou- 

jours  comprise  entre  deux  limites  Bxes,  quelque  grand  que  soit  n 
i  probablement  <>n  peul  prendre  pour  ces  limites  +  i  ci  —  n.  De 

la  il  -ii il .  s  étant  >  -> 


lim =  o 


(n  =  xi 


.1   de  même  la   série  ^    "  1+;r     est  convergente,  |  g(n)  j  désignant 
la  valeur  absolue  de  g(n). 

n-y-m 

Ce  qu'il  faut  démontrer,  c'est  qu'on  peut  rendre  \  - — —  aussi 

petit  qu'on   veut   par  un  choix  convenable  de   n.  Mais,   à   l'aide 
de  f[n )  =  g(n)  —  g(  n  —  i),  cette  expression  devient  égale  à 

sr(  n  -+-  m  i        g(n  —  i") 


i  n  -h  m  )s 


Mais  on  a 


ns 


n*        (n-i-iy        i  n  —  H )*- 


(o<0<i). 


Donc 

-m 

ri  /i  n  i        gin  -h  m  |        ,^(n  —  i) 


i  ra  —  7W  i-" 


«* 


s,^f«  +  i  i 


(n-4-6)*+i        (ft  +  n-8')s+1 


s  %    n       m  —  ii 
(,  «  —  m  —  I  -r-  f)  )•«+ 


i;. 


Ur.  la  série    >  L£—      -etaul  eonver^ente.  un  peut  rendre 

'  XC>  '     _  !<?("-*-')  1  _       _^  \g(n  —  m  —  i)| 
/<s~    '  (n  +  i)"1     '  (n-H/n —  i  )*+1 


LETTRE    7Î).  l63 

aussi  petit  qu'on   veul  :  la   même  chose  a  donc  lieu   pour  I»    en 

posant 

^  _/'(  n  i  __  ff( n  -+■  m  i        g{n  —  \) 


(  n  ■+•  m  )s  ns 


R. 


iv        i  î        ,  ?(  n  ■■  m  )        ff(n  —  i  i 

L)c  i)liis,  les  lermes  — —     — r  ci convergent  vers  zéro 

1  i  n  ■+-  ni  y  n" 

el  peuventêtre  rendus  aussi  petits  qu'on  \  cul .  Donc  la  sérieN  : 

est  convergente  pour  s  >  -•  Je  crois  qu'elle  comerge  encore  pour 
la  valeur  réelle  s  =  -  >  mais  je  n'ai  pu  le  démontrer.  Ce  qui  esl  cer- 
tain, c'est  qu'elle  ne  peut  converger  lorsque  s  <l  -  et,  s  étant  -<  -> 

il  est  donc  impossible  que : — : reste  comprise 

entre  deux  limites  fixes  car  on  en  conclurait,  comme  pins  haut, 
la  convergence  de    >  ; pour  des  valeurs  de  s  inférieures  à   -, 

Ami      n"       '  1 

ce  qui  est  impossible  .  Gela  montre  plus  clairement  la  nature  de 
cette  proposition  sur  laquelle  je  me  suis  appuyé,  que 

\/n 

reste  comprise  entre  deux  limites  fixes. 

Vous  voyez  que  tout  dépend  d'une  recherche  arithmétique  sur 
cette  somme/(i)  -\-f('i)  -h  . .  .-{-/(n).  Ma  démonstration  est  bien 
pénible;  je  tâcherai,  lorsque  je  reprendrai  ces  recherches,  de  la 
simplifier  encore. 

Mais  on  peut  déjà  se  faire  une  idée  de  la  lenteur  avec  laquelle 
croît  g(n)  (ou  plutôt  avec  laquelle  croit  l'amplitude  de  ses  oscilla- 
tions) par  la  relation  £=  E(  \fn  ), 


/  n  \ 


=.-i  +  fc(*)5-(*)-A(«)/(i)-*(j)/(a)-...-*(j)/(* 


la  fonction  h(x)  étant  égale  à  i  ou  à  o,  selon  que  E(x)  est  impair 
ou  pair.  Comme  g{k)  est  naturellement  <^k  en  valeur  absolue, 


l'.j  CORBESPONDAISCE    li'll  I  HMITi:    F.T    DE    ST1EL.TJES. 

vous  voyez  que 


»■  '(jh-Mî) 


est  inférieur  à  i  k  +  i  en  valeur  absolue,  et  même  à  k  -f- 1  lorsque  k 
esl  pair. 

\  ous  voyez  bien,  maintenant,  comment  cette  étude  de  Ci  s)  m  a 
amené  à  des  spéculations  arithmétiques.  Mais  excusez-moi  «I  avoir 
parlé,  dans  ma  lettre  précédente,  de  celle  proposition 

2, log  logn  =  A         l  h      x 

■r    " 

qui  a  été  démontrée  déjà  par  M.  Mertens  [C  relie,  t.  78)  qui  a 
donne''  aussi  la  détermination  de  V.  a  près  avoir  été,  antérieurement, 
considérée  aussi  par  M.  Tchebychef  (Journ.  de  Liouville,  ire  série, 
i .  \  \  Il  .  Legendre,  déjà,  doit  l'avoir  ni  tienne  par  induction. 

J'espère,  monsieur,  que  cette  lettre  n'est  pas  trop  longue;  je 
i  iens  surtout  à  vous  avoir  com  aincu  que  je  ne  me  suis  pas  éloigné  de 
La  notation  de  Riemann  :  c  est,  ce  me  semble,  un  léger  malentendu. 

Je  suis,  avec  un  profond  respect,  monsieur,  votre  bien  dévoué. 


80.  —  HERMITE  A   STIELTJES. 

Paris,  12  juillet  i885.     ? 
MONSIEU  I!  . 

Vous  avez  toujours  raison  et  j'ai  toujours  tort;  j'avais  cru  lire 
dans  le  texte  de  votre  Note  ;  s),  mais  c'est  bien  £i  s)  que  vous 
avez  écrit,  conformément  à  la  notation  de  Riemann.  En  vous 
remerciant  maintenant  de  votre  dernière  lettre  que  j'ai  dévorée, 
je  doi>  vous  faire  pari  d'une  inquiétude  extrême  que  j'éprouve  au 
sujet  de  ma  démonstration  de  la  relation 

r(*)Ç(*)  =  F(*)-t-Gi  s  . 

On  en  conclurait  en  effet,  d'après  le  théorème  de  Riemann. 

F(s)-4-G(s)        F  (  i  —  s  \  —  G  (  i  —  s  ) 


I. KIT  II  F.    81.  l65 

ce  qui  est  mille  fois  impossible  el  ; 1 1 > ^ 1 1 1 •  < I < • ,  les  pôles  du  premier 
membre,  sauf  5=0,  s=  1,  étant  ions  différents  de  ceux  du 
second  membre. 

Mes  devoirs  à  l;i  Sorbonne  m'empêchenl  toul  autre  travail  el  il 
m'csi  Impossible  de  découvrir  où  je  me  suis  trompé,  mais  je  ae 

pins  non  plus  1111  seul  instanl  supposer  que  le  théorème  de ntré 

de  deux  manières  différentes  par  Kiemann  ne  soit  toul  ce  qu'il  y 
a  au  monde  de  mieux  établi.  Ne  croyez-vous  donc  pus  qu'il  serait 
mieux  de  ne  point  publier  ma  démonstration  qui  est  nécessaire- 
ment fautive,  bien  qu'il  ne  semble  pas  facile  de  voir  en  quoi? 

En  vous  renouvelant,  Monsieur,  l'expression  de  mes  meilleurs 
sentiments. 

81.  —  HE R  MITE  A  STIELTJES. 

Paris,  29  juillet  i885. 
Monsieur, 

Permettez-moi  de  vous  informer  que  M.  Lipschilz  m'écrit  s'être 
vivement  intéressé  à  ce  que  vous  avez  publié,  dans  les  Comptes 
rendus,  sur  la  fonction  Ç(s)  de  Riemann.  L'éminent  géomètre 
ajoute  que,  lui-même  s'est,  à  plusieurs  reprises,  occupé  de  cette 
fonction  el  que,  dans  son  Mémoire  du  Tome  XGV1,  page  i(5  du 
journal  de  Berlin,  intitulé  :  Beitrage  zu  de/'  Kenntniss  der  Ber- 
nouillschen  Zahlen,  il  a  déduit  de  la  formule  générale  de  Riemann 

la  relation  "Ci — 2/1+1)=  >  dont  il  a  fait  ensuite  plu- 

J  in  y 

sieurs  applications.  Peut-être,  Monsieur,  penserez-vous  devoir 
citer  ce  travail  de  M.  Lipschilz  quand  vous  en  aurez  l'occasion 
en  publiant  plus  tard,  dans  les  Comptes  rendus,  la  suite  de 
vos  découvertes  sur  ce  sujet. 

Permettez-moi  aussi  de  vous  faire  part  d'une  intention  (pie  nous 
avons  eue,  M.  Darboux  et  moi,  en  vous  demandant  s'il  vous  con- 
viendrait d'obtenir  le  titre  de  Docteur  de  la  Faculté  des  Sciences 
de  Paris,  qui  vous  ouvrirait  l'accès  dans  notre  enseignement  supé- 
rieur, et  vous  conduirait  certainement,  si  toutefois  une  telle  situa 
lion  vous  paraissait  acceptable,  à  devenir  professeur  dans  une 
Faculté  des  Sciences  de  province,  en  attendant  que  nous  puissions 
vous  ménager  une  position  digne  de  vous  à  Paris. 


l66  CORRESPONDANCE    IÙIKHMITE    ET    DE    STIELTJES. 

Nous  avons  tout  lieu  de  penser  que  nos  collègues  de  la  Sorbonne 
accueilleronl  favorablement  la  demande  qui  leur  serait  faite  en 
notre  nom  de  déclarer  au  Ministre  de  l'Instruction  publique  qu'en 
raison  de  l'importance  el  de  l'éclat  de  vos  travaux  analytiques,  il 
v  ;i  lieu  de  vous  accorder  la  dispense  du  titre  de  licencié,  et  de 
vous  autoriser  à  présenteret  soutenir  votre  thèse,  sans  avoir  à  jus- 
tifier d'aucun  grade  universitaire. 

\|.  Darboux  doit  quitter  Paris  dans  le  courant  de  la  semaine 
prochaine;  mais  peut-être  pourriez-vous  le  voiravantson  dépari, 
et  lui  faire  connaître  si  le  projet,  dont  nous  avons  eu  l'idée,  aurail 
votre  agrément.  Vous  auriez  de  lui.  en  même  temps,  sur  la  ques- 
tion, tous  les  renseignements  que  vous  pourriez  désirer  :  quanta 
moi,  c'esl  demain  déjà  que  je  pars  pour  les  eaux  de  la  Bourboule, 
où  m'envoie  mon  médecin.  Je  pense.  Monsieur,  que  vous  voudrez 
bien  voir,  dans  cette  ouverture,  un  témoignage  de  la  haute  estime 
que  vous  avez  inspirée  aux  géomètres  français,  et  c'est  dans  cet 
espoir  que  je  vous  renouvelle,  avec  mes  vœux  pour  le  succès  de  vos 
travaux,  l'assurance  de  mon  entier  dévoûment. 


82.  —  STIELTJES  A   II ERMITE. 

Paris,  28  août  1880. 
Monsieu  n. 

\  ous  aurez  appris  par  M.  Darboux  que  |  ai  accepté  de  toutmon 
cœur  la  proposition  que  vous  il  eux  m'avez  faite.  Je  ne  peux  m'eni- 
pêcher  de  m  mis  dire  coin  ment  cette  marque  de  \  otre  extrême  bien- 
veillance m'a  touché  et  j'espère  présenter  ma  thèse  en  quelques 
mois. 

Permettez-moi,  maintenant,  de  vous  communiquer  quelques 
résultats  que  j'ai  obtenus  en  continuant  mes  réflexions  sur  la  fonc- 
tion Z.  J'ai  cru  «pi  ils  pourraient  vous  intéresser  parce  qu'ils 
semblenl  se  rattachera  la  théorie  des  fonctions  elliptiques. 

I  .es  dé\  eloppements 

W  —  =  1  -I-  iq  -i-  iqk  -    .... 
1      kk  C~  Y  =  1  \/q~  —  6  y/q*  —  [O  \/q™  -    .  .. 


LETTRE   82.  167 

conduisent  à  cette  conséquence,  qu'en  posanl 

f(x)  —  r  -+-  2 e-K*  -+-  2 e  ~41ÏX  -h . . . 

71. r  9TC.r  25  TC  1 

J\iKx)=e     4  —3e      4    -+-:> e       ; 
on  a  ces  deux  relations 
(<)  /  (5)  =**/(*), 

(2)  /l(j)=»Vl(*)- 

Voici,  maintenant,  deux  relations  du  même  genre, Tmais  qui  ne 
me  semblent  pas  se  déduire  aussi  facilement  de  la  théorie  des  fonc- 
tions elliptiques. 

En  posant 

TZ.r-  47V. r  IfiTt.r  2S7C.r 

f2ix)  —  e     3  —2e      3    -r-4e       3    —  5e       3     -+-..., 
c'est-à-dire,  en  introduisant  le  symbole  de  Legendre. 

/.(.)=2(ï)« 

cl 

/.(-)=2(s)r— 

avec  la  convention   ordinaire  que  (  — j=o  lorsque  n    est  divi- 
sible par  3  et  de  même  pour  (  — )     on  a 

(3)  /»Q)  =*•/»(*). 

(4)  /s  f^)  =*»/•(*)• 


n*  7t  X 


J'indique,  en  quelques  mots,  comment  l'étude  de  la  fonction  Ç 
m'a  conduit  à  ces  relations. 

Riemann  a  démontré,  à  l'aide  de  la  relation  (1).  que 


•(;)«!> 


[68  CORRESPONDANCE    d'HBRMITE    ET    DE    STIELTJES. 

ne  change  pas  <'n  remplaçants  par  i  — s.  Or.  on  posanl 


C,(0  =  .-5 


les  relations  (2),   (3),   <  j)  permettent  de  démontrer  de  la  même 
manière  que 


-  -         /  .s' 

5)    ■'(,•; 


ÇiC*)i 


ne  changent  pas  en  remplaçant  s  par  1 — .v.  J'avais  démontré 
il  abord  ces  propriétés  de  Çt,  Ç2,  £3  d'une  autre  manière,  en  me 
servanl  d'intégrales  définies  analogues  à  celle-ci  : 


r(*)Ç(*)=  /* 


.r'-'r/j 


Entachant  d'obtenir  ensuite  (après)  une  autre  démonstration, 
en  suivant  le  chemin  indiqué  par  Riemann,  je  n'ai  pas  tardé  à 
obtenir  les  résultats  indiqués. 

Les  fonctions  Ç( .  Ç2,  Ç3  présentent  beaucoup  d'analogie  avecÇ(s). 
Elles  sont  holomorphes  dans  tout  le  plan.  Dans  l'étude  de  la  fonc- 
tion Ç|  (.v).  les  coefficients  de  la  série 

p         G,     ,  C4 

sec  /•  -    Un a:-  + 


1.2  1.2.3. 


s  introduisent  de  la  même  manière  que  les  nombres  de  Bernoulli 
dans  le  cas  de  la  fonction  Z( s). 

Ces   quelques  résultats  me  portent  à  penser  qu'on  rencontrera 
des  résultats  intéressants  en  étudiant  les  séries  de  Dirichlet 


-H 

n  I  n" 


LETTRE   83.  169 

Peut-être  pourra-t-on  arriver  ainsi  à  la  vraie  généralisation  de 
ces  relations  singulières  (1),  (4)- 

Mais,  ayant  découvert  par  une  sorie  de  hasard  ces  relations  (3) 
et  (4),  j<-  ne  vous  cache  pas  <pic  je  ne  sais  pas  si  elles  ouvrent  un 
nouveau  point  de  vue,  ou  si  elles  rentrent  dans  d'autres  résultats 
déjà  acquis  à  la  théorie  des  fonctions  elliptiques.  Vous  qui  avez 
approfondi,  dans  toutes  les  directions,  cette  théorie,  vous  pourrez 
en  juger  beaucoup  mieux. 

je  suis,  avec  les  sentiments  les  plus  respectueux,  Monsieur, 
votre  très  dévoué  et  reconnaissant. 


83.  —  STIELTJES  A   H  Eli  MITE. 

Paris,  29  août  i885. 
Monsieur, 

Permettez-moi  de  compléter,  en  quelques  points,  ma  dernière 
lettre.  D'abord,  j'ai  omis  une  relation  de  la  même  nature  que 
(1).  .  ."(4)  et  qui  découle  encore  de  la  théorie  des  fonctions  ellip- 
tiques. En  effet,  j'avais  écrit 

TC .»•  97M."  23  7CJt' 

j\{x)  =  e     4    — 3  e      '*    -h  5  e       4     — ...; 


fi  {-)=** fi(*Y< 

mais,  en  vertu  de  la  belle  relation  bien  connue 

(  1  —  q  -  -q*  -+-  75  -4-  q~  —  q  '  -  —  .  .  .  )3  =  1  —  3  q  -+-  5  q*  —  7  q6  -H  99 lu .  •  . . 

on  aura,  en  posant 

Vfi(*)  =  /*(*)» 

/,  (a?)  =  e~ ~»   —  e~  ~^~  —  e~  ~û~  -t-  e       li     -1- 

(a)  /4^=2(jK^ 

et 

(5)  fi(±)=**fi(*)> 

n  parcourant  dans  (a)  les  nombres  impairs  non  divisibles  par  3. 


I-O  CORRESPONDANCE    DHERMITE    ET    DE    STIF.LTJES. 

En  posanl 

Y     s)     -  7   (  -  |   -  (n  impair  comme  tout  à  l'heure  . 

^^      n  )    ir 

cette  relation     5    permet  de  démontrer  facilement  que 

(£)_îr(':)c.<.> 

ne  change  pas  en  remplaçant  s  par  i  —  s. 

Dans  le  choix  des  fonctions  Ç|  i  s  i,  '~2'  s),  ...  à  étudier,  je  me 
suis  laissé  conduire   par  cette  analogie    avec   Ç  s)    que    les    /v'c/- 

proques  de  Ç(   s  .  Ç2  s peuvenl  s'exprimer  par  desproduits 

infinis  où  entrent  seulemenl  des  nombres  premiers  et  qui  con- 
vergenl  certainement  dès  que  s^>i. 

r.n  elfet.  cela  fait  voir  que  ees  fonctions  n'admettent  poinl  de 
zéros  tant  que  la  partie  réelle  de  s  est  supérieure  à  un,  et  la  rela- 
tion entre  Ç(  i  s  i  et  Ç,(i  -  s)  fait  trouver  dès  lors  toutes  les  racines 
dont  la  partie  réelle  est  négative  et  qui  sont  pour  Zt    s 

—  i ,     —  3 ,  5 

et  de  même  pour  les  autres  fonctions  Ç. 

L'introduction  <\n  symbole  de  Legendre  dans  les  séries  Ç,  c  est- 
à-dire  la  considération  de  séries  de  Dirichlet,  était  donc  tout  indi- 
quée. Mais,  comme  je  l'ai  déjà  dit,  j'ai  trouve''  d'abord  ces  rela- 
tions entre  Ç|(s)  et   Ç,  (i — s),    ...    tout   à   fait    indépendamment 

des  relations  (2).  (3) lu  comme,  par  exemple  dans  le  cas  de 

la  fonction 

/2O)  =2(j)  '"'        '     ' 
on  obtient  une  série  analogue  en  difFérentiant 

6  (  — — —  I  =  1  —  iq  cos2a?-i-  xq*  cos  4-r  —  iq6  cos6.r.  . . . 

par  rapport  à  r.  et  posant  ensuite  X  =  -.  *   j'ai  commencé  à  douter 

si  l'introduction  du  symbole  de  Legendre  dans  ces  séries  f*(x\. 
f*{x)  était  bien  naturelle:  il  ne  serait  pas  impossible,  en  effet,  que 
ces  séries  dussenl   être   regardées  plutôt  comme  des  fonctions  qui 


LETTRE   84.  17 1 

naissent  de  la  division  de  l'argumenl  dans  les  fonctions  0.  Mais 
je  viens  de  trouver  un  nouvel  exemple;  en  posanl 

on   a 

(6)  /•(   ;.  )      =*V»(*   • 

et  il  ne  me  semble  maintenant  plus  possible  de  douter  que  l'intro- 
duction du  symbole  de  Le^endre  dans  les  séries  (-)  ne  conduise  à 
des  fonctions  jouissant  de  propriétés  remarquables  el  dignesd  être 
étudiées. 

Mais  j'ajoute  aussitôt  que  je  n'ai  pas  démontré  cet  le  relation  <  6  . 
En  effet,  d'après  la  méthode  bien  imparfaite  que  j'avais  suivie 
dans  les  cas  plus  simples,  cela  m'aurait  entraîné  dans  des  calculs  si 
compliqués  qu'on  n'en  voit  pas  la  lin.  Je  me  suis  donc  contenté 
de  vérifier  numériquement  pour  quelques  valeurs  de  x  cette  re- 
lation el  cette  autre  qui  s'ensuit  : 

/i(0=-f/«(i). 

Mais,  avant  trouvé  un  accord  parfait  en  faisant  le  calcul  avec  sept 
décimales,  il  ne  me  reste  point  de  doute  sur  l'exactitude  de  cette 
relation. 

Mais,  pour  le  moment,  ce  sont  ces  fonctions  Ç  qui  m'occupent 
encore  toujours,  et  ce  n'est  qu'incidemment  que  j'ai  fait  cette 
excursion  dans  une  autre  partie  de  l'Analyse. 

Je  suis,  avec  les  sentiments  les  plus  respectueux,  Monsieur, 
votre  bien  dévoué  et  reconnaissant. 


84.   -  STIELTJES  A  HE R MI  TE. 

Paris,  septembre  i885. 
Monsieur, 

Je  suis  parvenu  à  étendre  aux  séries  de  Dirichlet  la  relation 
donnée  par  Riemann  entre  Ç(s)  et  Ç(i — s).  Je  compte  donner 
dans  ma  thèse  l'exposé  complet  de  ces  recherches  avec  les  déve- 
loppements qu'elles  comportent.  L'intérêt  que  vous  avez  bien  voulu 


CORRESPONDANCE    D'BERMITE    ET    DE    STIF.LTJES. 

montrer  à  ces  recherches  me  fail  espérer  que  vous  ae  serez  pas 
mécontent  d'en  voir  ici  un  échantillon. 

Soit  p  un  nombre  impair  sans  facteur  carré 

/c)  -2  (=)  -. 

(-]   étant   Le  symbole  généralisé  <lc  Legendre;  //   parcourant  les 

nombres  entiers  inférieurs  <i  premiers  à  /'.  .!<•  désigne  encore  par 
i    y)  la  série  infinie 

Je  développe  suivant   la  (miss, mec  de  x  l'expression 

f(e-x) 
1  —  e-i'J  ' 

J'obtiens  ce  développement  en  décomposant  en  fractions  simples 
—  ;  en  écrivant  ensuite  ë~x  au  lieu  de  ./•.  développant  ensuite 


(0 


en  fractions  les  expressions  de  la  forme  el    développanl 

l  e-x a  1    I 

enfin  suivant  les  puissances  de  x.  Je  trouve  ainsi  ces  formules 

f(e~x)  \J p  r     .      /"•  ,     p3x3  p2X~*  p'.r' 

=  -ï-t-       B>  (  1  )  —  tD(4)   £-—    -+-  o(6  .1  L—. r    —  ©I   8)  i-77-7  •  •  • 

(/j  =  1,  mod  1 1, 

.    .      )  -•—        -  7=  Le    0(1)  —  o  (  3  >  Hr—  -f-  ©1  5  1  '  — r  —  ©  (7)   -—7 -  * 

(/>  =  3,  mod 4  1. 

Dans  ces  formules,  \p  doit  être  pris  positivement.  D'autre  part.il 
esl  évident  que  les  coefficients  doivent  être  des  nombres  ration- 
nel-. En  égalant  les  valeurs  indiquées  ci-dessus  avec  ees  valeurs 
rationnelles,  on  obtient  des  formules  qui  me  semblent  devoir  être 
mises  à  côté  de  celles-ci,  connues  depuis  si  longtemps, 


T~ 

1 

1 

- 

r 

-+- 

. —  — 

6 

1- 

'$'- 

— 

I 

1 

4 

0 

> 

-3 

1 

1 

32 

3» 

5:j 

LETTRE   SV.  i  ;  ! 


et  qui  découlent  de  développements  analogues,  mais  élémentaires. 
(  les  coefficients  ont  d'ailleurs  un  caractère  arithmétique  prononcé, 

dans  la  formule  (2)  par  exemple.  —  <p(i)  a  un  rapport  très  simple 

a\  ec  le  nombre  des  classes  de  déterminant  -     />. 

Ces  l'on  mi  les  (1)  et  (2)  conduisent  aussitôt  aux  valeurs  des  inté 
grales  définies  suivantes  : 

fX    ■    Plr     f(e~x)     ,           "     fie-*) 
(  3  )  /sin - dx  =  -7=  ■*- -,  10     2  1 .  mod      . 

r*        ptx     f(e-<*)     ,  TC      f(e~*) 

(4)  /     cos^-  ^- '-dx=-j=±      —L         (p  =  3,  mod 4). 

J  air    \  —  e-t,x  \/ p   i—e-P*  r 

En  effet,  on  n'a  qu'à  développer  suivant  les  puissances  de  /  et 
intégrer  alors  à  laide  de  la  formule; 


(     M 


'      x*-l+ -dx  =  T(s)m(s) 

i  —  e-P*  * 


r  (  5  )       r" 

qu'on  trouve  aussitôt  à  l'aide  de—  —=  I     xs'ie~xdx. 

De  cette  manière,  les  formules  (3)  et  (4)  sont  démontrées  en 
supposant  modt<Z  — »  mais  on  voit  facilement,  ensuite,  qu'elles 
restent  vraies  pour  t  =  a . -f-  bi  à  la  seule  condition  que  la  valeur 

absolue  de  b  reste  inférieure  à  —  • 

P 

En  multipliant,  maintenant,  ces  formules  (3)  et  (4)  par 

ts~ldt        (o<s<i), 

intégrant  de  o  à  00,  renversant  dans  le  premier  membre  l'ordre 
des  intégrations,  et  faisant  usage  de  ces  formules 


£ 


ts~*  sin  m  x  dx  =  — - —  si  a  —  ■ 


ts~~l  cos  mx  dx  =  cos  — 

ms  2 


on  obtient  la  relation  entre  cp(s  )  et  cp(i  —  s),  qu'on  peut  exprimer 


!~4  CORRESPONDANCE    D  HERMITE    ET    DE    STIELTJES. 

en  disant  que 

(  —  )        1'     -      ■;    .>  (  lorsque  p  =  i .  mod  j 

'  \     'Y  (-— )  o    s  p       3.  mod  i 

/'  \      '         ' 

ne  change  pas  en  remplaçanl  s  par  i  —  s. 

Ensuivant  la  voie  que  vous  avez  indiquée  pour  la  fonction  Ç  (s), 
|,i  formule  (5  l  permet  de  reconnaître  que  f(s)  est  une  fonction 
holomorphe  dans  toul  le  plan,  el  1  on  peul  alors  étendre  à  tout  le 
plan  cette  relation  qui  Lie  f(s)  à  çpi  i — s).  Cette  propriété  de  cp(s) 
donne  lieu  à  la  remarque  .suivante  : 

(  '. ni'  on    a 


(  -  =    /       ./'  e        P      tir. 

/ - ■  — r-     '  — ô —  /        rx    '~'      _  "  ~ r 

(  —  ) =    /       ./■    -      ne         P      il  r. 

il  ^  ienl .  eu  posant 

/       \  »'-~.v 

[  §     r  .  —  \  (  —  )     e        P  ( p  =  i,  mod  .i    . 

/  (,J(  .?■  i  —   7   i '  -  |  ne       P  (p  =  3,  mk ni  j   . 

-  »-.    * 

I  -"  |     "I'  |  -  )  ipi  s  /      ./-^  _1  3(x)dx, 

|  -  |         :     r  (/'^-  I  e  I  -v  )  =   /      x~  £l  -r  |  dx. 

Les  intégrales  qui  figurent  aux  seconds  membres  ne  doivent  doue 
pas  changer  en  remplaçant  s  par  i — s. 

L'analogie  avec  quelques  autres  formules  du  même  genre  donne 
le  plus  haut  degré  de  probabilité  à  ce  que  cette  propriété  se  mani- 
festera analytiquement  par  les  relations 

\   '     -   ;       &§{x\ 
- 


Ç  |  -  i  -  x*Q  x  . 
x  j  '' 


LETTRE   85.  176 

En  admettanl  ces  relations,  on  trouve 

Jf      ./  '       rT  i  x  1  dx        !      '  x-     -+■  x  2    j  -  ofo , 

0  -i  * 

/      r"*-  Ç(x  xir  r      I      \x~*-\-x       *~)Ç(x)dx, 

ce  qui  montre  bien  l'invariabilité  pour  le  changement  de  .y  en  1  —.s. 

Mais  la  démonstration  de  ces  relations  singulières  (7)  doit  dé- 
pendre certainement  d'autres  considérations.  D'après  ce  <pii  pré- 
cède, cette  démonstration  fournirai I  une  seconde  méthode  pour 
établir  la  relation  entre  o(s)  et  cp(i  —  s). 

J'ajoute  qu'il  ne  me  reste  pins  le  moindre  doute  sur  l'exact itudr 
de  ces  relations  (7);  numériquement,  je  les  ai  trouvées  exactes 
pour/)  =  3,  5,  7,  il  et  l3;  mais  pour  p  =  3,  5,  j'ai  une  démon- 
stration. 

Mais  je  n'ai  pas  encore  abordé  le  problème  de  démontrer  ces 
relations  pour  une  valeur  quelconque  de  p.  C'est  une  étude  qu'il 
me  reste  à  faire.  J'ai  supposé,  dans  ce  qui  précède,  p  impair,  sans 
facteur  carré,  mais  il  y  a  des  formules  analogues  dans  les  autres 
cas.  Je  dois  réunir  tout  cela  dans  ma  thèse.  Je  désirerais  vivement 
de  pouvoir  y  insérer  la  démonstration  de  (7),  mais  je  ne  sais  si  je 
serai  assez  heureux. 

Ce  sont  là  les  choses  dont  j'ai  cru  pouvoir  vous  parler  sans  vous 
ennuyer.  Ces  formules  (1)  et  (2)  m'ont  donné  quelque  plaisir, 
parce  que  leur  établissement  a  levé  les  dernières  difficultés  qui  me 
haïraient  le  chemin. 

Je  suis,  avec  les  sentiments  les  plus  respectueux,  Monsieur, 
votre  très  dévoué  et  reconnaissant. 


85.  —  H  ERMITE  A   STIELTJES. 

Flanville  par  Noisevilk-  (Lorraine),  11  septembre  i885. 
Monsieur, 
L'extension  que  vous  avez  découverte  du  théorème  de  Kiemann 
à  la  fonction  cp(s)  =^(  -  )  xa  est  extrêmement  belle  et  je  vous 


,-t',  CORRESPONDANCE    d'bERMITE    ET    DE    STIELTJES. 

félicite  bien  sincèrement  de  cette  nouvelle  découverte.  Je  trouve 
aussi  bien  remarquables  el  intéressantes  les  relations  que  vous 
Lirez  du  développement,   suivant  les  puissances  croissantes  de  se, 

de  la  fonction   !  el  je  n'ai  pas  besoin  de  vous  dire  une  vos 

i      ,.  /'  '       •'  i  i 

théorèmes  non  encore  démontrés,  mais  qui  me  paraissent  hors  de 
doute,  sur  les  quantités 

,       .  n'-TZ.r 

V  |  t  ,     e       P    , 

/        \  n*1ZJr 

g    r        V(  'l  )ne~~~P~, 

onl  attiré  toute  mon  attention.  II  ne  m  a  pas  été  possible,  n'ayanl 
n;i>  mes  l i \  i-t ■  s  ici,  de  suivre  I  idée,  qui  a  dû  aussi,  d'ailleurs,  se  pré- 
senter  à  votre  esprit,  de  les  conclure  des  théorèmes  fondamentaux 
de  Riemann  concernant  1rs  fonctions  (-)(x).  en  remplaçant  le  sym- 

boh    :  -  i  par   les   formules  de  Gauss,   en  sinus  et  cosinus:    mais 

peut-être  aurez-vous  déjà  suivi  celte  voie  et  serez-vous  parvenu  an 
résultat.  Permettez-moi  aussi  d'appeler  votre  attention,  au  sujet 
delà  même  question,  sur  un  article  des  Anciens  B. vercices  deCau- 
chy  dans   lequel  le  grand  géomètre  obtient  précisément  le  théo- 

/2Â    K  ,  ,,  ,      • 

rème  concernant  l  -  —  comme  conséquence  d  une  relation  extrê- 
mement générale  entre  les  fonctions  auxquelles  il  donne  la 
dénomination  de  réciproques.  Mais  il  vaudra  mieux  qu'à  mon 
retour  à  Paris  je  puisse  causer  avec  vous  de  toutes  ces  choses 
donl  vous  allez  faire  une  des  meilleures  thèses  qui  aient  jamais  été 
présentées  à  la  Faculté  des  Sciences.  Vous  n'ignorez  pas.  sans 
doute,  qu'en  mitre  de  la  thèse  imprimée,  on  demande  une  thèse 
orale,  c'est-à-dire  une  sorte  de  leçon  de  moins  dune  heure  sur  un 
sujet  élevé  d'Analyse,  de  Mécanique  un  d'Astronomie,  qui  sera 
laissée  entièrement  à  votre  choix  :  peut-être  que  l'exposition  des 
recherches  récentes,  dans  lesquelles  vous  avez  eu  une  si  belle  el  im- 
portante part,  sur  la  variation  de  la  densité  à  l'intérieur  de  la 
Terre,  pourrait  faire  le  sujet  de  cette  thèse  orale.  M.  Darhoux 
et  moi  nous  ferions  naturellement  partie  de  la  Commission  d'exa- 
men, el  M.  Tisserand,  j'en  suis  sur,  se  joindra  bien  volontiers  à 
nous  si  vous  faites  choix,   pour  seconde  thèse,   de  cette  question 


LETTRE   8G.  1-7 

dont  il  s'est  occupé.  Mais,  je  vous  le  répète,  vous  avez  pleine  et 
entière  liberté,  et  nous  accepterons  toute  autre  question  qui  aura 
votre  préférence. 

En  vous  renouvelant,  Monsieur,  mes  félicitations  pour  le  succès 
de  votre  Travail,  el  vous  priant  de  recevoir  l'assurance  de  ma  plus 
liaule  estime  et  celle  de  mes  sentiments  bien  dévoués. 

86.  —  STIELTJES  A  HERMITE. 

Paris,  i5  septembre  1 885 . 
MoNSIEUH, 

Je  dois  vous  remercier  beaucoup  de  votre  dernière  lettre  el  je 
ne  vous  cache  pas  que  je  verrais  avec  plaisir  que  la  Faculté  choisit 
pour  sujet  de  ma  thèse  orale  l'exposition  des  récentes  recherches 
sur  la  théorie  de  la  figure  de  la  Terre,  auxquelles  M.  Tisserand  a 
donné  l'impulsion.  Un  autre  sujet  auquel  j'avais  pensé,  c'élail 
l'exposition  de  la  démonstration,  due  à  M.  Poinçaré,  de  l'exis- 
tence d'une  figure  annulaire  d'équilibre  d'une  masse  fluide  en 
rotation  uniforme,  énoncé  par  MM.  Thomson  et  Tait.  Mais  je  crois 
y  devoir  renoncer.  Je  suis  trop  accablé  en  ce  moment  et  cela  me 
donnerait  encore  trop  de  travail. 

Quant  à  ces  propriétés  de  5r(^r)  et  (/(.r),  j'avais  reconnu  de  mon 
côté  qu'elles  découlent  presque  immédiatement  des  propriétés  fon- 
damentales delà  fonction  0  et  des  formules  de  Gauss,  en  sorte  que 
votre  prévision  est  réalisée  complètement.  En  effet,  sous  la  con- 
dition au  =  tï,  on  a 

(1)  \J a  (1  -+-  xe~a"  cos-iax  h-  2e-4"'  cos4«^  -+-...) 

et  pour  5  =  i,2,...,/>  —  1 

(')  2(c)  cos^P  =  (?)  ^P  (/>  =  *>     mod4>, 

(3)  2  (p)  sin  ^/F  =  (p)  ^       {p  ~ 3'    mod  4  )- 

Soit/?  =  1,  mod4,  posons  dans  la  formule  (1) 

_  sjt_  _  sb 
X  ~  "P  ~  P 


j-S  CORRESPONDANCE    d'HERMITB    ET    DE  .STIELTJES. 

fi  multiplions  par  (  -  )«  En  sommant  sur  les  valeurs  s  =  i .  ■>.. 
p  —  i .  le  premier  membre  devient,  à  cause  de  i  2   . 


Quanl  au  second  membre,  le  tenue  e    ''  donne    naissance  aux 
termes 


[p—  \)'-b'- 

'- e         /'' 


et  le  terme  e"     _  '  '  aux  termes 


à  cause  de  [  —  )  =  (—    —  )>  ce  son!  les  mêmes  termes  qui  figurent 

PI       \     P    1 

dans  (a)  :  l'ordre  seulement  est  renversé.  Il  en  esl  <le  même  des 
termes  <|ui  prc\  iennenl  de 


et     e- 


cii  sorte  (|iie  le  second  membre  de\  ient 


et,  par  conséquenl . 

OU,  eu  posant 

-x 

a2  =  , 

P 

d'où 

h1         -  <tlj>- 


p-        px  b- 


x- 


e        ''     =    7    (  —  )  e     /'"'  .  C.Q.F.D. 

On  peut  dire  aussi  que,  sous  la  condition  ab  =  —,  on  a 
1  1  P 


•=2(f)— ' =^2(|H" 


LETTRE   87. 

La  relation  qui  lie  Ç(x)  à  §(-)  >  c'est-à-dire 
sous  la  condition 


r79 


ne 
PI 


ab  —  —  ,  p  ==  3         i  mod  i  I, 

s'obtienl  de  la  même  manière  en  partant  de  la  formule  obtenue  en 
prenant  la  dérivée  de  (1)  par  rapport  à  x  et  mettant  à  profil  la 
formule  (3).  Tout  cela  suppose  p  >>  o  sans  facteur  carré. 
Les  séries 


D\     -^  V/D, 


el 


2(^K-    o„    2(=2 


n»7t. 

,  y 


nJTT.>-  ,         t^  x  n^TZ.r 

2D 


jouissent   de    propriétés    analogues,    /i    parcourant    les    nombres 
entiers  positifs  qui  sont  premiers  à  >A). 

Ces  fonctions  $(jc),  Ç)(x)  jouissent-elles  de  propriétés  ana- 
logues aux  fonctions  modulaires?  C'est  là  une  question  qui  se 
présente  naturellement,  mais  dont  je  n'ai  pu  encore  m'occuper. 

Veuillez  bien  agréer,  Monsieur,  la  nouvelle  assurance  de  mes 
sentiments  de  profond  respect  et  de  reconnaissance. 


87.  —  HERMITE  A   STIELTJES. 

i3  février  1S86. 
Monsieur, 

Permettez-moi  de  vous  engager  à  vous  présenter  à  M.  Lucien 
Lévy,  Directeur  des  Etudes  à  l'Ecole  préparatoire  de  Sainte- 
Barbe,  de  la  part  de  M.  Désire''  André,  Professeur  de  Mathéma- 
tiques spéciales  à  cette  école,  à  qui  j'ai  donné  commission  de  vous 
trouver  des  leçons,  conformément  au  désir  que  vous  m'avez 
exprimé.  M.  Désiré  André  a  réussi  dans  ses  démarches  el  m'écrit 
que  M.  Lucien  Lévy  vous  recevra  à  son  bureau,  rue  Valette,  n°  L 


l8o  CORRESPONDANCE    D  HERMITE   ET    DE   ST1ELTJES. 

à  5h  de  l'après-midi,  et  que  le  plus  toi  que  vous  pourrez  venir  sera 
le  mi<u\.  Peut-être,  Monsieur,  ferez- vous  bien  également  de  rendre 
visite  à  M.  André.  25,  rue  Gay-Lussac,  qui  est  un  de  mes  élè\es 
et  mathématicien  distingué  ayant  publié  dans  les  Comptes  rendus 
plusieurs  Noies  très  intéressantes  sur  la  règle  des  signes  de  Des- 
cartes;  je  crois  pouvoir  vous  assurer  d'un  bon  et  cordial  accueil 
de  sa  part. 

Je  prends  à  cette  occasion  la  liberté  d'appeler  votre  attention, 
peu^ani  que  vous  travaillez  à  votre  thèse,  sur  un  Mémoire  de 
M.  Léopold  Gcgenbauer,  publié  dans  les  Sltzungsberichte  de 
l'Académie  des  Sciences  de  \  ienne,  LXXXIX  Band,  en  1884, 
p.  '.\- ,  et  qui  roule  principalement  sur  la  fonction  'C(s)  de  Rie- 
niann.  Nous  \  trouverez  une  foule  de  résultais  qui  me  semblent 
très  intéressants,  mais  vous  serez  meilleur  juge  que  moi  de  leur 
valeur.  Je  puis,  si  vous  le  désirez,  mettre  le  volume  à  votre  dispo- 
sition . 

En  \ous  renouvelant,  Monsieur,  l'assurance  de  ma  plus  haute 

estime  et  celle  de  mes  sentiments  bien  dévoués. 


88.     -  STIELTJES  A  HERMITE. 

Paris,  i3  lévrier  188I). 

Monsieur, 

Je  viens  de  recevoir  votre  lettre,  et  je  dois  vous  remercier  de 
tout  mon  cœur,  quel  que  soit,  du  reste,  le  résultat  de  la  visite  à 
M.  Lucien  Lcvy  que  je  ne  larderai  pas  à  faire.  Je  ferai  aussi  avec 
un  grand  plaisir  la  connaissance  de  M.  I).  André,  dont  je  me 
rappelle  bien  les  Noies  dans  les  Comptes  rendus.  L'ingénieuse 
définition  de  certains  nombres  entiers  qui  donnent  aussitôt  les 
coefficients  clans  les  développements  de  lan-./-,  séc#,  comme 
nombres  «le  permutations,  jouissant  de  certaines  propriétés,  s'est 
gravée  dans  mon  esprit. 

Je  travaille  à  ma  Thèse  Etude  de  quelques  séries  semi-conver- 
gentes, <'ii  Acu\  mois  j'espère  l'avoir  finie.  \  ous  voyez,  par  là, 
que  j'ai  abandonné  ma  première  idée.  En  effet,  d'un  côté,  j'étais 
peu  content  de   certaines   parties  et,   de  plus,  j'avais  vu  que  le 


LETTRE   SS.  l8 ! 

sujet  comporte  encore  de  grands  développements  que  j'entrevois 
un  peu,  mais  qui  demandent  encore  beaucoup  de  travail.  En 
m'indiquant,  l'an  dernier,  un  Mémoire  de  Cauchy  sur  les  fonc- 
tions réciproques,  vous  m'avez  nus  sur  la  voie  «les  questions 
nouvelles  qui  se  sont  présentées  à  moi.  Vous  voyez,  par  là,  que  je 
dois  encore  remettre  à  quelques  mois  l'étude  du  Mémoire  de 
M.  Gegenbauer  que  vous  venez  de  m'indiquer,  malgré  l'intérêl 
qu'elle  m'inspire. 

Ma  Thèse  contiendra  beaucoup  de  choses  qui  vous  intéresse- 
ront bien  peu.  Ce  qui  vous  plaira  peut-être  le  mieux,  c'est  que 
j'ai  l'idée  dune  série  semi-convergente  pour  V(ai)  a  réel  très 
grand  ou  plutôt  de  logT(«/). 

La  défini  lion  de  Gauss 

g  li  loï  11 

V(ai)=  : ; —  (n  =  oc) 

■    /          ("  \          I          '"  \ 
ai  (  1  -+-  ai  )  (  1  -\ 1  •  •  •  (  H 1 

montre  de  suile  qu'en  posant 

V{ai)  =  R(cos0  -t-  i  siii©  ), 


R  = 

c'est-à-dire 

et 


«2(i-i-«2>     1 


a«\/         a2\ 


y    a  (  e™  — 


e— lia  | 


.7:                                                 a  <i 

8  =  a  lof;  /i  ~ arc  tanga  —  arc  tang ...  —  arc  tang  (  n  =:  00 ), 

où  l'on  doit  prendre  le  signe  supérieur  ou  inférieur,  selon  que 
a  est  positif  ou  négatif  et  les  arc  tang  compris  dans  les  limites  ±  -• 

Vous  voyez  que 

logr(ai')  =  logll  -+-  iQ 

et  la  série  semi-convergente  est  celle  de  Stirling  appliquée  à  des 
valeurs  imaginaires.  Quoique  celle  idée  de  considérer,  dans  la 
série  de  Stirling,  des  valeurs  imaginaires  est  bien  simple  et  <|ue  je 
l'ai  eue  depuis  longtemps,  sans  la  développer  pourtant  suffisam- 
ment, je  n'ai  pas  vu  qu'on  l'ait  eue  déjà.  Pourtant,  il  m'est 
difficile  de  croire  qu'elle  soit  nouvelle.  Je  me  rappelle  aussi  que 


,n,  CORRESPONDANCE    d'hERMITE    F.T    DE    STIELTJES. 

Gaussa  calculé    je  crois)     '     la  valeur  de  EI(i)  =  T(i -f- /)  en  la 
déduisant  de  II    io    h  i),  cette  dernière  quantité  étant  obtenue  à 
l'aide  de  la  série  <lr  Stirling, 
L'observation  qii<- 

/  27t 

iiiimI  ]///<-{ — 

\      ai  ,-•"  —  e--a  | 
el  la  formule  de  Binet 

log  ri  a  \=(a—  '  |  log  a    -  a  -  log  v/âît  -+-  £  J      e«*  -^-  dx 

i  p.    \n\   de    votre  Cours,    second    tirage)   donnent   lieu   à    cette 
conséquence 

r°         -  '  '  /     i    /      ■      \      i  ^ 

/       cosax- ■  dx  =  \o«{ ^—  ia>oi. 

ce  qu'on  trouve  aussi  facilement  à  I  aide  de 

'■f  t  ■'-  »  _  v^  4 

X-        ~  **  n  X1  -f-  4  n*  TT2 
1 

(  p.  ici  de  votre  Cours    et 

/       cosax    ,  -  ,  , 

/       — 7-  dx  =  — r  e-a"  h       o,  «  -  o  i. 

^/_     .r-—  62  >  h 

Tout  cela  est  si  simple  que  j'ai  peine  à  croire  que  c'est  quelque 

chose  de  nouveau. 

\  euillez  accepter.  Monsieur,  la  nouvelle  assurance  de  mes  senti- 
ments de  reconnaissance  el  de  profond  respect. 


(')  Note  des  éditeurs.     ~   Gauss  (Werke,   t.   III,   p.  23o)   a  donné,   dans  un 
allier  de  Notes,  la  formule 

ni  — -i-  il  |g8  01 5 6  —  ".  1  V|  g  Jg6  /. 


LETTRE   90.  I 83 

89.  —  HE  RM  ITE  A  ST1ELTJES. 

Paris,  l 'i  février  1886. 


Mon! 


Votre  expression  de  logr(ai)  est  extrêmement  élégante  et 
m'intéresse  beaucoup.  Si  vous  vouliez  bien  prendre  la  peine  de 
rédiger  pour  moi  la  démonstration  de  la  formule 

0  =  a  loer/i  ±  —  ■ —  arc  tanga  — .  .  .  —  arc  tari"  -  > 

8  9.  &  IL 

je  l'ajouterais  à  ma  Leçon  sur  les  intégrales  eulériennes,  dans  la 
troisième  édition  de  mon  Cours  à  laquelle  je  travaille  et  j'aurais 
grand  plaisir  à  vous  associer  à  mon  œuvre  et  à  faire  connaître 
votre  nom  à  mes  élèves.  A  cette  occasion,  permettez-moi  de  vous 
informer  que  M.  Lipsichtz  a  donné,  en  1 85>j,  dans  le  Journal  de 
Borckardt,  l'équation 

r'(rt  +  /6  +  i)     .     .        .,       i       i 

— —    — -. —    -  =  log(rt  -t-  ib)  H — 77  -+-... 

I  (  a  -+-  ib  -+-  î  )  -x  a-r-  ib 

\—  l),;'B-2m    I_  B„1+|       S  -I-  s' t 

im         (  a  -+-  ib)im        im  ■+-  ■>,     aim 
où  s  et  z'  sont  «<  i . 

En  vous  écrivant  hier,  j'avais  mis  sur  l'adresse  de  ma  lettre 
le  n"  125,  j'ai  eu  crainte,  en  me  rappelant  après  que  vous  étiez 
au  n°  120,  qu'elle  ne  vous  parvînt  pas,  et  j'ai  écrit  une  seconde 
fois;  peut-être  que  vous  aurez  eu  les  deux  lettres  qui  contenaient 
absolument  la  même  chose.  En  vous  souhaitant  bon  courage  pour 
votre  étude  des  séries  semi-convergentes,  je  vous  renouvelle, 
Monsieur,  l'expression  de  mes  meilleurs  sentiments. 


90.  —  ST1ELTJES  A  H  ERMITE. 

Paris,  i4  février  ii 


Mon; 


En  recevant  ce  matin  une  lettre  conforme  à  celle  que  j'avais 
reçue  hier,  j'ai  tout  de  suite  expliqué  ce  fait  comme  vous  venez 
de  le  faire,  quoique  je  n'avais  pas  remarqué  l'erreur  dans  l'adresse 


]  S  |  CORRESPONDANCE    [)'HERMITE    ET    DE    STIELTJES. 

de  votre  première  lettre.  Mais  vous  m'avez  rendu  un  très  grand 
service  en  tn'indiquant  le  travail  déjà  ancien  de  M.  Lipsichtz  <|iii 
m'étail  inconnu  el  doni  je  dois  prendre  connaissance. 

Je  suis  bien  convaincu  que  M.  Lipsichtz  a.  pour  la  première 
fois,  étendu  à  des  valeurs  complexes,  sinon  la  série  de  Stirling, 
du  moins  sa  dérivée.  Nous  trouverez  |>lus  loin  encore  une 
remarque  sur  la  formule  de  M.  Lipsichtz. 

Vous  me  demandez  une  démonstration  de  la  formule 

|  V(ai)  =  Re®'} 

B  —  a\o<ïn— arc  ta  ne  a-    ... —  arc  tarie—  (i  =  °°)i 

'2  c  n 

mais  il  me  semble  qu'elle  exige  à  peine  une  démonstration  spé- 
ciale, car,  en  considérant  1  expression 

gai  \ogn 

T(ai)  =  -  — : —  — —         (n  =  <x>), 

.  "i  /         ai 

m  \  i  -  —    ■  •  •    i  — 
\  •  /  " 

il  suffit  de  se  rappeler  que  l'argument  d'un  produit  est  égal  à  la 
somme  des  arguments  des  facteurs. 

Je  développe  un  peu  ce  que  j'avais  peut-être  indiqué  trop 
confusément  dans  ma  lettre.  D'abord,  rien  n'empêche  d'attribuer, 
dans  la  formule  de  Bine  t. 

(i)     logT(a)  =  (a I  \osa  —  a  -+-  logi/airH —    /      - — • — e~a-r  dx 

■ij  •>  ^f         a  ■- 

à  la  variable  a  une  valeur  imaginaire,  à  condition  seulement  que 
la  partie  réelle  soit  positive.  [La  fonction  o(.v)  a  le  même  sens 
(pie  dans  votre  Cours;  si  j'ai  remplacé  x  par  —  x  dans  l'intégrale, 
c'est  parce  que  cela  me  semble  faciliter  un  peu  quelques  dévelop- 
pements ci-après.]  Je  remarque  que  les  expressions  logT(«) 
et  log<7  ont  une  détermination  unique  par  la  condition  même  que 
la  variable  ne  doit  jamais  traverser  l'axe  desy.  Mais  il  est  permis 
encore,  dans  cette  formule,  de  remplacer  a  par  ai  parce  que  : 
i"  L'intégrale 

r*  a(x)        .     ,  /•"  oi./-i  .  . 

/      - — —  e~alx  dx  —    I      - (cosax  ~  i  smax  )  dx 

a   un  sens.  On  s'en  assure,  d'après  une  méthode  bien  connue,  en 


LETTRE  00.  |8:"> 

changeant  les  intégrales  en  séries  donl  les  termes  sont  alternative- 
tnenl    h  <vt  — ,  tandis  qu'ils  diminuenl  indéfiniment. 
Et  2°  Parce  que 

/       -' e-a<-'  dx 

.  I()         x* 

csi  réellement  la  limite  vers  laquelle  tend  l'expression 

Cp  (  x  ) 

l±—Le-hxe-aixdx 


Jf 


lorsque  la  quantité  positive  b  tend  vers  zéro.  Mais,  comme  peut- 
être  la  démonstration  de  cela  vous  semblera  à  peine  nécessaire, 
je  la  rejette  à  la  lin  de  cette  lettre. 

En  remplaçant  donc,  maintenant,  a  par  ai,  il  vient,  en  suppo- 
sant a  >■  o. 


lot;  Y  (ai)  =  (ai )  (  loga  ~\ )  —  ai  -+-  log  \f%r: 

i    r°°  cpO)  .  . 

H —    /       - — — -(cosax — ismaxdx), 
*J0        x* 

d'où 

i    d     i      / —      ~n      '  i  \   r°°  ®(x)  . 

(a)         log  R  =  log  y/2  ^ loga  H —    /       - — —  cosaxax, 

2  2  «-' o         a7- 

/  0  û  1  ^  r       C  °°    ?  ( X  )       ■  ,7 

(i  0  — a  loga — a /      -i sm  a;ra;r. 

L'intégrale  -    /      *    9    sinax  dx,  qui  figure  dans  la  valeur  de  0, 
2  .y0  .     a? 

converge  vers  zéro  pour  «  =  oc,  et  c'est  celle  qui  donne  la  série 

semi-convergente     en  peut  obtenir  cette  série  semi-convergente 

de  beaucoup  de  manières.  Une  des  plus  simples  me  semble  celle 
qui  consisté  à  appliquer  une  intégration  par  parties  à  l'intégrale 

i     r™  cp(.r)    .  .    "1 

-    /      J smax  dx    ,  en  sorte  que 

2j0       x*  J'  l 

B,      •         B3 


(4)  6  =  a  loga —  a  — 


> .  i .  aJ 


mais  la  discussion  du  reste  est  beaucoup  plus  difficile  que  dans 
le  cas  de  la  formule  de  Stirling.  De  fait,  on  peut  continuer  la 
série    jusqu'au  plus   petit   terme  et  l'erreur  est   alors    du  même 


1 86  CORRESPONDANCE    d'hERMITE    ET    DE    STIELTJES. 

ordre  < | u< -  ce  terme;  en  sorte  que  La  série  est  toul  aussi  pratique 
que  celle  de  Stirling. 

\  cel  égard,  je  remarquerai  que,  dans  la  formule  de  M.  Lipsichtz 
que  \ ous  m'avez  communiquée 

I'    a       ib       i         .                 ..                       I!,„.i     i  —  i'i 
logi  a  H    i/>    +  ...  h 


I     ,i    ■    ih  +|) 


,  2  m 


le    terme    complémentaire    devient    infini    pour  a  =  o,    en  sorte 

...  .  ,  .  •  •  |      ,        T'ub  —  n 

<|u  il    reste   douteux,   «lu   moins,   qu  on  puisse  calculer  YT7Ï~ — 7 

ou  —  pour  de  grandes  valeurs  de  b,  par  une  série  semi-conver- 

r(ib)  '  ' 

gente. 

<  )i .  comme  je  \  iens  de  le  dire  plus  haut  à  l'égard  de  T(ib),  cela 

esl  effectivement  le  «'as.  Je  crois  donc  que  mon  travail   ne  sera 

pas  inutile. 

\  ous  voyez  par  la  valeur  de  0  et  par  R  =  i/ — .  „„'"'  — -—  que, 

lorsque  le  point  :■  parcourt  la  partie  positive  de  l'axe  des  y,  en 
s'éloignant  de  l'origine,  le  point  dont  l'afflxe  est  ri;)  finit  par 
décrire,  dans  le  sens  positif,  une  spirale,  en  se  rapprochant 
rapidement  de  l'origine,  la  vitesse  angulaire  croissant  aussi  indé- 
finiment et,  de  là,  on  voit  comment  se  comporte  la  fonction  holo- 

morphe^- 

Considérons   encore  les  intégrales   <jui    figurent    dans    les    for- 
mules  i  2  i  el  i  3  .  ou  plutôt  celle-ci  : 


O  I  ./•  I 

j e+aix  ,lx 

■2 


'    f 

■  « 
(pu  les  réunit. 

Au  lieu  d'intégrer  le  long  de  l'axe  des  x,  de  o  vers  A,  il  est 
permis  d'intégrer  le  long  de  l'axe  des  y,  de  o  vers  B,  en  évitant 
li>  pôles  de  »(■»)  par  de  p. 'lits  demi-cercles  de  rayon  infiniment 
petit  z<  puis  d'aller  «le  I!  vers  A.  par  un  quart  de  cercle. 

L'intégrale,  le  long  de  BGA,  s'évanouit  à  la  limite  pour  n=  oc, 
M  ne  reste  donc  que  l'intégrale  de  <>  vers  B.  En  posant  x  =  it.  on 
obtient,  (tour  la  partie  rectiligne, 


J      r1 


LETTRE   90.  187 

et  l'intégration    doil    s'étendre    de    o    à    :>tz  —  e,    de    ■>.t.   |- s    à 


(2n+2)TLi' 

B 

2nru 

\C 

<HTl' 

) 

2  ni. 

) 

oc 

0 

A 

;  comme  ty(it)   est  réelle,   celte    partie  est  purement 


imaginaire. 


Quant  aux  petits  demi-cercles,  ce  sonl  évidemment  des  moitiés 
de  résidus,  et  à  cause  de 


1    œ  (  a?  )       ^1       1 


•1       X-  J^2/ITZI       X —   Xll-Kl  X  -+-  2/lTtl / 

on  voit  que  le  pôle  amzi  donne  le  terme 


Ces  demi-cercles  donnent,  par  conséquent,  la  partie  réelle  de 


l'intégrale  et 


[    r  °°  »  (  x  )  .       v   ' 

/       -i cosax  dx  =   y  — e-îann 

2  JQ         x*  —*  -x  II 


=  -  IOg 

1      b\\  —  e-l«K 


mettant  celle  valeur  dans  (2),  je  retrouve  la  valeur 


lo°R  =  -loe 


•x         ai  ea7ï —  e   "^  > 

bue  j'avais  conclue  d'abord,  en  envisageant  directement  la  valeur 
de  T(ai)  d'après  la  définition  de  Gauss. 

Mais  la  nouvelle  forme  de  la  partie  imaginaire 

1    rx  v(x)  .         .  1    r  o(ît)      ,  , 

-    /       i- — -smaxdx  =  —    -    /   -^-— -  e~at  Jt 

1 J  x1  ■> 1  , 1        fl 

1  /  de  o  à  ait  —  s,  2r  +  e  à  iJïï  -si 
se  prête  difficilement  à  des  développements  ultérieurs  en  vue  de 


[88  CORRESPONDANCE   I)  HERMITE    ET    DE    STIELTJES. 

h   série  semi-convergente.    On  obtienl    une  forme   plus  utile  en 

écrivanl 

/  , ■"'■'■  dx  -    >      /  —, 

2   /         x*  AàJ0      *«-f-4n«ic« 


0 

a?2       |  // '-- 
jinaire  peut  s  exprimer  alors  par  le  logarithme  intégral. 


r"     iealx  dx     ,     .  -.i  •     • 

cl  en  iiaiiani    /  — ; —    ,  <le  la  même  manière.  La  partie  îma- 

'      .r-        a1-1  ' 


J'ajoute    maintenant    une    démonstration    de   ce    fait    que    les 
intégrales 

DU  =    /       - — —  (  i  —  e~bx)  cosax  dx, 
■  \         x- 

rx  o(x) 

Ks   =   I      J (i  —  e~bx)  siaaxdx 

.  '         ■''- 

convergent  réellement  vers  zéro  en  même  temps  que  b.  J'écris 


.m  =   /  =  DU.  i  +  DTL  j  +  DU 

On  a 


/'■, 


•  o     .     •  1  -, 

i  ;),l'  i  <  f  ^r  ( ■ — e~i,x  ' dr  <(•—«-*)  r  ^p 

T  7 

1  ÙK  s  i  <    T      ~—  i  i  -  e-»*  )  dx  <  (  i  -  e-**  )  T      ?1^  ./.r 

On    voit    par   là    que    DTL4    et    DR/2   convergent    vers   zéro,    car 

©1  x  1  ,.    . 

J — -1-  reste  unie. 
./- 

Pour  faire  voir  rigoureusement  que  lim0)l3=o.    j'applique  le 

second  théorème  de  la  moyenne 

/     u(x)  v{x)  dx  —  u{a)   /     v(x)dx-hu(b)   I     v{x)dx. 

Gela  suppose  que  u(x)  varie  toujours  dans  le  même  sens. 
\l.  Dini  (Fundamenli,  etc..  |>.  36o  a  étendu  cette  formule  au  cas 
où  l'une  ou  l'autre  des  limites  (ou  même  toutes  les  deux)  sont 


LETTRE   90.  189 

infinies.  Dans  notre  cas,   u(x)       (1  — e~bj  ') ,  il  vienl 

/""  o(x) 
011 3=   /       - (1  —  e~bx  )  cosax  dx 

=  (1  —  e-s/>)  !      -— - -  cosax  dx  -+-    I cosax  dx. 

Or,  comme  l'intégrale    /      -j — —  cosax  dx  a  un  sens,  on  a 

y       r0?!^)  7  i-       f  ?(*)  j 

litn   ; cosax  «.r  =  o,         Inn  /       - — —  cosax  dx  =  o, 

.      -    xl  l„        x1 

donc 

lim  0)1 3  =  o 
et,  finalement, 

lim  31L  =  o. 

La  même  démonstration  s'applique  à  l'intégrale  n. 
(Note.  —  Il  paraît  bien  à  peu  près  évident  cpie 

/'  °°  ce  (  X  ) 
—  (  1  —  e—°x)  cosax  dx  =  0, 
/T     *' 
Vï 

mais,  si  l'on  exige  une  démonstration  rigoureuse,  je  n'en  vois  pas 
de  plus  simple)  (  '  ). 

J'espère,  Monsieur,  que  vous  voudrez  bien  excuser  la  longueur 
de  cette  lettre  et  me  conserver  la  bienveillante  afï'ection  dont  vous 
m'avez  donné  tant  de  preuves. 

Votre  très  reconnaissant  et  dévoué. 


(  '  j  Note  des  éditeurs.  —  Le  Mémoire  où  Slieltjes  a  exposé  les  résultats  contenus 
dans  cette  lettre  est  inséré  au  Tome  V  de    la  4*  série  du  Journal  de  Liouville, 

1889,  p.  425-444. 


'9° 


CORRESPONDANCE    D  MERMITE    ET    DE    STIELTJFS. 


91. 


s  l  U.I.  TJES  A   //ATM// TE . 


Paris,  in  mars  i Vv1'. 


Mon  si  i  i  i;. 


Je  viens  de  déposer  ma  Thèse  au  Secrétariat  de  la  Faculté  des 
Sciences.  Comme  seconde  Thèse,  je  voudrais  bien  exposer  la 
démonstration  due  à  M.  Poincaré  de  La  possibilité  d'une  figuré 
annulaire  d'une  masse  fluide  en  rotation,  ("est  un  sujet  qui  m'in- 
téresse beaucoup  et  j'ai  encore  quelques  mois  de  temps,  certaine- 
ment, avant  que  ma  Thèse  ne  soil  imprimée. 

En  travaillant  à  ma  Thèse,  j'ai  reconnu  que  la  formule 


T(a) 


:■-'  d:-. 


donnée  par  M.  Heine  clans  le  Journal  de  Borchardt,  est  due  a 
M.  Hankel.  élève  de  Riemann.  et  qu'une  mort  prématurée  a 
enlevé  à  la  Science.  Dans  un  Mémoire  paru  dans  le  Journal  de 
1/ .  Schôlmilch  (t.  I\.  p.   i.  iN(>|  ).  il  donne  cette  formule 


I  Fe-'  <li. 


Ce    Mémoire,   écrit   visiblement   sous  l'influence    îles   idées  de 

Riemann,    contient   beaucoup   de    choses   intéressantes.    Le    sujet 

n'ayant    pas    un    rapport    direct    avec  les  développements   de  ma 

rhèse,   je  n  ai  pu  mentionner  celte  remarque  dans  ma  Thèse. 

Je  n'ai  pu  retrouver  dans  aucun  Mémoire  publié  La  spirale  que 

décrit  le  point -»  mais  d'après  un  passade  du  Mémoire  Ueber 

1  1  i  ai  '  f         b 

die    tnzahl  Prinzahlen,   etc.,  je   suis   convaincu  que  Riemann 
avail    déjà    reconnu    la     manière    dont    se    comporte  lorsque 

;  décrit  l'axe  des  y. 

\  euillez  bien  agréer,  Monsieur.  1  expression  de  mes  sentiments 
de  respect  el  de  reconnaissance.  Votre  dévoué. 


LETTRE   93.  191 

92.  STIELTJES  A   HERMITE . 

1  Extraits.  > 

Paris,   2  avril    1886. 

...  iNole  concernant  la  Thèse  Recherches  sur  quelques  séries 
semi-con  vergen  les. 

L'exactitude  des  nombres  donnés  dans  ce  Travail  esl  assurée 
par  un  calcul  fait  en  double.  Seul,  le  calcul  de  //(i 0000000000 
n'était  pas  contrôlé.  En  revoyant  ce  calcul,  on  a  découverl  une 
faute  d'écriture,  par  suite  de  laquelle  les  nombres  donnés  dans  le 
manuscrit  sont  inexacts.  On  prendra  soin  de  faire  les  changements 
nécessaires  en  corrigeant  les  épreuves. 

Nombres  exacts  à  substituer  à  ceux  donnés  dans  le  manuscrit 

de  ma  Thèse  : 

ea  —  1 0  000  000  000, 

a  =  >  !  ,02  "1  Kloy.  .  . , 

N  =  22  ,691  66, 

n  =  ■>.■>., 

1  =0,691  66, 

li(ea)  =  i55o556i4, 22267       o,3>i5;a. 

(A)  li(ea)  =  £55o556i4,5854, 

En  prenant  n  =  23,  7)  =  +  0,026 8009. . .  et  en  calculant  lî2:! 
par    la    formule    (7),    on    trouve,    avec    une    erreur    inférieure 

à   (  > ,  000  O  I  , 

(Bi  li(ea)  =  455o556i4, 5o662. 

93.  STIELTJES  A  HERMITE. 

Paris,  3  avril  i88(i. 

Monsieur, 

J'ai  de  nouveau  recours  à  votre  bienveillance  pour  vous 
demander  de  vouloir  bien  présenter  à  l'Académie  des  Sciences  la 
Note  ci-jointe  ('),  où  j'appelle  l'attention  sur  un  article  intéres- 


(')  Note  des  éditeurs.  —  La  Note  citée  a  paru  dans  les  Comptes  rendus,  1.  Cil, 
p.  2o5,  5  avril  1886,  sous  le  titre  :  Sur  le  nombre  des  pôles  à  la  surface  d'un 
corps  magnétique. 


i,,j  CORRESPONDANCE    D'ilERMITE    ET    DE    STIELTJES. 

sanl  de  M.  Reech.  La  solution  de  la  question  traitée  par  M.  Belli 
„'\  trouvait  d'avance  et  !<■  résultat  de  M.  Reech  est  même  plus 
complel . 

Dans  le  second  tirage  de  votre  Cours,  vous  citez  (p.  100)  le 
i -'  Cahier  du  Journal  de  V École  Polytechnique,  en  parlant  de 
l'expression  log  I '(a)  découverte  par  Binet.  C'est  le  2-e  Cahier  qui 
contient  le  grand  Mémoire  de  Binet. 

Je  suis,  avec  le  plus  profond  respect,  Monsieur,  votre  très 
reconnaissant  et  bien  dévoué. 


94.  —  HERMITE  A  STIELTJES  (t  ». 

(Dimanche)  Paris.  4  avril  1886. 

Monsieur, 

Notre  Note  fera  grand  plaisir  aux  amis  de  M.  Reech  qui  aurait 
mérité  d'appartenir  à  l'Académie  des  Sciences,  et,  comme  vous. 
j'avais  été  très  frappé  de  l'article  dont  vous  avez  tiré  une  consé- 
quence physique  importante.  Mais  de  physique  je  ne  m'occupe 
guère,  je  fais  une  troisième  édition  de  mes  Leçons,  dans  laquelle 
je  corrige  bien  d'autres  inadvertances  que  celle  que  vous  me 
signalez  [tour  la  citation  du  Mémoire  de  Binet  sur  les  intégrales 
eulériennes.  Sur  la  question  de  la  fonction  de  Riemann 

je  \iens  de  remarquer  que  (j(s)  pour  s  positif  est  toujours  entre 
les  limites  ~  et  1  ;  on  a  d'ailleurs  (j(s)  =  1  pour  s  infiniment  grand 
positif.  Vous  vous  souvenez  que  je  vous  ai  cherché  querelle,  l'an 
dernier,  sur  cette  fonction  Çj(s)  qui  me  semble  bien  mystérieuse, 
la  remarque  concernant  sa  limitation  me  jette  dans  un  abîme  de 
perplexité. 

A  vous,  Monsieur,  bien  affectueusement. 


(')  Note  des  éditeurs.  —  Cetlc  lettre  ne  porte  pas  de  date.  .Nous  l'avons  placée 
immédiatement  après  celle  du  3  avril  1886  qui  est  un  samedi. 


Mon 


LETTRE    0().  Iû3 

95.  —  STIELTJES  A   HERMITE. 

Paris,   i  i  juin   1886. 
SIEUll, 


Ma  thèse  étant  imprimée,  je  viens  vous  demander  de  vouloir 
bien  fixer,  en  accord  avec  MM.  Darbonv  et  Tisserand,  la  date  el 
L'heure  de  l'examen  public. 

En  même  temps,  j'espère  que  vous  ne  me  refuserez  |>;is  l'auto- 
risation de  mettre  votre  nom  à  la  première  page  de  mon  travail  en 
sons  le  dédianl . 

Veuillez  bien  agréer,  Monsieur,  l'assurance  de  ma  profonde 
reconnaissance  et  de  mon  entier  dévoûment. 


96.  —  HERMITE  A  STIELTJES. 

Paris,   1 1  juin  ]88G. 


Mo 


NSIEUR, 


Je  vous  remercie  de  tout  cœur,  et  je  saisis  l'occasion  de  vous 
renouveler  l'assurance  des  sentiments,  que  vous  me  connaisse/ 
depuis  longtemps,  de  la  plus  baute  estime  et  de  vive  sympathie. 

Permettez-moi  de  vous  apprendre  que,  au  moment  où  vous 
devenez  Français,  je  deviens  quelque  peu  Hollandais,  ayant  été  élu 
membre  étranger  de  la  Société  des  Sciences  de  Harlem.  Pourriez- 
vous,  si  vous  le  jugez  convenable  et  que  vous  en  avez  l'occasion, 
dire  (pie  je  vous  ai  personnellement  exprimé,  que  j'ai  été  extrê- 
mement touché  et  <pie  je  suis  profondément  reconnaissant  de 
l'honneur  de  cette  élection.  Je  crois  être  le  seul  mathématicien, 
parmi  les  membres  de  l'Institut,  qui  soit  membre  étranger  de  cette 
Société. 

En  vous  priant,  Monsieur,  d'accepter  quelques  opuscules  qui 
vous  parviendront  prochainement,  entre  autres  la  première  Partie 
de  la  nouvelle  édition  de  mes  Leçons  de  la  Sorbonne,  et  vous 
renouvelant  l'assurance  de  ma  bien  sincère  et  toute  cordiale 
affection. 

i3 


ig',  CORRESPONDANCE    D  HERMITE    ET    DE   STIELTJES. 

97.  —  HERMITE  A   STIELTJES. 

3o  juin  1886. 
Mon -ut  y. 

Après  avoir  demandé  au  Ministre  de  L'Instruction  publique,  au 
nom  de  la  Faculté,  de  vous  appeler  à  remplir  une  position  dans 
l'enseignemenl  supérieur,  je  viens  vous  prier  de  vouloir  bien  me 
faire  connaître  si  la  Faculté  des  Sciences  de  Toulouse  sérail  à 
votre  convenance,  ou  bien  >i  vous  donneriez  la  préférence  à  Lille, 
où  une  place  de  maître  de  conférences  pourrait  également  vous 
être  offerte.  Le  doyen  de  la  Faculté  de  Toulouse,  qui  esl  un  de 
mes  élèves,  esl  aussi  directeur  de  I  (  observatoire;  je  suis  bien  sûr 
que  vous  auriez  avec  lui  les  meilleurs  rapports;  en  même  temps, 
je  dois  vous  dire  qu  à  Lille,  où  la  vie  est  plus  chère,  il  y  a  aussi  la 
possibilité  d'être  appelé  à  enseigner  dan-  l'Institut  industriel,  el 
M.  Boussinesq  y  a  été  longtemps  professeur.  En  attendant  votre 
réponse,  je  vous  prie,  Monsieur,  de  me  permettre  de  me  débar- 
rasser d'une  inquiétude;  vous  avez  encore  à  attendre  votre  nomi- 
nation, et  je  ne  puis  m'empêcher  île  craindre  pour  vous  des 
difficultés  que  je  désirerais  extrêmement  vous  éviter.  Excusez 
donc  mon  indiscrétion  et  ne  1  attribuez  qu  à  mes  sentiments  de 
sympathie  et  de  bien  haute  estime  que  je  vous  renouvelle  en  vous 
félicitant,  en  mon  particulier,  pour  votre  Thèse  encore  plus  vive- 
ment et  mieux  que  je  ne  l'ai  fait  en  public. 

Votre  bien  sincèrement  dévoue. 


98.   —  STIELTJES  A  HERMITE. 

Paris,  27  octobre  1S86. 
MONSIEI  l:. 

Je  viens  d'apprendre  hier  que  je  suis  chargé  d'un  cours  de 
mathématiques  a  la  Faculté  de  Toulouse.  En  apprenant  cette 
nouvelle,  je  dois  vous  renouveler  l'assurance  de  ma  profonde  gra- 
titude   pour    tant   de    bienveillance  et   d'amitié  que   vous  m'avez 


LETTRE   99.  i|)'i 

voulu  montrer.  Mais,  Monsieur,  je  suis  incapable  <l  exprimer  en 
paroles  le  sentiment  que  m'a  inspiré  votre  conduite  envers  moi! 
Je  ne  peux  qu'exprimer  tous  mes  vœux  pour  votre  bonheur  el 
celui  de  ions  les  vôtres. 

Voir»'  sincèrement  dévoué. 


99.  —  ST1ELTJES  A  11  ERMITE. 

(48,  rue  Alsace-Lorraine)  Toulouse,   i5  décembre  1886. 

Monsieur, 

Depuis  longtemps,  j'ai  voulu  vous  écrire  pour  vous  dire  que  je 
me  trouve  très  bien  ici  et  que  je  suis  tout  à  fait  content.  Je  donne 
un  Cours  (deux  leçons  par  semaine)  à  quelques  boursiers  d'agré- 
gation ( théorie  des  fonctions  d'une  variable  imaginaire)  qui  sont 
de  bons  travailleurs,  et  ensuite  une  Conférence  pour  ceux  qui  se 
préparent  à  la  licence  et  qui  sont  assez  nombreux. 

J'ai  fait  aussi  avec  beaucoup  de  plaisir  la  connaissance  de 
M.  Baillaud,  qui  vous  accorde  volontiers  tout  le  crédit  de  temps 
que  vous  voudrez  pour  l'article  que  vous  lui  avez  promis.  Seule- 
ment il  y  tient  beaucoup  et  il  espère  ainsi  que  vous  ne  l'oublierez 
pas.  Mes  autres  collègues,  ici,  m'ont  fait  aussi  un  très  bon  accueil. 

J'avais  déjà  l'intention  de  reprendre  mes  recherches  sur  La 
fonction  Zn~sel  sur  les  lois  asymptotiques  pour  les  rédiger  conve- 
nablement, lorsque  j'ai  vu  la  Note  de  M.  Kronecker  où  il  en 
fait  mention.  Mais  il  me  reste  beaucoup  à  faire  et  je  veux  par- 
courir maintenant  attentivement  tout  ce  champ  de  recherches  où 
il  reste  encore  tant  à  faire. 

En  attendant,  je  vous  offre  une  Note  pour  les  Comptes  fendus  (  '  ) 

que  j'ai  pensé  à  rédiger  en  lisant  l'article  de  M.  Kronecker.  Je  ne 

crois    pas    inutile    d'appeler  l'attention    des    géomètres    sur   cette 

question  très  délicate 

lim/'(a?)  =/'(i)? 


(')  Noie  des  éditeurs.  —  La  Note  cilée  a  été  présentée  à  l'Académie  le  20  dé- 
cembre 1886,  et  est  insérée  aux  Complet  rendus,  t.  CIII,  p.  1  a'j 3-i-2.'|(J,  sous  le 
titre  :  Sur  les  séries  qui  procèdent  suivant  les  puissances  d'une  variable. 


i    |6  CORBESPONDANCE    d'hERMITE    ET    DE    STIELTJIS. 

.Je  n fii  sais  rien;  pour  Le  moment,  je  penche  à  croire  que  cela 
n'est  pas  vrai  généralement. 

Veuillez  bien  agréer,  cher  Monsieur,  La  uouvelle  assurance  de 
mes  sentiments  «le  profonde  reconnaissance  el  de  respect. 


100.         HERMITE  A  STIELTJES. 

Paris,  1 7  décembre  1886. 


VIoj 


Votre  Communication,  qui  sera  présentée  lundi  à  L'Académie, 
est  extrêmement  intéressante  et  je  vous  en  fais  mon  sincère  com- 
pliment. En  voyant  avec  quel  succès  nous  traite/,  ces  questions  si 
délicates  de  Limites  de  valeurs  des  fonctions,  dans  le  voisinage  de 
leurs  discontinuités,  la  pensée  m  < :s1  venue  d'appeler  votre  atten- 
tion sur  un  pomi  de  La  théorie  des  fonctions  qui  me  semble  digne 
d'intérêt.  Rien  n'est,  en  général,  plus  facile  quand  on  donne,  sous 
forme  rationnelle  et  entière,  une  relation  entre  des  fonctions 
n'ayant  que  des  discontinuités  polaire-,  que  de  \<>ir  commenl 
disparaissent  les  pôles  dans  celle  relation. 

\lai>.  Lorsque  au  heu  de  points  isolés  on  a  des  Lignes  entières  de 
discontinuités,  il  u  en  esl  plus  de  même.  Considérez,  par  exemple, 
la  fonction  yk  =  »(w),  qu'on  obtient  en  posant  </  r'77'"  dans 
L'expression 

y/h         \!:>\>f\\-     '/       '         '/'''  '     '  —  7  '    .  •  .  |i  1  -     y-  1  '  I  -  -  <y  '  >  i  1    -yS...]- 

et  qui  a   Taxe  des  abscisses  pour  coupure.  La  transformation  du 
troisième  ordre  vous  donne  la  relation 

_/'(  f.j  1  =  cp'»  (  3  tl)  I  —    >.  <p  I    )  W  )  v  I  «J  1  1 1         0-1    !  w     ^- 1  w  1]  =  o. 

Il  faut  doue  que  la  coupure  ait  disparu  dans  ,/(«),  mai>  i\<- 
quelle  manière?  Vous  savez,  n'est-ce  pas,  que  Kiemann,  d'abord, 
puis  M.  Dedekind,  par  une  analyse  beaucoup  plus  facile  el  plus 
claire,  ont  obtenu  ce  résultat  important  que  pour  to  =  a-f-«e, 
1  étant  infiniment  petit  et  positif,  cp(cd)  est  indéterminé  lorsque  la 
pailic  réelle  d  esl  une  quantité  incommensurable  et  qu'en  suppo- 
sant a  =  — ,   où   m  et  11  sonl   entiers.   co4(w)  esl  zéro  ou  l'unité, 


LETTRE    101.  l()7 

suivant  que  m  ou  n  sonl  pairs  on  impairs.  .)<•  désirerais,  mon  cher 
Monsieur,  que,  dans  la  même  voie,  vous  fissiez,  un  nouveau  pas  : 
il  me  semble  qu'on  doil  pouvoir  établir  que  f\  a>)  csL  continu  dans 
le  voisinage  de  la  coupure,  en  allant  |>lus  avant  dans  l'étude 
de  cp(a  +  «e);  je  voudrais  vous  inspirer  l'ambition  de  pénétrer 
dans  le  mystère  de  l'indétermination  des  quantités  ®(a  \  et  co(3a) 
lorsque  a  est  incommensurable,  qui  étanl  indéterminées  Tune  et 
l'autre,  doivent  avoir  une  dépendance  l <■  1 1 «*  que  j\  ci)  ne  possède 
plus  aucune  indétermination.  De  nouvelles  lumières  sur  ce  poinl 
de  vue  se  trouveraient  amenées  sur  la  théorie  «les  fonctions  analy- 
tiques et  aussi  sur  les  équations  modulaires  de  la  théorie  des 
fonctions  elliptiques.  Vous  verrez  facilemenl  et  peut-être  avez- 
vous  déjà  remarqué  que  l'existence  de  la  coupure  dans  cp(to)  rend 
possibles  certaines  relations  qui  jamais  n'existeraient  à  l'égard  de 
fonctions  uniformes  n'ayant  que  des  discontinuités  isolées.  On  ne 
peut  donc  se  refusera  chercher  dans  l'étude  de  ces  relations  des 
données  sur  un  nouveau  mode  d'existence  des  fonctions,  el  cette 
élude  demande  tout  d'abord  qu'on  éclaircisse  ce  point,  pour  moi 
si  obscur,  de  la  disparition  d'une  coupure,  dans  une  combinaison 
dont  la  fonction /"(w)  donne  l'exemple. 

Ce  m'a  été  une  grande  satisfaction  d'apprendre  que  vous  vous 
trouviez  bien  à  Toulouse,  et  que  vos  collègues  vous  avaient  fait 
l'accueil  auquel  vous  aviez  droit;  permettez-moi  de  vous  prier  de 
me  rappeler  au  bon  souvenir  de  votre  doyen,  M.  Baillaud,  en 
l'assurant  que  je  n'oublie  point  l'engagement  qu'il  m'a  fait 
prendre  et  veuillez,  mon  cher  Monsieur,  recevoir,  avec  l'assu- 
rance de  ma  plus  haute  estime,  celle  de  mes  sentiments  affectueux 
et  tout  dévoués. 


101.         STIELTJES  A  HERMITE. 

Toulouse,  3o  décembre  1880' 


M 


.MONSIEUR, 


Je  dois  vous  remercier  vivement  pour  le  précieux  cadeau  que 
vous  venez  de  me  donner  en  m'en  voyant  la  troisième  édition  de 
votre  Cours  de  la  Sorbonne,  précieuse,  surtout,  parce  que  c'est 
une  marque  de  votre  amitié.  Je  l'ai,  comme,  vous  pouvez  le  croire, 


IÇ)8  CORRESPONDANCE    D'ilERMITE   ET    DE    STIELTJES. 

déjà  parcouru  el  j'ai  vu  qu'il  y  a  de  nouveau  beaucoup  de  choses 
donl  je  dois  profiter. 

Je  connaissais  bien  le  Mémoire  de  M.  Dedekind  Schreiben  an 
flerrn  Bovchardt  ùber  die  Elliptischen  Modal functionen, 
mais  je  n'avais  jamais  pensé  à  vérifier,  comme  vous  me  le  pro- 
posez,  l'équation  modulaire  dans  le  voisinage  de  la  ligne  des 
discontinuités.  .le  vais  faire  de  sérieux  efforts,  mais  je  ne  sais  si 
je  pourrai  trouver  quelques  résultats  qui  valenl  la  peine;  en  loul 
cas,  je  ferai  de  mon  mieux. 

,]*ai  cherché,  pour  mon  Cours,  si  Ton  ne  pourrait  pas  donner 
un  exemple  un  peu  simple  d'une  fonction  qui  n'existe  que  dans 
une  certaine  partie  du  plan,  el  j'ai  rédigé  une  Note  de  ce  que  j'ai 
trouvé.  M.  Darboux  la  fera  insérer  dans  son  bulletin  (').  Je  crois 
pouvoir  indiquer,  en  quelques  mots,  ce  que  c'est.  Je  pose 

1 

at,  a 2-  ■  ■  ■  "//■  •  •  •  sont  des  < pian lilés  dont  le  module  e-l  i  .  On 
peul    développer 

OC 


et  Ton  voit  que 


iodc„<\--; 


supposons  maintenant  que  s  s'approche  de  ah  par  le  rayon  vec- 
teur, c'est-à-dire  poson> 

z  =  a/c  zt, 

u  étant  réel  et  tendant  vers  i.  Alors  le  kieme  terme  de  la  série 


L-  ai,—  z        A3   i 


e-t  réel  positif  et  croît  au  delà  de  toute  limite. 

Maintenant,  on  peut  choisir  les  a,.  a2 a „ de  lelh 


(')  .Yole  des  éditeurs.  —  Voir  Bulletin  bibliographique  des  Sciences  mathé- 
matiques, t.  XI,  2e  série,  p.  46-5i;  iys7- 


LETTRE    101.  igg 

manière  crue,  après  L'exclusion  de  ce  terme  y-        — t  la  série  reste 

n  l  A  •'  a  —  z 

convergente  pour  z  =  a/su,  même  pour  11  ~     i,  en  sorte  qu'on   .1 


I1111 


A  étanl  une  constante.  Vous  voyez  «loue  que,  dans  ce  cas,  la 
partie  réelle  de  /(z)  croit  au  delà  de  toute  limite,  tandis  que  la 
partie  imaginaire  tend  vers  une  limite  lixe.  Mais  il   y  a   un  nombre 


infini  de  points  a^  sur  un  arc  quelconque  du  cercle  de  conver- 
gence C  donl  le  rayon  =  1 . 

Voici  commenl  on  peut  prendre  uK<  </2.  . . .,  an,  ...  : 

«i,  a-2  divisent  G  en  deux  parties  égales; 

«i,  rt2,  a3,  a,t  divisent  C  en  quatre  parties  égales; 

a{,  a-2,  «:1,  . . .,  (($  divisent  C  en  8  parties  égales; 

a, (7,G  sont  les  sommets  d'un  polygone  régulier  de  seize 

côtés,  etc. 

La  conséquence  de  cette  distribution  des  quantités  a^  est  que 


mod  (  a,. —  as 


OU 


011  ('tant  une  constante,  /■  le  plus  grand  des  deux  indices  /'  et  s. 

Ainsi,  il  y  a  bien  des  points  qui  s'approchent  beaucoup  de  a/s, 
mais  pour  que  mod(<7* —  a,,)  tombe  au-dessous  de  s,  le  nombre  n 

,     •  *  .  OOIlSl  .  ,        ,.  I  ,  1  '     • 

doit  croître  au  moins  comme         —  >  et  le  facteur  — ->  dans  la  série 


/t3  V  a  —  z 


-  h   assure  alors  la   convergence.   Du  reste,   la  même 


série    7  — . 


an  —  zj 
n'existe  qu'à  l'extérieur  du  cercle  C. 


)    donne    aussi   l'exemple    d'une    fonction    qui 


•00  CORRESPONDANCE    D  HERMITE    ET    DE    STIELTJES. 

On  peut  distribuer  les  points  <■/,.  a, <■/„.  .  .  .  sur  une  ellipse, 

un  triangle,  etc.,  el   L'on  a  alors  une  fonction  qui  n'existe  qu  à 
l'intérieur  (ou  l'extérieur    (lune  ellipse,  d'un  triangle. 

Mes  meilleurs  souhaits  pour  le  nouvel  an,  votre  très  respectueux 
el  dévoué. 

102.         STIELTJES    1    HERMITE. 

Toulouse.  2  janvier  iss;. 
MONSI  11   B, 

La  rédaction  d'un  article  me  donne  toujours  beaucoup  de  mal 
et  je  ne  réussis  guère  à  la  faire  du  premier  coup.  Je  retrouve 
encore  par  hasard  un  des  premiers  projets  de  mon  article  pour  le 
Bulletin  el  j'espère  que  vous  ne  me  trouverez  pas  inopportun  de 
vous  l'offrir,  car  je  n'ai  pas  été  suffisamment  explicite  dans  ma 
dernière  lettre. 

J  ai  considéré  exclusivement  la  !<>u<iion 


à  I  intérieur  du  cercle  C.  Cette  fonction  ne  peut  se  continuer  en 
dehors  du  cercle. 

Mai--  la  même  série  représente  aussi  pour  inods  >>  i  une  fonc- 
tion qui  n'existe  qu'à  1  extérieur  du  cercle  C  et  qui  ne  peut  se 
cont inuer  à  I  intérieur  du  cercle. 

\  ous  observerez  que  je  n  ai  (indu''  la  manière  dont  se  comporte 
/'  s  lorsque  s  s'approche  de  la  circonférence  G,  que  dans  le  cas 
très  particulier  où  le  rayon  vecteur  aboutit  à  un  des  points  a^- 
Je  ne  sais  rien,  par  exemple,  de  ce  qui  arrive  lorsque  s  se  meut 
sur  un  rayon  vecteur  qui  aboutit  à  un  point  de  C  qui  ne  coïncide 
pas  a\ ec  un  des  points  a#. 

Mais  comme  il  \  a  une  infinité  de  points  a/,  sur  un  arc  quel- 
conque de  C,  d  étail  suffisant  pour  mon  but  de  considérer  seule- 
ment ce  cas  particulier. 

Je  vous  remercie  d'avance,  Monsieur,  pour  Y  errata  de  votre 
Cours  que  vous  me  promettez,  mais  je  dois  avouer  que  je  n'ai 
guère  encore  rencontré  des  inadvertances  qui  changent  essentiel- 


LETTRE    10:5.  SOI 

lemeni  Le  sens  d'un  passage  ou  qui  causenl  une  difficulté  réelle 
et,  dès  lors,  cela  n'a  |>;is  une  bien  grande  importance. 

Veuillez  bien  me  permettre,  Monsieur,  de  vous  nommer  mon 
cher  Maître,  ride  vous  présenter  l'expression  de  mes  sentiments 
dévoués. 

103.  -    HERMITE    I   STIELTJES. 

Paris,  7  janvier  1887. 

Monsieur, 

Votre  Noie  est  excellente,  el  après  avoir  lu  La  rédaction  déve- 
loppée que  \ous  m'avez  adressée,  je  n'ai  que  des  compliments  à 
vous  faire.  Elle  est  rédigée  avec  une  parfaite  clarté,  el  sous  ce 
point  de  vue,  qui  a  son  importance,  puisqu'on  peut  dire  <|ue  vous 
êtes  étranger,  j'en  suis  absolument  satisfait.  \  L'avenir,  si  vous  le 
permettez,  je  passerai  la  pierre  ponce  sur  les  articles  que  vous 
donnerez  aux  Comptes  rendus,  mais  les  fautes  que  j'ai  pu 
remarquer  jusqu'ici  sont  vraiment  insignifiantes.  \  ous  m'excu- 
serez d'avoir  attendu  toute  une  semaine  pour  VOUS  rendre  la 
justice  à  laquelle  vous  axiez  tous  les  droits,  mais  ici,  à  Paris,  cette 
semaine  est  la  proie  des  visiles  el  des  obligations  du  jour  de  l'an 
qui  ne  laissent  guère  de  liberté.  Permettez-moi,  puisque  la  pro- 
vince vous  donne  plus  de  loisir  pour  le  travail,  de  vous  prier  de 
penser  aux  coupures,  ou  plutôt  à  la  seule  el  unique  coupure  que 
peut  offrir  le  premier  membre  des  équations  modulaires,  envisagé 

comme  fonction   de   la    variable  (0=:-—,    afin    de  reconnaître   de 

K 

quelle  manière  il  arrive  quelle  disparaît  dans  la  fonction  consi- 
dérée. Si  vous  réussissez  à  voir  clair  dans  la  question,  magmis 
inihi  eris  A  polio. 

En  vous  renouvelant,  mon  cher  monsieur  Slieltjes,  l'assurance 
de  mon  affection  bien  sincère  et  bien  dévouée. 


CORRESPONDANCE    I >  1 1 1 : ïi >I I  l' K    ET    DE    STIEI.TJKS. 


104.  —  STIELTJES    I   HERMITE. 

Toulouse,  25  janvier  1887. 
.Mon  si  1.1  b  . 

Je  viens  de  voir  que  vous  attribuez  à  M.  Markoff  le  théorème 

suivant  : 
Soient 

les  racines  de  \ ,,       "•  alors  on  a 

>  /      i  1  - 


* 


cos 


Mais  ce  ré>uliai  ;i  déjà  élé  obtenu  par  M.  Bruns  dans  le  .Journal 
de  Borchardt,  t.  90,  p.  $27. 

De  mon  côté,  j  avais,  <l  un  théorème  inséré  an  commencement 
de  [885  dans  les  Comptes  rendus,  non  seulement  ees  inéga- 
lités    \   .  mais  encore  la   limitation  suivante  qui  esi  plus  étroite  : 


B 


(ai  —  1 1- 


Xi     cos 


Pour  n  =  10,  par  exemple,  on  a 


xx. 


•7-3. 


■'V 


D'après     \ 
limites. 

I  0,98883   | 

...  0,00  )20 

'  0,9  >  >  >~  ' 

I  0,90097  /        ,  ., 

1 0,82624 1  °'°7473 


j   0,62349 

[    0 , JOOOO 

j  o,36534 

l    0,22252 

'  ° -"7  1/3 


n.  1  og56 
n. 1 3 }66 
"■ '  1779 


D'après  (B) 

liniiies. 

|    0,98769  ) 

'    0,95949  ) 

l    0,89101  ) 

J    0  ,  84 1 23  j 

I  0,707»  >  ' 

j  o, 65486  j 

j  o, {5399  ) 

\  o, 1 56  1  1 
'  o,  1  j'>.3  1 


0,02020 
(i.d  [976 
1 1 . 1 1  ")  >  •  1  "1 
o,o3857 
0,01  \\  > 


Mais  j  avais  négligé  de  rédiger  complètement   ma  démonstra- 
tion, ce  que  je   viens  de  faire  maintenant.  J'envoie  cet  article  à 


LETTRE    lO'l.  2o3 

M.  Mitlag-Leftler,  car  c'est  une  suite  naturelle  à  un  article  qui  ;■ 
paru  autrefois  dans  les  Acta  ('  ). 

Je  regrette  l » i < •  h  de  ne  connaître  point  La  démonstration  de 
\l.  MarkofT,  mais  aucun  fascicule  du  tome  XXVII  des  Mathema- 
tische  Annalen  n'esi  encore  parvenu  à  la  bibliothèque  de  la 
Faculté.  Dans  nia  démonstration,  je  me  fonde  sur  une  proposition 
d'algèbre  1res  simple  d'où  découle  celle  conséquence  : 

Soit 

ni        ;;/ 

i      i 

une  forme  définie  positive,  dont  les  coefficients  <7/a(^ ; /.  ")  sont 
négatifs,  alors,  dans  la  forme  adjointe 

m       m 

i     i 
tous  les  A/a  sont  positifs. 

Comme  l'adjointe  de  l'adjointe  reproduit  la  forme  primitive  à 
un  facteur  constant  positif  près,  on  pourrait  croire  que  récipro- 
quement pour 

«/7c  >  O, 

on  aurait 

A//.<o        (i£k), 

niais  cela  n'est  pas  exact. 

En  reprenant  cette  question  que  j'avais  un  peu  perdu  de  vue,  je 
me  suis  aperçu  que  cette  proposition  d'Algèbre  est  liée  intime- 
ment à  une  question  de  physique  (distribution  d'électricité  sur 
un  système  de  conducteurs).  Ce  rapprochement  m'a  conduit 
encore  naturellement  à  compléter  celle  proposition  d'Algèbre 
sous  un  autre  rapport.  J'ai  exposé  lout  cela  dans  mon  article  pour 
les  Acta. 

Je  pense  beaucoup  à  l'équation  modulaire,  et  la  ligne  de 
discontinuité,  mais  je  commence  seulement  à  me  rendre  un  peu 
compte  des  difficultés  qu'il  faudra  vaincre. 

En  vous  renvoyant  mes  meilleurs  souhaits,  je  vous  prie,  Mon- 


('  )  Note  des  éditeurs. —  Sur  les  racines  des  équations  X„=  o  (Acta  Mathe- 
matica,  t.  IX,  p.  385-4oo;  [887). 


"I  CORRESPONDANCE    1)  HERMITE    ET    DE    STIELTJF.S. 

sieur,   de  vouloir  bien   accepter  l'assurance  de  mon   dévoûmenl 
respectueux. 

105-    HERMITE    I   ST1ELTJES. 

Paris,  27  janvier  •ss_ 
Cllir.     MONSIEUR     StIELTJES, 

Mille  remerciements  pour  les  remarques  que  vous  me  commu- 
niquez el  pour  les  belles  recherches  que  vous  m'annoncez  devoir 
paraître  dans  les  Acta.  Il  e^i  bien  difficile  d'avoir  loui  ce  qui  se 
publie  à  notre  époque  si  féconde,  préscnl  à  l  esprii,  el  celle  diffi- 
culté s'augmente  (tour  moi  de  mon  ignorance  de  l'allemand,  ce 
i|ni  vous  explique  pourquoi  j'ai  attribuée  M.  Markoff,  qui  a  écril 
son  article  en  français,  ce  qu'avail  déjà  fait  M.  M.  Bruns  clans  le 
Journal  de  Borchardt.  Mais  ce  me  sera  un  plaisir  quand  je  ferai 
pour  l'impression  une  rédaction  plus  correcte  «le  mon  Cours  litho- 
graphie d'3  donner  place  à  votre  Travail  qui  excite  extrêmement 
ma  curiosité  <l  après  le  peu  que  vous  m  en  dites.  Ou  il  y  ait  une 
étroite  connexion  entre  la  théorie  des  équations  algébriques  et 
celle  des  formes  quadratiques  définies,  c'est  ce  que  j'ai  remarqué 
depuis  longtemps,  mais  ce  qui  me  surprend,  c'esl  qu'au  moyen 
de   celle  dépendance,   vous  avez  réussi   à  obtenir  les  limitations 

m  étroites 

(li-i)'K.        s            /-     I 
COS .r, .    cos  — 


Permettez-moi  de  vous  envoyer  le  numéro  des  Mathematische 
innalen  qui  contienl  l'article  de  M.  Markoff  et  que  vous  pourrez 
garder   autant    qu'il    vous    conviendra,    n'en    ayanl    aucunement 
besoin. 

En  vous  renouvelant,  mon  cher  monsieur  Stieltjes.  mes  félicita- 
lions  les  plus  vues  pour  vi~  nouveau  fruit  de  voire  beau  talent, 
ainsi  que  l'assurance  de  mes  sentiments  d'affection  bien  sincère  et 
bien  dévouée. 


Mo 


LETTRE    106.  20Ô 

106.  -  STIELTJES    I   HERMITE. 

Toulouse,  3  té\  rier  1887. 

NSI  EUR. 


Vous  avez  poussé  vraiment  trop  loin  votre  bonté  en  m'envoyanl 
le  fascicule  des  Mathematische  Annalen  <pii  contienl  l'article  de 
M.  Markoff,  et,  en  vous  le  renvoyant,  je  ne  saurais  trop  \ous 
remercier. 

J'ai  vu  que  M.  Markoff  établit  aussi  cl  pour  la  première  fois, 
dans  son  article,  la  limitation  plus  étroite  des  racines  \„  0  que 
je  vous  avais  communiquée. 

xMais  la  démonstration  que  j'ai  développée  pour  les  Acta  Mathe- 
matica  est  différente  de  celle  de  M.  Markoff. 

Il  me  semble  que  la  fonction 


où  a  est   une    constante    réelle,    fournit   un    bon    exemple    pour 
l'application  du  théorème  de  M.  Miiiag-Leffler.  Je  trouve 

eax  1         Y^   >•?•  cos(  o.arn:  )  --  4  niz  sin  (oamz  1        ,,, 

(A  ) = h     > r -— ; -    -+-  Cl  (x). 

1 

La  fonction  entière  §(x)  change  brusquement  de  valeur  avec  a  : 
ainsi 

a  =  o.         (i  (x)  = j 

cl  v  2 

0  <  a  <  1,         ÇJ (x  )  =       o, 

a  =  1,         Cj  (a?)  =-i —  j 

1  <  a  <  2,         ÇjO  )  =       e(«-D*, 


si  l'on  développe  le  second  membre  de  (A.)  suivant  les  puissances 
croissantes  de  x  (en  supposant  o  <C  d  <C  1)  et  qu'on  compare  !<• 
résultat  obtenu  avec  la  formule 


-  .—  a  -4-  <çi(a)x  -•-  cp2(a)a72-'   ... 


20Ô  CORRESPONDANCE    U  BEKMITE    ET    DE    STIELTJES. 

qui  son  de  définition  aux  polynômes  de  Bernoulli  cpi  (a),  cp2  a  .  ... 
!  Jordan ,   t.  11.  |>.    i  02    .  on  obtient 


çp2/t(a  1  =  (— 

'^i,. 

<a.2/,_,(a  i  =  (— 

.)* 

B 

i .  i . . 

7(71")  ~~ ^  7"-»("-)2/'' 


(o     <t  :\  <: 

ce  sonl  les  développements  des  polynômes  ta  en  séries  de  Fourier 
qu'on  trouve  dans  Le  Tome  II  du  Traité  de  Schlômilch. 

On  peut  considérer  i  \  aussi  sous  I»'  point  de  Mie  d'une  série 
de  Fourier,  mais  cela  suppose  x  réel  el  ne  donne  pas  le  vrai 
caractère  de  cette  formule.  Mais  de  cette  manière  ces  disconti- 
nuités pour  a  —  o,  a  =  i  rentrent  bien  dans  le  type  de  celles 
qu'on  rencontre  à  chaque  instant  dans  la  théorie  des  séries  trigo- 
nométriques. 

A  côté  de  la  formule  (A)  on  peut  mettre  les  suivantes  qui 
donnent  lieu  à  des  remarques  analogues  : 


cosbx        i 


>in  bx 


V^  ■       i  >"~l  %x  cos  Im  -  . 

\, Tzr« i l—  '      ''       -Oi 

i 

X^  i  —  i  l"~~ '  a  /'  ~  sin  hn  -  , 

7  r-r -^ (— 1<6  i  . 

^d  n--2  —  x- 


cosbx  v^  '  —  iV'-1'-)//  —  iWcos(n — ^)b~ 

=  > = (  —  1  h 

COS  X  jm*>  (n_  1)2^2       .  a  -2 


I     . 


-in  A./  X7  ( —  i")"— i2arsin    //  — t)^~ 

=  > ■ = -  i  _  b  .    -  -  i   : 

<■"-   '  ^  (/l_i)27ï2_a;2 

si  la  constante  réelle  A  ne  se  trouve  pas  dans  l'intervalle  indiqué, 
il  faul  ajouter  à  droite  une  fonction  entière  dont  on  trouve  la 
forme  immédiatement. 

Mais,  à  vrai  dire  ces  quatre  formules  peuvent  se  déduire  toutes 
de  la  formule  i  A  I  qu'on  peul  regarder  comme  la  principale. 

Mais  en  voilà  bien  assez  sur  un  sujet  élémentaire. 

En  \oi\~.  renouvelant.  Monsieur,  mes  remerciements  pour 
toutes  vos  limités,  vous  voudrez  bien  nie  croire  votre  tout  dévoué. 


LETTRE    107.  207 

107    ■-  HERMITE    I   STIELTJES. 

Paris,  18  février  1887. 
Cher   monsieur  Stieltjes, 

J'ai  été  bien  empêché  de  travailler  pendant  ces  dernières 
semaines  et  je  viens  bien  tardivement  vous  dire  que  vos  applica- 
tions  du  théorème  de  M.  Mittag-Leffler  m'ont  beaucoup  intéressé, 

surtout   la    première   concernant   la   fonction •    Les   autres 

gX  , 

,  .    ,      cosA.r       s'mbx 

concernant   les   quantités   — : >   -       _,    ...    son|    certainement 

1  si  n  a?  sina? 

importantes,  mais  Legendre  les  a  déjà  données,  avec  la  détermi- 
nation  de  la  partie  entière,  dans  les  Exercices  de  calcul  inté- 
gral, page  169  et  170  (5e  partie,  §  II;.  Si  ce  n'est  pas  abuser  de 
votre  complaisance,  je  vous  serais  bien  reconnaissant  de  me 
donner  la   matière  d'une  leçon    à   la   Sorbonne,   en   m'indiquant 

l'analyse  que  vous  appliquez  au    premier  cas  de  — -•   Depuis 

longtemps,  j'avais  remarqué  que,  en  considérant-— ,  il  semble 

absolument  impossible  de  parvenir  à  la  détermination  de  la  partie 
entière,  ce  qui  doit  faire  mettre  d'autant  plus  de  prix  au  cas  où. 
comme  dans  le  vôtre,  elle  s'obtient  facilement. 

Cette  année,  je  me  propose  d'insister  sur  la  détermination  des 
intégrales  au  moyen  des  coupures,  en  utilisant  les  exemples 
faciles  qui  se  trouvent  par  d'autres  méthodes,  par  exemple 


/       emlx  cot    dx,       /       - 

J0  \     1      }  J0       sia{x-z 


-  dx, 

) 


Une  petite  remarque    à    ce    sujet    :    Supposez   l'entier    m  >>  o 
et  ;  un  point  situé  au-dessus  de  l'axe  des  abscisses,  on  aura 


/ 


emix  cot : dx  =  i  i- <■""'- 


et,  pour  m  =  o, 
tandis  que 


s: 


cot dx  =  1 1  1Z, 


/ 


e-mix cot 


208  CORRESPONDANCE    D'EBRUITE    ET    DE    STIELTJES. 

Cela  étant,  j'envisage  la  formule  de  Fourier  écrite  ainsi  : 

f[  X  i         •-  '  X  •         'l/i  X    . 


2  A°  ^  ^i  A' 


(m       i,  2,  3 

\  ous  \ oyez  que  1  on  a 

J,21t 

(  .T  C  I 

/'<  ./'  !  ('(il   -  -  ,/.r  -     --7—  O(z) 

o         '  '  2  '  '  ~    ' 

pour  iimi  le  demi-plan  au-dessus  de  l'axe  des  abscisses.  Au-des- 
sous, on  1  rou\ erail  pareillemenl 

J/'i  ./•  i  col  -  dx  — — —  if(z). 

0 

En  vous  renouvelant,  mon  cher  monsieur  Stieltj es,  l'assurance 
de  mes  sentiments  affectueux  et  bien  dévoués. 


108.  —  STIELTJES     I   HERMITE. 

Toulouse,  19  février  1887. 
MoNSIEÏ  11  . 

\  uih  trouverez  ci-joint  l'analyse  que  |  ai  suivie  pour  obtenir  La 
décomposition  de  — <i  je  m  estime  heureux  si  je  peux  vous 

être  agréable  de  cette  manière. 

Comme  nous  verrez  que  je  n'ai  rien  fait  que  suivre  votre 
Douzième  Leçon  (  p.  0,2  el  sui\ .  . 

Il  m'avait  frappé  que,  pour  obtenir  la  décomposition  de 
cota?,  nous  ne  considérez  pas  directement 

dz 


I  cot  ; 

rcotz      dz 

J       z       z  — . 


LETTRK    108.  209 

C'est  évidemment  afin  de  démontrer  plus  facilement 

■oi  s      dz 


f  rn\  :        (!:■ 

nu  / =  o, 

J       z      z  —  x 


ce  qui  réussit  maintenant  à  l'aide  de  la  formule  de  M.  Darboux. 
Ce  qui  est  un  peu  artificiel  dans  mon  analyse,  c'esl  cette  suppo- 
sition 

1      R 

nm  —  =  o, 

mais,  sans  cela,  on  ne  trouverait  pas  si  facilement  que 

lim3uc=  Hm3])A=  o 
et  aussi  dans  le  cas  a  =  1  ou  a  =  o 

...            1             1 
lim3  =  H —  ou 

■>,  2 

Du  res*te,  j'ai  peine  à  croire  que  la  formule  obtenue  soit  nou- 
velle, mais  peut-être  n'a-t-on  pas  insisté  sur  son  vrai  caractère. 
Les  formules 


il  e 


■^*-(-  e~^x  1  X  cos; 


1   eln—e-\T\  2X  l2-t-X2  22+X'2 

7T  e^x — e~^x  1  sina?         asiiv>..7-        3  sinSa? 

T2  ~~  a2 -h  X-  +  3*-f-X* 


7t  <  a?  <  7TJ 


(p.  142,  i43  du  tome  II  de  M.  Schlômilch)  qui  se  trouvent,  je 
crois,  dans  Euler,  reviennent  au  fond  à  la  même  chose,  mais 
M.  Schômilch  les  obtient  comme  application  de  la  série  de 
Fourier;  x  est  la  variable  principale  et  X  une  constante  réelle. 

Mais  je  trouve  très  remarquable  que  Legendre,  en  donnant  les 
formules  pour 


cos  . 

.     b.r 
pin 

cos 
.    x 
sin 


(— 1<6  <-t-i), 


ait  déjà  songé  à  voir  comment  il  fallait  modifier  ces  formules  dans 
le  cas  que  b  n'est  plus  compris  entre  ±1,  et  je  dois  vous  bien 
remercier  de  m'avoir  indiqué  ce  passage  des  Exercices. 

Votre  détermination  des  deux  parties  v(x)  et  b(x)  d'une  fonc- 

i4 


210  CORRESPONDANCE    D  HERMITE    ET    DE    STIELTJES. 

tiony(.r)  à  l'aide  de  l'intégrale 

*  -  iî  . 

/       f\  a?)  cot  (  '- j  dz 

me  semble  très  singulière.  En  effet,  une  fonction  réelle  f{ x )  étanl 
donnée  arbitrairement  entre  o  el  2 •-.  il  n'est  pas  possible,  en 
général,  de  l'étendre  pour  des  valeurs  imaginaires  de  la  variable. 
Mais  votre  formule  montre  que  les  parties  a  et  -l  existent  chacune 
dans  la  moitié  du  plan!  C'esl  un  résultai  dont  je  dois  chercher  à 
nie  rendre  compte. 

Je  crois  me  rappeler  vaguement  que  M.  Poincaré  a  annoncé 
quelque  part  un  résultai  qui  doit  avoir  un  rapport  intime  avec 
cela. 

A  l'occasion  de  cette  détermination  d'intégrales  au  moyen  des 
coupure.-,  permettez-moi.  Monsieur,  de  vous  signaler  une  petite 
difficulté  que  j'ai  rencontrée  dans  votre  Cours.  Vous  considérez, 
page  i  |3.  l'intégrale 

et  vous  trouvez 

'!•   N)—  *(N'i  =-  ii-\. 

Mais  la  démonstration  suppose  essentiellement  que  v.  et  (3  sonl 
finis,  car,  sans  cela,  les  intégrales 

dt  /*p        dt 


•(")=/"  rz^n'     *<N'>=/ 


t  —  e 


page  142  n'ont  pas  de  sens. 

L'application  (p.  i44)àun  cas  où  a  =  —  x.  [3  = —  x  est  donc 
sujette  à  une  petite  difficulté.  En  étudiant  votre  Cours,  je  n'avais 
pas  fail  celte  remarque,  mais,  au  moment  où  j'exposais  cela  dans 
mon  Cours,  je  m'en  suis  aperçu  el  cela  m'a  brouillé  un  peu. 

J'espère  sincèremenl  que  la  démarche  faite  auprès  des  autorités 
suédoises  aura  le  résultat  désiré. 

Veuillez  bien  agréer,  Monsieur,  l'assurance  de  mes  sentiments 
respectueux  et  dévoués. 


LETTRE    110.  i  M 

109.        STIELTJES    I   HERMITE. 

Toulouse,  21  février  1887. 
Monsieur, 

Permettez-moi  d'ajouter  quelques  m<>i>  ;'i  ma  lettre  d'avant-hier. 
En  parlant  d'un  résultat  annoncé  par  M.  Poincaré  que  j<'  crois 
avoir  un  certain  rapport  avec  votre  intégrale 


/      /(ar)cot    — —  ) 


<l>  (  3  )  = 

*(«-t-27r)  =  *(s), 

([ni  admet  pour  coupure  Taxe  réel  et 

lim[*(N)  —  *(N')]  =  ^—./(xk 

4  71  i 

je  ne  pouvais  pas  vous  donner  une  indication  plus  précise,  parce 
qu'il  me  faudrait  consulter  pour  cela  noire  bibliothèque  qui  est 
fermée  pendant  ces  jours  de  fête. 

Mais,  naturellement,  je  me  fais  un  devoir  de  chercher  le  plus 
tôt  possible  l'article  de  M.  Poincaré  dès  que  cela  me  sera  possible. 
Si  mes  souvenirs  sont  si  vagues  sur  ce  point,  c'est  que  je  ne 
connais  cet  article  seulement  par  un  extrait  dans  la  dernière  Partie 
du  Bulletin  des  Sciences  mathématiques  de  M.  Darboux  (dans 
une  des  années  avant  1880?)  et  intitulé  Sur  les  coupures  des 
intégrales,  je  crois.  Mais  je  vous  donnerai  bientôt  l'indication 
précise. 

Respectueusement  votre  tout  dévoué. 

110.  —  HERMITE  A  STIELTJES. 

23  février  1887. 
Cher  monsieur  Stieltjes, 

Mille  remerciements  pour  l'excellente  démonstration  de  La 
formule  concernant   la   fonction  -      —  ;    je  ne  fais  point   comme 


21   '  CORRESPONDANCE    D  HERMITE    BT    DK    STIELTJES. 

vous   grise    mine   à    la    condition    lini-s       o,   je   l'accueille  bien 

volontiers  comme  condition  caractéristique  du  genre  de  concours 
auquel  il  es!  nécessaire  de  recourir,  sans  lui  faire  le  reproche 
d'être  artificielle.  Permettez-moi  une  remarque  qui  m'est  venue  à 
l'espril  à  propos  de  cette  application  du  théorème  de  M.  Millag- 
Leffler.  En  supposant  la  suite 

A,  A,  A„ 


x  —  a,\        ./■  —  a%  x  — 

convergente,  avec  les  conditions 

mod  a \       mod  a2  •  1  moda3 

j'envisage  la  fonction  suivante 

k„  G(x) 


w-2^ 


où  G(x)  est  une  transcendante  holomorphe,  et  je  me  propose  de 
la  mettre  sous  la  forme  analytique  de  ce  théorème.  Soit,  à  cet 
effet,  e,,  e2 -«  des  constantes  telles  que  l'expression 


1 


'-  ii  A  n 


représente  une  fonction  uniforme.  En  faisant 

n/    N       n,             (x  —  an)G'(aa)                 (x  —  a„yGM(a„) 
0(x)  =  G(an)  h..  .H 4-  Rv, 

I  I  .'.>...  7 

il  est   possible  de  déterminer  l'entier  v,   de  manière  à  remplir  la 

c lition  Rv<    £v  pour  les  valeurs  de  la  variable  dont  le  module 

esl  moindre  que  an.  On  ohlienl  ainsi 

■'  ■      2*1  ,-,,7-  «■'«<.>+•■- 

jmd  X  —  a  a 

et,  puisque  la  seconde  somme  définit  une  fonction,  il  en  est  de 
même  de  la  première  et  I  on  en  conclut  immédiatement  le  résultai 
cherché 


LETTRE    110.  •  i   ; 

Peut-être  ne  serait-i]  pus  trop  difficile  de  faire  une  application 

de  ce  procédé  à  la  quantité  — ;   il  suffirait  d'avoir  une  liimi<* 

1  '  SIM-./ 

supérieure  de  I  )','.(  ',(   I. 

Mon  inadvertance  de  supposer    les  limites    infinies  <l;ms  l'in- 
tégrale 

*(*)  =  f    f(t  \-z)dt 

'   a 

est  Lien  regrettable,  et  je  vous  sais  bien  gré  de  me  l'avoir  signalée. 
En  attendant  que  j'aie  pu  suffisamment  réfléchir,  voici  peut-être  un 
moyen  d'éviter  la  difficulté.  Soit  d'abord 

*(*) =   /     — 

va. 


a  —  ib    -  l 

-■  u. 

je  remarque  que  la  relation 

<I><  N  )  -  *(  \'i  -   -  </- 
subsiste  si  l'on  prend 

.p 


»(,)=jf    [Ff«-*-«)  +  ,_al,.^,] 


dt 


sous  la  condition  que  V\t  -+-  s)  soil  finie  le  long  de  la  coupure.  En 
admettant  que  cette  fonction  soit  telle  que  la  nouvelle  intégrale 
ait  un  sens  pour  3  =  +  a,  a  =  — oo,  il  me  semble  que  rien  ne 
s'oppose  à  ce  qu'on  admette,  dans  ce  cas,  la  relation 

*(N)  — *(N')  =  —  ?.?' 77. 

M.  Picard  vient  de  me  dire  qu'au  moyen  d'un  changement  de 
variable,  l'aire  d'un  cercle  peut  devenir  le  demi-plan,  d'où  résulte 
que  de  la  formule  de  Cauchy 

■xi  -  ,'      :■  —  .r 

où  l'on  suppose  z  =  elt,  on  peut,  dans  tout  le  demi-plan,  conclure 
les  valeurs  de  f(-z),  de  celles  qui  correspondent  aux  valeurs 
réelles  de  /  =  o  à  t  =  2tc.  Cette  considération  d'un  changement 
de  variable  ne  me  satisfait  pas  absolument  et  je  profiterai  de  la 
première  occasion  que  je  pourrai  avoir  de  parler  à  M.  Poincaré 
de  l'extension  des  fonctions  <p(#)  et  $(&)- 


2I.'|  CORRESPONDANCE    D  RERHITE    ET    I)F.    STIELTJES. 

Je  vous  renouvelle  tous  mes  remerciements  pour  volve  bonté 
il  la  peine  que  vous  avez  prise  de  me  rédiger  si  clairement  voire 

méthode  concernant   la   fonction  -          •  que     ai  pu  ainsi  m  assi- 

miler  sans  I  ombre  d  un  efïbrl . 

Croyez-moi  toujours,  mon  cher  monsieur  el  ami,  votre  bien  sin- 
cèremenl  el  affectueusemenl  dévoué. 

111.         STIELTJES    I    HERMITE. 

Toulouse,  i'r  mars  18^7 
Monsiei  n . 

J'espère  que  vous  voudrez  bien  m'excuser  si  j'ai  ajourné  à 
quelques  jour-  la  réponse  à  votre  dernière  lettre  qui  m  a  fait  tanl 
de  plaisir. 

D'abord,  je  dois  faire  amende  honorable,  après  avoir  consulté 
l'article  de  M.  Poincaré  {Comptes  rendus,  1.  KG VI,  p.  n34),  je 
vois  qu'il  n'a  pas  le  rapport  si  immédial  que  je  croyais  avec  la 
question  qui  se  présenta  à  propos  de  votre  intégrale 

/        f[  X  )  cot de. 

•   n 

Le  théorème  de  M.  Poincaré  esl  le  suivant  : 

Soient/  x  \  une  fonction  existant  seulement  dans  la  mollir 
supérieure  du  plan,  A  ■/  >  une  fonction  existant  dans  la 
moitié  inférieure  du  plan,  alors  on  pourra  toujours  trouver 

,f  (OC, 


0  X 

deux  fonctions  a   x  .  fy(x)  existant  dans  tout  le  plan,  telles 
que 

Z  '   ./■  -   '1.1  ./'  1    =  f\  ./'  I    (.11  J\       1 

selon  I11  ras.  œ  x     admettra  pour  coupure  la  partie  de  V axe 
de  —  1  à       t,  ty\  x  1  les  deux  coupures  de  —  x  à  —  1  et  de  -+- 1 

à  -f-  x. 


LETTRE    III.  !l5 

Dans  sa  démonstration,   M.   Poincaré  applique  la   formule  d<- 

Fourier 

+  » 

et  il  s'appuie  aussi  sur  cette  remarque  que  L'expression 


1 


JUt«mte 


définit  une  fonction  dans  la  moitié  supérieure  du  plan  et 


une  fonction  dans  la  moitié  inférieure.  Dans  l'article  cité,  M.  Poin- 
caré introduit  la  dénomination  de  coupure  artificielle  qui  me 
semble  heureusement  choisie  et  qui  répond  à  un  besoin  que  j'ai 
ressenti  quelquefois. 

L'observation  de  M.  Picard  à  l'égard  de  la  formule  de  Cauch  v 


'<*)SBrâ/ 


f{z)dz 


ne  répond  pas  précisément  à  la  question  telle  que  je  l'avais 
envisagée.  En  effet,  elle  montre  qu'on  peut  calculer  f(x)  lorsque 
les  valeurs  de  f(z)  (sur  la  courbe  C)  sont  données.  Mais  on  ne 
peut  pas  donner  arbitrairement  les  valeurs  def(z)  sur  la  courbe. 
Vu  contraire,  on  sait  (Riemaniv,  Dissertation  inaugurale)  qu'en 
donnant  simplement  sur  la  courbe  G  la  partie  réelle  u  de 

f(x)  =  u  ■+■  /V. 

la  partie  imaginaire  v  est  déjà  déterminée,  par  là,  à  une  constante 
additive  près;  en  effet, 

Dans  la   question   telle  que  je  l'ai  envisagée,   il  faudrait  donc 
démontrer  que  v  s'annule  sur  l'axe  des  quantités  réelles. 
Riemann  (Œuvres,  p.  220)  a  énoncé  ce  théorème  : 

Étant  donnée  une  Jonction  périodique  J\x)  de  la  variable 


CORRESPONDANCE    DlllliMlll     KT    DE    STIELTJES. 

réelle  se,  alors  il  existe  toujours  une  fonction  z*.r —  iy)  finie 
pour  y  >>  o  et  qui  se  réduit  à  f\  x    pour  y       <>. 

Il  renvoie  à  sa  dissertation  pour  La  démonstration.  Mais 
M.  Schwarz  Journal  de  Borchardt,  i.  71  i  a  déjà  appelé  l'atten- 
tion sur  cetle  assertion  qu'il  semble  difficile  de  justifier. 

Pour  ma  part,  je  crois  pouvoir  démontrer  sans  réplique  ce  qui 
suit.  : 

Si  la  fonction /*(.£  a  une  discontinuité  dans  sa  dérivée,  alors 
l'assertion  de  Riemanu  ue  peu!  rire  exacte. 

Si.  dans  ce  cas.  il  esl   possible  de  continuer  la   fonction  /  x 
dans  une  moitié  du   plan,  la  partir  imaginaire  c  ne  peul  pas  se 


Représentation  de  f{x). 

réduire  à  zéro  sur  l'axe  des  quantités  réelles.  Mais,  quoique  mon 
raisonnement  n'est  pas  bien  compliqué,  je  ne  crois  pourtant  pas 
devoir  le  développer  ici. 

Je  viens  de  voir  que  la  formule  de  décomposition  de  — ■ a  été 

donnée  par  M.  Kronecker.  C'est,  en  effet,  la  formule  (n  .  page85i, 
des  Comptes  rendus  de  l'Académie  de  Berlin  de  i885.  M.  Kro- 
necker donne  une  démonstration  très  curieuse  qui  lui  fournit  une 
formule  plus  générale  |  i  2  <»ù  il  sulïil  de  faire  û  -  -  i  pour  retrouver 
la  formule    ~   . 

M.  Kronecker  dit  aussi  l'avoir  donnée  déjà  dans  les  Comptes 
rendus  de  i883,  page  499:  mais,  en  cet  endroit,  il  s'est  borné 
simplement  à  dire  que  la  formule  revient  au  développement  de 
Fourier  de  cosaœ,  sin«^.  .rajoute  que  dans  le  .Mémoire  cité 
(Comptes  rendus  de  i885  .  M.  Kronecker  a  remarqué  aussi  qu'on 
déduit  aussitôt  de  celle  formule  le  développement  en  série  de 
Fourier  des  polynômes  de  Bernoulli. 

Votre  très  respectueusement  dévoué. 


LETTRE    11  •>.  217 

112.         HERMITE  A  STIELTJES. 

Paris,  8  mars  1887. 
Cher  Monsieur, 

J'ai  bien  de  la  peine,  à  cause  de  L'allemand  et  de  la  complication 

des  calculs,  de  tirer  parti  du  Mémoire  de  M.  Kronecker,  qui  me 
parait  cependant  dune  grande  importance,  et  je  ne  suis  guère 
plus  heureux  avec  le  beau  travail  de  M.  Poincaré  sur  les  fondions 
à  espaces  lacunaires.  Comment  donc  arrive  l'expression 

6(:£i>      G(^i)9 

c  -+-  e  ' 

Rebuté,  comme  vous  voyez,  par  l'Analyse,  je  me  suis  occupé 
d'une  formule  que  Gauss  donne  dans  l'article  :  De  nexu  inter 
multitudlnem  classium,  etc.  (Œuvres,  t.  II,  p.  270),  pour 
exprimer  le  nombre  des  points  contenus  dans  le  cercle  x'1  -h y-  =  A 
cl  sur  le  contour,  dont  les  coordonnées  sont  des  nombres  entiers 
cl  j'ai  remarqué  qu'elle  s'élend  au  cas  de  l'ellipse  Ax-  +  By-  =  N. 

Faites 


—G/S-    — W> 


«  =E    i/-r     , 


pili 


^-V/Î3E>      ^(\/^ 


le  nombre  des  points  contenus  à  l'intérieur  el  sur  la  circonférence 
de  l'ellipse  est 

{a(3  -+-  1  -+-  %{a  -+-  b)  -+-  a(  ;ra+1  -+-  ^'a+2  -+-...-*-#«) 

On  doil  à  Dirichlet  une  formule  d'une  grande  importance  dans 
les  questions  de  ce  genre  et  que  j'ai  employée  récemment  dans  un 
article  du  Journal  de  Crelle  :  Remarques  arithmétiques  sur 
quelques  formules,  etc.,  t.  100,  p.  55. 

En  voici  une  démonstration  facile  : 


!l8 


CORRESPONDANCE    1»  HERM1TE    ET    DE    STIELTJES. 


Suii  y  J\X)  la  courbe  figurée  par  V  B  depuis  x  =  OA  =  !■ 
jusqu  à  x  =  OB  =  £>,  il  dont  on  suppose  l'ordonnée  décroissante 
entre  ces   limites.    En   désignant   par  A"   la   projection  de  A'  sur 


y 

A" 

_^v^V 

B" 

'^^B' 

0 

A 

B 

œ 

I  axe  <  I  r.  je  chercherai  le  nombre  des  points  a  yant  |)our  ordonnées 
des  entiers,  qui  sonl  contenus  dans  l'a  in-  (  )BB'A'A"0  avec  ceux 
qui  se  trouvent  sur  la  courbe  et  sur  les  axes  de  coordonnées  OA" 
et  OB.  L'aire  en  question  se  compose  du  rectangle  ()AA'A"Oet 
du  segmenl    \  B  IV  V  \. 

Dans  le  rectangle,  avec  la  condition  admise,  le  nombre  des 
points  est  z .  E[/'i  ;  <\.  et  dans  le  segmenl  c'est  la  somme 

Cela  étant,  je  fais  la  même  énumération  d'une  autre  manière,  en 
projetant  le  point  B'  sur  l'axe  des  ordonnées  en  B".  ce  qui  me 
donne,  de  nouveau,  un  rectangle  OBB'B"0  et  un  segment 

B'B'A'A'B'. 

Or  le  rectangle  me  donne,  si  je  pose  x  =  g\  y 

pE[#(p)] 


et  le  segment  conduit  à  la  somme 

Ef^  +  Ol  +  E^  +  a 


■+E[^)] 


et  taisant  r,  =  E  [/(?)]■  On  trouve,  en  égalant  les  deux  expressions, 
la  formule  même  de  Dirichlet,  dont  les  applications  sont  nom- 
breuses et  intéressantes,  par  exemple  en  faisant  y  =  xm.  Pour 
m  =  2,  on  trouve  ainsi  un  résultai  qu'a  donné  M.  BougaïefF,  dans 
un  article  très  remarquable  publié  dans  les  Comptes  rendus     '   . 


Vote  des  éditeurs.  —  Voir  Comptes  rendus,  t.  C,  p.  1109. 


LETTRÉ    113.  2ig 

Je  reviens  au\   fonctions  p ■  vous  remercier  des  indications 

précieuses  que  contient  voire  dernière  Lettre  <'i  vous  dire  que,  sur 
ces  questions  difficiles  autan I  qu'importantes,  je  ne  suis  qu'un 
écolier,  n'ayant  pu,  à  cause  de  l'allemand,  étudier  Riemann  dont 
je  n'ai  qu'une  idée  absolument  superficielle.  Mais  je  sens  tout 
l'intérêt  de  la  proposition  du  grand  géomètre  à  laquelle  vous  faites 
des  objections  qui  portent  sur  la  discontinuité  possible  de  la 
dérivée.  En  précisant  les  conditions  restrictives  qu'elle  comporte, 
vous  ferez  une  chose  extrêmement  utile,  et  ce  me  scia  un  grand 
plaisir  d'étudier  votre  travail  sur  ce  sujet  et  <lc  me  faire  votre 
élève.  M.  Mittag-Leffler.  m'a  informé  que  la  lettre  écrite  par  les 
membres  de  la  Section  de  Géométrie  dans  l'intérêt  des  Acta  a 
reçu  du  Ministre  de  l'Instruction  publique  de  Suède  un  accueil  on 
ne  peut  plus  favorable,  et  que,  maintenant,  il  ne  doute  pas  que  le 
Storthing  n'accorde  les  subventions  nécessaires  à  son  Journal. 

Avec  la  nouvelle  assurance  de  mon  affection  bien  dévouée. 


113.         STIELTJES  A  HERMITE. 

Toulouse,  10  mars  1887. 
Monsieur, 

J'ai  lu  avec  beaucoup  d'intérêt  votre  démonstration  de  la  for- 
mule de  Dirichlet  et  j'en  ai  fait  l'application  au  cas  y  =  x2  que 
vous  avez  indiqué. 

Quant  à  l'article  de  M.  Poincaré,  il  m'a  donné  aussi  du  fil  à 
tordre;  par  inadvertance,  il  y  a  aussi  sans  doute  une  confusion 
entre  les  fonctions  co  et  <L.  Mais  je  crois  avoir  réussi  à  en  saisir  le 
sens  et,  si  cela  vous  intéresse,  je  crois  que  la  Note  ci-jointe  n'offrira 
plus  de  difficultés. 

J'espère  pouvoir  parler  une  autre  fois  plus  amplement  sur  cette 
assertion  de  Riemann  sur  laquelle  M.  Schwarz  a  déjà  appelé 
['attention.  Pour  moi,  si  je  comprends  bien  le  sens  des  mots,  je 
serai  port»''  à  croire  que  c'est  là  un  lapsus,  et  que  les  cas  où  l'on 
peut  continuer  de  cette  manière  une  fonction  réelle  sont  excep- 
tionnels. 

Mais  je  voudrais  bien  que  quelque  mathématicien  plus  autorisé 


■220  CORRESPONDANCE    D  HERMITK    ET    DE    STIELTJES. 

traitai  ce  point.  M.  Sachse,  dans  VEssai  historique  sur  la  repré 
tentation  d'une  fonction  arbitraire  par  une  série  trigonomé- 
trique    Bulletin  de  Darboux,  année  1880)  a  glissé  sur  ce  point. 

Je  considère  toujours  comme  mon  travail  principal  la  ligne  de 
singularité  des  fonctions  modulaires,  mais  je  n<'  fais  que  préparer; 
mes  efforts  el  j  attends  1rs  vacances  pour  pouvoir  travailler  plus 
sérieusemenl . 

...  Il  me  semble  que  1rs  événements  politiques  des  dernières 
trente  années,  en  excitant  à  un  si  liant  degré  I  esprit  de  nationalité, 
non-  ont  lait  rétrograder  sons  bien  des  rapports.  Il  y  a  un  demi-^ 
siècle  les  partisans  «les  idées  libérales  qui  prêchaienl  nue  entente 
amicale  entre  les  peuple.-  n'étaient  pas  rares.  Anjoiird  lini,  dans  la 
littérature,  personne  ne  semble  penser  à  cela.  Peut-être  faudrait-il 
excepter  ici  les  partis  extrêmes,  anarchistes,  socialistes...  mais 
cela  n'es!  pas  bien  t'ait  pour  nous  consoler.  Mais  l'histoire  continue 
sa  marche  el  qui  peut  l  arrêter  ou  prévoir  son  développement? 

.)  ai  appris  avec  beaucoup  de  satisfaction  l'effet  heureux  qu  a  eu 
la  démarche  faite  en  laveur  du  maintien  des  Acla  mathematica, 
el  certainement  vous  n'en  êtes  pas  moins  cou  1  en  1 .  Je  sai s  comment 
votre  temps  est  précieux  et  je  crains  quelquefois  que  in,i  corres-f 
pondance  ne  vous  pèse.  J'espère  doue  très  sincèrement  que  vous 
ne  consacrerez  pas  trop  d'attention  à  mes  lettres,  si  elles  vous 
arrivent  à  un  moment  inopportun. 

\  otre  respectueusement  dévoué. 


114.         HERMITE  A   STIELTJES. 

l'ai  -is,   1  1   mars  1887. 

Cher    Monsiei  r. 

Vous  ave/,  éclairé  de  La  plu-  vive  lumière  le  théorème  de 
Poincaré  qui  m'avait  paru  si  obscur  avant  d'avoir  votre  Note  que 
j  ai  lue  avec  admiration,  je  vous  le  dis  en  toute  sincérité.  Mais  je 
ne  dois  point  garder  pour  moi  seul  votre  beau  travail,  et  je  viens 
VOUS  plier  d'en  faire  le  sujel  d'un  article  étendu  pour  un  de  nos 
recueils,  le  Journal  de  M.  Jordan  ou  les  Annales  de  V Ecole 
normale.  Je  suis  extrêmement  frappé  de  la  possibilité  que  vous 
avez  si  bien  établie  des  développements  en  séries  de  ^(x)&(x)1 


LETTRE    114.  2  ! i 

suivant  les  puissances  descendantes  el  de  •!><'./•  i  (-)../■ ,.  suivant  Im- 
puissances croissantes  de  La  variable,  el  je  ne  puis  douter  que  tous 
les  géomètres  u'attachenl  le  plus  grand  pris  à  votre  analyse. 

Il  me  semble  même  que  je  pourrais  donner  votre  méthode  dans 
une  de  mes  Leçons,  à  moins  que  nous  ne  désiriez  vous  réserver 
d'approfondir  encore  davantage  le  sujet,  qui  en  vaut  La  peine  par 
son  importance.  Vous  pensez  bien  que  je  me  suis  demandé  si  l'on 
peut  prendre  comme  exemple 

fiX)   =    —7-       /  'ï>(  I)  Col  ,ll 

au-dessus  de  L'axe  des  x, 

j\  (  x  )  =  —  -jX-  I       <!>(/>  cot  ^~-  dt 

au-dessous,  de  manière  à  associer  à  la  formule  de  Fourier 

*(>.)  =  ^  A„,e ■'"'■'■. 

qui  peut  n'exister  que  pour  des  valeurs  réelles,  la  fonction  F(#) 
qui  existe  dans  tout  le  plan,  sauf  sur  Taxe  des  abscisses.  Mais  il 
m'est  vraiment  superflu  de  vous  donner  aucune  indication  et, 
mieux  que  moi,  vous  saisissez,  dans  toute  leur  étendue,  le  rôle  de 
ces  considérations  nouvelles  el  profondes,  sur  une  question  capi- 
tale d'AnaIvse. 

Vous  me  faites  grand  plaisir  en  m'apprenant  que  vous  songez  à 
la  coupure  des  équations  modulaires,  coupure  qui  n'esl  pas  artifi- 
cielle, comme  celles  de  Riemann  ou  celles  des  intégrales  définies. 
Si  vos  efforts  sont  couronnés  de  succès,  comme  je  l'espère, 
permettez-moi  de  vous  engager  à  en  faire  le  sujet  d'un  Mémoire 
présenté  à  l'Académie  des  Sciences  et  sur  lequel  M.  Darboux. 
M.  Poincaré  el  moi  nous  ferions  un  Rapport  qui  nous  donnerail 
occasion  de  dire  publiquement  ce  que  nous  savons  tous  de  votre 
beau  talent. 

En  vous  renouvelant,  mon  cher  monsieur  Stieltjes,  l'expression 
de  mes  sentiments  affectueux  et  bien  dévoués. 


222  CORRESPONDANCE    1>  HERMITE    ET    DE    STIKLTJES. 


115.         HERMITE    1    ST1ELTJES. 

12  mars  1887. 

Cheb   Monsieur. 

J'ai  bien  crainte  de  vous  prendre  indiscrètement  voire  temps  el 
d'abuser  de  votre  complaisance,  aussi  ne  vous  pressez  point,  je 
nous  le  demande  instamment,  pour  me  dire  si  je  comprends  bien, 
c  imme  je  Le  crois,  la  proposition  de  Poincaré  en  admettant  que 
la  fonction  l-Vr>.  telle  qu'il  la  détermine  ainsi  que  vous  me  l'ave/, 
si  bien  expliqué,  a  dans  tout  le  plan,  nonobstant  la  coupure,  une 
seule  et  unique  expression  analytique. 

Dans  ce  cas.  on  aurait  un  exemple  d'une  extrême  généralité,  du 
l'ait  analytique  déjà  signalé  par  Weierstrass  et  que  met  en  évi- 
dence la  série  de  Tannery 


qui  existe  dans  tout  le  plan,  étant  —i  ou  — i,  suivant  que 
inodx  ■<  i  ou  niod.r  1 .  Mais  je  ne  me  trompe  point  sans  doute, 
en  regardant  que  cette  expression  unique  n'est  point  donnée 
au    moyen    de    vos    développements    <?(x)®(x)  =  yanx~n    et 

'i>(.r)H  x  -2_,b,iXn)  puisque  le  premier  suppose  mod^>i  el 
lesecondmod^c       i.  Faut-il  par  conséquent  se  résigner  à  l'exprès 


;ion 


r  F<  Z)ei  ^  1  , 

2  ut  01  X    01  v)  =  / ■ clz 

J        z  —  x 


suivant  votre  premier  contour  et  à 

2  /-  •>(  X  1  01  X 

suivanl  le  second?  J'ai  tout  lieu  de  le  penser  ;  préoccupé  d'autres 
choses,  |  ai  recour>  a  vous  pour  dissiper  ces  nuages,  sous  les  plus 
expresses  réserves  de  votre  convenance,  et  en  vous  priant  de  ne 
vous  presser  aucunement  pour  me  sortir  d'embarras. 

Wec  la  nouvelle  assurance  de  mes  sentiments  bien  affectueux. 


LETTRE    MO. 

P.  S.  —  Votre  expression 

F  (  x  !  H  (  r  i  =  V  a„ ./"  i-V/>  „  x" 
suppose  comme  vous  le  mentionnez  mod.a?  =  i,  mais   pourquoi? 

116.  —  Il  ERMITE     I   STIELTJES  i  '  I. 

17  mars  1887. 
Cher  Monsieur, 

Voire  expression  de  6(.r)<p(.r)  dans  (oui  le  plan,   par  la  frac- 
tion continue 

X0 


me  parait  extrêmement  remarquable;  elle  me  rappelle  que  M.  Hal- 
phen, dans  les  Comptes  rendus  d'il  y  a  deux  ans,  a  déjà  signalé, 
au  point  de  vue  de  la  convergence,  les  circonstances  singulières 
que  présentent  les  développements  de  cette  forme,  et  je  suppose 
que  le  travail  de  l'éminent  géomètre  aura  attiré  votre  attention. 
Pendant  que  vous  songez  à  la  cinématique,  aux  dépens  de  recher- 
ches d'une  nature  plus  élevée,  je  dois  aussi  m'occuper  de  mon 
enseignement,  et  j'ai  charge  de  fournir  des  exemples  d'intégrales 
définies  qu'on  détermine  au  moyen  de  résidus.  Peut-être  dans  vos 
conférences  serez-vous  aussi  conduit  à  ce  sujet;  c'est  ce  qui  m  en- 
gage à  vous  indiquer  la  remarque  suivante  qui  fera  le  sujet  d  une 
de  mes  leçons. 
Soit 

F(*)  =  («  —  a)m(*  —  b)'K..{z—  l)s. 


Je  me  propose  d'obtenir  l'intégrale 

rezxdz 
i=J    FlJ)' 

prise   le    long  d'un    contour   fermé   comprenant   à  son   intérieur 


(')  Notes  des  éditeurs.  —  Entre   le    12  et   le   17  mars,   il   y  a   eu    sûrement 
quelque  lettre  de  Stieltjes  que  nous  ne  possédons  pas. 


524  CORRESPONDANCE    D'HERMITE    ET    DE    STIELTJES. 

a    h I.  Si  l'on  désigne  par  y.  Le  degré  de  \\z  i  de  sorte  que 

■i    -  m-\-p  -H. .  . -t-  .s, 

il  résulte  d'abord  de  l'expression  même  de  L'intégrale  que,  pour 

X  ■=  O,  en  aura 

i    «,.    d.,.j - <>,     ••.•     i»'r2J  =  o, 

ci  par  conséquenl   Le  développement  suivant  les  puissances  croisa 

santés  de  ./• 

J  =  A xv--1  +  l :  /:j      C .rt^  '  — 

Telle  est  done  aussi  la  somme  dos  résidus  de  La  fonction 


Fi  z 


pour  le>  divers  pôles  a,  b,  ....  /. 

Or  Le  résidu  correspondant  à  l'un  d'eux,  z  =  a,  par  exemple, 

est  de  la  forme 

<"'iiw-i<*), 

Hw  -i  M  )  étant  an  polynôme  en  x,  du  degré  />?  —  1 .  (  )n  aura  donc 

la  relation 

e«*n/n_, (x)  -+-  eton„_, (a?)  +. . .      eteuV,  i  x  i 

=  A  a??*-1  -+-  Bart*  +■  Ca;^1  h-  .  .  . . 

Cela  étant,  je  remarque  que  Le  système  des  polynômes  Il,„_i, 
ll„  ,.  ...  donne  le  degré  d'approximation  le  plus  grand  possible 
de  la  fonction 

ea*Pm-i(x)   •v-ebxPn-i(x)+...  i-e^Ps-t(x). 

Effectivement,    Le    nombre  des   constantes   arbitraires   contenues] 

dans  Pw_t,   l'/z-t,   •••■    I  >.y i    est  m  +  n  H-. .  .-*- s  =  p.,  et  comme 

elles  entrent  sous  forme  homogène  dans  les  coefficients  des  diffé- 
rentes  puissances  de  la  variable,  on  pourra  égaler  à  zéro  les  y.  —  i 
premiers  termes.  Elles  se  trouvent  en  conséquence  déterminées. 
sauf  un  facteur  commun,  parla  condition  que  Le  développement 
de  la  fonction  linéaire  des  diverses  exponentielles  commence  an 
terme  en  xV-~\  et  c'est  cette  détermination  qui  se  trouve  réalisée 
par  les  expressions 

1//1  —  I    —     11/11—1,  1     H— I    =     11»— 1,  .... 


LETTRE    117.  225 

Je  confie  maintenanl  à  votre  cœur  arithmétique  ce  dont  je  ne 
dirai  rien  aux  élèves  qui  ne  s'en  soucieraienl  guère;  je  me  pro- 
pose de  donner  un  sjsin le  formules  récurrentes,  pour  obtenir 

de  proche  en   proche,   pour  toutes  les  valeurs  de  l'entier  ///.  le 
système  des  polynômes  qui  se  rapportenl  au  cas  de 


=  r îf? 

J    [(z  —  a)(z  —  i 


ezx  i/.r 


b)...(z  —  l)]>» 

Mais  pour  cela,  j'ai  besoin  d'un  peu  de  temps,  el  j<'  ne  sais  pas 
trop  quand  il  me  sera  possible  d'en  venir  à  bout. 

Dans  l'espérance  qu'un    beau    travail    résultera   <lr    votre   idée 
excellente  et  si  originale  sur  le  mode  d'expression  «les  fonctions 

@(x)  y(x),   S(x)'\)(x),    et    en    vous    lelieilanl     vivemenl    (le    celle 
nouvelle  conception,  je  vous  renouvelle  l'assurance  de  mes  senti 
ments  bien  affectueux  et  bien  dévoués. 


117.   -  UERM1TE  A  STIELTJES. 

Paris,  29  mars  1887. 
Chkii  Monsieur, 

M.  Mitlag-Leffler  a  pris  pour  sujet  de  ses  leçons  à  l'Université 
de  Stockholm,  le  Mémoire  de  Riemann  sur  les  nombres  premiers 
qui  a  été  l'objet  des  excellentes  recherches  dont  vous  avez  donné 
les  résultats  dans  les  Comptes  rendus  de  1 885.  Le  théorème  mer- 
veilleux que  le  nombre  des  racines  de  l'équation  \{t)  =  o,  dont  la 
partie  réelle  est  comprise  entre  les  limites  o  et  T,  est 

T  ,       T         T 

—  log , 

111  11Z  '2  7T 

a  naturellement  appelé  son  attention  el  il  m'écrit  qu'il  lui  a  été 
impossible  de  le  démontrer,  en  faisant  appel  à  mes  lumières.  Vous 
ne  serez  pas  surpris  que  j'y  ai  répondu  par  le  conseil  de  recourir 
aux  vôtres,  qu'il  a  suivi  avec  empressement.  M.  Mittag-Leffler  se 
trouve  cependant  arrêté  à  un  point,  il  ne  peut  voir  comment  vous 
établissez  que  la  série 

1  1  1  r  t 

1  ~~  2*  ~~  3  *  ~~  5*  "*"  6*  _  Ts  +  "  " 


22Ô  CORRESPONDANCE    D'HERïIITE    ET    DE    STIELTJES. 

esl  convergente  tant  que  la  partie  réelle  de  s  surpasse  -  >  et  c'est  en 

son  îKiiu  que  je  viens  vous  prier  de  vouloir  bien  lui  écrire  pour  le 
tirer  d'embarras.  Vous  lui  ferez  grand  bien  eu  lui  donnant  les 
éclaircissements  qu'il  attend,  me  dit-il.  avec  impatience. 

Permettez-moi  une  remarque  élémentaire  et  pédagogique  sur  les 
facteurs  primaires  à  laquelle  m'a  lait  penser  le  passage  de  l'expres- 
sion 

x  \  n  ^ 


sin.r  =  x  _ 


n(- 

à  celle-ci 

cos*  =  J2(i-^ 

('/»  =±i,  ±3,  ±  "i.  .  . .  i 


On  y  parvient  immédiatement,  au  moyen  de  l'équation 

sinaa?  =  asina:  cosar 

(iui  donne   cos;r=- — r-^>   mais  on  peut  désirer  d'y  parvenir  en 
1  'i^nx  1  J    l 

changeant  x  en   — \-  oc.  Considérez  plus  généralement  la  formule 


F(x)  =  »n  (.-£)«'-•>, 


où  les  polynômes  V„(x)  sont  de  degré  quelconque.  En  changeante 
eu  x  -+-  ;,  l'identité 

x  -+-  £ 


i M 


permet  d'abord  d  écrire 

»(-+«)-c+»II[(,-é)(,-î^i)]^1 

on  obtient  ensuite,  en  divisant  membre  à  membre  avec 

F<=»==n('-é|' 


l'expression 

^=('+î)n[(.-^)----]. 


LETTRE    118.  227 

que  je  vais  appliquer  au  cas  de  sin^r.  On  trouve  alors 

^=n[(---^HK)< 

qui  ne  donne  poinl  pour  £  =  -la  même  formule  (pic  tout  à  l'heure. 

La  réponse  à  cette  difficulté  est  dans  l'expression  plus  générale 
(pic  voici,  où  a  désigne  une  constante  quelconque,  à  savoir 


sinCa?  -t-  £) 
si  ni- 


"nlO-^HH 


Faites,  en  effet,  en  particulier  a  = ->  avec  £=-,   et  \<>us 

avez  bien  le  résultat  cherché.  Enfin  isolez  le  facteur  qui  correspond 
à  n  =  o,  vous  avez  la  quantité 


e-.rcotrr  / 1  _+_  |  je", 


et  comme  cola s'annule  pour  a  =  o,  vous  parvenez  à  l'autre 

a  l  l 

formule. 

Et  tels  sont  les  pauvres  fruits  de  mes  leçons. 

En  vous  renouvelant,  mon  cher  monsieur  Stieltjes,  l'assurance 
de  mon  amitié  bien  dévouée. 


118.  —  STIELTJES  A  HE R MITE. 

Toulouse,  3o  mars  1887. 


Moi 


J'avais  déjà  reçu  une  lettre  de  M.  Mittag-Leffler  concernant 
cette  proposition  du  nombre  des  racines  de  l'équation  ^(£)  =  o, 
et  je  lui  ai  déjà  répondu  de  mon  mieux.  Je  crois  que  j'ai  réussi  à 
retrouver  à  peu  près  la  méthode  que  Riemann  a  suivie,  en  calcu- 


lant l'intégrale 


/ 


cl\o%\{x). 


Votre  lettre  me  rappelle  que  j'ai  voulu  appliquer   dans   mes 
leçons  la  formule  de  M.  Weierstrass  à  la  fonction  ex —  C.  Pour 


228  CORRESPONDANCE    d'oERMITE    ET    DE    STIELTJES. 

plus  de  simplicité,  je  mots   la  constanle  C  sous  la  forme  ea  el 

à  L'aide  de  la  décomposition  de =  — ■ ) 

i  ex~a  —  i         ex  —  ea  ] 

»•     ■*"  * 
—  e«=(i  —  ea)e    <-'"->  T 


Pour  a  =  o,  il  v  a  un  léger  changement  de  forme  analytique  et 
l'on  a  une  formule  qui  ne  diffère  pas  essentiellement  de  la  for- 
mule qui  donne  la  décomposition  de  sin.r. 

Si  vous  >a\  ez  que  je  suis  dans  les  examens  pour  le  baccalauréat, 
vous  soudiez  bien  excuser,  Monsieur,  cette  lettre  écrite  un  peu 
précipitamment. 

\  <ilre  respectueusement  dévoué. 


119.  _  H  ERMITE  A  STIELTJES. 

18  mars  18S8. 


120.   —  STIELTJES  A  IIERMITE. 

Toulouse,  -iô  mai  1888. 

Monsieur, 

J'espère  «pie  vous  n'aurez  pas  expliqué  trop  à  mon  désavantage 
le  long  silence  (pie  j'ai  gardé  après  votre  lettre  si  pleine  de  Lonté 
et  pour  laquelle  je  dois  vous  remercier  encore  de  tout  mon  cœur. 
Mais  nous  avons  été  si  abattus  par  le  coup  cruel  qui  nous  a  fait 
perdre  nuire  aîné,  après  une  semaine  de  cette  terrible  maladie 
(diphtérie),  que  je  n'étais  guère  capable  de  parler  de  notre 
Science.  A  eus  savez  ce  que  Lagrange  disait  de  la  nécessité  de  ué 
jamais  cesser  de  travailler,  d'être  toujours  sur  la  brèche  pour  ne 
pas  laisser  s'endormir  l'esprit  et  le  tenir  en  haleine  et  je  sens  que 
ce  n'esl  que  trop  vrai. 

\  euillez  donc  m'excuser  cette  fois  si  j'ose  vous  parler  d'une 


LETTRE    120. 


229 


question  que  je  n'ai   pas  encore  approfondie,  mais  à  laquelle   je 
pense  depuis  quelque  temps. 
Soient 

X  =  a0x'*-+-  4#i#3H-  6a2x2-h  . . . -+-  a4, 
Y  =  b0y>>  +  4  6l73  +  6  b,y*-  -+-  . .  !  +  bw  ; 

je   pose    d'abord   cette  question.    Dans  quels   cas    est-il    possible 
d'établir  la  relation 


(') 


dx 


dy 

/Y 


à  l'aide  d'une  substitution  linéaire 

(  2 )  p  ■+-  q x  ■+-  ry  -+-  s^K  =  o  ? 

La  réponse  est  immédiate  :  il  faut  et  il  suffit  l'égalité  des  inva- 
riants 

[   S  =  a0ak .  —  4«Irt3-(-  3«f  =  b^b^  —  4&1i3-f-  36|. 

60     £,     /> 


(3) 


a0  </,  «2 
#1  «3  «3 
a.,     a3     «i. 


^1     b*     b3 
b,     b3     bk 


(  Je  fais  abstraction  des  cas  particuliers  où  X  =  o,  Y=  o  auraient 
des  racines  multiples.) 

Ces  conditions  (3)  étant  supposées  satisfaites,  je  me  propose 
d'approfondir,  au  point  de  vue  algébrique,  la  détermination  des 
coefficients  p,  q.:  /',  s. 

Soient 

xu     x-2,     x3,     .r4, 

yu    72,    7s,    7i. 

les  racines  de  X  =  o,  Y=o.  Leurs  rapports  anharmoniques  sont 
égaux  et  si  l'on  suppose,  par  exemple, 

{xu  xt,  xz,xk)  —  rapp.  anharm., 
(xu  x2,x3,xk)  =  (71,72,  73,  7*)» 

alors  les  substitutions  (2)  font  correspondre 

a?i,     iF2,     a?3,     rri  à  jki,    72*    73,    7*» 

ou   à  JK2,     7i.     74>     73, 

ou  à         r3,     ^4,     jKi,     72, 
ou  à         74,     jKs,     72»     ri- 


23o  CORRESPONDANCE    d'HERMITE    ET    DE    STIELTJES. 

Ainsi,  il  y  a  toujours  quatre  substitutions  de  la  l'orme  (2)  et  le 
problème  doil  dépendre  d'une  équation  du  quatrième  degré. 

Il  est  vrai  qu'on   peut   écrire   directement  ces  substitutions  si 

Ton  connaîl  x{,  x2,   •••,  #4,  y\,  y« .».-,,  mais  cela  exige  la 

solution  des  deux  équations 

X  =  o,         Y  =  o. 

Il  esl  bien  vrai  que,  à  cause  de  l'égalité  des  invariants,  cela  ne 
doit  pas  compter  pour  la  solution  de  deux  équations  indépendantes 

du   quatriè degré,   mais   toujours  cela   exige  un    peu    plus   (le 

calcul  <!<•  deux  racines  carrées)  que  la  solution  d'une  seule  équa- 
tion du  quatrième  degré.  Or,  la  vraie  solution  du  problème  doit 
dépendre  d'une  seule  équation  du  quatrième  degré  que  je  me  suis 
proposé  d  établir. 

Dans  un  cas  particulier,  la  solution  est  facile,  el  je  veux  l'indi- 
quer pane  que  cela  montre  aussi  comment  j'espère  parvenir  au 
but  dans  le  cas  général. 

Supposons 

(ti=  bi        [i=  o,  1, 1,  3,4   • 

alors  il  est  clair  qu'une  des  substitutions  demandées  est 

x=y\ 

la  détermination  des  trois  autres  doit  dépendre  d'une  équation 
cubique. 

Je  considère  l'intégrale  générale  de  l'équation  différentielle  (1) 
que  j'emprunte  au  Traité  de  M.  Caylev-Brioschi  Sur  les  fonctions 
e llip tiqu es,  p a ge  3 1 8 , 

a  -r-  2  h  a?  -f-  gx--+-  2j'(li  -H  2  b x  —  fa?*)  -+-jK2(g  ■+-  2ÎX  -f-  ex-)  =  o. 
Je  conserve  les  notations  de  M.  Cavley  qui  a  pris 

X  =  a  -f-  bx  -+-  ex-  -h  dxz -+-  ex'*         (p.  3i8), 
Y  =  a  -H  by  -f-  cy-  -f-  dyz  -+-  ey'*, 

les  coefficients  a,  b,  c,  f,  g,  h  sont  des  polynômes  du  second 
degré  en  C,  la  constante  arbitraire,  et  si  l'on  écrit  l'équation  sous 

la  forme 

A  -f-  2  B  y  -+■  G  y-  =  o 
ou 

Ai-i-aBiJr-i-  Q^r2  =  o, 


LETTRE    121.  23 I 

on  a 

B*  —  AG     =0X, 

I5f  —  A,G,=  6Y, 

©étant  du  troisième  degré  en  C.  Or,  si  Ton  détermine  maintenant 
C  par  la  condition 

0  =  o, 

on  s'aperçoit  aisément  que  l'intégrale  générale  peut  s'écrire 

(îxy  +  gx-h  g7  +  h)2=o; 
donc 

ixy  -4-  gx  ■+■  gy  ■+-  h  =  o. 

Ce  sont  les  trois  substitutions  linéaires  qu'il  fallait  obtenir  et  qui 
dépendent  de  l'équation  cubique 

6  =  o, 

qui  peut  se  transformer  directement  en 

4  m3 —  S  u  — T  =  o. 

Mais  il  me  reste  à  établir  l'équation  du  quatrième  degré  qui 
doit  se  présenter  dans  le  cas  général.  Pour  le  moment,  j'entrevois 
une  méthode  qui  doit  me  la  faire  connaître,  mais  elle  exigera 
d'effrayants  calculs;  avant  de  les  entreprendre,  je  veux  chercher 
s'il  n'y  a  pas  un  moyen  plus  facile  d'y  arriver.  J'ai  supposé  que  le 
problème  n'avait  pas  encore  été  traité  sous  ce  point  de  vue,  peut- 
être  pourriez-vous  me  dire  si  cela  est. 

Respectueusement  votre  tout  dévoué. 

121.  —  STIELTJES  A  IIERMITE . 

Toulouse,  i3  juin  188S.  ' 
Monsieur, 

J'espère  que  vous  me  pardonnerez  si  je  continue  à  parler  du 
problème  que  j'ai  mentionné  dans  ma  lettre  précédente. 

Posant 

X  =  a0x'*-\-  4«i^3  +  -  •  .-+-  «i, 
Y  =  &0ji-+- 4  &J,/3 +  ...-*-  bk, 


232  CORRESPONDANCE    D  HERMITE    ET    DE    STIELTJES. 

où  les  (//.  l'i  vérifienl  les  deux  relations 

a0 ak  —  { ai  a3 -f-  3 af  =  0„  A  •,  —  j  A ,  b3  -h  3  A \ . 


T  = 


«0     a ,     a2 

d\        di        (I  ; 

a 9     a3     a& 


6fl  A,  A. 
A,  A,  63 
A,     6,     A, 


Il  s'agit  de  la  détermination  tics  quatre  intégrales  particulières 
de  la  forme 

1  p  +  qx^-  ry-^sry  =  o 

de  l'équation  différentielle 

(2) 


~x~        \  ' 


Je  viens  d'abord  d'obtenir  l'équation   <lu  quatrième  degré  donl 

dépend   la   solution,  mais  elle  serait   trop   longue  à  écrire,   aussi 

n'ai-îe  pas  fait  le  calcul  <lc  certaines  vérifications.  Mais  voici  un 

autre  résultat  de  mes  recherches  qui  pourra  vous  intéresser. 

Soit 

H.c  =  ( «o«-2  —  a\  )#*  —  ■  ■ 

le  Hessien  de  X;  de  même 

Ry=(b0bz-bl  ).y* -+-... 
le  Hessien  de  ^  . 

Alors  vous  avez  donné  i'<-  résultat  remarquable  que.  en  posant 


on  obtient 


de  même,  en  posant 


on  aura 


H, 

2  dx  du 

V/X    "      y/4"3—  S«— T 

II, 


<  dy 


Y  ' 


/Y       v/4«,ï—  s"  —  T 
Il  est  clair  par  là  que  la  relation 


LETTRE    122.  233 

on 

(3)  XHr     \\\,       o 

est  nue  inlégrale  particulière  de  (2). 
Or,  je  trouve  maintenanl  que 

XII, -VII,- 

osl  égal  au  produit  de  quatre  expressions  de  la  forme 

p  ■+-  q  x  -\-  ry  -t-  s  xy 

et,  en  égalant  à  zéro  ces  quatre  expressions,  on  a  précisément  les 
intégrales  particulières  cherchées  de  l'équation  différentielle. 

11  est  facile  de  vérifier  ce  résultai  dans  le  cas  a.i=  bi,  l'un  des 
fadeurs  de  XHL  —  YH^  esi  précisément  x — y.  Mais  je  n'ai  pas 
encore  effectué  complètemenl  les  calculs  prolixes,  nécessaires 
pour  la  vérification  dans  le  cas  général. 

Veuillez  bien  agréer,  Monsieur,  l'expression  de  la  plus  sincère 
reconnaissance  de  votre  dévoué  et  respectueux  serviteur. 

P.  S.  —  J'espère  pouvoir  bientôt  publier  dans  les  Annales  de 
notre  Faculté  ces  recherches  sur  l'équation  différentielle 

dx*  _  dy* 

X  Y    K 

122.  —  STIELTJES  A  HERMITE. 

(!\,  rue  de  Fleurance-Mon plaisir)  Toulouse,  i5  juin  1888. 

Monsieur, 

Voulez-vous  bien  me  permettre  de  revenir  encore  sur  ce  pro- 
blème des  substitutions  linéaires 

p  ■+-  q  x  -f-  ry  -t-  sxy  =  o 


(')  Note  des  éditeurs.  —  Le  Mémoire  de  Stieltjes  sur  ce  sujet  est  inséré  dans 
le  Tome  II  des  Annales  de  la  Faculté  des  Sciences  de  Toulouse,  p.  K.i,  1888 
et  a  pour  titre  :  Sur  la  transformation  linéaire  de   la   différentielle  ellip- 

dx 

tique  — =• 


:ïù'\  CORRESPONDANCE    d'heRMITE   ET    DE    STIELTJES. 

qui  donnent 

(/./•-   _  d\  ■- 

~x~ :  :   F : 

je  vous  promets  expressémenl  que  ce  sera  la  dernière  l'ois. 

Vous  savez  que  j'ai  considéré  d'abord  le  cas  ai=  bi,  alors 
//.  (/.  r.  s  s  expriment  rationnellement  au  moyen  de  */,  racine  de 

\u3  —  S  «  — T  =  o. 

J  ai  tâché  alors  de  traiter  le  cas  général  de  la  même  manière  en 

établissant  d'abord  l'intégrale  générale  de  l'équation  différentielle 

sous  la  forme 

a  —  ■>.  x'.r  —  y." x- 

-+-    (  y  -t-  2  y  '  x  ■+-  i'x-  )y-  =  o , 

où  les  a.   j.  y,  . .  .  sont  des  polynômes  du  second  degré  en  C  (la 
constante  arbitraire). 

Mais  il  m  a  coûté  beaucoup  de  peine  pour  trouver  cette  for- 
mule (i)  et  elle  est  très  compliquée.  Mais,  une  fois  cette  formule 
obtenue,  la  solution  du  problème  n'offre  plus  de  difficulté  et  l'on 
trouve  directement  l'équation  du  quatrième  degré  en  C.  Si 
C  satisfait  à  cette  équation,  le  premier  membre  de  (i)  est  un 
carré  partait  et  l'on  obtient  ainsi  les  substitutions  linéaires 

Pi  —  qtx  +  /;■}■  -r-  stxy  =  o         ( i  =  i,  2,  3,  4 ). 
M. lis  le  théorème  que  je  vous  ai  communiqué, 

VII  r —  XII y—  cons t.  II 1  pi-+-  qi&  -+-  l'iy  ■+-  s,-ry  ), 

permet    de    résoudre   la  question   d'une    manière  beaucoup  plus 
facile. 

En  effet,  il  est  clair  qu'on  n'a  qu'à  donner  à  y  une  valeur  par- 
ticulière (par  exemple  o  ou  go)  et  à  résoudre  alors  une  équation 

du  quatrième  degré 

a.\\x —  3  X  =  o. 

Il  y  a  même  avantage  à  considérer  directement  l'équation 

YII,-XIIv=o, 

en   \   regardant  y  comme  constant.   Or  il  est  bien  connu   qu'on 


LETTRE    122.  235 

peut    faire   dépendre    la   solution   de   celle    équation    encore    de 

l'équation  résolvante 

i  u* —  S  u  — T  =  o. 

En  poursuivant  celle  voie,  je  trouve  que  la  détermination  de 
ces  substitutions  linéaires  s'obtient  aisément  à  Taule  de  ces  fonc- 
tions t!>,  . .  . 

^=i6(^  +  e,/), 

que  vous  avez  rencontrées  dans  voire  premier  Mémoire  Sur  la 
théorie  des  fonctions  homogènes  à  deux  indéterminées  (Journal 
de  Crelle,  l.  5î2,  p.  i5).  Il  faut  considérer  en  même  temps  eclles 
qui  appartiennent  à  X  et  à  Y. 

En  somme,  on  reconnaît  que,  pour  avoir  les  />,,  <ji,  ...,  il  faut 
calculer  d'abord  les  racines  «)5  u2,  u3  de  l'équation  en  u.  Ensuite 
il  y  a  à  calculer  les  racines  carrées 


ffli  =  vA  "ï  —  u0a2 —  a0Ui)(bj  —  b0b2 —  00ul  ), 
m 2  =  y/(  a\  —  a0a2 —  «o  "2  )  (à\  —  b0b2  —  bdu2), 
m 3  =  ^(«1  —  «o«» —  a0u3)  (b'i  —  b0b2 —  b0u3), 
mais  à  cause  de 

nii  m2m3  —  -  (a§  «3 —  3a0«i  «2  +  ia\){blb3 —  360^i  &»  +  2  b]  ), 

on  a  à  calculer  réellement  seulement  deux  racines  carrées. 

Les  pi,  qi,  .  . . ,  s'expriment  alors  rationnellement. 

Pour  avoir  séparément  les  racines   de  X  =  o   et   de  \  =  o,  il 
faudrait  calculer 


\/a\  —  «0 «2  —  «0  "-i ,     V^î —  ^0^2 —  60M|, 


\/a'l  —  a0a2 —  a0  u2,     y  b\  —  b0  b, —  £0  u2, 


y/aj  —  aQa2 —  a0u3,     \J  b\ —  b^b2—  b0u3, 

ce  qui  constitue,  en  réalité,  quatre  racines  carrées  à  calculer.  En 
somme,  je  me  suis  donné  bien  du  mal  pour  éviter  le  calcul  de 
deux  racines  carrées;  on  pourra  penser  que  c'est  bien  peu  de 
chose. 

On  voit  aussi  maintenant  comment  il  arrive  que,   dans  le  cas 
B/=  bi,  il  suffit  de  connaître  U\,  u>,  u3. 


236  CORRESPONDANCE    D'HERMITE    ET    DE    STIELTJES. 

.!<■  crois  que  ces  résultats  éclairciront  aussi  la  nature  de 
l'équation  en  (.  donl  j'ai  pari»'  plus  haut.  En  effet,  si  je  considère 
l'équation  en  1)  donl  les  racines  sonl 

m, —  m2 —  m3, 

—  m,\  —  //>>      m3, 

—  /??!  —  m2-^  rn3, 

il  me  semble  qu'il  doit  exister  une  relation  simple  entre  C  el  D, 
el  je  ne  pense  pas  me  tromper  en  soupçonnant  que  celte  relation 
sera 

YD-t-8 

en  sorte  qu  on  pourrai!  même  avoir  simplement  C  =  D  en  chan- 
geant convenablement  la  constante  arbitraire  C  qui  figure  dans  la 
formule  (i). 

Quant  au  théorème 

YII.r—  XHr=  U(pi  ■+■  qtx  —  rty  +  stxy  i, 

vous  aurez  remarqué  sans  doute  que,  à  cause  des  propriétés  inva- 
riantes, d  suffit  de  l'établir  dans  le  cas 

X  =  (i  —  a?2)(i  —  #2a?2), 

Y  =  (i—  r2)(i  —  k*y*)t 
et  il  vient  alors 

VII.,..—  XHr=  const.'(a?2— jr2)(i  —  k*x*y*). 

Mais  celle  remarque  si  simple  que  le  problème  proposé  revient 
à  décomposer  \  \\j- —  \HV  ne  s'est  pas  présentée  tout  d'abord. 

\  euillez  bien  me  croire,  Monsieur,  votre  respectueusement 
dévoué. 

123.  —  Il  ERMITE  A   STIELTJES. 

Paris,  17  juin  1888. 
Mon   cher  ami, 

C'est  à  moi  de  m'excuserdu  retard  que  j'ai  mis  à  répondre  à  vos 
deux  dernières  lettres  et  surtout  à  vous  exprimer  combien  je  suis 


LETTRE    123.  237 

heureux  que  vous  ayez  réussi  à  surmonter  votre  chagrin  en  vous 
remettant  au  travail.  L;i  question  que  vous  avez  traitée  esl  d'un 
grand  intérêt  cl  ce  me  serait  un  plaisir  de  m'j  engager  avec  vous, 
ainsi  <|nc  vous  m'avez  vu  faire  autrefois,  quand  vous  vous  en  pre- 
niez à  L'Arithmétique,  si  je  n'étais  à  boul  de  mes  forces  el  ayanl 
quelque  peine  à  cause  de  la  fatigue  que  j'éprouve  à  en  finir  avec 
mes  leçons  à  la  Faculté.  \u  moins  permettez-moi,  puisque  vous 
vous  proposez  de  publier  vos  recher<  hes  dans  les  Annales  de 
Toulouse,  d'appeler  voire  attention  sur  un  excellenl  travail  de 
M.  Halphen  sur  le  sujet  que  vous  avez  traité,  qui  a  paru  à  l'étranger 
dans  les  Rendiconti  du  Cercle  mathématique  de  l'Université 
de  Païenne.  Je  vous  envoie  le  numéro  de  ce  Recueil  que  vous  ne 
recevez  sans  doute  pas,  pensant  qu'il  devra  \ons  intéresser.  Il  me 
semble  qu'il  y  a  quelque  analogie  entre  ce  que  fait  M.  Halphen  el 
votre  méthode  extrêmement  ingénieuse  de  conclure  une  solution 

1.,        1     1,  ,  •        dx2         dy2    .     ,,,      ...  Ha-         Hv     T 

particulière  de  1  équation  -^-  =  -—  de  1  égalité  -1—  =  -=£•  Je  crois 

bien  aussi  avoir  rencontre  autrefois  comme  conséquence  de  la 
relation  qui  lie  une  forme  biquadratique  avec  ses  invariants  du 
sixième  et  du  quatrième  ordre  une  substitution  qui  ramène  l'inté- 
grale elliptique  générale  à  la  forme  que  vous  considérez 


/ 


du 


y/4  u3  —  S  u 


et  peut-être  y  aurait-il  utilité  à  la  rapprocher  de  celle  dont  vous 

faites  usage  u  = =^«  Je  la  rechercherai  dans  mes  anciens  arli- 

(les  sur  la  théorie  des  formes  du  Journal  de  Crelle,  mais  elle 
m'échappe  en  ce  moment;  permettez-moi,  avant  (pie  je  la  retrouve 
et,  si  paresseux  que  je  sois,  de  vous  indiquer  une  conséquence 
arithmétique  de  l'équation 

11,(0)  =  iy/q  Al'!, 
où  l'on  a 

A  =  (i  —  q2)(i  —  ?*)...         et         P  =  (r  +  <jr2)(n- ?*).... 

Si  Ton  désigne  par/(/i)  le  nombre  des  solutions  en   nombres 
entiers  et  positifs,  sans  exclure  zéro,  de  l'équation 

(l)  X\  -+-  3^2+  J^3  +  -  •  •+  (^V  —  ')-rv=  "■ 


238  CORRESPONDANCE    d'iIERMITE    ET    DE    STIELTJES. 

où  je  suppose 

v  =  E 

je  trouve  d'abord  que  l'on  a 

P=2/(*)?2"        (11  =  0,1,2,  ...)• 

Cela  étant,  ];i  fonction  numérique  f(n)  s'obtient  de  proche  en 
proche,  par  cette  formule  <lr  récurrence 

f{n)  =      fin  —  2)  — fin  —  io)  -t-/(/i  —  2  \)  — .  .  . 
-4-/(n—  '»)— /(«  — 14 )-*-/(»  —  °>o)  — . .. 

+ +  (_,),-!/,>_  3 /•'-+/•) 

+  (-i)r_,/(«  —  3/-s—  /•) 


Le  terme  e  est  égal  à  l'unité  ou  à  zéro,  suivant  que  n  est  ou  n'es! 

,     ,     r  m.2  -H  ni 

pas  de  la  tonne • 

1  2 

La  même  équation  donne  la  relation  suivante,  à  l'égard  de   la 

fonction  plus  compliquée 

F(/i)  =V(.r1-M)(.r2-M)...(lrv+i), 

où  le  signe    7    se  rapporte  à  tous  les  systèmes  x,,  ^r2,   ....  arv  de 
solutions  de  la  même  équation  (1).  On  a  alors 

p(.)=2(-r[F(.-^)+»(.-^)]+, 

au  lieu  de 

/(»)=a2(-I)r-1[/('*-3'"1-»-'-)+/('»~3'"1-'*)]-H« 

(/•  =  1,  2,  3,  . . .), 

la  sommation  s'étendant  à  toutes  les  valeurs  de  /•  telles  que  l'on 

ait,  soit 

3  /-2  ±  r 

n  —  n/,2±  /')  -  o         ou  bien         n  —  >o. 

2 

L'équation 

0(o)  =  (1  -  ry2)(i  -  ryi).  ..[([-  q)(i  -  q*)(i  -  q*).  .  .]* 

donne  lieu  à  des  conséquences  analogues  sur  d'autres  fonctions  qui 


LETTRE    \'2'-\-  239 

se  rapportent  à  L'équatioD  .r,  +  2X2-+-  3#3  +. . .+  nx„  —  /?,  mais 
ce  no  sont  là  que  des  remarques  bien  faciles  et  qui  ne  me  semblenl 
avoir  que  peu  d  intérêt. 

Dans  le  même  genre,  et  sans  faire  plus  d'efforts,  j'ai  complété  un 
article  de  M.  Heymann  (')  dans  le  dernier  cahier  de  Crelle,  <'n 
présentant  comme  il  suii  la  réduction  à  la  forme  I'  +  t'Q  d<-  l'inté- 
grale elliptique 


J     \J\{x  —  a  — 


dx 

ib) 


où  X  est  un  polynôme  du  deuxième  ou  du  troisième  degré  à  coef- 
ficients réels.  Le  module  \/(ûc  —  a)--\-b-  se  transforme  en  une 
expression  rationnelle,  en  posant 

&(*"  — 1) 

x  =  a  -+■ 


it 


or  on  Irouve  ainsi 


b(t—  »)«  .  dx  kb  ((  -4-  1  \dt 

x  —  a —  10  =  — — - — —  nuis  =  =  —  I  /  -         — 

a<  Jx  —  a—ib  V    2        /  /, 

T  T  . 

Désignant  par  —  on  —  >    suivant  que  X  est  du  deuxième  ou  du 

troisième  degré,  la  transformée  de  \  par  la  substitution  considérée, 
j'obtiens 

'  )  dt 


-V^ 


on  bien 

fb     rt(t-h£)dt 


\ftT 


C'est  le  résultat  bien  connu  de  Jacobi  qui  se  trouve  ainsi  fort 
simplement. 

En  vous  priant,  mon  cber  ami,  de  vouloir  bien  faire  parvenir  à 
M.  Baillaud  mes  remercîments  pour  l'envoi  qu'il  m'a  fait  d'excel- 
lents Mémoires,  où  j'ai  vu  avec  grand  plaisir  le  concours  analy- 
tique que  lui  a  prêté  M.  Tannery,  et  en  vous  renouvelant  l'expres- 
sion de  mes  sentiments  de  bien  sincère  affection. 


(')  Note  des  éditeurs.—  L'article  de  M.  Heymann  est  inséré  au  Tome  103  du 
Journal  de  Crelle,  p.  87-88  (1888). 


i\o  correspondant:  d  iieioiite  et  de  stieltjes. 

124.   -  STIELTJES    1    HERMITE. 

Toulouse,  le  17  juin  1888. 
MoNSIEl   1;. 

Je  suis  extrêmemenl  heureux  d'avoir  reçu  votre  lettre  qui  me 
montre  de  nouveau  votre  amitié  qui  m'esl  si  précieuse.  Mais, 
monsieur,  il  y  a  dans  votre  lettre  un  passage  qui  m'a  vivement  ému 
el  que  je  ne  peux  pas  laisser  sans  réponse.  \  ous  dites  :  0  Je  crois 
hirii  aussi  avoir  rencontré  autrefois  comme  conséquence  <lc  la 
relation  qui  lie  nne  forme  biquadratique  avec  ses  covariants  du 
sixième  el  du  quatrième  ordre  une  substitution  qui  ramène  l'inié- 
grale  elliptique  générale  à  la  forme  que  vous  considérez 

du 


f 


\/,\  /r3  —  .s  11 


el  peut-être  y  aurait-il  utilité  à  la  rapprocher  de  celle  dont  vous 

faites  usage 

H* 

U    =  -=T"     f)  . 

Or.    Monsieur,  je   suis   sûr  d'avoir  dit   expressément  dans   ma 

II 
lettre  que  j'ai  empruntée  vous  cette  substitution  u  = —■•  Mais, 

Monsieur,  c'est  un  résultat  classique,  aujourd'hui,  comme  du  reste 
tout  ce  <|ui  se  trouve  dans  ces  beaux  Mémoires  du  Tome  52  du 
Journal  de  d'elle.  Et  je  crois  que  si  mon  travail  a  quelque 
intérêt  ce   sera  surtout  à  cause  de  ce  qu'il  éclaircira  un  peu  la 

...                         IF,. 
nature  de  cette  substitution  II  = =t-« 

Je  me  propose  de  faire  un  exposé  un  peu  complel  de  mes 
recherches  el  con :  nos  Annales  sont  aussi  destinées  à  des  lec- 
teur- (|ui  ne  peuvenl  pas  se  procurer  facilement  tout  ce  qui  se 
publie  en  France  et  à  l'étranger,  je  donnerai  quelques  développe- 
ments, sans  crainte  de  répéter  des  choses  qui  sont,  d  est  \  rai,  bien 
connues,  mais  qui  me  sont  nécessaires. 

Le  seul  travail  sur  lequel  j'aurai  à  m'appuyer  seront  vos 
Mémoires  sur  les  fonctions  homogènes  à  deux  indéterminées.  La 
raison  en  esl  que  je  ne  peux  m'empêcher  de  regretter  que  si  eer- 


LETTRE    124.  '.'il 

tains  résultats  de  ces  Mémoires  classiques  sonl  répandus  mainte- 
nant dans  les  livres  élémentaires,  comme  celui  de  M.  Salmon,  on 
a  en  général  peu  reproduit  vos  démonstrations  et  enfin  les  idées 
(|iii  s'y  trouvent.  Ainsi,  par  exemple,  la  démonstration  de  la  rela- 
tion 

kg%-ipg-jp=hl 

est  souvent  donnée  simplement  par  une  vérification  opérée  sur  la 
forme  canonique  de/,  .le  trouve  aussi  dans  vos  Mémoires,  déjà,  la 
notion  des  invariants  et  des  covariants  irrationnels,  connue,  par 
exemple,  les  racines  0  de  l'équation  résolvante 

403—  i'0  -+-/  =  o. 

Dans  ces  dernières  années,  un  jeune  géomètre  allemand, 
M.  Hilbert,  de  Konigsberg,  a  repris  celle  idée  des  invariants  et 
covariants  irrationnels,  et  il  y  a  consacré  un  Mémoire  étendu  dans 
le  Tome  XXVIII  des  Math.  Annalen.  Je  pense  que  M.  Hilbert 
ne  vous  est  pas  inconnu;  j'ai  aussi  fait  sa  connaissance  à  Paris 
en  i 886. 

Naturellement,  comme  professeur,  j'ai  dû  étudier  aussi  un  peu 
les  travaux  d'Algèbre  de  Glebsch,  Gordan  et  de  leurs  disciples, 
pour  en  avoir  au  moins  une  idée  sommaire.  Mais  s'il  est  incontes- 
table que,  par  exemple,  le  théorème  de  Gordan  est  tout  à  fait  fon- 
damental,  je  ne  peux  m'empêcher  de  croire  que  ces  théories-là 
n'ont  pas  encore  reçu  leur  forme  définitive,  —  il  me  semble  que  le 
formalisme  (oppressant  pour  moi)  a  bien  besoin  d'être  vivifié  par 
des  idées. 

Vous  m'annoncez  l'envoi  d'un  fascicule  des  Rendiconti  de 
Païenne  et  je  dois  vous  en  bien  remercier,  mais  probablement 
pour  m'engager  à  y  souscrire,  on  m'a  envoyé  justement  deux 
fascicules  de  ce  Recueil  où  l'on  trouve  l'article  de  M.  Halphen. 
C'est  même  un  peu  par  cetarticle  que  j'ai  été  conduit  à  me  poser 
la  question  d'une  autre  manière. 

Il  est  é\  ident  par  là  que  mon  travail  n'est  pas  la  reproduction  de 
celui  de  M.  Halphen.  On  pourrait  le  considérer  comme  une  conti- 
nuation et  une  généralisation  de  ce  dernier. 

Votre  très  dévoué  et  respectueux. 


1  | :>.  C0RRESP0NDAME    1)  HERMITE   ET    DE    STIELTJES. 

125.  —  HERMITE    !    STIELTJES. 

Paris,  ig  juin  i8S8. 
Mo  N     CHER     Ull  . 

Je  mérite  grandement  les  reproches  que  vous  me  faites;  je  me 
les  suis  adressés  moi-même  après  vous  avoir écril  lorsque  peu  à  peu 
se  sont  réveillés  les  souvenirs  de  mes  recherches  d'Algèbre  qui 
remontenl  à  ] >l u <  de  trente  ans.  Mais  vos  reproches  onl  si  peu 
d'amertume  que  je  ne  m'engage  nullemenl  à  ne  pas  bien  d'autres 
fois  les  encourir,  en  écrivant  rapidement,  sans  beaucoup  réfléchir. 
Lorsque  j'ai  abandonné  mes  études  sur  les  formes  pour  m'occuper 
de  la  transformation  des  fonctions  abéliennes  du  premier  ordre, 
j'avais  entrevu  quelque  possibilité  d'étendre  aux  formes  à  trois 
indéterminées,  la  méthode  qui  m'avait  conduit  aux  lois  de  récipro- 
cité pour  les  formes  binaires.  C'est  dans  la  dernière  ou  l'avant- 
dernière  année  du  Journal  de  Cambridge  et  Dublin  que  j'ai 
exposé  mon  procédé  el  dans  l'espérance  «pu-  vous  ferez  ce  que  je 
n'ai  pu  faire,  que  vous  entrerez  en  pleine  et  complète  possession 
de  ce  que  j'ai  seulement  entrevu  de  loin,  je  viens  vous  prier  de 
jeter  les  yeux  sur  cet  ancien  travail,  le  plus  étendu  de  ceux  que 
j'ai  publiés  sur  la  théorie  algébrique  des  formes.  Vous  connaissez 
certainement  et  vous  admirez  comme  moi  le  Mémoire  de  M.  Sal- 
mon  sur  les  formes  cubiques  à  î  indéterminées.  Nous  aurez 
remarqué  le  complet  parallélisme  entre  les  covariants  et  les  con- 
travariants  de  la  forme  considérée  qui  m'a  extrêmement  frappé; 
j'en  tirais  l'induction  qu'il  doit  y  avoir  une  liaison  analytique  qui 
associe  nécessairement  à  tout  covariant  un  contravariant  de  même 
ordre,  et  en  me  bornant  aux  formes  ternaires,  c'était  cette  liaison 
que  je  voulais  d'abord  découvrir.  11  me  semblait  qu'en  étendant 
auxformes  ternaires  les  transformations  en  symboles  dont  j'avais 
fait  usage  pour  les  formes  binaires,  le  lien  cherché  apparaîtrait,  de 
sorte  qu'à  la  fois  on  aurait  une  loi  spéciale  de  réciprocité  interne 
entre  les  covariants  el  les  contravariants  el  la  généralisation  delà 
lui  de  réciprocité  que  j'ai  obtenue  entre  les  covariants  et  les  inva- 
riants des  formes  binaires.  Nous  me  dédommageriez,  mon  cher  ami, 
et  vous  me  feriez  oublier  le  regret  de  n'avoir  point  persévéré  dans 


LETTRE    !:>.').  243 

cette  voir  de  recherches,  si  vous  vouliez  I  •  i  *  - 1 1  avec  votre  <  I  <  >  m  d'in- 
vention, ingenium  divino  dono  aureum,  vous  y  engager  et  la 
suivre. 

En  attendant  que  vous  vous  décidiez  à  entreprendre  la  conquête 
des  lois  de  réciprocité  interne  el  externe,  je  vous  fais  mes  compli- 
ments, parmi  bien  des  choses  intéressantes  que  vous  m'avez  com- 
muniquées, en  particulier  pour  l'équation 

Y  1 1.,.  —  \  II ,  =  G II  (  p  -+-  q  x  -f-  xy  -+-  s 

qui  me  semble  extrêmemenl  originale.  Et  je  ne  saurais  trop  vous 
encouragera  écrire  pour  les  Annales  de  Toulouse  un  Mémoire  où 
la  concision  ne  nuise  pas  à  la  clarté  et  <pii  n'exige  poinl  pour  être 
compris  cette  attention  fatigante  qu'exigent  les  notations  par  trop 
condensées  de  Clebsch,  dont  l'usage  est  malheureusement  -.i  géné- 
ral. Je  ne  renonce  pas  à  peut-être  ajouter  quelques  remarques  à 
vos  recherches,  ayant  fait  l'année  dernière  pendant  les  vacances 
quelques  petites  choses  clans  un  domaine  voisin.  Mais,  en  ce 
moment,  il  me  faut  envoyer  un  article  à  Y  American  Journal,  el  je 
ne  suis  occupé  que  des  développements  en  série,  suivant  les  puis- 
sances de  r/,  des  quantités  {/k,  y/ '  k'  et  \Jkk',  A  l'égard  de  cette 
dernière,  j'ai  remarqué  qu'ayant 

lVkT'=yWq?Q 
ou  bien 

on  en  conclut  l'expression 

i;/tf=f/2"72(-i)V(")r) 

où  f(n)  est  le  nombre  des  solutions  de  l'équation  dont  je  vous  ai 

parlé 

e1-t-3c2-t-5c3-f-...-i-(2v  —  1  )  cv  =  n . 

On  a  pareillement 

y~k  =  J-2  \/q  P*Q  =  ^|f  =  Jl  VïJùi-lpfxWq», 

où  y,  (/i)  est  le  nombre  des  solutions  de 

c:  -4-  3  c2-f-.  .  .+  (2 m  —  i)cv+  2[Ci  -t-  3c'2-+-.  .  .4-  (2V  —  0c'v]  —  "' 


>'l'l  CORRESPONDANCE    D  BERMITE    ET    I)i:    STIELTJKS. 

Vous  savez  que  ce  dernier  développement  jour  un  grand  rôle 
dans  le  beau  Mémoire  de  Sonhke(<)  suv  les  équations  modulaires 
que  je  recommande  à  votre  souvenir.  De  vous  je  dirai  ta  ma  g  nus 
eris  .  [polio,  lorsque  \<mi^  aurez  pénétré  le  mécanisme  caché,  m\>- 
térieux  <l<-  la  disparition  des  coupures,  dans  leur  premier  membre, 
el  j'ai  confiance  que  vous  réaliserez  mon  espoir. 

\\  ec  ions  nu 's  vœux,  mon  cher  ami,  pour  le  succès  de  \  os  efforts 
et  de  vos  travaux,  el  en  vous  renouvelant  l'assurance  de  ma  bien 
sincère  el  cordiale  affection. 

P.  S.  —  Ne  vous  pressez  pas  «le-  me  renvoyer  le  rendiconto  que 
j'ai  eu  tort  de  vous  adresser,  je  n'en  ai  aucunement  besoin  main- 
tenanl. 

126.  —  H  ERMITE  A   STIELTJES. 

1  août  1S88. 
MONSIEUR, 


Mon 


127.  —  STIELTJES  A  H  ERMITE. 

8  août  iï 


128.  —  STIELTJES  A  IIERMITE. 

Toulouse.  io  octobre  1888. 
Monsieur, 

Vous    devez    avoir   quitté    Barèges    depuis    quelque    temps   el 
j'espère  que  I  i  cure  vous  aura  fait  tout  le  bien  possible.  Mainte- 

(')  Aole  des  éditeurs.  —  Les  travaux  de  Sonhke  sur  les  équations  modulaires 
sont  contenus  dans  deux  Mémoires  publiés  dans  le  Journal  de  Crelle,  Tome  1?, 
page  17S  et  Tome  1G,  pages  <j--i'io. 


LETTRE    12S.  245 

nant,  je  vous  prie  sincèrement  de  ne  pas  négliger  les  conseils 
des  médecins  et  de  ne  pas  faire  attention  à  ce  qui  suit  .si  le  tra- 
vail \011s  est  encore  défendu. 

Vous  connaissez  la  formule  de  M.  Prym 

T(a)=- [- h- — .+-..._}_Q(a) 

a        \.a  -t-  1         1.2. a -h  2        1.2. 3. a  H 

où 

Q ( a)  =  f      x"-  '  e~x  dx 

est  une  fonction  holomorplie  dans  tout  le  plan.  Voici  une  formule 
analogue  que  j'ai  obtenue 

(a)      l(a)COSTT«=: i 1 i —    —    +..,_(?(a). 

a       t .  a  -+-  1        1 .  2 .  a  -+-  1       1 .  2 .  3 .  «    :     I 

On  reconnaît,  d'après  le  théorème  de  Mittag-Leffler,  que  (j(r/) 
est  une  fonction  holomorphe  dans  tout  le  plan. 

Mais  tandis  que  dans  le  cas  de  la  fonction  Q(«)  de  M.  Prym  ce 

caractère  résulte  aussi  directement  de  l'expression  /     xa~K  e~1' d>\ 

les  choses  se  passent  un  peu  moins  simplement  dans  le  cas  actuel. 
Voici  l'expression  de  (?(«) 

t  /*  "°  x~~ a  e1"-1' 

(P)  (j(«)  =  r(i  — a)  valeur  PrinciP-J       l_x   ^ 

(valeur  princip.  d'après  Gauchy  =  Iim    /  -h  i         ]. 

Cette  formule  ((3)  n'est  valable  que  lorsque 
partie  réelle  de  a  «<-t-  1. 

Cependant  il  n'est  pas  difficile  de  reconnaître,  d'après  la  for- 
mule (|j)  elle-même,  que  Q(a)  est  holomorphe  dans  tout  le  plan. 
En  effet,  à  l'aide  de  l'identité 

1  x 

■ =  I  H , 


il  \  ienl 

(  Y  I  (j(a)  =  e  —  (a  -  1)  (j(a  —  1). 


246  CORRESPONDANCE    IMIERMITE    ET    DE    STIELTJES. 

Cette  relation  permettanl  de  déduire  {{(<')  de  Çj(a  —  i)  peut 
servir  à  continuer  la  fonction  Ç(a)  dans  toul  le  plan. 

La  formule  (a)  n'est  qu'un  cas  particulier  de  la  suivante  où 
/  esl  réel  el  |»i>^iti( 

fa  /  i     1  /  '     -  I  '  *-& 

(8)     T(a)cos~a  = 1 i 1 r --+-... 

a         i.a-j-i         I.2.A+2        i.2. 3.  a  -1-3 


r(i  —  à) 


r  "  ,r~a  e"1— jpJ 

valeur  princip.  /      ■ — —  «'/.r. 

.  /  i  —  .r 


J'indique  la  démonstration.  Soil  <p(f)  le  second  membre  de  (o), 
alors 

d<p(t)  ,   ,  i  d      .  .     .       rx  x-aeM~x)  7 

' ,       =  ta~i  c1 —  -y-  valeur  princip.   /       —  dx 

dt  Tu  —a)  dl  '  l  Ju  i  —  x 

—  fa-lel 1 /       x-aem-x)  dx  =  la-lel — ta~iet=o, 

r(i-«)J0 

en   sorte   que  <p(/)  est   indépendant   de    t.  Alors,    en    supposant 
o  <  a  <  i ,  on  obtient,  en  posant  t  =  o, 

i  r  °°  x~~ a 

o(t)  =  o(o)= valeur  princip.  /      dx. 

T  r(i  —  a)  l  J0     i  —  x 

Or  on  a 

/*œ   x~ a 
valeur  princip.   / dx  = —  -cotTra. 

••'o      !       ^ 

C'est  ce  qui  résulte  facilement  des  formules  que  vous  donnez 
dans  votre  Cours;  on  trouve  aussi  cette  formule  dans  Briot  et 
Bouquet,  Fonctions  elliptiques,  page  ij).  11  en  résulte 

?(0  =  <?(<>)  =  YU  —  a)  =  r(a)  cosiea-         c.Q.r.r». 

Naturellement,  il  faut  justifier  la  dififérentiation  sous  le  signe  / 

el  aussi  montrer  qu'on  peut  faire  légitimement  t  —  o.  Aussi,  on 
établit,  de  celte  façon,  la  formule  d'abord  seulement  pour 

o<P.R.a<i  ('), 

mais  ensuite  on  voit  qu'elle  ne  peut  cesser  de  rester  vraie  sans 
cette  condition. 

(')  Note  des  éditeurs.  —  La  notation  P. II. a  signifie  partie  réelle  de  a. 


LETTRE    129.  :'.'l7 

Je  vous  renouvelle,  Monsieur,  mes  vœux  pour  le  rétablissement 

de  voire  sa  nié  dont  j'espère  recevoir  «le  meilleures  nouvelles  que 
la  dernière  fois.  C'est  là,  je  \<>us  L'avouerai,  un  peu  la  raison  <le 
celle  lettre  et  vous  pouvez,  considérer  la  fonction  I'  simplement 
comme  un  prétexte  de  vous  écrire  une  lettre  peut-être  déjà  trop 
longue. 

Veuillez  bien  nie  croire  voire  1res  dévoué. 


129.  —  II ERMITE  A  STIELTJES. 

Paris,  12  octobre  1888. 
Mon  cher  ami, 

Je  viens  vous  remercier  et  vous  dire  que  votre  théorème 

a        î .  (  a  -+- 1  )         i .  -i.  (  a-+-  i  )  '' 

m'a  fait  grand  plaisir;  permettez-moi,  en  même  temps,  de  vous 
prier  de  publier  votre  lettre  dans  le  Bulletin  de  M.  Darboux 
afin  <[ne  d'autres  que  moi  en  profitent.  Les  valeurs  principales 
des  intégrales  définies  dont  Cauchy,  qui  en  a  donné  le  premier 
la  notion,  a  été  seul  jusqu'ici  à  employer,  méritent,  comme  vous 
le  faites  bien  voir,  la  plus  grande  attention,  el  je  pense  que,  à 
cet  égard  tout  particulièrement,  la  publication  de  votre  lettre 
rendrait  grand  service. 

Permettez-moi  de  rapprocher  votre  expression 

Q(a)  =  v.  p.    /       

']y    '       T(i-a)       '    ./0  i-x 

d'un  résultat  que  m'a  communiqué  M.  Lerch. 
Soit 


QO)  =   /     xa~le~x  dx 
•j 1,1 


la  fonction  holomorphe  de  M.  Prym,  on  a 


i  r°°  e«*xx-a   , 

ewQ(a)=— /       d.r. 

r  (  i  —  a  )  J0        i-hx 

Ces  fonctions  Q(a),  Q(«)  sont  d'une  nature  très  mystérieuse, 


248  CORRESPONDANCE    d'hERMITE    ET    DE    S  I  IF.LTJF.S. 

bien  qu'holomorphes,  et,  quelque  mal  que  je  me  suis  donné  pour 
v  parvenir,  je  n'ai  pas,  à  mon  gré,  réussi  à  trouver  une  expres- 
sion suffisamment  explicite  pour  Q(#).  Il  y  a  quelques  mois,  en 
ayant  sous  les  veux  le  simple  développement  en  série 


Q(fl)=2c„fl"         où        c„=        ]  I 


e-x\osncc   , 

2 d.c. 


l'idée  m'esl  venue  de  chercher,  en  appliquant  la  méthode  de 
Laplace,  la  ^  •  1 1 •  1 1 1-  asymptotique  de  :?„.  Voici  ce  que  j'ai  trouvé; 
écrivant  d'abord,  au  moyen  d'une  intégration  par  parties, 


' — f 

1.1. .  .n  —  i .  //  ,  ' 


e~x  ïo"nx  dx. 


Je  désigne   par  x-=\  la   racine   de   l'équation   xlogx  =  n   et 
j  obtiens 


M.  Bourguel  a  eu  la  bonté  d'appliquer  celle  formule  en  supposant 
/j  =  i8,  afin  de  voir  l'approximation.  On  trouve  alors 

Ç  =  8,46... 

cl 

C17  =  0,0000  COOO  OOOO  12.  .  ., 

et  l'une  de  ses  Tables  donne 

c17  =  0,0000  0000  0000  is. . . . 

ce  qui  esl  un  accord  plus  grand  que  je  ne  pouvais  l'espérer.  Mais 
mon  expression  avec  la  quantité  ;  ne  fait  que  me  confirmer  dans 
mon  sentiment  de  la  nature  analytique  profondément  cachée  el 
abstruse  de  la  transcendante.  Comme  ç  est  évidemment  moindre 
que  //.  on  reconnaît  que  la  limite  pour  n  infini  de 

it   1 , 

Vcn-\ 

est  inférieure  à  l'unité,  ce  qui  est  d'un  mince  intérêt. 

J'e  pèi  ■   que   nous  ne   vous  refuserez   pas   à   la   publication  de 
ms  le  Bulletin  de  M.  Darboux,  à  qui  je  la  donnerai, 


LETTRE    1-30.  .',<, 

à  moins  d'avis  contraire  de  votre  part.  Pensez-vous  aux  coupure 
des  équations  modulaires?  Permettez-moi  d'espérer  que  vous  ne 
les   oubliez    pas,   e1    veuillez   agréer,   mon   cher  ami,   La   nouvelle 
assurance  de  ma  bien  sincère  et  cordiale  affection. 

J'ai  écrit  avant  les  vacances  à  M.  Bosscha  qui  avail  eu  la  bonté 
de  me  demander  si  j'avais  reçu  le  premier  volume  des  Œuvres  de 
Christian  Huygens,  pour  l'informer  qu'il  ne  m'étail  pas  parvenu. 
Pourriez-vous,  si  \<>ns  en  aviez  l'occasion,  faire  savoir  que  la 
maison  de  librairie  qui  doit  me  le  remettre  ne  l'a  point  encore 
fait. 

130.  -  STIELTJES  A   HERMITE. 

Toulouse,  i3  octobre  r888. 
Cfiek  Monsieur, 

Je  vous  remercie  bien  vivement  de  voire  lettre  <[ui  me  fait  savoir 
que  vous  vous  portez  bien,  cl  quoi  que  von  voudriez  dire,  je  suis 
certain  que  vous  continuerez  encore  à  exercer  une  grande  influence 
sur  les  progrès  des  Mathématiques.  Ce  que  j'ai  surtout  appris  de 
vous,  c'est  cette  conviction  que  la  véritable  nature  des  formules 
que  nous  employons  nous  échappe  encore  bien  soin  ent  et  que  rien 
n'est  plus  digne  d'intérêt  que  de  réfléchir  sur  leur  véritable  nature. 
Et  que  j'ai  encore  beaucoup  à  apprendre  sous  ce  rapport;  ma 
formule 

T(a)  cosua  = 1 -4- . .  . —  U(a) 

a        i .  a  -t-  i 

en  fait  foi.  En  effet,  je  la  connaissais  depuis  2  ou  3  ans,  mais  je 
lécrivais  ainsi 


/     sca'xex  dx  =  T(a)  costi«  -+-  — v.  p.    / 

-h  r(i-a)  J 


x-aet  \-x)  dx 


Je  l'avais  obtenue  en  cherchant  i\v-<  formules   qui  permettent 
d'évaluer,  avec   une  grande  approximation,   par  une   série  semi- 


convergente  la  transcendante 


,"  dx, 


-  0 

dans  le  cas  où  t  est  très  grand.  C'<  ivail  que  j'ai  eu  même 


2.5o  CORRESPONDANCE    D'HERMITS    ET    DE    ST1ELTJES. 

l'intention  un  moment  «1  insérer  dans  ma  thèse.  Mais  c'est  seule- 
menl  dernièrement,  lorsque  ce  travail  incomplel  m'esl  passé  sous 
les  yeux,  que  j'ai  reconnu  la  nature  véritable  du  résultai  que  j'avais 
obtenu.  Il  y  a,  Monsieur,  un  léger  inconvénient  à  insérer  ma 
lettre  dans  le  Bulletin;  c'est  qu'il  doit  y  paraître  prochainement 
un  autre  article  de  moi,  qui  est  déjà  dans  les  mains  do  M .  Darboux. 

Mais  j'ai  repris  mon  travail  sur   /    :r" '"'  & '■' clx}  et  je  pense  en  faire 

un  article  pour  nos  Annales. 

Dans  l'article  du  Bulletin  ('),  dont  je  viens  de  parler,  je  fais 
voir  que  l'intégrale  générale  de  l'équation  d  Euler 


il.r 

7* 


X  =  a„x'*-+-  \a^xz 


dy 

W 

Y=  fl„7v' 


4«ij 


est 


t  -+-  y 


y 


xy 


'X 

«r 

«1 

c/., —  2C 

a  g  -+-  c 

«3 

«3 

"', 

(c  =  const.  arbit  ). 


\  otre  expression  approchée  du  coefficient  c„  dans  le  développe- 
ment 0(rt)  =  ÏC/,<7"  m'intéresse  beaucoup.  Vous  savez  que,  du 
temps  où  j'étais  astronome,  j'ai  gardé  le  goût  des  calculs  numé- 
riques et  des  formules  qui  peuvent  servir  utilement  dans  la  pra- 
tique. Je  dois  étudier  un  peu  celle  expression 

r  1 


•«  +  » 

Je  ne  suis  point  du  tout  étonné  de  l'approximation  avec  laquelle 
\ous  avez  représenté  ainsi  c,-...,  au  contraire,  j'incline  à  penser 
qu'on  doit  avoir  ainsi  une  approximation  bien  plus  notable  encore. 

J'ai  vu  que  M.  Hilberl  vous  a  écrit    une  lettre  (2)  où  il  donne 


(')  Note  des  éditeurs.  —  Sur  l'équation  d'Euler  (Bulletin  des  Sciences 
mathématiques,  2' série,  t.  XII;  p.  222-227;  1888). 

(- )  .\olc  des  éditeurs.  —  Journal  de  Liouvillc,  4e  série,  t.  IV;  iSS*.  K\tr.iir 
d'une  lettre  de  M.  D.  Hilbert  à  M.  Ilermite. 


LETTRE    131.  -'i 

une  idée  sommaire  de  ses  belles  recherches  algébriques  dans  les 
Mathematische  Annalen.  Ces  recherches  m'intéressenl  beaucoup 
et  présentent  quelques  points  de  contael  avec  un  travail  que  j'ai  à 
peine  commencé,  mais  dont  le  I  > 1 1 1  final  es!  de  représenter,  sous 
une  forme  élégante,  les  intégrales  générales  du  système  d'équa- 
tions différentielles  hyperellip tiques,  il  est  surtout  importanl  «le 
voir  clairement  comment  les  constantes  arbitraires  entrenl  dans 
les  formules.  Le  résultai  de  Jacobi  {Œuvres,  t.  11,  p.  i  -  »  —  <i  suiv.) 
laisse  beaucoup  à  désirer  sous  ce  point  de  vue.  I>e  résultai  pour 
l'équation  d'Euler  est  un  premier  pas  dans  celte  direction.  La 
formule  de  M.  Lerch 

_ ,    v  i  rx  e-^*x~adx 

vv    '       l\i  —  a)J0  i  +  x 

m'était  Lien  connue,  elle  se  trouve  sous  une  forme  légèrement 
différente  dans  le  Traité  de  M.  Schlômilch  (t.  II,  3e  édit.,  p.  367) 

/      ■—  e~vdv  =  — =-^ /  — e-'dt. 

Mais  il  ne  fait  point  de  doute  que  M.  Schlômilch  n'avait  point 
envisagé  cette  formule  sous  le  même  point  de  vue  que  M.  Lerch. 

Veuillez  bien  agréer,  cher  Monsieur,  l'expression  des  sentiments 
respectueux  de  votre  très  dévoué. 


131.  —  STIELTJES  A  II ERMITE. 

Toulouse,  le  i4  octobre  1888. 
Cher  Monsieur, 

Il  m'a  semblé  qu'on  devait  obtenir  la  valeur  de 


— î—  r 


e~x(logx)ndx 


avec  une  plus  grande  approximation,  en  suivant  votre  idée,  que  le 
calcul  numérique  ne  le  faisait  voir.  En  reprenant  les  calculs,  je 
trouve  des  formules  et  des  nombres  un  peu   différents.   Je  peux 


■  »2  CORRESPONDANCE    D  HERMITE    ET    DE    STIELTJES. 

garantir  l'exactitude  du  résultai  suivant  : 


asymptotiquement 


;       Wn  -+-  \ 

;  l"g;  =  n. 

Pour 

n  =  18,        ?  =8,  139243  ..., 

I  expression  approchée  donne 

0,00000000001101711  1. 

lundis  que 

0,00000000000018]   j 

c^t  la  valeur  donnée  par  M.  Bourguet,  mais  les  derniers  chiffres  1  \ 
n     sonl  pas  sûrs. 

J'étais  sûr  d'avance  que  l'approximation  devait  être  plus  grande 
que  nos  nombres  ne  l'indiquaient,  car  le  rapport 

c/t_!  :  Expr.  approchée 
doit   tendre  vers  l'unité  pour  n  =  oo  et  il  serait  surprenant  s'il  était 

I  18  Q 

encore  1  - ,  =  —  pour  n  =  10. 

1  ■>.  l 

J  ai  écrit  un  mot  à  M.  Bosscha  que  je  connais  très  bien,  d  était 
professeur  de  Physique  à  l'Ecole  Polytechnique  lorsque  j  \  faisais 
mes  études  (?)  ;  plus  tard,  tandis  qu'il  était  directeur  de  l'école,  j'y 
ai  remplacé  pendant  quelques  mois  un  professeur  malade. 

Veuillez  bien  agréer,    Monsieur,   la  nouvelle  assurance  de  mon 

entier  dé\  ouemenl . 


132.   —  HEU  MITE  A   STIELTJES. 

Paris,  le  i<>  octobre   i 
Mon   cher    ami. 

Votre  lettre  du    i  \  m'arrive  bien  à  propos  et  j'espère 

qu'une  nouvelle  demande  de  publication  que  je  viens  vous  faire  ne 
souffrira  pas  de  difficulté  comme  la  précédente.   V  la  séance  d  hier 
académie,  M.  Camille  Jord  uu  me  demander  un  a 


LETTRE    132.  253 

pour  son  journal  en  y  mettant  tanl  d'instances  qu'il  ne  m'a  pas  été 
possible  de  refuser;  mais,  pour  tenir  l'engagement  qu'il  m'a  fallu 
prendre,  permettez-moi  d'invoquer  votre  assistance.  La  modifica- 
tion  que  nous  avez  introduite  dans  l'expression  de  cn  i,  donl  l'ori- 
gine cl  la  raison  m'échappent  entièrement,  me  semble  extrêmement 
intéressante  à  cause  de  l'approximation  inattendue,  inespérée 
qu'elle  permet  d'obtenir.  Aussi  j'ai  pensé  ne  pouvoir  mieux 
répondre  au  désir  de  M.  Camille  Jordan,  comptant  sur  vous,  mon 
cher  ami,  qu'en  vous  adressant,  si  nous  le  voulez  bien,  une  lettre 
qui  contiendrait  le  calcul  fort  simple,  de  l'application  à 


llCa-i  =    / 


e~x  \o£"x  dx 


de  la  méthode  de  Laplace  et  la  faisant  sui\  re  de  \  otre  réponse  con- 
tenant votre  beau  résultat,  avec  des  applications  numériques  qui  en 
font  ressortir  la  valeur.  Si,  comme  je  le  désire  beaucoup,  ma  pro- 
position nous  agrée,  j'en  informerai  sans  tarder  M.  Camille  Jordan 
qui  en  sera  enchanté,  et  je  rédigerai  sur-le-champ,  en  détail  el 
longuement  mes  calculs.  Je  dois  aussi  envoyer  une  Noie  au  Journal' 
Américain  ;  en  voici  l'objet,  et  si  ce  n'était  pas  abuser  de  votre 
complaisance,  je  serais  extrêmement  content  de  l'accompagner  de 
remarques  de  vous,  s'il  arrivait  que  la  question  vous  intéressât 
quelque  peu.  Vous  savez  que  la  quantité 

ni  (m  —  i) . . . ( m  —  n  4-  i ) 

(m)n  =  — 

i .  2 . . .  n 

est  un  entier  divisible  par  m  quand  m  est  un  nombre  premier;  j'ai 
fait  la  remarque  qu'il  en  arrive  ainsi  lorsque  m  est  premier  avec  n. 

Et  plus  généralement  (m)rt  est  toujours  divisible  par    v>   S  dési- 
gnant le  plus  grand  commun  diviseur  des  deux  nombres  m  et  //. 
Soit  encore  s  le  plus  grand  commun  diviseur  de  (m  +  i)  el  //, 

,     N              .               r               ih+i  —  n 
(/;?)„  contient  en  tacteur 

En  vous  remerciant  bien  de  la  peine  que  vous  avez  prise  d'écrire 
à  M.  Bosscha,  et  en  vous  priant  de  me  faire  don  de  votre  article  des 

dx 
Annales  de  Toulouse  sur  la  différentielle  — i   que  je  veux  rap- 

procher  de  quelque  chose  que  j'ai  fait  sur  le  même  sujet,  je  vous 


•»l  CORRESPONDANCE    I)  HERM1TE    ET    DE    SÏ1ELTJES. 

renom  cl l<',  mon  cher  ami,  l'assurance  de  mon  affection  bien  sincère 
el  bien  dévouée. 

133.  —  STIELTJES  A   HERMITE. 

Toulouse,  le  17  octobre  1888. 
Cher   Monsieur, 

Votre  lettre  me  cause  un  peu  d'embarras,  \<>i<i  pourquoi. 
Comme  le  résultat  du  calcul  de  M.  Bourguet  ne  me  semblait  pa9 
satisfaisant,  j'ai  repris  ce  calcul,  en  calculanl  aussi  de  nouveau 
l'expression  approchée  de  cn_t.  Mais  mon  résultai 

g     n-l  el-\ 

v  X 


;      -  V» 
ne  diffère  pas  «lu  vôtre 


ç/l 


C,i-l 


s/n  +  t 


car.  à  cause  <lf  11  =  i  log  ç,  «m  a  e"  =  ç^.  Je  me  suis  donc  trompé  en 
d i s.i  1 1 1  que  j'avais  obtenu  une  autre  formule.  . ..  le  résultat  < le  mon 
calcul  numérique  différant  assez  sensiblement  de  celui  de  Al.  Bour- 
guet, j'ai  cru  à  tort  qu'il  devait  \  avoir  quelque  erreur  dans  votre 
formule;  l'erreur  était  dans  le  calcul  de  M.  Bourguet.  Comme  cela 
(loi l  cire,    nu  a.  .  . 

liai  — —  =0  et  ...(') 

C/l-l 

li mile  zéro. 

.l'ai  fait  encore  le  calcul  pourra  =  1 1  et  \-  : 

n  =  1 1,        ;  =  6,089  1 1  3  9 
Valeur  approchée. .     0,00000018993  ) 
Table  I> 0,00000019  29}  ) 

n  =  17,         |  =  8,n8  "7  i  7 

Valeur  approchée  . .     0,0000000000014171   ) 
Table  B o,ooo< 00  0001  [2  \~  \ 

Du  resl  :.  .  .  je  \ais  faire  le  calcul  pour  les  huit  valeurs 

n  =  n ,  1 1 ,  ....  1  s . 

(')  Un  coin  de  la  lettre  de  Slieltjes  est  déchiré. 


LETTRE    L33.  255 

Il  se  pourrai!  bien  que  la  valeur  approchée  calculée  pour  n  =  iS 
soit  plus  exacte  que  celle  qui  figure  dans  la  table  de  M.  Bourguet, 
quoique  j'ai  beaucoup  de  peine  à  admettre  que  les  nombres  de 
M.  Bourguet  puissent  être  en  erreur  de  [oo  unités  -  cela  ne  doil 
pas  être. 

Maintenant,  Monsieur,  je  me  sens  un  peu  coupable  de  vous  avoir 
don ik''  l'espoir  de  pouvoir  vous  être  utile  dans  cette  occasion.  Vous 
voyez  qu'il  n'en  est  rien.  J'espère  que  nous  voudrez  bien  m'ab- 
soudre,  si  je  m'engage  à  vous  envoyer,  dans  quelques  jours,  un 
Mémoire  sur  le  développement  de  l'expression  ('  ) 

[1  —  2/'(cosm  cosa'  cosjf  -+-  sin  u  sin  u'  cosy)  -+-  r2]—1. 

Je  n'ai  jamais  rien  publié  sur  cela  que  la  courte  Note  dans  les 
Comptes  rendus  (1882).  Ce  travail  me  reste  cher  toujours,  parée 
qu'il  a  ('■[('■  pour  moi  l'occasion  d'entrer  en  relation  avec  vous  el  avec 
M.  Tisserand.  J'en  ai  remanié  au  moins  vingt  fois  la  rédaction,  en 
y  ajoutant  des  tables  assez  étendues.  Mais  j'ai  fini  peut-être  par 
donner  plus  d'étendue  à  ces  calculs  numériques  «pie  cela  n'est 
raisonnable  et  la  suite  en  est  que  ce  travail  reste  toujours  inachevé. 
Mais  je  veux  faire  maintenant  simplement  un  article  théorique.  Je 
pourrai  donner  plus  tard  mes  labiés  dans  les  Annales  de  V Obser- 
vatoire de  Toulouse  avec  une  courte  explication;  elles  seront  là 
aussi  mieux  à  leur  place.  Nous  voudrez  bien,  n'est-ce  pas,  recom- 
mander ce  travail  à  la  bienveillance  de  M.  Jordan. 

Je  vous  enverrai  en  même  temps  le  résultat  de  mes  calculs  pour 
n  =  1 1 ,  12,  . . .,  18  dont  vous  pourrez  faire  l'usage  que  vous  vou- 
drez. 

Je  \ous  renouvelle,  Monsieur,  l'assurance  de  mes  sentiments 
très  dévoués. 

P.  S.  —  Je  vous  envoie  en  même  temps  ce  que  j'ai  écrit  sur  — — .. 

1  l      J  j/X 

J'avais  déjà  rédigé  la  seconde  partie,  mais  je  crois  qu'il  sera  pos- 
sible de  donner  à  mon  résultat  une  forme  beaucoup  plus  élégante 
(analogue  à  l'intégration  de  l'équation  d'Euler).   Je   me  propose 


(')  Note   des   éditeurs.    —    Le   Mémoire  dont  parle  Stielljes  a   paru  dans    le 
Tome  V  de  la  (\°  série,  p.  55-65,  du  Journal  de  Liouville  (1889). 


CORRESPONDANCE    d'bERMITE    ET    DE    STIBLTJES. 

de  trouver  cela  d'abord  el  cetl  se  fera  attendre 

encore   un  peu  pour  cette  raison.   En  ce  moment  je  n'ai   pas  pu 
réfléchir  sur  votre  théorème  concernant  (/>?)«. 


134.  -  STIELTJES  A   ///./IMITE. 

Toulouse,  le  18  octobre  i vvS. 
Cher    Monsiei  r  . 

Le  calcuJ  numérique  de  votre  expression  approchée  m  a  conduil 
à  un  résultat  surprenant  : 

Soil    '•;,  i  votre  valeur  approchée  de  c*;  voici  alors  le  résultai  : 

c0  =  (c0)  xi  ,o387, 
Ci  =  (ci)  xi  ,o35  ">. 
c2    =  (c2)    X I,o3l2, 

C.3     =  (C3)     X   I  ,0277, 

c4  =  (c4)    xi  ,02  »9, 

C5     =  (cs)     X   ! ,0226, 

Ce  =  (c0)  xi  .0208, 
c-  =  (c7)  x  1  ,0  1 9  '. 
cj   "i  c8)        1 ,0179, 

C9     = (Cg)      X   i  ,Ol68, 

c10  =  (c10)  x  t,oi58, 
Cji  =  (c11)  X  i,oi5o, 
cn=  (en)  x  1,0142, 
Ci3=  (C13)  x  1  ,oi3G, 

c14  =  (cu)  X  1  ,OI28. 

D'après  Les  valeurs  données  par  M.  Bourguet,  on  aurait 
Cis  =  (cis)  X  1 ,01  32, 

ClC=  (Cig)  X  1  ,0054, 

Ci7  =  (c17)  x  1  ,o663, 

mais  cela  indique  sans  aucun  doute  qu'il  s'esl  glissé  une  erreur 

dans  le  calcul  à  partir  de  c)S le  vais  reprendre  le  calcul  de  ct  3, 

i7,  ...  d'après  les  données  de  M.  Bourguet  dans  son  Mémoire. 
Si  vous  jugiez  opportun  de  l'avertir,  il  pourrail  peut-être  faire  ce 
calcul  (qui  est  vite  terminé)  mieux  que  moi. . .,  carila  vraisembla- 


LETTRE    1  '■)'■').  ::■>- 

blement  fail  Le  calcul  avec  nu  ou  deui  chiffres  <lc  plus  qu'il  n  en  a 
donné. 

Voilà    certainemenl    nn    curieux    résultat,    que    votre    formule 
approchée  indique  clairement  une  erreur  dans  les  tables!  ! 

Je  travaille  à  mon  Mémoire: 

Votre  tout  dévoué. 

Je  crois  qu'il  sera  bon  de  reprendre  aussi  le  calcul  de  Ci 3  el  r, ., . . 
quoiqu'une  erreur  ne  soit  pas  claireiiieul  indiquée;  r,  .,   paraît  un 
peu  suspect. 

135.  —  STIELTJES    1   HERMITE. 


l'oiilousp,  le  19  octobre  1888. 

Ci 7.  mais  en  supposanl 


Cher  Moksieuk, 

Je  viens  de  refaire  le  calcul  des  c0,  . 
que  les  valeurs  des  B; 

r(# -+-*)  =  n-Biar-hB,»*-*-.  .., 

données  page  291  soient  exactes.  Voici  les  corrections  don!  onl 
besoin,  dans  cette  supposition,  les  valeurs  des  a  : 


c0 . . 

0 

\ 

Ci  . . 

-  24 

c,0  .  . 

-H  128 

c2  .. 

-1-125 

Cn  •  • 

.      —128 

c3  . . 

.     — 134 

C12  •  • 

.      +128 

c4.. 

-+-I34 

Cl3-< 

•      —129  ' 

unités 

cô  ■ 

-i34 

CU.. 

•     +i^9  | 

dernière  décimale. 

CÈ  .  . 

-i-i33 

Cifi  .  • 

—  i3o 

c7  .  . 

— 133 

C|6  •  • 

.     -+-i3o 

c8.. 

-t-i34 

en  . 

•     —'29 

c8  .. 

-i34 

; 

Après  ces  corrections,  il  vient 


c0  = 

(c0)  X  1 

,0387 

Ci  = 

(Cl)  XI 

,o355 

c2  = 

(CS)  X  I 

,o3i2 

Cl  = 

(c3)  XI 

,0277 

c4  = 

(c4)X  I 

,0249 

CS  = 

(C5)  X  1 

,  022G 

C6  = 

(c6)xi 

,0208 

C7  = 

(c7)xi 

,0192 

t'8  = 

(c8)  x  1 

,OI79 

c9  =  (c9)  X  I  ,"i lis 
Cio=  (cio)  x  1 ,01 58 
cn=  (en)  x  t ,oi5o 

Cl2  =  (C12)  X  I,Ol42 

cis=  (cis)  x  i,oi36 
eu=  (cu)  x  i,oi3o 

Ci6=  (Cis)  X  [l,OI2l] 

cis=  (ci6)  X  [i,oi45] 
c17  =  (cn)  X  [1  —  0,0095  I 


Valeurs 

qui 

semblent 

exigées 

par  la 

Ancien- 

marche 

nement. 

de  la 

1 ,0128 

fond  iiui. 

I ,Ol32 

I ,0125 

1 ,oi54 

I ,OI20 

1  ,o663 

I ,01l6 

258  CORRESPONDANCE    D  H  ERMITE    ET    DE   STIELTJES. 

Il  \  a  une  amélioration,  mais  La  valeur  pourc15...  reste  légère- 
mcnl  erronée...  el  la  même  chose,  à  plus  forte  raison,  pour  c,r, 
el  <i:. 

En  adoptanl  pour  Cn  le  facteur  i  ,oi  l 'i  il  vienl 

O, OOOOOOOOI72]  [1  ''1;  1  —  . . .  1 701 J. 

avec  une  erreur  certainemenl  inférieure  à  1  unité  (car  le  facteur  ne 
peul  pas  être  en  erreur  de  0,0006,  j  estime). 
La  valeur  de  M.  Bourguel  esl 

c,7  =  o, . . .  1814         Valeur  exacte  :  172 1         Erreur  :  g3. 

Après  ma  correction  de  —  1  29 

C17  =  o,. . .  i685         Valeur  exacte  :  1721  Erreur  :  36. 

Lapplication  de  ma  correction  a  donc  diminué  l  erreur,  mais 
toujours  la  différence  de  36  est  un  peu  forte.  Du  reste,  je  me  suLs 
convaincu  encore  d'autre  manière  |  en  posant  sc=  —  1  dans  la 
série 

Qi  x  1  =  >]  >■;,.!•" 
0 

el  en  comparant  avec  la  valeur  exacte  de  0( —  1  )]  qu'il  existe  même 
après  mes  corrections,  des  erreurs  assez  considérables.  Je  crois 
qu'il  reste  encore  des  erreurs  d'une  centaine  d'unités.  La  cause  de 
cela  doit  être  que  les  coefficients  B  sont  entachés  d'erreurs  de  cet 
ordre.  \  ous  voyez  que  déjà  pour  n  =  18...  ce  n'est  pas  la  table 
qui  peut  juger  de  l'approximation  de  votre  formule,  mais  récipro- 
quement cette  formule  donne  la  valeur  exacte  et  met  en  évidence 
l'erreur  de  la  table. 

Mais  ce  qui  vous  fera  plaisir  (comme  moi),  c'est  de  voir  avec 
quelle  fidélité  votre  formule  représente  les  cn  à  partir  de  c0  même! 
Pour  71  =  1,  2,  ç  est  plus  petit  que  n  ;  évidemment  cela  reste  vrai 
tant  que  n  <  e.  Pour  n  =  2,  ^  =  n=  e.  Une  autre  fois,  lorsque 
j'aurai  le  loisir,  je   me   propose  d'interpoler  et  de  prendre,   par 

exemple,  /i  =  3\:  c„    ,  =  =-. /     (\osx)ne~T dx.  Je  ne  doute 

1  >>   «_i      r(/n-i)  J0    K    °   ' 

pas  que  le  facteur  ne  tonifie  entre 

1 . o  î 1  »        el         1 .o>--. 


LETTRE    136.  20$ 

Si,  pour  la  comparaison  de  votre  formule  approchée,  vous  dési- 
riez les  valeurs  numériques  des  (cfl),  elles  sonl  à  votre  disposition. 
Mais,  à  proprement  parler,  il  me  semble  que  le  rapport  cn  '.  (cn)  mel 
mieux  en  évidence  la  marche  de  l'approximation. 

Voire  sincèremenl  dé\  oué. 

136.  —  Il  ERMITE  A  STIELTJES. 

Paris,  19  octobre  1888. 
Mon  cheii   ami, 

Je  viens  vous  remercier  de  votre  Mémoire  sur  la  transformation 
linéaire  de  —  ;  j'aurais  le  plus  grand  intérêt  à  le  rapprocher  d'un 

travail  que  j'ai  fait  l'année  dernière  pendant  les  vacances  sur  la 
réduction  de  la  même  quantité  à  la  forme  canonique,  mais  d'autres 
choses  plus  pressées  m'en  empêchent  et  j'attendrai  d'avoir  un  peu 
plus  de  liberté  pour  bien  étudier  votre  analyse  et  vos  résultats. 
Recevez  surtout  mes  remerciements  pour  les  calculs  numériques 
que  vous  voulez  bien  mettre  à  ma  disposition  et  qui  me  sont  singu- 
lièrement utiles  pour  justifier  ma  formule  asymptotique  de  c„_,, 
n'ayant  pas  réussi  à  ma  honte,  à  mon  grand  dommage,  dans  mes 
tentatives  pour  conclure,  de  la  méthode  de  Laplace,  une  limite  de 
l'approximation  obtenue.  Je  ne  puis  cependant  m'empêcher  de 
croire  qu'il  y  ait  moyen  d'y  parvenir;  voici  un  cas,  par  exemple, 
extrêmement  simple  et  facile  qui,  bien  certainement,  ne  doil  pas 
être  unique.  Considérez  l'intégrale 


r  x        (U  i.3...  ■>.  h  —  1  - 

/       (H-  ^)"  +  l   "  »..4..  .'ïn       ~i. 


et  faites 


\ous  aurez 


1+**  =  *-■*■»: 
dt 


—  =  x(ex —  1  ) 


et,  par  conséquent,  cette  transformée 

/.-  _• 

J  =   /      e-"l'-x(ev"-—\  1    ïdx. 


>Go  CORRESPONDANCE    d'hERMITE    ET    DE    STIELTJKS. 

Il  suffît  maintenant  de  remarquer  que  L'on  a 


ex  =  i  -f-  Te"-1, 
puis 

exi  =  i -     '  :- 


r),-- 


où  0  est  compris  entre  zéro  el  I  unité,  ce  qui  permet  'I  écrire 

-   (n 


r 


dx. 


\w\  deux  limites  0  —  o  et  0  =  i .  nous  avons  donc 


L'intégrale   proposée  est  évidemment  comprise  entre  ces  deus 
quantités  et  l'on  peut  écrire 

i.3.5. .  .in  —  i  _  i 

2.  \.6...in       ~  V/T77m"j' 

la  quantité  s  étanl  inférieure  à  -■   Que  je  serais  content  si  celle 

formule  pouvait  vous  allécher  et  vous  donner  la  tentation  d'en 
trouver  une  semblable  pour  c„_t  ! 

J'ai    immédiatement   écrit  à  M.  Jordan  pour  lui  demander  de 
I millier  dans  son  Journal  votre  Mémoire  sur  le  développement  de 

i 
|i  —  %r  cosu  cosu  cosa7-i-  sina  sinu'  sinj')    -  r-]    2, 

el  je  lui  ai  assuré  que  rien  au  monde  ne  pourra  lui  être  plus  agréable 
que  d'avoir  à  sa  disposition  un  travail  important  de  votre  part. 
Votre  méthode  pour  parvenir  aux  résultats  de  M.  Tisserand  est  un 
vrai  bijou;  en  m'écrivanl  pour  la  première  fois  lorsque  vous  me 
l'avez  adressée,  muis  m'exprimiez  une  sympathie  qui  a  été  bientôt 
partagée,  <|ui  n'a  fait  qu'augmenter  et  que  je  garderai  toujours.  Je 
n'attends  pas  la  réponse  de  M.  Camille  Jordan,  pour  vous  dire  sans 
tarder  «pie  je  vous  suis  bien  reconnaissant  de  la  peine  que  \ous 
allez  prendre  de  calculer  pour  n  =  i  i ,  12,  ....  18  la  formule  qui 
donne  <'n-\-  1>s''  vous  préoccupez  point  de  (m)lt;  c'est  peu  de  chose 
comme  vous  allez  voir.  En  désignant  le  plus  grand  commun  divi- 


LETTRE    137.  '.>f)i 

seur  de  m  et  n  par  o,  on  peut  faire  8  =  m.  \  +  /> .  15,  A  el  l>  étanl 
entiers;  multipliez  maintenant  les  deux  membres  par 

(m  —  \)  (  m  —  ■>)..  A  m  —  n        i  i 


vous  en  conclure/,  immédiatement  l'égalité 

(m  —  \)(m  —  ■}.)...(!)> — n  +  i), 

5  =  (/»)„. A       i ///       i)„    |.B, 

t .  2 ...  71 

dont  le  second  membre  esl  un  entier  E.  On  a  donc,  en  multipliant 

par  m 

(m)rt.o  =  m.E        ou         (m),i——  '- 

6 

et  de  même  l'autre  théorème. 

Je  vais  maintenant  corriger  des  compositions  de  baccalauréat. 

En  vous  renouvelant,  mon  cher  ami,  l'assurance  de  mou  affec- 
tion bien  dévouée. 

137.  —  H ERMITE  A  STIELTJES. 

Paris,  dimanche  (21  octobre  1888)  ('). 


M 


ON    CHER    AMT. 


Je  vous  apporte  ma  contribution  à  la  question  en  me  proposanl 
d'ajouter  un  second  terme  à  l'expression  asymptotique  de  cn_\. 
Voici  d'abord  une  remarque  algébrique  à  laquelle  conduit  la  mé- 
thode de  Laplace  dont  je  vais  faire  usage.  Soit 


f  /(*) 


d.r 


l'intégrale  proposée  en  supposant  que  la  fonction  /(x)  s'annule 
aux  deux  limites  a  et  b  et  n'ait,  dans  l'intervalle,  qu'un  seul  maxi- 
mum correspondant  à  la  valeur  x  =  £.  En  posant  /(x)  =/(£). e-ti, 
puis  x  =  £  -\-  z,  le  développement  en  série  suivant  les  puissances 

(')  Note  des  éditeurs.  —  Nous  avons  cru  devoir  fixer  la  dale  de  cette  lettre 
au  ai  octobre  1888  qui  correspond  au  dimanche  compris  entre  le  19  et  le 
22  octobre. 


2Q2  CORKKSPONDANCE    d'HEUMITK    ET    DB    STIELTJES. 

de  s,  el  /  donne,  à  cause  de/    :  -     -  o, 


/+  :  i    ,  • 


/      I H   -  h... 

1  I  .  2  / 


(  )n  en  I ire 


->f  ,       //',,  ,    ,   /-a/  //'"2-+-//ff/,v-     >/   : 


et  l.i  remarque  algébrique  consiste  en  ce  que,  si  L'on  remplace  / 
par  /".  I»'  coefficient  de  i'"  se  reproduit  divisé  par  y nm.  L'applica- 
tion au  cas  de 

f{x)  =  e~x  \o%nx 

conduil  ;i  un  calcul  prolixe  et  fatiganl  auquel  j  ai  renoncé;  j'ai 
préféré  employer  les  coefficients  indéterminés  en  posant 

x  =  \  -t-  U) t  —  <o'  t-  -h  (.)"  t3-+-. . ., 
ce  qui  donne 

ou  plutôt 


.1        e    Mos" 


-    -  \  ~    w 


j  =  r    Slos"|  \/-.co(  i  -     ; 

Maintenant,  j  obtiens  ces  valeurs 

,  •>  n  ;  3to"  >.//''  -f-  <)//:i  ;  -+-  il)  «-  ;'2  -f-  CiJl  ;•"'  -4-  •) .  ; '' 


2  | //  ;  i  II  ; 


\  \  ant  ensuite 


i  i 


.  n  =  y-iTz.n       -  <■ 


en  négligeant  dans  l'exponentielle  les  ternies  en  —  >  on  en  conclut 
la  formule  cherchée 


SU    -+-£       V  12//        | 


//'  .|//:i;   -+-   II'.//-;-     -  6/l£3-t-  »£' 


'  |  //  ;     //  : 


ou   hien 


i  >//'    -(|;i3;    -i(i«'!'-'+6n^-r'i;;l 


LETTRE    l:5S.  263 

Cette  expression  se  simplifie  el  une  réduction  facile  donne 


C/j-1 


/»-H 


II  I  2  />  -+-   *)  ;  I  "1 


C'est  ici  que  je  viens  implorer  toute  votre  charité,  pour  savoir 
m  La  quantité  à  laquelle  j'arrn  e 

t/<      >    Il        ;  ",    ;     I 

l  +  ^1$(« +  ?.■■•' 

<ui  sensiblement,  pour  de  grandes  valeurs  de  l, 

i 

l  H y 

I  2  ; 

se  trouve  confirmée  ou  démentie  par  vos  calculs. 

M.  Jordan  a  dû  vous  écrire  pour  vous  témoigner  sa  satisfaction 
<le  pouvoir  publier  le  Mémoire  dont  vous  m'aviez  chargé  de  lui 
demander  l'insertion  dans  son  journal.  En  attendanl  votre  réponse 
cl  \oiis  priant  de  m'autoriser  à  publier  tous  \<>s  nombres,  dans  mu 
prochaine  Note,  je  vous  renouvelle,  mon  cher  ami,  l'assurance  de 
mes  meilleurs  sentiments. 


138.  —  STIELTJES  A  HERMTTE. 

Toulouse,  22  octobre  1S8S. 
Cher  monsieur, 

J'avais  considéré  aussi  les  termes  suivants  de  l'expression  asymp- 
totique  de  c„_i,  votre  résultat  et  le  mien 

e»-Ç         T         ra( 2 ».*-+-  7«£  -+-iof-)  ] 

;       2  \/n  +■  \ 


sont  parfaitement  en  accord,  car 

<  II'    —  <)/C!;  H-  l(>/l2;-  -4-  Ô»;3-!-  2^* 
24  «Çl/l  +  Ç  )3 


i  n(  -m- -h  y  n  \  -f-  m--  i 

i2ft  _  24^(n  -t-  ç)3 


(il  semble  qu'il  y  a  une  erreur  dans  la  dernière  rédaction  de  votre 
Lettre). 


>'i|  CORRESPONDANCE    d'hERMITE    F.T    DE    STIELTJES. 

\  oici  maintenant  la  comparaison 


n  (în-+-n  \ 


:)■         - 

ik\Kn+\? 

,,;s: 

i,o5og 

(i  ï  ">"> 

1 , 0  j  1  "> 

, .  i  . 

1 ,o3 [8 

<>>:; 

1 ,o3oo 

02  [g 

1 ,0266 

0  >  >t> 

1 ,0  i3g 

0  MlS 

I  .021  «s 

0192 

1 , 0200 

01 71) 

1,0186 

II). 
1 1  . 
12. 

I  ;. 
1 1- 
I  ') . 

16. 

17. 
18. 


_.:(<?»_,)■ 

24U"+?)' 

i,oiG8 

1 ,017! 

1  .ni  ',  s 

1 ,oi63 

[ ,01 5o 

1 , 0 1 5  4 

r  .ni  [2 

1 ,01 40 

1  .m  i6 

1 ,oi3g 

1,01 3o 

1  ,oi3  •». 

? 

1  ,01  ■>- 

? 

1 , 0 1 2 1 

1 

1 ,01  iiT) 

On  ae  peut  pas  exiger  mie  concordance  plus  parfaite. 
J'ai  simplement  appliqué  la  formule  (d),  page  1  12  de  la  Tliéorie 
analytique^ 

/^=6^[(t0a+K^ S?X  - :'  - >•  n ^£).  ■••]' 

A  étant  l.i  valeur  maximum  <l<\r  pour  ic  =  a, 


\  logé—  logj 


(  )r.  posant  .r  =  «  H 


h,  je  trouve 


logô —  logjK  = 


2  a 

/1  * 


A*         _Aj> 
3a2         i'r;        ïa 

A  A* 


A3    \3 


/(  L       I  II  II-  /l'y-  Il  »      /  /f  /?  -  If     \ 

2/1   \        2a        >"J        i  "y         '  "    \        '-'-a       3rt'2       4  aV 

.1  /I*  \  '  2fl 


I  1  _  h  —  \o%y  —  A0  A2  —  A 1  h3 


A  2 
3  rt2 

A../r 


4«V  ' 

A3A*- 


A0=-(«  +  P), 


-aS    -4-  ^82, 

2  >  ' 


A,= 


;b>. 


OU 


p  = 


LKTTRE    N5N.  265 

(loin 

1 
v  =  (A0—  \th  +  A,//'-'-  A,/r<      .  .  .  |    î. 

Il  ne  reste  qu'à  calculer  les  coefficients  de  //-,//',  ...  dans  les 
développements  de  e3,  e5,  ...  respectivement,  el  à  substituer  dans 
la  formule  de  Laplace.  Le  résultai  définitif  esl  de  celle  Ci  unie 


Cn-l  = r—  ■    »  + 


f"*fini 


(a-+-p;»        (*+-p)6        (a+[i)'J       " 


P4 ,  1*2,  1*3,  •  •  •  étant  des  polynômes  homogènes  en  a  el  ($,  1'/,  étant 

du  degré  4/>". 

p 

Je  erois  que,  avec  le  second  terme ^- — ■>  on  obtiendra  c,,    ,  à 

1      '  (a  -t-  fi  ;b 

partir   de  /?=i8  avec  cinq   décimales  exactes,  etc.   Je    n'ai   pas 
terminé  encore  le  calcul  de  ce  terme  avec  P^  que  je  me  sui>  proposé 
comme  moyen  de  contrôle  du  calcul  exael  des  cn  que  je  vais  cuire 
prendre.  Mais  cela  prendra  du  temps. 

Je  vous  prie,  Monsieur,  de  vouloir  bien  considérer  qu'en  de- 
mandant si  M.  Bourguet  ne  voudrait  pas  revoir  ses  calculs,  je 
croyais  encore  que  celte  révision  ne  portait  que  sur  les  c/n  non 
sur  les  BH.  Maintenant  que  je  vois  qu'il  faudrait  aussi  revoiries  B„, 
cela  deviendrait  un  travail  bien  plus  considérable,  et  comme  tout 
porte  en  somme  sur  des  quantités  bien  minimes,  je  n'oserais  pas  le 
demander  à  M.  Bourguet  dont  le  travail  ne  perd  rien  de  sa  valeur 
par  ces  petites  incertitudes,  et  du  reste  il  n'a,  en  aucun  endroit, 
donné  une  limite  exacte  de  l'approximation  de  ses  nombres.  Dans 
ces  conditions,  ne  serait-il  pas  suffisant,  si  j'entreprenais  moi- 
même  cet  hiver  le  calcul  de  ces  coefficients.  Je  demanderais  alors 
à  M.  Bourguet  la  permission  de  lui  envoyer  mes  calculs  pour  les 
comparer  avec  les  siens.  Les  petites  erreurs  aussi  bien  de  mon 
calcul  que  du  sien  seraient  alors  faciles  à  découvrir  et  à  corriger. 

J'envoie,  en  ce  moment,  mon  Mémoire  à  M.  Jordan  dont  j'ai 
reçu  la  lettre.  Veuillez  bien  me  croire  votre  sincèrement  dévoué. 

Vous  pourrez  faire  l'usage  que  vous  voudrez  de  mes  nombre-. 


266  CORKESPONDANCI     lui  I  n  Ml  II:    El    DE    S'I'IKI.T.l  l  S. 

139.  -  HERMITE    I   STIELTJES. 

■  |  octobre  1888. 
Mon  cher  ami, 

\  ous  a\c/.  parfaitement  raison,  j'ai  commis  une  inadvertance 
en  remplaçant  ■>.//'-—  ~ />  ;  +  •  <>;-  par  (/i  -\-  ç)  [in  -+-  5£),  c'est 
un  service  que  vous  m'avez  rendu  de  m'avoir  fait  reconnaître 
mon  erreur,  et  je  viens  vous  en  remercier  ainsi  que  des  applica- 
tions numériques  que  vous  avez  bien  voulu  faire  et  dont  je  vais 
me  servir,  dans  un  petil  article  destiné  au  Journal  de  M.Jordan. 
\  os  calculs  en  feront  le  principal  intérêt,  et  j'espère,  grâce  à 
s < m i s.  qu'on  ne  verra  pas  s;m>  quelque  plaisir  comment  la  formule 
de  Laplace  donne,  dans  la  circonstance,  une  approximation  qu'on 
ne  pouvait  vraimenl  pas  attendre.  Conformément  à  vos  intentions, 
j'ai  fait  part  à  M.  Bourguel  de  voire  désir  de  lui  communiquer 
les  calculs  que  vous  vous  proposez  d'entreprendre  pour  la  revision 
des  dernières  décimales  des  coefficients  B/i3  afin  qu'il  les  compare 
à  ses  opérations,  ce  qui  donnera  le  meilleur  moyen  de  remonter  à 
la  source  des  minimes  erreurs  de  ses  Tables. 

Lundi  dernier,  M.  Bertrand  m'a  communiqué  une  lettre  de 
M.  Bosscha,  qui  a  eu  également  la  bonté  de  m'écrire,  au  sujet  de 
l'envoi  du  premier  volume  des  Œuvres  de  Christian  Huygens. 
.le  nai  point  à  regretter,  mon  cher  ami,  d'avoir  eu  recours  à  votre 
bonne  obligeance,  et  vous  aurez  rendu  service  à  d'autres  encore 
qu'à  moi. 

Encore  un  mot  sur  l'application  à  la  fonction  Q(#)  d'une  belle 
méthode  de  Laplace.  Peut-être  avez-vous  vu,  dans  le  Tome  90  de 
d'elle,  une  lettre  de  moi  à  M.  Schwarz,  où  je  donne  une  expres- 
sion analvtique  de  celle  fonction  dans  laquelle  figure  la  quan- 
tité \\{x).  M.  Hjalmar  Mellin  (*),  dans  le  Tome  II  des  Acta,  a 
obtenu,  en  suivant  la  même  marche,  une  expression  plus  simple,  à 

\dte  des  éditeurs.  —  Ueber  die  transcendante  Funrtion 
von  Hjalmar  Mellin  (Acta  mathematica,  t.  II,  p.  23i). 


LETTRE    \'-V.K  ''7 

savoir  : 

(À  =  O,  I,    ! |, 

où  l'on  a 


-  -r 


>'/(-i-  (i. 


.1 1  <■<  (i.r    .      t 


>.  -+- 1       i.(1  +  î)       i . 2 . i  À       ;  i 


c-         (  ■•         e* 

J'ai  remarqué  que  l'analyse  employée  parLaplace,  pour  retrouver 
la  limite  supérieure  de  l'excentricité  qui  assure  la  convergence  de 
la  série  déduite  de  l'équation  de  Kepler 

u  =  nt  ■+■  e  sin  u, 

s'applique  très  facilement  à  la  suite  R(#)  et  donne  un  résultai 
simple;  je  me  propose  de  vous  en  écrire  aussitôt  que  j'en  aurai 
fini  avec  les  irente  compositions  de  baccalauréat  dont  j'ai  aujour- 
d'hui la  charge. 

Votre  bien  dévoué. 

Pensez-vous  poursuivre  l'étude  de  la  nouvelle  transcendante 


F(a)  I 


En  revenant  à  cH_\,  ou  plutôt  à  l'intégrale 

e-x  log«a;  d.r, 


f 


je  ne  puis  m'empêcher  de  vous  confier  tout  le  chagrin  que  me 
cause  la  substitution  e~x=  t;  elle  donne  pour  transformée 


r 


1  '«ft, 


où  la  quantité  sous  le  signe  somme  croît  de  zéro  à  l'infini,  sans 
maximum  ni  minimum.  Que  devient  donc  la  méthode  de  Laplace? 
De  même  encore,  dans  un  cas  plus  simple 


(«)  =  f   log-«(lW 


l68  CORRESPONDANCE    d'hëRMITE    ET    l>K.    STIELTJES. 

je  oe  puis  absolument  comprendre  commenl  celle  méthode  se 
trouve  à  la  merci  d'une  substitution;  en  même  temps,  je  me 
demande  s'il  esl  possible,  par  une  substitution,  de  changer  I  inté- 
grale 

f   F(a  \dx, 

où  ta  fonction  F(.r)  est  croissante  de  a  à  b,  en  une  autre  où  la 
oouvelle  fonction  aurait  un  maximum  entre  les  limites? 


140.  —  STIELTJES  A  H  ERMITE. 

Toulouse,  27  oclobrc  1888. 
(  -III. 1;     MONSI  II   I!  . 

\e  connaissant  pas  I  adresse  de  M.  Bourguel  |  I  indication  de  la 
table  des  matières  des  Acta,  professeur  de  Mathématiques  à  Paris, 
me  paraissant  insuffisante),  c'esl  à  vous  que  je  >ui>  dans  la  oéces- 
sité  d'adresser  la  lettre  ci-jointe  qui  lui  esl  destinée.  J'accepte 
avec  empressement  son  offre  si  gracieuse  de  m'abréger  le  travail 
en  m'envoyanl  une  partie  de  ses  calculs.  Nous  avons  eu  ici  seule- 
ment les  bacheliers  qui  aspirent  au  volontariat,  le  nombre  est 
restreint  —  cinquante  pour  les  science^  et  le^  lettres  ensemble. 
Mais  c'esl  la  semaine  prochaine  seulement  que  commence  la  session 
ordinaire  de  novembre  ('c'est  là  une  affaire  bien  plus  considérable). 
De  vendredi,  2  novembre,  au  mercredi  suivant,  je  serai  à  Auch 
pour  l'examen  écrit.  Ensuite,  vient  la  correction  des  ('(impositions 
1  I  en  avais  cent  vingt  cet  été,  ah!  l'agréable  besogne!  1  et  l  oral. 

Veuillez  bien  me  croire  toujours  votre  très  dévoué  et  respec- 
1 ueux. 

141.  II ERMITE  A   STIELTJES. 

Paris,  mercredi  (29  octobre  1888)  ('). 
Mon   cheb    \\n. 

S' m   réfléchi   qu'il   n'y  a   pas  lieu  de  penser  à   vérifier  par  une 

Vote  des  éditeurs.  —  ('.clic  lettre  n'esl  pas  datée;  le  jour  où  elle  a  été 
écrite  el  le  sujet  paraissent  en  indiquer  sûrement  la  date  et  la  fixer  au  ay  oc- 
tobre  1888 


LETTRE    141.  26g 

application  numérique  le  résultai  < j  1 1  î  m'a  assez  surpris  <| u«-  la 
valeur  asympto  tique  de  R(«)  coïncide  avec  celle  de  \. ■>.... x;  on 
ne  peut,  en  effet,  espérer  obtenir  un  accord  pour  une  valeur 
médiocrement  grande  de  x  et,  en  supposanl  seulement  x  =  .'<».  par 
cvcinple,  les  nombres  deviennent  si  grands  que  c'esl  à  \  renoncer. 
Permettez-moi  de  vous  indiquer  mon  calcul  en  vous  exprimant 
mon  admiration  pour  la  méthode  <  l<  ■  Laplaec  (jui  esi  vraiment  mer- 
veilleuse. Au  fond,  elle  ressemble  à  celle  qu'il  emploie  pour  les 
intégrales  définies,  il  tant  chercher,  en  effet,  dans  la  série 


dont  les  termes  commencent  par  croître,  le  terme    maximum  à 
partir  duquel  ils  diminuent,  en  posant  la  condition 


don  I  on  I  ire 


nx  _  (  n  —  1 
e"   ~        e"-1 


1  1 

=  ce  H 1- 


2        12  a? 


Prenant  n  =  x,  ce  terme  maximum  est 

p  =  xx  e~x  ; 

celui  qui  en  est  éloigné,  de  rang  t,  est  ensuite 

(  .*•  -w  y  _  T 

ex+t 

et  l'on  a 

log  T  =  .1  log  1  x  -r  /  )  —  x  —  /, 

d'où 

logT —  log/;  =a?log(  H —  I  —  t  = 


2  .?- 


et,  par  conséquent, 

T  =  y?t>    2  '". 

Cette  valeur  est  la  même  pour  le  terme  de  rang  /  qui  précède  le 
maximum,  de  sorte  que  la  valeur  approchée  de  la  série  sera  donnée 
par  l'intégrale 


/ 


*?dt  =  p  y  '-"■<'  =  \/>-x      -.  e  ■' . 


CORRESPONDANCE    D HBRHITE    ET    DE    STIELTJES. 

Il  ne  me  semble  pas  que  la  méthode  permette  d'essaj  er  d'obtenir 
une  approximation  plus  grande;  aussi,  je  m'en  tiens  à  ce  résultai 
que  je  vous  soumets,  en  vous  demandant  si  vous  croyez  que  l'on 
puisse  >  \  confier.  Je  l'espère,  mais  en  conservant  quelques  doutes, 
. i \ .1  ii t  reconnu  des  ras  dans  lesquels  la  méthode  <le  Laplace,  appli- 
quée de  la  même  manière,  donne  une  conclusion  manifestement 
fausse,  -ans  que  j'aie  pu  voir  à  quoi  tient  que  tantôt  elle  réussisse, 
tandis  que,  dans  d'autres  circonstances,  elle  induit  en  erreur. 

\  oici  l'un  de  ces  cas  :  il  suffit  de  chercher  l'expression  asymp- 
to  tique  du  coefficienl  de./-",  pour/?  très  grand,  dans  la  fonction  de 
Jacobi 

6  |         —  I  =i  —  -i  q  cos2.r  -t-  ig*  cos.j;r  -4-. . . -+-  (  —  i  )"  iq'1'  cosinx. 


Vu  contraire,  le  calcul  marche  admirablement,  lorsqu'on  traite 

la  même  question  à  l'égard  des  fonctions    sn  et  en    _'   >  •••, 

<i  le  résultat  qu'on  en  tire  se  vérifie  complètement  et  facilement  en 
revenant  aux  expressions  de  ces  quantités  par  une  série  infinie  de 
fractions  simples. 

Je  vais  rédiger  ma  Note  concernant  c,:_K  pour  M.  Jordan. 

lui  nous  renouvelant,  mon  cher  ami,  l'assurance  de  mes  meilleurs 
sentiments. 

142.  —  STIELTJES  A  HERMITE. 

Toulouse,  3  c  octobre  1888. 
Cher    Monsii.i  r, . 

Je  nous  suis  très  obligé  d'avoir  bien  voulu  adressera  M.  Bour- 
guel  la  lettre  qui  lui  était  destinée,  pourriez-vous,  peut-être,  si 
l'occasion  s'en  présente,  me  donner  son  adresse. 

\  oici  maintenant  comment  j'ai  cherché  à  me  rendre  compte 
numériquement  de  l'approximation  de  votre  expression 

i 

|  a,  s  '■>-./■'   '  V    ' 


LETTRE    W'I.  :>.- i 

Mais,  pour  faciliter  le  calcul,  je  n'ai  pas  directemenl  comparé 
y.)  à  ( [i),  mais  d'autres  expressions  qui  en  diffèrent  peu. 
,1e  remarque  que  (a)  esi  La  valeur  asymptotique  «le 

l'i  x       m        /      ir  e   "  du 

tu  de 

/      w  c   "  du. 


Q(x       i 


La  différence  T(x-+-\) —  Q(x-\-\)  csi  inférieure  à        — >  ce 

x  '         v  -  '  x  -+-  i 

qui  est  tout  à  fait  insignifiant  ici. 

D'autre  part,  je   trouve  un    peu    plus  commode   d'ajouter  à    la 

série  ((3)  le  premier  terme  —  =  -  =  a  =  0,3678  79 ii-  •  •• 

Il  s'agit  donc  de  comparer 

\\(.r\  =  ti-    2-r. a--1;-  3X. a3 -h  \'.<i '•-... 
à 

Ql  x  -■■-{)=   !      11'  <'  "  du. 
•  1 

ou,  en  posant  f(u)  =  uxe~", 

/(t )-+-/<  2  »    -/1  ';  i  -t-/(  [)-+-  .. 

à 

«  1 
Je  pose  successivemeni 

a?  =  1,  2,3-,  4,  ... 

cl,  à  laide  de 

0(.r  +  i)  =  «  -t-  œQ(x), 

j'obtiens 

Q(|)  =  «.  Q(2)  =  2«, 

Q(3)  =  5a. 
Q(4)=  '6a, 
Q(5)  =  65a, 
•      Q(6)  =  32(W/, 

Q(7)=  «957«, 
Q(8)=  i3  700«, 


CORRESPONDANCE    D  11ERMITK    II     Dl     ST1ELTJES. 

D'autre  pari .  on  a 

R  (  i  )  =  a  :  (  i  —  i 

l;   2)  =  (a  +  a!):(i- a)3, 

i;    i  a       \<r--   a3):(i—  a   ■ 

l;     ;  i  =  (a  -+-  1 1  a2-:-  1 1  a3-i-  «'*):(  1  —  a 

\\    ',  1       (a       26a2-+  66a3H   26a*-t- as):(i  — a 

1;    6)  =  (a  -f-  ô 7  <-/ -  -r-  3<>  >  <7:i—  3oaa*-f-  j-a*  —  o6  cm  —  a)7, 

l;    fr)=a— [Ri  /.  —  1  1] 
oa 

r\  idemment. 

,1  ip|jticn>  ainsi 

1;  1  1  i:Qi  ■>.)  =  1.  ''.i  ;. 

Ri  2  i:Q(3)  =  i,o83i, 
R(3):Q(4)=  1,020  j, 
R(4):Q(5)  =  i,oo38, 
Ri  ".  i:Qi  6  1      i, 0005-6, 
Ri  6):Q(7)  =  1,00007g     ' 

J'ai    remarqué    que.   en    posant   a  =  — 1  dans    les   expressi* 

(  '  )  La  convergence  si  extrêmemenl   rapide  vers  zéro  de 
l'.'i)-Q(a) 

Q(*>         =0'"'"" 

R(2)-Q(3) 

__)_  =0,083., 

Ri  i)-Q(4) 


Q(4) 

R(4)-Q(5 
Q(5) 


=  0,0200, 


o,oo38, 


l;    -,,_Q(6) 
R(6)-Q(7)       nn 

-Q77)— =0;0000'9 

donne  lieu  à  considérer  plutôt   la  différence 

\\{x)-Q{x 
En    multipliant    par    Q(2),   Q(3),    ....   qui    sont    approximativement   égaux 


LETTRE    1^2.  273 

de  R(i),  R(a) on  a 

H  1  ■>.  n)         =  o, 

<i  "  "  —  1 
R(  2/1  —  1)  =  (— .  i)«—         -  |î„, 


2  // 


Bi  =  -1  B..  ==  ,   ?  I>,  —  ,-  »  ••>  étant  les  nombres  de  Bernoulli. 
J'aurais  plusieurs  remarques  à   faire  sur  vos  dernières    lettres, 


à  r(a),  r(3), 


R(i)-Q(2)  =  o,25....x  S^; 
Q(3) 


R(2)  —  Q(3)  0,166...  < 
R(3)  —  Q(4)  =  o,ia3...  x 
R(4)  — Q(5)  =  0,095...  x 
R(5)  -Q(6)  =  0,069...  x 
R((i)  —  Q(?)  =0,057...  x 

où,  par  exemple, 

Q(7)  _  P(7)  _  e 


r(3) 

Q(4) 
r(4)' 

Q(5) 
r(5) 

Q(6) 
r(6) 

Q(j> 
r(7) 


(o<e<i). 

const. 
Il  semble  donc  que  R(^)  — Q(.r  +  i)  décroit  à  peu  près  comme  -!  Une 


r(7)  r(7)  1.2.3.4.5.6.7 

donc  que  R(.r) — Q(,r  +  i) 

belle  formule  à  trouver  qui  explique  cela. 

const 
D'autre  part,  T(x  +  1)  —  Q(.r  -t-  1)  étant  aussi  de  l'ordre  — — >  il  semble  plus 

naturel  de  considérer  R(.r)  —  V(x  +  i) 

R(i)  — T(2)  =  —  0,07.,  3, 
R(2)-T(3)  =-0,0077, 
R(3)  -T(4)  =  +  o,oo65, 
R(4)— T(5)  =  +  o,oo33, 
R(5)-T(6)=      ? 

Sans  continuer  ce  calcul  qu'il  faudrait  reprendre  avec  plus  de  soin,  il  semble 
(jue  les  fonctions 

R  (  X  )  -  -  -+-  — ;  +  —  -1- . . . , 
e        e-       c 

et  r(jj-i-i)  croissant  avec  une  extrême  rapidité  sont  telles  que  leur  différence 
décroit  ou  reste  très  petite. 

Je  ne   peu\   m'empèclier  de  rappeler  ici   ce  résultat  déduit  de  la  théorie  des 


'-  I  CORRESPONDANCE    D  UERM1TE    ET    DE    ST1ELTJES. 

mais  je  préfère  réfléchir  encore  un  peu.  peut-être  que  je  trouve 
alors  quelque  chose  de  plus  intéressant.  Avez-vous  considéré  déjà 
la  question  des  zéros  «le  la  fonction  entière  Q(#)? 

Je  M'iis  renouvelle,   Monsieur,   L'expression  de  mes  sentiments 
bien  dévoués  el  respectueux. 

143.  —  STIELTJES  A   HERMITE. 

Toulouse,  r"  novembre  1888. 
Cher   Monsiei  b  . 

Hier  soir,  en  réfléchissant  encore  sur  vos  formules,  j'ai  trouvé 
l'explication  de  l'approximation 

T  ■>•<■  \r  i* 

r ,  r-n-.  R  ..n  =  -  +  —  —  -  -  —  ^L  _  ... . 


En  effet,  en  supposant  x^>o,  j'obtiens  la  formule 

1       ■?*  _  3*       4* 
e        e-         e3         ew 

„,             \           cos\ix  -f-i)  arc  tan  £9.  t:1           cos  [1  ./— 1  1  arc  tan^ -,'  -1 
=  T(x       :      1—2 l- j-j-y '-—■_>  ! .r+i 

(  .4--—  1  1     -  (iÔ-^-HIj     2 

l'iiskc  -+-  1  1  arc  t  an- ;6  -I          cos|  x-i-i)  arctansr8  —  1  ] 

_j_2 L = ! — 2 1 5_       L_i_...f, 

'■-1  >-t-l  ^ 

(3<>-'2+-  11   -  (  64  ~2  —  I)   2 

en  sorte  qu'on  a  en  première  approximation 

2  cos [1  .r  —  1 1  a ic  tan g2Tr] 


R(a;):r(a?-i-i)  =  ] 


1  j -- -     1 


fonctions  elliptiques 

/       e-"-"-  dx  —   /      /(  ;r  )  c/j7  =  -  1  /  -  > 
.'0  «-  0  2  y    a 

.       /-T  --  -—  ^ 

-/(o) +/(0-»-/(2) +...=  -i/^i+ 2e     "+2e      «--•••■ 


Veuillez  bien  excuser  la  précipitation  avec  laquelle  j'écris  ceci,  je  voudrais  vous 
répondre  avant  mon  départ  pour  Auch  et,  demain,  je  suis  pris  aussi  par  une 
a  fia  ire. 

Dès  que  je  le  pourrai  faire,  je  reprendrai  le  calcul  de  R(^r)  —  T(x-r-i)  avec 
plus  de  soin  pour  x  =  1,  2,  3,  .... 


LETTRE    l'i'l. 

Le  cosinus,  dans  celle  formule,  explique  bien  les  variations  de 
signe  qui  se  montraienl  en  considérant  l»(.r)  —  r(x-j-i). 
J'obtiens  celle  formule  à  L'aide  d'un  résultai  dû  à  Dirichlel 

Vrt=  -    f     /<  i  i  cosnt  dt, 

-  A0+  At+  A24-  A3  +  . . .  =/(o)  -+-  a/(  ait)  +  a/(4it)  +  a/(6it)  - 


Il  n'y  a  qu'à  prendre 

/_ 

/(0=    '■<■,•  2TC, 

_2    r(a?-+-  l)  COsf(.«         1  )  ;i  te  I;ii^i  ■> . // -  )| 

*  »  //  ■ —  — — : 

Après  quelques  réductions,   vous  trouverez  le  résultai  que  je 

viens  d'écrire.  Voilà  un  résultat  qui  vous  fera  plaisir  peut-être  cl 
qui  me  dispense  des  calculs  à  faire. 

J'ai  voulu  vous  communiquer  ceci  encore.  Comme  chez  vous, 
ma  première  impression  a  été  que  l'approximation  entre  R(.r) 
et  r(jc-(-i)  ne  commencerait  à  se  montrer  que  pour  de  grandes 
valeurs  de  X,  ensuite  que  le  calcul  numérique  sérail  très  fastidieux. 
Heureusement,  je  ne  me  suis  pas  contenu'  de  celle  première 
impression. 

A  otre  bien  dévoué. 


144.  -  HE R  MITE  A  STIELTJES. 

Paris,  2  novembre  1S88. 
Mon  cher  ami, 

Je  désire  que  vous  trouviez,  au  retour  de  votre  voyage  à  Auch, 
l'expression  de  l'étonnement  infini  que  vos  calculs  m'ont  causé,  de 
la  joie  que  j'ai  eue  et  aussi  de  mon  humiliation  profonde  d'avoir 
accordé  si  peu  de  confiance  à  la  valeur  asymptotique  de  R(.r). 
C'est  dans  un  article  du  Journal  de  Borchardt,  tome  90,  page  33 1 , 
que  vous  trouverez  l'origine  de  cette  fonction,  qui  est  définie  ainsi  : 

R(x)  = i h ...  H h . . . , 


o-(i  CORRESPONDANCE    D  HERMITE   ET    DE   STIELTJES. 

par  conséquent,  comme  vous  le  faites  dans  Le  cas  de  a  =  i,  et  qui 
donne  l'égalité 


$x-i  e-%  (/t  =  $(!)  R(X—  ,)  -{.  - 1  £(a)  R(a?  —  2) 


X' 

(a?  —  i)(.r  —  2)... (a; — 11  )  (1,         „.  . 

1 .  •'.  .  .a 
où   j  ai   posé 

$(n)=  f\n-ie-ld\=  \- —  + j^— -  +...L/". 

JL  L n       n-hi        1 . 2  (  n  -+- 2  ) 

J'ai  eu  le  torl  de  n'avoir  point  vu  et  de  n'avoir  pas  dit  que  cette 
relation  a  lieu  pour  a  =  i;  voici  ce  qui  m'a  arrêté  bien  inutile- 
ment. Ayanl  fait 

/    ir-\,,-i.(r.  =  y    /         ^x-ie-\d\      (n  =  i,2. :*,...!, 

[tins 

en  posant  dans  le  second  membre  £  =  /m  +  Ç,  j'ai  eu  crainte  que, 
dans    le    cas    de    a  =  i,    pour    le    premier    terme   correspondant 


à  n  =  i,  où  entre  l'intégrale 


f 


(ï-t-O^-'e-^Ç, 


il  n'ait  pas  été  permis  d'employer,  sous  le  signe  d'intégration,  le 
développement  de  la  puissance  (i-|-Ç)x-1,  parce  que  développe- 
ment, à  la  limite  Ç  =  i,  est  divergent  quand  x  —  1  est  négatif. 
Mais  ma  crainte  n'avait  pas  de  fondement,  car  le  développement  en 
question  conduit  à  la  valeur  suivante  : 

f  ,,  +  rri, -:,/:  =  P(T)  +  ^^P(2)+ (a?~l)(a?~a)P(3)+..., 


P(n)=   ' 


«       n  +  i        1 .  2 .  (  n  +  2  j 

Or  le  second  membre  est  une  série  toujours  convergente;  rem- 
placez,  en  efiet,  P(/i)  par  la  quantité  plus  grande  —  et  envisagez  la 


LETTRE    1V5.  277 

nouvelle  série,  dont  le  terme  général  èsl 

(x  —  1  )  (x  —  2  ) . . .  (  x  —  n  )   r 

Un  =  '  -  f 

1 . 2 . . .  n  n 

vous  aurez 

u„+1  _  (x  —  n  —  i).n 

"n  (ft  +  l)2 

et  la  règle  de  Gauss  montre  immédiatement  la  convergence  de  la 
série  £//„ . 

11  csl  donc  parfaitement  permis  de  supposer  a  =  i;  mais, 
l'expression  ainsi  obtenue 

QO)  =  P,  R(.r  —  i)-h^-^P2  R(a7  —  2)-i_... 

ne  m'apprend  rien  sur  la  différence  Q(#) —  R(a?  —  1). 

Vous  seul,  cher  ami,  par  la  puissance  «lu  calcul  numérique,  vous 
avez  eu  l'intuition  du  mode  d'existence  de  celle  quantité;  égale- 
ment, je  vous  fais  mon  compliment  d'avoir  rattaché  la  question  à 
la  comparaison  cuire  l'intégrale 


f 


_/'(  II  )  du 

et  la  somme 

/(I)+/(2)+/(3)+..., 

mais  que  d'efforts  à  faire  avanl  d'atteindre  ce  but. 
Mes  sentiments  affectueux  et  bien  dévoués. 

M.  Bourguct,  professeur  à  l'Institut  catholique,  demeure  rue  de 
Rome,  55. 

145.  —  //ERMITE  A  STIELTJES. 

Paris,  3  novembre  1S88. 

Mon   cher   ami, 

Le  résultat  auquel  vous  êtes  parvenu  est  magnifique,  j'en  suis 
enchanté  et  je  vous  en  félicite  vivement.  Permettez-moi  de  vous 
demander  d'en  faire  le  sujet  d'une  Communication  à  l'Académie, 
en  vous  engageant  à  donner  les  détails  du  calcul  concernant  la 
détermination  de  l'intégrale  définie  A„  qui  est  loin  d'être  immé- 
diate et  me  parait  mériter  d'être  développée  avec  soin.  Vous  aurez 


»-8  CORRESPONDANCE    DIIF.HMITK    ET    I)F.    ST1ELTJES. 

fait,  après  Dirichlet,  L'application  la  plus  belle  el  la  plus  importante 
de  la  relation  célèbre  qu'il  ;i  donnée  dans  sa  démonstration  de  la 
formule  de  Fourier  et,  en  même  temps,  vous  avez  enrichi  la  théorie 
des  intégrales  eulériennes  dune  relation  d'un  genre  toul  nouveau 
qui  ne  manquera  pas  d'appeler  l'attention  de  tous  les  analystes.  Si 
vous  avez  du  temps  de  reste,  je  vous  demanderais  de  refaire  vos 

calculs,  en  supposanl  f\  i  i  =  Lxe   ~~.  dans  le  but  d'introduire,  au 
■  l'expression 

,,'         {ia)x        (3a)x 
•      '  ea  eia 

qui  esl  aussi,  pour  a  ^>  o,  une  fonction  holomorphe  de  la  \ariable. 
Je  communiquerai  à  M.  Bourguet  votre  découverte  qui,  j'en 
sui>  sûr,  lui  fera  grand  plaisir.  En  attendant  de  mhi^  faire  part 
de  ce  qu'il  m'aura  dit.  je  \ons  renouvelle,  mon  cher  ami,  l'assu- 
rance de  ma  bien  sincère  ail'ection. 


146.  —  STIELTJES    I   HERMITE. 

Toulouse,  1 1  novembre  i  ssv 
(  mil;    Movsii.i  m  . 

En  rentrant  à  Toulouse,  j'ai  trouvé  vos  lettres  qui  m'ont  l'ait 
beaucoup  de  plaisir  en  m'apprenant  l'intérêt  que  vous  prenez  à 
cette  formule  I\(x)  =  T(.r  -f- 1)  (i  -K  •  •)• 

D'après  votre  désir,  j'ai  rédigé  un  petit  article  sur  ce  sujet, 
j'espère  que  la  nouvelle  démonstration  vous  semblera  satisfaisante. 
Mais  j'ai  l'impérieux  devoir  de  vous  soumettre  ce  travail  en  aous 
demandant  si  vous  croyez  opportun  d'insérer  dans  le  n°  1  votre 
démonstration  de  la  convergence  pour  a  =  i ,  et  dans  le  n°  5,  à  la 
fin,  la  manière  dont  vous  avez  obtenu  d'abord  la  valeur  asymplo- 
tique  de  T(x  -+- 1). 

L'étendue  de  cette  Note  dépasse  celle  des  trois  pages  des 
Comptes  rendus,  croyez-vous  qu'elle  soit  de  nature  à  intéresser 
les  lecteurs  du  Journal  de  M.  Jordan? 

Je  vous  demande  pardon  de  vous  demander  tout  cela,  mais  je 
ne   pouvais   pas  emprunter   directement  à   vos  lettres  ce  que  je 


LETTRE    1V7.  27g 

demande  et,  du  moment  qu'il  fallait  changer  si  peu  que  ce  soit, 
j'ai  cru  qu'il  faudrait  mieux  vous  soumettre  la  question. 

Naturellement,  vous  pouvez  changer  toul  ce  qui  vous  semblera 
nécessaire  dans  mon  article  on  me  le  renvoyer  en  m'indiquant 
les  points  à  changer. 

La  transformation  dont  je  fais  usage  est  toul  à  fait  analogue  à  La 
méthode  par  Laquelle  Riemann  a  trouvé  d'abord  La  relation  cuire 
Ç(s)  et  Ç(i  —  s),  mais  j'ai  cru  devoir  ajouter  quelques  développe- 
ments pour  montrer  que  la  méthode  esi   parfaitemenl   rigoureuse. 

Veuillez  bien  toujours  me  croire,  cher  Monsieur,  voire  sincère- 
ment dévoué. 

P.  S.  —  Je  n'ai  pu  donner,  dans  le  n"  2,  L'endroit  exact  où 
Eïankel  a  obtenu  la  formule  en  question.  Notre  bibliothèque  ne 
possède  pas  le  Zeitschrift  de  M.  Schlômilch.  J'espère  que  vous 
serez  plus  heureux  que  moi;  les  examens  de  licence  et  du  bacca- 
lauréat m'occuperont  encore  la  semaine  prochaine. 


147.  _  STIELTJES  A  HERMITE. 

Toulouse,  lundi  soir,  \i  novembre  1888. 
Monsieur, 

Je  viens  de  constater  à  notre  bibliothèque  que  le  Tome  XI  des 
Acta  matliematica  contient  un  article  de  M.  Lerch  sur  la  fonc- 

tion  K(u\  x,  s)  =  y  ; Le  résultat  de  M.  Lerch  comprend 

0 
mon  résultat  sur  votre  fonction  K(./  )  el  il  n'y  a  aussi  que  de  lé- 
gères différences  quant  à  l'exposition  de  la  méthode  qui  est  la 
même.  En  tout  cas,  si  mon  article  vaut  encore  la  peine  d'être 
publié,  il  faudrait  ajouter  quelques  mots  sur  ce  qu'a  fait  M.  Lerch. 
Peut-être  mon  article  fait  mieux  ressortir  que  tout  cela  dépend  de 
la  formule  fondamentale  de  Hankel 


'.T(x)= .    /  ezz—xdx. 

■XT.lJ 

Votre  bien  dévoué. 


280  CORRESPONDANCE    Ii'llERMJTE    ET    DE    ST1ELTJES. 

148.  —  HERMITE  A   STIELTJES. 

Paris,  i'j  novembre  1888. 

Mon  «  in  11    wii. 

La  circonstance  <[u<-  vous  avez  été  prévenu  par  M.  Lerch,  et 
que  vos  résultats  se  trouvent  dans  son  Mémoire  mit  la  fonction 
K.(w3  x,  s),  ne  peut  en  quoi  que  ce  soit  changer  mon  sentiment  sur 
le  mérite  de  mis  dernières  recherches.  Je  viens  \ous  demander 
instamment  de  publier  dans  le  Journal  <!<■  I/.  Jordan  l'article 
que  vous  m'avez  adressé,  étant  assuré  <[n"il  sera  lu  sous  la  forme 
que  vous  lui  avez  donnée  avec  le  plus  grand  intérêt.  En  citant 
M.  Lerch,  comme  vous  vous  le  proposez,  vous  lui  rendrez  service 
et  vous  lui  ferez  plaisir;  je  suis  en  correspondance  avec  le  jeune 
géomètre  et  je  sais  combien  il  sera  sensible  à  voir  son  Mémoire 
mentionné  dans  un  recueil  français.  Ce  Mémoire,  je  dois  l'avouer, 
ni  a  passé  -011s  les  veux,  mais  -ans  fixer  suffisamment  mon  atten- 
tion, faute  d'un  certain  relief  dans  la  rédaction,  el  puis  parce  que 
j'avais,  en  le  parcourant,  des  préoccupations  qui  ne  m'ont  pas 
permis  d'y  donner  une  suffisante  attention.  Mai-  il  y  a  autre  chose, 
je  dois  vous  apprendre  que  M.  Lerch  lui-même  a  été  devancé,  il  \ 
a  quarante  années,  par  M.  Lipschitz,  el  que  j'ai  été  chargé  par 
I  éminent  analyste  de  lui  faire  savoir  qu'il  a  traité  le  même  sujet  el 
trouvé  les  mêmes  résultats.  M.  Lipschitz  vient  de  m'envoyer  son 
Mémoire  qui  a  paru  dans  le  tome  54,  i85n  de  (relie  sous  le  titre  : 
i  ntersuchung  einer  au*  vier  Elementen  Reihe  et.  connaissant 
maintenant  ce  que  vous  avez  fait,  je  puis  à  peu  près  le  comprendre 
malgré  l'allemand.  Vous  aurez  donc  au--i  à  lire  ces  recherche-, 
afin  de  les  mentionner.  M.  Lipschitz,  d'ailleurs,  a  ayi  avec  grande 
bienveillance  envers  M.  Lerch.  il  m'a  écrit  qu'il  se  bornerait  à 
rappeler  son  ancien  Mémoire  et,  sans  faire  aucune  observation, 
dan-  un  article  sur  le  même  sujet  destiné  au  Journal  de  M.  hro- 
nech  er. 

On  m'assure  que  le  Journal  de  M.  Schlômilch  esl  à  la  biblio- 
thèque de  l'Ecole  Normale,  j'aurai  donc  le  moyen  de  rechercher 
I  article  de  Hankel  que  vous  voulez  citer:  permettez-moi,  pour 
diriger  mes  recherches,  de  vous  demander  -i   vous  connaissez  le 


LETTRE    1V9.  Ni 

titre  de  son  Mémoire,  ou  à  pou  près  l'époque  à  Laquelle  vous  pré- 
sumez qu'il  a  été  publié. 

En  saisissant  cette  occasion  pour  vous  donner  la  certitude  que 
de  Paris  on  veille  sur  vos  intérêts  et,  dans  l'espérance  que  vous 
n'êtes  point  par  trop  chagrin  d'avoir  été  devancé  par  M.  Lipschitz, 
qui  n'a  pas  d'ailleurs  dégagé  une  corrélation  concernant  la  fonc- 
tion r(;r),  je  vous  renouvelle,  mou  cher  ami,  l'assurance  de  mon 
affection  bien  sincère  el  bien  dévouée. 

Dois-je  vous  envoyer  le  texte  de  votre  article? 


149.  —  STIELTJES  A   II  ERMITE. 

Toulouse,  i  \  novembre  1888. 
Cher   Monsieur, 

Voici  l'exacte  vérité  concernant  l'article  de  M.  Lerch  dan-  les 
Acta.  Le  fascicule  des  Acta  où  se  trouve  ce  travail,  je  l'ai  entre  les 
mains,  il  y  a  je  ne  sais  combien  de  mois.  Je  n'y  ai  jeté  alors  qu'un 
coup  d'œil  et  sans  l'étudier  à  fond,  les  formules  paraissant  assez 
compliquées.  Aussi,  dans  mon  esprit,  il  n'en  restait  que  ce  sou- 
venir un  peu  vague  qu'il  s'agissait  d'une  généralisation  de  la  fonc- 
tion Ç(s)  de  Riemann.  Mais,  lorsque  j'ai  rélléclii  à  l'expression 
asymptotique  de  votre  fonction  R(#),  Vidée  ne  m'est  pas  venue 
un  instant  qu'il  pourrait  y  avoir  quelque  rapport  avec  le  travail 
de  M.  Lerch.  Ce  n'est  qu'après  avoir  terminé  mon  travail  et  avoir 
remarqué  l'analogie  de  la  transformation  dont  je  fais  usage  avec 
celle  indiquée  par  Riemann  pour  obtenir  la  relation  entre  Ç(s) 
et  Ç(i  —  s),  que  l'idée  m'est  venue  d'examiner  plus  attentivement 
le  travail  de  M.  Lerch.  C'est  ce  que  j'ai  fait  lundi  soir,  après  les 
examens  de  la  licence.  Et  j'ai  \u  alors  immédiatement  que  mon 
résultat  doit  être  compris  dans  celui  de  M.  Lerch,  quoique  je  n'ai 
pas  encore  fait  les  calculs  nécessaires  pou)-  le  constater  effecti- 
vement . 

La  généralisation  de  M.  Lerch  revient,  en  somme,  à  ceci  qu'il 
considère  au  lieu  de 

ax        ( a  ■+-  1  )*        (a-\--i)x 

R(x)= h- r1- h—  ; — ■-+-.... 


v  CORRESPONDANCE    d'HERMITE    ET    DE    STIELTJES. 

série  procédanl  suivant  les  puissances  de  -■>  une  série  procédant 

suivanl    les  puissances  d'un  nombre  quelconque  de  module  infé- 
rieur à  l'unité  el  qu'il  écrit  sous  la  forme  <■'■''  en  supposant 

x  -   7       i'}.        p  >  o. 
Peut-être,  -i  au  lieu  de  poser 

on  ;t\ ait  posé 

roc  ~n  -h  li  ~a-i-2b 

-/  +J  +..., 

•   «  •    h  •   it-hO 

qu'on  serait  amené  à  introduire 

ax       (a-\-  b)x       (a  -+-  zby 

R   ./■  i   -         -f-  -. ! —-. !-.  . ., 

(,  i  (,  i  -ii  r  i  ■  :<> 

ce  qui  réalise  ce  qu'il  v  a  de  | >1  us  essentiel  dans  la  généralisation 
de  M.  Lerch.  Mais  le  temps  me  manque  en  ce  moment  pour  vérifier 

ceci. 


La  comparaison  de 


(a    --/>)'•        ( a  -h  9. b  Ve 


avec 


Jf 


//  fe   "  '/// 


me  fait  supposer  que  la  valeur  asymptotique  doit  être  alors  ——,  - 

Si    ces    prévisions    sont    exactes,    ne    vaudrait-il    pas   mieux  alors 
refaire  mon  article  en  considéranl 

a'-       {a       by 

Je  crois  que  oui,  mais  je  ne  pourrai  rédiger  mon  travail  que 
dans  quelques  jours.  Je  \<>us  le  soumettrai  alors  pour  y  changer, 
si  cela  \mis  paraît  nécessaire,  quelques  mots  dans  l'extrait  de  vos 
Ici  1res  qui  y  figurera. 

J  ai  examiné,  à  Auch,  un  peu  ce  que  vous  m'avez  dit  de  l'appli- 
cation de  la  méthode  de  Laplace  à  certains  cas  où  cette  méthode 


LETTRE    1Y!>.  283 

donnerait  «1rs  résultats  Inexacts.  Je  vous  avoue  que  j'éprouve 
quelque  difficulté  à  l'admettre,  dans  le  cas 

r>K.r\ 
(->     -  —  I  —  i  —  :>.  ij  cos  ■>.  r   ;    •<  y  ■  cos  i  /•  — .... 

le  coeRïcienl  de  x"  se  mel  sous  la  forme 

A—  B, 

et  il  me  semble  qu'il  faut  appliquer  la  méthode  de  Laplace  aux 
expressions  A  et  B  séparément.  Si  l'on  trouve  alors,  pour  A  et  B, 
la  même  expression  as\  mptotique  (ce  qui  nie  paraît  liés  probable), 
on  ne  peut  rien  conclure,  ou  plutôt  on  peut  dire  alors  seulement 
(pie  la  valeur  du  coefficient  devient  très  petite  par  rapport  à  A  et 
à  B.  Mais,  dans  le  cas 

I    -f-     >  1/    CCI-    >./'  >  //'•    CCI-    j  ./■  .... 

le  coefficient  de  ./"  est 

A  -+-  B, 

et  il  me  semble  que  la  méthode  de  Laplace  doit  alors  donner  un 
résultat  exact. 

J'ai  remarqué  que  votre  élégante1  démonstration  de 

i.3   5...(an-0  '  fQ<       -[) 


g     )       a—\ 

-   \         ya-l  c    ".'  dy 


2.4.6.. 

•2«             \/iz{n  +  i) 

s'applique  aussi  à 

V(a)Y(,i)  _   Ç" 
r(a-f-  n)   ~J0     1 

"-1  d*=r 

1  -+-x  )"-"'             ,/„ 

• 

(1  — .r  =  e>  1. 

En  posant  avec  vous 

1  —  e-y 


=  e-®J         (o<  0  <i), 


y 

il  vient,  après  réductions, 

T{  n-+-  a)  =  [n  +  (a- i)8]«r(«). 

Votre  très  sincèrement  dévoué. 


'S'i  CORltF.SrONDANCE    DHERMITE    ET    DE    STIELTJES. 

150.  -   HERMITE    I   STIELTJES. 

Paris,   il)  novembre  1888. 
MnN    (III  l;     \  \i  i . 

La    détermination,   par   la   méthode   de   Laplace,    de  la   valeur 
;i-\  mptotique  de  la  série 

i;  i  ./•  i  =  > . 

'         ^^         ea+nb 

lorsqu'on  suppose  x  très  grand,  s'obtient  facilement  comme  vous 
allez  voir.  Observant  que  les  termes  vont  d'abord  en  croissant  pour 
diminuer  ensuite  indéfiniment,  on  détermine  le  rang  n  du  terme 
maximum  en  posant  la  condition 

(a-hnb)x        \a-\-  (n  —  i  \b]x 


ga-t-ub  , 

On  en  t  ire  en  simplifianl 

a  +  nb       Y=ch 

[_  a  -h  (  n  —  i  )  b  J 
et,  par  conséquenl . 

-  nh  h  h- 

a  -j-  (n  —  \)b  .'■        a  x- 

(I  où 

/,     -J,- 

a  — -  (  //  —  \  '/>       x -+- . .  . . 

>  i  j.  ,c 

Négligeanl  les  quantités  en  ->  je  prends 

b 

a       i  il  —  1)0  —  x > 

•>. 

ce  qui  donne  pour  l'expression  du  plus  grand  terme 


X  = 


Ceci  posé,  >oit  T  le  terme  de  rang  l  avant  le  maximum,  c'est- 
à-dire 

T  =  \a-L-(n  —  t)b]*  m 

,     I         i—t'h 


m: 

r 

ii 

X  -t-- 

e      - 

LETTRE    150. 


La  condition  a  H-  nb  =  x  +  -  permet  d'écrire 

loirT  =  x  Ior  (  x  4-       —  bl 


et  «le  là  résulte 

logT  —  logX  =  a?  log 


Développons  le  second  membre  en  série  jusqu'au  terme  en  /'-'. 
cl  négligeant  encore  les  quantités  en  —,  on  obtient  simplemenl 

b-t2 

logT  —  lo<rX  = , 

8  n  -xx 

d'où 

T  =  Xe    »*. 

C'est  la  même  expression  qui  s'offre  pour  le  terme  de  rang  t, 
après  le  maximum  et  la  valeur  approchée  de  la  somme  sera  donc 
donnée  par  l'intégrale 


\L 


e     2x  dx. 


On  trouve  ainsi  la  quantité 


h  y  ,— 

-   -  W-ITZ. 

V 

b 
.     ■*"  +  - 

be       2 


Mais  on  a 

-  1    =  e        V      2/  =  e  2    2.»- 


a?  h |     =  e 

2, 


de  sorte  qu'en  négligeant  —  elle  devient  simplemenl 

i 
.r'     *e-x\/zTZ  _  V(x  -+-  i) 

Votre  prévision  est  donc  complètement  réalisée;  il  en  est  de 
même  pour  l'origine  que  vous  avez  eu  l'idée  de  donner  à  la  série 
l\(#),  généralisation  de  celles  auxquelles  j'ai  été  conduit  en  em- 
ployant les  décompositions  suivantes  {Journal  de  Cvelle,  t.  Si). 


286  CORHESPONDANCE    l)'lIERM[TE    ET    DE    ST1ELTJES. 

p.  333) 

i  //  —  o.  i ,  •>..  .  . .),         (n  =  i,  a,  ">.  ...  i. 

Mais,  c'esl  ce  que  vous-même  vous  ave/,  déjà  dû  reconnaître,  el 
je  ne  m'y  arrêterai  donc  point. 

Mes  sentiments  de  bien  sincère  affection. 

151.  —  STIELTJES  A  H  ERMITE. 

Toulouse,  16  novembre  1888. 
(  '.m  r,    MoNSlEl  i; . 

^.près  avoir  vu  le  Mémoire  de  M.  Lipschitz  (C  relie,  t.  54,  1 8  .">  j  ) . 
j'espère.  Monsieur,  que  vous  ne  me  reprocherez  pas  trop,  cette  fois, 
de  ne  pas  suivre  votre  conseil.  Il  me  semble  préférable  maintenant 
de  ne  pas  intervenir  dans  celle  matière.  Ce  qui  me  décide  surtout. 
c'esl  la  circonstance  que,  d'après  votre  lettre,  M.  Lipschitz  lui- 
même  se  propose  de  revenir  sur  cette  matière  dans  le  Journal  de 
Crelle;  je  veux  donc  voir  d'abord  le  travail  de  M.  Lipschitz  et  je 
doute  fort  qu'après  cela  il  y  ait  encore  quelque  chose  à  dire  sur  ce 
sujet.  Nous  pouvez  donc  détruire  mon  manuscrit  et  ce  n'est  que 
pour  vous  que  j'écris  ici  ce  résultat 

n  ''        (a -h  h  i  '         '  n    -  ■>  h  \  ' 


•  I  : 


R(ar)  = 

l;  ■  ./•  —  1 1  _      i       Ç     eat=-1J 
|/i  i~ij    î  —  < 

cl  sous  les  conditions 

O  <  a      h.  p.  réelle  x  >  I, 


(  a  >  o,  b  >  o), 


h  Ri  x  —  1) 


c 

2 


/  2  ~  il  \ 

os    are  tan  g-: i~  -y 

\  s    b  b) 


V{x) 


a  ix  tang 


/  l6l!«V 


LETTRE    151.  287 

où  le  premier  membre  peul  s'écrire 

/  /•(  /  1  rf/ 


/(0  =  *J 


I  «-< 


Il  est  quelquefois  bien  difficile  à  s'assurer  si  un  résultai  qu'on  a 
obtenu  est  nouveau  ou  non.  Par  hasard,  j'en  ai  vu  l'exemple  que 
voiei.  Vous  savez  queM.  Schering,  de  Gôttingue,  a  publié,  dans  les 
Monatsber.  de  Berlin,  [876,  ce  théorème 


.m)=(-i),s 

où  (  jtjJ  est  le  symbole  de  Legendre  généralisé  par  Jacobi  cl  ;j.  le 
nombre  des  restes  minima  négatifs  pour  le  module  M  des  quantités 

M  — 1 

a ,      1  rt,      Jrt,      .  .  . ,  —  a. 

(  Fo//-  aussi  ^4c£a  math.,  t.  1,  p.  166). 

Dans  le  même  Tome  des  Monatsber.  M.  Kronecker  a  exposé 
alors  ses  propres  recherches  sur  ce  sujet  et  je  crois  me  rappeler 
qu'il  dit  avoir  exposé  ce  théorème  déjà  dans  un  coins  fait  pendant 
l'hiver  de  1870. 

Mais  le  théorème  est  dû  en  vérité  à  un  géomètre  anglais, 
M.  Morgan  Jenkins,  qui  l'a  donné,  le  20  avril  1867,  dans  une 
séance  de  la  Société  mathématique  de  Londres.  [Voiries  Procee- 
dings  de  cette  Société  où  se  trouve  sa  démonstration).  L'énoncé 
de  M.  Jenkins  est  légèrement  différent  mais  cela  n'a  rien  d'essentiel. 
J'ai  mentionné  ce  fait  il  y  a  un  an,  je  crois,  dans  une  lettre  à 
M.  Mittag-Leffler.  Je  crois  qu'il  en  a  averti  M.  Schering. 

Veuillez  bien  agréer,  Monsieur,  l'expression  de  mes  sentiments 
dévoués  et  reconnaissants. 

P. -S.  —  Je  ne  connais  pas  le  titre  du  Mémoire  de  Hankel  ;  mais, 
d'après  une  Note  que  j'ai  trouvée  dans  les  Math.  Annalen, 
t.  XXXI,  p.  455,  il  doit  se  trouver  sans  doute  dans  le  Tome  IX  d\\ 
Zeitschrift. 


288  CORRESPONDANCE    d'hERMITE    ET    DE    STIF.LTJES. 

152.  —  1 1ER  MITE  A  STIELTJES. 

Paris,   iN  novembre  isss. 
Mon  i  iii  i;    LMI, 

Je  m'en  ai  pas  encore  fini  avec  les  examens  du  baccalauréat,  j'ai 
demain  une  dernière  séance  à  La  Faculté  des  lettres,  el  puis  à  cette 
besogne  va  succéder  une  autre  d'une  autre  nature,  il  faut  m'occu- 
per  de  la  rédaction  d'un  rapport  dont  je  suis  chargé,  de  sorte  que 
je  ne  sais  quand  je  pourrai  pour  mon  compte  étudier  le  Mémoire 
de  M.  Lipschitz  qui  me  semble  fort  beau.  Je  ne  puis  assez  vous 
dire  quel   plaisir  m'a  fait  votre  équation  que  je  préfère  écrire  de 

cette  manière 

/  ■>  t.  a 

COS     arc  1,11m     ,     —  1-  -r 

l;    ./— M  1  \  h  b 

-r  H-  2 


H.ri  b 


tosfarctang  g    -4*5) 


(62-+-  i6tt2)2 


\  «mis  me  permettrez  pour  le  cas  où  vous  auriez  à  l'employer  de 
nous  indiquer  comment  la  décomposition  de  l'intégrale 

J  ^    /      :'  -ie   \d\, 
en  in  nies  de  la  forme 


n  —  1  )  b 
a-t-nb 


de  sorte  qu'on  ait 


J    —  J  n  -i-  J  [  —  •  .  .  -t-  J  n  "+"  • 

conduit  à  la  notion  de  la  fonction 

D  .    .       a*        (  a  -t-  b  )* 

R  1  .r    = i- —/-  -+- 


J'observej  à  cet  effet,  qu'en  posant  £  =  a  +  /?&  +  /.  on  a 


LETTRE    l.'i'i. 

el  que,  pour  toutes  1rs  valeurs  <!<•  //,  à  partir  de  n  =  i ,  le  déve- 
loppement suivant  les  puissances  de  /,  par  la  for le  du  binôme, 

de  ("  \-  nb  \  t)x~l,  donne  une  s < '•  i •  i < ■  convergente  entre  les  limites 
l  =  o,  t  =  b.  Il  en  seraïl  encore  de  même  pour  //  <>.  sous  la 
condition  a  l>\  mais  il  est  préférable  d'exclure  l'intégrale  J0,  en 
considérant  l'a  différence  J„      .!„  qui  est  l'intégrale 


./.". 


6 


Comme  \  mis  allez,  voir. 
Soit 


-i 


nous  avons 


P0(«  -H  nb)*-1  +  ' Pr|  a  -    //A  i' 


i./-  ■      I  )  ..i./-  —  m)  n  , 


•I' 


de  sorte  qu  en  posant 

(  «  -i-  «è  ) 


rua?)  =    >   ; —  pour         n  =  i,.  2,    >.  . 


on  obtient  immédiatement 

=  P0Ria7)-H  ^=ip,  R(#-i;-+-  (-r~')';r  ~2)PaR(a- -■>,)-)-.... 

Changeons  maintenant  a  en  a  —  6,  afin  de  parvenir  à  I  inté- 
grale proposée  J;  ce  changement  reviendra  évidemment  à  prendre 
à  partir  de  n  =  o,  au  lieu  de  n  =  i,  le  terme  général  de  R(#),  de 
sorte  qu'en  modifiant  ainsi  la  définition  de  R(.r),  on  a  la  formule 

J  =  P0R(a7)-t- Pi  -     -R(ar  —  i)-h 

Il  n'y  a  donc  pas  à  s'embarrasser  des  questions  de  convergence 
et  tout  devient  fort  simple  grâce  à  vous,  à  l'idée  qui  vous  appar- 
tient d'une  décomposition  de  l'intégrale  plus  générale  (pie  la 
mienne;  mais  n'est-ce  point  singulier  qu'on  parvienne  par  une 
telle  voie  à  l'extension  de  la  fonction  Ç(s)  de  Riemann! 


290  CORRESPONDANCE    D  RERHITK    Kl     DE   STIELTJES. 

En  \mis  priant  de  me  donner  à  I  occasion  quelques  explications 
sur  votre  procédé  pour  parvenir  à  la  relation  <|ui  m'intéresse 
beaucoup  r(/i  -+-  a)  =  [/i  -f-  (a  —  i)0]flr(/n  ci  vous  demandant 
d'attendre  que  j  aie  | >l  11  s  de  liberté  (tour  revenir  à  L'application  aux 

séries  8|       -)  et  0t  (  )>  de  la  méthode  <lc  Laplace.  je  vous 

renouvelle,  mon  cher  ami.  l'assurance   tic  nia  bien  sincère  affec- 
tion. 

153.     -  STIELTJES  A   HERMITE. 

Toulouse,  dimanche  matin  (    )  >  23  novembre  i8s8?  ). 

(  .m  1;   Monsieur, 

Je  -uis  on  ne  peut  plus  touché  de  l'extrême  bonté  que  vous 
montre/  à  mon  égard.  Mais  M.  Lipschitz  étant  le  premier  inven- 
teur, je  \cu\  voir  il  abord  le  travail  qu  il  \a  fane  Insérer  dans  le 
Journal  'h-  M.  Kronecker ;  s'il  n'y  parle  pas  de  l'application  à 
votre  fonction  R(#),  je  pourrais  peut-être  plus  tard  donner  une 
Note  où  j'appellerai  l'attention  sur  cette  application. 

En  faisant  dans  la  relation 

(1)  li  a  -r-  n  )  =  |  /;  —  (a  —  1  )6]a  r(«  ).         o<0<i. 

a  =  -  el  remplaçant  n  par  n  +  1 

r  (  n  -+-  -  )  =  \/n  -+-  1  —  z  r  (  n  -f- 1  ),         o  <  e  <  -  • 
2  2 

Je  vois  que  ce  n'est  pas  votre  formule  mais  prenons  a  =  -  et 

remplaçons  //  par  n -\ — >  il  \ient 

r( n  -t-  1)  =  v/n  -^  s  r  (  n  -+-  -  )  •  0  <  s  <  -  , 


z 1 . 3 . . . C  "in  —  1 1    /- 

1  =  \/n  —  £  —    — - —  —  v't, 

:>. .  ï  -  .  .  •>- 11 

ce  qui  est    bien  votre  résultat  qui   est  ainsi  compris  dans  la  for- 
mule    1   . 


Vote  de  l'éditeur,  —  Celte  lettre  non  datée  ne  paraît  pouvoir  se  rapporter 
à  une  date  autre  que  le    • '>  novembre   1S88. 


LETTRE    1  '■>'•'>.  291 

lui  posant   I  -f-  X  =  e"  dans   la   formule 

r(a)T(/i  l 


—  =   l ,/, 

n)        ./       1  1    ■./•)"  •  " 


on  peul  écrire  sous  deux  formes  différentes 

T(a  1  r<  n  »         f"° fer—  1  .*->        .      .  ,.     , 

r(a  +  n)      ,/0     V    .7     / 

Ayant 

=  e-«>r,        o  •     w  <  1 .        e~y  ' 

y  y 


..      .    .  ,    ,  r(//  »  ii  n  1 

on  \oit,  (I  après  la  seconde  tonne,  que  „,   '  est  compris  entre 

1  '  n       r  (  a  -+-  «  )  ' 

les  deux  limites 

r(«j 


a       1  1  ' 


J'       ya-lg-Ui+a-Dy  dy  =   — 
(" 

i/o  " 

ce  qui  donne  la  formule  (  1). 

Mais  voici  une  autre  conséquence.  D'après  ce  qui  précède  on  a 
ces  deux  formules 

.    .  V(a)Y(n)         /•- /!  — c-r\a-i 

r(a-t-n)      J0     V      7      / 


iAç1^_tf«-c«-t-i;==  r'/er-^y  ■  _nyd 


r(a)  r<  »  —  «  -t-i)  _  C* (ey~  !\a_1 

Développons 


^v 1  \ a— 1 

=  1  -+-  Cj7  -f-  C2K-  -+-  c3t^3  -+-  . 


on  aura  en  même  temps 

1  —  e—y  1  "  -  ' 


y 


=  I  —  C^-r-CoJ C3J3-h. 


,,.  CORRESPONDANCE    d'hERMITE  ET    DE    ST1ELTJES. 

et,  à  l'aide  de  ces  séries,  on  obtient 

Y  n      <i  il  a  a(a  i  a  (a  -4-1)  (a  -1-2)  1 

(A)  -  =  —    1 cp —  c> —  c3 -    ...  I , 


", 


r(n       a) 


il  a  a  a      1  1  a  (a      i)(«-4-2) 

M Ci — —  c, — c3-- ...    , 

n  '  /i  «  n  • 


r,.  c2,  •••  son!  évidemment  des  polynômes  en  a. 

Lorsque  a  esl  un  entier  négatif  «  =  — ///.  il  esl  clair  que  la 
série  5  esl  finie  el  ainsi  la  formule  est  valable  quelque  soit  n . 
Ki.  ilu  reste,  la  relation 


<  n  —  i)(  n  —  2). .  .(n  —  m) 


/         Pi        P 

n"1  {  \ 


permet   de  calculer  la  série   indéfinie  des  polynômes  l*  de  m  ou 

de  a.  Lorsque  a  esl  un  entier  positif  a  ==-+-  m,  la  formule  (5)  se 

réduil  à 

P,       P* 


un  -4-  1  ) . . .  (  n  -+-  m  —  \)       n  "•  \         n        n  - 

et  la  série  est  convergente  tant  que  mou1//  >  ni  —  1 . 

Mais  pour  toute  autre   valeur  de  a  la  série  (5)  est   divergente 
quel  que  m>ii  le  module  «le  //.  Cela  est  évident  ici,  car  la  série 

1  ^c,/  +  cor2+  c3/:i  — . . 

n'est  convergente  que  pour  modjy  <  2it;  or.  on  a  multiplié  les 
coefficients  C  par  ces  {'acteurs 

^/.     a(a  —  11.     a(a-r-i)(a  —  2),     .... 

Les  amicus  analystes,   après  avoir  établi  la  formule  (5)  pour 

n  =  —  //* 

/        P,       P., 

(n  —  i  1  (  n  —  2  ) . .  .  (  n  —  m  )  —  n"<  [  1  h i "-—...    , 

11  11-  j 

ont  quelquefois  pris  le  second  membre,  dans  le  cas  que  ni  n'est 
plus  entier,  comme  définition  d'une  généralisation  de  la factorielle 

1  //  -  1  h  n  —  ■>  1 ...  1  n  —  m  i. 

sans  faire  attention  à  la  divergence  de  la  série,  ce  qui  explique 
les  résultats  erronés  auxquels  ils  ont  été  conduits  quelquefois. 
M.    Weierstrass  a   fait   voir  d'une  autre  manière  que  la  série  (5) 


.ETTRE    153. 


î93 


csi  ion  jours  divergente  i  ibhandlungen  ans  der  Functionen- 
lehre,  p.  2  \  \-i  \\). 

11  fait  voir  d'abord  que  si  la  série  était  convergente  elle  devrail 

représenter  nécessairement  La  fonction  pour  huiles  les 

1  V(n  ■+-  a)  ' 

valeurs  de  n  dont  le  module  surpasse  une  certaine  limite.  Mais 
cela  est  évidemmenl  impossible,  car  en  posanl 

n  =  Re'î        (ceci  n'est  pas  le  raisonnement  de  M.  Weierstrass), 

et  faisant  croître  co  de  o  à  2~,  le  premier  membre  revient  à  sa 
valeur  primitive,  tandis  que  le  second  membre  e>i  multiplié 
par  e~ia-'K.  Du  reste  aussi,  en  posant  n= — m,  m  entier  positif 
suffisamment  grand,  on  rencontre  des  contradictions. 

"Niais  quoique  ces  formules  (4)  et  1  5  |  soient  divergentes,  ce 
sont  cependant  les  séries  asymptotiques  des  premiers  membres,  et 
elles  peuvent  servir  aussi  au  calcul  numérique  lorsque  n  est  grand 
et  positif. 

J'ai  vainement  cherché  (il  y  a  quelques  années)  à  établir  une 
théorie  satisfaisante  de  ces  séries  divergentes.  Voici  encore  une 
remarque  à  leur  égard.  Je  remplace  11  par  —  n  dans  le  premier 
membre  de  (5) 


T(—n) 


F  (  —  n  )  T  (  n-\-  1  ) 


rr 


a  )        r  (  —  n  -+-  a  )  T  (  n  —  a 


X 


n  a 


a 


sin  -(  /;  —  a)        T(  n 


n        r(n-i-i) 
/  —  1 1 


[•{71  + I) 


donc,  d'après  (4) 


(5') 


r(--i) 


r(- 


a) 


SIM  7T(    // 


a) 


On  peut  donc  changer  dans  la   formule  (5)  n  en  —  n  à  con- 
dition de  remplacer  ( —  n)a  par  n"  x  -. — :  —  •    On  trouve  un 

1  '     l  sin  7t(  11  —  a  ) 

résultat  analogue  lorsqu'on  change  n  en  — n  dans  la  formule  (4)- 
Existe-t-il  une  formule  plus  générale  qui  embrasse  les  for- 
mules (5)  et  (5')  en  même  temps?  Question  qui  parait  extrê- 
mement difficile.  J'incline  à  croire  que,  pour  pénétrer  un  peu  dans 
ces  mystères,   il  faudra   revenir  d'abord  à  l'étude  de  la  série  de 


m,,  CORRESPONDANCE    D'HERMITK    ET    DE    STIELT.IES. 

Stirling. 

|ogr(a)       (a       -  ]  loga —  a    -  log/îit -4- *^a), 
B,  Ba 


■I"  a 


3.4-«2 


M.  Lipschitz  a  considéré  le  cas  a  imaginaire,  mais  partie  réelle 
de  a  -o;  dans  ma  thèse  j'ai  trouvé  qu'aussi  lorsque  a  est  pure- 
ment imaginaire  la  formule  reste  applicable,  mais  j'ai  observé 
depuis  longtemps  que  même  lorsque  La  partie  réelle  de  a  est 
négative  la  formule  peul  donner  une  grande  approximation. 

Supposons  une  coupure  de  o  à  — x.  la  fonction  LogT(«)  esl 


uniforme  alors  fi  j'espère  qu'un  jour  on  fera  une  théorie  de  la 
série  de  Stirling  qui  montre  qu'on  peut  remployer  dans  tout  le 
plan,  seulement  lorsque  a  s'approche  de  la  coupure,  le  terme 
complémentaire  doit  changer  brusquement-  La  grande  difficulté 
ici,  c'est  de  trouver  une  expression  de 


ou   d( 


[     r~  ei-t         adt 

<|>   i   a   i      ;  /  \0S  — -    — :  • 

'  o 

" 1     Tr-    -,.)„-, -»»ï 


qui  donne  la  continuation  de  cette  fonction  à  gauche  de  l'axe 
des  y.  \  uns  avez  remarqué  depuis  longtemps  dans  le  Journal  de 
Crelle  (- )  la  ligne  de  discontinuité  de  ces  intégrales,  qui  est 
cause  que,  quoique  ces  intégrales  aient  un  sens  pour  partie  réelle 
a  <<  o,  on  n'obtient  pas  ainsi  la  continuation  (qu'on  sait  possible) 
de  la  fonction. 

Je  ne  suis  pas  sans  espoir  d'obtenir  cette  continuation  à  gauche 
de  I  axe  desy,  mais  même  après  ce  premier  succès  il  restera  à  voir 
si   l'expression    obtenue  se   prête  à   la  discussion   de  la   série  de 
Stirling.    Mais    voilà    la    lin    des   vacances,    mes    cours    vont    re 
c< nencer  mardi  et  demain  j'ai  encore  les  bacheliers  es  lettres. 

(')  Note  des    éditeurs.        T.  '.i;'.  p.  in:  1882. 


LETTRE    153. 

Veuillez  toujours  me  croire,  mon  cher   Monsieur,  votre  affec- 
tueusement dévoué. 

P.  S.  —  On   pourrait  faire  usage  «le  la  formule  (4)  pour  dis- 
cuter la  variation  de  „   —  >  x  varianl  entre       n  et  —  n-\-  i ,  //  entier 

1  (  x) 

positif.  Soit  x  =  —  n  -+-  a 

i  i  —  i  )«  simra     . 

I  ^î-hi-  a  i, 


r(-n  +  a) 


i  (—  o»r(m-o  .  /       a 

sin-Tia  x  a  a\  i  -\ Ci -t-, 


r  i  —  «  -+-  a  )  -  \         n 

En  première  approximation,  on  aura  à  discuter 

n~a  siriTra, 
a  variant  de  o  à   i.   Annulant  La  dérivée,  il  vient 

7rcot7m  =  Log/i         ou         —  =  Logra. 

C'est  précisément  le  résultat  auquel  vous  êtes  arrivé  dans  votre 
lettre  à  M.  Schwarz.  (C  relie,  t.  90,  p.  337.)  Mais  votre  méthode 
me  semble  plus  élégante  et  rigoureuse. 

Il  me  semble  curieux  qu'on  peut  passer  de  la  définition 

(a)  r(a)  =  /      ««-'  e~u  du, 

"  0 

supposant  partie  réelle  a  >•  o,  à  une  autre  définition  valable  dans 
tout  le  plan  ainsi  qu'il  suit.  Soit  n  un  nombre  positif  qui  croît 
indéfiniment,  on  a 

V(  a)  =  lira    /       ««-'  e~u  du, 
«-  0 
ou  bien  développant  en  série 

,„.      „,  ,.  li  e"  e'1:l  e3n 

p        r(a)  =  lime"« —  -  L^+- 

L«        « -t- 1         i.vi.(a-f-a)        i.2.J.(a-+-3)  _!«  =  «> 

mais  ((3)  donne  maintenant  la  définition  de  T(a)  dans  tout  le 
plan.  En  effet,  en  adoptant  (  [3)  comme  définition,  il  vient  à  l'aide  de 


a  -^  a  -t-  >. 

1 


a  V(a)  =  lime^na-en)-+-  \imenia+l> 


«  +  l  fl  +  2  l.'i.(«  +  3) 


•I 


2q6  CORRESI'ONDANCI     D  URRH1TE    ET    DE    STIELTJES. 

c'est-à-dire 

a  l't  a)  =  l'i  a  —  i). 

Cette  transformation  montre  que  la  définition  (j3  donne  une 
valeur  finie  pour  r(a),  >i  c'est  le  cas  pour  If  a  -  m,  mais  tant 
que  partie  réelle  <•/.<».  il  esl  clair  que  -/  el  ((3  sonl  équiva- 
lentes. .  ..  Mais  je  crois  que  cette  remarque  peul  «'ire  à  peine  con- 
sidérée comme  nouvelle. 

Votre    méthode    directe    pour  déterminer    le    rang    du    terme 

maximum 

(a  -f-  nb  F 

esl  certainemenl  préférable.  Il  esl  probable  < | ne  Ton  a  imaginé  la 
méthode  moins  directe  d'égaler  deux  termes  consécutifs,  pour 
traiter  certains  cas  où  la  méthode  directe  s'appliquerail  difficile- 
ment. Mais  ce  o  est  pas  une  raison  pour  faire  usage  «le  celle  ma- 
nière détournée  dans  les  cas  où  la  méthode  directe  s'applique  sans 
difficulté.  Siiriout  dans  le  cas  aciuel  où  le  résultai  e>i  >i  simple. 


154.  —  Il  ERMITE  A   STIELTJES. 

2  '|  novembre  i  xSs. 
\lo\     CHER      \  M  I  . 

Votre  dernière  lettre  si  substantielle,  si  instructive  m'a  rendu 
grand  service. 

Je  donnerai  dans  mes  leçons  votre  calcul  qui  e>i  extrêmement 
simple  pour  établir  la  relation 

rCa-f-  «)  =  [«-+-  (a  —  i  >H  J  '  ri  n  i. 

que  j  aurai>  bien  dû  voir  même  comprendre,  comme  cas  particu- 
lier, celle  que  j'avais  envisagée.  Et  aussi  votre  procédé  éléganl 
I  m  ii  n-  établir  l'égalité  Y  <  'f  -^~  i)  =  a  Y  i  a  )  au  moyen  de  l'expression 
limite  pour  a  infini  de  Y(a)  par  la  quantité 

)-  1 


a  - 


,2.   a  —  2  i 


Maintenant,  voici  une  circonstance  donl   je  dois  vous  faire  part 
et   que   vous   nf    pouviez    poinl    soupçonner.    M.  Bourguet  a    eu, 


i.F.mtK    |;i'i.  ...  ,- 

comme  \<>us,  l'idée  (!<•  rechercher  l'extension  à   toul    le  plan   de 

l'intégrale 

i     {"*.  i  adt 

-  I       os  — . 

-  ,'ti  i       e   --'  a2-t-«2 

et  m'a  donné  communication  d'un  travail  étendu  dans  lequel  il 

expose  sa   méthode  el  ><'s   résultats Son   travail   me  semble 

d'une  grande  importance,  et  je  suis  autorisé  par  lui  à  \mb  en  donner 
communication,  si  vous  le  désirez.  En  même  temps,  j'ai  mission 
de  nous  informer  qu'il  désire  se  !<•  réserver,  et  qu'il  vous  prierail 
dans  ce  cas  <lr  garder  la  communication  pour  vous  seul.  C'esl 
pendant  les  vacances  el  en  cherchanl  la  solution  d'une  question 
que  je  lui  avais  indiquée  qu'il  a  l'ail  la  découverte.  Ma  question 
était  <l  obtenir  I  expression  qu'on  connaîl  d'avance,  de  la  différence 

(a  -+-  i)  dt  /*".  i  adt 


.  i  (  a  -+- 1  )  dt  rx . 

lou  —  —  —    /        lu 

'-  i  —  e-**'  (  a  -+-  0*  -t-  *2        ' 


(a-i-i)2-t-  t-      J  '    i  —  e-**'  a!      /-' 

et  vous  verrez  avec  grand  intérêt  dans  sou  travail,  de  quelle  ma- 
nière il  la  traite  et  comment  ensuite  il  arrive  à  l'extension  de 
l'intégrale,  de  l'autre  côlé  de  l'axe  des  ordonnées.  En  attendant 
que  vous  nie  fassiez  connaître,  si  je  dois  vous  l'envoyer,  je  viens, 
mon  cher  ami,  vous  demander  pour  moi,  aide  et  protection  en 
vous  priant  de  me  tirer  d'une  angoisse  analytique  extrême.  Votre 
belle  formule 


R(x  —  i 

)       f 
b 

-0 

l'IIS  | 

f                          ■JLtlTZ 

arc  tan  g  — - 

>.  n  a  -  , 

n.o 

d 

conduit  bien  naturellement  à  supposer  A  inûni,  en  posant  <li. 

ce  qui  donne 

H  i  ./•  —  i  j  /-«-t-30  C0S|  arc  tangaTT^  —  i-a  '; 


IV) 


r 


</l 


(H-    <1C«Ç«)* 


ou  encore 


R(j-  —  i)  _      i        /^  *  <<>s(  arc  tang£  —  «£) 


r(.n 


i        Z^30  cos(  arc  tan«i  ;  —  c/;  i 

y0       (i+^2)8 


298  CORRESPONDAIS  E    H  HERMITE    ET    DE    STIELTJES. 

(  )f.  il  me  semble  que  pour  h  infini,  on  .1 


tandis  qu'on  reconnaît .  -1  I  on  cent 


f 


vc  Mi  1-  ':--'/■  •  P*    cosqj;  d\  Px    \^\na\  d\ 

7-  /  r-l-I    _r"       /  .r-t-i 


I       r>2  .A        (i-:2)    -         Ja        <>-:2> 


que  c'esl  absolument  impossible. 

EflFeçtivement,  pour  x  -\-  1  égal  à  un  nombre  pair  .*/«  et  pour 
n  =  1 ,  23  3 on  se  trouve  en  complet  désaccord  avec  la  for- 
mule ilf  M.  Catalan,  Journal  de  Lio avilie,  t.  V,  p.  11  j. 

■>.     /"    cosa£fl?|  <?_ra  r„.  ,.  , 

-    /       „— — -  = I  (  >  //  —  [)  +  ni  I  (in  —  1  ) -xa  -+- . . .  . 

"Jo      0-ç2)"+1         [*T(»-i-i)]»1  J' 

j'y  change  /?  en  /«  +1).  J'avais  accueilli  l'espoir  d'aborder  autre- 
ment que  M.  Bourguet,  dont  l'analyse  est  d'ailleurs  si  remarquable. 

l'étude    des   eoef'tieients    du    développement  de    — — -    suivant  les 

puissances  croissantes  de  la  variable,  j'espère  encore  avoir  fait 
quelque  grosse  méprise  que  vous  reconnaîtrez,  de  sorte  que  votre 
formule  ne  laissera  pas  échapper  la  conséquence  que  j'avais  espéré 
en  tirer. 

En  vous  renouvelant,  mon  cher  ami,  l'assurance  de  ma  bien 
sincère  affection. 


1.55.    -  STIELTJES  A   H  ERMITE. 

Toulouse,  26  novembre  1S88. 
(  aui;    Mojvsiei  1: . 

Quoique  très  occupé,  je  veux  répondre  immédiatement  à  votre 
lettre,  mais  je  dois  d'avance  implorer  votre  indulgence  si  sur  cer- 
tains points  je  ne  peux  pas  mettre  les  points  sur  le*  i. 

En  premier  lieu,  vous  me  ferez  le  plus  grand  plaisir  en  me 
communiquant  le  travail  de  M.  Bourguel  et  je  ne  manquerai  pas 
après  l'avoir  \  11  d'adresser  mes  remercîments  à  I  auteur.   Je  suis 


LETTRE    155.  !9g 

curieux  de  savoir  si  les  formules  nouvelles  se  prêtent  à  la  discus- 
sion «le  la  série  de  Stirling;  c'est,  coin  me  vous  le  savez,  le  bul  que 
j'avais  en  vue. 

Vous  diies  (|ue  M.  Bourguel  n'est  pas  géomètre  de  profession, 
mais  je  crois  qu'aucun  géomètre  de  profession  ne  serait  fâché 
d'à  voie  l'ait  ce  qu'il  a  fait,  par  exemple  la  belle  démonstration  d'une 
Ion  nu  le  de  M.  Weierstrass  qu'il  do  il  avoir  donné  dans  son  examen 
de  doctorat  et  que  vous  avez  fait  connaître  dans  voire  lettre  à 
M.  Mittag-Leffler  (Crel/e,  t.  91,  p.  61). 

Maintenant,  Monsieur,  j'ai  encore  à  nous  faire  mes  excuses  ;  je 
crois  bien  qu'après  avoir  posé 

ax        (  a  -h  b  V 
R(x)  =  —  H j^-  -+- 

j'ai  écrit 

/  ■>.  Il  T.  J.llll  ~ 

,  ^  *>    cos  (  arc  tang — ; ; —    )  > 

Hl.r-  i  )  V1  \  à  b      I 


T(x) 


4n27i2 


62 
au  lieu  de 

•xn~       i  an  n 


_  ,  •*>    cos  (  x  arc  tan<_ 

R  (  x  —  i  )  v<         V  h  h 

=  1  +  2  >  —  —;— 


r(x) 

4  n~2rJ 


b* 

0  <  <t  -  b, 
Partie  réelle  x  >  i . 

C'est  cette  erreur  qui  vous  a  causé  tant  d'ennuis;  en  reprenant 
avec  la  formule  exacte  vos  calculs  il  vient 

C*  cos(.r  arc  tang?  —  a  £  )    .„  ax_1  e~" 

(')  /  — dt  =  *-T(xT' 

K(a;  —  i)  étant  égal  à  ax~K  c~a  pour  b  =  -+-  oo. 

La  formule  (I)  qu'on  obtient  ainsi  me  semble  très  remarquable 
et  j'ai  éprouvé  un  vif  plaisir,  en  la  trouvant  ainsi  d'après  vos  in- 
dications; moi-même  je  n'avais  pas  songé  à  cela.  D'après  la  dé- 
duction il  semble  qu'on  doit  supposer 

Partie  réelle  x  >  i ,         a  >  o. 

Cependant  il  me  semble  que  l'intégrale  a  un  sens,  en  supposant 


300  CORRESPONDANCE    d'hERMITE    KT    DE    STIELTJES. 

seulement 

Partie  réelle  x  >  o, 

ei  que  I  i  doil  subsister  ><>us  cette  condition.  Cela  me  semble  bien 
certain  si  par  exemple  .r  e-u  s  1 1  j  >  |  >  «  >  s  «  '■  réel.  Mais  voilà  déjà  un  point 
que  je  ae  peux  pas  préciser  en  ce  moment,  faute  de  loisir. 

M ;i i -  j'ai  observé  que  la  formule    I  I  a  an  rapport  très  étroit  avec 

mi   autre  résultat  dû   à  Cauchy.    Dans  le  Bulletin  de   DarbouxJ 

p.  35,    16,  1 88 1 ,  il  \  a  un  résumé  d'un  article  de  M.  Schlômilch 

i.   \\l\.   de  son  Zeitschrift,   p.    io3-io6;  i ,>s  ~  w  '  -  J'en  ai  pris 

note.  D'abord  on  emprunte  à  Cauchy  ce  résultat 

.  _  i  o  a  négatif, 

(II)  /  -r- : y  dz=    '        ;T 

.'    ,     (6-t-ia)*  /  -— -   ak~le-ab     a  positif, 

en  prenanl  a       h       i.  M.  Schlômilch  déduit  du  résultat 


rX '.,=/' 


dz 


p)        J_x       (!+H) 

le  développement 

kn=-  —    /  __[Log(n-i\s  )]*<**■ 

2  tu  i .  a  .  . .  n  J_        i  —  i  :■ 

<  )r.  si  I  on  prend  b  =  i  et  qu'on  suppose  A~  réel,  la  formule    II 
de  Cauchy   doit  donner  évidemment  la  formule  (I)  et  encore  cette 
généralisation    obtenue    par  l'introduction    de    b  n'est    pas   bien 

essentielle...    il  suffirait  de  remplacer  ;  par   '   et  a   par  ab  pour 

déduire  de     I  | 

-i x  /  ï 

/  arc  tan"  '   —  a  ;  I  . 

°i  */ ax~x  e-ab 

^  ~  '"       I 
A 

el   c'est  là   précisément    ce  (pion  déduit  aussi   de  la   formule  de 
Cauchy. 

Vous  voyez  donc   que   M.   Schlômilch  a  fail    déjà,  à   peu   près, 

l'application  au  développement   de  = une  vous  aviez  en   vue, 

11  '  '  I  i  .r)     l 


LETTRE    1 55.  3ûJ 

mais  il  esl  instructif  de  retrouver  La  formule  de  Cauchj  de  cette 
façon. 

Voici  tnaintenanl  une  démonstration  de  cette  formule  de  Cauchj 
qui  se  présente  à  moi  en  ce  momenl  même.  Partanl  de 


—  =  --    f 


z-*ez  dz. 


remplaçons  v  par  a  s 

a'  ■-•  i        /• 

7T, — :  =  — •    /  z   xeazdz. 

I   (  .'■)  2  7U  J_   ^   _oo 

ou  bien  remplaçant  ;  par  iz 

ax-i  _      i      /'  ea<~  dz 
T(cc)  ~  -m  J     (i  z  F 

le  contour  d'intégration  étant 


Soit  z  =  </  —  bi,  b  étant  réel  positif 


r(*) 


2TÏ  t/    ( 


eaiu  du 
b  -+-  iu  )x  ' 


le  contour  d'intégration  étant  maintenant  un  lacet  entourant   les 


points  bi  et  -f-  oOj\ 


Mais  si  partie  réelle  x  >  i  l'intégrale  est  nulle  et  l'étendant  par 


302  CORRESPONDANCE    d'HERMITE    ET    l»i:    STIELTJES. 

des  valeurs  infinies  de  u  telles  <ju«-  le  coefficient  de  i  n'esl  pas 
négatif.  Dès  lors,  "il  peul  transformer  le  contour  d'intégration  de 
manière  à  ni. tenir  le  résultai  de  (  lauchj 


kf 


<■""  du 


I    ./■  iiz  J_m     (b  -+■  iu  ■■ 

Mais  cette  transformation  me  semble  bien  exiger 
Partie  réelle  ■>■      i . 

tandis  que  la  formule  (I)  semble  vraie,  en  supposanl 
Part ir  réelle  x       o, 

seulemenl  je  n'ai  pas  approfondi  ce  point. 

J'avoue  que  je  voudrais  bien  voir  la  démonstration  que  Cauchj 
lui-même  a  donnée,  il  nie  semble  probable  qu'il  a  été  bien  près 
d'obtenir  la  formule 


[•(* 


=  — ■  A-  « 


,lz. 


s'il  ne  l'a  pas  obtenue  effectivement. 

Mais  d'abord,  je  ne  sais  pas  l'endroit  où  il  doit  avoir  obtenu  cette 
belle  formule,  et  ensuite  je  n'ai  pas  à  ma  disposition  ici  tontes  ses 
œuvres.  Les  anciennes  éditions  sont  épuisées  et  j'attends  avec 
impatience  la  uouvelle  publication  de  ses  œuvres  complètes. 

J'ai  ;uis>i  quelque»  doutes  sur  !  expression  de  kn  par  M.  Schlô- 
1 1 1 1 1  •  - 1 1  :  l'intégrale  a-t-elle  un  sens? 

Il  \  a  ici  encore  quelques  points  obscurs  pour  moi  et  peut-être 
ne  sera-t-iJ  [>a>  inutile  de  reprendre  \oireidée  et  d'étudier  l'appli- 
cation de  la  formule  t  I  )  au  développement  de  — - — -■ 

En  vous  renouvelant,  Monsieur,  I  expression  de  mes  sentiments 
respectueux,  je  suis  toujours  votre  très  dévoué. 

P.  S.  -  Je  n'ai  pas  le  loisir  en  ce  moment  pour  rechercher  si 
aussi  M.  Lipschitz  dans  son  Mémoire  n  a  pas  obtenu  cette  for- 
mule   I    .' 


LETTRE    156. 

156    —  HERMITE    I   STŒLTJES. 

I * .1  ii - ,  i"  décembre  1888. 
Mon   cheb   Ami, 

M.  Bourguet  m'a  chargé  de  vous  communiquer  If  Mémoire 
qu'il  m'a  confié  sur  la  théorie  de  l'intégrale  eulérienne;  nous  le 
recevrez  par  envoi  recommandé  ci  j'ai  l'espérance  que  vous   le 

trouverez  digne  de  votre  intérêt. 

Vous  aviez  effectivement  écrit  dans  votre  lettre  du  i'i  novembre 
que  j'ai  sous  les  yeux 

/  1  11  T.  2  ll-ii    , 

,  _  cos     arc  tanjr— ; ; 

b  R(a?  —  i)  _  v*  h 


'2 


l'i  x 

j  // ■'-  -'■  \ 2 


62 

au  lieu  de 


b    R  (  X  —  I  ) 


/                      2 /lit        a ntz a  , 
cos  1  x  arc  lang  — -. -. —  ) 


T(x) 


toutes  les  difficultés  disparaissent  maintenant,  mais  la  conséquence 
que  je  tire  de  la  formule  exacte  en  supposant  b  infini 

izax~le-a           /""cos (a? arc  tanei- —  ai-)    .. 
=     /       — -d%, 


ne  fait  que   reproduire  la   formule  de  Cauchy  que   vous  m  avez 
indiquée,  en  y  faisant  b  =  i ,  k  =  x 


L 


eiaz  (/z  ■>  nax-le-u 


(î  ■+-  iz  »■'•  l'i  x  i 

On  a,  en  effet, 

log(  i  -4-  iz)  —  -  Logi  i-+-z*)-hi  arctang-s, 

ce  qui  permet  d'écrire 

,  ,.,.-  •  ..rclaugc 

{l-T-13)*    ~  "         ï' 

(l -+-*»)« 


'm,,  CORRESPONDANCE    I)  IIIKM1TI     11     DB    STIBLTJBS. 

et,  par  conséquenl . 


/•"*""    e'"z  dz 
I  {\  —  iz  ) 


i 


cosi  az  —  x  arctang  s  i 


dz  +  i 


sini  <i  z  —  x  air  tans  ^  > 


i       s2)2  y_x  (i  +  J 

ei  vous  voyez  que,  dans  le  second  membre,  la  seeonde  intégrale  esl 

nulle 

La  première  forme  esl  même  préférable,  par  exemple,  pou    en 
conclure  immédiatement,  au  moyen  d'une  intégration  par  parties, 

I  équation 

r.  /  -  i.  =  ./i'   v  i. 

M.  Lerch  m'a  fait  part  d'une  méthode  -impie  et  élégante,  pour 
exprimer  Qi  a    au  moyen  de  la  série  généralisée  de  Riemann 


A  (a)  =2 


(  (O  -i-   Il  tl 


(n  =  1,  2,  . ..), 


que   je  vais   vous  indiquer,   pensant  quelle  vous  plana   comme  à 
moi.  M.   Lerch  prend  comme  point  de  départ  cette  relation 


/./■ 


r   ,,  |Q   [_«)=    /      g-»(x-n)ar«-i-J 
Q(a)  =   /      e-xxa~i  d.r 


et  la  i  ransforme  ainsi 

X"0  g 


!       ,    'i'    .<•---  1 


.r"-'  dr. 


où  m  désigne  une  constante  arbitraire.  Puis  il  écrit 

—    X     g—  llll\X-\-\) 

e«u+i)_j      ^ 

g«  '  •  i  |  ,  ■  "  -r^  ,■" 


i .  2 . . .  (  /i  —  i  ; 


en  posaul 


(/t   =  I,    2.    3,    ...  ), 

*(/i)  =  /     r-'c'  r/7. 


LETTRK    157. 
On  a  ainsi 

l(,/)(jtl""l=2<..a.. .(«  —  ,./     -Sïssôîzt-^ 

or,  on  trouve  facilement  que 

la  relation  précédente  devient  donc 

r(a)Q(i  —  a)  =V  -  r(a-+-n  — i),R(— a-f-n       i) 

.ai    [  .3  .  .  .  (  #1  —  I  ) 

=  r(a)N  (a  -H  #i  —  '2  )„_!  *(n)iR.(—  «  —  /t  -+-  i  ). 

El,  en  changeant  a  en  i  — a,  on  en  conclut 

Q(a)=V(—  i^-^a  —  i)a_i«(n)Jl(a  —  #i)        (#1  =  1,3,3,  ...). 

Ce  résultat  diffère  un  peu  de  celui  que  j'ai  obtenu,  en  partanl 
de  la  (K'composition  que  j'ai  employée 

/      xa~1e-xdx  =  >     /  xa-le~xdx, 


(o  +  «/ 


en  transformant  les  intégrales  par  la  substitution  x ■  —  co  +  n#i  -h  £, 
mais  on  le  trouvera  si  l'on  pose  x  =  to  +  (n  +  i)#y  —  /,  comme 
vous  le  verrez  immédiatement. 

Mes  sentiments  affectueux  et  bien  dévoués. 

157.   —  STIELTJES  A   HERMITE. 

Toulouse,  3  décembre  1888. 
Cher   Monsieuk, 

Enlisant  le  travail  si  intéressant  de  M.  Bourguet,  il  m'a  semblé 
que  le  point  principal  de  son  analyse  revient  à  ceci 

dx 


^^  .,        /*"  g— tnnax 


3o6 


COKKKSI'ONhAM  K    1)  1UHMITK    ET     1)K    STIELTJES. 


(  h-,  par  la  considération  de  l'intégrale    /  —  dz  je  trouve  qu'on  a 

C  ue~ku    ,           rx   eus  a     , 
; au  =   I       -= au 

.',.      '    "J  J0       k  +  u 


//  ic  ri  toujours): 


du 


on  doit  supposer  ici  paiiie  réelle  £^>o,  mais  les  seconds  membres 
donnent  la  continuation  dans  loui  le  plan,  excepté  la  coupure  de  o 
à  —  x.  On  a  donc 

■1       f*1     .-in  x  <l.r 
Un  =   / 


X  2  //  T.  a 


AdimzaJ0 
En  écrivant  pour  un  moment 


sin  ./■  dx 
x  H-  in- a 


.1  ai 


6  -t-  r 
i 


lnl>  —  .r\    '    -ib{ib^x)        36(36  -+-  a?) 

-i  [(i  '     '   N     "        ' 

=  6~?      (  7 


1 


K!  -^)-.] 


M*HH]' 


en  désignant  par  <H#)  la  dérivée  de  Logr(^)  et  par 

G  =  -4-  0,577.  ■  • 


la  constante  eulérienne. 
D'après  cela 

(a)  n(a)=-    /       — 


^H] 


efo\ 


Il  semble  que  par  une  inadvertance  il  s'esl  glissé  quelque  erreur 
dans  la  formule  en  haut  de  la  page  i3  du  manuscrit  de  M.  Bourguet. 
En  effet,  on  devrait  avoir 


logr(a)=  log 


t.  1  i  —  a 


LETTRE    157.  /,,,- 

:  étanl  inférieur  à  0,01   ei  o  <  a       i.  Mais  cela  esl   inexact,  en 
ajoutant  log«,  on  aurai I 

logl  (i-4-  a)  =  log-  -  -+- s. 

sinita 

Cela  n'esl  pas  vrai,  cou  une  on  le  voit  en  posa  ni  a    -  o  ou  a  = 

,og(;/;)  =  ,„s(i^. 

Mais  ce   ne  sont  là  que  quelques  remarques  qui  se  muiI  pré 
sentées  d'elles-mêmes  en  parcourant  le  manuscrit  et  qui  certaine- 
ment n'auraient  pas  échappé  à  l'auteur  s'il  revient  sur  sou  sujet. 

En  vous  écrivant  la  dernière  fois,  je  n'avais  |>as  eu  le  loisir 
d'examiner  à  tète  reposée  quelques  difficultés  que  j'ai  signalées 
moi-même  dans  ma  lettre.  Mais  comme  je  vous  avais  par  ma  faute 
causé  l'embarras  d'une  formule  manifestement  fausse,  je  croyais 
de  mon  devoir  de  vous  en  indiquer  la  cause  le  plus  loi  possible. 
J'espère  dans  quelques  jours  pouvoir  vous  écrire  sur  les  points 
obscurs  de  ma  dernière  lettre. 

Je  vous  renvoie  ci-joint  le  manuscrit  de  M.  Bourguel  et,  dans  la 
supposition  que  vous  lui  donnerez  communication  de  cette  lettre, 
je  lui  exprime  aussi  tous  mes  remerciements. 

En  posant 

rx  sin  u    , 
o(x)  =   /  au. 

Jx        u 

une  intégration  par  parties  donnerait  en  partant  de  (a) 


•l   I  I  —  X  )  = 


(i  +  .r)2        (2  -+-  a?)2        (3 -h  a?)2 
mais  la  formule  ({3)  suppose  que 

s'annule  pour  x  =  o  et  pour  #= -+-«>.   Pour  x  =  o  cela  a  lieu 
quel  que  soit  «,  mais  je  ne  sais  pas  en  ce  moment  si  pour  x  =  oo 


3o8  CORRESPONDANCE    d'hERMITE    ET    DE    STIELTJES. 

cela   est   encore  vrai,  quelque  soit  a:  naturellement  a>(oo)  =  o, 

mais  tL|  i  -\ —  )  devienl  infini. 

TV        •■*-" 

La  manière  dont  œ  x  i  s'approche  do  zéro  pour  .r  =  x>  résulte  de 

la  formule 

C  ue-"1    ,                    rx  e~*u  du 
—  sin ./■  /      du —  cosa;  /      — 

OÙ 

r*  ue~xu  r  ,        i 

/  du  <   /       ne-"' /lu  —   — , 

/*  *     g— a:«  /*»  i 

/ rfu  <  /        e~x"  du  =  - . 

cosa?  .      .      . 

i    /     =  •  •  •  terme  principal. 

Lorsque  â!  réel  >  o,  <b|  i- — )  devient    infini   comme  log.z; 

ainsi,  dans  ce  cas,  il   n'y  a    pas  de  doute.   Mais  vous  voyez  qu'il 
reste  encore  là  bien  «les  recherches  à  faire. 

\  euillez  bien  agréer,  cher  Monsieur,  l'expression  de  mes  senti- 
ments respectueux  et  très  dévoués. 

P.  S.  —  La  formule  ([3)  étant  exacte  pour  a  réel  et  positif,  il 
resterait  à  voir  seulement  si  l'intégrale  conserve  un  sens  pour 
d'autres  valeurs  de  a.  Ce  sera  là  peut-être  plus  facile  qu'à  étudier 

•l (  i  -r-     —  )  pour  x  =  x. 

>-a)  r 

Poura=-r-oo,  au.(a)=—  —  /      ?  x)dx=   .    I     y(x)dx=-zj 

1   x    '       -2   b  JQ  h  •  „      '  b 

Ce  i|in   est  exact. 

158.     -  STIELTJES  A   H  ERMITE. 

Toulouse,  le  3  décembre  1 888  (lundi  soir). 

<  .m  r    Monsieur, 

C'esl  seulement  en  ce  momenl  <pi<'  me  parvienl  votre  lettre  qui 
,i  dépassé  IToulouse  el  revient  ici  par  Cette  el  Carcassonne. 

Il  me  semble  bien  curieux  que  votre  méthode  >i  naturelle  pour 
obtenir  l'expression  de  Q(«)  à  l'aide  de  A  {a)  conduit  au  même 


LETTRE    158.  iog 

résultat  que  L'artifice  de  M.  Lerch  qui  consiste  à  introduire  le  fa< 

gu  aM-lJ  t 

teur  eu(x+\)  _ ,  f'alls  L'expression  transformée  de  <v>. 

Voici  maintenant  an  résultat  sur  La  série  de  Stirling  donl  j'avais 

déjà  un  pressentiment  ce  malin.  La  formule 

(«)  f*(*)=-r~/      9(a7)^'(i-t- -     -)dx, 

it*aJ0  ■ir.aj 

o(x)  =   /      . du, 

J         u 

<]/  (a?)  = 


x'1       (  x  -h  r)2        (  a?  -h  2  )2 

étant  vraie  lorsque  a  est  réel  el  positif,  je  remarque  que  L'intégrale 
a  un  sens,  quelle  que  soit  la  valeur  de  a  (on  doit  exclure  seule- 
ment la  coupure  de  o  à  —  ce).  En  effet,  x  étant  très  grand,  on  a  à 

peu  près  cp  (x)  =  —      et,  comme  on  a  -j/(  m  -f-  i)  =  <|/(w)  —  -r>   il 

suffira  de  montrer  que 


/  a?     y  \-.iita/ 


a  un  sens  pour  to  =  -f-  oo. 

Or,  x  variant  de  o  à  -(-oo,  l'argument décrit  une  droite  el  en 

iita 

posant 

— —  =  Re'f, 
■i  -  a 

R  croit  de  o  à  -+-  x>,  ce  restant  constant.  D'ailleurs  s  est  compris 
entre  les  limites  ±  tc.  Or,  il  n'est  pas  difficile  à  montrer  qu'on  a 
alors 

modd/(Re'"<P)  <  — , 
K 

OR.  étant  une  constante  (qui  dépend  de  <p  seulement  de  telle  façon 
que  DM.  croit  au  delà  de  toute  limite  lorsque  o  s'approche  de  rtic, 
mais  ici  cp  est  constant). 
Par  là,  on  voit  que 


I       <L'( )  dr  <  const.   / 

Jo         x         \iizaj  J0 


il.r 
X-  ' 


3io  correspondance  d'herhite  et  de  stieltjes. 

donc  l'intégrale  a  un  sens.  Il  ne  semble  pas  douteux,  d'après  cela, 
que  la  formule    -j.    représente  [x|  a)  dans  tout  le  plan. 

Voici    maintenant    comment    on    peut    en   déduire    la    série    de 
Stirling.  .!<■  remarque  d'abord  que 

JC*   e-xu                         /*"  ue 
—   du    -    -in./'    / du 

donne 

/ i        1.2        i  ■  '  ■  ! ■  i            \        .       /  i         i . 2 . 3  \ 

cosa; -h -— î  -    ...     —  sinr  (  — ; h...}. 

Je  pose  maintenant 


y1(x)  =   I  cp  (x)  dx, 

ç     a?  |  =  /  ?i(#)  "'•'■■ 
■   i 

tp3    /■  i  =    /  cp2|  a?)  t/a;, 


J'obtiens  ainsi  une  série  de  fonctions  finies  qui  s'annulent  pour 
x  =  x,  et  1  on  trouve  facilement 

•:,i.r)=  cos.r  —  5"  cp  (a^). 
2  c?2(a?)  =  —  sin.r  —  a?  qpj(  a?), 
3o3(^)  =  —  cosa;  —  x<o2(x). 
l<pk(x)=  sina-  —  x  <p3(x  . 
',  -,..r)=      cos^  —  a?  04(0;  . 


p)= —    sina-l        -        —  '       -+-...)-+-     cosa; 

cosa1  /      i 

= 

1.2    \ 


./• 
2  1.2.5.4  sina? 


-in.r      /    1.2.3  1.2...  5  \  cosa? 

:  r^3  {  -¥-     -tï-+---;-  7773 

cosa;     / 1.2. 3. 4        1.2...  6  \  sina; 


cosa;     / 


I  .2. 

3 

a^3 

1.2.3 

•  i 

a;3 

1.2.. 

.  5 

a?3 

1 .  ■>. .  . 

.6 

a;  a--5  /  1.2 


1.2.3.4V.       x  x3  j         [.2.3.4 


'         1.2 

1.2.3.4 

.          ■'■■-' 

x> 

[  .2.   i 

1 

.2. .  .5 

X'1 

/■• 

1.2    3.4 

1 

.2. . .6 

x- 

./•'• 

1  . 2 .  .  .  5 

: 

1.2... 7 

la  loi  étant  évidente.  En  effet,  les  dérivées  de  cp.,  (a?)  et  de 
cosa; — xo(x)  sont  identiques  et  ces  fonctions  s'annulent  pour 
x  =  oc.  On  raisonne  de  la  même  manière  pour  cs2(x),  co3(:c),  .... 


LE T THE    158  3  I  I 

On  voit  maintenant  aussi  <|uc 

<p(o)  =  =j  cp,(o)  =•+■  I, 

cp2(o)  =  o, 
tp8(o)=  —  -, 
©4(0)  =  o, 
05(0)=+  -, 


Cela  étant,  une  intégration  par  parties  donnant 

Y1Y  21T«  (211  a)*  (îltO)»»-'  (27ta)2"J     ?2"Y 

et  ayant  de  plus 


on  trouve  que  tous  les  termes  intégrés  s'annulent  pour  x  =  -+-  00, 
ainsi 

y       '  T   \         iizaj  3(-27ia)2        5(27ia)v 

±  ^"-"(.)  | 

(2/î  —  i)(2  7ta)2"-2 

+  7 1—r-    I        <?2n(&)  <L<2«+»'(   I-4-—    -W.T. 

(aica)*V0      r""v    yY  V         airay 

En  exprimant  enfin  <j/(i),  ^'"(Oî  •••  à  l'aide  des  nombres  de 
Bernoulli  et  substituant  dans  l'expression  de  logr(a),  j'obtiens 
toute  réduction  faite 

logr(a)  =  (  a \  log«  —  a-+-  -  log(2Tr) 

■       Bl  l!"  Ba         -...  +  (—1)"-'  '    D 


1.2. a       3. 4. a3       5.6.«5  (2/1  —  \)inaln-x 

"         7T(2Tia^»+l  J.        r  \  2-«/ 


3i2  CORRESPONDANCE    d'hERMITE    ET    DE    STIELTJES. 

on  bien 

i.î.3...(în  +  i) 


'^(^«^"./    *»»<*>  2*  7 


,  /, !I_  ) 


ll.l . 


Quanl  à  la  fonction  tp2«i  x  .  on  a  pour  x  très  grand 

i  2  /?   —  [)(?.«+  2  1 1  2  /(  —  3)1  2  />  —  4  i 


./• 


-] 


[2/1  +  1           (2/î  +  l)i)»     h  2  )     s  »  -+-  3) 
; ; H-.  .  .  I 
J 


Voilà  donc,  grâce  au  travail  de  M.  Bourguet,  une  déduction  de 
la  formule  de  Stirling  telle  que  je  l'avais  rêvée.  11  ne  reste  qu'à 
discuter  l'expression  de  R„. 

\  otre  sincèrement  dévoué. 

P.  S.  —  Soit  b  réel  positif,  il  sera  intéressant  de  calculer  la 
différence 

p.  I  —  b  —  e  i  )  —  ;jl  i  —  b  —  -.  i  l . 

pour  •  positif  lies  petit.  On  connaît  cette  différence  d  avance. 
G'esl  un»'  fonction  discontinue  de  b  qui  change  brusquement  pour 
b=  1.  2,  3,   \ 


159.  —  ST1ELTJES  A   HE  B  MITE. 

Toulouse,  1 1  décembre  1888. 
ChEB     MOASIEUR, 

La    manière  dont  M.   Rronecker  envisage  le  théorème  fonda- 
mental de  Cauchy 

f  fiz)dz  =  o, 

■    I 

Monatsberitchte,  p.  688;  1880,  p.   ;85  ;  i885)  me  semble  bien 
intéressante.   Pour  lui.  ci-   théorème  est  un  corollaire  d'un  autre 

théorè qu'on  peut  énoncer  ainsi  qu'il  suit  : 

Soit /(.r,  y)  une  fonction  de  deux  variables  réelles.  Suppo-on-, 
que/   /•  i   i  soil  continue  et  finie  ainsi  que  ses  dérivées  du  pre- 


LETTRE    159. 


.;,.; 


tnier  el  du  second  ordre  dans  un  certain  domaine  I).   Uors,  si  l'on 
sail  que  les  dérn ées 

dx        dy 

sont  uniformes  dans  le  domaine  D,  on  peul  en  conclure  que  f(x,  y) 


y 

S^  D 

c  c 

7) 

0 

JC 

elle  aussi  est  uni /orme  dans  le  domaine  D. 

On  dira  qu'une  fonction  f(x,  y)  est  uniforme  dans  le  domaine  D 
lorsqu'on  a 

df(ar,  y)  =  o, 


L 


l'intégrale  étant  prise  sur  une  courbe  fermée  quelconque  tracée 
dans  ce  domaine. 

En  effet,  considérons  une  courbe  fermée  G;  d'après  les  hypo- 
thèses, l'intégrale  double 


// 


à*f 

dx  dy 


dx  dy , 


prise  sur  toute  l'aire  de  C,  a  une  valeur  finie,  qu'on  peut  calculer 
soit  en  intégrant  d'abord  par  rapport  à  x,  soit  en  intégrant  d'abord 
par  rapport  à  y. 

Dans  le  premier  cas,  on  obtient 


dans  le  second 


J  J    àxày         J      JlClày 

JJ£id*d}'=-f{Sdx- 

les  intégrales  simples  étant  prises  sur  le  contour  de  C  dans  le  sens 


h'i  correspondance  d'hermite  kt  dk  stieltjks. 

direcl .  <  >u  en  déduit 


f    (*ldx+dldy)=    f    ,,f..r. 


y  )  —  o,  c.  0-  F.  D. 


Le  théorème  de  Cauch^  s'en  déduit  immédiatement.  En  effet, 

<oil 

f  /(  z  }  dz  =   /     (P  rfa;  —  Q  rfj)  -+-  *  /*  (Q  doc  -+-  P  tfy  i. 
■     i  «'(C)  •    c 

Mais    P  dx  —  Qdy  est    une    différentielle  exacte    et   l'on   peut 
écrire 

/'  {Pdx-Qdy)=  fdf{x.y). 

Mais  maintenant  le  théorème  précédent  s'applique,  car 

df(x.y)  =  p  rf/(.r,/)  =       q 

sont,  d'après  les  hypothèses,  des  fonctions  uniformes  et  finies  ainsi 
que  leurs  dérivées;  donc  f(x, y)  l'est  aussi  et 

/    (Pdx  —  Qdv)=/    df(x,y)  =  o\ 

de  même,  on  aura 

/     <  Q  dx  -t-  P  <7>  )  =  /    '/  -  <  ■'■•  y  I  =  o. 
•     c  J<C) 

\  oici  une  déduction  de  la  décomposition  en  fractions  simples  de 
(pic  j'ai  expliquée  pour  mes  élèves,  comme  application  des 


e 

théorèmes  généraux  de  la  théorie  des  fonctions. 
Je  considère  la  série 


^)  =  Sti ' ~> 

A*  (log.s  h-  inici)2 


qui  est  évidemment  convergente.  On  constate  d'abord  que/(;)  est 
uniforme.  Ensuite,  il  est  facile  à  voir  que  si  c-  tend  \ers  zéro,  il 


en  est  de  même  de /"(.s).  Et  à  cause  def(z)  =f(  -  )  on  voit 


LETTRE    159.  3l5 

que  z  —  -s)  esl  un  zéro  de  I;i  fonction.  D'après  cela,  il  e>t  clair 
que  f{z)  ne  |iciit  devenir  infinie  que  lorsqu'un  des  termes  de  la 

strie  de\  ient  infini,  ce  qui  suppose  ;  =  i  .  Et  l'on  ;i 

■/',,  +  /0=n(„(l':  m^ 


[ log(  1  -h  h)]1      JU  [log(i  -f-  A)  +  2/iitip  ' 
(  n  =  ±  i ,  ±  2,  . .   ) 


/(n-A)=  _   +       h_. 


quantité  finie  pour  A   =  o. 

Donc  la  l'onction  /(z)  admet  comme  pôle  double  le  poinl  c=  i 
et  n'en  admet  pas  d'autres.  Mais  pour  une  fonction  de  celte  na- 
ture le  nombre  des  pôles  doit  égaler  le  nombre  des  zéros  et  ainsi 
les  zéros  z  =  o  et  z  =  oo  sont  des  zéros  simples.  De  toul  ce  qui 
précède  on  conclut 


{z—if 

mais  on  a  encore  X  =  i ,  à  cause  de/"(i  +  h)  —  -^ 
Ainsi,  on  a  finalement 


i 


(z  —  l)2  ,AJ  (log  3  -t- 2 /ITCl')2 

ou  bien 

d'où  par  intégration 

-1 — =y( — ' — ^ — — -V 

e i        e"  —  i       ^d\^  +  2«-t        «  4-  -2)1111  / 

ou  bien  isolant  le  terme  répondant  à  /i  =  o 


i  i         i 


■2 


ez  —  t        ea — i        a        z       —mi  \  z  -+-  >.  niz i        a-\-imzi 
et  pour  a  =  o 

_^_=_:  +  l+y/ Î_.__J_.)         (n  =  ±I.±a|...). 

e~  —  i  i        z       ***,  \  z  -r  ■>-  n  -i        ■>  n-.i  I 


i         i 

— I 

1  Z 


■Et-4*— ■ 


3 1 6  CORRESPONDANCE    D  HERMITE    ET    l)E    ST1KLTJES. 

Je  remarque  qu'on  pourrai i  obtenir  de  la  même  façon  la  dé- 
composition  en  fractions  simples  des  fonctions  elliptiques.  Soit, 
par  exemple,  la  formule  (votre  Cours,  p.  229,  3e  édition) 

En  posanl 

n*)=fs-j=dz,    ,    , 

J0    %\fz(i  —  z)(i  —  k*z) 
on  a 

z  =  sn2[F(^  1], 

et  ainsi  la  formule  (  1)  peut  s'écrire 


*- 2 


1 _i_/ 


ou,  en  prenant  la  dérivée,  il  vient 

-  kl  v^i''— -><■-***)  =  2  [F(z)-Pty  ' 

<  h-,  on  pourrait  établir  cette  formule  directement  en  étudiant  la 
série  qui  ligure  au  second  membre. 
En  posant 

tp  (  z  )  =  >   — , 

on  constate  directement  que  o (s)  change  désigne  lorsque  z  décrit 

un  contour  fermé  enveloppant  les  points  o,   1,  t= •  Mais  o(z)2  est 

une  fonction  uniforme.    Il   est  facile   encore   à  constater  qu'elle 

s'annule   pour  z  =  o.    1,  -.—  •  Et  ensuite  on  voit  qu'elle   n'admet 

pas  de  pôle  autre  que  le  point  z  =  cc.  Lorsque  z  s'approche  de 
z  =cc,  un  terme  et  un  seul  de  la  série  devient  infini  et  il  est  donc 
facile  à  voir  comment  se  comporte  <d(z)  ou  's(z)'2,  dans  le  voisi- 
nage de  ;  =  ce.  On  établit  de  cette  façon  la  formule  (2)  d'où  l'on 
déduira  ensuite  facilement  (1). 

Cette  méthode  suppose  seulement  qu'on  ait  étudié  la  nature  de 
l'intégrale  F( ' z)  ou  si  l'on  veut  la  fonction  inverse  sn2c.  On  doit 
avoir  poussé  cette  étude  assez  loin  pour  connaître  toutes  les  racines 
de  l'équation 


LETTRE    160.  .',i- 

En  somme,  cette  méthode  ne  peul  être  considérée  que  comme 
une  vérification,  mais  elle  me  semble  instructive  néanmoins.  Vussi 
au  fond  je  n'ai  appliqué  qu'une  idée  de  Ricmaiin.  l'uni  obtenii 
l'inversion  d'une  intégrale  elliptique,  il  étudie  d'abord  cette  inté- 
grale, ensuite  il  étudie  les  fonctions  H.  En  substituanl  alors  l'in- 
tégrale dans  la  fonction  0  comme  argument,  il  obtient  une  fonction 
qu'il  reconnaît  être  une  simple  fonction  algébrique.  Vous  savez 
qu'il  a  appliqué  ce  procédé  synthétique  à  des  problèmes  bien  plus 
généraux.  Mais,  en  somme,  la  marche  indiquée  plus  haul  esl  pai 
faitement  analogue.  La  seule  différence  c'est  que  je  considère  une 
série  double  au  lieu  d'une  fonction  0. 

Votre  bien  sincèrement  dévoué. 

160.  —  HE R MITE  A  STIELTJES. 

Paris,  i3  décembre  1 888 . 
Mon  cher  Ami, 

Votre  dernière  lettre  du  n  m'a  ravi  et  enchanté;  je  partage 
entièrement  votre  sentiment  sur  les  fonctions  de  deux  variables, 
et  sur   la   manière  dont  il  convient  de  caractériser  qu'elles  sont 

uniformes  dans  un  domaine,  par  la  condition    /     df(x,  y  )  —  o. 

«A  c  ) 
Mais  vous  excluez  les  variables,  comment  donc  procéder  alors? 

Votre  analyse  concernant  la  fonction  /"(:;)—>  —. : — — 

est  délicieuse,  exquise,  et  je  ne  manquerai  pas  de  la  donner  à  la 
Sorbonne.  Elle  me  donne  beaucoup  à  penser,  et  ce  que  je  vais 
vous  en  dire  se  sera  certainement  déjà  présenté    à  votre  esprit. 

Les  déterminations  de   l'intégrale  F(z)  =  /  =  > 

Jo     v/(i_*«)(i-*«*«) 

qui  proviennent  de  tous  les  contours  possibles  d'intégration,  sont 

comprises  dans  les  deux  formules 

F  -h       4  m  K       -t-  2  n  i  K' , 

—  F  +(4m+  .?. ) K  -4-  i niK', 

de  sorte  que  la  fonction 


?l 


~~  Z*  (  F  -+■  i  m  K  -+-  a  ni  K'  )3       *•* 


(F  -+-  |mK+  zniK'  i:i       jL*  [—  F  -+-(4m  -+-  2)K  -h  in  i\\  ['• 


3 1 8  CORRESPONDANCE    d'hERMITE    II     DE    SïIELTJES. 

est  certainement  uniforme.  Mais,  en  procédant  de  même  avec  L'in- 

le  de  seconde  espèce   /      ,  on  peut  sembla- 

JB    /(i-  «»)(i-A»^)  ' 

blemenl  parvenir  à  une  fonction  uniforme;  cela  étant,  à  quoi 
tient-il  que  la  première  soil  une  quantité  si  simple,  et  que  la  se- 
conde -"ii  archi-transeendante.  L'équation  qui  s'offre  sous  votre 
/.  -  z  <lz 

fo       V/(,_^)(l_A-i-2) 

solutii  »ns,  peut-être  y  aurait-il  lieu  de  s  en  occuper  avec  soin.  Mais 
vos  idées  me  paraissent  surtout  intéressantes  et  importantes  si  on 
!«•-  applique  à  l'intégrale  abélienne  de  première  classe 

$z)dz 


poinl  de  vue   /  =  <>  doit  offrir  une  infinité  de 

1    v  i  — *«)(i-A**«) 


__  Ç   (a-H 

1    >/ 


\/R(z) 

où 

li<  z>  =  :■{  i  —  z)i  i  —  kz){\  —  lz)i i  —  [j.z  i; 


J1  '  j 
'  — 
n 

1 


\dz 


/R(.z 


(a-t-p.3     /: 


la  fonction  uniforme  analogue  à  ï>(s)  sera 


/R(*) 

*l> ■  ;  |  =         7[        F  -r-         2m(i)        -+-  im'{k)  -+-  27W"(X)  -I-  2m'"((JL)]-P, 

-+-  21  f—  F  —  (2»l   —DM  )—'///'/-  —  ïot'i  )    i  +   2/nff'(fJL)]  "P, 

et,  si  Ton  pouvait  étudier  l'équation  F  =  o,  il  semble  qu'on  se 
trouverait  sur  la  voie  d'une  nouvelle  transcendante  qui  se  rappro- 
cherait autant  que  possible  des  fonctions  elliptiques,  comme  ne 
contenant  qu'une  seule  variable. 

Mais  j'ai  d'autres  devoirs  pressants  qui  me  détournent  en  ce 
moment  du  calcul;  je  compte  m'y  remettre  après  le  jour  de  l'an, 
lorsque  j  aurai  retrouvé  ma  liberté  qui  maintenant  me  fait  absolu- 
ment défaut,  lu  puis,  les  premiers  froids  m'ont  enrhumé,  grippé, 
ce  qui   ne  constitue  pas  des  condition-  favorables  pour  le  travail. 

En  vous  renouvelant,  mon  cher  \mi.  l'expression  du  vif  plaisir 
que  j  éprouve  à  recevoir  communication  de  vos  idées  si  intéres- 
santes  pour  moi,  el  que  je  saisis  au  premier  coup  d'œil  sans  aucun 
effort,  et  avec  l'assurance  de  mes  sentiments  de  la  plus  sincère 
affecl  ion. 


LETTRK    161.  3 ig 

161.        HERMITE    I   STIELTJES. 

Paris,  m  décembre 
Mon    cher    Ami. 

La  formule  de  Gauss  pour  l'évaluation  approchée  des  intégrales 
définies  m'a  conduil  à  une  question  dont  je  me  permets  de  vous 
entretenir,  dans  l'espérance  que  peut-être  elle  vous  suggérera 
quelques  remarques  dont  je  serais  heureux  de  profiter,  cette  fois 
comme  tant  d'autres.  Je  considère  deus  fonctions  que  j<'  suppose 
pouvoir  être  représentées  par  ces  développements 

F(a? )  =  A0-+-  Ai x  -+-  A2a?2 -+-..., 
f'x)  =  a0  -+-  ctxX  -t-  a-2-r1  -\  .... 

et  je  demande  de  déterminer  m  constantes  à  savoir 

R,     S,     ....     U, 

/',        5,         .  .  .  ,        M, 

de  manière  qu'on  ait,  en  négligeant  x-'1  et  les  puissances   supé- 
rieures, 

F(x)  =  Rf(rx)-hSf(sx)  -+-...+  \Jf(ux). 

Vous  voyez  que  c'est  une  généralisation  de  la  relation  de  Gauss, 
qu'on  obtiendra  si  l'on  suppose 

f(x)  =  F'(x). 

Le  problème  est  déterminé,  puisque  l'identification  donne  m 
équations 

A0        =  a0       (R  -h  S  +...+  U), 

A,        =a,       (R/-        -t-  S 5         +...+  Uu), 
(Aj  <   A2        =  a2       (Rr2      +  Ss2        -+-... -t-U m2)) 


A2„_,  =  a2„_,  (  R/-2»-»  +  S*2"-1  -+-■...-+-  U  z/2"-1  )  : 

maintenant  voici  la  solution. 

J'envisage  la  fonction   suivante  : 

A  A,  A, 

o(x)  = 1 H r  -+-.... 

'  a0  x        at  x         a*x6 


320  correspondance  d'hermite  et  de  stieltjf.s. 

el  je  forme  la  réduite  d'ordre  //  de  son  développement  en  fraction 
continue  On  aura  donc  en  développanl  suivant  les  puissances 
descendantes  de  la  variable,  la  relation 

II,  .../■>=—  -h-     :— ■  -i r-ra  -+- 

Cela  étant,  je  décompose  en  fractions  simples  la  fonction  ra- 
tionnelle . .  '  <i  j'obtiens  immédiatement  la  solution  cherchée.  En 

admettant,  «m   effet,  <pie  \  =■  o  n'ait  que  des  racines  simples  et 

posant 

U  R  S  U 

^7     = h    " K   -.-h     ■ 5 

\  ./'  —  /•  X  —  S  X  IL 

la  relation  I  B),  donne  les  équations  (A)  en  égalant,  dans  les  deux 

membres,  les  coefficients  des  termes  en  ->  — >  •  •  •  >  — —  • 

x    x-  ' 

Une  conséquence  de  ce  résultat  esta  remarquer,  c'est  lorsqu  il 
arrive  que  f(x)  est   une  fonction  rationnelle;   en  prenant  alors, 

pour  la  réduite  y  ,  la  fonction  elle-même,  on  a  exactement  cl  sans 

rien  négliger 

F(x)  =  Rf(rx)  ■+-  Sf(sx)  -+-...-»-  U/i  u  v). 

En  d'autres  termes,  -i  la  série  a0-f-  a( x  -I-  a..2x2-\-. ..  est  le  dé- 
veloppement d'une  fonction  rationnelle,  la  fonction 

A  o  —  A  |  x  -+-  A  2  x-  -h .  . . 
s'exprime  linéairement  au  moyen  de  la  suivante  : 

Ao  +  Ai  x  +  A,  x%  + 

a0  "^   «i  a., 

M.  ***  dont  je  viens  de  recevoir  une  lettre  très  intéressante,  me 
met  dans  un  grand  embarras  au  sujet  de  l'expression  de  Q(tf)  par 
la  série  7  (tu  +  mii)xe~<ù~mu  (m  =  o,  1,  2,  ...).  J'ai  encore  re- 
cours, mon  cher  Ami,  à  votre  bonne  obligeance,  en  vous  priant  en 
grâce  de  lire  le  post-scriptum  de  sa  lettre  que  je  vous  envoie,  et 
de  m'en  dire  votre  avis.  .  .  . 

Excusez-moi  si  j'abuse  de  votre  bonté  et  veuillez  agréer  la  nou- 
\  (die  assurance  de  ma  bien  sincère  affection. 


LETTRE    162.  3 ' I 

162.        ST1ELTJES    I    HERMITE. 

Toulouse,  le  a  >  décembi  e  i 
Cher    Monsieur, 

Je  vous  remercie  vivemenl  pour  la  communication  de  votre 
généralisation  du  problème  de  la  quadrature  de  Gauss.  En  posanl 
avec  vous 

F  (ce  i=2  A  "'"''' 

0 

00 

j\  x)  =  7  a  i  i ■"  moAx   C  R, 

o 

00 

:i,n=y-î.7-«-'         raod-  <  1-5,, 
_  a„  x 

o 

je  remarque  qu'en  supposant 

p  <  motl  ;  C  15, 

:  rtaiit   un  nombre  quelconque  inférieur  à   15.  et 

mod  x  <  p  Ri, 

les  développements 

/l  z)  =  a0-+-  atz  -+  «oz?^-.  .  ,, 

■  r,    [     -    \     =     i»     ^    +     ^!      !Î 

'  \z  }        a0    z         a ,    s2 

sont  convergents  tous  les  deux,   en  sorte  qu'on  obtient   en  inté- 
grant sur  un  cercle  d'un  rayon  compris  entre  o  et  R 

— .    /  f(z )  cp  (  -  )  dz  =  A0x  -+-  A,  a?2 -l- . . .  ==  x  F (  f). 

On  obtient  ainsi  une  valeur  finie  de  F(x  )  tant  que  modx  <<  pR, 
et  comme  p  peut  s'approcher  indéfiniment  de  R,  j'en  conclus  que 
le  ravon  de  convergence  de  la  série  F(.r)  est  RR(,  ce  qui  est  bien 
connu.  En  supposant,  avec  vous, 

o(x) 


V    ' 

u 

R 
x  —  r 

S 

V 

x  —  s 

322  CORRESPONDANCE    1)  BERMITE    ET    DE    ST1ELTJES. 

On  a 

X  I  :     /  /(  -S) 1 h  .  .  .       CÙ! 

>-i  ,i  '  \z  —  /•/•       2  —  sa; 

i       f.        ,  sa?*»+>        e'./-  \    , 

+  5iîJ/(*)(  ira  +-iiïsr+-)^ 

c'est-à-dire 

F(a  !  -  R/i  /■./■  i      S/i  .%■./■  i  -+-... 

»2rtH-1  _l^ 


L    fl.a+iaf' 


Mais  ce  n'esl  là  qu'une  lification  de  votre  analyse  el  je  ne 

sais  pas  si  elle  permettra  de  pousser  plus  loin  cette  étude. 

Les  polynômes  l  el  \  dépendent  seulement  des  >.n  premiers 
coefficients  du  développement  de  ?(#),  niais  on  peut  changer 
arbitrairement  ces  coefficients  sans  affecter  le  rayon  de  conver- 
gence R,,  et  aussi,  paraît-il.  sans  affecter  d'une  manière  notable  la 
nature  de  cette  fonction  tpl  x  ).  11  semble  donc  qu'on  ne  peut  rien 
dire  en  général  sur  ces  racines  de  V  =  o. 

\  oici  ce  que  je  trouve  en  examinant  la  note  de  M.  ***. 

La  série 

1  q(i—  «)=]S(atlTa)*vV(l  -"-■" 

1 

esl  convergente  toujours  en  supposanl 

11       0,         w  >  0, 

et  elle  représente  toujours  Qi  1  —  a  I. 
Quant  à 

(«)      q(i— «) =2 (_  i,v~1  (" t-7*  )  Pv  S<I_a  ~  v  '■ 

1 
comme  M.  ***  le  remarque,  elle  est  convergente  seulement  pour 

a  <  a», 

et  elle  représente  alors  Q|  1  —  a   . 

La  convergence  de  la  série  (1)  est  très  facile  à  établir.  En  effet, 
il  esl  clair  aue 


«t\  <  e" 


lettre  162.  ;  •  ; 

el  lorsque  x  esl  négatif  il  esl  clair  que 

(lui  -H  u)a 


*P(cc)  <  (oj  -+-  u)x  >  e-w-'»«  = 


<■'■>!    C"    —    1   )   ' 


iiinsi,  le  module  d'un  terme  éloigné  esl  inférieur  à 


la  série  est  donc  convergente  comme  une  progression  géométrique 

de  raison ;'i  peu  près.  Pour  se  convaincre  qu'elle  représente 

toujours  Q(i  —  a)  il  suffit  de  remarquer  que  si  (1)  est  vraie  pour 
un  système  de  valeurs  m,  oj,  elle  l'est  encore  en  remplaçant  to  par 
co+w.  En  effet,  par  ce  changement  le  premier  membre  diminue  de 

Jp  fO  +11  pli 

'  e~x x~a  d.r  —    I     ey—ta~u(ui-hu — yr'dy, 

(■)  «-'o 

il  n'y  a  pas  ici  ombre  de  doute  sur  la  légitimité  du  développement 

/  l         a        Y 

(  w  -+-  u  —  y  )-«  =  (  w  -+-  u  )~a  ' 


=2 


yv-Htu  -+-  M)-a-v+i, 


ce  qui  donne,  enfin, 

/* (0  """  "  "--»  /    _i_ 

/  e~x  x~a  dx  ~=2^\  )*v(ui  +  b)IHH'«"»-», 

pour  la  quantité  dont  diminue  le  premier  membre  de  (1)  en 
changeant  oj  en  oj  -+-  u.  Mais  il  est  clair  que  c'est  là  précisément 
aussi  la  quantité  dont  diminue  le  second  membre.  Donc  la  for- 
mule (I)  est  toujours  vraie,  mais  en  somme  je  n'ai  fait  que  suivre 
la  voie  que  vous  m'avez  indiquée.  Si  M.  ***  indique  oj  -(-«>>  i 
comme  condition  de  convergence,  c'est  qu'il  doit  n'avoir  pas  fait 
attention  à  la  variation  des  nombres  <I>V<<<?" —  Du  reste,  il  est 
clair,  d'après  ce  qui  précède,  que  la  série  converge  à  peu  près 
comme  une  série  géométrique  de  raison >  cela  provient  de  la 

°  L  OJ  -I-  u  r 

série  i  H —  — (-•  •  •  ou  y  a  pour  limite  supérieure  u. 

r     t,\  — u  //  •/  i 


1-1  CORRESPONDANCE    d'HERMITE    ET    DE    ST1KLTJES. 

\ près  a\  oir  établi 

/  e-xx~a  dx  —  ^  (  "  '  )  *v(a  -+-  u )'-«-'' e-w-«. 

il  n'\  ,1  qu'à  remplacer  avec  vous  w  par  <o  -h  m,  tu  +  2 i^,  ...  el  de 
faire  la  sommation.  Si  l'on  suppose,  comme  M.  ***,  a>o,  tous  les 
termes  sonl  positifs,  la  convergence  esl  absolue  et  l'on  peut 
prendre  les  termes  dans  un  ordre  quelconque.  On  obtient  ainsi 
en  toute  rigueur  1  I  ),  mais  le  résultai  subsiste  <|uel  que  soit  a.  De 
même,  on  \uii  que  (II)  esl  convergente  pour  u  <  co,  la  conver- 
gence esl  comparable  à  celle  de  2,  (  —  )  ■•" 

Quant   aux  expressions  de  R„.  R',,  il  0  y  a  pas  de  difficulté  à 
obtenir  de  telles  expressions,  en  écrivant,  par  exemple, 


1  m  —  u  —  y  \~a  =  (  w 


I- ■■ H...—  R„) 


avec  un  reste.  11  esl  clair  qu'on  obtiendra  ainsi  une  expression  qui 
montre   la   convergence   de  la    série,   \\n  doit  renfermer   un   fac- 

//        " 
leur  (  -   —  I      L'expression  de  M.  ***  laisse  à  désirer  sous  ce  rap- 

u  '  • 

port .  Peut-être  a-t-il  suivi  sa  méthode  de  déduction,  et  je  remarque, 
en  effet,  qu'elle  présente  des  facilités  pour  obtenir  R„,  mais,  en 
faisant  ce  calcul  d'une  manière  convenable,  on  doit  arriver  au 
même  résultai  que  tout  à  l'heure. 

J  ai  rédigé  provisoirement  mes  réflexions  sur  la  fonction  T  et  la 
série  de  Stirling  pour  les  reprendre  plus  tard  plus  facilement. 
J'ose  prendre  la  liberté  de  vous  les  envoyer  avec  la  prière  de 
vouloir  bien  les  donner  à  M.  Bourguet  lorsque  vous  le  verrez.  Si 
vous  avez  le  loisir  d'y  jeter  un  coup  d'oeil,  je  crois  que  la  déduc- 
tion de  la  formule 

logl     r)  =  (*--jlog*-*+-log2*  +  -JJ      ^— -log^-^ 
à  l'aide  du  théorème  de  Cauchy 

page    1  j.  vous  fera   plaisir.   On  peut  donc  se   dispenser  de  petits 


LETTRE    103.  32.' 


artifices  dont  on  a  besoin  jusqu'à  présent  pour  arrivera  ce  résultat. 
11  reste  à  noter  que,  tandis  que  la  véritable  origine  analytique  de 


l'intégrale 


s: 


du     , 
loi 


a?2-l-  ul      &\i  —  e 
se  trouve  ainsi  dévoilée,  celle  de  L'intégrale 


feaxîp 


dx. 


(votre  cours),  page  124,  reste  obscure. 

Je  suis  un  peu  souffrant  depuis  quelques  jours,  c'est  un  mal 
d'oreille....  Mais  c'est  la  première  lois  que  cela  s'esl  déclare''  chez 
moi.  Cela  me  donne  un  grand  mal  de  tête  et  m'empêche  de  dormir. 

La  fin  de  l'année  est  si  proche,  que  je  vous  offre  déjà  mes 
meilleurs  souhaits  pour  l'année  prochaine. 

Votre  sincèrement  dévoué. 

P.  S.  —  Je  ne  veux  pas  encore  trop  me  plaindre  de  mon  mai, 
car  c'est  dans  une  insomnie  que  j'ai  vu  l'origine  de  l'intégrale  de 
Binet.  Mais  enfin,  cela  ne  doit  pas  durer. 

163.  —  STIELTJES  A  HERMITE. 

Toulouse,  23  décembre,  soir,  1888. 
Cher   Monsieur, 

Je  viens  de  taire  une  observation  si  curieuse  que  je  ne  peux 
m'empècher  de  vous  en  faire  part.  C'est  une  application  de  mes 
formules 

2    r  "    x  à      . 

(  I  )  /  (  X  )  =    -      /         —z :  dll , 


condition 


«'(Ci 


mi±=0, 


(II)  f(x)  =  -\    !" 

condition 


du . 


I 


\A*)\dz 


3a6  CORRESPONDANCE    d'hERMITE    ET    1)1.    STIELTJES. 

OÙ 

f\  ui)  —  A  +  \'<i.        /< —  ui)  =  A —  lî /. 

I  )'après  la  seconde,  j'ai 

■2     rx      uB       ,  (a  -t-  ui)  =  A  -i-  Bi, 

-•',       '    --«-  f(a-ui)  =  A  —  Bi; 

donc 

(2)  /•,«  —  ,,_  /',  „    hî)+...  =  -         /       f-=^-  : -)Brf", 

mais  de  ni  je  tire  en  multipliant  par  dx  et  intégrant,   si  dans  le 
second  membre  il  est  permis  de  changer  1  ordre  des  intégrations, 

(3)  /     /i  a  -¥  .'■  i  dx  —  -  /      B  du, 

et,   >i  l'équation  (i)  qui   suppose   partie  réelle  x  >  o  est  encore 
\  raie  pour  ./•  =  o, 

>     /*"B 

i  i  /'")  =  -  -   /      -rfu, 

■  •  ,i       u 

et  ainsi  (  2  i  peut  s  écrire 
/(a  -i-  i)-hf(a  -+-2)  -+-...=  /     /(a  —./•)—  -/(")  -■<  /      g2,M  _  t  • 

C'est  là  une  formule  d'Abel,  Œuvres,  t.  I,  p.  38  en  bas.  Mais  la 
méthode  précédente  jette  une  nouvelle  lumière  sur  ce  sujet,  la 
méthode  d'Abel  manque  de  rigueur  tout  à  fait. 

II  faudra  voir  aussi  à  rattacher  aux  théories  de  Cauchyla  formule 
sommatoire  d'Euler  et  de  Maclaurin.  Ce  sera  possible  probable- 
ment. Lorsque  M.  Malmsten  a  publié  son  Mémoire  sur  ce  sujet  de 
nouveau  dans  les  Acta,  la  rédaction  dans  une  Note  faisait  entre- 
Noir  l'espoir  d'une  extension  de  la  formule  aux  variables  imagi- 
naires (  '  ). 

I)  après  ce  qui  précède,  je  crois  qu'il  sera  possible  de  démontrer 

la  formule  à  l'aide  des  méthodes  de  Cauchy,  mais  je  ne  crois  pas 

que  I  extension  aux  valeurs  imaginaires  existe.  En  effet,  plus  haut, 

il  fallait  supposer 

/'(  a  -+-  ui  )  =  A  -t-  B  i, 

/ 1  a  —  ui  i  —  A  —  Mi. 
(')  Voir  Acta    Mathematica,  t.  V.  p.   i. 


LETTRE    164.  327 

en  sorte  qu'on  ;t  réellement  à  faire  avec  les  fonctions  d'une  variable 
réelle,  Aussi  le  théorème  (l)  par  exemple  ne  s'applique  pas  lors- 
qu'on prend  pour  f(x)  une  constante  purement  imaginaire.  Le 
second  membre  serait  nul. 

On  peut,  envisager  (1)  sous  un  nouveau  point  de  vue  en  prenant 
pour  A  une  fonction  réelle  arbitraire  de  u  telle  que 

1  i mi  —  =0         (u  =  00;  k  <  1). 

Uors  l'intégrale  existe  et  définit  une  fonction  d'une  variable 
imaginaire  ./',  dont  la  partie  réelle  se  réduit  à  A  sur  Taxe  desy. 

Veuillez  bien  agréer,  Monsieur,  la  nouvelle  assurance  de  mon 

entier  dévouement. 


164.  —  HERMITE  A   STIELTJES. 

Paris,  28  décembre  1888. 
Mon   cher  Ami, 

Veuillez  agréer  mes  souhaits  de  bonne  année  que  je  vous 
adresse  de  tout  cœur,  et  en  même  temps  mes  vœux. 

A  mes  souhaits  de  bonne  année  je  joins  mes  remerciments  pour 
vos  dernières  lettres  et  surtout  pour  le  résumé  de  vos  éludes  sur 
la  fonction  T,  que  je  vous  demande  l'autorisation  de  conserver 
quelques  jours  avant  de  l'envoyer  à  M.  Bourguet,  à  qui  je  l'ai 
annoncé.  J'ai  le  plus  grand  intérêt  à  le  lire  et  à  l'étudier,  mais  il 
me  faut  du  temps,  ayant  mille  choses  à  faire  en  ce  moment.  Vous 
savez  sans  doute  que  M.  Bourguet  conteste  votre  conclusion  que 
la  série  de  Stirling  est  applicable  dans  toute  l'étendue  du  plan, 
même  lorsque  la  partie  réelle  de  la  variable  est  négative.  D'après 
lui,  la  série  n'est  valable  qu'à  droite  de  Taxe  des  ordonnées  et 
voici  le  motif  qu'il  m'en  donne.  Supposons  la  relation 

]{a)=  -^ ...+  (_,)«-! Ë£ +  R, 

i.i.a  111yj.lL  —  1  )«-"-' 

et  désignons  par  R/  ce  que  devient  R  lorsqu'on  change  a  en  —  a) 
On  aurait  évidemment 

5  (a)  -+-  J(—  a)  =  R-t-  R', 


i  >x  CORRESPOND  ANC  H    d'hERMITE    ET    DE    STIELTJES. 

quantité  qui  dépend  de  I  entier  n,  ce  qui  se  trouve  en  contradic- 
tion avec  la  propriété  suivante,  que  M.  Bourguel  a  découverte  : 

J(a)       .1   —  a  i  -     -  2  logi  i  —  <?2-«'). 

En  attendant  que  vous  ayez  le  dénouemeni  de  la  difficulté,  je 
fais  encore  appel  à  votre  bonne  obligeance  en  vous  priant  de 
m'expliquer  ce  poinl  de  votre  lettre  du  23  décembre,  où  vous 
dites  qu'en  supposant  que  11  >oii  le  rajon  de  convergence  des 
séries 

l-i.ri  =-.^A„X",  f(x)   =2««^": 

et  que  la  série 

d  i  x) = y  -  -  x  "-• 

soit  aussi  convergente  pour  mod      <  Ri,  on  peut  en  conclure,  ce 

qui  est  bien  connu,  que  lilî,  esl  le  module  de  convergence  de 
F  (a?).  Comment  donc  mon  cher  ami,  par\  enez->  ous  à  celle  con- 
clusion? Commenl  le  l'aven  de  convergence  de  I  ./  .  que  dous 
supposons  égal  à  R,  devient-il  ensuite  lili,  :  comment,  enfin,  cette 
conséquence  est-elle  bien  connue? 

Excusez-moi,  je  \ous  prie,  de  ne  pas  apercevoir  ce  qui  est  clair 
et  évident  pour  vous,  et  plaignez-moi  de  ne  pas  avoir  une  suffi- 
sante liberté  pour  me  consacrer  plus  entièrement  à  l'Analyse. 

Les  résultats  de  M.  ***.  sur  la  convergence  de>  séries  qui  re- 
présentent Q  i  — a),  me  causent  beaucoup  de  surprise,  et  me 
paraissent  très  dignes  d'attention;  grâce  à  vous,  je  vais  pouvoir 
les  étudier  à  fond  et  m'en  rendre  bien  compte. 

Encore  un  mot  sur  la  formule  de  Gudermann ;  dans  une  de  mes 
leçon-,  de  cette  année,  je  la  tire  de  l'expression 

.1  (a)  =  -    /      <"'■'  —  -  dx, 

■.'    x  (r  —  **)*■* 

en  remplaçant 

i  X^ 

par  >  ekx H i  /  —  o,  [2 /;  —  i). 

i  —  -  •'  —  i  —  c 

La   décomposition    de    la    quantité   e^a+kix—  en 

éléments  simples  donne  I  intégrale  définie,  immédiatement,  et  on 


trou  Vf1 

JIIIISI 

.1 

[a)  = 

■?[(« 

■4-*-+- 

î) 

log/i 

-+- 

— —  ) 

a  -h  /.  1 

(*  = 

0, 

1,2,    . 

n  —  i  ). 

LETTRE    165.  »29 


il       J  (a  -+■  n  ) 


Avec  la  nouvelle  assurance  de  mon  affection  cordiale  h  bien 
dévouée. 

165.  —  STIELTJES  A   HERMITE. 

Toulouse,  29  décembre  1  s*s. 

(  .11 1:1;    Mon  si  ki  il , 

En  \ous  remercianl  pour  votre  souhait  de  bonne  année...  je 
peux  vous  dire  aussi  que  mon  mal  ne  paraît  pas  bien  grave  à  mon 
médecin.  Cela  doit  être  un  abcès  dans  l'oreille  qui  se  guérira  avec 
un  peu  de  patience  et  de  repos,  niais  c'est  très  douloureux;  heu- 
reusement, je  constate  déjà  un  mieux  sensible. 

Je  suis  très  honoré  que  vous  voulez  garder  un  peu  mon  manus- 
crit pour  l'étudier  et  naturellement  vous  pouvez  le  garder  pour 
cela. 

Maintenant,  je  répondrai  encore  succinctement  à  vos  questions. 
Dans  la  lettre  du  :^3,  je  dois  avoir  écrit 

F  (a?)  =2  A  „.?■", 

f(x)  =  \    Ct„:cn,  niod.r  <  H, 

es  (  x  )  =   >  — -  a?-"-1 ,         mod  -  <  R 1 . 
'  -—  a„  x 

Ainsi  je  ne  fais  pas  de  supposition  sur  le  rayon  de  convergence 
de  F(.r  1;  m  lis  il  suit  de  mon  raisonnement  que  ce  rayon  e^t  RR,. 
Ce  théorème,  en  ellet,  doit  être  connu;  si  l'on  a 

\  a„xn,         rayon  de  convergence  R, 

\b„x»,  »  »  R,. 

Alors  le  rayon  de  convergence  de 

>  a;ibnx" 


CORRESPONDANCE    D  HERMITE    ET    DE    STIELTJ1S. 

est  au  moins  III!,.  Je  crois  que  ce  Lhéorème  se  trouve  énoncé  ex- 
plicitement  dans  un  Mémoire  de  M.  Pincherle  dans  le  Journal  de 
Brioschi.  Mais  la  chose...  esl  bien  facile  à  démontrer.  Soient  /■  un 
nombre  positif  un  peu  inférieur  à  I».  /■,...  un  peu  inférieur  à  R^ , 
ries 

sonl  convergentes  el  même  absolument  convergentes. 
vu^-i  mi  a  que]  que  soit  // 

|a,r»|<P,         li.rfKQ, 

P,  Q  étanl  des  nombres  Unis,  d'où 

\a„bn(rrt)"\<  PQ, 

ce  qui  montre  que  2^anbnxn  es^  convergente   tant  que  x  reste 
inférieur    à    //,....     mais    rr{     peut    s'approcher    indéfiniment 

de  m;,. 

La  remarque  de  M.  Bourguel 

J(a)  -+-  J(—  a)  =  —  log(  i  —  e**«') 

est    parfaitemenl  vraie;   toutefois,  il  faut  supposer,  essentiellement 
que  le  coefficienl  de  i  dans  a 

esl  positif,  y  ^>  o  :  ainsi 

x  —  22TO»  =  [  —  <?-2?w(cos  j/?-  h-  i  sin  ■>  />-  |. 

Lorsque  a  croit  indéfiniment,  il  en  esl  de  même  de  ^(autrement 
un  des  points  «  ou  — c<  resterait  toujours  dans  le  voisinage  de  la 
coupure,  cas  que  j'exclus  expressément  ).  lit  alors  vous  voyez  bien 
que  J(a)  +  J( — a)  tend  vers  zéro.  11  n  \  a  pas  de  contradiction 
avec  mon  résultat,  donl  je  crois  du  reste  «pie  la  démonstration  est 
inattaquable. 

Veuillez  bien  agréer,  Monsieur,  la  nouvelle  assurance  de  mon 
dévouement. 


LETTRE    !<><>.  >3l 

166.  —  HERMITE    I   STIELTJES  (i). 

Mo»     CHEH      \  \l  I  , 

L'élégance  et  la  simplicité  de  votre  analyse  cachent  certainement 
un  grand  travail  el  il  est  difficile  d'imaginer  par  quel  enchaîne- 
ment d'idées  vous  avez  été  amené  à  la  considération  de  la  quan- 
tité m  et  à  la  suite  «1rs  loue  lions  que  vous  nommez  J\  (x),  f->(x),  . .., 
\o>  résultats  sont  excellents  et,  à  ['encontre  de  tanl  d'autres  qui 
avec  un  grand  appareil  de  formules  n'obtiennent  presque  rien, 
\ous  tirez  de  considérations  extrêmement  simples  el  faciles  des 
choses  entièrement  neuves  <i  du  plus  grand  intérêt.  En  attendant 
que  j'aie  quelques  remarques  à  tirer  de  mes  réflexions  sur  ce  que 
vous  m'avez  communiqué,  permettez-moi  de  vous  demander  où 
nous  comptez  publier  ce  que  vous  venez  d'obtenir.  M.  Darboux 
serait  très  content  d'en  enrichir  les  j. -innales  de  l' Ecole  Normale, 
et  M.  Camille  Jordan  vous  bénirait  de  lui  fournir  de  la  matière 
pour  son  journal  qui  en  a  manqué  dans  ces  derniers  temps.  Je 
devais  lui  fournir  un  article  sur  la  valeur  asjmptotique  de  Q(a), 
mais  mille  occupations  mont  détourné  de  le  rédiger,  et  ensuite 
je  me  suis  trouvé  dans  une  disposition  peu  favorable  pour  le 
travail,  ayant  éprouvé  comme  une  sorte  d'aversion  pour  l'Analyse 
quime  rendait  tout  effort  comme  impossible.  Après  m'èlre  plongé 
clans  la  lecture,  j'en  reviens  peu  à  peu,  et  nombre  de  recherches 
que  j'avais  commencées  surgissent  de  leur  sommeil  et  me  re- 
donnent quelque  peu  courage.  Je  relis  votre  correspondance  et,  au 
moment  ou  j'ai  reçu  votre  dernière  lettre,  j'allais  \ous  écrire  et 
vous  chercher  querelle  au  sujet  de  la  condition  que  vous  m'avez 
formulée  pour  qu'une  fonction  f(x,  y)  soit  uniforme  dans  un 
domaine  D,  el   qui  consiste  en  ce  qu'on  a 

/     df(x,jr)  =  o, 

•    (C) 

I  intégrale  étant  prise  sur  une  courbe  fermée  quelconque   tracée 
dans  ce  domaine.  Je  vous  avoue  ne  jamais  m'ètre  posé  la  question 


(')  Il  manque  sûrement  une  lettre  de  Stieltjes  antérieure   à  cette  lettre  non 
datée  d'Hermile.  (Note  des  éditeurs.) 


332  CORRESPONDANCE    d'HKRMITK    ET    DE    STIELTJES. 

en  restanl  comme  vous  dans  le  champ  des  valeurs  réelles  des 
variables,  la  circonstance  <!<•>  déterminations  multiples  me  pa- 
raissant  résulter  en  toute  nécessité  «le-  valeurs  imaginaires  des 
variables  décrivant  des  contours  fermés.  Je  vous  demande  donc 

pour  préciser  et  bien  fixer  mes  idées,  un  exemple  dans  lequel -j; 

et  —  soient  uniformes  dans  le  domaine  I)  nom'  les  valeurs  réelles, 

i  est-à-dire,  suivant  moi,  continues  et  a  détermination  unique,  la 

iomi  ion  /  ./ .  y  )  ayant,  an  conl  raire,  des  déterminations  multiples. 

Je  demande,  «mi  pin-,  de  voir  de  quelle  manière  ces  déterminations 

diverses  résulteront  de  ce  «pic  votre  condition    /    d/(x,  y)  =  o 

•    c 
ne -tia   pas  remplie,  lui  allant   plus   loin  el    m'accusanl  d'avance 

d'avoir  la  vue  trop  courte,  je  réclame  à  cor  et  a  en  une  fonction 

échappant  à  votre  condition  et  dans  laquelle  -4-  et   r- soient  tou- 

i  i  i  ,,,,■        dy 

jours  continues  el  Unies  à  l'intérieur  «le  D.  Ma  requête  a  pour 
origine  el  puni-  cause  ma  tendance  à  faire  résulter  les  notions 
analytiques  «le  l'observation  des  faits  de  l'analyse,  croyant  «pic 
l'observation  est  la  source  féconde  de  l'invention  dans  le  monde 
des  réalités  subjectives,  tout  comme  dans  le  domaine  des  réalités 
sensibles.  Je  m'arrête,  mon  cher  ami,  je  vous  ferais  bondir  m 
j'osais  vous  avouer  que  je  n'admets  aucune  solution  de  continuité, 
aucune  coupure,  entre  les  Mathématiques  et  la  Physique,  <•!  que 
les  Dombres  entier-  me  semblenl  exister  en  dehors  de  non-  «i 
en  s'imposant  avec  la  même  aécessité,  la  même  fatalité  que  le 
sodium,  l«'  potassium,  «•!«•. 

Avee  tous  mes  vœux  pour  la  guérison  complète  de  votre  mal 
d'oreilles,  el  en  vous  renouvelant  l'assurance  de  ma  sincère  el  bien 
cordiale  afïect ion. 

167 .  —  STIELTJES  A    H  ERMITE. 

Toulouse,  le  i  \  fé\  rier  1889. 
(  au  1;     Moasi  11  r  . 

Le  théorème  sur  les  fonction-  de  deux  variables  réelles,  d'où 
M.  Kronecker  déduit  comme  corollaire  le  théorème  de  Cauchy, 
s  énonce  ainsi  : 

Soit  J\.r.y)  une  fonction  réelle  des  variables  x,   1    telle  que 


LETTRE    1<)7.  333 

diins  un  domaine  I.)  à  contour  simple  (j  ai  peut-être  omis  cette 
condition  qui  est  nécessaire  )  les  < I » ; t •  i \  « '■  < •  s  partielles 

<i.r        dy 

soieni  finies  et  uniformes  et  admettent  encore  des  dérivées  finies 
(qui  sont  alors  uniformes  aussi  uatureliement),  alors  la  fonc- 
tion   /'{■('-    >')   ELLE-MÊME   EST   AUSSI    NÉCESSAIREMENT  I   NIFORME. 

En  effet,  il  s'agit  de  démontrer 

/  df(x,  y)  =  o, 

nom- un  contour  fermé  C  à  l'intérieur  de  I).  Mais  C  forme  la  limite 

entière  d'une  certaine  aire  qui  fait  partie  de  I),  et  pour  cette 
aire-là 

,1   ,1    dx  dy  y 

a  une  valeur  finie,  qu'on  peut  évaluer  de  deux  manières  en  inté- 
grant d'abord  par  rapport  à  x  ou  à  y\  on  trouve  ainsi 

/    —  dy         ou         —   /   -j—  dx  (sur  le  contour  C  ), 

J    ày    J  J    dx 

et  ces  résultats  étant  égaux 

/   dx  dX^dy  dy  =  /  dj[T'  y)  =  °'  C'  Q"  F'  IK 

D'après  ce  théorème  même  il  n'existe  pas  une  fonction  f(x,  y) 
non  uniforme  dans  D  et  dont  les  dérivées  partielles  seraient  uni- 
formes. 

Mais  considérons  un  domaine  D  qui  n'est  pas  à  contour  simple. 
Si  je  considère  un  point  P(#,  y)  dont  les  coordonnées  polaires 
sont  /■  et  0,  on  ne  peut  se  refuser  à  admettre  comme  fonctions 
de  x,  y  les  expressions 

J'(  x,  y  )  =  r  cos  -  '). 
La   première  est  finie  dans  D...,  mais  elle  n'est  pas  uniforme, 


.11',  CORRESPONDANCE    D'HERMITE    ET    DE    STIELTJES. 

si  P  décril   le  contour  fermé    PQRP,    fx.v    augmente  de    >-. 
Cependant,    comme   les  diverses  déterminations   de    /i./.r)  ne 


diffèrenl   que    par  des  constantes,    vous    voyez    que  les   dérivées 

partielles    ;   •   {-  sont  uniformes  dans  D. 

1  dx    ay 

La  fonction  "...  est  une  fonction  non  uniforme  il  une  autre 
nature,  ...  elle  admel  deux  valeurs  qui  se  distinguent  par  le  signe 
seulement,  etc. 

Du  reste,  si  !«•->  analystes  n'ont  peut-être  ]>a>  fait  beaucoup 
attention  à  ces  fonctions  réelles  de  deux  variables  non  uniformes, 
mais  donl  les  dérivées  partielles  peuvent  être  uniformes  (cepen- 
dant cela  seulement  dans  un  domaine  D  qui  n  est  pas  à  contour 
simple),  les  physiciens  (M.  Helmholtz)  en  étudiant  1»'  rn.ouvem.en1 
des  liquides  ont  été  amenés  aussi  à  reconnaître  1  existence  de  ces 
fonctions  dans  le  cas  de  trois  variables  ■'■  v-  s  ('). 

\  oici  la  généralisation  t\\i  théorème  de  M.  kronecker  pour  le 
cas  de  l'espace. 

Si  une  Innrtion  /'(.r,  _r,  z)  admet  des  dérivées 

d£       of       df 
dx       dy        Oz 

qui  sont  uniformes  dans  un  domaine  D  et  admettent  encore  des 
dérivées  finies  i  du  second  ordre  de  f).  alors  la  fonction  /  elle- 
même  es1   nécessairement  uniforme  dans  D. 


|     i  Voir  le  Mémoire  d'Helmholtz  inséré  au  t.  55  du  Journal  <!<>  Crelle. 


LETTRE    167. 


Pour  préciser  : 

On  du  que  /'est  uniforme  dans  I)  lorsque 


I  df(x,  r,  s)  =  o, 


l'intégrale  riant  pris*1  sur  une  courbe  fermée  à  l'intérieur  de  I). 

IVIais  ce  théorème  n'est  vrai  que  si  l'on  suppose  «pu-  le  domaine  I  ) 
est  clc  telle  nature  que  chaque  courbe  fermée  tracée  dans  I)  peut, 
par  un  changement  continu  el  sans  sortir  du  domaine  I).  se  ré- 
duire à  un  cercle  infiniment  petit.  Cela  a  lieu,  par  exemple,  si  D 
est  l'intérieur  d'une  sphère  ou  encore  l'espace  compris  entre  deux 
sphères  concentriques. 

Mais  cela  n'a  plus  lieu  si  D  esl  l'espace  à  l'intérieur  d'un  tore. 
Dans  un  tel  cas,  M.  Helmholtz  a  remarqué  l'existence  de  fonc- 
tions non  uniformes,  mais  dont  les  déterminations  ne  diffèrenl 
que  par  des  constantes,  en  sorte  que  les  dérivées  partielles  sont 
uniformes,  tout  à  fait  comme  la  fonction  f(x,  y)  =  9  de  tout  a 
l'heure. 

Du  reste,  le  même  exemple  peut  servir;  en  posant 

f{x,  y,  z)  =  8, 

8  étant  la  longitude  du  point  (x,y,  z),  c'est-à-dire  l'angle  du  plan 
passant  par  Taxe  du  tore  et  du  point  (x,y,  z)  avec  une  de  ses  po- 
sitions particulières. 

11  est  à  remarquer  que  si  Ion  prenait  la  même  fonction 

dans  le  cas  de  l'espace  compris  entre  deux  sphères,  cette  fonction 
ne  satisfait  plus  aux  conditions,  car  l'axe  qui  sert  à  déterminer  les 
longitudes  passe  alors  en  partie  par  le  domaine  D  et  en  ces  points  9 
devient  indéterminé  y,  ce  qui  n'arrive  pas  pour  le  tore.  El,  en  effet, 
comme  je  l'ai  dit  pour  l'espace  compris  entre  deux  sphères  con- 

,-.  ,•  .,  T  •      <     1        df       df       Ôf  ■         < 

cenlnoiues,  le  théorème  a  lieu  et  l  unilormile  de  -;— ,  -f-  ,  —  entraîne 

1  '  il./-      Oy      az 

l'uniformité  de  f. 

y  et  les  dérivées  partielles  cessent  d'être  finies  et  con- 
tinues. 

J'ai  pu  perfectionner  beaucoup  ma  méthode  d'approximation  de 


336  CORRESPONDANCE    D  HERJMITE    ET    DE    STIKLTJES. 


l'intégrale 


/  ; 


»(«) 


dx(l). 


En    effet,    ma    première    méthode    conduit    à     une   expression 
approchée  avec  Le  tenue  complémentaire 


m*-m\. .  .m-.,  Ja      cp(a?) 


fn(x)  =  /(  x  ) [  m  -  <p(a?)]2 [i  "' i  —  <?<  ./•  )  |- .  .  .  [  /«„_,  -  cp  (a:)]2. 
Je  remarque  que  celle  expression  peul  se  mettre  sous  l<i  forme 


s*b   e 


R,,  =    /      i—  —  (i  -+-  ./',  D  —  ./  -,  cp2  -H.  .  .  -+-  ./\,  o"  i-  '/./'. 

Dans  ma  nouvelle  méthode,  je  considère  directement  celte  ex- 
pression qui  est  une  forme  quadratique  de  /,.  .v2,  ...,  xn.  Je 
détermine  xK vn  parla  condition  que  R„  soit  minimum.  En 

posant 

OR.  „  =  i  —  •'  Vf  —  •  ■  •  —  J  n  <?"  : 

les  conditions  sont 

T  /( x ) D)l n cp*- '  efcr        ( *  =  i ,  -i n), 

ou  plus  explicitement 

i    c„       —  e,  ./■    _..._c„        J?,»=0, 

3)        (                                                   '        '         CA=         f(x)yt<dx, 
j  '  -A 

!   C/j.  !  --  c„  xx  -+-. . .+  c2/,_!  :r„  =  o, 

Le  déterminant  de  ce  système  linéaire  est  positif  et  différent  de 
zéro,  c'est  en  même  temps  le  déterminant  de  la  forme  quadratique 
définie  et  positive 

/     f\  r  \  œ   ./■  ii  ./■;  —  a^jcp  — .  .  . —  xnvfn— '  )2  </./■. 


(')  Ce   passage  se  rapporte  à  la   letnc  de  Stieltje?  qui  manque,  signalée  plus 
liant.  (.Xole  des  éditeurs.) 


LETTRE    107, 

Les  Xi  étiinl   ainsi  déterminés,  on  a 


337 


/    f(x) 
cp(.r)  T  T 

mais  les  termes  avec  xt:   ...,xn  disparaissent  en   vertu  des  rela- 
tions (2)  ;  donc 


*/(»). 


3ïUn  (/'■, 


'/(*) 


Soit  donc 

(4) 

on  aura 


K„  ^  —  (xtc0 


t/.r  H-  .rj  c0  -t-  x-i  Ci  -+■ . .  .  -t-  xn  cn. 


X h  C/j_j  j, 


Ja      <P<» 

les  équations  (3)  et  (4)  donnent 


K„  = 


o  c, 

c0         c 
ct         c 


C-2/(-l 


ce  sera  l'expression  approchée  par  défaut.  On  doit  avoir  évi- 
demment K„>-K„_,;  et,  en  effet,  en  considérant  la  différence 
K„ —  K„_,,  on  arrive  (à  l'aide  des  relations  entre  les  mineurs  d'un 
déterminant  symétrique)  à  mettre  K„  sous  la  forme 


K„  = 


k\         Aj_ 

b7+  b7^ 


A?, 


C0  Cj 


cn- 

1 

c„ 

Ctn- 

-l 

B„  = 


B«-i  B„ 
c2     c3 


Soit 


=  i+*iip  +  A-2  =p2 ■4-.  •  •  ■+■  *«  T",         R  =  / 


S*  «te, 


338  CORRESPONDANCE    u'ilERMITE    ET    DE   STIELTJES. 

les  coefficients  kK k„  étant  arbitraires,  on  a 

f    l^Ù  ,  §  -  DR  „  ,2  ,/.r  =  R  +  R„  -  2  /*  4^  3H  „  S  cl.r. 


mais 

/'    ■'   -  -  DR    S  rfr  =   /     ^\  DR  „  i  i  -  /  ,  n  -t- .  .  .  -  k,  cp"  )  rf.r 

donc 


J„     ?(ar) 


R  -  R„  =  f  l 


(a?) 


(S  —  OR „)2  dx>  o, 


montrant  que  R„  est  réellement  minimum. 
D'après  cela,  si  je  considère 

R„       =    f   li^l  (l  +  Xl9 -+-... -h  XaO^dx, 

et 

r1'  t 
R«-i=  /    ^y— .O^jrf  +...  +  y„-ri"-1ï2dx, 

il  esl  clair  que 

R«<  /"  4^('+/i?  +  ---+/»-)f"1)!('-C?)!^) 

C  étant  une  constante  quelconque.  Mais  si  m  et  M  sont  les  valeurs 
extrêmes  de  m,  et  si  je  prends 

G  = 


.M  -f-  m 


le  facteur  (i  —  Cs)2  ne  varie  qu'entre  o  et  (  — -J  ,  dom 

_         /  M  —  m  \  -  _, 

R«<    ^ R,_iï 

\  _>i  -f-  /«/ 

de  même 

M  -  m  y    Jfl     <p(a?) 


donc 

limR„=  o. 


LETTRE    107.  33g 

Un  cas  particulier  intéressant  est 

?.(  »  —  z  —  x, 

z  constante.  Alors  vous  voyez  direclemenl  par  les  conditions  (2) 
que  Nl,i  ne  diffère  que  par  un  facteur  constant  du  dénomina- 
teur ©„(#)  de  la  fraction  continue  pour 

/     — </«. 

,/       X  —  u 

donc 

y./  ( z  » 

puisque,  pour  z  — x  =  o,  011,,  doit  se  réduire  à  l'unité.  D'autre 
part,  la  valeur  de  KH  est 

,/       <M  a-  )  ./       o  (a:) 

c  est-à-dire 

®tl\Z)J„  z  —  x 

c'est-à-dire  que  Krt  est  simplement  la  réduite  d'ordre  n  de  la  frac- 
tion continue  de 

7w 


f  tel  ix. 

J      z X 


On   voit  par  là    que    le    terme  complémentaire    de    la    réduite 
d'ordre  n  est  Rw  minimum  de 

/     - — : — [1-+-  xx(z  —  x)-h...-+-  x„(z  —  x)"]-  dx. 
Ja    z  —  x 

Tant  (jue  les  limites  a  et  b  sont  finies,  la  démonstration  de 

limR/i  =  o 

s'applique  et  montre  que  la  fraction  continue  est  convergente  vers 
la  valeur  de  l'intégrale.  Le  résultat  relatif  au  terme  complémen- 
taire de  la  fraction  continue  est  nouveau  peut-être,  il  l'est  en  tout 
cas  pour  moi. 


3'|0  CORRESPONDANCE    DllEinilTE    ET    DE    STIELTJES. 

Mais  vous  voyez  qu  il  sérail   intéressanl  de  prouver  limR„=  o, 

même  dans  1«'  cas  que    .  =  o.  <  )n  prouverait  alors  en  même  temps 

la  convergence  il*1  la  fraction  continue  dans  le  cas  où  la  liniile 
b  =  y~..  G'esl  ce  que, jusqu  à  présent,  on  n'a  pu  faire,  en  général, 
quoique  pour  certains  cas  particuliers  comme  /(a;)  =  .rA  ■  e~x  la 
convergence  peut  -<•  démontrer  par  d'autres  considérations. 

\\;mi  trouvé  par  ce  <pii  précède  un  nouveau  point  de  vue  .  .  je 
\cii\  un  peu  réfléchir  là-dessus  avant  de  publier  ces  recherches 
que  je  mettrai  volontiers  à  la  disposition  de  M.  Camille  Jordan. 

J'espère  que  votre  aversion  pour  l'Analyse  passera.  Sans  doute 
nu  tel  étal  d'esprit,  qui  ne  m'esl  pas  inconnu,  est  ordinairement  le 
résultai  d'une  Lrop  grande  fatigue. 

Je  vous  renouvelle,  cher  Monsieur,  l'expression  de  mes  senti- 
ments tout  dévoués. 


168.  —  HERMITE  A  STIELTJES. 

Paris,  i'i  février  1889. 
Moin   cher    Ami, 

\  otre  nouveau   point   de  vue  pour  obtenir  l'approximation  de 

rb  f(x\ 
l'intégrale    /     •-.-      dx  constitue  un    très  heureux   et   très   grand 

*  ii      .  \ 

progrè>.  votre  analyse  devient  ainsi  plus  lumineuse  et  je  ne  puis 
assez  vous  dire  avec  quel  plaisir  j'ai  vu  l'application  que  vous 
faites    au    cas    de    'j>(ûc)  =  z —  ./\    en    établissant    d'emblée    que 

DÏL„=  ^       .,  '^n{x)  étant  le  dénominateur  de  la  />>""«  réduite  du 

<P  n  (  z  ) 

développement  de  l'intégrale  en  fraction  continue.  Personne,  cer- 
tainement, n'a  obtenu  ce  résultat  extrêmement  remarquable,  que 
le  terme  complémentaire  de  cette  réduite  est  le  minimum  de 
l'expression 

f  ^^"[n-afi (*  —  *)-+-•■  .+-**<*  —  x)n]*dx; 

*       I 

je  ne  sache  pas  non  plus  qu'on  ait  démontré  que  la  limite  soit 
nulle  pour  n  infini.  Quand  vous  aurez  rédigé  le  Mémoire  que  vous 


LETTRE    K)H.  34l 

préparez  sur  celle  question,  ne  pensez-vous  p;is  eu  détacher  cette 
conclusion  dans  une  Note  pour  les  Comptes  rendus.' 

Grâce  à  vous,  les  ténèbres  de  mon  <s| » ti  1  commencenl  à  se 
dissiper  au  su j «I  des  fonctions  de  deux  variables  ei  de  la  façon 
dont  il  faut  les  définir  en  tant  qu'uniformes,  lorsqu'on  envisage 
seulement  les  valeurs  réelles.  Les  exemples  que  vous  me  donne/, 

en  considérant  l'angle  polaire   0,  el    la    quantité   /cos-,   comme 

dépendanl  de  x  el  y  sont  extrêmement  lumineux,  el  nous  me 
faites  voir  aussi  très  clairement  comment  l;i  question  se  complique 
lorsqu'on  considère  certains  domaines  à  l'égard  des  fonctions  de 
trois  variables. 

En  vous  piiant  de  me  rectifier  si  je  fais  erreur,  je  vous  deman- 
derai encore  si  l'on  peut  dire  que  la  condition  nécessaire  el  suffi- 
sante pour  que  f{ x, y)  soit  uniforme,  dans  un  domaine  D  à  contour 
simple,  c'est  que  la  fonction  reprenne  la  même  valeur  lorsque  les 
variables  étant  supposées  représenter  les  coordonnées  d'un  point 
de  D,  ce  point  revient  à  sa  position  initiale  après  avoir  décrit  un 
contour  fermé  quelconque  contenu  à  l'intérieur  de  D.  Puis,  peut-on 
en  conclure  que  cette  condition,  remplie  à  l'égard  de  f(x,y),  est 
remplie  nécessairement  pour  toutes  les  dérivées  partielles?  Ou 
bien    doit-on   prendre    pour   définition    d'une  fonction    uniforme 

l'équation    /  df(x,y)  =  o  pour  un  contour  fermé  G  à  l'intérieur 

de  D,  en  admettant  que  la  fonction  soit  continue  et  finie  à  l'inté- 
rieur de  D? 

C'est  ce  que  vous  faites  à  l'égard  des  fonctions  de  trois  variables, 
mais  je  resterai  dans  le  cas  de  deux  variables  seulement,  et  alors 
il  me  semble  bien  qu'une  fonction  doit  être  considérée  comme 
uniforme  alors  même  qu'on  admettrait,  à  l'intérieur  de  D,  des 
lignes  pour  tous  les  points  desquelles  f(x,  y)  serait  infinie,  et  des 

points  isolés  qui  lui  feraient  prendre  une  valeur  indéterminée  -• 

La  circonstance  qu'il  existe  de  telles  lignes  et  de  tels  points  n'em- 
pêche aucunement  que  la  fonction  reprenne  la  même  valeur 
lorsque  les  variables  décrivent  des  contours  fermés  qui  les  ren- 
contrent ou  les  comprennent,  mais  il  faut  absolument  renoncer  à 

l'équation   /  df(x,  y)  =  o  dans  ce  cas. 


I  • 


CORRESPONDANCE    d'heRHITE    ET    DE    STIRLTJES. 


J'espère  que  vous  comprenez  bien  que  j'incline  à  trouver  pré- 
férable  une  définition  qui  s'applique  au  quotienl  de  deux  fonctions 
entières;  en  tout  cas,  je  serais  heureux  de  recevoir  vos  avi>  sur  un 
sujel  de  si  grande  importance  el  auquel  je  n'ai,  pour  ainsi  dire, 
jamais  songé  jusqu'ici. 

En  vous  renouvelant,  mon  cher  ami,  l'assurance  de  mes 
meilleurs  senl  iments. 


169 


STIELTJES    i   HERMITE 


Cher    Mowsiei  r, 


Toulouse,  iii  février  i^i|. 


Il  me  semble  qu'il  existe  peut-être  un  léger  malentendu  entre 
nous  concernanl  la  définition  de  l'uniformité  d'une  fonction  réelle 
de  deux  variables. 

Dans  les  conditions  où  Ton  se  place  de  l'existence  |  en  général  i 
des  dérivées  partielles,  la  valeur  de 


fd/(x,  .  i, 


(jcay3) 


étendue  le  long  d'une  courbe  VIS.  ne  peut  être  que 
el  par  là  il  est  clair  de  due  que 

il  fi  ./.r  i  =  o, 


f- 


sur  mi  contour  fermé  C,  ou  bien  dire  que  /'(../■,  i  )  revient  à  sa 
valeur  initiale  si  I  on  parcourt  la  courbe  C  es!  exactemenl  la  même 
(diose,  el  cela  indépendamment  des  singularités  qui  peuvent  exister 
ou  non  à  l'intérieur  du  contour. 

El  il  semble  aussi  clair  que  si  f\ ., ■.  yj  e>i  uniforme  dans  un 
Certain  domaine,  cela  entraîne  nécessairement  l'uniformité  des 
dérivées  partielles.  Mais,  si  Ton  voulail  insister  sur  une  explication 
là-dessus,  je  crois  que  l'on  pourrait  raisonner  ainsi  qu'il  suit  :  Je 

considère  /i  x,  y  )  et    •  .  '  '       • 


LETTRE    169. 


3/i3 


Faisons  parcourir  au   poinl   (#,  y)  la   courbe  ABCDA  dont  la 
partie  DAB  est  recti ligne  et  parallèle  à  Taxe  des  \. 
On  part  de  A  avec  des  valeurs  finies  de 


au  point  A  (a?0,  y0) 


f(œ,y)  --  I' 
et  de 


df(x,y) 


il.r 


=  Q. 


Or  la  Videur  de  Q  est 


q  =  iim  /^»-+-^ro)-/^»,  n) 

A  proprement  parler,  il  faudrait  prendre  h  positif,  mais,  d'après 


l'existence  même  d'une  dérivée  partielle,  on  doit  obtenir  la  même 

valeur  de  Q,  même  en  prenant  h  négatif. 

Or,  si  l'on  a  parcouru  le  contour  ABCDA,   on  revient  encore 

en  A  avec  la  même  valeur  P  d'après  l'hypothèse  de  l'uniformité. 

Si  donc  on  applique  maintenant  de  nouveau  la  définition  de  la 

dérivée  partielle  pour  savoir  ce  qu'est  devenue  cette  dérivée,  on 

obtient  encore 

f(xn-h/>,  y^—fixo,  "Ko) 
Iim  ' : ; — : > 


identique  avec  la  définition  de  Q.  Sommairement,  comme  dans 
l'hypothèse  de  l'uniformité,  f(x,  y)  n'a  qu'une  seule  branche,  il 
en  est  de  même  de  toutes  ses  dérivées  partielles,  par  le  fait  même 
qu'une  fonction  bien  déterminée  n'admet  pas  plusieurs  dérivées, 
ou  autrement  :  la  définition  des  dérivées  ne  laisse  pas  place  à  une 
ambiguïté. 

Ainsi,  il  peut  très  bien  arriver  qu'une  fonction  soit  uniforme  et 
admette    cependant   des    singularités.    C'est   ce    qui    arrive,    par 


344  CORRESPONDANCE    d'BERMITE    ET    DE   STIEI.TJKS. 

exemple,  à  l'origine  (x  =  o,  y  =.  o)  pour  les  dérivées  partielles  de 
cette  fonction 

j\.v,y)  =  e,  par  exemple  *_       . 

j" 

Ces  dérivées  son!  uniformes,  mais  discontinues  à  l'origine.... 
Ces  exemples  montrent  que  le  théorème  de  M.  Kronecker  u'esl 
pas  une  banalité. 

Je  vous  avouerai  que  je  n'ai  d'abord  rien  compris  au  premier 
passage  où  M.  kronecker  énonce  son  théorème.  En  effet,  l'essence 
du  théorème  es)  d'affirmer  l'uniformité  de  la  fonction  comme 
conséquence  de  l'uniformité  de  ses  dérivées  partielles  (sous  cer- 
taines conditions  restrictives).  Or,  par  inadvertance.  M.  Kro- 
uecker  a  d'abord  énoncé  son  théorème  en  comprenant,  parmi  les 
conditions  à  imposer  à  /Y ./-,)-)  V uniformité  de  cette  fonction!! 
Kl  comme  il  esl  très  succinct,  je  me  suis  inutilement  efforcé  à 
pénétrer  dans  le  vrai  sens  de  ces  quelques  lignes.  C'est  seulement 
après  la  lecture  de  sa  seconde  Noir  i  Berliner  Monatsb.,  1 885, 
p.  780)  que  j  ai  compris  son  idée.  Il  y  redresse  aussi  l'inadvertance 
qui  s'étaii  glissée  dans  son  premier  énoncé  de  1880. 

Il  n'en  reste  pas  moins  vrai  qu'on  doit  appliquer  avec  beaucoup 
de  circonspection  certains  théorèmes  généraux  sur  les  fonctions 
de  deux  variables.  J'en  ai  rencontré  cet  exemple.  Soil 


Vous  verrez  directement  que  sur  le  cercle  de  rayon   1   autour  de 
l'origine  f(z)  est  purement  imaginaire  : 

f(eiï)  =—  ùans-e. 
Si  donc  je  considère  la  partie  réelle  de  f\  z 

(l—.r  ■,-—    V- 

j  ai  là  nue  fonction  qui  satisfait  à 

dx*-  ~*~  ~dy-  =  ° 
et  (jui  s'annule  sur  le  cercle  C.  Or,  d'après  un  théorème  général, 


LBTTRE    169.  '■  i  5 

une  ici  le  lonction  cp  ne  |»ciil  s'annuler  sur  un  cercle  (ou  contour 
fermé  (|uelconque)  sans  s'annuler  aussi  à  l'intérieur  du  contour. 
Le  théorème  semble  ici  en  défaut,  mais  la  raison  esl  celle-ci  :  La 
fbnelion  <p(x,y)  présente,  au  point  ./  i}  jy  =  o  sur  le  cercle 

une  indétermination  et  l'on  ne  peut  pas  dire,  à  proprement  parler, 
qu'elle  s'y  annule.  On  peul  s'approcher  de  ce  point  de  telle  façon 
que  cp  tende  vers  une  limite  quelconque.  Mais  vous  voyez  qu'il 
suffit  de  bien  peu  de  chose  pour  mettre  le  théorème  hors  d'usage. 
Il  en  esl  de  même  pour  le  théorème  de  Gauss,  que  si  sur  une  sur- 
face fermée  dans  l'espace  on  a 

?0>.r,  s)  =  const., 

la  fonction  cp  satisfaisant  à  l'équation  de  Laplace 

à-  cp         d-  cp         à2  cp 
ôx'1         dy'1         dz- 

on  a  aussi,  à  l'intérieur  de  celte  surlace, 

cp  =  const. 

Une  simple  indétermination  sur  la  surface  suffit  pour  détruire  le 
théorème. 

Permettez-moi  de  vous  demander,  en  terminant,  un  renseigne- 
ment. Dans  le  Journal  de  Crellc,  t.  40,  p.  296,  vous  vous 
exprimez  ainsi  : 

«  Ce  qui  précède  indique  suffisamment  une  infinité  d'autres 
conséquences  analogues,  qui  toutes  viennent  dépendre  de  la 
recherche  difficile,  d'une  limite  précise  du  minimum  d'une  forme 
définie  quelconque.  Là-dessus  je  ne  puis  former  qu'une  conjecture. 
Mes  premières  recherches,  dans  le  cas  d'une  forme  à  n  variables 


de  déterminant  D,  m'avaient  donné  la  limite  (4)        [/&  ',  je  suis 
porté  à  présumer,  mais  sans  pouvoir  le  démontrer,  que  le  coeffi- 


n  —  \ 


cient  numérique  (  4  )        doit  être  remplacé  par  •    » 

Je  demande  :  a-t-on  été   plus   loin  depuis  et  votre  limite  pré- 
sumée —  "'       <  l'a-t-on  déjà  établie  rigoureusement? 

V  n  -+-  1 


3'|6  CORRESPONDANCE    d'hERHITE    ET    DE    STIKLTJF.S. 

Dernièrement,  j  avais  à  considérer  une  question  où  il  m'impor- 
tait d'avoir  la  limite  exacte,  aussi  petite  que  possible.  J'ai  cherché 
mi  peu  partout,  mais  je  n  ai  pas  trouvé.  Vous  pourrez  certaine- 
ment me  «lire  ce  qui  en  e>l . 

\  euillez  bien  accepter,  cher  Monsieur,  la  nouvelle  assurance  de 
mon  entier  dévouement. 

P.  S.  —  Je  vous  enverrai  ^ms  peu.  d'après  votre  permission, 
une   Note    pour   les    Comptes    rendus    sur    la    fraction    continue 

pour    / /  /  . 

170.  —  H  ERMITE  A   STIELTJES. 

Paris,   ->i   février  1889. 
\ln\     i  111  1:      \  m  l . 

Je  u  ai  pas  chez  moi  la  collection  des  Wathematische  tnnalen, 
ce  qui  m'empêche  de  répondre  avec  une  entière  précision  à  votre 
demande,  je  dois  me  borner  à  vous  renvoyer  aux  Tables  de 
matières  où  vous  trouverez,  l'indication  d'articles  de  M.  Korkine 
et  de  M.  Zolotareff  sur  la  recherche  d'une  limite  précise  du  mini- 
mum d'une  forme  quadratique  définie.  On  a  établi,  je  crois  me  le 

rappeler,  que  ma   limite  présumée  est  inexacte,  et  l'on  a 

yn  -+- 1 

démontré  1  MM.  Korkine  et  Zolotareff)  que,  pour  une  forme  réduite 
à  quatre  indéterminées,  le  produit  A  A,  A.,  \:t  des  coefficients  des 
carrés  satisfait  à  la  condition  A  A,  A2A3  ^4D.  A  cette  occasion,  j'ai 
été  en  correspondance  avec  les  auteurs,  et  je  leur  ai  communiqué 
une  nouvelle  méthode  pour  établir,  à  l'égard  des  formes  ternaires, 
la  condition  \  \,  \ 2  2D,  mais  leurs  principes  me  semblent  plus 
féconds  et  d'une  plus  grande  portée  que  le  mien. 

Je  vais  réfléchir  sur  les  choses  excellentes  de  votre  lettre  concer- 
nant l'uniformité  des  fonctions  de  deux  variables;  le  cas  d'excep- 
tion offert   par   's>(x,  y)  =  ,     ' — mérite  extrêmement  d'être 

1  •  ■  (1  -+■  x  )-  -t-  y- 

signalé;  j'en  parlerai  à  Picard,  à  moins  que  vous  ne  désiriez  vous 
réserver  la  remarque  que  vous  avez  faite. 

En  vous  renouvelant,  mon  cher  ami,  l'assurance  de  mon  affec- 
tion bien  dévouée. 


LETTRE    171.  3  17 

171.  —  HERMITE  A   STIELTJES. 

Paris,  3  mars  1889. 
Moin    cher    Ami, 

En  revenant  d'un  bien  triste  voyage  en  Lorraine,  où  j';ii  été 
appelé  par  la  morl  d'un  de  mes  parents,  j'ai  trouvé,  dans  le  dernier 
cahier  du  .Journal  de  M.  Jordan,  voire  beau  travail  sur  le  déve- 
loppement de 

[R2  —  2  Rr  cosu  cos«'cos(.r  —  ce')  -h  sin  u  sin  u'  s\n(y  — y  )  -+-  /,2]-i 

que  je  lis  avec  le  plus  grand  intérêt.  Pour  que  vous  n'en  doutiez 
point,  permettez-moi  de  vous  dire  comment  j'abrégerais  un  peu  la 
recherche  de  la  formule  (16),  au  moyen  de  l'identité  élémentaire 


x  -+-  y         x  —  y 
cos.r  -+-  cosy  =  1  cos —  cos —  . 


On  a  d'abord 


T-hy\*      ^  „A''(^+7) 


2   COS   -  :    \      2  (   'I  )„  -  ,-  COS 

ou  encore,  en  changeant  /•  en  n  —  2/*, 

[  x  -+-  y\n      v'     -     s  (  "    ~  2 /')  (x  -+-  y ) 

■2  cos — — ^-  )    =>  2(n),.  cos— —  — —  < 

puis  seinblablement 

x  —  y\"      V1     1    -,          (n —  is)(x  —  y) 
2  cos —  I    =    >   2(  /£).,■  cos  - —  '—L' 


Soit,   pour  un  moment,  a  =  /?.  —  2/',  b  =  n  —  2s,  il  viendra  en 

multipliant 

/                                 V^     ,    .    ,     .           a(x-{-r)         b( x  —  y ) 
2" (cos x  -4-  cosjk)"  =    >   !\(n)r(n)s  cos —  cos — 

Cela  étant,  je  change  y  eu  — r,  et  j'ajoute  membre  à  membre  en 
divisant  par  2.  On  trouve  facilement 

a  (  x  -+-  y  )    6  (  .7-  —  r  )      « (  .r  —  y  )    b  (x  -4-  y) 

COS  : COS  ■ : (-  dis  —    ^— i  COS : 

2  2  2  2 

a  -h  b             a  —  b                  a  —  b  a  ~\-  b 

=  cos  —  — x  cos  —   —  7  +  cos x  cos  —  -y- 


348  CORRESPONDANCE    D'HERMITE    ET    DE    STIELTJES. 

<  >ii  ,i  ensuite 


de  sorte  qu'il  vient,  pour  le  développement  cherché, 

•>"  i  cosa?  -+-  eus  y  i"       S?.(«  \,.(  n  )s  [      cos(  n  —  r  —  s)x  cos(.s  —  r  \y 

-t-  cos(/i  —  /•  —  .s-  )y  cos(s  —  f)x\ 

où  les  entiers  r  el  s  parcourenl  la  série  0.1.2....  jusqu'à  l'entier 
contenu  dans 

Je  ne  puis  assez  vous  «lire  combien  j'ai  vu  avec  plaisir  l'extrême 
élégance  et  la  simplicité  de  votre  analyse,  dans  une  recherché 
difficile  el  profonde,  qui  conduit  si  aisément  à  un  résultat  impor- 
tant et  très  caché. 

.1  ai  peu  travaillé  pendant  ces  dernières  semaines.  M'"e  Hermite 
ayanl  été  malade  d'une  bronchite  quia  donné  quelque  inquiétude. 
mais  dont  elle  est  maintenant  guérie,  et  je  pense  pouvoir  me 
remettre  à  l'oeuf  re. 

En  nous  priant  de  m'autoriser  à  annoncer  à  M.  Jordan  les 
recherches  que  vous  m'avez  communiquées  sur  les  fractions 
continues,  auxquelles  j'attache  un  grand  prix,  je  vous  renou- 
velle, mon  cher  ami,  l'assurance  de  mes  sentiments  affectueux 
el  bien  dévoués. 


172.  —  STIELTJES  A   HERMITE. 

Toulouse,  6  mars  [889. 
Cher   Monsieur, 

Je  vous  remercie  vivement  pour  votre  bonne  lettre;  veuillez 
bien  être  assuré  de  la  part  que  je  prends  au  deuil  qui  vient  de 
nous  frapper.  Je  vous  prie  aussi  de  vouloir  bien  me  rappeler  au 
souvenir  de  Madame  Hermite.  Votre  méthode  d'établir  le  déve- 
loppement de  2"(cos.z  +  cosjk)"  est  certainement  ce  qu'il  y  a  de 
plus   simple.  Je   me   rappelle  que  M.  Tisserand,   dans  un  de  ses 


LETTRE    172.  3^9 

Mémoires,  se  serl  aussi  de  la  décomposition 

x  -t-  y       -T  —  Y 
cos  a"  -+-  cos y  =  •>.  cos —  cos —  •  ■  •  > 

mais  sa  méthode  est  beaucoup  moins  simple  parce  qu'il   n'a   [tas 
eu  l'idée  heureuse  de  changer  y  en  — y  et  de  prendre  la  demi 
somme.  Mais  cette  transformation 

air -h  y)        bix — y)              air  — y)        bix -t-  y) 
cos  — —  cos  —      — —  +  cos  — ^—  cos *-!- 

2  'l  -2.  -1 

( a  -f-  b)x        (a  —  b)y  (a  —  b)x        <  <i   ■-  h  \y 

=  cos  - —        — cos h-  cos  —  <•<>-  "i- 

1  ■>.  i.  1 

est  jolie  et  un  peu  cachée. 

Je  pense  toujours  aux  fractions  continues.  Soit  f\  u)  une  fonc- 
tion qui  ne  devient  pas  négative  et  telle  que 

c/c=   !      ukf{u)  du         (/i  =  o,  1,  •?,,  3,  ...  1, 
ail  une  valeur  finie.  Alors  pour  x  >  o 


(  I  )  /         J <5T  M  = — -    -+- .  .  .  ±  ZlZ    I 

J       x  -+-  u  x        r2  .'•><        J       .t" 


11"  /'(  u  )      , 
du. 


(  X  -+-  u 
On  a 

c0    ^   c,  "  "  C„      ^   Cll+i 

et  ce  rapport  -^  croît  au  delà  de  toute  limite.  La  série  (1)  est 

donc  divergente,  si  l'on  voulait  la  continuer  indéfiniment;    ce- 
pendant. .  .  elle  permet  de  calculer  l'intégrale 

fxf'(  u  )  du 


avec  une  certaine  approximation  qui  dépend  de  la  valeur  de  x. 
Mais  je  transforme  la  série 

£0  _  £i_  Cs_  _ 

x        x"-        r* 


35o  CORRESPONDANCE    D  II  ERMITE    ET    DE    STIELTJBS. 

en  fraction  continue 

c 


' 


"\ 


i  — 


h. 


alors  tous  les  at-,  6/  sont  positifs. 

Les  réduites  d'ordre  impair  diminuent,  une  telle  réduite  est 
toujours  supérieure  à  I. 

Les  réduites  d'ordre  pair  vont  en  croissant,  une  telle  réduite  est 
toujours  inférieure  à  I . 

Donc  les  réduites  d'ordre  impair  tendent  vers  une  limite  A,  les 
réduites  d'ordre  pair  vers  une  limite  B  et 

La  fraction  continue  est  convergente  seulement  lorsque 

A=  I  =  B 

i  même  si  elle  n'est  pas  convergente  elle  permet  de  calculer  I  avec 
une  certaine  approximation  comme  la  série  divergente  ). 
Soit  Kn  le  minimum  de 

/      f(u)(i  ■+-  X\  a  -+-  x^u-^ .  •  ■  -+-  xn  «")2  ^u- 

alors 

K,<  R2<R3<..., 

donc 

lim  R„  =  X.         n  =  -x, 

et  A  est  positif  ou  nul. 

«    Pour  que  la  fraction  continue  (2)  soit  convergente  il  faut  et 

il  suffit  qu'on  ait 

X  =  o.  » 
Dans  le  cas 

/(  u )  —  a"-1  e~b'\ 

on  peut  calculer  facilement 

_  T  (  a  )  1 . 2 . 3 . . .  n 

ba     (a  +  i)(a  +  2)...(a  +  n)' 


LETTRE    172.  35 1 

donc,  dans  ce  ( :as 

X  =o  et  fraction  continue;  <<>>n<r  t:rntc . 

ainsi  pour  b  =  i 

/'  *  u"-  '  e~u    ,                  l'i  c/  i 
/       au  = 


pour  a  =  i  c'est  le  résultat  de  Laguerre  dans  le  Bulletin  de  la 
Société  Mathématique  de  France.  Mais  Laguerre  a  considéré 
seulement  les  réduites  d'ordre  pair  qui  donnent  des  limites  infé- 
rieures. 

K  étant  égal  à  o  clans  le  cas f{u)  =  ua~ie~bu,  il  est  clair  qu'on 
aura  encore  ~k  =  o  dans  le  cas 

f(u)=  ua-le-b"  v(u), 

pourvu  que  <f(u)  reste  inférieure  à  un  nombre  fixe,  et  la  fraction 
continue  est  encore  convergente. 

Mais  la  question  difficile  qui  m'occupe  encore  est  celle-ci  :  n'a- 
t-on  pas  toujours  "k=  o? 

J'incline  à  le  croire  en  ce  moment  et  je  chercherai  à  établir  ce 
point.  Voici  encore  un  résultat 

log  r(a?)  =  (  x )  logrr  —  x  H —  \ogiv.  -\-  i(x), 


J(a?)= — — - 

1  .  '2  .  X  5 .  4 .  Xe 


On  peut  développer  S(x)  en  fraction  continue  convergente 

ai  =  i:r2'  j(*)  = a-l 

a,  =  i  :  3o,  x  H a* 

-  o   .  ^3 

a3=iâ:iio,  x  H 

a4=i95:37i,  *  + ?t__ 

a3  =  ^  999  :  il  737,  x  "*"  x-+-.m 
,  lésa,  tous  positifs 


CORRESPONDANCE    DHKKMI  1  i:    ET    DE    STIELTJES. 

ei  celle  fraction  continue  remplace  avec  grand  avantage  la  série 
de  Stirling.  Pour  #       i,  J(i)  =  0,081061. 

La  série.  La  fraction  continue. 

Val.  app.  Corr.  Val.  app.  Corr. 

o,o83  333  —  o ,002  27 x  o,o83  3  33  —  0,002  272-, 

n.iiSoiil)  +  o,ooo   101  o,o8o645       0,000416, 

O,o8l      M'.t  0,000288  0,o8l    I71 O,O0O  II'».. 

0,080  754+0,000  307  0,o8lOl(i  0,000  045, 

0,081   o8l   —O,000O2O. 

Si  une  fraction  continue  telle  que  (2)  où  tous  les  a/,  bt  sont  po- 
sitifs est  convergente  pour  x  =  p  >■  o,  alors  elle  est  toujours  con- 
vergente tant  <|ue  ./'  •  o.  Mais  je  dois  réfléchir  encore  beaucoup 
sur  la  question  difficile  que  j'ai  indiquée  tout  à  l'heure. 

A  dire  tout  dévoué. 


173.  —  STIELTJES  A   H  ERMITE. 

Toulouse,  le  i3  mars  ii 
Cher  Mowsiei  n, 

En  développant  la  série  divergente 

B,  B2  B3 


J(x) 


1  .'i.x        3.4-«"3        5.G../'; 
en  fraction  continue  convergente 

J<>-)= 


at  =  1  :  1*2, 

a-2  —  1  '.  >o, 
az  =  53  :  210. 
<Z;  =  195  :  371 , 
ct5  =  22  999  :  2>.  737. 


a  3 


la  loi  des  coefficients  <■*,,  r/2,  . . .  semble  extrêmement  compliquée. 
Mais  j'ai  fait  la  remarque  que  la  théorie  de  la  fonction  T  fournit 
aussi  des  exemples  de  développements  en  fraction  continue  de  ce 
genre,  où  la  loi  des  coefficients  est  extrêmement  simple.  Soit 


<K«)  =  3s[iogr(a)], 


LETTRE    173. 

ci  considérons  les  expressions 

*=+(-rj-'KT)-'^ 

*-.-.[t(-±2)_t(--»)_to, 
Les  développements  divergents  sont 


35  î 


1Ï8"» 
i         i         il)       272        7936 


ju-1-.-L  +  i 


lll)  =  -  - 

((         a*        a"         a 


(  les  coefficients 

1,     1,     ">,    61,     1 835. 

dans  le  développement  de  X,  sont  ceux  que  l'on  rencontre  dans  I  1 


1  >  Oi     ,        108^ 

sec;r  =  1  H :  ,r-  -4-  — t  a?»  -+-  — ;  a?6  h 777- ar8      .... 

•2  !  |  !  (>  ! 


8! 


<i  les  coefficients 

sont  ceux  de  la  série 
tang^r  =  se  ^ 


1 ,     2,      ili,     272,     79'3(), 


l6  '>.72     .        ~q36 

/■•>    _1_       — 1 -TM     _(_      '    ' 

5  !  7  !  9  ! 


En  développant  en  fraction  continue,  on  obtient  les  expressions 
extrêmement  simples  (et  convergentes") 


tt.li) 


3* 


m,  = 


5.C» 


.;.',  CORRESPONDANCE    d'hERMITE    ET    DE    STIELTJES. 

Il  me  semble  forl  probable  que  dans  le  développement  en  frac- 
tion continue  de  J(x)  on  a  aussi,  comme  dans  les  fractions  con- 
tinues que  je  \  iens  de  décrire, 

,.  «71  ,      /  I      "M 

uni  —  =  consl.  !  .=  — —  -  1  i  a  =  -x.  . 

/i-  \       îb   / 

(  )ii  peut  directement  constater  la  convergence  <!<•-;  fractions 
continues  -V  et  ill>  à  l'aide  de  ce  théorème  (dû  à  Stern  et  à  Seidel). 
{_  ne  fraction  continue 

i 


•  ■ 

où  les  y.  sont  >-  o,  est  convergente  lorsque  la  série 

:*!  —  a2-4-  a3—  a;  — .  .  . , 

c>t  divergente.  Soit,  en  effet,  Prt  :  0«  la  niea,e  réduite,  on  a 

Qi  =  *i, 

Q2  =  a,22-i, 

Qb  =  ^«Qrt-i  -t-  Q«-i] 
donc 

Ql<Q3<Qô<Q7<.--- 

Qi<Q*<Qi<  <*•<•... 

Or.  on  voit  facilement  que 

Q2«-i>  ai-H  «3H-...-S-  «2»-i, 


(a) 

(   Qs*>  ai(a2— av-,   .  .  .  -  a,,,  I 

car  <)j«_i  se  compose   des  termes  oc,,   a3,    ...,   a2w_,   et  d'autres 
encore.   De  même,  pour  Q2«.  Or,  la  fraction  continue  est 


Q*      Q,      QtQî      QïQs     '"     Q«-iQ« 

mais  si  la  série 

*i  -+-  a2  -i-  a3  -T-  •  •  • 

est  divergente,  il  est  clair  d'après  (a)  que  l'une  au  moins  des  quan- 


LETTRE     173.  y>-> 

tités  <^2//_i   Qi/,,  ...   croit   indéfiniment  et   l'autre   croît  aussi. 
Donc  la  convergence  est  manifeste.    \u  contraire,  >i  la  série 

ai  H-  a24-  %i-h . . . 

éiiiiL  convergente,  le  produit  (i  -f-  at)(i  -f-  a2)(i  H-  a3). ..  le  sérail 
aussi  et,  à  cause  de 

Q«<  (i  -+-  a,  )(  i  -h  a2  !...(i  -i-  %a  ), 
on  aurait 

J  i  m  02,i — !  =  A,        IîmQg«=  B, 

A  et  B  étant  des  nombres  finis.  Il  est  clair  alors  <|iic  les  limites  <l<- 

*   2«  .      .  'Itl-l 

t? —  et  de  

Q2«  Q2«-i 

diffèrent  entre  elles  (eux),  la  différence  «si  — — . 
x  '  A  Ij 

A  l'aide  de  ee  théorème  on  reconnaît  sans  peine  la  convergence 

des  fractions  continues  (JU)  et  (i)!>). 

Veuillez  bien  agréer,  cher  Monsieur,  la  nouvelle  assurance  Ac 
mon  entier  dévouement. 

P.  S.  —  On  peut  écrire  aussi 

*-î       [♦(Sf5)-*(£T1)]' 
—  ,_ï[t(--i)_t(--)], 

a  =  i,         '}(i)=  —  G,         'M  -  j  =  —  G  —  2  log?., 

eAo  =    10g2, 

log?.  =  


iG 


la  nleme  réduite  de  la  fraction  continue  pour  log -2  est 


[ii  i     , 

1 r   -   —   7    -t-  .  .  .  ±   -   (  !  ) 

•2  3         4  II 


356  CORRESPONDANCE    d'hERMITE    ET    DE    STIELTJES. 

174.  —  HERMITE     1   STIELTJES. 

Paris,  i  '(  mars  i  ss.. 
Mon    CHER      \mi. 

J'avais  fait  grise  mine  au  développement  de 

Bi  B2     . 

•I  {X )  =  ! — -+-..., 

i.2.a?        > .  | .  a?» 

en  fraction  continue,  à  cause  des  nombres  énormes  qui  figurent 

dans  ai,  a2,  a3 mais  vos  nouveaux  résultats  m'enchantent.  11 

me  semble  que  1  on  a 

C*   .    •             ,                            i     / -x  tana  i '■'■ 
-„l,  =    /       =i'ci.r(^a-'>/r        et         iJÎ)  =  -    /       2 — e~ax  dx\ 

«■  o  o 

ne  doit-on  pas  supposer  a  __.  i  dans  les  fractions  continues,  pour 
qu'elles  convergent? 

<  )ù  et  quand  publierez-vous  [analyse  qui  nous  a  donné  ces  for- 
mules si  intéressantes  et  si  nouvelles? 

On  m'a  demandé  un  article  pour  les  Mémoires  de  Bologne  et 
j'ai  eu  l'idée  de  le  composer  avec  des  applications  de  la  méthode 

iii  i         e  •  ii  "  '  (  "  +  b  )" 

de    Laplace,    a     la    lonction    l\(.r)  = \- ■ z h.-.;    aux 

coefficients  du  développement  suivant  les  puissances  de  ./■.  de 
:-!)./•,  de  (-),  (.r)  et  Ht  (#),  en  dernier  lieu  à  l'expression  que 
Laplace  a  traitée  lui-même 


e'  T  •■   -,       '<  '  —  2  ''   '        '  '  ' 

— ■■ — ;     l'    -^ « 

.(  /  —  1)2'-'    [  l 


—  \)(i—  î  v'-' 


pour  avoir  l'occasion  d'abréger  et  de  simplifier  un  peu  sa   mer- 
veilleuse analyse.  A  l'égard  de  l\<./-\  je  donne  votre  formule 

/  in-        ■Kin-\ 

.  _,  cos  (  .rare  tari"- — -. . — 

b  R  (  r  —  i  )  x-«  b  b     ) 


,    ,v 


b 


comme  vérification,  en  disant  qu'elle  a  été  obtenue  sous  une  forme 
peu  différente  par  M.  Lipschitz  et  M.  Lerch;  mais  j'aimerais  bien 


LETTRE    17V.  35j 

que  \ous  ine  disiez  s'il  ne  serait  poinl   j u si <•  de  nous  citer,   <*t 
disant  (juc  vous  me  L'avez  communiquée. 
Je  vérifie  aussi  l'expression  asymptotique  du  coefficient  de  xza+i , 

dans  le  développemenl    de  su./-,  11m   esl  ,-',,.,...._, ,  >  par  celle  re- 
11  1  lxf  k 'yn+i     ' 

marque  bien  facile. 

Les  pôles  de  sn.r  étanl  p  =  2#K+  (26  -f-  i)/K/,  Le  théorème 

de  M.  Mittag-Leffler  donne 

K  su  ./•  =  G  (x)  -+-7  (  —  1  ia  ( 1 1 ■  )  =  A 

^j  \./— y>       p       p*J 

OÙ  il  est  aisé  de  voir  que  G"(jp)  =  o.  Effectivement  les  dérivées 
secondes  de  deux  membres  sont  des  fonctions  doublement  pério- 
diques, donc  G"(#)  est  une  constante,  et  cette  constante  esl  aéces- 
sairemeul  zéro,  ces  dérivées  étant  des  fonctions  impaires. 

Celte  relation  donne,  pour  le  coefficient  de  x-"+{ ,  l'expression 

'-  ,  la  somme  se  rapportant  à  tous  les  entiers  a  et  b.  Or,  il 

y  a  deux  pôles  p  =  iK!  et  p  =  —  i¥L'  dont  les  modules  sont  égaux 
et  moindres  que  ceux  des  autres  pôles,  de  sorte  que,  pour  n  très 

1  -Il  •  2(  — 1)«  -  ,  , 

grand,  on  a  sensiblement,  puisque  a  =1 ,    .,,2/t+1  ;  pour  la  valeur  de 

la  somme  A. 

Mais  tout  moyen  de  vérification  m'échappe  pour  H 1  (a:)  et0,(x); 
voici  le  calcul  pour  la  première  de  ces  fonctions. 

La  série 

Ili(.r)  =  >  9,  \J a11'  cos — —  (n  =  ï,  o,  3,  .  . .), 

^        *  ■>.  K 

donne  pour  le  coefficient  de — 1—  >  l  expression 

'  1 . 1 . . .  2  ni  l 


1 


(£)-;g-yp, 


où  les  termes  vont  en  croissant  jusqu'à  un  maximum,  pour  dé- 
croître ensuite  indéfiniment.  Je  pose 


f<n)=n*>»  v'v"\ 
log/(  n  )  =  2  /n  log  « -K     » 


CORRESPONDANCE    d'hERMITE   ET    DE    STIELTJES. 

puis 

-un  >  nr.\\  im         -.K 

D/llog/(n)=—  -      .-_         el  D*log/(n)=-  —  _  ^ 

l,i  valeur  de  n  qui  donne  le  maximum  •■>!  donc 

;  /»  k 

ci  |  eu  conclus 

(î  ///  k     "'                                                      —  K' 
-—ç^)    —"h        D*log/(/i)  = — . 

d'où 

.1  \  ,inl  ainsi 

/4/nKV"  -£t^! 

/(»  +  ')=  (ÎTk^j    e_'"c  ' 

l'expression  asymptotique  cherchée  esl 

a(—  i  i"1     /  i  m  k\  "'  .    /7W  i  t.   \  -'" 


puis,  plus  simplemen  I. 

i.i... rm  \wk')  e  '" y  "k7 ' 

remplaçant  1.2...2//2  par  sa  valeur,  je  trouve  enfin 

/      e  -     \  >»      /     k 

21  —  I  )"' -—  i  f    —  • 

\  /n  \\K  J      \      m  ~  K 

\  dus  voyez  que  c'est  assez  simple,  et  surtout  la  racine  m'  rae. 

11111  est,  à  fort  peu  près.  - — ^— 7  ;  il  me  reste  à  chercher  si  celte  loi 

1  l        x  1  /;/  KK 

de  décroissement  des  coefficients  s'accorde  avec  un  théorème  que 
Poincaré  a  donné  dans  le  Bulletin  de  la  Société philomathiq lie. 
Je  ne  puis  assez,  mon  cher  ami,  vous  remercier  pour  ce  que  vous 
ni  avez  appris  sur  la  convergence  des  fractions  continues;  j'ignorais 
entièrement  le  théorème  de  Slern  et  Seidel  qui  est  excellent  et 
m  a  fait  le  plus  grand  plaisir.  En  comptant  que  vous  continuerez 
de  me  faire  connaître  ce  que  vous  découvrez  chaque  jour,  je  vous 
renouvelle  l'assurance  de  mou  affection  bien  sincère  el  bien 
dévouée. 


LETTRE    175.  359 

175.   -  STIELTJES  A  11  ERMITE. 

Toulouse,  i5  mars  i88f). 
Cher  Monsieur, 

Après  réflexion,  je  crois  qu'il  vaul  mieux  que  mon  nom  ne  smi 
pas  nommé  à  l'égard  de  cette  formule 

h  lU.r  — i) 

-F(ïj-=I  +  "" 

qui  «si  due,  en  vérité,  à  M.  Lipscliitz.  Celte  formule  montre  de 
la  manière  la  plus  simple  que 

..     ftR(j-i) 

lim — -  =  1         pour         .r  =  x. 

Mais  voici  une  aulre  formule  qui  met  en  évidence  plutôt  la. 
différence  K(x)  —  >  T(-r  +  ')  ou  R(r)  —  jQ(x  +  0 

>- r^-  =       t-    /      11* e-"  du -+-  -  ar e~a 

smd      ea+llb  bj  1 

0 

—  i.    I e~a(\/a*~+-  b~*v?)X  sin  (  x  arc  tari£ 6») 

(a>o,  6  >  o,  ;r>o). 
Elle  se  simplifie  notablement  dans  le  cas  a  =  o, 

(")       7' r~  =  tTOt  +  i    —  2   /      -= (6M>rsin(  -a-  — 6«    • 

.—     e"6  b  /       ^2""  —  1  V  '>■  ! 

0  ° 

Il  faut  ici  supposer  toujours  zr  >>  o  ;  pour  x  =  o,  il  faut  ajouter 
au  second  membre  -  •  La  formule  (I)  est  encore  exacte  pour  x  =  o, 
et  cela  explique,  jusqu'à  un  certain  point,  pourquoi,  dans  (II),  il 
faut  ajouter  -  lorsque  x  =  o.  En  effet,  en  posant  dans  (I)  x  =  or 
le  terme 

-axe~a, 
2 

donne  -  e~a,  ce  qui  devient  -  pour  a  =  o.  Mais  si  l'on  pose  d'abord 


60  CORRESPONDANCE    D'HERMITE   ET    DE    STIELTJF.S. 

<■/  =  »).   comme  on   l'a  fait    pour   obtenir  (II),    ce  terme  -axe~" 

disparaît  complètement. 

Ne  comptez-vous  pas  traiter  aussi  dans  votre  Mémoire  le  cas  des 
développements  de 

1  1  '  o 


(  les  cas  semblent  intéressants  parce  qu'on  sait,  a  priori,  que  la 
convergence  a  lieu  tant  que  x  rote  inférieur  à  la  plus  petite  des 
deux  quantités  2  k  et  i  k  et  il  e>t  curieux  de  voir  comment  l'ana- 
lyse opère  ce  choix  entre  k  et  k'.  \  ous  avez  indiqué  la  solution 
.le  cette  circonstance,  qui  peut  paraître  d'abord  un  peu  singulière, 
dans  votre  lettre  à  M.  Konigsberger  (C/el/e,  t.  81,  p.  222),  mais 
m'  songez-vous  point  à  établir  les  résultats  que  \011s  y  avez  donnés? 
Le-  fractions  continues  que  je  vous  ai  communiquées  pour  les 
fonctions 


ç  *      e-„x  r*    a  ,/u  .,  \   _ 

\e  s  _  e     1    /        a 


/'     ex —  e~x             ,           /'      au  du                 0.  \ 
e~ax  dx  —   /      /  \  =  — 

°  V  g  s  _  e     i    I        a 


2.3 


je  les  donnerai  dans  le  Mémoire  cpie  je  prépare  pour  M.  Jordan. 
I  \  considère,  en  général,  la  réduction  en  fraction  continue  de 

)     rii^idu= — £? —  [Au)>o], 


I  a 


<7i 


/>S 


i  +  -2i 


et  vous  voyez  bien  qu'elles  se  rattachent  à  cette  étude,  f(u)  étant 
dans  les  deux  cas 


LETTRE    175.  36 I 

(il  y  a  encore  à  changer  a  en  a2  et  ;'<  multiplier  par  a).  C'esl  aussi 
on  vertu  d'un  théorème  général  que  je  peux  affirmer  la  conver- 
gence de  la  fraction  continue  obtenue  pour 

C'est  un  exemple  qui  appartient  au  choix 

/(in  =  u    -  log  ' 


i  —  e-*nv" 


mais,  naturellement,  on  ne  peut  pas  attendre  que  la  loi  des  coei- 
ficients  de  la  fonction  continue  soit  toujours  simple.  C'est  précisé 
ment  en  cherchant  de  tels  exemples  que  j'ai  trouvé  ces  résultats. 
.!»■  remarque  que  la  seconde  fraction  continue  peut  s'écrire 


1 

i 

I 

a  -+- 

i 

2 

i 
> 

i 

i 

-  a  -i- . 
i 

cl  comme  la  série 


a-\ —  a  -i-  -  a  -\-  -  a  -\- 
1  i  4 


est  divergente,  elle  est  convergente  tant  que  a  >■  o,  la  restric- 
tion «^i  serait  inutile,  il  en  est  de  même  pour  la  première  fraction 
continue. 

Mais  vous  voyez  bien  aussi  que  cette  transformation 


et 


6i        i385 


16        9.7a        7936        35379* 
a6         a~  «9  a11 


donne  implicitement  une  nouvelle  manière  de  définir  ces  nombres 
1 ,  1 ,  5,  61,  ...  et  1 ,  2,  16,  272,  . .  .  (nombres  de  Bernoulli). 


MÔ2  CORRESPONDANCE    d'hERMITE    ET    DE   STIELTJES. 

\u>-<i.  l'établissement  de  ces  formules  exige  de  nouvelles 
recherches  sur  les  nombres  de  Bernoulli  qui  me  paraissent  essen- 
tiellement  distinctes  de  tout  ce  qu'on  a  fait  jusqu'à  présent  là- 
dessus.  Mais  je  suis  occupé  à  simplifier  mon  analyse  qui  est  encore 
quelque  peu  informe,  el  je  chercherai  aussi  s'il  n'j  a  pas  de 
rapport  avec  les  recherches  antérieures  sur  ce  sujet.  La  relation 
découverte  par  Seidel  il  y  a  quelques  années  ne  paraît  pas  être 
liée  à  la  réduction  en  fraction  continue,  mais  j'ai  lu  que  M.  Stern 
a  généralisé  les  relations  de  Seidel,  et  il  y  a  encore  d'autres  tra- 
vaux là-dessus  dont  je  dois  prendre  connaissance. 

D'après  les  valeurs  des  fractions  continues,  on  doit  avoir 


i  5  61 


(  a  -r-  i  )3        (  a  -+-  i  »5        (  a  -t-  i  )7         ( 
16       -i-i       7936 
a*        <t~  a9 


i38'> 


ce  <pii  fournil  le  moyen  d'exprimer  les  nombres  eulériens  i,  i,  5, 
6i,  1 385,  ...  par  les  nombres  i,  2,  16,  2-2,  ...  (nombres  de 
Bernoulli,  coefficients  de  la  tangente)  ou  réciproquement.  J'em- 
ploie tous  mes  loisirs  à  travailler  à  mon  Mémoire  pour  M.  Jordan 
et  j'espère  que  dans  quelques  semaines  je  pourrai  le  lui  remettre. 
Veuillez  bien  agréer,  cher  monsieur,  la  nouvelle  assurance  de 
mon  entier  dévouement. 


176.   —  IIEIiUITE  A   STIELTJES. 

Paris,  18  mars  1889. 
Mon    cher   Ami. 

Permettez-moi  de  recourir  à  votre  bonne  obligeance  et  vous 
prier  de  m'indiquer  quelle  est,  dans  le  Mémoire  de  M.  Lipschitz, 
la  relation  qui  revient  à  celle  que  vous  avez  vous-même  trouvée  : 

b  R(t  —  1)  „  c  .  .      .        ,  • 

— +-. =  i-|-.,..   afin   (iue   ie   puisse    laire    une   citation  bien 

précise.  Et  puis,  pour  M.  Lerch,  dont  le  Mémoire  traite  le  même 
sujet,  a-t-il  obtenu  également  le  même  résultat?  M.  Lipschitz 
doit  faire  une  revendication  de  priorité,  toute  bienveillante, 
M.  Lerch  n'a  pas  eu  connaissance  de  son  travail,  s'étant  confié  à 


LETTRE    17G.  363 

un    Mémoire  de  M.    Hurlwilz   sur  une  «| ucsl ion  analogue    cl   dans 
lequel  les  recherches  de  M.  Lipschitz  ne  m1  trouvenl  poinl  men 
tîonnées. 

J'ai  besoin  de  réfléchir  sur  vos  équations  (I)  et  (II)  pour  en 
bien  comprendre  la  signification;  comme  nous  avez  dû  battre 
l'estrade  de  tons  côtés  pour  rencontrer  cette  formule! 

J'avais  songé  de  moi-même  à  ces  nouveaux  points  de  vue  pour 
l'élude  des  nombres  de  Bernoulli  et  d'Euler,  auquel  vous  vous 
trouvez  amené;  tout  cela  rendra  extrêmement  intéressant  votre 
prochain  Mémoire  sur  les  fractions  continues,  que  j'étudierai  avec 
soin,  vous  pouvez  y  compter.  Mais,  en  ce  moment,  je  suis  dans 
le  chagrin  dune  grande  déception  au  sujet  de  la  méthode  <\r 
Laplace.  En  posant 

e,('.r)   =  X(-i)'»A,„.r2"'. 
II,  Cr  )  =  £(—  i)"!By/,.r2'". 

elle   donne,   de  la  manière  la   plus   facile  et  la   plus    simple,    les 
valeurs  asymptotiques 


B„,  = 


ejK     V"    /     K 
jmKK'/     y     unirR' 

nKK'J     y    nnzK' 


.4 ,n 
d'où  l'on  lire,  en  supposant  m  très  grand, 

'"/t> —      mn — 

Viim=    VA.,„. 

Ces  deux  fonctions  conduisent  donc  au  même  résultai  pour  la 
loi  de  décroissemenl  des  coefficients  que  l'exponentielle 

puisque 

n                   '                         e'"  j'    -  w/n~~        e 

C,„  = =  : >  doit  )/l,m=—  • 

1.2... m  ,„  +  i  m 

Mais,  à  l'égard  des  fonctions  semblables, 

0(.ri  =  S(—  i)'*A>mafl'*, 

H(.r)  =  S(—  l)"M!!v,t^2'"+I, 


364  CORRESPONDANCE    d'hERMITE    ET    DE    STIELTJES. 

les  nouveaux  coefficients  -l,„  ii  ifi>m  sonl  représentés  par  des  séries 
.1  termes  de  signes  alternatifs;  ;i i n si  on  a,  en  désignant  par  a  les 
nombres  impairs  et  par  h  les  nombres  pairs, 

-    m 

(i) 

1.2... 2'"  '  ' 

(  )r.  la  similitude  d'expression  des  deux  termes  généraux  b2mg 
el  <t-'"<i'l'~  a  pour  effet  qu'on  obtient  la  même  valeur  asymptotique 
|)0ur  La  première  série  et  pour  la  seconde.  Par  conséquent,  -1„,  a 
une  loi  de  décroissement  plus  rapide  que  Am  et  qu'on  ne  peut 
obtenir  par  la  méthode  de  Laplace  qui  ne  donne  qu'une  première 
approximation.  Cette  imperfection  a  bien  été  reconnue  par  Laplace 
lui-même,  dans  La  Mécanique  céleste;  il  se  tire  d'affaire  avec  une 
audace  dangereuse  dans  Le  cas  qu'il  traite,  niais,  pour  le  mien. 
tout  m'échappe  et  me  manque,  même  l'audace,  Quel  dommage!  La 
relation 


montre,  comme  vous  voyez,  <pie  la  loi  de  décroissement.  pour  le 
carré  (-)-(./•),  peut  se  conclure  de  ce  qui  concerne  St(x).  mais  je 
dois  renoncer  faute  de  moyens,  faute  de  ressources,  à  toute  tenta- 
tive pour  parvenir  à  0(.r)  lui-même. 

Je  vous  renouvelle  l'assurance  de  mon  affection  bien  dévouée. 


177.  —  STIELTJES  A  H  ERMITE. 

Toulouse,  19  mars  1889. 
Cher  Monsieur, 

\  (»us  avez  eu  la  grande  bonté  de  me  demander  dernièrement 
de  détacher,  du  travail  dont  je  m'occupe  actuellement,  une  Note 
pour  les  Comptes  rendus. 

J'espère  que  vous  ne  désapprouverez  pas  si.  au  lieu  de  cette 
question  du  terme  complémentaire  d'un  certain  développement 
en  fraction  continue,  j'ai  choisi  un  autre  morceau  traitant  des 
dérivées  de  sécz  ci  de  tang.r. 


LETTRE    177, 


365 


C'est  parce  que  peut-être  quelques  géomètres,  en  lisant  ma  Note, 
trouveront  plus  de  plaisir  à  chercher  une  démonstration  des  rela- 
tions que  j'ai  trouvées,  qu'à  lire  plus  lard  cette  démonstration  dans 
le  Journal  de  M.  Jordan.  Suivant  moi,  celle  démonstration  esl 
assez  difficile  à  trouver. 

Je  vais  indiquer  comment  les  théorèmes  sur  les  dérivées  de  sécz 
et  de  langue  permettent  d'établir  mes  fractions  continues. 
En  général,  lorsqu'on  pose 


Oç nj        «2 

.r         ./•■'         ./■'■> 


P\ 


7i 


/':< 


1  * 


les  p.  <f  s  expriment  ainsi 

A„-,B„ 


Pn 


V„H, 


A0=B„  =  i, 


An  = 


a0        a  y 

«l  «2 


«n-l        «il 


'/,, 


A  7+1  Ba. 

A„  B„ 


B„  = 


"  i       «  î 
K  .>        a  -, 


En  supposant  donc  que  les  a/  soient  les  coefficients  (\u  déve- 
loppement 

v  "»-T-" 

^=«i  \.  > .  .  . ■>. n 
o 

ou  du  développement 

V         «„-r*-"+l 
o 

la  difficulté  se  réduit  à  calculer  les  déterminants  \„.  B„.  Mais  ce 
sont  les  déterminants  des  formes  quadratiques 

n  —  1  n  —  I  ii  —  ln  —  l 


366  CORRESPONDANCE    d'HERMITE    ET    DK    ST1ELTJES. 

et   les   valeurs   des   déterminants   découlent    immédiatement  des 

décompositions  en  carrés. 
\in>i.  dans  le  premier  cas, 

\„  —  {a^bid.    .)*=  [o!  2!  j  !...(»«  — a)!]*, 
B„  =  (rt,ô2c3...)2=  [iï3!  5!...(a«  -  1)!]*, 


=  [(an  -  «)!!«,         ^  =  [(2,1  -  i)!]«,         ^  =  [<*»)!]», 


A/t_i  B„_i  \,j 

/>„  =  1  in  —  1  1-,         y„  =  1  >  11  >2, 

1  1  ')        61  1 

./■       ,/-3       ./'5       ar1  1 : 


Dans  le  second  cas,  on  obtient  de  la  même  façon 

\n  =  i!a!3!...(an  — 1)! 

|>„  =  1  !  1  !  3  !..  .1  ■>  n)  ! 

\ 

—-2-  =  1  2  /i  —  2  1  !  (  a  «  —  1 1  ! 

B„ 

(2/1  —  1):  (an)! 


B„-, 


-^  =(an)!(art  4-i  1! 

pn  —  (  2/1  —  1)2/1,  7«  =  2  «(  2  «  -+-  l), 

I  2  16  272  _  1 

X  X3  X5  X~  I  .  2 


2.3 


Je  crois  que  l'étude  des  dénominateurs  des  réduites  de  ces  frac- 
tions continues  ne  doit  pas  être  négligée,  niais,  dans  mon  Mémoire, 
ces  fractions  continues  ne  figurent  qu'à  titre  d'exemples  de  la 
théorie  générale,  et  cette  étude  particulière  m'entraînerait  trop 
loin  et  y  serait  peu  à  sa  place. 

Je    ne    sais,    monsieur,    comment   je    dois   vous    remercier    el 


LETTRE    177.  1<>7 

m'excuser   de  la  peine  que  je  \ous   cause;    croyez  bien   à   mon 
dévoûment  sincère  ('). 

«0=1,  /     =  sccj-[i  |, 

«1=1,  /"    =  séca?[i  -+-  2-z], 

a2  =  5,  fM  =  sécr  [  5  -+-  283  -4-  >.  j  s!  |, 

«3=  6i,  /t6)  =  sécr[6i  -h  6623  +  1  3-20G-  -4-  720 .z3 1, 

<i4=  1  385,  /<8)=séc.r[  [385  +  24  568.3-4-83  664«!+  100800  3s-f-  (o  '<><>. 

a^  =  5o  52 1 , 

^6=27702765,  /'    =  séca?  tanga?[i], 

«7  =  1(J9  36o  98',  /(3)  =  séca?  tang./[5  -4-63], 

«8=  '9  5«)i  5i2  14 5,  /'s)  —  séca:  tang#[6i  -4-  180 -3  -t-  120s2], 

,  /*l7)  =  séca?  tan  g. r[  1  38  5  -4-  7  2663  -4-  10  920  32 -4-  5  o  jo  g1  J, 


a6  —  Gi2-4-  6622  +  1  32o2-h  7202,  coef.  de  fr>, 

a6=  5.1385  -t- 28.24  568 -+•  24.83  664,  coef.  de  /<*>  et  de  /«•>, 

<z6  =  61 . 1  385  -4-  180.7  266  -1-  120. 10  920,  coef.  de  /';,)  et  de  f  ■'■  , 

a-t=  i3852-4- 7  2662+io9,to2-4-5oio2,  coef.  de/'7). 

rt0=i,  'f     =  tanga-[i  |, 

«1  =  2,  tp*   =  tanga-[2  -4-  2-  |, 

«2=  1  *3,  cp'-*>=  tanga-[  [6  +  40;  -t-  24  -s2  J, 

"3=  272,  <p(6)=  tang^-[272  -4-  1  232-  -4-  1  680 32  -4-  720  33J, 

«4=  7  986,  'iW=  tanga-[7  936+  56  3203+129  024-3s-4-i20  96033  —  jo  $203'' 1. 

«5  =  353  792,  

«6=  22  368  2JI),  ©'     =I-r-  3, 

«-=  1  903  757  3 12,  cp'"  =  2  -4-  8  s  -t-  6c2, 

<f8  =  209  865  3/|2  976,        Cû(5,=    |6  -4-  l365  -4-  24032+  I2023, 

,      c5<7)=  272  -t-  3  968  «  -4-  12  0963* -t-  i3  4  |0  33-t-  5  040 3*. 


(,' )  Note  des  éditeurs.  —  La  Note  jointe  à  cette  lettre  a  été  communiquée 
à  l'Académie  dans  la  séance  du  25  mars  1889  (Comptes  rendus,  t.  CVIII, 
p.  60J-607  ). 

Les  valeurs  numériques  des  coefficients  des  fW  et  tpW  de  cette  Note  n'ont  pu 
trouver  place  dans  les  Comptes  rendus.  Nous  pensons  utile  de  les  reproduire  à 
la  suite  de  celte  lettre.  Elles  faisaient  partie  de  la  première  rédaction  de  la  Note 
en  question  (voir  lettre  179). 


CORRESPONDANCE    D'HRRMITE    ET    DE    STIELTJES  . 

,,,  ,  .  i62       i.  i-       ï.a42,  coef.deif  •  . 

,,_  1  .  ,.  ,-  ,       3.2.  1  2  ;  2,  coef.de  9  -Ci  de<f 

ak  s.8.  i36 -      j.6.a4o,  coef.  decp^et  de-;  •■ 

a.  ..1  ;r>-       , .  -  ',<>-  -  (i.  r<<>-\  coef.  de©'5', 

,/8  =  1  .-  1,  iii-       ;."><"»  ;  > . . ;      >.  129  0-24*  h  7. 110960* -4-  9.40320-,  coef.  de  e^8', 

,/  ». .  3  968*  -i-  4.120962      6- 13  44o2-4-  8.5oio2,  coef.decpw, 

a-  [.272.7936   -3.1  23-2.56  3-20      5.i  680.  i-ag  0-24-t-7.7-20.ru)  960,  coef.  deç>(6)eldes18 


178.    -  STIELTJES  A   I1ERMITE. 

Toulouse,  if)  niais  i88<). 


Cher  Monsieur. 


.a   lormiiir 


I  y.  1 > 1 

1  (t)  j£d       <■"   "" 


:>.n  -         ■>  11  -11  \ 
co?  (  ./■  arc  lang  — -. — . —  I 


I, 


6« 
1  m  - 1 1 1  >  écrire 

00  1-  "  ■:  'i  r.  1 - 

b      *fr\  (a  -+-  nb)*-1  _  ^çi         e 

Y {x)  Zà         e"+"h           ~  Zd  /         in~i'    •' 
d  -  *       I ; 


(b  —  m-  i  \J 

0  —  oc 

M.  Lipschitz  pari  de  cette  définition 

Ve1ilTdv 

_  [  A"  -+■  (n    -  .r  a  \' 

cl  remplaçant  i<-i 

./•  par  o. 

*      •      h> 

a 
par  h- 

7  par  ./•. 


LETTRE   178.  36g 

vous  voyez  que  le  second  membre  de  (  [3)  esl 

Or,  L'équation  (io)  tic  M.  Lipschitz  donne  celte  transformation 
de  la  définition  originelle  de  F 

F(V,  X,  k,a)=  =^r  V  c-»itl/w-cKA-Kr«(a7C)<T-l(n  _(_  p  )<*-!, 
o 

et  en  appliquant  cette  transformation  à  L'expression  (y),  on  obtient 

— -^— -  "V  e-(«+»«  (  ,/  -h  «6  )*-  ' , 
r(a?)  — ^ 
o 

c'est-à-dire  le  premier  membre  de  (jâ).  Vous  voyez  que  M.   Lip- 
schitz part  t\u  second  membre  de  (a)  ou  (jii)  cl  retrouve  le  premier 
membre.  Nous  avons  parcouru  le  chemin  en  sens  inverse. 
M.  Lerch  pose  d'abord  (p.  ip) 

ne 

diiw,  X,  s)  =    >    ■ 

o 

(je  remplace  sa  lettre  k  par  /?)  et  \\  suppose 

o<(c<i,  pailie  imaginaire  x  >  o, 

ei 

partie  réelle  .s-  >  i 

(si   mes  notes  sont  exactes).  J'avoue  que  cette  condition  relative 
à  s  m'embarrasse  cl  me  semble  superflue,  la  supposition 

x=p-hgi        (q>0) 

assurant  déjà  la  convergence,  quel  que  soil  s.  Aussi,  pour  retrouver 
voire  Ll(.z),  je  prendrai  s  négatif 

ib  \  ea    v  i  a  -+-  nl>  \r   ' 


ex..   I  a         W  \  e  V 

(  o  )  9t  (  T ,  ■ — ,  i  —  x  \  —  -, > 


3jO  CORRESPONDANCE    D'HERJHITE    ET    DE    STIELTJES. 

Or,  les  équations  (4)  et  (5)  de  M.  Lerch  sont 

(ji  9C(w,  x,  s)  =  e-«tfr(i  —  s) .  K(w,  x,  s)  (p.  21), 

-+■  « 

■^^  g— inniiv 

30 

Donc,  substituant 


Dt'  (  ir.  .r.  .v  )  =  —  F  (  I  —  5  )  e-i"'U+2»vx)  "V 


g  —  ifïlUW 


[2~/(  .r  -r-  //   ij'-s 
—  » 

Appliquant  ceci  au  premier  membre  de  (o),  on  obtient 


—  ïnTli- 
-Til  I —  »  -i-l—l    I    ^—*  / 

—  r(x)e 


"  1  \ 


—  ("i/iT.i  —  6  )J 

—  » 

ou  bien,  à  cause  de 

1 


1  >        £ 


"/.»■ 


(-1)* 

"+*  *  —  2  /;  t:  /  T 

-^(  b  —  \>.n-i  y 
en  égalant  ceci  au  second  membre  de  (S  ) 

,      i : =    I   !  ./•  I />l-I     > 


^J         ea+nb  ^(b  —  imzi  >•' 

0  —  "0 

(<■  (|ui  est  la  formule  (,3). 

Je  partage  votre  chagrin  de  ce  que  la  valeur  asjmptotique  de  -l,„ 

dans 

Q(x)  =  Z{ —  i  )'"  -X/n.T-'" 

se  dérobe,  tandis  que  celle  de  \w  dans 

ei(.r)=  S(—  l)»'AmX*'» 

s'obtient  sans  difficulté.  -Xm  étant  la  différence  de  deux  quantités 
dont  \m  est  la  somme,  et  vu  le  degré  d'approximation  que  donne 

ordinairement  la  méthode  de  Laplace,  je  crois  qu'il  est  probable 

que  le  rapport  -1>W  :  A,„  sera  de  l'ordre  —  ou,  enfin,  d'une  puissance 


LETTRE    178.  371 

négative  de  m  à  exposant  fini,  en  sorte  que  le  rapport  y/<Jl>OT 
à  y/A,«  est  sensiblement  =  1 . 

lime  semble  peu  probable,  en  effet,  qu'il  y  ait  une  compensa- 
lion  plus  complète  dans  les  deux  parties  de  A>,n.  Cependant,  il  faut 
avouer  que  cela  n'est  qu'une  conjecture  toujours  incertaine,  et  si 
j'avais  un  peu  plus  de  loisir,  je  serais  beaucoup  tenté  de  consacrer 
quelques  efforts  pour  trouver  la  vraie  valeur  asjmptotique  de  ^m. 
Mais  ce  sera  difficile,  je  crois,  et,  pour  moi,  il  est  absolument 
inutile  de  m'occuper  d'une  question  de  ce  genre  si  je  n'ai  pas  le 
temps  nécessaire.  Je  ne  réussis  qu'en  revenant  toujours  à  la  charge 
et  avec  la  volonté  ferme  de  parvenir  au  but. 

Je  me  suis  aperçu  que   mes  résultats  relatifs  aux  dérivées  de 

sécr    et   de    tang.r    s'appliquent    presque    sans   changement   aux 

dérivées  de 

sinain.r,     cosama?,     Aam.r 

Je  considérerai  seulement 

f  —  cosama? 


et  je  pose 
On  trouve 


z  =  k  sin  ani2.r . 


/     =cnx[i], 

f    =  sur  dur  [ —  1 J. 

f"   =cnx[—i-+-2/cz], 

f"  =  sna?  dn.r  [  i  -4-  4  k ■'-  —  6/c  ;  ]. 

/( ••  )  =  c n x |H-  4  k 2  —  (  20 k  -+-  8  k3  )  z  -\-  ■>.  \  k  '-  z*], 

fW  =  sn  x  ànx [—  1  —  44  k1  —  1 G  k ■'*  -+-  (  Go  k  -+- 1  20  k3  )z  —  1 20  k*~z- ], 

fW  =  en  x  [—  1  —  44  k2  -f- 1 G  k> 

-4-(i82./c-f-  i48/c3-H  3>.k>  )z  —  (8io/l2+48oA-l)-:i-+-  7>.oA3^3J, 

si  je  considère  d'abord  les  dérivées  d'ordre  pair 

/     =  cn.#[i]  =cn./[auJ, 

/"    =  cna?[ — i-\-2.kz],  —  cn.r[ — al-\-blz'\l 

fW  —  en,  =  ciij-[+  (t., —  bi  z  -+■  c>  z"-  |. 

/i6)  =  en  x |  —  a3  +  b3z  +■  c3  z*  —  cl.,  z:i  \, 


37'2  CORRESPONDANCE    d'hERMITE    ET    DE    ST1ELTJES. 

i'ai 


"1 
cna:  =  «o—  —  x- 


<•! 


1 .  <  I.2.3./J 

V  >  ",    /.X;X/,  —-  t<>„\„        atX,  -     œ2X2      .  . .  i* 

-+-(c2Xî-i-...)2 


absolumenl  comme  dans  le  cas  <l<'  sécr.  I  )<■  même  pour  les  dérivées 
<l  ordre  impair.  Ainsi,  par  exemple, 

aB=  (1+  (4  /«'-  -1-  1  (>/■'•  >  -  — *—  t  Go/.  --  l'o/, :i  1-  -î-  1  110  k2  f2, 

ou  si   je  pose,  pour  simplifier,  2À*=/, 

as  =  1  1  -4-  1  1  /-  +  /'♦  12  -+-  (3o£  -+-  I  ")  /:;  '"    -    I   io  /-  )-. 

a6=  (i-t-n  J2-t-  /*)*-+-  (91  l -4-  "><i/3  —  /■'  )-—  1  710/-  —  ](>/♦  r2~  (  90 13  12, 

as  —  1     -  ()•>■<  l*  -f-  1  g23  /v  -f-  '47  /6  ■+-  ^8, 

a6  =  i4-8  3<>3  /2—  5  i  Ji")  /''  —  1  j  <>i<)  /"  +  1  oi3  /x  -+-  /10. 

Ce  sonl  exactement  les  valeurs  données  par  Briot  et  Bouquel 
(p.  \('>i)  et  qu'ils  ont  obtenues  à  l'aide  de  votre  belle  méthode. 
Pour  /.  =  1 .  on  retombe  sur  mes  premières  formules  qu'il  étail 
bien  nécessaire  de  découvrir  d'abord.  Et  voici  maintenant  comment 
ma  première  fraction  continue  se  dédouble 

/       cos  a  m  •;  e~x"  dz  —  — 

•  '.  ,      ! 

9 

1 6  X 2 


j      Aam-se-*-  dz     - 


k* 

4 


16 

36 


LETTRE    178.  3".î 


c'est-à-dire 


cosam;  =  «„ —  z1 


1  .  '  I  .  ■> :.  3  .  t\ 

A  a  ni  z      =  f/0  —  z--{- 


i .  ».  1.2.3.4 


«0 

«!        a2 

i 

a- 

^3            ./.:, 

X  -j- 

i 

./• 

4/c* 

9 

X 

-+-. . 

K 

6,        h. 

i 

X 

/,- 

a"  -f- 

^ 

./•  + 

9*1 

Je  n'ai  pas  encore  considéré  sinam.r,  mais  je  vois  bien  (jue  ce 
cas  exige  une  légère  modification.  Aussi,  je  n'ai  pas  encore  réduit 
les  intégrales 

/      cosam  zc  ■'-"  dz.        j      iam^e- xz  dz 
à  la  forme 


V: 


ce  qui  est  très  essentiel  pour  moi.  Mais  tout  cela  va  me  donner 
encore  beaucoup  de  travail.  En  effet,  j'étais  assez  satisfait  de  la 
démonstration  de  mes  théorèmes  sur  les  dérivées  de  séc.r  et  <lc 
tang#.  Mais,  si  je  voulais  tenter  une  pareille  démonstration  pour 
cn.r,  dn.r,  la  chose  serait  bien  possible,  mais  cependant  très 
pénible.  Or,  ces  relations  me  semblent  si  simples  que  je  ne  peux 
douter  qu'elles  ne  soient  L'expression  de  quelque  fait  analytique 
également  simple.  Il  faudra  trouver  cela. 

Sachant  que  vous  prenez  intérêt  à  la  loi  des  coefficients  ai,  hc 
dans  les  développements  des  fonctions  elliptiques,  j'ai  cru  pou- 
voir vous  communiquer  ces  résultats.  Vous  voyez  que,  dans  mes 
recherches,  je  me  suis  rapproché  maintenant  du  sujet  qui  vous 
occupe  actuellement,  les  valeurs  asymptotiques  des  coefficients. 

En  vous  remerciant,  cher  Monsieur,  des  bonnes  paroles  de  la  fin 


\-\  CORRESPOMUNCK    d'bBRMITE    ET    DE    STIELTJES. 

de  votre  leltre,  je  peux  vous  assurer  que  je  tâcherai  d'être  toujours 
digne  de  l'intérêl  que  vous  voulez  bien  montrer  pour  votre  dévoué. 


179.  —  HERMITE    I    STIELTJES. 

Mon     CHER      \mi, 

Combien  vous  êtes  i >< mi  et  complaisant  de  m'avoir  fait  profiler  si 
complètement  de  l'étude  attentive  que  vous  avez  faite  des  Mémoires 
de  M .  Lipschitz  et  de  M.  Lerch  :  le  premier  étant  éeril  en  allemand, 
je  n'aurais  pu  parvenir  à  y  voir  ee  que  vous  avez  bien  voulu 
m'expliquer  avec  la  plus  entière  et  la  plus  complète  clarté. 

J'ai  été  enchanté  des  belles  formules  que  vous  m'avez  envoyées 
pour  les  Comptes  rendus;  votre  article  sera  présenté  à  la  pro- 
chaine séance  de  l'Académie  et  j'espère  bien  que  M.  Bertrand  ne 
fera  point  difficulté  pour  son  insertion.  La  commission  du  budget 
a  rogné  de  ioooofl',  je  crois,  l'allocation  accordée  à  l'impression 
des  Comptes  rendus,  qui  s'élevait  à  la  somme  importante 
de  80  ooo'r. 

Vos  expressions  des  dérivées  successives  de  en x  et  les  fractions 
continues  que  vous  avez  découvertes  pour  les  intégrales 

/      cnze~xzdz,       j      ànze~x3d3 

me  ravissent;  à  coup  sûr,  personne  au  monde  analytique  n'a  jamais 
eu  votre  idée  si  heureuse,  si  ingénieuse  de  la  décomposition  en 
carrés  de  vos  formes  quadratiques  à  un  nombre  infini  de  variables. 
\  erriez-vo us  inconvénient  à  ce  que  je  mette  ces  résultats,  vraiment 
surprenants,  sous  les  yeux  de  M.  Darboux  avec  qui  je  m'entretiens 
de  vos  intérêts?  G'esl  ordinairement  le  lundi  que  j'ai  occasion  de  le 
voir  et  de  causer  amicalement  avec  lui  dans  le  cabinet  de  M.  Ecr- 
ira nd.  qui,  je  saisis  l'occasion  de  vous  le  dire,  partage  entièrement 
nos  sentiments  à  votre  égard. 

Soient  F(j?)  un  polynôme  de  degré  n  qui  n'a  point  de  racines 
réelles,  et  G(x)  un  polynôme  arbitraire  de  degré  n  —  2;  je  nous 
propose  comme  exercice  pour  \os  élèves  à  la  Faculté  de  démontrer 


LETTRE    180.  375 

que  L'intégrale 

j- /•"§&*» 

esl  mi  invariant  simultané  des  formes 

r"(j)    «    r-^.(;;)- 

Celte  minime  question  vous  montre  que  j'ai  repris  mes  leçons  à 
la  Sorbonne;  je  me  propose  cette  année  de  donner  la  méthode  de 
Laplace  pour  la  convergence  des  séries  qui  représentent  les  coor- 
données elliptiques,  avec  quelques  petites  simplifications  dont 
vous  m'avez  suggéré  la  principale.  Vous  m'avez  fait  remarquer 
que  la  série  proposée  étant  Hun,  si  Laplace  pose  la  condition 
un  —  u,i-\->  c'est  uniquement  parce  que,  dans  son  cas,  l'équation 
est  plus  simple  que  Dnun=  o  qui  est  la  vraie  au  fond. 

Etant  ainsi  fixé  par  vous,  je  raisonne  en  employant  la  dérivée, 
après  avoir  préalablement  formé  l'expression  asymplotique  de  un\ 
on  abrège  de  cette  manière  les  calculs,  et  la  méthode  prend  une 
apparence  plus  régulière. 

Quelle  désolation,  quelle  humiliation  lamentable  de  ne  pouvoir 
mordre  sur  0(j?)  et  H  (a?)  qui  sont  si  voisins  de  ©i(.r)  et  H,(jc)! 

Vvec  mes  plus  vives  félicitations,  mon  cher  ami,  pour  vos  nou- 
velles découvertes  et  l'assurance  de  mon  affection  dévouée  ('). 

180.  —  STIELTJES  A  H  ERMITE. 

Toulouse,  22  mars  1889. 
Gheli  Monsieur, 

Votre  lettre  m'a  engagé  à  faire  la  Note  ci-jointe  que  je  vous 
prie  de  substituera  celle  que  je  vous  avais  d'abord  envoyée  et  qui 
est,  en  effet,  un  peu  longue.  Celle-ci  étant  plus  courte,  trouvera 
plus  facilement  grâce. 


(')    Xote  des  éditeurs.  —  La  lettre,  non  datée,  semble  s'intercaler  naturelle- 
ment entre  celle  du  19  et  celle  du  22  mars  1889. 


3^6  CORRESPONDANCE    lÙlERMITE    ET    T)E    STIEI.TJES. 

La  formule  pour  le  >m  am  csi 


f 


e        •mii  am  z  dz 


./.->4_(l  +  /,2)_: _±±L-A 


>  j-   > 


a?â-t-  5-(i  +  A-*;— .. 

Les  polynômes  qui  figurent  dans  le  développement  de  sinam.r 
sont  décidément  plus  difficiles  à  obtenir  que  ceux  qui  figurent 
dans  les  développements  de  cosama;  et  de  Aam.r.  C'est  ce  que 
m  mis  avez  trouvé  aussi. 

Je  ne  vois  aucun  inconvénient  à  ce  que  vous  parliez  à  M.  Dar- 
boux,  ou  à  qui  que  ce  soit  de  vos  amis,  des  recherches  scienti- 
fiques (pu  m'occupent. 

Votre  exercice  sur  l'intégrale    /        p    .  dx  sera,  je  le  crois,  un 

peu  difficile  pour  mes  élèves,  mais  je  verrai  ('). 

Ce  qui  manque  surtout  à  la  vie  des  facultés  de  province,  ce  sont 
les  bons  ('lèves.  Les  meilleurs  que  nous  avons  sont  naturellement 
les  boursiers  d'agrégation,  mais  ces  pauvres  ^iis  onl  à  subir  un 
concours  bien  redoutable  et  l'on  ne  peut  pas  trop  leur  reprocher 
qu'ils  tiennent  exclusivement  à  leur  programme  et  ont  peu  d'in- 
clination à  s'occuper  d'autres  choses.  Quant  aux  autres,  ils  se 
contentent  presque  exclusivement  d'être  reçus  licenciés,  et  encore 
est-il  matériellement  impossible  de  traiter  toutes  les  matières  du 
programme  dans  un  cours  d'un  an,  à  raison  de  deux  leçons  par 
semaine.  11  ne  faut  pas  oublier  qu'il  n'est  pas  possible  de  laisser 
de  côté  les  premiers  éléments  comme  on  peut  le  faire  à  Paris, 
cai-  enfin,  ils  ne  savent  pas  prendre  une  dérivée  et  il  faut  le  leur 
apprendre. 

Aussi,  peut-on  consacrer,  par  exemple,  deux  ou  trois  leçons  au 
plus  aux  fonctions  d'une  variable  imaginaire.  Et  cette  année 
j  avais  à  expliquer  à  quelques-uns  de  mes  élèves  qui,  après  avoir 
obtenu  la  licence,  aspiraient  à  l'agrégation,  le  théorème  de  Cauchy 

|  '  )  Note  de  M.  Stieltjes.  —  Je  ne  suis  pas  sur  s'il  y  en  aura  un  qui  saura  ce 
que  c'est  qu'un   invariant. 


LETTRE    181.  '>77 

ci  deMmede  Kowalewski  sur  les  équations  aux  dérivées  partielles! 
Naturellement,  il  fallait  l»ien  leur  donner  d'abord  quelques  leçons 
Complémentaires  sur  La  théorie  des  fonctions. 

Mais  voilà  bien  des  jérémiades  qui  ne  changeront  rien.  Il  faudra 
beaucoup  de  temps  et  surtout  d'esprit  de  suite  dans  la  direction 
de  l'enseignement  supérieur  pour  relever  le  niveau  scientifique 
des  facultés  de  province. 

Je  veux  réfléchir  de  temps  en  temps  un  peu  sur  la  valeur 
asymptotique  du  coefficient  Jl»,„  dans  le  développement  de  (r)(x). 
Mais  je  crois  bien  qu'il  faudra  suivre  une  méthode  toute  différente 
de  celle  de  Laplace. 

Veuillez  bien  accepter,  cher  Monsieur,  la  nouvelle  assurance  <lr 
mon  entier  dévouement. 


181.  —  If  ERMITE  A  STIELTJES. 

Paris,  32  mars  1889. 
Cher  Ami, 

Je  vais  risquer  une  tentative  bien  hasardeuse  pour  avoir  la 
valeur  asymptotique  des  coefficients  de  &(x)  et  de  H(.r),  voie! 
mon  point  de  départ. 

La  méthode  de  Laplace  pour  obtenir  la  valeur  approchée  de  la 
série 

S  =/(l) -^/(  :>.)+..■'/(''> -+-•••• 

dont  les  termes  vont  d'abord  en  augmentant  jusqu'à  un  maximum 
pour  décroître  ensuite  indéfiniment,  a  été  appliquée  par  lui  au  cas 
où  la  fonction  f(n)  se  compose  d'un  produit  de  facteurs  élevés  à 
de  grandes  puissances,  et  c'est  ce  qui  arrive  dans  les  exemples  que 
j'ai  traités.  Remplaçons  L'entier  n  par  une  variable  #,  l'analyse  de 
Laplace  revient  simplement  à  prendre  pour  valeur  approchée  de  S 

l'intégrale     /     f(x)dx,    et   à  déterminer  cette    intégrale    par   la 

"  0 
méthode  donnée  dans  la  théorie  des  probabilités.  La  fonction  f(x) 
étant  supposée  nulle  pour  x  =  o,   x  =  ce  et  avoir  un  maximum 
unique  pour  x  =  £,  on  pose 

/(*)=/(Ê)e-'5, 


3j8  CORRESPONDANCE    d'bBRMITE    BT    DE    STIELTJES. 

de  sorte  que  la  nouvelle  variable  /  croît  de  —  x  ;'i  +  ce.  Dans  le 
cas  où  f{x)  est  de  la  forme  [F(.r)]",  la  valeur  de  dx  s'obtienl 
sous  forme  il  une  série  en  t,  et  contenant  les  puissances  succes- 
sives de  -—»  ce  qui   permet  d'atteindre   une  approximation  qui 

y  n 
augmente  quand  n  croît.  En  négligeant-—»  on  trouve  la  formule 


/"7(*>d*=/<Ê)i 


2^/"U) 


/<  :  » 


G  esl  de  là  simplement  que  se  tire  I  application  si  importante  à 
la  convergence  des  séries  qui  représentent  les  coordonnées  ellip- 
tiques et  aussi  toutes  mes  applications.  \  ous  direz  que  mon 
audace  ne  connaît  pas  de  bornes,  et  je  ne  vous  contredirai  certai- 
nement point,  mais,  plutôt  que  de  ne  rien  faire,  je  me  propose, 
en   partant  de  l'expression 


(î)' 


-  t..  m  =  — ï '- (  S  «2  m  „aï  _  v  /, 2  ntgh 

i .  i .  .  .  i  m 

•  I  évaluer  chacun  des  termes  par  les  intégrales 

■    X  r»  30 

^        i    <r  ,->»  ,f""-  d.r  et  ^        (  ■>./■  H-  l  )-'"«/  -  '      '%/./■. 

•     (I  '0 

traitées  comme  le  fait  Laplace.   Je  prendrai  un    terme  de  plus. 

j  emploierai  le  terme  en— —  dans  le  développement  <le  <lx.  suivant 

\  //' 
les  puissances  de  /,  et  puis,  va  comme  je  le  pousse,  advienne  que 

pourra. 

Le  luxe  en  côtoyant  la  misère  la  rend  plus  sordide,  plus  humi- 
liante, je  considérerai  les  séries  doubles  ^/(m,  /?),  où  la  fonction 
de  deux  indices  croit  aussi  jusqu'à  un  maximum  pour  décroître 
ensuite,  qui  s'offrent  comme  coefficients  de  xmyn  dans  les  déve- 
loppements des  0  à  deux  variables. 

Et,  comme  Laplace  dans  les  probabilités  a  étendu  sa  méthode 


aux  intégrales  doubles 


/       /     f{x,y)dxdy, 


LETTRE    18'2.  379 

je  prendrai   son    résultat   pour   valeur   approchée  de    la    série,   à 
l'aventure  ! 

Que   pensez-vous,    clans    voire   sens   analytique   intime,   de    la 
tentative? 

Votre  bien  affectueusement  dévoué; 


182.  -  STIELTJES    I   HERMITE. 

Toulouse,  23  mars  1889. 
Cheii   Monsieur, 

Je  veux  répondre  par  quelques  mots  à  votre  lettre.  Probable- 
ment, vous  avez  vu  aussi  qu'il  n'est  (pas)  besoin  d'aucun  calcul 
prolixe  pour  évaluer  les  intégrales 

/     (•>..*•  )?'"fjr4-'-'  dx  =  2*'«-i  /     y"    ïe-toydy         (a?2  =  j), 

«Ai  •  0 

/      (ix-\-\)imq(ïx+i)'- dx  =  22'"-1  /     y"'    -c-'*"ydy 


J  Y2 


"0 

q  =  e-«, 

dont  la  différence  est,  par  conséquent, 

1 

2ÎIM-1      /       y  2,,-WM,/,., 

1   0 

cela  donnerait  donc  une  destruction  bien  complète  dans  la  diffé- 
rence 

Za-'"  qa° —  Y>b-mqb*, 

mais  il  paraît  bien  difficile  de  dire  si  l'on  peut  s'y  fier.  Cependant, 
après  y  avoir  regardé  de  plus  près,  je  relire  formellement  l'opinion 
émise  précédemment  que  la  destruction  des  termes  dans  la  diffé- 
rence  se   bornerait   aux   termes    principaux   et,   par   conséquent, 

-r-^  décroîtrait  comme  —  ou  — y 
Am  m  mk 

J'admets    maintenant   comme  probable   un    contrebalancemei.l 
des  termes  d'une  manière  plus  complète,  quoique  j'hésite  cepen- 


38û  CORRESPONDANCE    d'HERMITE    ET    DE    STIELTJKS. 

dant  à  admettre  le  résultat 

i 
ri   »_! 

'  0 

Pour  savoir  avec  quelle  approximation  on  peut  poser  avec  vous 

ï.a-'"  r/""  =    /       i  '.ry^i'q''  ■''  <■/./•, 

il  semble  naturel,  en  posant 

/(.r)  =  (  '../■  (-"'y'"'-'. 
de  recourir  à  la  formule  d'Euler 

h[f(a)-+-f(a  ■+■  h) -{-... -h  f  (a -h  n  —  t  h)] 

r1' 

=        f(x)  dx  —  ~  li         I  ./'<  b)    --  f\  a  i| 
*  a 

\f{b)  -f\a)\ 


I  .  2 

B,//> 

i .  •>. .  3 . 4 


[f"(b)-f"(a)] 


(  b  =  a    *-  n  h  ), 

en  prenant  /?  =  :c,  b  =  yi.  a  =  o,  //  =  i . 

\  mis  voyez  que  f{b),  f'{b).  f'"{b)  s'annulent,  de  même  que 

./>),/'"(«),  •••• 

Or,  |  ai  remarqué,  dans  mainte  occasion,  que  si  cela  arrive  el 
que  l'équation  d'Euler  semblerait  ainsi  donner  l'égalité  complète 
entre  la  série  el  l'intégrale,  la  vraie  différence  décroit  très  rapide- 
dement.  Comme  exemples,  je  citerai  ici  le  cas  de  voire  fonc- 
tion R(#),  la  relation 

r  i  —  /  _—  47I~ 

/H  - +e-*î+e-(2*)s+e-i3/')2-!-...     =/rë(  -  h- e    *2-t-e     **+.. 

et  il   v  en  a  encore  quelques  autres,  dont  voici  la  plus  simple 

i  i        i       v1  'r 

-  7  ~% ; — r-,' 


LETTRE    18u2.  38 

bien 

00 

-  h       v^         li 

-  = h  >   ■ r7      i 

>.  >.  —    1  H-  /t2/<- 


*i7C 


c'est-à-dire,  pour  f(x\= ;> 

*[^/(o)-h/(A)-t-/(aA)+/«3A)-t-...]    =/"^ 


2  71 


+   00 


271 
«2   A    —  I 


pour  zhoo,  /(*/■)  s'annule  avec  loules  ses  dérivées. 

Admettons  donc  qu'on  a  d'une  manière  très  approchée,  en  effet, 

v  tfim  qa*  =    !      ,  2x)imq*x*  d.r. 

En  prenant 

f(x)=  (•>../•  ■;- 1)-"' ç<**+ 1|5, 

la  formule  d'Euler  donnera 


ZbZmqbi=   f       /'(  .?•  i  <Lr  4-  ~ 


niais  les  termes  suivants,  avec  /'(o),  f"f(o),  ....  renferment  des 
puissances  positives  de  plus  en  (dus  élevées  de  //?,  et  le  degré 
d'approximation  nous  échappe  complètement. 

Je  crois  que,  pour  avoir  une  solution  rigoureuse  de  la  question, 
il  faudra  trouver  des  transformations  analytiques,  mais  cela  ne 
sera  pas  aisé  du  tout.  On  ne  sait  même  pas  si  *%m  est  toujours 
positif;  il  se  pourrait  bien  que  la  vraie  valeur  approchée  renferme 
un  terme  périodique  qui  change  désigne  comme  dans  la  différence 

6R(a?  —  i)        , 

— ^ —  '  ■ 

V(.r) 

Je  crois  que  l'application  aux  séries  doubles 

^  /'(  m ,  n  ) 

«pie  vous  proposez   donnera    des   résultats  exacts   el   est   légitime. 


38'2  CORRESPONDANCE    li'lIKIt MITK    El     DE    STIELTJES. 

J'ai  plusieurs  fois  *'■  x ;» 1 1 1 «'■  des  intégrales  doubles  d'après  la  méthode 
de  Laplace  et  avec  un  succès  complet. 

\  otre  bien  sincèrement  dévoué. 


183.  —  HERMITE    I   STIELTJES. 

Paris,   >j  mars  1 889. 


M 


:MOJ    CHEK 


M.  Darboux,  à  qui  j'ai  communiqué  vos  charmantes  formules 
(li  développements  en  fractions  continues,  en  a  été  aussi  enchanté 
que  moi;  nous  vous  prions  ii>n>  deux  de  vouloir  nous  fournir  la 
liste  complète  avec  le>  indications  des  recueils,  de  toutes  vos  publi- 
cations mathématiques,  nous  aurons  à  en  faire  usage.  M.  Bertrand, 
j'ai  le  plaisir  de  \011s  le  dire.  n'a  fait  aucune  difficulté  à  l'insertion 
dan-  le>  Comptes  rendus  de  votre  dernière  Note.  A  os  remarques 
sonl  excellentes  et  désolantes,  je  me  les  étais  faites  déjà  en  grande 
partie  et.  dans  ce  que  je  vais  écrire,  je  n'aurai  garde  de  dissimuler 
lotit  ce  qu'il  y  a  de  hasardeux  et  d'obscur  à  prendre  pour  valeur 
approchée  de  la  somme 

Si  ix  —  1  >-'"'/ "-  '  H  : 
I  intégrale 


/      (ix  —  1  i'2"'  y  -  '      '     </.'■. 


Quel  dommage,  car   le  développemenl   suivant   les  puissance 
descendantes  de  m  que  vous  ramenez  au  calcul  de 


./"■ 

» 

s'obtient  très  facilement  -.1  m ->  recourir  au  procédé  de  Laplace. 
On  a .  eu  effel . 

/'"'        ,  /  •  «•>  w'  \ 

/  .,■■»-  U'-  ■'■(/./•=    w'"r'-<" 1 ; ; h...). 

.  f  m        m  (  ni  -+-  1  ;        m(m  -h  i ) (  ni  -t-  •>.  )  / 

IVlais  voici  de  bien  autres  difficultés  à  l'égard  des   fonctions  6 


LETTRE    18'l.  383 

à  deux  variables.  Il  s'agit  d'obtenir  la  valeur  asymptoiique  pour  /// 
cl  //  très  grands  de  la  série  double 

va2««  1,1,1  e-\ga*  +  M«i>  +  kir-)         (a,b  =  o,  1,2,  ...), 

question  en  apparence  toute  semblable  à  celle  tics  <-)  elliptiques, 
or  il  s'en  faul  du  toui  au  tout;  la  fonction  de  deux  variables 

où  (i?",  h,  fx)  est  une  forme  définie  positive,  passe  par  deux  maxima  ! 
Par  conséquent,  tout  s'effondre,  il  devient  impossible  d'appliquer 
la  méthode  de  Laplace  qui  suppose  essentiellement  un  seul  el 
unique  maximum. 

El,  en  même  temps,  voyez  comment  se  révèle  la  singularité 
pleine  de  mystères  des  fonctions  de  deux  variables.  Deux  maxima 
comportent  un  minimum  dans  leur  intervalle,  s'il  s'agit  des  fonc- 
tions d'une  seule  variable;  rien  de  pareil  pour  deux  variables;  que 
peut-on  entendre,  en  effet,  par  un  système/?  et  q  de  valeurs  inter- 
médiaires entre  a  el  b,  a'  et  b'  ! 

En  vous  demandant  d'avoir  la  bonté  de  me  rappeler  el  de  me 
dire  où  Dirichlet  a  donné  la  formule  importante  dont  vous  aviez 
>i  habilement  tiré  une  démonstration  de  l'égalité  de  M.  Lipschitz 


je   vous  renouvelle,  mon  cher  ami,  l'assurance   de  tout  mon  dé- 
\  ouement. 


184.  -  STIELTJES  A  H  ERMITE. 

Toulouse,  i.j   mars  1889. 

Cher  Monsieur, 

La  vraie  démonstration  de  mes  propositions  concernant  la 
décomposition  en  carres  de  certaines  formes  quadratiques  est  si 
excessivement  simple,  qu'il  est  vraiment  humiliant  de  n'y  avoir 
pas  songé  tout  de  suite. 


;s',  CORRESPONDANCE    d'hERMITE    ET    1>K    STIELTJES. 

Je  considère  les  dérivées  d'ordre  pair  àef(x)=  séc#,  s=  lang2,r 

if      =  s«V./-i  rt0), 
f"    =  séc»l  '/)     -  Aj  c  '. 
i  séc»<  ^o-   A..  3  —  c»  ss  l, 

/'  «   =  séc  »  (  rt3  -f-  63  c  -     r,  c- !  —  d3  z3  ), 

V      ««#*" 

sec»  =  7  -• 

—  1.1... (in) 

D'après  le  théorème  <!<■    lavlor 

1   ,      ■  ,  ■  ,     ,  /■  lrl     m  ,r  c 

mci  x  -+-  h)  -+-  sec(  »  —  h)    =  /  —  —  /    -\ — 5— -  J  •  -r  .... 

•>.  '  1 .  2  1.2.3.4 

nu  bien,  «mi  substituant  les  valeurs  (i), 
(3)  |  séci  ./•  —  /(  1  —  séci  ./■    -  h)] 


séc»  ( 

a04- 

«i 

1  .    ' 

4-  a» 

1 

//.'• 

.  >.  i.  1 

séc»  | 

f 

A, 

h9- 

1 .  > 

-  A,  • 
1 

h> 

I.2.3.  i 

-('•C./'  | 

f 

[.2.3.4 

Mais 


-  |  séci  »  -4-  À)  +  séc( »  —  /m| 

séc.r  séc  A  séc»  séc  // 


i  —  tang2»  tan  g2  //        1  —  ;  tang2  // 
=  séc»  -('c/m  1  —  z  tan  g2  A  -+-  s-  tang4/?     -  c:i  lang6  h 

il  où,  par  comparaison  avec  1  3  i. 

,     ,  h*-  h> 

sec/i  =  c{,  -  <7( 


1 .  ■».  1. 2.  >.  j 

ec«tang2/i  =  A, —     -  A_, 


séc  A  tane'  h 


- J.2.J.4 

Co    : 


D'après  cela,  en  se  rappelant  que  2  =  tang2.r,  on   voit  que  le 


LETTRE    18k.  385 

second  membre  de  (  3  )  peut  s'écrire 

f  x*  .>■•  Il  h?  A-  ! 

1.2  t.2.3.4  '  •  '  [.2.3.4  J 

+  [     *■  ê, ;  +  **ïxb  ■*-•••]><[      b'Tk+l"x^ï7i  -*-••] 

+[  •■tï!b+-],<[  c'dx4+--] 

-+- » 

tandis  que  le  premier  membre  est 

-Y — —, — d(x-*-hyn+(x-hYni 
2  — 1.2... (an)  l 

0 

soit  i -\- A=  n,   en   comparant   de   part   et  d'autre   le  coefficient 
de  x'2th-k,  on  trouve  immédiatement 

( 4 )  «n  =  (lia/-  -+-  bt  b/(  -+-  Ci c/c  4-  • .  • 
et,  en  particulier, 

(5)  an  =  «?+  6|-+-  c?-+-. ...  c.q.f.I). 

Le  théorème  sur  les  dérivées  d'ordre  impair  s'obtient  par  la 
considération  de 

-  [séc(a?  -t-  h)  —  séc(.r  —  h)\ 

et,  avec  de  légères  modifications  qui  se  présentent  d'elles-mêmes, 
le  même  raisonnement  s'applique  aux  autres  cas  des  fonctions 

tanga™,     sn.r,     cn.r,     Anx. 

Je  viens  de  voir  que,  dans  le  Tome  79  du  Journal  de  Creile, 
M.  Stern,  dans  un  Mémoire  sur  les  nombres  eulériens,  a  dé- 
veloppé aussi  les  dérivées  de  sécr,    ( )>   en  introduisant 

11  '    \  ex  -+-  e^x  ) 

des  polynômes  en  tang2^c,  (  — —)  •  Il  a  considéré  les  mêmes 

nombres  «/,  bi,  a,  ...  que  moi,  mais  les  relations  (4)  et  (5)  lui  ont 

25 


386  CORRESPONDANCE    d'hERHITE    ET    DE    STIELTJES. 

échappé.  Il  se  borne  à  discuter  les  relations  entre  les  a/,  l>i.  <•/.  . . . 
qui  résultenl  du  calcul  de  proche  en  proche  des  dérivées,  d'où  il 
tire  diverses  conséquences  relatives  aux  nombres  eulériens,  etc. 

Dans  le  Tome  88  du  même  journal,  il  considère  aussi  les  déri- 
vées  de  tangue;  mais  ici.  au  lieu  <l  introduire  des  polynômes  en 
i  m-  -  ./•.  il  nit  nul  h  il  des  polynômes  en  >iii-'.r.  C'est  là,  je  suppose, 
la  cause  que  les  résultats  <pi  il  obtient  ne  présentenl  |>as  une  ;m,i- 
logie  complète  avec  ceux  de  ><ui  premier  Mémoire.  S'il  avait  aussi 
introduit  ici  des  porj  nomes  en  tau--./-,  je  ne  cloute  pas  que  l'ana- 
logie n'eûl  été  c plète. 

Mais,  réfléchissant  sur  l'application  aux  fonctions  elliptiques, 
je  me  suis  aperçu  que,  >i.  <  la  us  mon  cas,  on  emploie  le  théorème 
de  l'addition,  on  pourrait,  par  une  légère  modification,  déduire 
ce  théorème  par  des  considérations  analogues. 

Cependant,  après  avoir  ainsi  retrouvé  le  théorème  de  l'addition, 
j'ai  vu  que  celte  démonstration  est  exactement  celle  qu'Eisenstein 
a  donnée  (dans  ses  Mémoires  réunis,  avec  une  Préface  de  Gauss, 
p.  i55-i 58). 

Au  lieu  de  recourir  à  la  formule  d'Euler,  j'ai  eu  l'idée,  pour 
voir  avec  quelle  approximation  on  a 

\     ,,'-mqa'—     !         (•±T)-'nC]>v°  (l.r. 

V  l/lm  gb>  —     i       (-2x^1  |î/n  (J-'~i:  <l.r. 

■"*  «/» 

de  me  servir  d'une  formule  d'Abel  (Œuvres,  t.  I,  p.  38), 

■:    a)    hlf(fl-fl)  +  5(«+2)+... 

f<°  ,i  r"      dt       r©(a-t-  ti)  —  v(a  —  ti)~] 

=  •-../•  i  dx tp(a)  —  2  /      -— - ■ ~ • 

La  démonstration  d'Abel  n'a  pas  Ar  rigueur,  mais,  récemment, 
j'ai  retrouvé  cette  formule  et  vu  qu'elle  est  applicable  sous  cer- 
taines conditions.  Ces  conditions,  du  reste,  je  ne  me  les  rappelle 
l>as  distinctement  en  ce  moment. 

Dans  le  premier  cas,  il  y  aurait  égalité  absolue,  mais,  dans  le 
second  cas,  on  est  amené  à  une  intégrale  qui  n  a  pas  de  sens.  Tout 
cela   me    parait   indiquer    que    le   problème    de    trouver   la   valeur 


LETTRE    185.  )X7 

asymptotique  de 

^  a-'»  (/"■  —  V  b-'"  (j1''- 

est  extrêmement  difficile.  Dès  que  j'aurai  un  peu  de  loisir,  je  me 
propose  de  voir  si,  en  attribuanl  à  </  mie  valeur  fixe,  celle  expres- 
sion ne  change  pas  de  signe  en  donnant  à  m  des  valeurs  «le  plus 
en  plus  grandes.  Cela  ne  m  étonnerait  pas,  et  serait  une  nouvelle 
preuve  de  la  difficulté  de  cette  question. 

,)e\oiis  renouvelle,  cher  Monsieur,  l'expression  de  mon  entier 
dévouement. 

185.  —  HERM1TE  A   STIELT.IES. 

Paris,  28   mars  1889 
M<>\    cher    Ami, 

Vous  avez  le  don  des  démonstrations  simples  et  élégantes,  et  je 
ne  puis  assez  vous  dire  avec  quel  plaisir  j'ai  vu  l'analyse  (pie  vous 
m'avez  communiquée  dans  votre  dernière  lettre.  J'achèterais  bien 
volontiers,  au  prix  d'une  humiliation  plus  grande  que  celle  que 
vous  exprimez,  de  trouver  de  telles  choses.  Vous  vous  êtes  ren- 
contré avec  Eisenstein,  qui  tenait  beaucoup  à  sa  démonstration 
algébrique  du  théorème  de  l'addition  des  fonctions  elliptiques, 
ainsi  qu'il  me  l'a  dit  lui-même  quand  j'ai  été  le  voir  à  Berlin 
en  i853,  et  vous  n'avez  point  lieu  de  regretter  une  telle  circon- 
stance. 

Vous  vous  êtes  bien  facilement  rendu  compte,  sans  doute,  de 
ce  que  je  vous  disais,  que  la  fonction 

^2//t  y2n  g —  ( g.r2-t- ïhxy+ky*) 

a  deux  maxima,  ce  à  quoi  j'étais  bien  loin  de  m'attendre,  et  aucun 
minimum,  ce  qui  tient  à  la  nature  méphistophélique  des  fonctions 
de  deux  variables.  Il  me  faut,  par  conséquent,  renoncer  à  obtenir 
la  valeur  asymptotique  que  j'avais  espéré  trouver  en  opérant 
sur  B(j7,  y)  comme  sur  (à(x).  J'ai  repoussé  aussi  comme  une  ten- 
tation dangereuse  et  périlleuse  de  chercher  l'intégrale  définie 

J=/       /     e-^+thxy+W)  dxdy, 
qui   aurait   donné    facilement,   en    ditlérenliant   par  rapport    aux 


388  CORKESPONDANCK    D'hERHITE    BT    DE    STIEI.TJES. 

constantes,   la  quantité 

/  /       ximyîne-lg.r*+*h.r}     *y*\  doc  dy. 

•il 

Je  m'en  tiendrai  donc  aux  applications  de  la  méthode  de  Laplace 
que  j'avais  eue  en  \  ue  tout  il  abord. 

Permettez-moi  de  rappeler  à  votre  souvenir  la  fonction  Z>  s)  qui 
m'a  donné  occasion  de  citer  vos  recherches  dans  une  leçon  à  la 
Sorbonne. 

M.  Jenssen  a  donné  une  relation  intéressante  qui  esl  indiquée 
dans  le  Bulletin  de  M.  Darboux 

(  .s-  —  I  )  ri  s  i  =  i  —  V  i    -  i  |VCv(5  — i)v  (  v  =  1 ,  2,  3,  .  .  .  ), 

où  l'on  a 

v(  log/l)v-1 


Cv 


>    ' *-'■ — i \\os(n  -+-i)lv-t-(loe/i)v      (re  =  i,a,  3, 

i .  2  .  .  .v  m^  l  l)  \ 


Elle  n  est  pas  difficile  à  démontrer,  mais  je  doute  qu  elle  four- 
nisse l'expression  définitive  de  la  fonction  de  liiemann;  en  tout 
cas,  elle  esl  utile,  l'auteur  en  ayanl  tiré  lc>  valeurs  numériques 
dc-<  premiers  coefficients  cv,  résultai  auquel  j'attache  beaucoup  de 
prix.  Permettez-moi,  lorsque  I  occasion  s'en  présentera  pour  vous, 
de  vous  demander  de  m'indiquer,  au  point  de  vue  de  l'Arithmé- 
tique, la  conclusion  du  Travail  de  Riemann,  qui  est  en  allemand 
et  que  je  n'ai  pu  lire.  Mais  que  cela  ne  vous  détourne  point  de 
ce  que  \ous  faites  en  ce  moment  où  vous  obtenez  chaque  jour  de 
nouveaux  et  excellents  résultats:  il  arrivera  certainement  que  vous 
vous  sentirez  recherché  par  l'Arithmétique  et  naturellement  vous 
reviendrez  à  la  l'onction  Ç(s). 

En  attendant,  mon  cher  ami.  la  liste  de  vos  publications,  je 
nous  renouvelle  l'assurance  de  mon  affectueux  attachement. 


186.  —  STIELTJES  A   HERMITE . 

Toulouse,  i<i  mars   1SS9. 

Cher    Monsieur, 

La  formule  de  Dirichlet  se  trouve  dans  son  Mémoire  fondamental 
Sur  lu  convergence  des  séries  trigonométriques,  dans  le  Tome  4 


LETTRE    IN6.  389 

«lu  Journal  de  C relie.  M.  Lipschitz  obtienl  aussi  de  cette  manière 
sa  transformation  ri  j'emprunte  à  lui  cette  citation,  que  je  ne  peux 
vérifier  1  les  trente  premiers  volumes  du  Journal  de  ('relie  ne  se 
trouvent  pas  dans  noire  bibliothèque),  mais  je  n'ai  pas  le  moindre 
doute  quant  à  son  exactitude.  Quanl  aux  séries  0  à  deus  variables 
et  les  expressions 

V*  "V  almbïne--(gam-+îhab+kb>) 

*^^4  (a,  b  =  o,  1,  2,  . . .), 

K(./-,  y)  =  ar2wj,2«e-(g.r»+2/wy-+-Ày>) 

n'ya-t-il  point  de  votre  part  une  légère  inadvertance?  11  me  semble 
que  F(.r,  r)ne  passe  que  par  un  se  ul  maximum,  pour  les  valeurs 
positives  de  x  et  y,  bien  entendu.  C'est  probablemenl  à  cette 
dernière  condition  que  \ous  n'avez  pas  eu  égard. 

Je  considère,  pour  x  >  o,  y  >■  o,  z  >  o,  la  fonction 

où  ax--\-.  •  ■=  '?  est  une  forme  définie  positive. 

Il  est  clair  qu'il  y  a,  au  moins,    un  maximum;   il  me  semble 
qu'on  peut  établir  ainsi  qu'il  suit  qu'il  n'y  en  a  qu'un  seul. 

Les  conditions  du  maximum  ou  minimum  sont 

1     '     ';    1        i^         a  u 

-  —  I02  r  =  —  —  ax   —  Cj  v  —  o^z  =  o, 

1   ■>.  OX  X 

(i)  —logI<  =  -  —  Cix  —  by    —  axz  =  o, 

2   dy  y 

—  logF  =  -  —  b[X  —  axy  —  cz    —  o. 

Ce  système,  nous  le  savons,  admet  au  moins  une  solution  (en  va- 
leurs positives  toujours).  Mais,  s'il  en  admet  plusieurs,  il  est  clair 
que  ces  solutions  répondront  toujours  à  de  véritables  maxima, 
car  la  forme  quadratique 


•2.  \  dx 
se  réduit  à 


-.logFJX*. 


—  <p(X,Y,  Z)-  -\î-\y«~-   '±Z*. 
1  x*  y^  z- 

Admettons,  pour  un  moment,  qu'en  dehors  de  la  solution 

x  =  3?0,       y  =  yo,       z  =  z„,       F  =  M'o, 


390  CORRESPONDANCE    d'hERHITE    ET    DE    STIELTJES. 

M(1  étanl  le  maximum  absolu,  il  y  en  ail  une 


.?■  =  .Tj. 


y  =  y\-. 


<iù  M  1     '  M„  est  mi  second  maximum. 
(  lonsidérons  les  surfaces 

l'i  ce,  y,  z)  =  consl .. 

on  plutôt  la  partie  'le  l'espace  où  I'  ./•.  r.  c  )  const.=  G.  Tant 
que  C>M0j  il  n'3  a  pas  de  partie  réelle  de  la  surface.  Faisons 
décroître  constamment  C  Pour  C  =  M0,  nous  avons  un  point  isolé 
x  =  .r0,  y  =1,1.  ^  =  z0.  Pour  (î  =  M0  —  //.  la  surface  est  fermée 
el  enveloppe  le  point  M0.  \  mesure  que  C  décroîl  ainsi,  la  partie 
de  l'espace  <m'i  F  >»  C  s'étend  ainsi. 

Lorsque  C  =  Al, .  la  surface  se  compose  : 

1"  D'une  surface  fermée  enveloppant  Mn: 

2  D'un  point  isolé  M,(.r,,  y,,  z{)  en  dehors  de  la  surlace 
fermée. 

C  décroissait  toujours,  le  point  M,  aussi  se  trouvera  enfermé 
dans  une  nouvelle  surface  fermée  et,  C  continuant  à  décroître,  les 
deux  parties  séparées  de  l'espace  où  F^C  vont  nécessairement 
s'unir  en  un  point   I'.  Il  est  clair  que,  dans  ce  point  P,  point  sin- 


gulier d'une  surface  F  =  consl.,  les  équations  (1)  sont  satisfaites. 
Mais,  de  plus,  ce  point  I'  n'est  pas  un  maximum,  car,  en  se  dépla- 
çant d'un  côté  ou  de  l'autre,  on  peut  faire  croître  ou  décroître  F. 
.Mais,  comme  nous  a\ons  vu  que  tout  point  satisfaisant  à  (1)  est 
nécessairement  un  maximum,  il  v  a  ici  contradiction,  l'hypothèse 
d'un  second  maximum  est  inadmissible.  Donc,  à  moins  qu'il  n'y 
ail  un  \  ice  caché  dans  ce  raisonnement  (  et  j'avoue  que  je  ne  le  vois 
pas  I,  <>n  peut  affirmer  que  la  fonction  F  n'admet  qu'un  seul  maxi- 
mum pour  les  valeurs  positives  des  variables,  et  le  même  raison- 
nement s'applique  a  un  plus  grand  nombre  de  variables.  L'on  se 


LETTRE    187.  3g I 

trouve  bien  dans  les  conditions  nécessaires  pour  l'application  de 
la  méthode  de  Laplace. 

Il  me  semble  <|iie  le  raisonnemenl  précédenl  est  exact;  cepen- 
dant, je  ne  suis  pas  tout  à  fait  sur  et  j'espère  que  vous  me  ferez 
part  de  vos  objections,  si  vous  en  avez. . .,  l'opinion  de  M.  Picard 
me  sérail  aussi  très  précieuse. 

J'espère  pouvoir  vous  envoyer  dans  quelques  jours  la  liste  de- 
mandée; si  je  n'ai  pas  voulu  remettre  jusque-là  à  \<>us  répondre, 
c'est  à  cause  de  ce  que  vous  m'a\ie/,  demandé  concernant  la  for- 
mule de  Dirichlet. 

Votre  sincèrement  dévoué. 

187.  —  HERM1TE  A  STIELTJES. 

Paris,  ier  avril  1889. 
Mok    CHER    A\n, 

J'éprouve  bien  de  la  difficulté  à  suivre  les  considérations  rela- 
tives à  l'hyperespace,  ce  sera  donc  l'avis  de  Picard  et  non  le  mien 
que  vous  aurez  sur  l'idée  originale  que  vous  me  communiquez 
pour  établir  l'existence  d'un  seul  et  unique  maximum  de  la  fonc- 
tion 

m        n         n 

-  +  -  +  _+.  ..-cpO*,^  *,...), 

lorsqu'on  suppose  un  nombre  quelconque  de  variables.  Dans  le  cas 
de  l'espace  réel  et  relatif  à  trois  variables,  votre  raisonnement, 
contre  lequel  je  n'élève  aucune  objection,  me  semble  extrême- 
ment ingénieux,  et  je  ne  vois  guère  comment  on  pourrait  s'en 
passer  à  moins  de  se  jeter  dans  un  océan  de  calculs. 
Pour  le  cas  des  équations 

m  ,  n        , 

—  =  ax  -\-  by,  —  =  bx  -+-  c  y, 

x  y  J 

je  crois  préférable  de  joindre  à  l'ellipse 

m  -+-  n  =  ax%  -+-  ibxy  -+-  cy-, 
celle-ci  qui  représente  deux  droites 

an  x--\-  b(n  —  m)  xy  —  cm  y"1  =  o. 


392  CORRESPONDANCE    IMIKItMlTF.    ET    DE    STIELTJES. 

<  >  1 1  voit,  eu  effet,  que  les  droites  sonl  réelles  et  que  les  coeffi- 
cients angulaires  sonl  de  signes  contraires;  par  conséquent,  l'une 
d'elles  se  trouve  dans  les  deux  régions  où  les  coordonnées  sonl  de 
mêmes  signes,  c'est  celle  qui  donne,  par  son  intersection  avec 
l'ellipse,  la  solution  unique  en  quantités  positives  à  laquelle  cor- 
respond  le  maximum,  taudis  que  l'autre  droite  se  trouve  dans  les 
deux  angles  des  coordonnées  où  elles  sonl  de  signes  contraires. 

Je  me  suis  aperçu  trop  tard.  hier,  que  l'intégrale 


/  /       e-(«-r*H  tbxy+cy  ■  dx  dy 


s'obtient  immédiatement  au  moyen  du  procède'  élémentaire  qui 
consiste  à  poser  jr  =  pcoscp,  j^=:psin<p,  l'intégration  pouvant 
s'effectuer  immédiatement  par  rapporl  à  p.  Mais,  voici  nue  autre 
question  sur  laquelle  j'aimerais  bien  avoir  votre  a\i>.  C'est  une 
application  que  je  pense  donner  à  mon  cours  de  la  formule 


Ji 


dt 


A/-+B        2V/\B 
Soient 


A  =1  —  aa?  H-  a  \fx-  —  1 ,         B  =  1  —  %x  —  a  \j '  x- —  1 . 

ou  aura 

AB  =  1  —  %ax  -+-  a2 

et  de  là  peut  se  conclure  l'expression  de  Jacobi  des  fonctions  X«. 

Soit,  d  abord 

ce 
/  =  tan»-, 


/ 


dt  1     f%  dy 


A  sin2  -  -H  B  cos2-i 
2  1 


dw 


(  A  -+-  B  )  —  (  A  —  B  )  cosi 


et,  par  conséquent, 

1  —  2 ax  -+-  a2       J       1  —  a  (  x 


do 


v/i — iux  —  %-      Jn      1  —  a  (  x  -+-  s/x2  —  1  cos  es  ) 
Voici    maintenant    mon    raisonnement.    Supposons    x    réel    et 


LETTRE    187.  3g3 

moindre  que  L'unité;  j'observe  que  le  module  de 

X  -t-  \/x'2 —  I  cosep, 

ayant  pour  valeur  x2  sin2 cp  f-cos2<p,  estaussi  inférieur  à  L'unité.  Il 
est  donc  permis  de  développer,  suivanl  les  puissances  croissantes 
de  a,  la  fraction  sons  Le  sit; ne  d'intégration;  ce  qui  donne  sur-le- 
champ 

(x  -+-  y'x'1 —  i  cosep)"'  rftp, 

sous  la  condition  admise  et,  par  suite,  quelle  que  soit  la  variable. 
Soient,  en  second  lieu, 

A  =  x  —  a.  —  \/ x'1  —  i ,  I!  =  x  —  a  -h  y  x1  —  i , 

d'où  encore 

AI»  =i  —  i%x  -t-'a-  ; 
on  a  maintenant 

A  -t-  B  —  (  A  —  B)  cosep  =  i\x  —  a  -+-  \Jx- —  i  cosep), 
d'où 

/ 1  —  i  a  x  -+-  a2      J0     x  —  a  -+-  \/x'2  —  i  cos  cp 

Cela  étant,  je  suppose  x  réel  et  supérieur  à  l'unité.  L'expres- 
sion x-\-\Jx2 — i  cosep,  étant  aussi  grande  qu'on  le  veut,  je  puis 
me  servir  de  la  série 


=2 


x  ■+-  \Jx-  —  i  cos  cp  —  a       -^  {x  -+-  s/ x-  —  i  cos  cp  )"" 
et  j'en  conclus  l'expression  de  Laplace 

rfcp 


In  =  o,  1,2, ...) 


(x  -+-  \/x* —  i  cos< 


M.  Laurent  a  donné  une  méthode  ingénieuse  que  M.  Jordan  a 
reproduite  dans  le  deuxième  volume  de  son  Cours  d'Analyse, 
mais  qui  s'allonge  pour  une  question  secondaire,  la  détermination 
de  signe;  sauf  l'obligation  de  prendre  successivement  x  <  i  et 
x  >>  i  qui  me  contrarie  un  peu,  la  marche  que  j'ai  suivie  me 
semble  facile. 


'"il  CORRESPONDANCE    1)1111!  MI  1  E    ET    DE    STIELTJES. 

C'esl  au  mois  de  juin  que  non-  Irions  usage  de  la  liste  dr  v©s 
publications;  il  n'\  a  donc  pas  urgence,  cependant,  il  peut  se  pré- 
senter telle  circonstance  où  il   nous  sérail    utile  de  l'avoir  plus 

tôt;  achevez-la  donc,  mon  cher  ami,  -i  vous  avez  c lencé,  et 

envoyez-la  moi.  En  vous  renouvelant  I  assurance  de  ma  bien  sin- 
cère affection  ('  ). 


188.   -   HERMITE    I    STIELTJES 

Paris,   i  avril   r86 


Mo.N    CHER    Ami. 

\  otre  détermination  de  I  intégrale 


/il      e-^dxdydz 


m  a  fail  If  plus  grand  plaisir,  jamais  je  n  aurais  réussi  à  découvrir 
cl  à  introduire  I  aire  S  du  triangle  sphérique  qui  vous  en  donne 
une  expression  >i  élégante;  je  pense  que  nous  ne  vous  opposerez 
l>,i-  à  ce  que  votre  analyse  soit  publiée  dans  le  Bulletin  et  je  suis 
assuré  d'avance  que  M.  Darbous  lui  fera  le  meilleur  accueil.  Je 
lui  donnerai  lundi  la  liste  de  vos  travaux  que  vous  m  avez  envoyée, 
mais  je  ne  vous  réponds  pas  qu'il  ne  demandera  pas  que  vous  \ 
ajoutiez  l'indication  des  articles  do  Comptes  rendus;  en  tout  cas, 
vous  apprendrez  dans  quelques  mois  l'usage  que  nous  en  aurons 
fait  et  (pii  ne  sera  pas  pour  vous  rire  désagréable. 


(')  Note  des  éditeurs.  —  Il  manque  une  lettre  de  Stieltjes  dans  laquelle  il 
donnait  une  démonstration  île  la  formule  due  à  -M.  Hermite 

/•"    rx  arccosf  ",=  ) 

/  e   r    .     dxdy  =  -  ya^L, 

<b(x,  y  )  =  ax-+  2  bxy  —  cy-, 

démonstration  qui  a  été  publiée  dans  le  Bulletin  des  Sciences  mathématiques, 
>'  série,  i.   Mil.  e8  partie,  p.  170-172.' 

Il  manque  aussi  une  lettre  de  .M.  Hermite  à  laquelle  la  lettre  perdue  de  Stieltjes 
répondait.  Comme  le  montre  la  lettre  188,  elle  contenait  une  démonstration  de 
la  formule  écrite  plus   haut. 


LETTRE    189.  395 

J'accepte  avec  empressemenl  el  une  grande  reconnaissance, 
comme  un  témoignage  d'amitié  auquel  je  suis  bien  sensible,  votre 
offre  de  collaboration  [tour  une  seconde  édition  du  premier  volume 
de  mon  Cours d\  inalyse.  Il  5  a  quelques  années,  lorsque  M .  Bou- 
(|uci  esl  tombé  malade,  je  l'ai  remplace  pendani  le  premier  semestre 
à  la  Faculté,  ce  qui  m'a  donné  l'occasion  de  revenir  sur  le  calcul 
différentiel  en  changeant  bien  des  choses  de  ce  premier  volume. 
Ce  scia  à  employer  pour  une  nouvelle  édition  et,  si  vous  le  voulez 
bien,  nous  commencerions  l'entreprise  aus  vacances  prochaines. 
Ne  nous  bâtez  pas  et  prenez  votre  temps  pour  le  Mémoire  <lc 
Riemann;  en  ce  moment,  j'ai  d'autres  choses  qui  m'occupent  et, 
si  intéressant  qu'il  soil  pour  moi,  je  préfère  attendre  à  avoir  plus 
de  loisir  pour  m'en  occuper. 

Une  autre  fois  aussi,  je  vous  parlerai  de  l'expression  de  Ç(s) 
de  M.  Jenssen.  Ce  malin,  en  donnant  les  expressions  de  Jacobi 
et  de  La  place  pour  les  fonctions  X„,  j'ai  vu  que  j'avais  bien  inuti- 
lement pensé  à  la  convergence  des  séries  suivant  les  puissances 
de  a,  la  convergence  n'a  rien  à  faire  ni  à  voir  dans  la  question, 
puisque  a  est  indéterminé  et  peut  être  supposé  aussi  petit  qu'on 
veut. 

Vous  pouvez  ainsi  juger  combien  je  suis  sujet  à  commettre  des 
inadvertances,  c'est  ce  qui  nie  fait  attacher  tant  de  prix  à  votre 
amicale  assistance  pour  la  revision  de  mon  premier  volume  où 
elles  ne  manquent  point. 

A.vec  tous  mes  remercîments,  mon  cher  ami,  et  en  vous  renou- 
velant l'assurance  de  mon  affection  la  plus  dévouée. 

189.  —  ST1ELTJES  A  HERMITE. 

Toulouse,  3  avril  1889. 
Cher   Monsieuk, 

Ce  n'est  pas  grand'chose  que  je  peux  dire  sur  votre  déduction 
des  intégrales  qui  représentent  \„,  mais,  puisque  vous  y  tenez, 
je  ferai  de  mon  mieux. 

Il  me  semble  qu'après  avoir  obtenu 


(O 


1  —  HX^r-V.1         J  l  — 


/1  —  J.01.X -h  a.'1       J       1  —  a  (a?  -+-  sj  x- — 1  cosep) 


3g6  CORRESPONDANCE    d'bERMITE    ET    DE    STIELTJES. 

il  n'est  pas  nécessaire  de  faire  aucune  supposition  concernant  la 

valeur  de  x  el  qi pourrait  raisonner  ;iin>i.  Quelle  que  soit  la 

valeur  de  x  |  réelle  ou  imaginaire  i,  on  pourra  toujours  donner  au 
module  <l<'  oc  une  valeur  tellement  petite  qu  on  .lit  constamment 

mod  % \x  -+-  \/x2 —  i  cos  »  )  <  i 
et  alors 

/  r  =7   a"(.r  -+-  \fx- —  r  cos«p  >" 

I  —  x\x  -+-  v  .r2  —  I  cos  ©  )        ■* ^ 

0 

et.  par  conséquent, 

X,t  =  -    /      \x  -+-  ^x- —  i  coscp)"  dv. 

Mais,  à  I  égard  de  cette  formule  (i),  il  faut  remarquer  que,  à 
proprement  parler,  on  doit  bien  indiquer  la  valeur  du  radical 
ambigu  \\ — aaa-'  +  a-.  Quel  que  soit  ./•,  la  formule  est  exacte 
pour  a  =  o  en  prenant  le  radical  -f-i,  et  c'est  là  la  raison  (pion 
obtient  ( 2 )  sans  faire  aucune  hypothèse  relative  à  x. 

Mais  supposons  ./  réel  et  supérieur  à  i , 


x  -+-  <^x- —  i  cos  o 

restera  toujours  positif  et  si,  maintenant,  nous  supposons  aussi 
a  réel,  positif  et  très  grand,  \ou>  voyez  directement  que  l'inté- 
grale e>i  négative;  ainsi,  au  lieu  de  (i),  il  faudrait  écrire 

r71  rf» 


\f  \  —  -2'j.x  -^  y.'1      J       i  —  oc(x  -t-  \/x2  —  1  cos<p) 

On  suppose  a  assez  grand  pour  que,  constamment, 

moda(j  -+-  \/x'z —  i  cosep)  >  i 

et,  développant  alors  suivant  les  puissances  descendantes  de  a,  on 
obtient 


(3) 


:  -  1  r  d'r 

J0     [x-t-s/x1  —  i  co- - 


M. lis,   si   nous  avons  dû  supposer  ici  X  >  î .  cela  tient  à  la  cir- 
constance suivante. 


LETTRK    189.  397 

Si  l'on  se  place  au  poinl  de  \ni'  Le  |  »  I  m  s  général,  on  a 
(3')  X„  =  ±ir" 


11 J0      (.r  +  ^-icostp)"^ 

et  il  faut  prendre  le  signe  supérieur  ou  inférieur  selon  que  La 
partie  réelle  de  x  est  positive  ou  négative.  Dans  le  cas  où  La  partie 
réelle  de  x  esi  nulle,  L'intégrale  n'a  pas  de  sens.  C'est  ce  que 
remarque  aussi  M.  Jordan. 

Voici  comment  j'ai  cherché  à  rattacher  ce  résultat  à  votre  mé- 
thode. 

D'abord  une  remarque  sur  voire  pdinl  de  dépari 


rri 


dt 


B        2  \/AB 

J'observe  que 

.  f°°     dt 

est  une  fonction  uniforme  (dans  un  tel  cas,  il  serait  peut-être  plus 
précis  de  dire  bien  déterminée)  admettant  la  coupure  de  o  à  —  30. 

En  posant  donc 

z  =  r.e'fK 

il  faut  faire  varier  /•  de  o  à  -+-  00,   9  de  o  à   rt  it,  mais  6  ne  doit 
jamais  franchir  ces  limites  db  it.  Mais,  pour  B  =  o,  on  a 

/(«)  =  - 7=. 

2  V  S 

ys  étant  réel  et  positif.  Donc  on  aura,  à  cause  de  la  continuité, 
généralement 


2/4(cos.i  6  -+-  i sinjO) 
En  somme,  dans  la  formule 

2  y  z 

l'argument  de  \J  z  varie  entre  ±  -■>   c'est-à-dire  la  partie  réelle 
de  \Jz  est  positive. 


898  CORRESPONDANCE    D'eERMITE    ET    l>K    SïlELTJES. 

^insi,  j'écris 


dt 


A*2-t-B  /Tj 

!A1/a 


et  il  faut  prendre  ici  le  radical  l/-.  avec  un  tel  signe  que  la  partie 
réelle  >oii  positive.  De  même,  dans  la  formule 


I 


1  A  —  B  ; (À  —  B  )  cos  tp         ^ 


i/I 


Si.  maintenant,  je  prends  avec  von-; 

l    A  —  1  —  j.  '  .r  —  \J  x- —  1)  =  1  —  -/.;. 

-,  I  

)  B  =  1  —  %  \x  -H  /a?2  —  j)  =  1  —  — , 

je  vais  supposer  d'abord  #  quelconque  mais  moda  assez  petit  pour 
([ne  B  et  A  soient  sensiblement  =  1 .  alors  on  obtient  la  formule  (1); 
le  radical  étant  aussi  sensiblement  1  et,  de  là.  la  formule  (2). 
Mais  il  est  un  peu  plus  difficile  d'obtenir     >  l  ou  mieux.  (3'). 

Remarques  préliminaires.  —  Les  parties  réelles  de 

A.  =  p  H-  qi         et  de  r-  =  %      J 

onl  même  signe. 

Donc,  le>  parties  réelles  de 

;  =  x  —  y/.r-  —  1  et  de  £   =  x  -+-  y  x-  —  i 

Ç 

oui  même  signe  et  ce  signe  sera  aussi  celui  de  la  partie  réelle  de 


et  riicore  (en  supposant  co  réel)  de 


a?  -t-  ya? —  1  c<>s  ta  =  ;  sin2  -(f  +  r  cos-      o. 


On   voit   par  là  que  x -\- \}x2 — -icosœ   ne   peut  s'annuler  (jue 
lorsque  x  est  purement  imaginaire. 


LETTRE    1  ÎS1>.  399 

Cela  étant,  je  reviens  aux  formules  |  {)  el  (5). 
Je  suppose  ./•  (| uclci hkj ne,  seulemenl  pas  sur  l'axe  des  V   de 
sorte  que  sa  partie  réelle  ;iii  un  signe  déterminé  qui  sera  ;uis>i  le 

signe  de  la  partie  réelle  de  c  <■!  de  =  •  lin  suite,  je  suppose  le  module 

de  a  très  grand,  <lc  sorte  qu'on  ;i  sensiblement 

et  ainsi,  dans  la  formule  (4),  on  a  sensiblement 

/B  /7 

V  A  =  V* 

et  comme  il  faut  prendre  le  radical   te]   que  la  partie   réelle  soit 
positive 

'B 


\A 


où  il  faut  prendre  le  signe  supérieur  ou  inférieur  selon  que  la 
partie  réelle  de  x  est  positive  ou  négative.  Il  en  sera  de  même  dans 
toutes  les  formules  suivantes. 

Le  second  membre  de  (4)  est  donc  sensiblement 


t| 


si  donc  y/i  —  aax  +  a2  est  pris  avec  un   tel  signe  que  ce  radical 
est  sensiblement  =  a  (on  suppose  moda  très  grand),  il  vient 


,    T*     ,  =  f  - 

1  —  '!aj+a2         /       1  —  a 


v/i  —  -iaa?  -+-  a2        /      1  —  a.(x  -r  y/-*'1  —  '  coscp) 


Nous  avons  remarqué  déjà  que  x  +  \/x'2 —  reoscp  ne  s'annule 
pas;  en  supposant  donc  moda  suffisamment  grand,  on  aura  con- 
stamment 

moda  (a?  -1-  \/x-  —  1  coscp)  >  1 . 

Il  est  permis  alors  de  développer,  suivant  les  puissances  des- 
cendantes    de    a,    ...,    ce    qui    conduit    directement    à    la     for- 


4oo  CORRESPONDANCE    d'hERMITE    ET    DE   STIELTJES. 

mule(3') 

x„=±i  f*7 =â 

71  Jo     (.r-t-y/a?2 — i  cosœ)"    ' 

Je  vous  demande  pardon  de  ces  longues  et  minutieuses  consi- 
dérations donl  le  fond  se  trouve  aussi  dans  le  Livre  de  M.  Heine; 
il  n'\  a  que  de  légères  différences  de  forme.  Naturellement,  on 
pourrait  aussi  considérer  votre  seconde  substitution 


Si   l'on  suppose  x  très   petil    (pour  développer  ensuite  comme 
vous  suivant  les  puissances  croissantes  de  a),  on  a  sensiblement 


A-t         B-J.         ,/f^ 


(  signe  H-  ou  — ,  selon  le  signe  de  la  partie  réelle  de  x)  et  le  second 
membre  de  (  {)  est  sensiblement 


;,   ;, 


doue,  ^i  \  i  —  >■  'J-i:  +  a-  est  sensiblement  =  -f-  i ,  un  a 


v/i  —  nj  +  a-        /       . 


a?  H-  \/ir'2  —  i  cos  cp  —  a 

et  développant  suivant  les  puissances  croissantes  de  a  (ce  qui  est 
permis,  puisque  x-\-  y'x- —  i  cosœ  ne  s'annule  pas),  on  retrouve  (3'). 
Mais  je  dois  terminer  cette  longue  lettre  qui  aura  déjà  mis  à 
l'épreuve  votre  patience. 

\  euillez  bien  toujours  me  croire  votre  bien  dévoué. 

lJ.  S.  —  A  l'appui  de  la  demande  que  je  vous  ai  faite  dans 
ma  dernière  lettre,  je  ferai  observer  que  vous  avez  dû  corriger  les 
épreuves  de  bien  des  Notes  que  vous  avez  présentées  en  mon 
nom  à  l'Académie  et  que  ce  ne  serait  que  juste  si  je  vous  rends 
un  service  analogue. 


LETTRE    L90.  4.O  I 

190.  —  HERMITE  A   STIELTJES. 

Paris,   '1  avril   [889. 

(  <HEK      A  M  1, 

Ce  n'est  pas  tout  à  lait  une  inadvertance  niais  peut  s'en  faut;  en 
tout  cas,  c'est  une  négligence  que  de  n'avoir  pas  fail  attention  que, 
dans  la  formule  de  Laplace, 


■■>=Lfi- 


do 


cos©  y/ x'1  —  1)" 


le  second  membre  doit  être  pris  tantôt  avec  le  signe  -(-,  comme  je 
l'écris,  et  tantôt  avec  le  signe  — ,  ce  dont  Laplace  s'est,  je  crois, 
peu  inquiété.  La  méthode  tirée  de  la  considération  de  l'intégrale 
définie 

Ç °°        rit  t. 

me  semble  rendre  bien  compte  de  cette  circonstance. 
Revenant,  en  effet,  à  l'expression  pins  générale 

r+x  dt 

J_x     G*»+aH*H-K' 

où  G,  H,  K.  sont  des  constantes  réelles  on  imaginaires  et  repré- 
sentons les  racines  du  dénominateur  par 

—  H  ■+-  i  /GK  —  H*  —  H  —  i  /GK  —  H* 

z0-—        —  ,  Zl-—         —x- 

Si  l'on  admet  que  dans  z0  le  coefficient  de  i  soit  positif,  on  a  la 
valeur 

~  A  («0  —  «1  )  _  t/GK  —  H9-  ' 
tandis  qu'il  faut  prendre 

J  =  — 


v/GK  -  H 2 

si  le  coefficient  de  i  dans  cette  même  quantité  est  négatif.  C'est, 
en  effet,   la  conséquence  de  l'expression  générale  de  l'intégrale 

26 


!\02  CORRESPONDANCE    D  HERMITE    ET    DE    STIELTJES. 

/       f(t)dt  par  a/-ï.  où  ï  est   la   somme  fies    résidus  de  f(t) 

pour  les  seuls  pôles  < j n i  soient  au-dessus  de  L'axe  des  abscisses. 
En  appliquant  cette  règle  an  cas  particulier  de 

dt  - 


Ar2  +  B 


v/AB 


où  A  =  x  —  a  —  \x-  —  i .  B  =  x  —  a  +  y/x2  —  i  :  vous  voyez  qu'il 
faut  prendre,  dans  le  second  membre,  le  signe  4-  on  le  signe  — , 
suivant  que  le  coefficient  de  i  dans 

*Vi 


■?.a.x  -*-  x- 


r  —  a  —  \  x-  —  1 

esl  positif  ou  négatif,  ou  encore  suivant  que  la  partie  réelle  de 

y/ 1  —  2  a  x  —  a'2 
./•  —  a  —  y  .?•'-  —  i 

est  positive  ou  négative. 

Cela  posé,  j'envisage  le   cas  de  x  infinimenl   petit,   puisque  je 
dois  faire   le  développement,   suivant   les   puissances    croissantes 

de  a,  de 

i 

./■  —  cosœ  \  x-  —  i  —  a 
Il  suffit  alors  de  considérer  la   partie  réelle  de  -—=   ou 

x  —  \/:T2  —  I 


encore  de  X  +  sjx-  —  i .   Soit  donc 


./•  —  iy  —  \A  x  -+-  iy  r-  —  r  =  X  -t-  i  Y. 

L'équation  \  —  o  donnera  la  limite  de  séparation  des  régions 
du  plan  où  X  est  positif  de  celles  où  X  est  négatif.  Or,  on  a 

X  =  ix  —  \/(x  -t-  iy  )- —  i  -i-  /(.r  —  iy  i'2 —  [ 

et  l'équation 


2 x  -+■  \/{x  -+-  iy  i-       i  -h  \/(  .r  —  iy  )-  —  i  =  o 

se  réduit,  en  faisant  disparaître  les  radicaux,  simplement  à  x  =  o. 
C'est    la  conclusion   donnée   par   M.   Jordan;   mais    qu'il  est  peu 


LETTRE    191.  I" '• 

agréable  et  |>eu  honorable  de  faire  disparaître  les  radicaux  comme 
font  les  derniers  des  (''colins!  En  tout  cas,  La  remarque  est,  je 
crois,  à  faire  dans  mon  premier  ou  mon  second  volume. 

En  attendant  votre  avis,  croyez  toujours,  mon  cher  ami,  à  mon 
bien  sincère  attachement. 

M.  Sonine,  professeur  à  Varsovie,  ;i  trouvé  une  forme  nou- 
velle du  reste  pour  la  formule  sommatoire  d'Euler  et  celle  de 
Stirling. 

Dans  celle  dernière,  au  lieu  du  terme  complémentaire 

0 .  H .,  [ 


il  obtient 


m  o  <  9  <  - 


,n{-in  —  ii  .r1"  ■' 


>  m  >.n  —  i)  {ce -h  0)2"-1 


\  ous  verrez  son  article  dans  les  Comptes  rendus  de  la  prochaine 
séance. 

191.    —  STIELTJES  A   HE R MITE. 

Toulouse,  5  avril  1889. 

Cher   Monsieur, 

Je  ne  peux  assez  vous  exprimer  le  plaisir  que  vous  me  faites  en 
acceptant  mon  offre  de  vous  aider  à  la  correction  des  épreuves 
dune  seconde  édition  de  votre  Cours,  et  je  ne  pourrai  m'occuper 
plus  utilement  pendant  les  vacances,  car  les  terribles  chaleurs,  à 
Toulouse,  ne  permettent  point  un  travail  un  peu  difficile. 

C'est  vous  qui  m'avez  appris  quelque  chose  sur  les  intégrales  X„  ; 
sachant  ce  qu'a  fait  là-dessus  M.  Heine,  je  n'ai  pas  pensé  à  faire 
mieux;  votre  méthode  à  lever  l'ambiguïté  du  radical  dans  la  for- 
mule   /      - — r =r  me  semble  bien  préférable.  La  seule  chose  dans 

,  '       A  t-  -t-  B  ' 

o 

ma    lettre    qui    pourra   vous   avoir  été    agréable    c'est  la   méthode 
simple  (de  M.  Heine)  de  reconnaître  que  les  parties  réelles  de 


\i      p      -r  ~  \/x- 


ont  toujours  même  signe  et  s'évanouissent  simultanément. 


\n\  CORRESPONDANCE    d'hKRMITE    KT    DE    STIELTJES. 

\  \  rai  dire,  je  ne  s;n>  pas  si  ce  que  je  vous  ai  écrit  sur  I  intégrale 


III      er-*tdxdy 


a  été  rédigé  avec  assez  de  soin  pour  être  imprimé.  Si  vous  croyez 
qu'il  suit  préférable  < j 1 1 < •  je  refasse  une  uouvelle  rédaction,  je  mus 
tout  disposé  à  la  faire. 

L'expression  «In  reste  de  la  formule  de  Stirling  de  M.  Sonine 
est  bien  jolie.  Il  y  a  quelque  temps,  j'ai  trouvé  une  démonstration 
(pour  ainsi  dire  s\  nt  lié  tique)  de  la  l<  >i  ni n le 

h  >g  l' i  a  l  —  (  a )  log  a  —  a  +   -  log!  lit)  -4-  J  (a 

(jui  me  semble  assez  curieuse,  étanl  fondée  sur  votre  notion  de 
coupure  dune  intégrale  définie  el  votre  formule  pour  la  différence 
des  valeur-  d'une  intégrale  définie  aux  deux  bords  de  la  coupure. 
Mais,  comme  cela  se  rapproche  un  peu  des  recherches  de  M.  Bour- 
guet,  je  ne  veux  pas  publier  a  vanl  lui....  \ussi.  la  détermination 
de  la  constante  -  logl  •>.-  >  qui  figure  dans  la  formule  s'obtient  plu> 
royalement  dans  ma  méthode  que  d  ordinaire. 

\\ant  rédigé  à  peu  près  cela  cl  sachant  que  vous  donnez  dans 
votre  cours  la  théorie  de  la  fonction  l\  je  vous  offre  ce  que  j'avais 
écrit  là-dessus,  ce  qui,  bien  entendu,  ne  vous  oblige  nullement  à 
le  lire  ni  à  me  le  renvoyer;  vous  pourrez  détruire  ce  manuscrit, 
car  je  ne  songe  nullement  à  le  publier. 

Je  suis  toujours  entièrement  abîmé  dans  mes  fractions  continues. 

Mais  ne  faudrait-il  pas  publier  en  même  temps  dans  le  Bulletin 
votre  premier  calcul  de 


/        /      e-(rt*M-26.>r+cyS|  dxdy 


par  un  développement  en  série.  C'est  là  une  méthode,  peut-être 
moins  simple  que  de  poser  ./  =pcos'J.  y— osinO,  comme  vous 
l'avez  remarqué...,  mais  elle  pourrait  bien  s'appliquer  à  d'autres 
cas....  C'esl  ce  que  je  dois  laisser  à  votre  jugement,  .le  joins 
seulement  la  lettre  qui  contient  votre  calcul. 

En  \ous  renouvelant,  Monsieur,  l'expression  de  ma  vive  grati- 


LETTRE    19-2.  !"•> 

tude  pour  avoir  bien  voulu  accepter  mon  offre,  je  suis  toujours 
\  ni ic  très  dé\ oué. 


192.  —  HERMITE  A  STIELTJES. 

Pai  is,  8  avril  i88g. 

\l<>\     CHEB      \MI, 

Je  viens  de  donner  à  M.  Darboux  voire  détermination  de  l'inté- 
grale III  (T*t  dxdydZ)  dont  la  rédaction  m'avail  paru  excel- 
lente, sans  <|ne  j'y  aie  trouvé  un  mot  à  changer.  Mais,  pour  plus  de 
sûreté,  M.  Darboux  \<>us  enverra  les  épreuves  à  corriger,  ce  qui 

\ous  permettra  de  l'aire  les  changements  i|iie  nous  jugerez  à  propos. 
Ai-je  besoin  de  \ous  exprimer  avec  quel  intérêt  j'ai  lu  la  brillante 
esquisse  de  la  théorie  de  la  fonction  logr(a)  que  vous  m'avez 
envoyée!  Je  dois,  la  semaine  prochaine,  partir  de  Paris  pour  passer 
en  Lorraine,  dans  ma  famille,  le  temps  des  vacances  de  Pâques; 
c'est  de  là  que  je  me  propose  devons  écrire  ce  qui  pourra  mètre 
suggéré  par  l'étude  attentive  de  votre  théorie  si  neuve  et  si  origi- 
nale. C'est  aussi  pendant  ce  temps  que  je  voudrais  rédiger  à  tête 
reposée,  comme  vous  l'avez  à  Toulouse  en  province,  plus  facilement 
que  les  malheureux  Parisiens,  les  applications  de  la  méthode  de 
Laplace  dont  nous  nous  sommes  entretenus.  Mais  je  suis  bien 
malheureux  en  ce  qui  concerne  %{x)  et  H(#);  il  faudra  me  borner 
à  l'indication  bien  hasardeuse  qui  consiste  à  prendre  un  terme  de 
plus  dans  l'approximation  de  l'intégrale  définie  qui  n'est,  hélas, 
qu'une  approximation  de  la  série  à  évaluer.  Ce  qui  adviendra  de 
ma  tentative  sur  6(.r,  y),  je  ne  sais,  mais  je  ne  vous  cache  pas 
que  j'ai  peu  de  confiance  dans  le  résultat,  à  cause  de  l'expression 
assez  compliquée  qu'on  trouve  pour  le  maximum  de  la  fonction 

<g2/llyïn  g—  («.«•2+26.(>'+<'jf';i> 

\  mis  serez  donc,  mon  cher  ami,  pendant  les  grandes  vacances, 
mon  collaborateur  et  mon  associé  pour  une  œuvre  dont  je  serai  à 
profiter  seul  ;  j'accepte  votre  concours  et,  je  vous  le  ré  pèle,  de  grand 
cœur;   sans  vous,  le  courage  m'aurait  manqué  et  je  n'aurais   pas 


4o6  CORRESPONDANCE    D'tlERMlTE    ET    DE    STIELTJES. 

entrepris  cette  seconde  édition  si  nécessaire  pour  qu'après  moi  je 
laisse  un  Ouvrage  élémentaire  moins  incorrect. 

En  vous  renouvelanl   mes  remercîments  et  l'assurance  de  mon 
affectueux  attachemenl . 


M. 


193.   —  HERMTTE    1    STIELTJES. 

Paris,  12  avril   1889. 
CHER     \mi. 


Ne  soyez  poinl  surpris  si  ma  correspondance  esl  un  peu  inter- 
rompue, un  nouveau  deuil  de  famille  m'oblige  de  partir  en 
Lorraine. 

Je  ne  sai>  poinl  au  juste  quand  je  serai  de  retour  à  Paris. 

Pour  essayer  de  me  distraire,  permettez-moi  de  \01is  duc  com- 
ment, à  la  leçon  que  je  devais  faire  demain  et  que  je  ne  ferai  pas. 
je  me  proposais  de  donner  les  deux  formes  du  terme  complémen- 
taire de  la  série  <!<•  Stirling. 

Après  avoir  obtenu 


r- 


1 ,,  ■  '  -  (/./■. 


ou 


-    p)  =  a  7  — ; ,    „    ,         (  n  =  1,  2,  3,  ...), 


ce  «  1 1 1 1  permet  d  écrire 
J 
je  pose 

Il  \  icnt  ainsi 


-  V 


/  •te"  •  d.r 


f"       >.e"x  dx  /""      ae*"T-ï  d\ 

.  '_      r'1  -+-  \  n  "-  -"■       J_     nrA\-  -f-  ci- 
el, en  changeant  ç  en  —  ; 

.0      .,  —t  j» 


LETTRE     19'*.  4<>7 

Cela  étant,  !<•  dé>  eloppement  loe(  1  — e--7^)  =  —  N .  donne 

immédiatement 

,0alog(i  —  e-«*Ç)  ,6 


Je  vous  renouvelle  l'assurance  de  mon  affectueux  attachemenl 


194.  —  STIELTJES  A   HERMITE. 

Toulouse,   i5  avril   i.S.Sj. 
Cher    Monsieur, 

Je  vais  vous  présenter  quelques  remarques  très  élémentaires  : 
c'est  votre  grande  bonté  qui  me  fait  espérer  que  vous  les  ac- 
cueillerez avec  indulgence. 

Il  y  a  quelques  mois,  vous  m'avez  fait  remarquer  que  le  coeffi- 
cient du  binôme  (m)H  est  divisible  par  .,  d  étant  le  plus  grand 
commun  diviseur  de  m  et  n.  Donc  (2«)B,  terme  constant  dans  le 
développement  de  (  x  H —  )     >  est  un  nombre  pair.  Mais  je  trouve 

que    ce   nombre    est   aussi    divisible    par  n  -+-  1 .    Voici    quelques 
exemples  : 

n.  (2/*)„.       (2«)„:(n  +  i). 

1  2  1 

2  6  2 

3  20  5 

4  7°  <4 

5  252  \l 

6  924  1  >•>. 

7  3432  429 

C'est  ainsi  qu'il  suit  que  j'ai  été  amené  à  cette  remarque.  Je 


\oS  CORRESPONDANCE    1)111  IUIITF.    KT    DF.    STIELTJF.S. 

considère  la  fraction  continue 


Il  esl  clair  que  la  réduite  d'ordre  h  a  cette  forme 

x'>-i  -4-  a  x"-'A  -+-  b  .r"-5  — .  .  . 
x"  ■+-  a'xn-2-+-  b'x"-'*-^.  .  .   ' 

a.  h.  ...:  a',  b',  ...  élant  des  entiers.  Donc,  par  La  division,  on 
soit  que,  dans  le  développement  suivant  les  puissances  descen- 
dantes «le  x 

F=  ^  —  —    h—  —  ....±     X"     qr... 


tous  les  A/  sont  des  entiers. 

Mais 

F  _  y/a?2  -f-  4  —  -y  _ 

d'où  Ton  tire  sans  peine. 

A„  =  i. 

A„  = (  in  |M . 

n.  -+-  i 

.le  n'ai  pas  cherché  une  démonstration  purement  arithmétique. 
J'ai  commencé  par  dire  que  (p.ri)n  est  pair.  mais,  pour  savoir  au 
juste  quelle  est  la  plus  haute  puissance  de  i  qui  divise  (2 /?.)„,  je 
calcule  les  nombres 

„-k(2).     „=>(?).     —^(a).     .... 

et  j'ai  la  règle  suivante  : 
Si,  parmi  les  nombres 

n,     n  |,     //■>.     /?  ). 

(dont  le  dernier  est   i)  il  y  en  a  À"  qui  soient  impairs,  alors  2*  est 
la   plus  haute  puissance  de  a  qui  divise  »  2/î  ■„. 

D'après  cette  règle,  si  je  suppose  n  =  2* —  i ,  j'aurai 

ni='2ie—l  —  \.         n-i=  ■iK'-- — i.  ....         /2/,-i  =  21 —  i; 


LETTRE    19k. 


4og 


donc,  dans  ce  cas,  •>.*=  n  +  1  est  La  plus  liante  puissance  de  2  qui 

divise  (î/i)n,  c'est-à-dire  le  nombre  A„  est  impair.  J'ajoute  que 

Ions  les  autres  nombres  A„  sont  pairs. 

En  effet,  d'abord  si  n  est  pair,  A„  l'est  aussi  parce  « | u<>  1  2  n  )n  esl 

toujours  pair.  Je  n'ai  doue  qu'à  considérer  le  cas  où  n  est  impair 

niais  point  de  la  forme  2*  —  1 . 

Ainsi,  on  aura 

n  —  ir  m  —  1 , 

m  étant  impair  et  au  moins  égal  à  3.  Cela  étant,  on  a 

nt      =  ■>.''- l  m  —  1 , 
n->      =  a''-2  m  —  1 , 


pair  et         d  2. 


Donc,  dans  la  série 


")     "i-     "2, 


il  y  en  a  au  moins  /  +  1  qui  sont  impairs,  savoir  les  /•  premiers  et 
le  dernier.  Donc,  si  is  est  la  plus  haute  puissance  de  2  qui  divise 
(2n)n,  on  a 


s  1  r  -+-  1  et         n  -4-  1  =  2''  m  ; 


donc  Aw  est  pair. 

Voici  une  curieuse    génération    des  nombres  A„.   Je   forme  le 
Tableau  suivant  : 


0        1 


6 


9       10 


1 

■2 

2 

5 

5 

9 
5 

i4 

'4 

42 

I 

I 

3 

4 

'4 

28 

48 

27 

1 

i 

6 

20 

i 

1 

7 

8 

1 

r 

90 

75 


4io 


COIIRFM'i'MuMH    I)  HEIOIITE    KT    DE    STIELTJES. 


il  après  la  règle  suivante  :   Soit  la  colonne  verticale  à  l'en-tête 


ci  avant 


pai 


on  en  déduit 


n  —  i 

x-t-  p 

P  -  Y 

ï  -  r> 

A-l 

I 

/;         impair 


/*  -4-  I 

a 

P  +  « 

Y+P 

i  +  l 

i 

\  ous    voyez   figurer   dans    la    première    ligne    horizontale    les 


LETTRE    194.  4 '  ' 

nombres  A„,  mais  ce  <]ui  est  plus  curieux  1<'  voici  :  Prenez  la 
somme  des  carrés  des  nombres  qui  se  trouvenl  dans  une  colonne 
verticale,  on  retrouve  la  série 

i,      i,       >-,      "),      il,    4'».,     i32,    >'\>\),     i  i '■:<>,      |SC)>.     16796, 

=  A0,     A],     A2,     Aj,     Av,     A:;.     A,,.        \7,        A8,  A,,.         \,  . 

Mais  ce  n'est  là  qu'un  cas  1res  particulier  d'un  autre  résultai 
que  j'ai  obtenu  en  considérant  ce  problème. 

Etant  donnée  une  fraction  continue 

F  =  c" 

'•1 


Ci 


Cs 


en  déduire  le  développement 

__  An  Al  A  a  .  h.  H 

F  =   — H r   —  •  ■  •  -+-    —  l  )"   —r^ZT  -+" 

J'ai  été  surpris  de  voir  qu'il  restât  encore  à  trouver  quelque 
chose  sur  un  sujet  aussi  élémentaire. 

On  s'assure  aisément  que  Aw  est  une  fonction  entière  homo- 
gène de  degré  n  +  1  des  quantités  c0,  ci:  ...,  cn,  les  coefficients 
étant  entiers  et  positifs. 

La  solution  que  je  propose  est  renfermée  dans  les  deux 
théorèmes  suivants  : 

Théorème  I.  —  La  forme  quadratique 

0  0 

est  égale  à 

c0  [  a0  X0  -4-  a,  \  1  -+-  a2  \ 2  -+-  a3  \3  -+- .  .  .  ]2 

+  c0c,c,[[31\1+  p2X2+  p3X3  -+-...  ]2 

-+-  c0  c,  c, c3  c4  f  y2  \2  -+-  Ys  X3  -H .  .  .  ] 2 

-I-  C0  Ct  C.,C:iCtC5C6[  03X3-(-.  .  .]- 


!  I   '  CORRESPONDANCE    DHKKMITK    ET    DE    STIKLTJES. 

Théorème  II.  —  L'i  forme  quadratique 


est  égale  à 


7    7  h-i+ki-i  XjXa 


c.Ci  |  a0  \n  —  *i  X,  -+-  a,  X,  —  X3X3  — .  .  .  J2 

-4-CoC,C2C3|  3,\,-t-  3o\»-f-  33\:,  —  ...]2 

-1-  c0  f'i  c2  c3  c4  c3  [-;.;>  X2  +  -;:i  \  1  — . .  .  |'2 


Les  coefficients 


%\t     y.i.      y.,. 

Ph        p2i        pSi 

Y»-     Y»i 


(qui  tir  sont  pas  les  mêmes  dans  les  deux  théorèmes)  peuvent 
être  considérés  comme  connus,  on  les  calcule  à  l'aide  de  relations 
récurrentes  d'une  grande  simplicité. 

En  effet,  si  je  forme  le  Tableau  suivant  : 


(T, 


Ci       Ci-hC» 


c 

ÎH-CiC2 

Cl 

+c,+c3 

1 

C'j—  (j-;-  2C!  C2—  <j  r  .  Cf  -+"  2Cf  C2 -H  Ci  C|  -+-  Ci  C-2  C% 


C\  -+-  c2-f-  C3-)-  C4 


cf-i-c|-7-3Ci  C2-H2C2C3-l-C§+C3Ct 


Ci  -r-  Co  H-  C3  -i-  C4  -+-  C3 


LETTRE    194. 


ï  '  3 


(I  après  la  loi  sm\ ante 


on  déduit 


n  -+-  ï 

a  -+-  c-2  !S 

?  -+-  c4y 

T  -+-  cr,  o 

X  H-  C„ 

I 

impair 


on  déduit 


n  +  ï 

C!  a 

c3^  +  a 

c5Y  -+-  p 

c,s_2  X  -+-  A: 

C„,l  +  1 

i 

(14  CORRESPONDANCE    D  HERMITE    ET    DE    STIELTJES. 

Cela    étant,    si    j'écris    à    part    les    colonnes    de    rangs    pair    et 
impair 


(1 

2 

i 

6 

8 

*o 

«1 

'xi 

*3 

«» 

Pi 

h 

P. 

p* 

Ï2 

Y:* 

Y* 

§3 

84 

£, 

1 

:; 

,') 

7 

a„ 

«, 

X-> 

<*s 

Pi 

h 

Pa 

Y2 

Va 

83 

j'ai,  dans  le  premier  cas.  les  coefficients  qui  figurent  dans  le 
théorème  1.  dans  le  second  cas,  les  coefficients  qui  figurent  dans 
le  théorème  11. 

Si,  dans  les  deux  théorèmes,  je  ne  considère  queles  termes  avec 
les  carrés  des  variables,  j  aurai 

A,,  =    <     |, 

A,  =  r,,,^. 

A2  —   '■„(■]  —  C0Ci  r,. 

A3  =  CoCil  cj  +  c2  I2  —  '■-,<-,  '_.'■; 

A;  =   '■„''•]   -H   r,r,  |2_,_  Co  Cj  C2  I  Ci  —  C2  —  C3  r  —  C0C,  C2C3C4, 

A5=  c0c,  (c\       -  :        tc1c2-4-  c2c3  - 

—  CoCiC2C3|  C,  —  C2-+-  C3-f-  Ci  )2-+-  C0C,  c.r  ,,  ,  ,  .,. 


Vous  \ovez  que  si  l'on  a  poussé  le  Tableau  (1  1  jusqu'à  la 
colonne  n  on  peut  écrire  immédiatement  les  valeurs  de  A0, 
A, \„. 

Mais  vous  voyez  bien  maintenant  comment  mes  recherches  sur 
les  fractions  continues  m'ont  amené,  de  la  manière  la  plus  natu- 


LETTRE    195.  I  l5 

relie,  à  considérer  ces  nombres  -4,,= (2/1  )«  dont  j'ai  voulu 

vous  entretenir. 

En    vous    renouvelant,    cher    Monsieur,    l'expression    de    mon 
attachement  bien  sincère  et  très  dévoué. 


195.  —  HERMITE    1   STIELTJES. 

Flanville,  par  Noiseville  (Lorraine),  17  avril  1889. 

Mojn    cher   Ami, 

\  otre  lettre,  qui  m'intéresse  vivement,  me  parvient  en  Lorraine 
où  j'ai  été  appelé  par  un  deuil  de  famille,  comme  je  vous  l'ai  écril 
avant  de  partir.  Je  m'empresse  de  vous  informer  que,  dans  l'un  de 
ses  nombreux  Mémoires  dont  je  pourrai,  s'il  est  néeessaire,  obtenir 
l'indication  en  m'adressant  à  lui-même,  M.  Catalan  a  obtenu  la 
propriété  du  coefficient  binomial  {'in)„  à  laquelle  \<>u>  avez  été 
conduit.  De  quelle  manière  l'a-t-il  démontrée,  je  ne  le  sais,  mais 
voici  la  mienne.  Considérant,  en  général,  l'expression 

m  (m  —  1  ) .  .  .  ( ni  —  n  -+- 1  ; 
(  m  )n  =  -  —, 

1 . 2 . . .  n 

je  désigne  par  0  le  plus  grand  commun  diviseur  de  m  -+-  1  et  /i,  et 
je  pose  la  relation 

0  =  (m  +  i)A  +  «B 

où  A  et  B  sont  entiers.  Cela  étant  et  après  l'avoir  écrite  ainsi 

0  =  1  m  —  n  -h  1)  A  H-  (A  -t-  B  )  n, 

je  multiplie  les  deux  nombres  par  le  facteur 

m  (  m  —  1  ) . .  .  (  m  —  n  -+-  2  ) 
1 .  2 .  .  .  n 

ce  qui  donne  facilement 

nu  m  —  [)•••( m  —  n  -+-  2  )  & 

— — — — 8  =  ( m  )„  A  -+-  (  m  )„_,  B. 

En  représentant  par  E  le  second  membre  qui  est  entier,  on  a 


4l()  CORRESPONDANCE    d'hERMITE    II     DE    STIELTJKS. 

(lune 

i  m  1,0  =  (m  —  n  —  i)E. 


1)1  Il   I 


cl  vous   voyez  ainsi  que  i  m  •„  esl   divisible  par  -  — ^ —  — •   Soit 

ni  =  '  //.  les  entiers  ■> .  //  —  i  el  n  son!  premiers  entre  eux,  o  =  i  ei 
le  coefficient  (2/i)w  est  effectivement  < li visi ! >le  par  ji-|-ij  mais 
votre  méthode,  tirée  d'une  identité  algébrique,  est  puisée  à  la  vraie 
source  des  plus  importantes  propriétés  des  nombres.  Je  vois  avec 
infiniment  de  plaisir  combien  vous  avez  heureusement  profité  du 
rapprochement  si  original  el  dont  personne  n'avait  jamais  eu  l'idée 
(\<-  la  décomposition  en  carre-  des  formes  quadratiques  à  \]n  nombre 
infini  d'indéterminées  avec  la  théorie  des  fractions  continues  algé- 
briques. Le  Mémoire  auquel  vous  travaillez  sera  extrêmement  inté- 
ressant, on  se  rappellera  peut-être  en  vous  lisant,  qu'autrefois,  il  v 
a  bien  des  années,  les  fonctions"  V,  Vt,  V2,  •••  du  théorème  de 
Sturm,  qui  onl  pour  origine  un  développement  en  fraction  con- 
tinue, ont  été  .iiis-i  rattachées  à  la  décomposition  en  carrés  d  une 
forme  quadratique,  mais  ces  questions  sont  maintenant  si  loin  de 
moi,  qu'il  me  faudrait  pour  v  revenir  un  effort  que  je  n'ai  pas  le 
courage  de  faire.  Et  puis  je  vais  tacher  de  rédiger  les  applications 
de  la  méthode  de  Laplace  dont  je  dois  faire  un  article  pour 
l'Institut  de  Bologne.  En  comptant  au  besoin  sur  vous,  mon  cher 
ami,  pour  ce  travail  si  quelque  chose  survient  qui  me  fasse  obstacle, 
je  vous  renouvelle,  avec  mes  félicitations  pour  tout  ce  que  vous 
venez  de  rencontrer,  l'assurance  de  mon  bien  affectueux  atta- 
chement. 

196.  -  STIELTJES  A   HE  H  MITE. 

Toulouse,  22  avril  1889. 
Cheii    Monsieur, 

Vous  avez  parfaitement  raison,  parmi  quelques  Mémoires  de 
M.  Catalan,  que  je  possède  grâce  à  l'obligeance  de  l'auteur,  se 
trouve  un  article  Sur  les  nombres  de  Segner.  M.  Catalan  désigne 
par  Tn  le  nombre  de  manières  dont  un  polygone  convexe  de 
n  côtés  peut  être  décomposé  en  triangles  au  moyen  de  ses  diago- 
nale-.  L'on  a  T.-,  =  2.  Ts  =  5.  Tc=  1  \.   ...,   ce    sont   précisément 


LETTRE    I9G.  \\~ 

les  valeurs  tic  Â.2j  A:î,  A-,,  ...,  el  il  doit  y  avoir  lu -dessus  des  articles 
dans  les  Tomes  III  etTV(ire  série)  du  Journalde  Liouville. 
Je  reviens  un  instant  sur  mes  formules 

(I)  )  )  A/+/,.X/X,,.     =c»(«o,ii^o+«o,iX1+a(),2X2+...)'- 

-+-  (•„f1c.,(aMXI+  ai]2X2-4-. .  .  i- 

-I-  C0  Ct  C-i  C.t  Ci  (  (7.,,,  \  o  -I-  .  .  .  I- 


(II)  22A''+X'+lX/X/,'=  coCi(/>o,oXo+6o,iX,H-  60,îX2-H.  .  .)* 

h-  c0clc2c3(6i)1  X,-t-  6i,2X2-t-. .  .)2 

-4-  C0  C'i  C'o  C3  C4  C5  (  62,2  X2  ■+-  .  .  .  Y2 


pour  remarquer  que  leur  vérification  est,  pour  ainsi  dire,  immé- 
diate. 

En   effet,   supposons    que,    par   le    développement  des   seconds 
membres,  on  obtienne 

22a'.*x*x*    et    22PaXi"XA' 

je  dis  d'abord  que  l'on  a 

En  effet, 

*/, /«-m  =  Co#o,j«o,/.-m  ■+■  CoCi^a^j-a^A+i-l-.  .  . . 
?/,/.     =  c0  c,  è0,j60,  a-  H-  c0  ci  c2c3  6,  ,,-6i,a-  -f-   ... 

mais  les  lois  de  récurrence  sont 

6o,«=  «0,«+  C2Oi,n, 
&i,»  =  «i,«-+-  c4a2)W, 

O,  „  =  Cl-ii,  -H  Ci;  rt:ji„, 


et 

«1,/j-m  =  60,rt-+-  c3 /;,,„, 

a2i„  ,  i  =  A,,,,  -+-  cg62)„, 

«3,«+l  =  6-2,/;  +  C763i„. 


1  l  S  CORRESPONDANCE    D'iIERMITK    ET    DE    STIBLTJES. 

Exprimons  donc  les  a0  *+l  |>;h'  les  //t,^  et  les  b0  t  par  les  a0  /,  ...  r 
on  aura 

k/,*+i  =  c0a0,«(ci6o,A-)  -+-  CoC1c2ai,»(èo)A-+-  Cj^i.â) 

-+-  c0 C^Cjr, Ci a2j( bu/c-h  C-ab.2J;)  ■+-.-.., 

P/.A      =  c0Cibo^(a0liH-  c2aui)  -+-  c0CiC2c36l,A(ai),-l-  c4a2,,) 

H-  CoC^oCaCiCj^;,,/,!  «2,, -H  c6a3,,-)  -t-.  .  . . 

L'identité  de  ces  expressions  est  manifeste. 
Il  esl  clair  qu'on  a  pour  la  même  raison 

donc 

a<\A-)-i  =  a«'+l,A, 

d'où  il  est  facile  de  conclure  que  l'on  a  généralement 

lorsque 

i  -+-  /.'  =  r  -+-  s. 

On  voit  par  là  qu'il  existe  effectivement  une  série  de  quantités 

A,,.     A] .      A;.      A.î. 

qui  satisfont  identiquement  aux  relations  (I)  et  (II). 

Ce  point  établi,  on  connaît  aussi  les  valeurs  des  déterminants 


P«  = 


A,      ...      A». 


^•«-1       ^2n- 

et  l'on  en  conclut  que  la  série 


Q.= 


A,      A2 
A„      .  . 


A.2/1     1 


A0        A]        A  2        A3 

X  x'2  X6  X* 


donne  la  fraction  continue 


'■:< 


LETTHE    196  .4 19 

Vous  voyez  que  celte  vérification  est  bien  simple,  m;iis  j'ai  été 
conduit  ù  ces  formules  par  l'examen  attentif  de  certains  cas  parti- 
culiers, principalement  ceux  que  j'ai  indiqués  dans  les  Comptes 
icn  dus  dernièrement. 

Mais  je  vais  montrer  maintenant  que  l'on  peut  se  dispenser  de 
considérer  La  forme  quadratique 


22A/+/,'+iX'X/" 


à  condition  d'écrire   La  fraction  continue  sous  une  forme  Légère- 
ment modifiée. 

On  a,  en  effet,  aussi 

à.q  A[        Ag  ^        ^ Ço 

X  X'1  X3 


X  -+-  cr 


CaCi 

X  -+-  C-2  -+-  C3  — 


X  -t-  C\  -h  Cs  —  . 


la   />""ie  réduite,  ici,    est  identique  avec  la  (2/?)"""'  réduite  de  La 
première  fraction  continue. 

D'autre  part,  d'après  l'algorithme,  on  a 

««,»•+!  =  CfH-Cg-K  ..-+-  c2„+), 

en  sorte  qu'on  peut  énoncer  cette  proposition  : 

L'identité 

VV  A/+*X/X*  =  EofX  +  ajXj-t-  a2X2 -(-...]* 

+  ei[X,-HptX, -+-...]* 

+  £2[X2  +  ...]2 


entraîne  cette  autre  identité 

■^o_AJ,AJ_:Ai_|_       _  

37         a?2         ^:i         ic* 


a?-t-Y3—  fV 


J'ai  pensé  aussi  comme  vous  qu'il  doit  exister  certains  rapports 
entre  mes  formules  et  les  recherches  sur  le  théorème  de  Sturm  et 


420  CORRESPONDANCE    d'hERMITK    ET    DR    STIELTJKS. 

sur  votre  méthode  pour  trouver  le  nombre  des  racines  réelles, 
basée  sur  la  considération  de  certaines  formes  quadratiques.  Ces 
deux  méthodes,  si  différentes  au  premier  abord,  ne  le  sonl  cepen- 
dant pas  pour  le  fond,  je  crois.  Mais,  en  ce  moment,  je  n'ai  pas 
toutes  les  facilités  puni-  étudier  ce  sujet,  la  bibliothèque  étanl 
fermée  pendant  les  vacances. 

Veuillez  bien  me  croire  toujours,  cher  Monsieur,  votre  profon- 
dément dévoué. 


197.  _  H  El!  \llïi:    I   STIELTJES. 

Flanville,  25  avril   1889. 
Mo\     CU  Kl!     A.  Vil, 

Il  me  semble  qu'il  n'y  ait  plus  rien  à  ajouter  au  dernier  théorème 
que  vous  m'avez  communiqué;  1  identité 

^A,-+tX,X,,=  £0(X  -j-a1X,-H...)2+s1(X1-i-p2X2^...)2-^...) 

d'où  \  ous  concluez 

Am)       Ai       A2  _  eq 

x         -r1         x:<  s,  :en 


x  -+-  a  1  — 


X  ■-  fS2  —  «!-!-.._ 

constitue  un  résultat  définitii  et  que  je  juge  le  couronnement  de 
vos  recherches.  Ce  n'est  point  du  premier  coup  que  vous  y  êtes 
parvenu,  mais  vous  n'avez  pas  à  regretter  vos  efforts;  il  11  y  a  cer- 
tainement rien  dans  les  nombreux  travaux  dont  les  fractions  con- 
tinues ont  été  le  sujet,  de  notre  temps,  qui  approche  de  votre  beau 
théorème.  Le  point  de  vue  sous  lequel  nous  vous  êtes  placé  est 
entièrement  nouveau  et,  quand  j  ai,  autrefois,  touché  à  la  question 
eu  m'occupant  du  théorème  de  Sturm,  c'est  d'un  autre  côté  que  je 
me  suis  dirigé,  comme  vous  allez  voir,  par  la  remarque  suivante, 
qui  esl  d'ailleurs  >au^  portée.  \  ous  savez  qu'en  posant 

\  =  1  x  —  h  m  X  —  b  ) .  .  .  (  x  —  /  ), 

si  l'on  envisage  la  forme  quadratique 

F  =  — —  (X  -+-  aY-h. .  .)«H l—r  (  X  -  6Y  +  .    .)*  +  . . ., 


LETTRE    lî>7 


421 


qui  esl  une  fonction  symétrique  des  racines,  !<■  nombre  des  carrés 
rsi  égal  ;m  aômbre  des  racines  réelles  moindres  que  .r,  augmenté 
du  nombre  des  couples  «les  racines  imaginaires,  lu  si  Ton  pose 

F  =  V  A,-,/  X,  \/,         (i,  />  =  0,  1 ,  i,  ...),  Ai)A=  A/,.,,-, 

les  coefficients  de  ces  carrés  sont  lu  suite  des  déterminants 


Aq.O   y-'  -^1 


A  0,0        *1,J 

■^2,1        '^1,1 


Généralisons  en  remplaçant  la  forme  F  par  celle-ci 

1  p 

— ■ (  X  -+-  aV  -h .  .  .  )■-  H r  (X  ■+-  6Y-+-  ...  )2  H-  ...  -  ft> 


el  soit 


v 


y.  =  y    a 

V        <£.*  - 

AB(a-  by- 

(x  —  a)  (x  —  b) 


Ao, 


A,, 


V,  _  yi  ABG(a-6)Mff.-c)2(6-c)2  _ 
V    ~  ^        (x  —  a){x —  b)(x  —  c) 


J'observerai  que  les  quantités  A0,  A,,  A.,,  ...  ne  changent  point 
en  remplaçant  dans  <t>  l'indéterminée  X  par 

X  -  ./Y  —  x*  L  — . . . , 

ce  qui  donne  la  transformée 
A 


2 


Cela  posé,  soit 


|  X  -+-  (  a  —  x  )  Y  -4-  (  a  *  —  x 2  ;  Z  -+-  .  . .  |  «  =  0 . 


Vous   voyez  ensuite    que    tous  les  autres   coefficients  sont  des. 
polynômes  entiers  en  x,  et  de  l'expression  sous  forme  de  cléter- 


I  •  ' 
minant 


CORRESPONDANCE    I)  HK.R>IITE    ET    DR    STIEI.TJES. 


£=*,-,= 


y, 

V 


Pu,. 

Pl,0  ''l.l 


■<».;'  •  1 
Pl.l-Hi 


'/  •    1,0         *   l-Hl, 


P«- 


résulte  qu'on  peut  écrire,  en  désignanl  par  G  et  H  des  polynômes 

entiers, 

V, 


c'est-à-dire 


Y=GV' 


V,=  GV, 


II. 


H\. 


Mais  peut-être  \  audrait-il  mieux  employer,  au  lieu  de  la  forme  0, 
cette  autre  transformée  de  #,  pour  laquelle  les  quantités  A,  sont 
les  mêmes  que  dans  F, 

7   — ■ rX-H(ar  —  a  i\'-h  (x  —  a  )2Z  -H.  .  .  ]-. 

-~  x  —  a 

Les  coefficients  s'expriment  alors  parles  sommes  des  puissances 

\\.r  —  a  )"'  =  S,,.r'"  —  mx  S,  a-'»-1  -+-  />/2S2.r"'  ■*  — 

Encore    un   mot  au   sujet   de   l'intégrale    /     f(x)dx  et  de  la 

méthode  de  Laplace,  qui  consiste  à  poser  f(x)  =  f(a)e~r'  lorsque 
f{x)  n'a  qu'un  seul  maximum  pour  x  =  a. 

En  posant  F(x)  =  i  /  log'-j- — ,  cette  équation  devient  F(#)  =  t, 

avec  la  condition  de  x  =  a  pour  /  =  o.  Ne  convient-il  pas  de 
remarquer  que  la  valeur  de  x  sous  forme  de  série  en  t  se  tire  de  la 
formule  de  Lagrange  pour  la  résolution  de  l'équation  x  =  a-\-  t  '-d(x), 

-  •>  lorsqu'on  fait,  après  la  dinerentiation, 
—        i .  i . . .  n  '  l 

x  =  a?  Il  suffit,  en  effet,  de  poser  — =F(x)  pour  obtenir  la 

proposée. 

En  vous  informant  que  je  serai  de  retour  à  Paris  dimanche,  je 
vous  renouvelle,  mon  cher  ami,  l'assurance  de  mon  bien  affectueux 
attachement. 


LETTRE    lï)H.  4^3 

198.  —  STIELTJES  A   HERM1TE. 

Toulouse,  •>-]  avril   1889. 

Cm:  11   Monsieur, 

Il  y  a  certainement  des  rapprochements  ;'i  faire  entre  mon  travail 
et  les  travaux  classiques  sur  le  théorème  de  Slurm  et  sur  votre 
méthode.  La  forme  quadratique 

F=      — - — (X0-4-«Xi-t-a2X2  +  ...)2 


x  —  a 

1 
x  —  b 


(X0H-ôX1-+-6*X2-f-...)2 


est  aussi  de  cette  forme  particulière  j  A^X/X^-,  le  coefficient 
de  XjX*. . .  dépendant  seulement  de  i  -f-  k ",  et  je  remarque  encore 
que  le   point  de  départ  de    mes   recherches  est  la  recherche  du 


minimum  d'une  intégrale 


rf    du     .  .  „  ,    , 

[i  -+-  ai(x  —  u  )  -h  a-2(x  —  a)2  H-.  .  . -t-  an(x  —  u)n\  au; 


f 

J      x  —  u 


c'est  peut-êti'e  aussi  à  rapprocher  de  l'expression  F.  Mais  nous 
voilà  à  peu  près  arrivés  à  la  fin  des  vacances  et,  mon  travail  ayant 
pris  plus  d'extension,  il  me  reste  encore  beaucoup  à  faire. 

Je  ne  crois  pas  me  tromper  (mais  je  n'ai  pas  en  ce  moment  la 
bibliothèque  à  ma  disposition)  si  je  me  rappelle  que  votre  remarque 
sur  l'application  de  la  série  de  Lagrange  au  développement  de  x 
suivant  les  puissances  de  t  ayant  f{x)  =  f(a)e~l*  se  trouve  déjà 
dans  l'exposition  même  de  Laplace  de  sa  méthode. 

Voici  une  curieuse  identité  algébrique  que  j'ai  rencontrée  che- 
min faisant.  Parmi  mes  fractions  continues  est  la  suivante  : 


n 


e~x*  dz 


j  2  |  CORUESPONOANCE    D  HKRMITK    ET    1)F.    STIKLTJES. 

pour  a  =  i .  2 .  on  retombe  sur  les  deux  premières  que  j  ai  obtenues, 
cette  formule  est  même  renfermée  dans  une  autre  où  figurent  deux 
paramètres  a  el  b. 

Mais  je  prends  a=  —  n.  n  étant  entier  et  positif,  alors 

(»)„  (n)i  //  i:  I  n  ),, 


x  -+- 
2' 


2  (  /l  —  I  ) 

3(n  — a) 


Je  ne  crois  pas  que  ce  soil  facile  à  démontrer  dune  autre  façon. 

II  me  faudra  encore  beaucoup  de  travail  pour  coordonner  les 
résultats  que  j'ai  obtenus  et  surtout  pour  m'assurer  qu  il  n  en  reste 
pas  d'autres  qui  m'auraient  échappés,  de  manière  à  avoir  un 
ensemble  à  peu  près  complet. 

En  vous  renouvelant,  cher  Monsieur,  I  assurance  de  mon  entier 
dévoûment,  je  suis  toujours  votre  très  reconnaissant. 


199.  —  HERM1TE  A  STIELTJES. 

Paris,  5  mai  1889. 

Mok  cher  Ami, 

J'ai  donné  dernièrement,  dans  une  leçon,  pour  origine  à  la  série 
de  Gudermann,  qui  a  beaucoup  attiré  votre  attention,  l'intégrale 


r°      ,e'(t  —  i)-t—>.    , 
J  =   /      eat—  —- —        -  dt. 


En  employant  l'identité 

1 


=  1  -+-  e'  ■+■ . . .-+-  eK 


on  obtient,  en  effet,  une  somme  de  ternies  représentés  par  l'inté- 


grale 


s: 


»  «'('-»>-«-»..._ 


=  («+,+i"«'^ 


LETTRE    199.  425 

avec  un  terme  complémentaire 

/      e[a+"H 7TT-, x dt 

qui   reproduit  La  quantité  J  en  >   changeanl  a  en  a-\-u.  Comme 
on  ;i  J=-— ,   où  z  est   -<  1 ,    le  terme   complémentaire  a  pour 

limite  supérieure  et  devient   nul  pour  n  infini,  ce  qui 

1  \>(a-\-n)  '  ' 

démontre  la  convergence  <le  la  série 

2[(«-H*+i)l0g('.+  Ji-Jt)-.]  (A  =  Of. ,»,...)■ 

Je  suis  peu  satisfait  de  ee  que  dit  M.  Serret  dans  le  second 
volume  de  ses  Leçons,  pour  démontrer  directement  cette  conver- 
gence. Il  me  semble  nécessaire,  en  restant  dans  le  cas  de  a  réel  et 
positif,  d'employer  le  développement 

»<*<. +  ■*■)  =  *— g  +  g-  jc-To*)*        (0<,) 
qui  donne  pour  limite  supérieure  du  logarithme  la  quantité 


On  trouve  facilement 


a  -+-  k  -r  -  )  log  (  1  -+ — T 

■>,/         \         a  ■+-  k 


i2(a-t-£)2       6(a-+-ky 

d'où  une  somme  de  deux  séries  convergentes,  pour  limite  supé- 
rieure de  la  série  proposée. 

Vous  m'avez  bien  surpris  en  m'apprenant  que  la  forme  quadra- 
tique 

V  ' (\-f-a\'-+-a*Z+...)2 

_  x  —  a 

appartient  au  type  7  Ai+aX,-Xa,  dont  vous  avez  le  premier  reconnu 


426  CORRESPONDANCE    d'hERMITE    ET    DE    STIELTJES. 

l'importance;  il  en  esl  de  même  évidemmenl  de  celle-ci 

7   -     — [X-r-cr —  aX)L-\-(x —  a)*Z-H...lî, 

_-  t  —  a 

dont  j'ai  fait  aussi  usage.  Mais  y  aurait-il  Lieu,  pour  l'Arithmé- 
tique, de  distinguer  ces  formes,  et  intérêt  de  chercher,  ce  qui  est 
encore  une  question  d'Algèbre,  les  substitutions  qui  conduisent 

a  t\r^  transformées  de  même  genre  7  A!i+klL'i  X^".' 

En  vous  renouvelant,  mon  cher  ami,  l'assurance  de  mon  hien 
affectueux  attachement . 


200.  —  STIELTJES  A   HERMITE. 

Toulouse.  7  mai  i SS9. 
Cher   Monsiei  r  . 

Me  sentant  un  peu  fatigué,  et  aussi  ,1  cause  de  mes  conférences..., 
j'ai  dû  interrompre,  pour  une  dizaine  de  jours,  mon  travail,  mais 
je  compte  bien  le  reprendre  bientôt. 

\  oici  une  petite  remarque,  sans  aucune  portée  d'ailleurs,  que 
j'ai  faite  sur  un  passage  de  La  Théorie  analytique  de  I"  chaleur 
dont  nous  devons  une  si  helle  édition  à  M,  Darboux. 

Fourier,  pour  obtenir  le  développement 

1  =  a  cos.r  -f-  b  cos'i.r  -+-  c  cos  5x  —  dcosyx  — .  . . , 

pose  x  =  o  dan9  cette  relation  et  dans  celles  qu'on  en  déduit  par 
des  différentiations  successives,  il  obtient  ainsi 


1 

= 

'/ 

— 

b 

■+• 

c 

-+- 

d 

— .  . . . 

0 

= 

a 

— 

3- 

b 

-h 

5- 

c 

■+- 

7: 

•d 

-t-..., 

0 

= 

a 

■+- 

V 

•b 

-t- 

3' 

■  c 

-t- 

7*rf 

— 

0 

= 

a 

+ 

3« 

b 

-+- 

5« 

C 

-+- 

y6d 

H-..., 

n    de   ces  équations    lui  donnent  les  n   premiers  coefficient-  et, 
posant  ensuite  n  —  oc,  il  obtient 

4  /  1  1        .  1 

1  =  —  (  cosa? cosia? cos  5 a?  —  -  cos  72*  — . . .    . 

"  j  a  7  / 


LETTRE    200.  4^7 

Il  es1  clair  que  cela  reviem  à  déterminer  une  expression 

cb„  (./:)  =  rt|  cos.r        '/-,  l'ns'ir        ...        o  „  rosi  >. />  —  1)37 

par   La  condition  que  le  développemenl  de  »«(#)  soii   de   cette 
forme 

(  )r,  je  remarque  que  l'identité 

(2isin#)2"-'  =  (e'x—  e-t>)î«-i 
donne  facilement 


(sin^)2"    '  =  A„ 


(il—  I  )  (  rt  —  2  ) 


sina sin3j"  -t- 


n  5  a?  —  ...    , 


A„  = 


3.5.7.  .  .(2/1  —  0 
4.6.8.  ..(-2/1) 


On  en  eonclnl 


Jf      (  sina?)8"-1  dx 
II 


1   (  n  —  1  )  (  n  —  2  ) 


=  B„—  A„     cos.r —  „  cos3.r  4-  -.  <'"s  ">•'' 

[_  3  n -+- 1  5(n  +  i)(ft4-2) 


■■]■ 


/*  *  ,  2 . 4 . 6 . . .  (  2  n  —  2 1 

«/„  3. 5. 7. ..(2/1  —  0 

et  il  est  clair  qu'on  aura  nécessairement 

A„  f  1   n  —  1         _  1   (n  —  1  >(n      2) 

(1)  œrt(ar)  =  -—    cos2a?  —  T cos3^+  j  -  — -cos5:r  —  ...    . 

■        '       B„  [  3  n  +  i  5  (n-+-i)(n-t-2) 

(2)  1  — <p„(a?)  =    /      (sin.r)2"  -1  dx  \    I      (s\nx)i"-i  dx. 

«A  «-Ai 


11   est  facile   de  constater  l'identité  de  (i)  avec   le  résultat  de 
Fourier,  on  a  notamment 

A„                      H2.52.  ..(an  — O2  ..     A„        4         . 

— -  =  : et         Iim-^r-  =  -         (n  =  oc). 

B„        (32— 1)(5*—  1)..   [(an  —  i)2-  i|  B„        ir 

A  l'aide  de  (2)  il  est  facile  de  démontrer  qu'on  a 

lim[i  —  ©„(#)]  =  o  (/i  =  co) 


I  !»  CORRESPONDANCE    IMIKUMlïl     ET    DE   STIELTJES. 

tant  (|u  on  suppose  —  "  <<  x  <i-\-  -  •  En  effet,  ><>it 

1  /      i  >'\n.f  |2"    l  dx 

•  'o 

t'\  idemment 

C„+,<  sin2.r.C„         et         Bw+1  =  — B„; 

2  /*  +  I 

«lune 

I  —  -  m  i  '  ■'■  I  Cn-t-i   .  0n     .  /  I    \     .    , 

—    =     ,r I    i-—   <'   (    H SII1J./'. 

i  —  œ  I. .,    i      B„        V,  m  ' 

Donc  ce  rapport  i  —  '?n+i(&)  '.  '  —  'fn(&)  restera  inférieur  à  un 
nombre  fixe  X  compris  entre  sin-./1  el  i.  pour  <\r<  valeurs  sufli- 
samment  grandes  de  /i,  d'où 

lim  [  i  —  cp„  (x)]  =  o         (n  =  se). 
Kn  faisant  croître  n  indéfiniment,  L'équation  (1)  donne  donc 

i  =       I  cos;r  —  -  cos3.r  —  -  cos  \x  — .  .  .  I 

•1  2 

Pour  établir  ce  résultat  en  toute  rigueur,  il  faudrait  montrer  qu'en 
posant 

b  =  cos  y  —  -  cos3x  -+-  7  cosja?  —  .  .  . , 

c,  i   «  —  i  [  («  —  i)(n  —  2) 

b  =  cos.r cos3^  -+-  =  cos  5x  — .  .  . , 

i  n  -+-  i  5(/i-+-i)(re-t-2) 

on  a 

liai  (S  —  S')  =  o         (n  =  oo). 

Ce  n'est  pas  difficile,  mais  peu  intéressant.  J'ai  écrit  un  petil 
article  sur  ce  sujet  pour  les  Nouvelles  Annales  (').  On  peut 
obtenir  d'une  façon  analogue  le  développement 

i  i    .  i  i    .    „ 

-  x  —  -  sin  7.x si  n  Ax  ■+-  -  sin  bx  — 

a  2  4  t> 

—  -  <X  <-+-    "• 


(')  A'ote  des  éditeurs.  —    L'article  a  paru   dans  le  Tome  VIII,  page  '172,  de  la 
3e  série  des  Xouvelles  Annales  de  Mathématiques. 


LETTRJ5   201.  I  SQ 

Soii  d'abord 

6„lr)  =  a,  siii').,r    •-...       a„  si  n '2  tt# 

avec  la  condil  ion 

'|/„(.r)  =  x  -+-  /„.x'2"+'h-  /<„,  !•'•-"  '  :1  -+- 

On  obtient  <lw( a?)  en  remarquant  que 

ij;  „(./■)  —  a? 

ne  diffère  que  par  un  facteur  constant  de 


/      (  sina?)î,J  </.r 


\  euillez  bien  agréer,  cher  Monsieur,  la  nouvelle  assurance  de 
ion  sincère  dévoûment. 


201.  —  U ERMITE  A   STIELTJES. 

Paris.  10  niai   1889. 

Mon   cheu   Ami, 

Vous  ne  pouvez  pas  douter  du  plaisir  que  j'ai  eu  à  lire  votre 
ingénieuse  et  élégante  analyse  et  vous  voudrez  bien  recevoir  mes 
compliments  pour  ce  que  renferme  d'entièrement  neuf  l'équation 
on(x)  =  1  -+-  knxin-\-.  . .;  n'y  a-t-il  point  là  quelque  écho  éloigné, 
quelque  réminiscence  des  fractions  continues?  Maintenant,  je 
viens  faire  appel  à  votre  charité  en  appelant  votre  attention  et  vos 
observations  sur  la  façon  dont  je  présente  la  méthode  de  Laplace 
sur  le  développement  des  coordonnées  elliptiques  (Mec.  cél.,  t.  V, 
Supplément).  Je  raisonnerai  de  préférence  sur  l'anomalie  excen- 
trique au  lieu  du  rayon  vecteur;  on  a  alors  la  série 

eJ"  _ 

u  =  t  ■+■  e  sin  t  -+- . 


1.2...  m.im— ' 


m'"-1  sin  mt  —  m\  (m  —  -i)'"-1  sin  (  m  —  2  )  / 
-I-  m-2  (  m  —  4  )'"_1  sin  (  m  —  \)t  —  ...  ; 


'(3o  CORRESPONDANCE    D'HRKMITE    ET    DE    STIELTJES. 

cette  quantité  Tm  a  pour  maximum 

U,„  =  mm—1  —  mil  m  —  ■> .  t'"-1  —  m^i  ///  —  j  )"'-'  -+- . .  .  —  »iui  ///  —  2(jl) 


/H— 1 


,  ...  ./>?       .......        . 

UL  etanl  I  entier  contenu  dans  —  et  il  s  ag-it  <i  obtenir,  pour  ///  lies 

grand,  la  valeur  approchée  de—  — -:  c'est-à-dire  de  la 

11  1.1...  m  — 1  )  >"l~l 

série 

S  =/(o)-K/(i)-i-...+-/(r) -+-...  +  /({*), 

en  posant 

mr{  m  —  >r  !'"    ' 

/  (  f  )  =  ; — 

^  v    7  1.2.  .  .m.im-> 

J'introduis    dans    ce    but,    au    lieu    «In    nombre    entier    /•.    une 
variable  x\  je  fais  pour  cela 


x 


r(a?  +  i)r(m  —  x  ■+■  i) 

De  cette  manière,   une   valeur  approchée  de  S  esl    donnée  par 

I  intégrale  définie     /    f(x)dx,   qu'il   s  agit  dévaluer  elle-même 

«A 

par  approximation. 

Admettant,  comme  le  dit  Laplace,  que  les  termes  de  la  série  S 
vont  d'abord  en  croissant  et  qu  ds  ont  un  maximum  après  lequel 
ils  diminuent;  je  cherche  ce  maximum  en  posant  f'(x)  —  o.  Les 
expressions  asjmpto tiques  de  T(x  -+-  i  )  et  r(//*  —  x  -\- 1)  me  donnent 
d'abord 


l"(x)        %(m  —  i)        .  . 

(  A  )     ■—;. — -(  =  — log.r  -+-  lo 


I  1)1   -  x) 


/(x)  ■>■'•  —  m  ix        -2{x — m) 

Je  néglige  les  deux  derniers  termes;  je  remplace  -  '  par 

et  je  trouve,  pour  déterminer  le  maximum,  l'équation  de 


•ix  —  m 


la  Mécanique  cri  es  te 


=  loi 


qui  admet  une  seule  racine  x  =  ç  =  o,o83  oj  m.  Cela  étant,  je  dis 


LETTRE   '201.  43 1 

qu'aux  limites  x  =  o,  x  =  jjl,  les  quantités 

/(S)  /(O 

sont  Tune  et  l'autre  très  petites.  On  a,  en  effet, 

,/'( o )  _  /     m      y»-'  ng-n) 

et  la  valeur  E  =  o,o83  07  m  montre  que  le  l'acteur  ■=—-         décroît, 

'  '  r  (  m  -+■  1  ) 

quand  m  augmente,  bien  plus  rapidement  que  n'augmente  la  puis- 

(ffl         \  ni— 1  fi  u) 
:=(i. 2. ..)'"'•   Quanta    lLFT^:   c  est  zer0   ou 

— — —       .    mais   celle   remarque  a    peu   d'importance, 

r(fjn-  i)T(m  —  fx-t-i)  l  r  ' 

comme  vous  allez  voir.  La  propriété  de  la  fonction  /'(./)  de  n'avoir 
qu'un  maximum  entre  les  limites  de  l'intégrale  conduit  naturelle- 
ment à  employer,  pour  obtenir  cette  intégrale,  la  méthode  du 
calcul  des  probabilités  en  posant 

/(*)  =  /(£)*-"■ 

Soient  t  =  —  g  et  t  =  -\-h  les  valeurs  de  t  qui  correspondent 
aux  limites  x  =  o  et x  =  u.,  nous  aurons 

/     J\x)dx  =  fK\)  e~»dt. 

Cela  étant,  si  l'on  se  borne  à  employer  le  premier  terme  seule- 
ment de  l'expression  de  dx,  qui  est  i  / —  *{  ,    dt,  ce  qui  donne 


la  Quantité 


on  observera  que  l'intégrale  définie  tend,  avec  une  extrême  rapi- 

dite,  vers  sa  limite    /        e~r'  dt  =  \Jtz  et  en  diffère  fort  peu,  même 

pour  des  valeurs  médiocrement  grandes  des  limites  g  et  h]   de 
sorte  qu'on  obtient,  pour  l'expression  approchée, 


J  =  v^/(0\/-^ 


|32  CORRESPONDANCE    d'hERMITE    II     DE    ST1ELTJES. 

Observez  maintenant  que  l'équation  (A)  donne,  en  négligeant 

i  >  i 

les  termes  en  =    et    - 


i  (  a  Ç  —  m  )»        \        (  m  -  \  )  \(  m  —  \)  (»Ç  -  m )* ' 

on  en  conclut 

.         /—   ,  .    i  '"  -  2S)/t(/n-  \  i  (je)'"(;n  —  2;  i"' 

m  \l m  i  / 2it  v//»3  :*<  ">  —  ;  )»>-% 

Faites  comme  Laplace  ;  =  m  ta,  cette  quantité  devienl 

i  [     e  (  i  —  2  tu  )     1  '" 

~~  2  v   .-///'•  I  aw(i  — w)1_w  I 

ou  plutôt  en  représentant  par  K.  comme  fait,  je  crois,  M.  Tisse- 
rand, la  hase  des  logarithmes  népériens 


i        r    E(i  —  •>.(.)    t 

~  2  i/ïï  i/JH*  |.2co(r-oj)i-  "»  J 


• 

La  règle  de  eomergence  lim  \.  J  <<  i  nous  donne  dune  la  conclu- 
sion de  la  Mécanique  cri  este 

Tout  à  vous  bien  affectueusement. 


202.  —  STIELTJES  A  11 ERMITE. 

Toulouse,  12  mai   [889. 

Cher    Mojvsiet  r. 

En  écrivant  ma  dernière  lettre  je  n'avais  pas  encore  reçu  la  vôtre 
du  5  mai,  qui  ne  m'est  parvenue  qu'avec  un  grand  retard  (c'est 
que  dans  un  moment  de  distraction  vous  l'avez  dirigée  à  Paris  au 
lieu  de  Toulouse)  d  ainsi  elle  a  fait  un  petit  loin- en  passant  par 
Lyon. 

J'ai  lu  avec  la  plus  grande  attention  votre  analyse  pour  trous  «t 

(')  Note  des  éditeurs.  —    Voir,  au  sujet  de  celle  formule,  la  lettre  202. 


LETTRE   203.  J33 

l'expression  approchée  du  maximum  du  coefficienl  de  em  dans  le 
développement  de  L'anomalie  excentrique,  el  je  ne  vois  pas  ce 
qu'on  pourrait  y  changer.  Je  crois  qu'il  >  a  seulement  quelque 
inadvertance  dans  les  formules  suivantes  : 

(„  j  =  •s/h/»— »^g=l>  .      ««p»—»-     ■ 

il  me  semble  qu'il  faut  multiplier  l'expression  i  a)  par  \  et  écrire 

2(£e)'"(m  —  i\)m 

\l->.  t.  \/~m?  £S(m  —  Ç  )"1-^ 

et,  en  posant  \  =  ni  to, 

.  _  _      y.  e(i  —  a  tu)      1  '"  a  E  (  i  —  a  u>  )      "  '" 

_  /^  s/ mi  L  '^w(  i  -  w  )>-w  J  fay/HC*  '[^"('-w)'-»., 

La  condition  de  convergence  est  alors,  e  étant  l'excentricité 

lime  y  J  *C  '  5 

2  u>'°  (  i  —  ai  j1  -w 

h  (  1  2(D) 

c'est  le  résultat  de  Laplaee. 

Mais,  pour  plus  de  sûreté,  je  dois  vous  prier  de  vouloir  bien  nie 
contrôler  à  l'égard  de  ce  facteur  i  que  je  mets  au  numérateur  au 
lieu  du  dénominateur,  on  se  trompe  si  facilement. 

J'aurais  encore  à  vous  parler  des  formes  quadratiques  du  type 

/■/.^M^' •%■* ;  mais  j'aime  mieux  attendre  encore  un  peu  pour 
approfondir  cette  matière. 

Votre  sincèrement  dévoué. 


203.  —  STŒLTJES  A  H  ERMITE. 

Toulouse,   i3  mai  1889. 
Cher  Monsieur, 

Voici  un  post-scriptum  à  ma  dernière  lettre.  Laplaee  donne  à 
peu  près 

u>  =  0,08307,  e  —  o.66lp,5. 

28 


,,;  I  CORRESPONDANCE    D  HERMITE    ET    DE    STIELTJES. 

Je  me  rappelle  que  Les  auteurs  qn i  se  sonl  ensuite  occupés  de 
cette  question  (Cauchy,  Serret)  donnent  des  valeurs  Légèrement 
différentes  de  e;  |<'  u'ai  |ia>  >ous  la  main  leurs  nombres,  mais 
M.  Schlômilch  (t.  11  tic  son  Traité)  donne 

e  =  0,66*2742        {ce  =  1,199678). 

Pour  faire  disparaître  ces  différences,  j  ai  entrepris  le  calcul;  les 
résultats  suivants  sonl  ;m>>i  approchés  que  cela  e>i  possible  avec  le 
uombre  «les  décimales  écrites 

■  ■'•+[ 

Liiuai.  transe.  :  loe  nrp. =  2.X. 

./•  —  1 

x  =-t-  1 3 1 99  678  i>4<>  2 ")~  7 3  i 

M  =  -H  0,083  22.1   720   I99  ">         =  (x  I  I  I    '/■, 


e  =-4-0,6627434193492      =  \/xx  —  1 . 

J'ai  cru   que   si  vous  donniez  les  valeurs  de  10  et  de  e,  mieux 
vaudrait  donner  les  valeurs  exactes. 

Voire  dévoué. 


204.     -  HERMITE  A  STIELTJES. 

Paris,  1")  111.11  1889. 
Monsieur, 

Les  noies  que  vous  m'avez  confiées  sur  les  intégrales  eulériennes 
contiennent  celle  équation 


3. 4.  a3  5.(>.a5 

Seriez-vous  assez,  bon  pour  me  dire  si  elle  vous  appartient? 
Je  remarque  qu'ayant 


r    Ve  '■' ■  —  <■■> 
logr(a)  =j^  e,_,     -(«-ije-'j 


il.r 


«  +  51 


a e 


</./■ 


LETTRE   '20V. 


',.;:> 


on  en  <'<>i 


iclul 


B      r(a) 


L       ea  — i 


g-*7 


I       \  </r 

a? 


Joignant  à  celle  équation  la  suivante 

i  .                /  '     /  eax  —  ex  \  dx 
-  loga  =   /         — 

2       8  .         A  2  /     X 


loi 


cl  retranchant  membre  à  membre,  il  vient 

r(a-t-|)         i,  /'°  /  \  e«*rfar 

loga  =        /      / 

4-1 

;2  eax  dx 


Y  [a  i 


loga  =        /     / 


+  e2 


formule  dont  se  conclut  votre  développement, 
Une  remarque  maintenant;  on  a 


donc 


-n(-,X 


ix        e1-  -+-  e 
cos  —  =  

2.  2 


(m  =  i,  3,  5,  . . .)  ; 


n 


m2  t:2 


puis,  en  prenant  la  dérivée  logarithmique 


M: 


x--\-  rn'n- 


e-  -+-  e    - 
Changeons  encore  x  en  -  et  l'on  aura 


i     e-  —  i 
Tx  ~£ 


=  y i 

^à  a?2-+-  j  /n'2Tz'2 


ce  qui  nous  conduit  à  la  nouvelle  expression 

,0      4eaxdx 


^i     C        t\e"x  dx 
£à  J_     .r-  -+-  4  /n-  7T2 


I'1'  CORRESPONDANCE    DHKRMIii;    ET    l>K    STJELTJES. 

...  ■ini-'z  .      . 

>oii  maintenant  x  =  —        •  on  trouve  ainsi 

a 


^     r       aeim™.  <l\       _   i      r    Sa  d\ 


en  posanl 
Or  on  a 


i  3 


-[log(i  -+-  e-rt)  —  log(i  —  e2*?  )]. 


Votre  série  a  «lune  le  même  caractère  analytique  que  celle  de 
Stirling;  en  l'arrêtant  à  un  terme  de  rang  quelconque,  le  reste 
est  moindre  que  le  terme  suivant;  mais  vous  aurez  sans  doute  déjà 
\u  tout  cela. 

En  vous  renouvelant,  mon  cher  ami,  1  assurance  de  mon  affec- 
tueux attachement. 


205.  —  STIELTJES  A   H  ERMITE. 

Toulouse,  16  mai  1S89. 


Chek    Monsieur, 


Je  ne  me  rappelle  pas  avoir  vu  quelque  part   explicitement  lu 

formule 

,     r(  «  -f-  j  )      1 . 

loe  — =  -  log  a  — ...  ; 

F(a)  2     8 

cependant  on  ne  peut  pas,  à  proprement  dire,  la  considérer  comme 
nouvelle,  puisqu'elle  résulte  immédiatement,  en  retranchant  les 
formules  (09)  et  (58)  du  Mémoire  de  Gauss  Sur  la  série  hyper- 
géométrique  {Œuvres,  t.  III,  p.  i5>.  ).  car 

l°gJ]Y*-  ;)  =iogr^-»-iJ,        logJJ(i5)=logr(Z)H-logz. 

Mais  je  considère  cette  formule  sous  un  autre  point  de  vue.  Soit  b 
un  entier  positif,  on  a 

log  r  (  a  -\-b )  —  log Y ( a )  =  loga(a  -+- 1)  ...  (a  ■+-  b  —  1) 


=  b  loga  -+-  2,  I°§  \  l  ~ )  '> 


LETTRE    '205.  \ ■'}- 

donc  en  développant  suivant  les  puissances  descendantes  de  a,  el 
en  introduisant  les  fonctions  de  Bernoulli  (j'adopte  la  notation 
de  M.  Jordan,  t.  Il,  |>.  1 02), 


(  A  )     log 


1  »  -1-  2"  H- . . .  -K  6  —  1)»  =  1 . 2 . 3 . . .  n  <p«(  6  )  ; 

r  (  q  -t-  &  ) 
r(a) 

»i(6)       tpî(ô)        i.2.tp3(6)        1  .  ■>..  >.-fi  (  l>  ) 

=    O  lOil  </   -+- - — f- ; 


J'ai  supposé  ici  b  entier  el  positif,  mais  en  ayant  recours  aux 
intégrales  définies  qui  représentent  logT(«+  b)  et  logT(a)  \011s 
verrez  aisément  que  le  développement  ...  est  valable  sans  cette 
restriction.  Toujours  est-il  remarquable  (pie,  lorsque  h  est  entier 
(positif  ou  négatif),  la  série  est  convergente  lorsque  a  est  suffi- 
samment grand;  ainsi  la  déduction  précédente  montre  bien  (pie 
pour  b  entier  positif  la  série  est  convergente  tant  que  a  >•  b —  1. 
Lorsque  b  n'est  pas  entier  la   série  est  divergente  quelle  que  soit 

la  valeur  de  a,  comme  cela  arrive,  par  exemple,  pour  b  =  -  ...  ce 

qui  donne  précisément  le  eas  particulier  mentionné  plus  haut. 
Vous  voyez  que  cette  supposition,  b  entier  positif,  fournit  un  moyen 
simple  pour  retrouver  la  formule. 


On 

a 

généralement 

<p«  (  1  - 

-6)  = 

(- 

-!)"-'( 

donc 

(B) 

r  (  a  -+- 1  - 

loar —. 

8          r(a) 

-b) 

=  (i-6)l 

0g<2  -+- 

?i(6) 
a 

-+■ 

a- 

1 .2.(03(6] 


ce  qu'on  pourrait  trouver  aussi  directement  en  supposant  encore  6 
entier  et  positif. 

La  combinaison  de  (A)  et  (B)  . . .  donne 

r  1  .       r(a-l-  b)Y(a  +  1  —  b) 

(L)        2S  F(«)r(a) 

=  Mogq    1    ?l(6)    l    I-J-CP3(^)    [    i.2.3.4.y5(fe)    |  ^ 
•2  r/  a3  a5 

v     '      2     &  F(a-M  —  6)        \         2/      5  a2  a* 


j38  CORRESPONDANCE    D  HK.HMITK    Eï    DE   STIBLTJES. 

Supposons    maintenant    o<6<]    D'après  les  propriétés 

connues  des  fonctions  o  vous  verrez  que  dans  ces  séries  i  C)  et  (D) 
les  termes  sont  alternativement  +  et  —  et  elles  ont  même  carac- 
tère que  la  série  de  Stirling;  en  s'arrêtant  à  un  terme  quelconque 
l'erreur  est  moindre  que  le  dernier  terme. 

Si  nous  introduisez  le>  intégrales  définies  pour  logr,  \<>u>  trou- 
verez, en  développant,  les  formules  par  intégrales  définies  des  fonc- 
tions de  Bernoulli  dont  vous  avez  traité  dans  le  Journal  de 
Crelle{<). 

Les  séries  (C)  et  (D)  ne  donnent  pas  de  fractions  continues 
simples,  mais  les  séries  obtenues  en  prenant  les  dérivées  par 
rapport   à  a  donnent  des  fractions  continues  élégantes.   Pour  les 

écrire    sous    leur    l'orme    la    plus    simple,    je    remplace    (t     par  -> 

i  ï  "t-  b      -  ,  ï  —  b      »  , 

b  oar ?  donc  ï  —  b  par Vlors  on  a 

1  >  r  2 

,  /  a  -+■  ï  -I-  b  \        ,  l  a  -+- 1  —  b  \  ib 


22(22— A2)   _ 
3»  Ci*—  b"-) 


(C) 


a  —  i  • 

^\       J°~ 

X~~b  \       ->'l("  ) 

•i 

2 

I  —  6* 

2    /     *W 

a 

1  — 

62 

a 

9_62 

3  a2  - 

n2  [(  2  n  —  ï  )2  - 

4(9  -&) 

,    ,    4(^3-62) 
4+     5a«-+-.. 

-62] 

n2|(-2«  -f-  i)2  —  62] 

(•2/?   -t-  Ij«2-f-.  . 

•  ï 

Si  dans  (D')  on  suppose  b  entier,  ou  dans  (C)  b  entier  impair, 
on  retombe  sur  de  simples  identités  algébriques,  car  d'une  part  les 

fiai  lions  continues  se  terminent  brusquement,  et  d'autre  part  les 


(')  Ce   que  je  dis  ici   se  rapporte  aux  formules  analogues  à  la  formule  de 
Schaar  dont  je  vais  parler  à  la  fin  de  ma  lettre. 


lettre  206.  i3g 

premiers  membres,  en  vertu  de 

<\l  (X  -+-  I  )  =  <!/  (  T  )  -\ •  , 

sont  aussi  des  fractions  rationnelles.  Cette  circonstance  me  fail 
soupçonner  que  ces  fractions  continues  représentent  toujours,  en 
supposant,  a  et  h  réels,  les  premiers  membres,  mais  je  ne  l'ai 
démontre  rigoureusement  qu'en  supposant  — [<6  +  i.  Mais  ce 
qui  résulte  surtout  de  mon  travail  c'est  la  parfaite  justesse  de  votre 
idée  de  faire  dépendre  les  propriétés  des  fonctions  de  Bernoulh 
de  leurs  expressions  par  les  intégrales  définies. 

Je  dois  ajouter  que  pour  discuter  ...  les  séries  ...,  il  semble 
indiqué  de  recourir  à  des  formules  intégrales  analogues  à  la 
formule    de  Sckaar  dans    le  cas    de   la  série  de  Stirling.    C'est 

ce  qu'on  peut  faire  dans  le  cas  de  log     ^^  *   >  ainsi  par  exemple 

i  i  s>     r(a)  '  ' 

<\>(x-\ hM  —  4*  ( x  ^ b) 

du  e-27t«  si  n  (  2  6  ir  ) 


X'2-h  W2    I  -+-  2  g-2""  C0S('2Ô7T)  -t-  e-*11" 

Dans     le     cas    de    la    fonction    logT    il  doit  y    avoir  sous     le 

signe    /  ?  je  crois,  un  log,  mais  le  temps  me  manque  en  ce  moment 

pour  chercher  la  formule,  voulant  vous  faire  parvenir  cette  lettre 
aussitôt  que  possible,  à  cause  des  Mémoires  indiqués  de  M",e  de  K. 
sur  lesquels  vous  voudrez  demander  peut-être  l'avis  de  quelques 
personnes  plus  compétentes. 

Veuillez  aussi,  pour  cette  raison,  m'excuser  ....  Je  vois  bien 
que  j'ai  écrit  une  lettre  un  peu  embrouillée.  Croyez-moi  toujours 
votre  très  dévoué. 


206.  —  HE  RM/TE  A  STIELTJES. 

Paris,  16  mai  1889. 
Mon   cher    Ami, 

M'autorisez-vous   à  donner   dans   ma  leçon    sur  les   intégrales 
eulériennes,  que  je  rédige  en  ce  moment  pour  ma  nouvelle  édition. 


.',',,,  C0RKESP0NDANC1     d'HERMITE    ET    DE    STIKLTJES. 

votre  beau  résultai  que  j'énonce  ainsi.  ••   En  posanl 

alog(  ,__e«iu6)d£ 


I     I 


a*+? 


.  \l.  Stieltjes  a  démontré  que  pour  une  valeur  imaginaire  quel- 
.  conque  a  =  \\<"'>.  où  l'angle  9  <•-!  compris  entre  les  Limites  —  - 
*   et  +  -.  on  a 

2  H  -  1 

mod  J  i  n  )  < 


//     i  2  H  —  I  )2  COS* ! 

Je   vous  ferai   remarquer  que,  pour  aréel  =  R,   votre  formule 
donne 

J ( a )<  — ' h  — — J > 

i ■>. a        1 1 \a-  —  a ) 

tandis  qu'on  a  la  limitation  un  peu  plus  étroite 

J  (  a  )< 

1  2  '/ 


\  aut-il  la  peine  de  dire  que 

,     r(fln-l)  .     /    ,    i  \ 


—  loff/  n- 


—  lOg      1 


I 


+  — bH 

log  |  i 


îa-r'i/i— i/         2  </  —  2  /'  —  i 
où  s  esl  positif  <i  <C  i . 

Encore  tous  mes  remerciments,  mon  cher  ami,  el  1  assurance  de 
ma  bien  sincère  affection. 

207.   —  STIELTJES  A   H  ERMITE. 

Toulouse,  17  ni.ii    1889. 
Cheb    Monsieur, 

En   réfléchissant   sur  ce  que  j'ai  griffonné  hier  soir,  je  sens  le 
besoin  de  m'expliquer  plus  clairement  afin  de  vous  épargner  la 


LETTRE    '201.  \  |  I 

peine  de  débrouiller  cette  lettre  trop  confuse.  Je  reprends  donc  la 
formule 

en  exprimanl  les  fonctions  logT  par  la  formule 

dx 


■      „  /    x         /'  "  r  <'~x  —  e~ax  1  dx 


et 


/•  °°  ,  dx 

on  trouve  en  posant 


/•«  e-a; 
/  2 


e   "•'•  dx  I  <r       -  '     -h  e    y       -       —  e2    —  e    2 


i  i 

'o 


Maintenant,  je  vais  supposer 


sons  celle  condition 

^r_  ;]''_!_  e~(  '     2)'         2        ^,  (_,,/.  j,r,.(,  s(26  —  [)/.- 


i,.         _],.  /■    '   —  x'1 -^- f\ k- tz- 

!2    —  e    2  i 


i  i 

-  .»• 

e  "2    -i-  e 


i,.  a?  ~i    T2-\-  4«21T 


e-    —  e    2  i 

ce  qui  donne 

J  =    /       2  e-a.t  dx  > —r-nr~  ~  ' 

1 

ou  pour 

x—  -ik-y, 

rx      dy      v^  ( — 0A  cos(-i6  —  i  )Xr7t  —  r       .    , 

J  =    /      — - —  > —, '- e—lak^y. 

Or 

'      I  /  ON  '  .  I  o 

-  Iog(i  -+-  ir  cosa  -+-  r2)  =  r  cosa r2cos  .«a  -+-  -  z-3  cas  3  a  -h.  .  . . 


'l  i •'.  CORRESPONDANCE    D'nKRMITE    KT    DE    STIEI.TJES. 

En  posanl 

on  trouvera  facilement  après  quelques  réductions 

Il  suffit  de  remarquer  que  la  fonction 

i  —  2e-2<"Ir  cos(2Ôir  i  +  e-'+aT-y 

esl  toujours  i.  donc  son  logarithme  ^o,  pour  voir  que  la  série 
obtenue  par  le  développement  de  J  a  I*1  même  caractère  que  la 
série  de  Stirling;  posanl  ay=xi 

i       /*"     a  dx     .      Ti  —  2e_21u cos  (  2  6  tc  ) -l-  e-4*"! 
~^TtJ0       «24-tf2    °g[~  (i  —  e>-2-*^  —  J 

fii  développant 

«  i         ./-        a?4  .        ,      :r"2" 


«--H.T'1  «  a'  aa 


du  obtient  par  comparaison  avec  la  série 
'Ox(b)         i.2.<p3(6) 

H-  .  •  . , 

a  a  ; 

1.2. .  .(2n)«jp2rt+1(6) 

=    ' /         ^2"  lOC      ; ^r 7 cte 

(o^ftli), 
doù  vous  vo^yez  que  »2n+<(^)  a  lin  signe  constant   dans    l'inter- 
valle (o,  i)  et  que  sa  valeur  absolue  croît  de  o  à  -»  décroît  de  -  à  i , 

en  repassant  parles  mêmes  valeurs.  Cette  valeur  de  »2«+i(^)  do*1 
revenir  au  fond  à  celle  que  vous  avez  donnée  dans  le  Journal  de 

Crelle,  t.  79.  Pour  b=  -  on  retombe  sur  la  formule  nuise  trouve 

2  ^ 

dans  votre  dernière  lettre. 

La  formule  de  décomposition  dont  j'ai  fait  usage  est  une  consé- 


LETTRE   '201.  \  i  3 

i|  Mince  de 

eaz  |       v^  2^  cos(2«A:tt)  —  4  />  ^  sin  ■.>.«/ t         .      .      ^ 

= h  > ; (O  <  il  <  I  ). 

e»— i        «Ai  z2-MÂ-2ir2 


Voici  un  système  complet  de  formules 

ehx  -+-  e~bx        i        v^  ( — i)*a.r  cosbkiz  ,        ,,  ,  ^ 

î 

— —  =  >(— 0*-1 — ;  — y-r-  -i<6<+ij. 


e*  +e~*  AT  .7-2  -+-  (  /C  -  I  )2  7l2 

e6a_e-6a:        ^,  aa.  sjn  (  £  _  1)  /,  - 

— ■  =  >   (—  0A'_1 r^ -I16-+I). 

e^+e^        ^  ^2_,_  (x-_  1)2^2 

i 

11  y   a   naturellement   une  formule  analogue  pour  le  développe- 
ment de 

Pu/  +6) 


">g  r 


r(a-i-i  —  6) 

\  otre  très  dévoué. 

P.  S .  —  Je  viens  de  recevoir  votre  lettre  et  je  m'empresse  de 

répondre.  A  uns  me  faites  beaucoup  d'honneur  en  voulant  insérer 

mon  résultat  dans  \otre  Cours,  seulement  j'ai  obtenu  la  limitation 

plus  simple 

a  =  Re*8         (— ic  <  6'<+  %), 

iniHiJ(a)  < t—  > 

12R  cos2f  8 

ce  qui,  pour  le  cas  a  réel  positif,  donne 

J(a)<  — • 

C'est  donc  cette  limitation 

1 

inod  J  (  a)  < 


12  R  cos2!1 
que  je  vous  prierai  de  mentionner. 


',',',  CORRESPONDANCE    D  HERMITE    ET    DE    STIKLTJES. 

\  oici  la  démonstration 

Pi  v)  dx 


I    a  i 


> 


x  -+-  a 
P(a?  +  i)  =  P(x),  P(a?)=i—  x         (<><.r<i; 

r  -i-  a 


ce  qui  donne  la  série  de  Gudermann 

J(a)=2l[(a  +  /,  +  l)]og(a^^I)-i], 

mai>  aussi 

i 

'  x  —  n 


/  —  dx=l  —  dx  —    / 

Jn  x-ha  Jn  t   -  a  Jn  +  ± 


d.r. 


En    posant    dans    la    première    intégrale   x  =  n  +jk,    dans    la 
seconde  x  =  n  -f-  i  —  y.  il  vient 

i 

/"  +  '  n  ■+-  i  —  .?•  /*«  A- (  i  —  2 .x )2  dy 

a  -+-  x     '  X  ~~  X   ('i-+-jKH-a)(yi-M—  y  -+-«)' 


,(a>=É./V 


(i  —  lyydy 


/0     (  «  -t-y  -+-  a)  i  /i  -r-  i  —7  —  a  ) 
(  )n  a 

(n—y-h  a)(/i—  i —  y-h  a)  =  (/n-  «)(«  -4-  tf-t-  i)  -1-^(1—7); 

(loue,  dans  le  cas  c/  réel  positif, 

1 

J  (  a  )  <    /        (i-îv)2  dv  7    ; > 

0 
c'est-à-dire 

J  (a)  <  —  • 
1 2  </ 

Mais  suit 

a  =  Ré*®        (—  -  <0  <-h  tc), 

/*  — t— jk  et  /i  -r  1  — jK  sont  toujours  réels  et  positifs;  or,  lorsque  b 
est  réel  et  positif, 

mot! ( b  ■+■  a)  =  v/(6  •+■  R)2  cosHG  -H  (6  —  R)2sin2|0, 
modi  b  —  a  )>     (6-t-  R)  cos£0. 


LETTRE    U20H.  Il' 

Ayant  ensuite 

i 

iniiilj    rt     s   7      I ~i 71 —  ' 

'     4dJ     mod(n  -\-y-*-a)(n-\r  i — y  -+-  "  i 

ii 

il  vient 

i 

•«  {('  —  '*.y)%dy 


)<1  J     «      <  -    i—    X        /  n~T7 Ti^  » 


c  est-a-dire 


modJ(a)<  — 1— J(R) 
cosHG 


et  a  fortiori 

mod .)  (  cm 


î-iRcos-  :  0 


Il  va  sans  dire  que  cette  limitation  se  rapporte  à  la  continuation 
analytique  de 


dans  le  cas  où  P. H. a  serait  négative 


208.  —  HERMITE  A  STIELTJES. 

Paris,  20  mai  1889^ 
Moin    cher   Ami, 

Je  suis  on  ne  peut  plus  satisfait  de  votre  méthode  extrêmement 
ingénieuse  et  élégante,  pour  obtenir  la  limite 

...  1 

mod  J  (  a)  <.  -j—  •> 

12  R  cos2£6 

et  je  la  reproduirai  textuellement  dans  la  leçon  sur  les  intégrales 
eulériennes  de  ma  nouvelle  édition,  leçon  que  j'ai  refondue  entière- 
ment. 

Les  formules   que  vous    m'avez    aussi    communiquées  pour   le 
développement  de 

!  .       r  (  a  -+-  b  )  r  (  a  -+-  b  —  1  )         1. 
2     &  r2(a)  1     ° 

sont  très  intéressantes,  et  vous  pensez  quelle  attention  je  donne  à 


i'|i.  CORRESPONDANCE    D'HERMITE    ET    DE    STIELTJES. 

\  otre  expression  : 

(—  i)«-»    /*"      ,    ,        i  —  e-'-i ■,;,,-.  h  -    -,■.-' 

1  •'•••'  "  ?"  •  '  (  ''  >  =  ,-         J     x  X'-H  l°8 (l_e2ï:.t-;2  -  ^ 

(|u  il  me  faudra  bien  étudier  et  rapprocher  de  mes  anciens  résul- 
tats sur  Les  fonctions  de  Jacob  Bernoulli.  Me  proposant  de  faire 
avec  mon  cours  lithographie  de  la  Faculté,  le  deuxième  Volume 
de  mon  cours  imprimé  de  l'Ecole  Polytechnique,  je  réserve  ce 
travail  pour  un  autre  moment,  en-  maintenant  j'ai  vraimenl  plus 
d'ou\  rage  que  je  n'en  peu \  faire. 


209.  —  STIELTJES    1    HERMITE. 

Toulouse,   'i   mai  1SS9. 
Cher    Monsiei  r  . 

lin  parlant  sur  le  Mémoire  concernant  les  anneaus  de  Saturne 
j'ai  ajouté  à  la  fin  une  remarque  qui  n  esl  pas  à  sa  place  là.  11  s'agit 
en  effet  de  ce  que  Mme  de  K.  a  fait,  non  de  ce  qu'elle  n'a  pas  fait. 
Donc  en  vérité,  la  remarque  que  -.1  méthode  ne  suffit  pas  à  une 
démonstration  rigoureuse  de   la  forme  annulaire  d'équilibre  est 

hors  de  propos ;  tel  qu  il  est,  ce  Mémoire  est  très  intéressant 

et  peu  dé  géomètres  et  d'astronomes  auraient  pu  le  faire.  Cepen- 
dant il  aurait  eu,  âmes  yeux,  un  mérite  beaucoup  plus  grand 
encore  si  l'auteur  avail  eu  l'idée  qui  a  conduit  plus  tard  M.  Poin- 
caré  à  une  démonstration  rigoureuse  de  l'existence  d  une  forme 
d'équilibre  annulaire.  Mais  il  faut  qu'il  y  ait  de  l'or  et  de  la 
monnaie,  aussi  ce  Mémoire  est  loin  d'être  le  plus  important  que  la 
Science  doit  à  M'"e  de  K.  J'ai  remarqué,  il  y  a  bien  longtemps, 
que  l'idée  de  M.  Poincaré  se  trouve  aussi,  sous  une  autre  forme 
cl  appliquée  à  une  question  toute  différente,  dans  un  Mémoire 
de  Ki-eniann  sur  le  iuou\  eiuent  d'une  masse  fluide  de  forme 
ellipsoïdale. 

Je  comprends  à  merveille  que  vous  êtes  surchargé  de  tra\  ail.  Moi 
aus>i.  je  ne  peux  pas  travailler  beaucoup  en  ce  moment  car  mes 
conférences  pour  les  boursiers  d  agrégation  me  donnent  beaucoup 


LETTRE   210.  H  7 

à  faire  et  c'est  un  travail  dont  je  ne  suis  pas  bien  sûr  qu'il  portera 
«les  fruits.  Le  programme  de  «cite  année,  la  théorie  des  équations 
aux  dérivées  partielles,  est  bien  vaste  el  bien  difficile  pour  des 
jeunes  gens  (|ui,  en  somme,  ne  peuvent  pas  encore  avoir  l'esprit 
assez  mûr  pour  ces  choses-là. 

Il  faudra  bien  que  M.  Gylden  se  console,  el  je  crois  qu'on 
pourra  toujours  reconnaître  que  ses  méthodes  constituent  un  pro- 
grès sur  les  anciens  procédés  de  Laplace  et  de  !><■  \  errier.  Je  sais, 
du  reste,  par  M .  Callandreau  qu'un  astronome  allemand  qui  a  étudié 
à  Stockholm  les  méthodes  de  M.  Gylden  avait  acquis  la  conviction 
de  la  divergence  des  séries. 

Croyez-moi  toujours  votre  sincèrement  dévoué. 

00 

P. -S.  7  -s'mnx  — — - — -,  o<a?<27r; 

Jmd  II  2 

1 

x  =  o  =  infiniment  petit  ; 

„V^    i  >       ~  —  o     '    C"  sinj*   ,  tc 

0  >  — ^  sin  no  =  =   /        dx  =  -  • 

M  rt  0  î  .  /„  x  :>. 


210.  —  H  EH  MITE  A   STIELTJES. 

Paris,  -M   mai  1889. 
Mon    cheb    \\n, 

Je  viens  encore  vous  dire  tout  le  plaisir  que  m'a  fait  votre 
analyse  relative  à  la  limitation  du  module  de  J(a).  J'abrégerai  un 
peu  en  remarquant  que  le  terme  général  de  la  série  de  Gudermann, 

(a-\-n-\ —  )  log  (  1  H )  —  1 ,     est    donné     par     l'intégrale, 

rl     ±  —x 

/    — dx . 

J0    n  -+-  a  -+-  x 

Je  continuerai,  comme  vous  le  faites  si  heureusement,  en 
écrivant 


/    — - —  dx  =    /  dx  -+-    /     — - 

J      n  -4-  a  -+-  x  J      n -\- a -r- x  .h     /H- 


— ■ dx, 


148  correspondance  d'bermite  et  de  stieltjes. 

puis,  -i  I  on  i.ni  ./■  =  i  —  y  «laiis  La  dernière  intégrale, 

.  '      //  —  (/  -  ,  '      \  n  —  a  —  x        n  -+-  a  -t-  i  —  .r  / 

({  —  3"  )l  I  23?)  il  i 


JÇ  i   j  p)(i        ■»./■  |  ,/./■ 

(  n  ■+•  a  -t-  .r  )<  «  —  <v        i 


' 


ce  <|in  esl  s olre  expression. 

Maintenant,    permettez-moi    d'appeler   votre    attention   sur   La 

ioriu  u  le 

i 

J(a)=y    /"V-i^ ^ )<** 

(|iii  nie  semble  lié-  intéressante.   \  \  aurait-il  pas  heu  d  exprimer 
par  DxlogT(a  +  x)  et  D^logl^a —  x)  La  série 

i-*)y( — ' )■ 

1  j  —  \n  —  a  —  x         n  —  a  —  1  —  x  I 

Une  circonstance  bien  douloureuse  me  préoccupe  et  contrarie 
mon  travail;  j'ai  dernièrement  appris  que  M.  Halphen  était  sérieu- 
sement malade  d'un  rhumatisme  articulaire,  et  vendredi  dernier  j'ai 
été  le  voir  <  liez  lui  à  ^  ersailles.  Je  l'ai  trouvé  extrêmement  changé, 
pâle,  amaigri,  La  voix  faible;  il  m'a  accueilli  avec  une  émotion 
singulière;   nous   avons   longtemps  causé,    et   de   clioses  intimes. 

. . .  En  le  quittant,  j'ai  remarqué  qu'il  avait  la  main  brûlante,  je 
me  suis  senti  inquiet  :  hélas!  hier  j'ai  appris  qu'il  était  atteinl  d'une 
pneumonie  double,  que  sa  \  ie  était  en  danger 

.lirai  demain  après  ma  Leçon  a\  ec  la  crainte  d  un  affreux  malheur: 
il  a  -ix  enfants  dont  le  dernier  est  âgé  seulement  de  deux  ans! 
\  mi-  avez  dû  lire  son  Traité  des  fonctions  elliptiques;  c'esl 
L'immense  travail  qu  a  demandé  cet  Ouvrage  qui  lui  aura  coûté  la 
vie.  il  aurait  dû  mettre  cinq  ou  six  ans  à  le  faire.  Le  troisième  et 
dernier  \  olume  qu'il  a  entrepris,  étant  déjà  malade,  l'a  mis  à  boul 
de  forces;  il  succombe  à  la  tâche;  je  vous  écrirai  ce  que  j'appren- 
drai demain. 

Encore  une  fois,  mes  bien  sincères  remercîments,  et  la  nouvelle 

assurance  de  mes  sentiments  d'amitié  dévouée. 


lettri  -212.  i4g 

211.  —  STIELTJES  A   HERMITE. 

Toulouse,  •  i  mai  i  38  .. 
(  Îheb    Moin  si  i.i  i;  , 

Les  mauvaises  nouvelles  que  vous  m'avez  données  de  la  santé  de 
M.  Halphen  m'ont  fait  beaucoup  de  peine:  je  viens  d'apprendre, 
hélas!  que  vos  inquiétudes  n'étaienl  que  trop  fondées  el  que 
M.  Halphen  esi  mort  à»é  de  {5  ans  seulement.  C'esl  une  perte 
immense  et  irréparable.  J'admire  énormément  ses  deux  premiers 
volumes  sur  les  fonctions  elliptiques;  quant  au  troisième  il  fallait 
avoir  une  audace  bien  rare  pour  songer  seulement  à  l'entreprendre 
et  l'on  ne  trouvera  pas  un  autre  géomètre  qui  pourra  le  remplacer 
pour  celte  lâche.  Mais  vraiment  cet  exemple  me  confirme  dans  mon 
idée  cpie  \ous,  savants  de  Paris,  nous  travaillez  trop 

Cela  suppose  une  puissance  de  travail  dont  je  ne  peux  pas 

bien  me  rendre  compte.  Je  connais  trop  vos  sentiments  pour  savoir 
que  vous  êtes  profondément  affligé;  le  sort  de  sa  malheureuse 
femme  est  bien  cruel. 

...  La  seule  consolation  pour  nous  c'est  de  savoir  qu'il  laisse 
une  œuvre  durable  et  qu'il  a  donné  le  plus  noble  exemple  de  travail 
et  de  probité.  Je  m'associe  pleinement  à  votre  tristesse. 

\  otre  dévoué. 


212.  —  STIELTJES  A   HERMITE. 

Toulouse,  28  mai  1881). 
Cher   Monsieur, 

bn  travail  urgent  (rédaction  d'un  rapport  annuel  sur  l'état  de 
l'Observatoire  de  Toulouse)  m'a  fait  remettre  pour  quelques  jours 
de  répondre  à  quelques  questions  qui  se  trouvent  dans  nos  deux 
dernières  lettres.   Comme   nous  le  remarquez,   on  peut  écrire,  au 

29 


45o 

lieu   <le 


CORRESPONDANTE    II  HKRMITE    ET    DE    STIELTJES. 


'<-)-/2M 


-i-  a  —  x        /(  —  a  -i-  i  —  j* 


r// . 


J(a)=    /     f-       ./•  )  |  ii  a  —  i  —  a?)  —  ty(a-\-  x)]  dx, 

•  h     \  -  / 


:  x  i  -  T-iogr(af). 


Déjà,  en  1886,  j'avais  rencontré  pour  J(«)  des  intégrales  avec 
la  fonction  <jj  sous  le  signe    /  >  par  exemple,  aussi 


1  '      /**    -'"•''  I    1    ;  X     \ 

•      11  L 


c 


rf-r, 


G  =  < > . . > — >...  ei  «es  intégrales  sonl  valables  dans  tout  le  plan 
excepté  la  coupure  de  o  à  — yz.  Mais  je  n'avais  pas  réussi  alors  à 
en  déduire  la  formule  de  Stirling,  ce  qui  n'est  pas  difficile  pourtant 
et  j'avais  complètement  perdu  de  vue  ces  expressions,  jusqu'à  ee 
que  le  travail  de  M.  Bourguet  m'y  ait  ramené. 

Voici  une  remarque  d  où  l'on  peut  déduire  directement  la  for- 
mule 


1  —  >.e~'2~y  cos'iby  -+-  e~'*T,-y 


1         r(a-t-  b)r(a^-i-b) 

(A  1      —  log 

;      -i      "  Y(a)T(a) 

1  1  1      f"°    a  dy  \ 

=    -  tO£,r<7 / tOg 

2  >-Jo       a* -h y*      ■   l  11-  e--  - 

(o£è£i), 

soit  l>  une  constante  réelle  el  posons 

/,  x  1  =  IVr  —  A.  fi./  —  1  —  b). 

Je  dis  que  lorsque  //  est   réel  on  peut  exprimer  modf(uî)  par 
les  fonctions  élémentaires.  En  effel 


hhkI y'i  «i  1  =  /r(6  -+-  «7;  T(i  —  b  -+-  ai  )  r(6  —  ai)  r(i  —  è  —  ai), 

s 

r(è  —  ui)T(\  —  b  —  ui  )  =  —. —^ - , 

-m  - 1  //  —  ai) 


I'    A  —  ui)  \(  1  —  b  -+■  ai  1 


«in-(  è  —  ai  1 


LETTRE    "21*2.  |5  l 

d'où 

iu(Miy'(  ni)  =  —  —  ; 

\/s\m:(b  -+-  ui)  sin7r(6  —  ui) 

or 

/j  si  11  Tz(b  -+-  Ut  )  si  11  71  (  A         Ut)  =  2  (  COS  2 1t  Ut  —  COS  2  6  7") 

=  e2""-"  -t-  e-  2Tt"  —  2  c<  >s  '  b  -, 

mod  /*(  ut)  - 


\/e'2mi  -+-  e~2""-"  —  2  ros  2  6  ~ 
\  oiis  voyez  donc  qu'en  posant 

#(  a?)  =  -  log loga-, 

2     &[  r(.a?;r(-r)  |        2     5    ' 

«m  peut  exprimer  directement  la  partie  réelle  de  3(yî)  en  suppo- 
sant^ réel  «m  l'on  trouve  alors 

1  .       1  —  2 e-27Ir  cos2Ôy  -+-  e-4'1"' 

Og  • ; — : , 

4     8  (1  —  «-««y)* 

où  vous  voyez  la  fonction  sous  le  signe    /    dans  la  formule  (  \  ). 

lu  l'on   peut  en  conclure  directement  cette  formule  (A)  à  l'aide 
d'une  formule  déduite  de  l'intégrale  de  Gauchy 

/•(  ;  ) 


f(x)  =    :     / (lz, 

'  2  7T  l  J      Z  —  X 


(pie  j'ai  donnée  dans  le   cahier  de  mes   Noies,   sur  la  fonction   T, 
pour  en  déduire  la  formule  de  Binet 


1     f"°     x  dy    .       j         1 
3(x)=-    /      — — *--—  loff(  — 


(  )n  peut  obtenir  d'une  façon  analogue  la  formule 

(B)      llog,1^^, 
;      2     6  T  (  u  -t-  r  —  b  ) 

/,        i\.  1     z'0"    Kf/K  T  e-*«r  sin(267t)    1 

=  —  [b log«  —         j      -^ — : — arc  lang ^—\ 

2/  TtJJj      a'2-!-/2  [i  — e-2"rcos2Ô7r| 

(o<iii), 

1        .  ■   •       •     •     11       r  (  b  -+- 1  «  )     ,  1  . 

en  remarquant  une  la  partie  imaginaire  de  loa — — - — ; — ^s  obtient 

1  '  r  °r(i-6  +  «j) 

facilement.  Les  formules  (A)  et  (B)  conduisent  à  des  expressions 
des  polynômes  de  Bernoulli  (pion  peut  transformer  par  une  intê- 


I  5  !  CORRESPONDANCE    d'hERMITE    11     1)F.    STIELTJES. 

gration  />"/■  parties  dans  celles  que  Elaab  ri  vous  «ml  données.  Le 
développement  de  (  l>  )  donne 

i  r(a       b  ,  .         i   .  =??(&)        i  .-2.3.041  A  1 

-  os ,—  =  [  à  —        us  a  —  - — ! .... 

la   série  divergente  ayanl    les    r  1 1< - 1 1 1  < - -^    propriétés   que   lit   série   de 
Stirling  quanl  au  terme  complémentaire. 

Je  «lois  vous  remercier  encore  beaucoup  de  donner  ma  limita- 
tion <le  modJ(rt)  dans  votre  Cours.  Je  crois,  en  effet,  que  cette 
limitation  a  quelque  importance  aussi  pour  la  théorie  de  la  fonc- 
tion r  en  1^ ('•  1 1 «'•  1; :  I .  Comme  je  l'ai  montré  dans  le  cahier  de  mes 
Noies,  on  peul  en  déduire  rigoureusemenl  la  formule  de  Bmei  en 
se  servant  de  la  formule  de  Cauchjj  rappelée  toul  à  I  heure,  et 
j'avoue  <|ne  j'attache  quelque  intérêt  à  cette  déduction.  Veuillez 
bien  me  croire  toujours 

\  otre  1res  dé\  mie. 


213.         HERM1TE    I   STIELTJES. 

Paris.    1]   mai    1889. 
Mo»     CHEB      \  \l  I  . 

Les  formules  (A)  et  1  lïi  sonl  ;mssi  délies  qu'elles  sont  nou- 
velles; vous  les  mettrez  certainement  dans  un  travail  d'ensemble 
qui  réunira  tous  les  résultats  auxquels  \01is  êtes  parvenu  sur  la 
fonction  V(a)  et  fera  un  excellenl  Mémoire. 

J'ai  été  obligé  de  m'arracher  de  ce  sujet  [tour  me  jeter  tête 
baissée  dans  les  fonctions  elliptiques  que  j  enseigne  maintenant ,  et, 
comme  il  m  est  difficile  de  réfléchir  en  même  temps  à  deux  choses 
différentes,  je  m  exilerai,  si  vous  le  permettez,  l'effort  à  faire  pour 
vaincre  la  force  d'inertie,'  en  vous  demanda  ni  s'il  ne  corn  ient  point 
de  donner  à  l'intégrale 


S(a)  =  j 


ci  ./■  —  •>  )  —  x  —  1  , 

(■'■'  doc 


■>..r- 1  <•■' —  1  ) 

une  coupure  en  faisant  ax=  l.  ce  qui  donne 


e" ( t  —  ia)  —  t  —  >.fi    ,    , 
J(a)=     /       — j2-. r e'dl. 


■>.  t1  \  e" 


LETTRE   2DÎ.  \ 5  i 

...  -  .    .  ,     /  .  2/im 

la    condition   e"=  i   conduisant  a       =  >.ii.i~   ou    a  —  -     —  >    nuiis 

voyez  que,  it  prenant  des  valeurs  positives  el  négatives,  lorsque 
/  varie  de  zéro  à  — x,  on  obtienl  pour  coupure  toul  I  axe  des 
ordonnées. 

C'esl  dune  le  même  résultai   qu'avec  l'autre  expression  si   dif- 
férente 

(0  5(a)=  -  — si- • 

71  .  /(i  rt  '  -H  /2 

Puis-je  dire  ensuite  que  votre  limitation 
raodJ(a) <  

'  I2RC0S2^6 

esi  valable  dans  toul  le  plan,  nonobstant  celle  coupure,  qui  se 
retrouve  dans  l'expression 


=  r(i--*)Y( — [ ■ — ) 

J      \'i  I  —  \  «  -i-  a  H-  x        n  -+■  a  -+-  i  —  r  / 


dx  ? 


C'esl  ce  que,  sans  trop  réfléchir,  je  conclus  en  lisanl  dans  votre 
avant-dernière  lettre  :  «  Jl  va  sans  dire  que  cette  limitation  se 
rapporte  à  la  continuation  analytique  de(i)  lorsque  la  partie  réelle 
de  a  serai  i  négative.    » 

Dois-je  comprendre  que  vous  faites  celle  extension,  ainsi  qn  il 
parait  naturel,  au   moyen  de  la  relation 

J(  —  a)  =  —  J(«) 

va   laquelle  conduisent  les  deux  expressions  de  J(cM.' 

Samedi  dernier,  après  ma  leçon,  j'ai  été  à\  cisailles  voir  Halphen, 
pour  la  dernière  fois,  sur  son  lit  de  mort.  J'ai  eu  avec  M'"e  Halphen, 
qui  contenait  son  désespoir  en  retenant  ses  larmes,  un  entretien 
dont  je  ne  pourrai  jamais  perdre  le  souvenir.  La  présence  à  côté 
d'elle  de  madame  sa  mère,  qui  est  de  Nancy,  et  m'a  parlé  de  ma 
famille  qu'elle  a  connue,  a  fait  un  peu  diversion;  j'ai  tenté,  en 
parlant  du  mérite  éclatant  de  son  mari,  de  donner  la  seule  conso- 
lation qui  fût  en  mon  pouvoir,  et  un  intime  ami,  M.  Collet,  qui  a 
corrigé  les  épreuves  >\n  Traité  des  fonctions  elliptiques,  m'a  écrit 


(>l  CORRESPONDANCE    D  HIHMITK    El     DE    STIELTJES. 

que  ma  visite  n  a\  ml  pas  été  entièrement  inutile,  mais  que  c'est  peu 
de  chose!  Sunt  lacrymœ  rerum  etmentem  mortalia  tangunt. 

I  .n  vous  renouvelant,   mon  cher  ami,  I  assurance  de  toute  mon 
affection. 


214.  —   HERM1TE  A   STIELTJES. 

ii    mai  iS8|j. 

Je  m'aperçois  à  I  instanl  que 

i 

=r(--*)2i — ■ -  ) 

J         ■>  '  ^i  <  n  —  a  ■+-  x        n  -+-  a  -t-  i  —  x  j 


il.i 


a  pour  coupure  la  partie  négative  de  l'axe  des  abscisses,  comme 
vous  le  ( 1 1 1 es .  el  non  point,  comme  je  viens  par  inadvertance  de 
\diis  l'écrire,  l'axe  des  ordonnées. 

Il  y  a  là  matière  sérieuse  à  réflexion;  la  formule  ci-dessus  ne 
donne  aucunement,  comme  les  intégrales  définies, 

J(—  a)  =  —  J(a). 

Commenl  donc  en  définitive,  obtenir  l'extension  à  toul  le  plan 
de  J(a)? 

215.  —  STIELTJES  A   H  ERMITE. 

Toulouse,  le  >  juin  \  889. 
Chek    MonSIET.  11, 

Nous  trouverez  un  peu  pins  loin  un  petit  résumé  des  formules 
nouvelles  de  la  théorie  de  la  fonction  Y.  qui  vous  scia  utile  peut- 
être  lorsque  vous  reviendrez  sur  celle  théorie;  pour  le  moment,  il 
suffira  de  remarquer  que  la  formule 

logT(a)  =  /  a )  loga  —  n  n —  log  2ir-+-  J(a) 

1 

défînil  évidemment  J(«)  comme  fonction  non  uniforme  de  a. 
M. us  supposons  une  coupure  de  o  à  — x  et  prenons  J(«)  réel 
lorsque  a  est  réel  et  positif.  Mois,  grâce  à  celle  restriction  de  la 
nia  relie  de  la  variable,  .1  a  est  |  ail  iliciellemenl  )  un  il  orme  et  a  une 
valeur  déterminée  dans  toul  le  plan  1  excepté,  il  esl  vrai,  les  points 


LKTTKE    '215. 


...» 


de  la  coupure  où,  à  vrai  dire,  il  y  a  deux  valeurs  selon  que  l'on 
arrive  en  ce  point  par  un  chemin  tracé  dans  la  partie  supérieure 


dx 


ou  inférieure  du  plan).  C'est  cette  fonction  J(a)  qui  esl  donnée 

par 

i 

r«)  j(«>=  nL--)y,( — ! ! — ) 

J     \ 2  /  ~è  \ n .  -t-  a  -+-  x        n  +  a  +  i-a;/ 

et  à  Laquelle  se  rapporte  la  limitation 
mod  J(  Re'**)  < 
Quant  à  la  formule 


[2  RcosH8 


(1) 


Jl 


a)  =  -   / 

11. J. 


alog(i  —  e^) 

a2  -+-  *2 


rf*, 


elle  n'est  exacte  qu'en  supposant  I*.  R.  a  >  o  et,  pour  éviter  toute 
équivoque,  il  vaudrait  peut-être  mieux  écrire 


(!') 


il    /  a2 


a  loch  — <?***' 


cfr, 


où  il  faut  prendre  le  signe  -f-  ou  —  selon  que  la  partie  réelle  de  a 
est  positive  ou  négative. 

Si  l'on  adoptait  (i)  comme  définition,  on  aurait 

.1  (  a  )  —  —  J( —  a). 

Mais,  comme  vous  l'avez  remarqué,  l'axe  imaginaire  est  une 
coupure  et  des  deux  côtés  on  a,  en  vérité,  deux  fonctions  diffé- 
rentes  dont  l'une  n'est  pas  la  continuation  analytique  de  l'autre. 
Ici,  comme  d'ordinaire,  par  continuation  analytique  il  faut  entendre 
cette  continuation  parfaitement  dé  le  nui  née  qui  se  fait,  d'après 
M.  VVeierstrass,  par  la  série  de  Taylor  ou,  d'après  Riemann,  par 
l'équation 


a  =  x  -+-  yi, 


. d /(  a  )  _  d  f(a) 


dx  dy 

Toute  autre  méthode  conduit  à  l'arbitraire.  Donc  il  ne  convient 


'i'(f)  correspondance  imikhmitk  bt   de  stiki.tjks. 

pas  d'adopter  i  i  I  comme  définition  générale,  il  faul  la  borner  au 
cas  I'.  R.  a  >>  o  ou,  ce  qui  revienl  au  même,  la  remplacer  par  i  i  \, 
La   continuation  analytique  (d'après   Weierstrass)  de  la  fonction 

qui  e>i  définie  pour 

P.  i;.  n  >  o 

par  I  i  ntégrale 


i     r       «log(i —  e'2i 
-  J  a>-  -r-  t* 


(Il 


esl  précisémenl  La  fonction  J( a)  telle  que  je  l'ai  définie  en  com- 
mençant, <i  <|in  esl  donnée  par  (a). 

Il  sérail  facile  dé  continuer  analytiquemeni  cette  fonction  i(a) 
en  traversant  l<i  coupure;  pour  cela,  il  suffil  de  calculer  La  diffé- 
rence des  valeurs  de  J(«)  sur  les  bords  de  La  coupure.  Mais  alors 
elle  cesse  d'être  uniforme. 

.1  ai  vu  avec  plaisir  votre  transformation 

g-  (x  —  -i)  —  x-  >  i>K,.i/r  (P.  R.  a>o) 

ix*(e*—i) 


1/    \  / 

J(a)  =     #  —  i't  ,lt. 


,-' i  i  —  2a)  —  /  —  ici 


I  >ans  la  première,  on  doil  supposer  P.  R.  a  >>  o  pour  que  I  inté- 
grale suit  convergente;  il  est  curieux  de  voir  que,  dans  la  seconde, 
celle  restriction  s'annonce  par  l'existence  d'une  coupure. 

Sait-on,  Monsieur,  si  le  Tome  111  du  Traité  de  Halphen  est 
irréparablement  perdu  ou  ^  1 1  avait  préparé  du  moins  nue  partie 
pour  1  impression  déjà  ? 

A-t-on  déjà  démontré  que  la  constante  eulérienne 

G  =•  <>.  >y7  2 1 5  66  i  9. . . 

est  un  nombre  incommensurable?  Je  pense  «le  temps  en  temps  à 
cela,  niais  je  n'ai  pas  encore  trouvé  une  expression  de  C  qui 
pourrai!  conduire  à  i\ne  démonstration,  cependant,  je  dois  exa- 
miner encore  quelques  expressions  obtenue-  récemmenl  el  qui  me 
semblent  donner  une  faible  espérance.  Mais  peut-être  que  je  perds 
ma  peine  à  pure  perte  et  la  chose  est-elle  déjà  démontrée. 

Mais  ma  principale  occupation  esl  d'achever  el  de  perfectionner 


LETTRE    -215.  ]■>- 

iiKin  travail  sur  les  fractions  continues;  pour  n  \  pas  renfermer 
trop  de  choses  un  peu  disparates,  je  le  scinderai  <'n  deux  parties  : 
l'une  plutôt  algébrique,  tandis  que,  dans  la  seconde,  je  m'occupe 
de  la  question  de  con\ersence  surtout.  Ces  fractions  continues 
représentenl  ordinairement  des  fonctions  dans  toul  le  plan,  excepté 
une  coupure  comme  J(a  \. 

Je  pense  passer  les  vacances  près  de  ma  famille  en  Hollande. 
c  e>i  plus  de  quatre  ans  que  je  n'ai  pas  vu  ma  famille  et  ma  le  m  me 
éprouve  aussi  un  grand  désir  à  revoir  ses  parents.  Cela  n'entravera 
en  aucune  façon  noire  travail,  la  Haye  esi  même  plus  près  de 
Pans  que  Toulouse  (  onze  heures  en  chemin  «le  fer  an  lieu  de  seize 
heures).  Je  pourrai  même  travailler  là-bas  plus  à  mon  aise  qu  ici 
où  les  grandes  chaleurs  sont  vraiment  accablantes,  el  les  enfants 
aussi  en  souffrent  beaucoup.  Nous  me  savez  être  toujours  votre 
très  dé\ oué. 

P. -S.  -  -  Les  intégrales  définies  dans  la  théorie  de  la  fonc- 
tion l'(#),  qu'on  a  considérées  jusqu  ici  presque  exclusivement, 
ne  sont  valables  que  sous  la  condition 

P.  R.  a  >  o. 

Il  n  \  a  qu'une  exception  appareille  pour  la  formule  île  Binel 


.1, 


>i  log(l  ^  t'-71'  )  dt 
a2-t-  f1 


mais  \ous  avez  remarqué  que,  à  vrai  dire,  ce  n'est  là  qu'une 
illusion.  L'intégrale  représente  (\r>  deux  côtés  île  la  coupure  deux 
fonctions  différentes,  l'une  n'est  pas  la  continuation  analytique  de 
l'autre. 

(1  est  M.  Bourguel  qui  a  d'abord  obtenu  des  intégrales  définies 
qui  permettent  de  franchir  l'axe  des  y.  Il  obtient  une  formule  que 
j'écris,  après  un  léger  changement  de  variable, 

,,  V^      /"*      dll       /  SU) -2/111  u    . 

m  J<«;  =  y  /         -  (-    —  )> 

*dj0      u  H-  a  \       ht.        ) 

elle  représente  la  fonction  J(«)  dans  toul  le  plan  avec  la  coupure 
de  o  à  — x;  c'est  la  fonction  J  (a)  telle  qu'elle  a  été  définie  plus 


|58  CORRESPONDANCE    d'hERMITE    KT    UE   STIELTJES. 

haut.  I  ne  autre  forme  «  I  «  -  cette  formule  de  M.  Bourguet  est  celle-ci 

/*"  P  (  u  )    , 

J(a)=  /      du; 

J0      u-ha 

ici 

1 

esl  évidemment  nue  fonction  périodique 

P(m+i)  =  P(m) 

et,  dans  l'intervalle  i  <>,  i  ):  on  a 

i 

.    P  (   «  |   =    -    —    M . 
2 

Cette  accoude  forme  (2)  se  décompose  immédiatement  dans  la 
formule  de  (  îudermann 

1  f'  p,">  j         i'1  p(")    / 

J  1  «  1  =   /     —        du  —  / du  -+-..., 

J0     u-ha  Ji     u  —  a 

(3,  ,(.).2[(.H..H-I)l.g(î±^±l)-.]. 

C'est  celle  seconde  forme  (2)  qui  me  paraît  la  plus  importante 
et  la  plus  fondamentale;  il  en  résulte  aussi  directement  la  différence 
des  valeurs  de  J(a)  aux  bords  de  la  coupure,  d'après  votre  for- 
mule. 

La  formule  de  Gudermann  (3),  déduite  de  (2).  permet  natu- 
rellement de  continuer  la  fonction  i(a)  en  traversant  la  coupure 
el  met  ainsi  aussi  en  évidence  le  vrai  caractère  de  J(«)  et  montre 
qu  elle  admet  une  infinité  de  valeurs  selon  le  chemin  de  la  variable, 
si  l'on  fait  abstraction  de  la  coupure. 

Peut-être  que  je  me  déciderai  à  rédiger  el  à  publier  ce  que  j'ai 
fait  sur  ce  sujet. 

J'ai  besoin  de  ces  formules  pour  taire  voir  que  la  série  de  Stirling 
est  applicable  dans  tout  le  plan.  Cela  a  toujours  été  mon  but  prin- 
cipal et  qui  m'est  propre. 


LETTRE   211).  '| ■">«) 

La  démonstration  de  la  limitation 

iimmI  J(«  )  < 


12  H  cos2-i9 
csi  le  premier  pas  et  le  plus  important  dans  cette  direction. 

216.  —  H ERMITE  A   STIELTJES. 

\  juin   1889. 

Mon   c.HEii    Ami, 

Un  mot  seulement,  à  la  hâte,  pour  vous  remercier  de  votre  der- 
nière lettre  qui  jette  une  vive  lumière  sur  tous  les  points  que  vous 
touchez.  Je  ne  puis  assez  nous  dire  quel  travail  et  quelle  peine 
\011s  m'épargnez  et  comme  sous  avez  le  don  de  me  sortir  de  mes 
anxiétés  et  angoisses  analytiques. 

Pensant  avec  vous  aux  fractions  continues,  avez-vous  remarqué 
(pie  dans 

/'"  <■■'■(  T  —  1  )  —  X  —   l  , 

Ma)  —  / eax  dx 

J  ->.x^(ex—\) 


-  est  la  première  réduite  du  développement  de  ex '?  Peut-être 


y  aurait-il  lieu  d'étudier 

Pe*—  Q 


/ 


a?2"  (g-*-—  1) 


eax  dr 


où  ^  serait  la  réduite  d'ordre  n. 

\  l'égard  de  la  constante  d'Euler,  je  crois  pouvoir  vous  assurer 
qu'aucun  oui  humain  jusqu'ici  n'a  même  sondé  le  mystère  de  son 
irrationalité.  Ce  serait  donc  une  grande  et  belle  découverte  de 
démontrer  que  C  est  incommensurable,  mais  d'où  a  pu  donc  venir 
un  rayon  de  lumière  sur  une  question  si  cachée,  si  profonde? 
J'apprends  avec  grand  plaisir  que  nous  passerez  les  vacances,  avec 
votre  famille,  en  Hollande,  et  que  vous  me  permettrez  de  vous  v 
faire  parvenir  les  difficultés  et  les  peines,  les  pressantes  invocations 
à  votre  bonne  assistance  que  vous  accueillez  avec  une  bonté  que  je 
sens  bien  vivement. 

En  vous  renouvelant  l'assurance  de  mon  affection  bien  sincère 
et   bien  dévouée. 


CORRESPONDANCE    d'HERMITK    ET    DE    STIBLTJES. 

217.  —   HERMITE    I   STIELTJES. 

Paris,  lundi  (  '  ). 
Mon    i  mi  i;      \  m  i. 

l'eml  a  ni  la  séance  de  ]  académie,  permettez- moi  de  vous  envoyer 
un  mol  «m  couranl  pour  vous  dire  que  je  -m^  sorti  des  fonctions 
elliptiques  el  revenue  la  fonction  l"{ci). 

.1  .h  entièrement  refondu  mes  leçons:  |  ai  cru  devoir  exposer  les 
propriétés  fondamentales,  il  abord  comme  tous  les  auteurs  en  par- 
lant <le  la  définition  ordinaire,  puis  une  seconde  fois  en  partant 
de  la  définition  de  Gauss  et  traitant  alors  de  I  (  n  )  comme  fonction 
analytique.   Enfin,  je   consacre  une   dernière   partie  à  l'étude  des 

r  •  i  i     i-     ■  -  i  i         i    >        •        I"  '  " 

diverses  intégrales  dennies  iim  se  présentent  dans  la  théorie, , 

loi;  T  i  u  .  .1 i  ii  i.  pour  ilon n er  votre  belle  analyse  qui  conduil  à  la 
limitation  de  mod  J  a   pour  a  =  H  e1'1,  el  enliu  /     xb   '(i —  /•  "    '>/./•. 

pour  en  tirer  les  applications  que  vous  connaisse/  du   théorème  de 
M.  Mittag-Leffler. 

Dans  ma  leçon  sur  les  coupures,  je  parlerai  de  la  coupure  de 
J(«)  et  de  la  substitution  <l  une  autre  coupure  à  celle-là,  par  le 
lait  de  la  transformation  que  vous  avez  obtenue  de  celte  intégrale. 
C'est  là  un  résultat  qui  m'intéresse  vivement  et  qui  m'a  surpris; 
je  crois  bon  d'appeler  l'attention  sur  cette  circonstance  si  remar- 
quable que  nous  avez  rencontrée. 

\  bientôt,  mon  cher  ami,  une  lettre  moins  décousue  el  en  vous 
renouvelant  I  assurance  de  mes  meilleurs  sentiments. 


218.  —   STIELTJES  A    HERMITE. 

l'i m louse,   12  juin   1 88g 
CfciEK    Mon  su.  i  r, 

\  mis  considérez,  sans  doute,  connue  I  un  des  résultats  les  plus 
importants    de    la    théorie    de    la    fonction    T    ce    théorème    dû    à 


(')  Note  des  éditeurs.   —   Ceite  lettre  n'est   pas  datée  et  nous  avons  beaucoup 
hésité  à  la  mettre  à  la  place  qu'elle  occupe,  en  la  rapportant  au  lundi  io  juin  1889. 


LETTRE   *2I.S.  46  J 

l'i  a  i  ' 


M.  Weierstrass,  une  .,    —  est  une  fonction  liolomorplie  dans  tout 


le  plan. 

actuellement,  ce  théorème  s'obtienl  presque  immédiatemenl  si 
l'on  prend  pour  poinl  de  dépari  le  produit  infini  de  Gauss  <i 
d'Kuler.  Mais,  comment  faut-il  l'obtenir  en  prenant  pour  définition 
l'intégrale  définie 

l'(«)  =     /       ,r'-'r     '•  il.r  'l 
•i, 

Si,  avec  M.  Prym,  on  pose  d'abord 

P(a)=    /     x"-^e    ■'  tl.r.  Q(«)  =    /      *"-*,•    ',/./'. 

on  obtient 

r  (  a  )  = 


ez         a  -+-  i  i  .  •>,  i  a  -f-  2  )         i  .  2 . 3  (  a  -+-  3  ) 

-4-  c0  -h  c ,  «  -h  c2  «-'  -H  f3  a:i  -+- .  .  . , 

cl  l'on  en  conclut  que  V(a)  est  une  fonction  uniforme  qui  admel 
seulement  les  pôles  simples  o,  —  i ,  —  2,  .  .  . .  C'est  là  certainement 
déjà  un  résultat  notable,  mais  cela  ne  suffit  pas  encore  pour  obtenir 
le  théorème  de  M.  Weierstrass. 

Dans  ce  but,  il  faudrait  démontrer  encore  que  Y  (a)  ne  s'annule 
pou?'  aucune  va/eu?-  finie  de  a.  Ce  point  établi  on  pourrait  con- 
clure immédiatement  que  i  '.T(a)  est  une  fonction  entière,  mai> 
comment  le  faire? 

Il  est  vrai  qu'on  peut  tirer  ce  résultat,  que  V{a)  ne  s'annule  pas, 
de  la  relation 

(i)  IV)  r(i  — a)  =  7^— 


et,  comme  l'a  fait  remarquer  M.   Bourguet,  cette  formule  montre 
aussi  directement  que 

I  sitlTTC? 


r(i-a) 


T(«) 


est  une  fonction  entière.  Mais  en  prenant  pour  poinl  de  départ 
l'intégrale  définie,  la  démonstration  de  cette  relation  (i)  est  assez 
difficile. 

J'ai   été    amené   ainsi   à  chercher  si   l'on  ne   pourrait  pas    tirer 


|ti>  CORRESPONDANCE    d'hKRMITE    KT    DE    STIELTJES. 

directemenl  de  la  définition 

l'irti-    /      e~xxa    '  dx, 

la  conclusion  que  \\  a  >  ne  s'annule  pas.  tanl  que  a  reste  fini. 
Je  remarque  d'abord  qu«-  si  I  on  avail 

r  i  «  I  =  o         pour         a  =  a  -+-  pi, 

on  aurait  aussi 

r(a-4-i)  =  o,         r(a-r-2)  =  o, 

ci.  évidemment,  p  ne  peut  pas  être  nul.  ensuite  avant 

/     t(i~  '  e-  •*■  dx  =  o , 

'    ci 

on  aura  aussi 

/      xa~y  e   kx  dx  =  o, 

•  o 

/r  étant  un  nombre  positif  quelconque,  donc  pour  <?  =  a  -+-  fit 
/      xa-  '  cosi  p  Ioga?  ic_/ra;  cfcc  =  o, 

Ji      a?a_1  sin  (  3  logœ  le-**  ûfcr  =  o, 
o 

et  ces   relations  doivent   rester  vraies  en  remplaçant  a  par  a  + 
//  étant  un  entier  positif  quelconque.  Je  pose  maintenant 


'    '  '  =  I  I   v  '  —  xe        '  ' 
o 

C'est  là  une  fonction  entière  qu'on  peut  développer 

•.ii./- 1  =  7  cn  '"' 
o 
cl  l'on  devra  avoir  maintenant 

/      a?«-  l<p(x)  sin((3  \ogx)e~kx  dx  =  o, 

OC 

car  en  remplaçant  o(x)  parN  r„./"   tous  les  termes  sont  nuls.  De 


LETTRE   218.  ',»>.' 

même,  il  faudrait  avoir 

/     x*+n-l<p(x)  sin(3  loga?)e   kx  dx  =  o, 

//  étant  un  entier  positif  quelconque.  Mais  cela  peul  s'écrire 

(A»  /    a?«-|-"-1ç(a?)  sin(j3Ioga?)e-**</a7 

-+-    /      .ra+"-'<f  (  a?  )  sin(  3  lo^.r  ic-'-  ■<'  dx  =  o. 

Or,  la  première  intégrale  aune  valeur  absolue  inférieure  à 


./' 


,ra+"-1  dx 


<i  tend,  par  conséquent,  vers  zéro  lorsque  n  croit  sans  Limite.  Et 
dans  la  seconde  intégrale 

/      a?a-t-'i-i « (  ,r  )  sin(  S  logar)e-A;C  </r, 

le  produil 

cp  (x)  sin(  8  log.r  ) 

a  un  signe  constant  ( — ),  car  cp(.r)  change  de  signe  en  même  temps 
que  sin([j  log.c).  Donc,  évidemment,  cette  seconde  intégrale  a  une 
valeur  négative  dont  la  valeur  absolue  croit  en  même  temps  que  n. 
Vous  voyez  que  l'équation  (A.)  implique  contradiction,  donc  T(rt) 

ne  s'annule  pas  et- est  une  fonction  entière. 

J'ai  dû  introduire  la  constante  positive  k  pour  parer  à  une 
objection  qu'on  pourrait  faire  à  ce  raisonnement.  En  effet,  ce 
raisonnement  serait  en  défaut  si  l'intégrale 


Jf      x*-  -«  <p  (a?)  sin(  8  [ogx)e-/cx  dx 


n'avait  pas  de  sens.  Mais  je  remarque  que  la  valeur  absolue  de  v(x) 
est  inférieure  à 


2  71  \     /  3  7t 


(i  -f-  x)\i  -+-  x  e    ?  /  \i-\-  xe     *  /  \i  -t-  xe 


|ti|  CORRESPONDANCE    d'hERMITE    ET    DE    STIELTJES. 

ci  h  fortiori  à 

où         /  —  i       e    ''  f-  e     '' 


;> 


Il   est    clair   par  là   qu'en   prenanl  /.  >>  /  le-~   intégrales   que  j';ii 
(i msidérées  oui  bien  un  sens. 

J'ajoute  qu'évidemment  dans  les  développements 


=  y*je„X",  -     r  )  =  2_ir„T-'. 


e,,  esl  supérieur  à  la  valeur  absolue  de  c„. 

Je  me  fonderai  sur  cette  remarque  pour  détruire  une  autre 
objection  qu'on  pourrail  faire  el  qui  consiste  en  ceci.  Il  est  bien 
\  rai  <  j 1 1  <  ■ 

/      ./-*-1  cp i  ./■  |  sin|  '}  loga?  l e~'<  '  dx 

'   o 

;i  un  sens,   mais  est-il  bien  sûr  <|ue  celle  intégrale  soil  égale  à 

2,    f       .ra-'c„./'"  —  i ■  i.  c  fj  In-  ./•  i  e ■■'■■'  ,/.,  . 
ii 

et,  par  conséquent,  nulle  comme  je  l'ai  supposé? 
Pour  écarter  le  doute,  je  pose 

o(x)  =  C0         ,{.r         ...--  e„„, ./"'-l  —   R„, 

et  j  obtiens 

/      a?*  _1«p|  .r  i  si  n  i  p  loga;  i  e~kx  dx 

.  ., 

=   /      x*-lR„  sini  p  loga:)e-*a  rfa- 

«  ii 

=    lim     /      x%~ l  R„  sin(P  \ogx)e~ kx  dx. 

"  =  «  •  ,, 

<  )r.  en  posant 

S„  =  e i,  .r"  —  e/M  ,  .r"-'-'  -  .  .  . . 

la  valeur  absolue  de  Rw  est  inférieure  à  S„.  doue  la  valeur  absolue 

de 

/      ar»    '  R„  sini  fJ  lu-./- 1<— '•<  dx 
«-Ai 


LETTRE    1>1N. 


',<;:> 


est  inférieure  à 
Mais  on  a 


/     a:*-1  S„  e~kx  dx. 

•  o 

/     .r^-1  S«  e~kx  dx  =    I      .r*"1     e/x—  \—lx  — 


1.2.    .(«  —  t)J 


c'est-à-dire 
/      x*   !  S«c   /"'  efo?  =  r(aj 


a      / 


a(a-+-  i  i      /'- 


{k  —  l)*       k*       i  />■*-+-"  i.2      /•*•  - 

7.(  7.  -i-  i  ).  .  .(a  -+-  «  -    i  )      /"- 


!.'....(//   I  ) 


Or,  on  a  ce  développement  convergenl 


(k  —  /)*        X*         i    Â*+' 


a  (  a  -+-  i  )      /- 


lim  (     /      a?«-»  S»e-*A"rfar)  =  o, 

«  =  <*>\J0  l 

et  à  plus  forte  raison 

lim     /      a?»-'R/lsin(pioga-)e  **  d>  =  o. 

Il  me  semble  qu'après  ces  explications,   ma   démonstration  est   à 
l'abri  de  toute  objection. 

Je  \(mis  parlerai  une  autre  fois  du  nombre  C;  certain  résultat 
rencontré  dans  mes  réflexions  sur  les  fractions  continues  me  donne 
quelque  espoir.  Mais  je  dois  d'abord  rédiger  un  Mémoire  pour  nos 
Annales,  conçu  depuis  bien  longtemps,  mais  que  j'ai  laissé  tomber 
dans  l'oubli.  Et,  ensuite,  il  me  faudra  terminer  mes  fractions 
continues.  Je  regrette  beaucoup  que  faute  de  loisir  je  n'aie  pu 
examiner  encore,  d'après  votre  idée,  l'intégrale 


I 


0     Pex—Q 

eïx(ex j) 


eax  dx. 


Q 


étanl  la  réduite  d'ordre  n  de  ex.  La  vie  est  bien  courte  pour  tout 


,   pour 

ce  qu'on   voudrait  faire.  Veuillez   nie    croire   toujours   votre  bien 
dévoué. 

3o 


466  CORRESPONDANCE    d'hermite    El    DE    STIELTJES. 

219.   -  STIELTJES  A   HERMITE. 

Toulouse,  i3  juin  1889. 
Cher   Monsieur, 

En  vous  écrivant  hier,  j'ai  oublié  de  il  ire  que  le  fait  que  V  a)  ne 
s'annule  jamais,  peut  se  tirer  non  seulement  de  la  relation 

r (  a  )  r (1  —  a)  =  t.  :  -i ti  1 - (/  1. 

mais  encore  de  l'expression  de  logr(a)  par  une  intégrale  définie. 
On  voit  que  logT(rt)  a  une  valeur  finie  tant  que  la  partie  réelle 
de  a  est  positive.  Mais  il  ne  me  semble  pointant  pas  inutile  d'avoir 
une  démonstration  directe,  malheureusement  elle  est  un  peu  déli- 
cate; je  crains  qu'on  ne  puisse  la  simplifier  beaucoup. 
J'ai  réfléchi  autrefois  sur  la  fonction  holomorphe 

Q(.r)  =    /      ii'    le~u  du. 


.('- 


et  je  voulais  savoir  si  elle  admet  des  zéros  ou  non.  Dans  le  dernier 
cas.  on  pourrait  la  mettre  sous  la  forme  r<i-r),  (-j(x)  étant  encore 
holomorphe.  Mais  je  viens  de  m 'apercevoir  que  l'équation 

Q(T)  =  0 

admet  certainement  des  racines.  Ces  racines  sont  imaginaires,  du 
reste,  car  tant  (pie  r  est  réel  Q(#)  est  réel  et  positif. 

Pour  le  démontrer,  je  vais  supposer  que  Q(#)  =  o  n'admet  pas 
déracine,  vous  verrez  que  cette  hypothèse  conduit  à  une  absurdité. 

L'équation 

Q(.T)  =  -  -h(T—  l)Q(.r—  n 

montre  que  Q(i)  =  —■>  mais  aussi  que.  dans  notre  hypothèse, 
l'équation 

Q(*)  =  J 

n'admet  qu'une  seule  racine  x  =  i.  En  effet,  si  l'on  avait  encore 

Q(a  )  =  -         (a  différant  de  1), 
e 


LETTRE    219.  467 

on  en  conclurait 

Q(«  —  1)  =  o         contre  l'hypothèse. 

Cela  étant,  je  considère  la  fonction 

<,(.'■)   =Q(  !-+.«*). 

C'est   encore   là   une   fonction    holomorphe,    et,    d'après    ce   qui 
précède,  les  équations 

{{(.r)  =  0, 

n'auraient  aucune  solution,  Çj(#)  serait  donc  une  constante  d'après 
le  théorème  de  M.  Picard,  niais,  cela  n'étant  pas  vrai,  il  est  certain 
que  l'équation  Q(.r)  =  o  admet  des  racines. 
Si  le  nombre  des  racines  de 

Q(a?)  =  0 

était  fini  (x  =  x{,  ...,  xn)i  l'équation 

Q(*)  =  i 
aurait  seulement  les  n  -+-  1  racines 

I,       I-t-3"!,       l-(-a?2)       •••»       i-\-.r„. 

Or,  est-il  possible,  (-J(x)  étant  une  fonction  entière,  «pie  les  équa- 
tions (/(#)  =  a,  §(x)  =  à  aient  toutes  les  deux  seulement  un 
nombre  fini  de  solutions?  J'en  doute,  et  alors  on  pourrait  conclure 
que  Q(x)  =  o  a  un  nombre  infini  de  racines  (  '  ).  Mais  il  y  a  là  évi- 
demment matière  à  beaucoup  de  réflexions. 

Je  n'ai  jamais  trouvé  à  la  Bibliothèque  le  volume  des  Annales 


(')  M.  Picard  (Annales  de  l'Ecole  Normale,  i"  série,  t.  IX,  1880)  a  démontré 
le  théorème  suivant  : 

Si  les  équations 

F(z)  =  a 

P(*)  =  ô 

ont  chacune  un  nombre  limité  de  racines,  la  fonction  entière   V(z)  se  réduit 
à  un  polynôme. 


\GB  CORRESPONDANCE    I)  IHIOIITi:    Kl     DE    STIELTJES. 

qui  contienl  le  Mémoire  de  M.  Picard,  mais  je  ae  peux  pas  rester 
ainsi  sans  le  connaître. 

\  otre  très  dé\ oué. 


220.        Il  Eli  MITE    I    STIELTJES. 

Paris,   i  ")  juin    i^sm 
Mo\    (  111.1;      \  \i  l . 

Vos  recherches  sur  Q(#)  m'intéressent  extrêmement  et  j'ai 
précédemment  suivi  avec  le  plus  grand  plaisir  le>  diverses  étapes 
de  votre  démonstration  que  la  fonction  r(<y)  n'a  poinl  de  racines. 

Mais  comment  se  peut-il  que  vous  n'ayez  pas  à  la  bibliothèque 
le  volume  des  .Annales  <|ui  contient  le  théorème  de  Picard  !  Je 
vais  lui  demander  s'il  pourrait  vous  envoyer  un  exemplaire  de  son 
I  ravail . 

l'en  h  cl  lez- moi  de  vous  demander  votre  avis  sur  cette  manière  de 
présenter  l'application  du  théorème  de  M.  Mittag-Leffleraux  fonc- 
tions doublement  périodiques. 

La  formule  générale  pour  les  fonctions  f( x)  étant 

/<.>=g(.)+2[<^é=5:)-f.(.)]. 

il  convient,  pour  cette  application,  d'envisager  en  particulier,  en 
les  réunissant  dans  un  même  groupe,  les  pôles  qui  >e  trouvenl  à 
I  intérieur  il  un  parallélogramme  formé  avec  les  périodes  a  et  b  et 
,iu  somme!  arbitraire.  Je  les  nommerai  pôles  principaux  pour 
abréger,  et  en  désignanl  l'un  quelconque  par  p.  tous  les  pôles 
de  f(x)  seront  représentés  par  p-\-ma-\-nb.  Cela  posé,  soit 
v(x)  la  fonction  rationnelle  ayant  pour  uniques  discontinuités  les 
pôles  principaux,  et  telle  que  /(x) —  '^<./)  soit  finie  pour  toutes 
les  valeurs  x  ==/>•  Il  esl  clair  qu'on  pourra  écrire" 

f(x)  =  G(r)  +  V[8U  +  ma  ■+■  nb  )  —  F//lf,t(a?)], 

\:,,i,u  étanl  un  polynôme  auxiliaire  tel  que  la  somme  étendue  à 
tous  les  entiers  m.  n  représente  une  série  convergente.  Je  remar- 
querai  que    la   somme  des   résidus  relatifs   aux    pôles   principaux 


LETTRE    2*20.  46g 

étanl   nulle,  on  a,  en  développanl  suivanl  les  puissances  descen 

(huiles  de  .'', 

G         II 

o(x)  =  —  H -t- 

1  X2  X* 

Je  conclus  de  là  que  la  valeur  asympto  tique  de  la  dérivée  tp  (x) 

•>.  G     , 
<■  lîtnl >  la  somme 

./•■• 

\  cp'(  a?  -t-  ma  ■+-  nb  ) 

représente  une  fonction  analytique  et,  en  plus,  celle  fonction  esl 
doublement  périodique,  aux  périodes  a  el  l>.  d'après  sa  compo- 
sition. 

(  )n  a,  par  conséquent, 

f  (x)  =  G  -4-  ^  cp'(  x  -t-  ma  -4-/16), 
C  étanl  une  constante,  el  il  vient  en  intégrant 

j\x)  —  /(£)  =  C(x  —  \  )-+-^[o(;r  •+-  ma  -+-  nb)  —  cp(|  +  /»«  ■+-  «A  )]. 

\  ous  voyez  que  l'intégration  a  conduit,  pour  le  second  membre, 
à  une  série  convergente.  Ecrivez,  en  effet, 

cp(a?  -4-  ma  -4-  nb)  =  o(x  —  \  -1-  \  -4-  ma  •+■  nb) 

—  ?  (  \  "+"  m<7  "+"  "^  ) 

+  X (a?  —  i; )  tp' \\  -4-  m«  -+-  nb  -4-  ô(a?  —  £)] ; 

vous  voyez  que  le  terme  général  s'exprime  par  la  dérivée,  donc,  etc. 
En  particulier,  pour /(  r )  = /> -  sn-.r,  on  peul  prendre  a  =  2K, 

On  reconnaît  ensuite  liés  facilement  que  la  série 

m^  y(x  -4-/>  -+-  im  K  -4-  im'iK')-        (£  -4-/?  -+-  -imK  -+-  2m'iK')!  J 

ne  change  pas  en  changeant  le  signe  de  ./  et  Ç ;  il  sul'lil  pour  cela 
de  remplacer/??  par  —  /??  et  /??'  par  — 1  —  m' dans  le  terme  général; 
donc  C  =  o  et  l'on  a 

/Wsn2.r  —  sn2£) 

-2' 


[x  -4-  2  m  K  -t-  (  1  m' -4-  1)  i'K'  |-        [  ij  -h  ».  m  Iv  -t-  (  2  />»'-(-  1  )  i  k  |-  \ 


'|-d  CORRESPONDANCE    d'HERMITR    F.T    l)F.    STJEI.TJES. 

C'esl  de  là  que  je  lin'  1rs  expressions  <!<■  S(x  |,  9,  (.r),  H(.r) 
ei   M,i ./     sous  forme  d'un  produil  de  facteurs  primaires. 

En  vous  renouvelant,  mon  cher  ami,  I  assurance  de  mon  afifec- 
i ii m  bien  <l<;\ ouée. 


221.   —   STIELTJES     I    III.  Il  MITE. 

Toulouse.  i6  juin  1889. 
Cher    Monsieur, 

Que  je  vous  plains  de  I  ingrate  besogne  qu  on  vous  demande  ! 
Mais  parlons  plutôt  d'Analyse.  Il  me  semble  que  votre  analyse 
pour  la  décomposition  des  fonctions  doublement  périodiques  ne 
laisse    plus    rien    à    désirer.    L'expression    asymptotique   de    rf(&) 

G     . 
étant  — >  il  est  évident  <iur  la  série 

/•-  ' 

^    cp  (  x  -+-  ma  +  nb  )  —  ©(£  -4-  ma  —  nb  ) 

esl  convergente,  de  même  que 

7    ©'(  ./•  —  ma  —  11  h  1. 

—   ' 

\piv>  liien  des  recherches,  le  tome  des  Annales  rie  l'Ecole 
Normale  de  1880  se  retrouvera  bien.  On  saii  <lu  moins  à  qui  on  l'a 
prêté,  il  \  a  quelques  années  déjà,  mais  je  ne  l'ai  pas  encore. 

Je  -dis  surtout  bien  aise  d'apprendre  par  votre  lettre  que  M.  Pi- 
card a  déjà  démontré  que  le  nombre  total  des  racines  de  (-j(x)  =  a, 
(,'(./•)  —  b  ne  peut  être  fini,  ce  que  je  ne  sa\ai-  pas.  Mais,  dans  le 
cas  que  M.  Picard  aurait  encore  un  exemplaire  de  son  Mémoire 
pour  me  l'envoyer,  je  lui  serais,  en  effet,  infiniment  obligé  et  vous 
voudrez  bien  lui  exprimer  toute  ma  gratitude.  Voici  une  remarque 
que  vous  avez  faite  peut-être  déjà.  Dans  votre  Cours  de  la  Sor- 
hnii ne  1  3e  édit.,  p.  68  l,  la  formule 

s  =  y<  1/»  —  n(/»  ■+-•>.  )...(m-4- w  — i)  xm 
>_  (n  +  i)(B  +  2)...(2n  +  m  —  1  ) 


LETTRE    *2*21.  \~j  l 

vous  sert  à  démontrer  que  ex  esl  incommensurable  lorsque  x  esl 
entier.  Ne  vaut-il  pas  La  peine  de  remarquer  <pi  on  démontre  aussi 
de  cette  manière  que,  tant  <  1 1  m  -  ./  e^i  commensurable,  >'■'  ne  I  esl 
pas.   \iusi,  [ogx  esl  incommensurable  pour  #  =  —  ■  En  effet,  sup- 

p  B  /  P  \ 

posons  x  =  —>  c  =  t  u|>  pourra  supposer  .#  =  —  >  o  ,  on  aura 
1  9  A  V  9         / 

B»Mn(f  )-*»- n,(f)-T£^i8' 

le  premier  membre  est  un  entier,  le  second  membre  esl  toujours 
positif  el  tend  vers  o  pour  //  =  ao,  donc  contradiction. 

Mon  adresse  à  la  Haye  sera  toi  Balistraat,  mais  je  ne  peux 
pas  encore  déterminer  l'époque  où  je  partirai,  car  la  Faculté  ne 
s'est  pas  encore  réunie  pour  parler  de  la  session  du  baccalauréat. 
En  tout  cas,  ce  sera  probablement  dans  les  premiers  jours  d  août 
seulement. 

En  réfléchissant  sur  la  constante  eulérienne  G,  il  me  semble 
presque  qu'on  pourrait  arriver  à  démontrer  l'incommensurabilité 
en  parlant  de 

G=  r(-L--e-*)ÏZ 

el  des  propriétés  des  intégrales  définies  de  la  forme 
Ae-«'        Be~Px 


I 


)  dx. 


Mais  c'est  une  recherche  qui  demandera  beaucoup  d'efforts  et 
que  je  réserve  pour  les  vacances.  Quoi  qu'il  en  soit,  si  cette  route 
est  obstruée...,  je  perds  aussi  la  confiance  dans  mon  idée  première. 

A  l'égard  de  celte  question  des  zéros  'de  Q(#),  j'ai  toujours  été 
frappé  par  un  passage  de  la  correspondance  de  Gauss  et  de  Bessel. 


Gauss  dit  que  si  la  fonction  entière    /  dx  admet  une  racine, 

elle  en  admet  nécessairement  une  infinité  et,  plus  tard,  il  a  calculé 
effectivement  l'une  des  racines.  11  affirme  aussi  la  décomposition 
en  facteurs  primaires  (la  fonction  de  genre  zéro  ou  un,  il  associe 
les  facteurs  provenant  des  racines  conjuguées).  Tout  cela  a-t-il  été 
bien  démontré?  \  présent,  cela  parait  encore  bien  mystérieux. 
Je  prépare  un  petit  Mémoire  pour  nos  Annales  où  je  rencontre 


\~  >.  CORRESPONDANCE    D'bERMITE    ET    1)1.    STIELTJES. 

la  formule 


III 

I  I  "  '  •  osira  —  — i 1 — h. .. —  Ci  a 

"  I  .  a  -+-  I  [ .  2  .  a  -H  2 


analogue  à 


r(a)= —  ...-t-Q(a), 

a        i .  <-/  -t-  i         t .  a  a  -t-  2 

<ii  a  i  es!  une  fonction  entière  qui  peul  s'exprimer  par 

I 


Y  .    I  > .      /  CI.7 


Tu  —a) 

tanl  que  la  partie  réelle  de  a  est  inférieure  à  l'unité,  A  vaut 

< |  (  ((  -~  i  j  =  ^  —  a(${a), 

il     ensuil  encore  que  <i  i  <i  )  a  une  infinité  de  z<;n>>.  mais  ici  <>u  voit 
immédiatement  qu'il  y  a  une  infinité  de  racines  réelles 

C,'(n  =  e, 
Ç(i)  =  o, 
0(3)  =  e, 

g(4)=_2e, 


Je  pourrai   mentionner  alors  <-n    passant    la    propriété  de  Oi./- 
(1  avoir  un  nombre  infini  de  zéros  aussi. 

Croyez-moi  toujours  votre  bien  dévoué. 


222.    -  STIELTJES  A    HEHMITE. 

Toulouse,  19  juin  1889. 
Chfiî    Mon  s  11:1  1; . 

N'est-ce  pas  abuser  de  votre  bonté  de  vous  demander  de  vouloir 
bien  présenter  à  1'  académie,  pour  les  Comptes  rendus,  la  petite 
note  ci-jointe. 

Vous  savez  que  j'ai  travaillé  longtemps  sur  cette  matière,  mais 
j'en  ai  assez  en   ce  moment   et  j'éprouve  le  besoin  de   penser  à 


LETTRE    223.  ',;.! 

d'autres  choses.  C'esl  pour  ne  pas  courir  le  risque  de  perdre  toute 
ma  peine  que  j'ai  rédigé  celle  Note  (  '). 

Mille  remercîments  pour  le  Mémoire  de  M.  Picard,  c'esl  sur 
les  théorèmes  de  M.  Picard  que  je  veux  réfléchir,  .le  crois 
que,  pour  son  premier  théorème,  la  démonstration  fondée  sur  la 

fonction  —  est  la  plus  naturelle,  mais  je  veux  tâcher  cependanl  à 

obtenir  une  autre  démonstration,  avec  l'espoir  qu'elle  se  prêterail 
plus  facilemenl  à  la  généralisation  donnée  par  le  théorème  du 
Chapitre  II. 

Votre  1res  sincèremenl  dévoué. 


223.  —  UERMITE  A   STIELTJES. 

Paris,  29  juin  1889. 

MojN"     CHEli     A.MI, 

La  Noie  que  j'ai  présentée  à  I  Vcadémie  est  excellente;  peut- 
être  pourrait-on  rapprocher  «le  votre  résultat  celle  propriété  du 
développement  d'une  fonction  quelconque  F(a?),  au  moyen  des 

dénominateurs  i^„  des  réduites  F(#r)  =  /.AnQ^,  qu'en  posanl 
*(a?)  =  A0Qo-HA,Q1-4-...-t-AnQn, 

r1' 

l  intégrale  /  [F(cr)  —  <!>(./•)]-  f(x)  dx  est  un  minimum,  c'est- 
à-dire  qu'elle  a  une  valeur  plus  grande  si  l'on  remplace  <!>(./•)  par 
tout  au  Ire  polynôme  du  nyeme  degré. 

Mais  il  me  faut  absolument  renoncer  ;i  l'Analyse;  en  ce  moment 
je  commence  la  lecture  des  ouvrages  élémentaires  de  Lacroix. 
Arithmétique,  Géométrie,  Algèbre,  pour  lâcher  d'en  tirer  quelque 
chose  à  dire  dans  mon  rapport. 

Il  parait  qu'on  ne  pourra  pas  imprimer  plus  de  80  pages  du 
troisième  volume  de  l'Ouvrage  d'Halphen,  quelle  perle  pour 
I  analyse  ! 

En  vous-  renouvelant,  mon  cher  ami,  l'assurance  de  mes  meil- 
leurs sentiments. 


(  ')   Xote  des  éditeurs.  —  La  Note  citée  a   p>ur  titre  :   Sur  un  développement 
en  fraction  continue  {Comptes  rendus,  t.  CVIII,  p.  1297-1298;  24  juin  1889  |. 


CORRESPONDANCE    1)  HERMITK    ET    DE    STIELTJES. 

224.  -  STIELTJES     I   HERMITE. 

Toulouse,  ier  juillet   1889. 
Cher   Monsieur, 

En  nous  remerciant  vivement,  je  ne  peux  m'empêcher  de  dire 
quelques  mots  sur  un  résultai  que  je  viens  d'obtenir.  Je  s;iis  que 
vous  êtes  profondément  engagé  dans  d'autres  lectures,  mais  je 
plaide  les  circonstances  atténuantes  parce  qu'il  s'agit  d'un  sujet 
(îui  nous  ;i  occupé  ci  intéressé  beaucoup  il  y  a  quelques  mois.  Du 
reste,  \011s  pouvez  remettre  à  plus  tard  la  lecture  de  ce  que  je  vais 
écrire,  imiis  je  peux  vous  assurer  que  c'est  presque  aussi  élémen- 
taire que  les  livres  de  Lacroix,  etc. 

Il  s'agit  de  l'expression  asynipto tique  des  coefficients  de ./ "  dans 
le  développement  de  0(a?)  et  de  (-),  (x). 

Pour  simplifier  un  peu   l'écriture,  je  pose 

Xn  =  e~a  -+-  4"  e~'*a  -+-  9"  e-9<<  -H ...  -H  kïn  e~k%a  -4- . .  . , 
\|i>„  =  e-«  —  4"  e~'*a  -+-  9"  e"9«  — . .  .±  &2"  e~kia  =p 


J'obtiens  comme  il  suit  les  valeurs  asymptotiques  de  -l>„  et  iii»,,. 
Le  logarithme  du  terme 

étant 

in  logX:  —  /.-«, 

le  maximum  de  ce  terme,  en  considérant  k  comme  variable  conti- 
nue, a  heu  pour 

2  n  . 

-—  —  2  ka  =  0,         k  = 
k 

et  la  valeur  du  maximum  est 


Soient    maintenant    k  =  ktn-  î.   o^e<i,    k,    étant    entier    et 

positif.  Je  calcule  la  valeur  du   terme  k'\"  e~kut  dont  le  logarithme 

est 

2 n  log(  k  —  e)  —  a(k  —  e)2 


LETTRE   22 ï.  1 7  ~> 

in   ,  .    ..    .  .,    . 

~rz  < ' t a îi i  i iiliniiiiciii  petit,  |  ai  asymptotiquemenl 

I  )c  là  je  conclus 
Xn=  (  -  )   e~n\e-  î^+r^iE  +  '^+rî"^^'^,.. 

\  Cl  / 

_4_e-2fl!e    !)»_,_  e-2«(e-2)-_h...]j 
l)b„  =  (—  i)*.-'  ( -V'e-»[e  -2«es—  e  ->«(«+i)»_|_c-«««e+i)»4-.  .  . 

_    g-2«(£-  H*_j_  g    -2«(S       «)*-+-...]. 

En  effet,  j'ai  remplace  ainsi  les  premiers  termes  (ceux  dans  le 
voisinage  du  maximum)  par  leur  valeur  asymptotique,  quant  à 
<  <u\  d'un  rang  éloigné  de  ceux-là,  ils  sonl  à  peu  près  négligeables. 

(  )r  si  je  pose 

f(Z)   =  e-*--s-4-e-^(-  +  l)5-t_e-*(:  +  2)-_f.e-/l-   3  +  :tt"-  +  ... 
+  r*(i-l|-+ï  -A(s-2)»_|_e-*(a-    1)»  +  ..., 

■2/(j,  4*) -/(*,*)  =  *<*,*). 
On  a.  d'après  la  théorie  des  fonctions  elliptiques, 

f(z)=     l/j\\-h'îe     ''  cos'iizz -h 'ze     f<  cos.\tzz -\- . 


d 


g(z)  =  -ii/j\e    iA  costzz -><- e      '*k  cos3-^  -+-.  .  .  J  ; 
îe 

*-(s)V'l/n 


i  H-  2  e    2  "  cos  2  ti£  +  2  e     2 "  cos  4  tce 

—  9 

-t-  ie     -"  cos 6 tîc 


tib«  =  (—  i)*i_1( -  )   e_"t/—  \<?~8"  costlï  -+-  e   98"cos3tc 


TC2 
-25  — 

e       8" cos  )-£ 


••). 


\~h  CORRESPONDANCE    DHERMITE    ET    DE    STIELTJHS 

c  est-à-dire 


*—  (^)vV^[i_H2e  L  cos(2it\  - 

•  ~*  /— 

4-26       2a  COs(    i  -  4/   — 

La  méthode  de  Laplace  aurait  donné  pour  .i„.  yr  r/'o/.v,  seule- 
menl  le  terme 

/  n  \  "  _n      Pk 
'  a  '        "  \     •*« 

d  donne  ainsi  un  résultai  qui  ne  me  semble  pas  exact,  mais  sim- 
plement  approché.  J'ai  vérifié  la  valeur  de  i)b«,  dans  un  certain 
nombre  de  cas,  n  variant  de  ~  à  i5  et  à  27,  l'accord  est  parfait, 
mais  I   analyse  est  ->i  simple  que  cela  ne  salait  presque  pas  la  peine. 

\  otre  très  dévoué. 


225 .  —  HERMITI-:  A   STIELTJES. 


\l 


Paris,  2  juillet    1  ^x  1 


(in    CHER 


Jttl , 


Votre  analyse  est  un  petit  chef-d'œuvre;  «'Ile  donne,  je  crois 
bien,  le  seul  et  unique  exemple  où  la  méthode  de  Laplace  soil 
complètement  éclairée  et  complétée.  Que  je  voudrais  donc  bien 
pouvoir  projeter  quelque  lumière  sur  La  relation  suivante,  dans 
laquelle  je  la  résume,  lorsque  la  fonction  fi-'')  est  supposée  n  avoir 
entre  a  et  b  qu  1111  maximum  pour  x  =  ç 


/(•a)+/(a  +  0 


/<*>  =  v^/«)t/-$| 


Vous  me  permettrez  de  publier  toute  votre  lettre  dans  l'article 
destiné  à  Bologne,  et  dont  j'ai  dû  interrompre  la  rédaction  à  mon 
grand  regret.  Après  a\oir  appliqué  la  formule  précédente  au  déve- 
loppement des  coordonnées  elliptiques,  puis  aux  fonctions  ellip- 


LETTRE    2'2().  \~~ 

tiques  sn.r,  <n.'\  dn.r,  elle  viendra  bien  à  propos  pour  offrir  une 
analyse  approfondie  à  propos  <!<■  ©(#),  M  (  ./•  i.  lie 

\  mes  félicitations,  je  joins,  mon  cher  ami,  celles  de  Darboux, 
au  suie!  de  votre  article  sur  les  fractions  continues. 


226.  —  HERMITE    I   STIELTJES. 

Paris,  22  juillet   1889. 

Mon  cheb   \\i  i  . 

Permettez-moi  de  vous  demander  >i  nous  voudriez  vous  joindre 
à  moi  pour  corriger  les  épreuves  de  la  partie,  malheureusemenl 
bien  courte,  du  troisième  Volume  du  Traité  <l<>s  fonctions  ellip- 
tiques  d'Halphen  que  sa  famille  se  propose  de  publier.  M.  Aron,  le 
beau-père  de  Halphen,  a  demandé  à  M.  Camille  Jordan  de  se 
charger  de  ce  soin.  M.  Camille  Jordan  s'est  empressé  d'accepter, 
mais  en  réclamant  mon  adjonction  pour  ce  qui  concerne  la  multi- 
plication complexe,  et  moi,  mon  (lier  ami,  je  sollicite  la  vôtre, 
pensant  que  les  notations  d'Halphen  vous  sont  connues  et  familières 
et  qu'il  ne  vous  déplaira  [pas]  de  concourir  à  une  publication  que 
les  géomètres  accueilleront  avec  reconnaissance. 

Et  je  suis  toujours  à  rédiger  le  rapport  sur  l'enseignement 
mathématique  de  la  Sorbonne  qui  arrive  à  sa  fin.  Je  ne  sais  encore 
s'il  sera  imprimé,  mais  dans  ce  cas  et  quand  vous  le  verrez,  je 
réclame  votre  indulgence,  il  n'est  pas  brillant. 

En  vous  renouvelant,  mon  cher  ami,  l'assurance  de  mes  senti- 
ments bien  dévoués. 


FIN    DU   TOME   PREM1EK. 


PARIS.—   IMPRIMERIE   GAUTHIER-VILLARS, 

28427      Quai  des  Grands -Augustins,  55. 


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4$ 


jm 


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M 

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J* 


'■■    M 


QA.29 

H42À1     Herraite- 

-1906  --Gorrespondanca 
v.l 


JE.STECHERTiCo. 
(ALFRED  HWHER) 
NEW  YORK 


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